Elle est enfin prévue pour le 25 avril 1792 en place de Grève. Jamais une machine aussi peu réjouissante n’aura été autant désirée. Entre autres tribunaux qui accumulaient les prisonniers, le deuxième tribunal criminel de Paris avait condamné à mort, trois mois auparavant, le 24 janvier précédent, l’agresseur d’une personne en pleine rue pour lui voler des assignats, nommé Nicolas Jacques Pelletier. Moreau, un juge de ce tribunal, écrit à Roederer :« […] Son crime a été public, la réparation devrait être prompte, et une pareille lenteur, surtout au milieu de cette ville immense, en même temps qu’elle ôte à la loi l’énergie qu’elle doit avoir, compromet la sûreté du citoyen […] ». Roederer s’adresse la veille à La Fayette, commandant-général de la garde nationale pour s’assurer ce jour-là de la main-forte car il pressent que ce nouveau mode d’exécution attirera la foule, et il lui demande en conséquence de laisser sur place les gendarmes plus longtemps après l’exécution, jusqu’à l’enlèvement de la guillotine et de l’échafaud.
Pelletier fut donc le premier homme à être « monté sur mademoiselle ». On nommait ainsi une guillotine qui n’avait pas encore servi. La Chronique de Paris du 26 avril (no 118) signale l’événement :« Hier, à trois heures de l’après-midi, on a mis en usage, pour la première fois, la machine destinée à couper la tête des criminels […] La nouveauté du spectacle avait considérablement grossi la foule de ceux qu’une pitié barbare conduit à ces tristes spectacles ». Si les journaux s’indignent quelque peu, Prudhomme loue l’instrument « qui concilie le mieux ce qu’on doit à l’humanité et ce qu’exige la loi » et il ajoute « du moins tant que la peine capitale ne sera pas abolie ». La foule, restée calme, fut étonnée de la rapidité de l’outil et de son efficacité, mais la majorité des curieux furent déçus de la brièveté du spectacle. Ce que l’on peut résumer par un mot encore prêté à Guillotin : « La tête vole, le sang jaillit, l’homme n’est plus »
L’assignat est une monnaie