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Date de création : 27.11.2008
Dernière mise à jour :
08.02.2013
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ABDAS (Saint),
Abdas, évêque, martyr en Perse, sous le règne d'Isdegerde, au commencement du cinquième siècle. Il est honoré le 16 mai.
(je n'ai pas trouvé d'image de st Abdas)
Autres graphies : Abdas, Abda ou Audas
Évêque et martyr, appelé aussi Audas. Évêque persan, Abdas a été arrêté avec de nombreux martyrs durant la grande persécution du roi perse Sapor II. En même temps qu’un autre évêque, seize prêtres, neuf diacres, six moines et sept vierges consacrées. Ces arrestations ont inauguré la persécution des chrétiens en Perse dans cette période. Abdas et ses compagnons sont allés à leurs morts en professant le Christ. Abda fut condamné à être enfermé dans des planches que l’on serrait jusqu’à l’éclatement de leurs os. Brisés dans leur corps, ils résistèrent dans leur âme et, après plusieurs jours de souffrances dans un cachot, ils furent tous décapités.
Personnalité des "Abdas"
Nous nous trouvons ici en face d'un personnage qui sait allier à merveille le charme à l'autorité. C'est le prince charmant idéal dont rêvent les jeunes filles.
Saint Abbon
ABBON (Saint), abbé de Fleury sur Loire de 988 à 1004, honoré le 13 novembre.
Né à Orléans en 940, il étudia à l'abbaye bénédictine de Fleury-sur-Loire (devenue Saint-Benoît-sur-Loire au treizième siècle), à Reims puis à Paris, et devint en 988 abbé de Fleury-sur-Loire, théologien et chroniqueur.
Il mourut en 1004 à La Réole, dans une émeute.
Prénom d'origine latine, forme française de Abbonis
Votre prénom : Abbonis Une puissante ossature, des muscles volumineux, des mains géantes, des pieds extraordinairement pointés vers l'extérieur... voilà les quelques signes qui révèlent indiscutablement Abbonis. Il se déplace et se meut avec lenteur, une lenteur presque étudiée qui exaspérerait les gens pressés ou nerveux. Sa voix grave et rauque constitue un de ses charmes.
Abbonis a un solide appétit sexuel sur lequel l'âge a peu d'incidence. Bien sûr, il n'est pas très fort en préliminaires, ni en épilogue, considérant les jeux érotiques comme des fioritures. Mais quand il s'agit de l'essentiel, il n'a rien à envier aux autres hommes ; il peut se mesurer avec les femmes les plus exigeantes.
Pourtant, courir les jupons serait la dernière de ses préoccupations, si jamais c'en était une. Le natif marié se montre généralement d'une fidélité exemplaire, et le célibataire est sage comme un moine.
Puisque son travail constitue sa raison d'être, Abbonis a souvent tendance à s'y donner tout entier en négligeant ses autres obligations. Il se croit bon mari et bon père parce qu'il pourvoit consciencieusement aux besoins matériels de sa femme et de ses enfants. Il oublie que son foyer a aussi besoin de sa présence, de ses caresses, de sa participation aux multiples activités quotidiennes. On lui conseillera de se détacher de temps en temps de ses préoccupations professionnelles pour s'entretenir avec sa femme sur la nouvelle flambée des prix alimentaires, sur la rareté des pommes de terre ou du sucre, sur la mode du printemps prochain ; pour discuter avec son fils sur le championnat de France de football ; ou encore pour féliciter sa fille de son succès au concours régional de poésie. Il dira que tout cela est artificiel et même ridicule, persuadé que les vrais sentiments sont muets. Mais c'est là qu'il se trompe, car les sentiments humains doivent s'extérioriser pour pouvoir toucher ceux qui en sont l'objet. Abbonis est-il plein de sollicitude et de tendresse pour sa famille ? Personne ne s'en rendra compte tant qu'il ne le traduira pas en faits et gestes concrets. Shakespeare disait, avec beaucoup de perspicacité : "Ceux-là n'aiment pas qui ne montrent pas leur amour."
Il importe que toute femme mariée à un Abbonis soit consciente de la réticence naturelle, voire la pudeur naturelle, de son mari. Celui-ci, je vous l'assure, est toujours plein de bonnes intentions. Mais vous ne le trouverez certainement pas assez attentionné. Bouder, pleurer, récriminer ne serviront pas à grand-chose, car il déteste le chantage sentimental. Acceptez-le comme il est et cherchez votre consolation dans des activités qui vous plaisent. Il se bonifiera avec l'âge, Abbonis a intérêt à lire beaucoup et à voyager fréquemment. Ce sont pour lui les meilleurs moyens de sortir de l'univers clos où il a tendance à s'enfermer. Il doit constamment se défier de l'encrassement moral.
Saint Aaron
Aaron, frère de Moïse, de la tribu de Lévi, fut désigné de Dieu pour exercer le sacerdoce, lui et toute sa postérité.
AARON (Saint), abbé en Bretagne, au sixième siècle, honoré le 22 juin.
Saint Aaron, fondateur du premier monastère qui ait été établi en Bretagne, travailla à répandre la vraie foi dans cette contrée, de concert avec Saint-Malo, et gouverna avec autant de sagesse que d'édification les nombreux disciples qui l'avaient choisi pour leur père spirituel. Il a été toujours particulièrement honoré dans le diocèse de Saint-malo.
L'église honore aussi, le 1er juillet, saint Aaron, martyr, avec Jules, à Caerléon, en Angleterre, au quatrième siècle.
Origine | Ce prénom est un dérivé du prénom hébraïque Aharon.
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Couleur | rouge
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Pierre précieuse | Rubis
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Caractère | Sous des apparences sûres et solides, Aaron cache une grande sensibilité. Et même si vous le trouvez très terre à terre, il sera toujours prêt à partir à l'aventure.
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Histoire | La forme ancienne Aharon est apparentée aux termes har et ron qui signifient respectivement "montagne" et "chant".
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Saint patron | Le 1er juillet, on honore saint Aaron, le frère de Moïse et premier grand prêtre de la Bible. Son histoire est souvent associée à celle de Moïse. |
Depuis 1900, 2986 enfants ont été prénommés AARON dont 2971 depuis 1950. Le maximum a été atteint en 2006 avec 597 naissances
Profil Psychologique des AARON
Vous êtes porté par un certain orgueil ou une certaine fierté, et très axé sur l'action. Si vous subissez la perte brutale d'une motivation, de votre foi en l'action, vous serez enclin à vous installer dans une névrose d'échec - car il est moins douloureux pour l'orgueil d'être vous-même responsable de votre insuccès que de vous le voir imposé par autrui. Parfois, cependant, vous choisirez d'ignorer purement et simplement l'échec en continuant comme si de rien n'était, remplaçant ainsi la foi par la ténacité.
Vous souffrez beaucoup quand la différence est trop grande entre le rêve que vous entrevoyez et la réalité que vous vivez. Votre sur-moi est exagéré, et peut vous porter à une exigence excessive, tant vis-à-vis de vous-même que des autres.
On vous reproche souvent d'être égocentriste. Dans toute entreprise commune, vous avez trop tendance à tirer la couverture à vous pour vous faire valoir, sans faire ressortir la part qui revient à tel ou tel de vos collaborateurs. Bien entendu, c'est vous qui suscitez les choses, éveillez l'inspiration, stimulez le dynamisme. Mais il vous arrive rarement à l'esprit que les autres s'accommodent mal d'être des pions sur votre échiquier personnel. Eux aussi aspirent à être valorisés. On accepte de vous votre orgueil légitime, mais vous vous discréditez lorsque celui-ci n'est plus que de la vanité.
En fait, ce prénom fournit trois catégories différentes de natifs. Il y a d'abord le natif généreux, enthousiaste, énergique. C'est principalement votre cas : vous avez non seulement le désir mais aussi les capacités du commandement, de l'autorité. Votre rayonnement vous attire tout naturellement une petite cour ; et comme vous appréciez d'être le point de mire de votre entourage, vous assumez facilement les responsabilités. C'est dans ce cas que vos tendances autoritaires risquent de prendre le dessus et de vous inciter à faire trop bon marché des intérêts des autres. Mais on vous le tolère parce qu'on reconnaît votre valeur.
Il se peut que vous vous attachiez plus à une idée qu'à une réalisation matérielle, concrète ; vous appartenez ainsi - mais plutôt épisodiquement - à la deuxième catégorie de natifs de ce prénom. Vous recherchez alors l'autorité morale plutôt que la puissance personnelle. Mais cela aussi peut susciter certains problèmes, car vous avez tendance à penser que les autres ne peuvent se tirer d'affaire sans vous, et vous vous montrez enclin à trancher et à décider à leur place. Vous vous sentez comme le chef d'orchestre de votre entourage et voulez imposer, parfois d'une façon très dogmatique, votre point de vue. Vous avez tendance à être trop catégorique, trop rationnel, et à considérer comme immuables et indiscutables les valeurs que vous appréciez.
Parfois, vous appartenez à la troisième catégorie de natifs de ce prénom, et alors on pourrait vous trouver "froid". Vous êtes non plus chaleureux mais distant, non plus épanoui mais aigri, non plus plein d'envergure mais soucieux uniquement de la gloriole.
Dans tous les cas, vous avez besoin du succès plus que les natifs des autres prénoms. Des échecs répétés vous minent, et vous avez beaucoup de peine à vous en remettre. Vous aimez trop le concret et le stable pour vous sentir à l'aise dans le précaire ou le transitoire.
LA CHANTEUSE VOILÉE
(D'après Les célébrités de la rue, paru en 1868)
Celle qu'on désigna sous ce nom fut célèbre, même à côté de la Belle Madeleine, dont elle était la contemporaine ; on l'a vue, depuis 1805 jusqu'à 1815, venir s'adosser chaque soir contre le portail de Saint-Germain-l'Auxerrois. Elle avait vingt-cinq ans à cette époque : élégante de taille et d'une mise soignée, sa voix était douce et sympathique ; elle chantait avec succès les romances de Blangini et plaisait aux âmes tendres.
Couverte d'un long voile qui, descendant jusqu'à la ceinture, cachait entièrement ses traits, elle excita vivement la curiosité publique, qu'exaspère l'incognito et qui brûle de pénétrer tout mystère. Les lions du temps tentèrent de soulever le voile, mais ces siéges n'effrayaient pas l'anonyme qui connaissait les instincts de la foule et persistait à garder ses allures mystérieuses. Si elle s'humanisa en faveur de quelques élégants indiscrets qui détruisirent un peu le charme, en proclamant la laideur de la Chanteuse voilée, elle n'en conservait pas moins son prestige sur la foule, qui contribuait à son succès en inventant des légendes dont elle était l'héroïne.
Les versions étaient nombreuses, elles se transformaient parfois ; et quand elle eut adopté une romance qui eut un certain succès, un de ces romans invraisemblables qui commencent en ballon et finissent chez les Karakalpaks, on ne douta plus qu'enlevée par des pêcheurs de corail de l'Adriatique (!) on ne l'eût vendue au sultan qui, un beau soir, lui avait jeté la fine batiste.
La romance de la Chanteuse voilée a trop la couleur du temps pour que je me refuse le plaisir de la citer tout entière aux lecteurs. La voici dans sa naïveté vieillotte :
Conseiller est chose facile ;
On dit : « Gardez bien votre honneur ».
Hélas ! écoutez quel malheur
Poursuivait la pauvre Lucile...
Oh ! venez... ouvrez-lui vos cœurs,
À cette jeune infortunée,
Qui pour l'innocence était née,
Et toujours versa tant de pleurs !
À peine au sortir de l'enfance,
Je fuyais les vœux d'un barbon ;
Voilà qu'il m'enlève en ballon,
Avec lui, seule et sans défense...
Oh ! venez... ouvrez-lui vos cœurs,
À cette jeune infortunée
Qui, vers les astres entraînée,
Dans les airs versa tant de pleurs !
j'arrive en un lointain rivage ;
Un pâtre est mon libérateur...
Survient un peuple destructeur,
Et Lucile est dans l'esclavage.
Oh ! venez... ouvrez-lui vos cœurs,
À cette jeune infortunée
Qui, dans un cachot enchaînée,
Sous terre versa tant de pleurs !
J'avais su braver la colère
D'un sombre et farouche tyran ;
Mais le jeune fils du sultan
Avait encor su mieux me plaire.
Oh ! venez... ouvrez-lui vos cœurs,
 cette jeune infortunée
Dont la cruelle destinée
Fut partout de verser des pleurs.
Le dirai-je, hélas ! j'étais mère !
Nous voulons fuir, on nous surprend ;
Un supplice affreux nous attend,
Tout est sourd à notre prière...
Oh ! venez... ouvre-lui vos cœurs,
À cette jeune infortunée
Qui pour l'innocence était née,
Et toujours versa tant de pleurs !
Cette romance peint mieux que je ne saurais le faire, le geste et le costume de la Chanteuse voilée. C'est une époque qui revit par son côté burlesque.
On doit constater qu'à la même époque on organisa un succès en faveur d'une autre chanteuse non voilée, qu'on nommait ainsi par opposition à notre héroïne. La chanson favorite de cette dernière était : Gusman ne connaît plus d'obstacle. Elle se tenait dans le quartier du Louvre et portait un enfant suspendu à son sein.
LA BELLE MADELEINE
Le vrai pays inexploré, celui où la curiosité du voyageur trouve toujours un aliment, où le flâneur a devant lui des perspectives infinies, est encore ce Paris que nous habitons tous sans le connaître. Les types y abondent, nous les coudoyons à chaque pas, les remarquant à peine ; ils naissent, ils meurent, et nous ne nous rappelons plus qu'un chant bizarre ou un vêtement bariolé qui venait parfois frapper nos oreilles ou nos yeux.
En écoutant les récits des vieillards, je me prends à regretter la Belle Madeleine. Je la vois à l'entrée des Tuileries, adossée à la grille, son éventaire devant elle ; sa jupe relevée, sa croix d'or sur sa poitrine coquettement décolletée, coiffée de son bonnet de paysanne. C'était l'heure où on revenait des remparts, il était de bon ton d'entrer aux Tuileries, et Madeleine, offrant à la foule ses gâteaux de Nanterre, qui jouissaient alors d'une vogue qu'ils ont perdue depuis, chantait de sa voix aigre :
La Belle Madeleine,
Elle vend des gâteaux,
Elle vend des gâteaux,
La Belle Madeleine,
Elle vend des gâteaux
Qui sont tout chauds.
La Belle Madeleine était laide, fort laide même, elle spéculait sur le costume qui, sans être bien prononcé comme forme ni comme couleur (il rappelait celui des paysannes d'opéra-comique ), attirait les yeux de la foule. La jupe était courte, et les vieillards qui ont connu Madeleine, assurent que la jambe était maigre.
Le siècle était encore bon enfant, et la garde qui veille aux barrières du Louvre n'arrêtait pas comme vagabonds les types parisiens ; on permettait donc à la marchande d'offrir ses gâteaux à tout carrosse venant.
Tous les deux jours, Madeleine retournait à Nanterre, à pied, elle faisait sa provision de gâteaux et revenait à la grille ; plus tard, elle installa son four ambulant dans une arrière-boutique de la rue d'Argenteuil, cela ne l'empêchait pas de crier : Gâteaux de Nanterre !
Il se trouva un spéculateur qui voulut exploiter la célébrité de Madeleine et lui proposa d'ouvrir un bastringue aux Champs-Élysées. Une affiche du temps annonce que : « Les jolies demoiselles trouveront une compagnie brillante et choisie, des gâteaux toujours frais, du vin toujours vieux, et, en outre, des cabinets particuliers pour les amis de la décence. »
Il est probable que Madeleine craignit de lâcher la proie pour l'ombre, car je ne trouve pas trace de son établissement. Elle a dû mourir vers 1825. En consultant les vaudevilles du temps et les petits journaux, on retrouve souvent des allusions à la Belle Madeleine. Son portrait est assez commun ; le Cabinet des estampes en possède plusieurs, et, vers 181o, époque de sa plus grande vogue, presque tous les peintres en miniature du palais du Tribunat l'avaient représentée dans ces cadres d'échantillons qui leur servaient d'enseigne.
L'histoire se fait vite légende, et j'ai souvent entendu citer Madeleine comme un type gracieux. La Belle Madeleine n'était, je le répète, rien moins que jolie ; le portrait que j'ai eu sous les yeux, malgré les efforts d'un miniaturiste voué par état aux roses et aux lis, était celui d'une paysanne déjà vieille, à la peau hâlée et tannée. Ce portrait se voyait encore sous la Restauration dans les cadres des peintres qui habitaient les galeries du Palais-Royal. La Belle Madeleine n'a conservé son joli nom qu'à cause de sa chanson, qui lui a survécu ; elle figure dans quelques-unes de ces pièces de théâtre où on passait en revue les personnages à la mode.
Madeleine n'est pas un type bien caractérisé, quoique nos pères en aient conservé fidèlement le souvenir ; mais sous la Restauration, les types de la rue sont rares, et comme tel elle méritait la place que je lui donne ici.
Gouriet enregistre le nom de la Belle Madeleine, mais il ne lui consacre que quelques lignes, qui ne nous apprennent sur elle rien de bien caractéristique ; les nouveaux détails que je donne ici sont empruntés à Dumersan et aux vaudevillistes du temps ; le portrait est tiré du volume du Cabinet des estampes, Maniaques et Visionnaires, qui m'a été d'un grand secours pour la partie historique de ces études frivoles.
FANCHON LA VIELLEUSE
(D'après Les célébrités de la rue, paru en 1868)
Fanchon a traversé les âges, elle est devenue légendaire et a prêté son nom à toutes les jolies filles qui, lui empruntant encore et sa vielle et son mouchoir coquet, ont animé les promenades de Paris sous le Régent, sous la première République, sous le Directoire, l'Empire et la Restauration.
Fanchon est morte ! Vive Fanchon ! Elle est le rire et la gaieté d'une génération ; nos pères se sont habitués à ses folles chansons et à l'aigre mélodie de sa vielle ; et lorsqu'elle va où va toute chose, vite on invente une autre vielleuse, moins accorte peut-être, moins bonne fille à coup sûr, débitant avec moins de malice le couplet grivois, et portant avec moins d'élégance la basquine ornée d'une dentelle en surjet, mais qui, tant bien que mal, remplace celle qui n'est plus, comme Isabelle, la bouquetière, tient aujourd'hui l'éventaire de la Margot du dix-huitième siècle.
La vraie Fanchon, celle dont se préoccupent les mémoires du temps et que les burins reproduisent, dont l'apparition est constatée par Dulaure et Bachaumont, celle qui figure dans la jolie gravure de Saint-Aubin : les Remparts de Paris, l'alerte jeune fille qui donne son nom à la gracieuse façon de porter le mouchoir noué sous le menton, qui module la plaintive romance :
Aux montagnes de la Savoie,
Je naquis de pauvres parents...
débute dans la carrière en chantant aux barrières de Paris ; elle fréquente les cabarets et fait danser le peuple et les courtauds de boutique. Le dimanche, on la trouve aux remparts ; elle va de table en table et fait la ronde en tendant la main ; des remparts, elle descend aux boulevards, elle monte aux Maisons d'Or de l'époque, et, de là, reconduite par le premier financier venu, dans un élégant vis-à-vis, elle échoue dans un boudoir capitonné et sa vertu passe de vie à trépas sur un bonheur du jour. C'est, me direz-vous, l'histoire de toutes les gotons du dix-huitième siècle. Mais attendez la fin. Vous croyez que Fanchon devient un peu marquise et oublie sa vielle ; loin de là, et c'est ce qui fait d'elle un type ; elle se frotte aux élégants, il n'y a plus de bonne fête sans elle, mais sa chanson est de la partie. Au lieu d'une robe de bure, elle porte des étoffes Pompadour, elle coud un Chantilly à sa basquine ; elle remplace, par un large ruban de soie bleue (ce même ruban qu'un historien du temps assure être un cordon du Saint-Esprit, donné à la fin d'un souper par un prince en goguette), la bride de cuir qui retient sa vielle, et la voilà devenue vielleuse de Watteau, et digne de figurer dans les fêtes galantes.
La grande mode, après un souper fin, est de faire monter Fanchon et de lui demander des couplets, et quels couplets ! Nous voilà bien loin de la Savoie et de l'innocence de la fille des montagnes. La jeune Fanchon ne se fait pas prier, elle trempe ses lèvres dans le champagne et entonne gaiement. Elle devient indispensable : Nous aurons Fanchonse disait à cette époque, comme : Nous aurons Lambert, sous le règne illustre de la perruque.
Geoffroy, critique morose, mais qui classe une diva, parle de Fanchon dans son feuilleton du 13 pluviôse an XI :
« Fanchon joue de la vielle aux boulevards ; elle sait, à la fin d'un repas, animer la joie des convives par des chansons gaillardes ; et, ce qu'il y a de plus lucratif dans son art, elle va montrer la marmotte en ville. En un mot, c'est une artiste, ses petits talents deviennent à la mode ; l'or et l'argent lui pleuvent de tous côtés. Elle achète une terre considérable dans la Savoie, et à Paris un hôtel superbe qu'elle fait meubler magnifiquement ; elle y vit avec des officiers et des abbés, toujours la plus vertueuse fille du monde, et, ce qui n'est pas moins extraordinaire, toujours vielleuse. »
Voyez-vous l'ironique abbé, qui sait bien à quoi s'en tenir sur la vertu de Fanchon qui a sombré depuis longtemps ! Quoi qu'il en soit, la vielleuse thésaurisait et pouvait, quand elle le voudrait, renoncer à ses chansons ; il fallut qu'un amant de haute volée achetât sa charge de vielleuse ; elle se fit payer cher sa retraite ; le prix qu'elle y mit fut un petit hôtel dans le faubourg de Charonne.
On ne parle plus guère de Fanchon dans les mémoires ou journaux du temps à partir du moment où elle renonça à sa vielle. C'était une gracieuse chanteuse des rues, elle devint une triste courtisane, et je suis sûr que plus d'une fois elle regretta les remparts et sa chanson joyeuse.
Cependant si elle était fille à redemander ses chansons, elle était avant tout fille à garder les écus du financier : et la voilà peinte d'un trait.
Les nuages
Suivant leur altitude, les nuages adoptent une configuration différente.
Savoir lire les nuages.
Qu'il s'agisse du simple randonneur, du navigateur, de l'alpiniste ou du pilote d'avion, savoir lire les nuages revient à posséder l'une des clés de la prévision météo. Cette illustration est d'ailleurs empruntée au Livre de bord-Bloc Marine.
Tous les nuages, associés ou non à des perturbations, qui voyagent dans le ciel des plaines, se retrouvent sur les reliefs. D'autres, cependant, sont spécifiques à la montagne, ou du moins les pro-cessus physiques à l'origine de leur formation.
En rencontrant les pentes, l'air est forcé de s'élever. Ce mouvement s'accompagne d'un refroidis-sement parce que la pression diminuant, l'air se détend. Le froid ainsi créé peut conduire, quand l'humidité est suffisante, à la formation de nuages ou bien à l'épaississement de ceux qui existaient déjà. Si le nuage devient épais - à cause d'une ascendance puissante, par exemple - il condense en pluie ou en neige. Ainsi le soulèvement de l'air sur les versants exposés "au vent" est fréquemment une cause d'aggravation locale du temps.
Par journée ensoleillée, d'autres ascendances s'organisent, thermiques celles-ci. Les brises de pente transportent en altitude l'humidité des plaines et des vallées. Selon la quantité de vapeur d'eau portée par ces brises, la plus ou moins grande sécheresse des couches moyennes et supérieures - c'est-à-dire de 3 000 à 7 000 mètres -, leur structure, stable ou instable, ou bien il ne se passe rien, et le ciel reste clair, ou bien se forment des "cumulus", amas nuageux blancs insignifiants ou puissants dont la surface supérieure moutonnée traduit les bouillonnements internes, ou bien encore, en été essentiellement, jaillissent de gigantesques et inquié-tantes tours, coiffées de leurs "enclumes" : les "cumulo-nimbus", porteurs de toute la violence de la nature en colère.
A l'opposé, quand l'atmosphère se stratifie en couches stables, des nappes de nuages s'étalent sur des milliers, voire des millions de kilomètres carrés. Les inversions de tem-pérature (voir schéma 9), ca-ractéristiques d'automne et d'hiver, sont souvent à l'ori-gine de telles configu-rations : des brouillards, du "stratus" ou du "stratocumulus", formés dans l'épaisseur de la couche froide ou à son sommet, restent prisonniers de cette structure qui interdit tout brassage vertical, donc toute évolution, et peut persister des semaines durant. Alors les versants et les sommets émergent de la "mer de nuages" dans une atmosphère limpide et douce.
Parfois, lorsqu'un grand vent souffle en altitude, certains pics isolés (Cervin, Aiguille Verte et Drus) "fument". Un panache de nuage s'accroche "sous le vent", créé par les remous d'air dans le sillage de la cime.
A l'approche d'une perturbation, ce sont les monts massifs aux formes arrondies, qui se signalent par la présence, au-dessus ou à leur sommet, de nuages en capuchons, en soucoupes renversées ("l'Ane" pour le Mont-Blanc). Plusieurs nuages semblables peuvent aussi se superposer ( les "piles d'assiettes"), témoins d'une stratification particulière de l'atmosphère (stable et feuilletée en tranches d'humidité différente.)
D'une manière plus générale , l'air soulevé par un massif cherche, la crête passée, à revenir à son niveau initial. Mais comme l'atmosphère, en état stable, est un fluide élastique, il se formera, sur des dizaines de kilomètres derrière le sommet, des mouvements ondulatoires. Les plages d'ascendance se concrétisent par des nuages en forme de lentille ("alto-cumulus" lenticulaires) séparés par des intervalles de ciel clair, ou peu nuageux (mouvement descendants)
Les précipitations
La formation de la pluie est un processus complexe. Dans la grande majorité des cas, c'est la neige qui apparaît d'abord dans les nuages où il fait suffisamment froid (au-dessus de -7°C). Les flocons, lorsqu'ils sont assez lourds, tombent. S'ils traversent, dans leur chute, des couches d'air de plus en plus chaudes, ils finissent par fondre et arrivent au sol en pluie. Si, au contraire, la température reste assez basse (inférieure à 0°C, ou voisine) les flocons touchent le sol.
En été, la neige ne tombe qu'en altitude, sur les reliefs tempérés. En hiver, par contre, il fait souvent assez froid - surtout dans les vallées internes qui retiennent bien l'air froid - pour que la neige descende à I 000m, ou même jusqu'en plaine.
Le cas de figure illustré ci-dessus, effet de foehn, est typique des reliefs situés en travers de la route des dépressions at-lantiques. Quand l'air froid et humide arrive contre la montagne, II doit s'élever pour franchir l'obstacle. Quand il s'élève, sa pression diminue, il se "détend". Cette détente provoque la condensation de gouttelettes d'eau: il pleut au flanc de la montagne. Au contraire, quand l'air arrive de l'autre côté, il a perdu une partie de son humidité : il est plus chaud, plus sec.
La température
Il faut distinguer la température de l'air et celle du sol.
Avec l'altitude, la température de l'air décroît, en règle générale, dans la troposphère (environ les dix premiers kilomètres de l'atmosphère, aux latitudes tempérées) : grosso modo, la diminution est de 1°C pour 150m ou 6°C tous les 1 000m. En fait, cette variation est applicable à "l'atmosphère libre", c'est-à-dire à l'écart de l'influence parasite du sol.
En effet, la température du sol (roc, neige, couverture végétale...) évolue en grande partie indé-pendamment de celle de l'air. Le sol se réchauffe en captant le rayonnement solaire, tandis que l'air y est très peu sensible. De nuit, le sol perd la chaleur accumulée en rayonnant vers l'espace. D'innombrables conditions particulières interviennent : l'orientation du sol par rapport aux rayons de soleil, sa nature, sa couleur (la neige, par exemple, réfléchit presque intégralement le rayonne-ment incident), l'humidité de l'air, sa densité (la raréfaction de l'air aux altitudes élevées favorise les grandes amplitudes de température : le rayonnement solaire est particulièrement efficace puisque l'atmosphère n'oppose qu'un faible écran ; par contre, en sens inverse, la perte de chaleur nocturne est facilitée), la présence ou non de nuages (une couverture nuageuse empêche le refroi-dissement du sol, mais laisse passer, du moins quand elle n'est pas trop épaisse, une partie de l'énergie solaire : c'est l'effet de serre), le vent (la ventilation homogénéise les températures), Un écart de 10°C entre la température à 1,50m du sol et la température de la surface de la neige est courant, au petit matin, par beau temps calme. La température de surface d'une roche ensoleillée peut être notablement supérieure à celle de l'air environnant.
Il existe évidemment une interaction entre le sol et l'air. C'est surtout le sol qui, en particulier par temps calme et sec, influence la température de l'air proche (voir "les brises").
La diminution de température avec l'altitude se manifeste par l'étagement des espèces végétales et, plus haut, par la présence de neiges éternelles. Quelle image illustre mieux ces contrastes que celle, bien connue, du Kilimandjaro enneigé, jaillissant de la savane africaine surchauffée?
Il est pourtant des cas - nombreux - l'hiver par beau temps où la décroissance n'est pas la règle. En effet, l'air froid, parce qu'il est lourd, s'accumule dans les fonds de vallée. Sur les versants au contraire, sitôt formé il ruisselle vers le bas, Dans de telles conditions, il peut faire bien plus froid en vallée, et même en plaine qu'en moyenne montagne. C'est "l'inversion de température". La nappe froide inférieure est souvent de l'ordre de 800 à 1200m d'épaisseur. Il peut, par exemple faire - 5°C en plaine, -10°C à 1000m, en fond de vallée enneigée, et 8°C à 2000 m.
Structure extrêmement stable, l'inversion de température se manifeste par une stratification très contrastée de l'atmosphère inférieure. Dans la couche froide, l'air est humide (brouillard ou nuages bas), au-dessus l'air est sec (excellente visibilité).
Dans certaines circonstances, la structure de l'atmosphère est plus complexe, une couche chaude s'immisçant entre l'air froid supérieur et celui prisonnier des vallées. Il se forme alors une pluie qui tombe sur un sol froid et donne du verglas, pellicule de glace qui recouvre tout. Pendant quelques heures, les routes et chemins deviennent extrêmement dangereux pour toute circulation.
L'effet de Foehn
Le foehn est le vent qui souffle dans les vallées alpines quand, en altitude, le courant du sud est fort. Il s'accompagne de phénomènes caractéristiques qui ne sont pas propres au vent du sud mais plus accusés avec lui. C'est pourquoi le météorologiste, généralisant, évoque "l'effet de foehn" quand un courant atmosphérique, quelle que soit sa direction, prend une chaîne de montagnes par le travers.
"Au vent" (voir "les nuages"), l'air soulevé se refroidit et condense sa vapeur d'eau - quand il en contient assez - en nuages puis, plus haut, en précipitations. Ce faisant, l'air perd de l'eau. Quand il arrive au sommet, il n'est donc pas identique à celui qui s'élançait à l'assaut du versant. Aussi, à peu de distance de la crête, "sous Le vent", le nuage se dissipe. En effet, à l'inverse de ce qui se passe dans les ascendances, un air descendant se réchauffe et s'assèche. Lorsqu'il y a précipitation, une dissymétrie caractérise le comportement de l'atmosphère de part et d'autre de la montagne:
au vent, le nuage se forme à un niveau bien inférieur, la pluie et la neige tombent.
sous le vent, le nuage se dissipe beaucoup plus haut, il fait bien plus chaud et il peut faire très beau.
Ce contraste entre les versants est la règle là où les courants dominants sont assez humides (car s'il n'y a pas précipitation le résultat est différent : symétrie généralement).
Les exemples ne manquent pas dans nos massifs européens: le nord des Alpes est verdoyant et frais, le sud est sec et chaud même répartition dans les Pyrénées, les forêts de Lorraine et des Vosges occidentales, le vignoble alsacien, etc
Les perturbations
La genèse des perturbations est indépendante du relief; mais par la suite, leur comportement est toutefois fort affecté par la présence de la montagne, surtout si la masse de celle-ci est importante.
Au vent, les perturbations s'activent ou se réactivent (un système nuageux ne précipitant pas en plaine peut apporter neige et pluie en montagne). Sous le vent, elles se disloquent ou s'effacent, quitte à se reformer, parfois, quelques dizaines de kilomètres au-delà de la ligne de crête.
Pour peu qu'une situation perturbée se maintienne plusieurs heures, voire plusieurs jours, qu'une mer chaude alimente l'atmosphère en vapeur d'eau, des quantités de pluie ou de neige énormes peuvent s'accumuler sur un versant tandis que l'autre ne reçoit presque rien et la plaine beaucoup moins(il en est ainsi des Cévennes et du sud des Alpes par vent de sud, des Alpes italiennes par vent de sud-est ou d'est, du Népal que la mousson de l'océan indien arrose copieusement tandis que le Tibet connaît la sécheresse.)
Vie d'une perturbation
Au contact de l'air chaud et de l'air froid se forme une empoignade (1 et 2) et bientôt apparaît un tourbillon (3 et 4), qui finit par tourner sur lui-même (5), tandis qu'un nouveau front se forme (6).
L'orage
Il existe deux grandes catégories d'orages : ceux qui accompagnent des perturbations de plus ou moins grande étendue, ceux qui se développent localement dans une masse d'air devenue instable. L'orage est un événement essentiellement estival que les alpinistes, en particulier, redoutent beaucoup car il s'accompagne de phénomènes violents, soudains, imprévisibles, notamment la foudre.
On distingue 3 types d'orages.
L'orage isolé :
C'est celui qui éclate très localement en fin d'après midi ou le soir des chaudes journées d'été. Cet orage traduit une détérioration sensible de la stabilité des couches d'air par excès de chaleur à la base mais non une aggravation irrémédiable. Avec le retour de la fraîcheur nocturne, ce type d'orage se résorbe.
Si le conditions générales restent les mêmes, il peut d'ailleurs se répéter le lendemain, pas forcément au même endroit. Et ainsi de suite pendant une période de chaleur.
L'orage isolé trouve sur le relief des conditions qui lui permettent de s'y développer bien plus aisément qu'en plaine. Les mouvements ascendants, facilités par les versants, une humidité souvent plus forte (forêts, rivières, fonte des neiges) contribuent à déclencher l'orage en montagne. Celui-ci est, en général, de courte durée. Il éclate plutôt en fin d'après-midi et s'éteint en soirée.
Ainsi, un orage de faibles dimensions, environ 4 km de rayon, et qui donne de faibles quantités d'eau, environ 10mm, dégage une énergie pendant la condensation d'eau à l'intérieur du nuage correspondant à une puissance équivalente à celle de dix bombes atomiques du type Hiroshima.
La zone orageuse :
Vaste plage d'air humide, chaud et instable, qui recouvre de vastes territoires, et même la France entière parfois. A l'intérieur de cette zone, à n'importe quelle heure du jour et même de la nuit (mais quand même de préférence l'après midi et le soir) se déclenchent de multiples orages. Ces orages sont souvent annoncés par de nombreux nuages aux formes tourmentées, et notamment vers 4000m d'altitude.
L'orage de front froid :
Le plus dangereux de tous car, surtout en été, il peut être à la fois soudain, violent (rafales, fortes averses...) généralisé et accompagné d'un refroidissement intense. Il est la conséquence de l'irruption d'une masse d'air froid qui repousse brutalement l'air chaud préexistant.
L'anticyclone
Ciel bleu, soleil, forte chaleur...
Mais le beau temps en montagne n'a pas que des conséquences heureuses. La chaleur est même responsable de phénomènes dangereux, ainsi :
La transformation malsaine de la neige. Par transformation de la neige », on entend le processus de fonte à la chaleur du jour, et de regel dans la nuit. Quand il fait trop chaud, la neige fond très vite le jour, et gèle peu ou pas du tout au cours de la nuit. On dit que la neige est « pourrie », c'est-à-dire dangereuse à fréquenter parce que ne tenant pas sous les pas.
La fragilisation des passages. Les ponts de neige au-dessus des crevasses, notamment, ne demandent qu'à s'effondrer.
Les pierres se descellent et tombent dans les couloirs.
Les orages.
L'air surchauffé pompe l'humidité, jusqu'à ce que, surchargé, il dégénère en orage isolé, mais violent. Ce phénomène survient habituellement après quelques jours de "trop beau temps".
Quand craindre ce "trop beau temps" ?
La notion "d'altitude de l'isotherme zéro degré", ou, plus précisément encore, "d'altitude du niveau de gel" constitue un très bon indicateur. Il s'agit de l'altitude à laquelle, la nuit, la température est assez basse pour que la neige gèle. Ce n'est pas forcément celle à laquelle il fait 0 oC, comme on le pense souvent.
En réalité, la force du vent, le degré d'humidité de l'air, la quantité de nuages dans le ciel, voire la topographie des lieux conditionnent complètement la qualité du regel nocturne, qui varie donc beaucoup selon les lieux. On peut cependant prendre comme point de repère que, lorsque, par beau temps, l'isotherme zéro arrive au-delà de 3 500 mètres (il arrive qu'il dépasse les 4 000 mètres!), les conditions de neige sont défavorables.
La dépression
Le vent de secteur sud à ouest, plus ou moins fort, apporte des nuages et, au fur et à mesure qu'on prend de l'altitude, des précipitations variables: pluie, grêle, neige. L'arrivée d'une perturbation sur le massif montagneux provoque soit une instabilité orageuse, soit du mauvais temps caractérisé.
L'instabilité orageuse.
Elle est due à la présence d'une dépression faible qui s'est presque comblée au moment où elle arrive, mais qui, au contact de l'air chaud du beau temps, reprend de la vigueur et explose en un ou plusieurs orages. Cette situation peut durer plusieurs jours: on parle alors de "temps pourri".
Le mauvais temps caractérisé.
L'arrivée d'une perturbation active au contact du relief provoque des précipitations et du vent, aggravés avec l'altitude. Avec, pour conséquence directe, le froid et l'orage. On sait que, plus on gagne en altitude, plus l'air est froid et moins il est capable de retenir l'humidité
Ainsi, là où, en moyenne montagne, il fait encore clair, on trouve, au fur et à mesure qu'on monte, la brume, la pluie, la grêle et, enfin, la neige. Et qui dit neige fraîche et abondante dit très vite risques avalancheux, tandis que les traces sont effacées et les formes rocheuses plâtrées : les conditions deviennent hivernales. Dans le même temps, les précipitations provoquent une baisse importante de la température.
Pour l'alpiniste pris par le mauvais temps en altitude, cela signifie un épuisement physique accéléré, d'autant plus que la progression devient difficile, si ce n'est impossible. Quant au vent, non seulement il peut interdire toute progression, mais il accentue de manière affolante les effets du froid sur le corps.
Observation et prévision
Pour s'aventurer à faire des prévisions avec quelque chance de succès, il faut d'abord procéder à un certain nombre d'observations. Pour cela, la météorologie a mis au point des instruments très compliqués, mais également quelques-uns bien plus simples.
Le baromètre.
Il mesure la pression atmosphérique en millimètres. L'aiguille du cadran indique une pression de mercure d'environ 780 mm. Sur le plan international, la hauteur barométrique est exprimée en millibars ou en hecto pascals :
1000 millibars = 1000 hecto pascals = 750 mm de mercure.
Le thermomètre.
Il permet de mesurer la température, mais surtout les variations de température. Notre système est celui de Celsius, où l'eau gèle à 0° (point de congélation) et bout à 100° (point d'ébullition).
Mais ce n'est pas partout pareil : dans les pays anglo-saxons, par exemple, on utilise l'échelle Fahrenheit, où le point de congélation se situe à + 32° et le point d'ébullition à 212°F.
L'hygromètre.
Il permet de mesurer l'humidité relative de l'air ambiant. Cette humidité relative donne, en pourcentage, le rapport entre la quantité de vapeur d'eau effectivement absorbée par l'air et la quantité maximale qui pourrait y être absorbée à la même température.
L'anémomètre.
Détermine la force et la direction du vent. La direction du vent ne s'indique pas seulement par Nord, Nord-Ouest, Ouest, etc., mais s'exprime également en degrés. Le Nord est alors aussi bien 0° que 360°. La graduation tourne dans le sens des aiguilles d'une montre, de sorte que l'Est est à 90° et le Sud à 180°. La force du vent est indiquée en kilomètres/heure (km/h), en mètres par seconde, en noeuds par heure, ou en chiffres allant de 1 à 12 selon l'échelle Beaufort.
Le pluviomètre.
C'est un simple récipient d'une surface bien déterminée. On mesure la quantité d'eau tombée avec une éprouvette graduée. Il doit être installé dans un lieu découvert, loin des arbres, des maisons ou des murs... Enfin, il doit être placé à 1m50 au-dessus du sol.
Les grands principes généraux
C'est dans la dizaine de kilomètres inférieurs de l'atmosphère que le temps se fabrique pour l'essentiel. En saison froide, la tranche active des perturbations se trouve même comprise entre 1000 et 5000 mètres. Ces premières considérations suffisent à prouver l'importance du relief qui, même lorsque son altitude est modeste, s'oppose à l'écoulement du vent et contrarie la progression régulière des perturbations. Il n'est sans doute pas inutile de rappeler, sommairement, quelques notions de météorologie élémentaire.
La pression atmosphèrique
La pression de l'air sur une surface donnée est égale au poids de la colonne atmosphérique qui a pour section la surface en question et pour épaisseur la dénivellation entre la surface et la limite supérieure de l'atmosphère. La pression s'exprime en millibars. Au niveau de la mer, elle est en moyenne de 1 013,5mb, mais déjà à l'altitude du sommet du Mont Blanc elle n'est plus que de 555mb, et au sommet de l'Everest elle avoisine 300 millibars. L'oxygène diminue dans les mêmes proportions. Ainsi s'expliquent les difficultés pulmonaires et cardiaques des alpinistes en haute altitude et la nécessité d'avoir recours aux bouteilles d'oxygène.
La pression
La pression varie à la surface du globe. Grâce au réseau des stations d'observation, sa répartition peut être mise en évidence sur des cartes où sont tracées, pour un niveau donné, des courbes isobares (courbes qui rejoignent les points où la pression est identique). C'est ainsi qu'apparaissent des zones de haute pression (les anticyclones) et des zones de basse pression (les dépressions)
L'inégalité des pressions commande le régime des vents. (en savoir plus)
En effet, le vent tend à rétablir l'équilibre de la pression en transportant de l'air des anticyclones vers les dépressions. L'écoulement de l'air n'est pas direct, comme on pourrait le croire, du centre anticyclonique vers le centre dépressionnaire. En fait, comme la Terre tourne, une force d'inertie (la force de Coriolis) agit de telle sorte que le vent respecte les conditions suivantes :
- sa direction est sensiblement parallèle aux courbes isobares ;
- sa force dépend du contraste entre les hautes et basses pressions : plus la différence de pression est grande, plus le vent souffle fort, et inversement ;
- dans l'hémisphère Nord, il tourne autour des dépressions dans le sens inverse de celui des aiguilles d'une montre ; autour des anticyclones, dans le sens des aiguilles (schéma 1 et 2).
Pour l'Europe occidentale, le régime moyen des vents est d'ouest grâce, en particulier, à la présence très fréquente de l'anticyclone des Açores et de la dépression d'Islande. La distribution des anticyclones et des dépressions à la surface de la Terre trouve son origine dans la répartition des températures.
Les régions équatoriales et tropicales, parce qu'elles reçoivent le rayonnement solaire perpendiculaire, ou presque, accumulent de la chaleur.
Les régions septentrionales, parce que le soleil ne monte jamais beaucoup au-dessus de l'horizon, se refroidissent. Les masses d'air chaudes du Sud et les masses d'air froides du Nord se juxtaposent sans se mélanger, en moyenne à la latitude des régions tempérées.
La frontière qui les sépare, étroite zone de mélange d'une dizaine de kilomètres au plus, assimilable donc, à l'échelle des cartes météorologiques habituelles, à une ligne, s'appelle le "front polaire" ( v. schéma 2).
Le front polaire est animé d'ondulations qui atteignent de très grandes dimensions (parfois 1000, 2000 km ou plus, dans le sens ouest-est). Ces ondulations s'appellent les "perturbations du front polaire", ou, plus communément, les "perturbations". Elles correspondent à la nécessité d'un échange de chaleur entre les régions nord et sud. De l'air chaud "monte" vers le Nord, de l'air froid "descend" vers le Sud
Stade du développement d'une perturbation. Mouvement relatifs de l'air chaud et de l'air froid
Les perturbations sont donc le résultat d'un rééquilibrage et même d'un conflit, entre l'air chaud et l'air froid. Cette opposition de masses d'air de densités différentes (l'air chaud est plus léger et tend à surmonter l'air froid), de teneurs en vapeur d'eau (humidité) différentes, se mani-feste par la formation de systèmes nuageux qui s'enroulent en spirales autour des dépressions.
Généralement les nuages deviennent suffisamment épais et denses pour donner des précipitations (pluie ou neige) libérant ainsi une eau devenue excédentaire (eau soustraite par le soleil aux océans des tropiques et de l'équateur et restituée à des milliers de kilomètres plus loin)
(Système nuageux principal associé à une perturbation et s'enroulant autour d'une dépression.)
Il faut encore retenir que les perturbations se développent à l'intérieur des grands courants atmosphériques et que ceux-ci les transportent, par conséquent.
C'est ainsi que les perturbations formées sur l'Atlantique parviennent, dans la plupart des cas, sur l'Europe portées par le flux d'ouest des latitudes moyennes.
Leur passage se manifeste par des précipitations plus ou moins longues et intenses, mais aussi par des changements de température parfois brutaux (suite au défilement des "poussées chaudes" du sud, et des "descentes froides" du nord). En montagne, tous ces paramètres ou "individus at-mosphériques" ont un comportement spécifique.
Le vent
Un pic montagneux isolé n'a pas grande influence sur le vent en général. Par contre, les chaînes puissantes comme les Alpes, la cordillère des Andes, les Rocheuses, l'Himalaya etc... représentent des obstacles qui modifient profondément l'écoulement des masses d'air.
Pour bien comprendre cela, il est commode d'assimiler l'air à une nappe liquide en mouvement sur un fond tourmenté, représentant le relief terrestre.
On imagine facilement le fluide des couches inférieures gêné dans sa progression par l'obstacle, obligé d'une part de le contourner à ses extrémités, d'autre part de le surmonter en créant un re-mous dans les couches supérieures.
Et si la section d'écoulement se rétrécit, la vitesse s'accélère. Il est bien vrai qu'au voisinage des crêtes le vent est notablement plus fort qu'au-dessus de la plaine, notamment au passage des cols. Le remous se répercute facilement à des hauteurs atteignant quatre à cinq fois celle des chaînes, ainsi qu'à plusieurs dizaines de kilomètres en aval des crêtes.
A l'intérieur même des régions montagneuses, chaque vallée canalise une partie du volume d'air en mouvement. Plus le réseau des vallées est compliqué, plus il offre de chicanes et plus la ventilation interne est réduite. C'est surtout le cas en hiver, car un phénomène thermique permet, en saison chaude, la pénétration de l'air des plaines jusqu'au coeur des chaînes de montagne : c'est la brise.
Si la pression commande le vent, ce dernier, contrarié par un obstacle, provoque des modifications de la pression. Ainsi, devant une chaîne de montagnes, l'air s'accumule quelque peu, créant une surpression locale. Derrière, au contraire, il existe un déficit (parce qu'une partie du fluide qui devrait normalement s'y trouver s'évacue par les extrémités et manque donc dans le sillage du relief).
Situation à mistral.
Par régime de nord-ouest, surpression au vent des Alpes, dépression du golfe de Gènes, "sous le vent".
Par régime de nord-ouest à nord, s'organise la dépression du golfe de Gênes et de la plaine du Po, tandis que le flux se divise : une partie vers la Bavière, l'autre vers la Méditerranée par la vallée du Rhône (le mistral).
Autan sur le Midi pyrénéen, par régime générale de sud.
Derrière les Pyrénées, par vent de sud, se forme un couloir dépressionnaire qui appelle l'air méditerranéen : l'Autan .
Les brises
Les différences de température selon l'altitude et l'orientation des pentes sont à l'origine de vents locaux propres à la montagne. Pendant la nuit, lorsque le ciel est dégagé, le sol (végétation, neige, roc...) perd de la chaleur.
L'air au voisinage de cette surface froide se refroidit par contact, s'alourdit et coule, vers les pentes inférieures, les vallées, puis la plaine : c'est la "brise de pente". Peu rapide, elle n'est guère perçue que par les instruments sensibles. Elle existe en toute saison. Selon le même processus thermique, un courant d'air froid descend des glaciers, même pendant la journée : c'est ce qu'on appelle le "vent des glaciers".
La "brise de vallée" s'établit d'aval en amont. Sur les versants ensoleillés, l'air réchauffé s'allège et s'organise en ascendances qui "aspirent" en quelque sorte celui des couches inférieures. Cette circulation, presque inexistante en saison froide, devient très efficace au printemps et surtout en été. Le vent d'aval atteint facilement 20 km/h, l'après - midi . Il contribue à tempérer le climat montagnard.
La météorologie est une branche de la physique du globe qui se consacre à l'observation des éléments du temps (température, précipitations, vents, pression, etc ...) et à la recherche des lois des mouvements de l'atmosphère.
Quel temps a-t-il fait ? Quel temps va-t-il faire ?
Il existe environ 7.000 stations météorologiques terrestres réparties dans tous les pays du monde. La coopération internationale y joue un grand rôle. Tous les météorologistes du monde parlent le même langage.
Toutes les observations sont codifiées.
Les symboles météo
Front chaud
.
Front froid
.
Front stationnaire
.
Front occlu chaud
Front occlu froid
.
Ouragan, cyclone
Symboles utilisés par les stations
Sur les cartes d'analyse chaque station est représentée par un ensemble de symboles que le météorologue peut interpréter.
Chaque station est représentée par un groupe de symboles comme celui qui présenté ci-dessous.
"Nébulosité complète du ciel, avec une température de l'air de 24 degrés celcius, point de rosée à 24 degrés celcius. Le vent de nord-est entre 10 et 15 noeuds. La pression à 1003,8 millibars en baisse de 1,1 millibars depuis 3 heures. Des averses de pluie sévissent et les nuages bas sont des status, la visibilité est réduite à moins d'un kilomètre. Dans l'heure qui précédait l'observation, le temps était au brouillard".
Afin de mieux comprendre l'on peut représenter cette station météo avec l'aide d'une grille.
Ch : Type de nuage élévé
Cm : Type de nuage moyen
Ce : Type de nuage bas
N : Nébulosité du ciel
PPP : Pression atmosphérique indiquée en millibars mais seulement les trois derniers chiffres sont présentés : une pression de 1002,1 sera présentée 021 alors qu'une pression à 1021,1 sera présentée 211.
PP : Variation de pression depuis la dernière observation (en millibars).
a : Représentation graphique de la variation de pression.
ww : Temps qu'il fait au moment de l'observation.
w : Temps passé dans la dernière heure au moment de l'observation.
vv : Visibilité (en kilomètre).
TdTd : Point de rosée en degré celcius.
TT : Température de l'air.
Légende des codes et des symboles utilisés
Vitesse du vent
.
V = 5 noeuds
* Direction du vent, à + ou - 5 degrés près, représentée par la hampe d'une flèche volant dans le vent.
V = 10 noeuds
* Vitesse V du vent, à + ou - 2 noeuds près, représentée par les symboles suivants ou leur combinaison.
V = 50 noeuds
Exemples
vent d'ouest, V = 25 noeuds
vent d'ouest-sud-ouest, V = 75 noeuds
vent calme, (V < 1 noeud)
vent d'ouest -sud-ouest, 1 < V < 2 noeuds
Nébulosité (cercle central)
Nuages bas (Cl)
Nuages moyens (Cm)
Nuages élevés (Ch)
Variation de pression (a)
Temps qu'il fait au moment de l'observation (ww) et temps passé dans la dernière heure au moment de l'observation (w).
Les météorologues ont, pour se faire, des moyens très perfectionnés à leur disposition : observatoires terrestres, ballons-sonde dans l'atmosphère, navires et bouées météorologiques, satellite météorologique européen (METEOSTAT) et un réseau de transmission rapide et fiable qui est l'oeuvre de l'O.M.M. (Organisation Météorologique Mondiale) et de l'U.I.T. (Union Internationale des Télécommunications).
Les données climatologiques peuvent nous aider à prendre certaines décisions dans le temps et dans l'espace. Il faudra donc observer attentivement les données prévisionnelles avant le départ d'une course.
Où se renseigner ?
Aux services de la climatologie de la météorologie nationale de Paris - 2 avenue Rapp, ou aux 150 stations de France. Il est préférable de téléphoner à la station la plus proche de l'endroit où aura lieu votre course. Il existe des répondeurs téléphoniques à vocation agricole, d'autres destinés à la montagne, à ceux qui veulent prendre la mer et enfin à ceux qui font de l'aviation légère.
Appelons cela le syndrome de la tour de Pise. Une fièvre architecturale qui agite les méninges depuis des décennies et donne le vertige. Une folle épidémie qui échafaude des plans de sauvetage en cascade. Quand elle ne relève pas de l’acharnement thérapeutique. Bâtisseurs confirmés ou doux dingues, techniciens pointilleux ou rêveurs éveillés, combien sont-ils à s’être penchés au chevet du campanile toscan, qui a commencé à piquer du nez quelques années après la pose de la première pierre en 1173 ? Des milliers. Pour le pire et pour le rire, plus rarement le meilleur. «Si vous aimez les projets fous, vous n’allez pas être déçus, prévient, goguenard, le médiéviste Piero Pierotti, le meilleur connaisseur de l’histoire de la tour. Car ici, les folies n’ont pas vraiment manqué.»
Prenez le Sud-Africain Ron Middleton. Il proposait, il y a quelques années, l’érection d’une gigantesque vis métallique en forme d’escalier qui viendrait en appui du monument et faciliterait sa visite. Dwight Clark, un jeune Américain du Vermont, ne manque pas de souffle non plus : la tour est arrimée par un câble d’acier à un immense dirigeable. Gonflé. Avec des croquis ciselés, le Japonais Otani posait la tour sur de nouvelles fondations sur l’eau, non sans avoir fait verser 1 000 tonnes de sable sur son pourtour. Hara-kiri architectural assuré. Magritte y est même allé de son pinceau. Sur deux toiles des années 50, le surréaliste belge a peint une plume et une cuillère à l’aplomb du campanile.
Vous croyez les Italiens immunisés contre le mal du sauvetage en pierre ? Que nenni ! Bien avant l’heure de Photoshop, un Génois dupliquait la tour et reliait les jumelles au sommet par une passerelle à la mode Eiffel. L’architecte milanais Giancarlo Carcano était bien plus interventionniste. Il faisait couler à l’intérieur du monument un tube en ciment, qui se prolongeait dans le sous-sol pour s’arrimer à un bulbe en béton enchâssé dans une armature métallique en cône. Giancarlo Bettinelli a, lui, pris le soin de réaliser une grande maquette. La tour est appuyée à un vaste tuteur posé sur un bras articulé qui roule sur des rails et redresse le monument. Quant à l’ingénieur Gustavo Colonnetti, un «fou» aux yeux de certains historiens, il projetait sérieusement de scinder la base de la tour avec un immense levier posé sur un vérin.
un édifice peu droit dans sa botte
N’en jetez plus ! On s’incline devant tant de trouvailles pour stabiliser une tour peu droite dans sa botte. Des milliers d’autres plans de bretelles, corsets et béquilles en tout genre s’enchevêtrent avec des plans d’aimantation, de soulèvements et d’électrification du terrain. Le tout s’empile dans les archives de l’Opera della Primaziale, l’organisme qui gère la tour. Où l’on s’aperçoit que le bon sens glisse vite dans le délire. Galilée, qui aurait expérimenté la chute des corps depuis le campanile toscan, y serait pris de vertige. Depuis le début des années 60, les projets affluent de toutes les régions du monde. A cette époque, un concours international est lancé pour stabiliser la tour. L’édifice sombre alors lentement mais sûrement vers le sud : un peu plus d’un millimètre à l’année. L’inclinaison n’a jamais cessé depuis le XIIIe siècle. Le 15 mars 1298, un notaire avait même été dépêché au pied du monument pour l’officialiser.
Entamés le 9 août 1173, les travaux de construction se sont étalés en trois phases sur près de deux cents ans, entrecoupés de crises politiques, de guerres et d’autant de chantiers concurrents. «Finalement, cela a été une chance. Si la tour avait été bâtie plus vite, elle se serait effondrée. La construction a progressivement modifié les caractéristiques du terrain», analyse Giuseppe Bentivoglio, le directeur technique de l’Opera della Primaziale. Au fur et à mesure, le sol s’est comprimé pour finalement supporter une charge de 14 500 tonnes. Au sud, la tour s’est tout de même enfoncée de plus de deux mètres dans le sable et l’argile ! «Heureusement, les fondations n’étaient pas profondes, ajoute Bentivoglio. Car les couches souterraines à partir de 10 mètres sont bien moins consistantes. Elles n’auraient pas résisté.»
Les architectes Di Simone et Di Andrea, qui ont succédé à Pisano, ont bien tenté durant la construction de corriger l’inclinaison de la tour avec des pierres plus hautes sur le côté nord. En vain. Le monument de 58,36 mètres, achevé en 1370, se courbe comme une «banane». Restons dans le registre agricole, puisque bientôt, la grande dame sera victime de «l’effet tournesol» : sous l’effet du soleil, elle se vrille légèrement d’est en ouest. «Comme un bateau en mer, elle navigue et oscille, s’amuse Pierotti. N’oublions pas qu’elle a été construite par des Pisans qui restent des hommes de la mer.»
Pierotti avait prévenu : «Les folies n’ont pas manqué». Face aux redresseurs de tour, l’historien de l’art, aujourd’hui à la retraite, se pose en redresseur de torts. Il a passé des années à étudier le campanile toscan. A listé les opérations tentées sur la tour. A classé les rapports pondus par les dix-huit commissions d’experts qui pendant près de huit cents ans ont tenté de trouver LA solution. Il aura fallu attendre 2001 pour y parvenir. Pierotti est arrivé à la conclusion que l’homme est un loup pour la tour : trop d’interventions, trop d’experts qui «débarquaient avec leurs idées préfabriquées et pensaient que tout était calculable»,trop de milliards de lires et trop d’indécisions.
Gianluca De Felice opine du chef. Le secrétaire général de l’Opera della Primazialepointe un mal «très italien», les «mille commissions qui rassemblent plein de gens et se réunissent sans fin pour finalement ne rien décider». Quand elles ne se caricaturent pas. Dans les années 90, un Napolitain va jusqu’à conjurer le mauvais sort en public, car treize membres siégeaient à la 17e commission, deux chiffres porte-malheur aux yeux des Italiens.
A cette époque, la tour malade a vu défiler à ses pieds bon nombre de géotechniciens, d’hydrauliciens, de structuristes et de yaqu’aturistes. Seuls ou presque manquent à l’appel les mages, les cartomanciennes et le professeur Tournesol.
Certains se sont précipités avec des airs affairés. Alessandro Gherardesca se pique ainsi d’embellir la tour et de trouver une issue à l’inclinaison. En 1838, l’architecte entame des travaux pour nettoyer son pourtour. Creuse, déblaye, dépose un mur et une balustrade afin de reconstruire le bassin au pied du monument. Et déséquilibre tout : l’embellissement se traduit par un mouvement des eaux souterraines qui refont surface. En 1911, le campanile affiche un écart de 4,22 mètres en surplomb de la septième corniche. Les infiltrations d’eau inondent les esprits des experts. De 1918 à 1923, la tour cède 4,5 millimètres, contre 3 entre 1911 et 1918. Il faut agir : stabiliser les fondations et imperméabiliser le bassin circulaire.
une gigue endiablée
En plein redressement politique et moral, l’Italie fasciste ne peut se résoudre à un déclin inexorable de la tour. En février 1934, 361 trous sont forés dans le sous-sol, créant un vide de presque 3 m3. Dedans, 92,8 tonnes de ciment liquide sont déversées. «C’est comme si on avait mis du savon sous les chaussures d’un équilibriste», explique Pierotti. La tour entame une gigue endiablée du sud au nord, d’ouest en est. Mais elle tient et fait montre d’une certaine élasticité. Après tout, elle a déjà supporté la foudre en 1797 et un tremblement de terre en 1846.
Une fois encore l’alarme vient d’ailleurs. Une fois encore, les redresseurs de tour se soulèvent. Cette fois, le monument toscan risque gros. Le 17 mars 1989, quatre personnes sont tuées dans l’effondrement de la tour Civique à Pavie (Italie du Nord). A Pise, c’est le branle-bas. La tour est fermée au public le 7 janvier 1990. En urgence, 640 tonnes de plomb sont placées au pied du monument, dans la partie nord. Miracle ! La vieille dame se redresse et récupère 2,5 centimètres au cours de l’hiver 1994. C’est le calme avant la tempête. Les ingénieurs songent maintenant à ancrer la tour à 50 mètres sous terre, grâce à des câbles. Ils débarrassent le sous-sol des tubes et ciments de 1934. Et pour éviter que les eaux souterraines n’envahissent le chantier, le sol est congelé à l’azote liquide. La «banane», déjà victime de «l’effet tournesol» mais capable de danser sans barguigner, entame à 800 et quelques ans une carrière de Frigidaire. Ou comment la thérapie menace la malade.
Le désastre est proche. La tour perd en un jour ce qu’elle abandonne d’habitude en un an ! Les sonnettes d’alarme retentissent dans la nuit du 7 au 8 septembre 1995. A la va-vite, on ajoute 235 tonnes de plomb sur le versant nord. Et comme cela ne suffit pas, on entasse tout ce que l’on trouve sur le chantier pour faire contrepoids : les gravats retirés du sous-sol et même la grue ! John Burland, l’un des protagonistes des travaux, parlera de «Septembre noir». «On a compris que la tour n’appréciait guère les lourdes interventions», conclut aujourd’hui le directeur technique, Giuseppe Bentivoglio. Qui toutefois n’arrive «pas vraiment à expliquer comment elle tient debout. C’est peut-être pour cela qu’elle trône sur la place des Miracles».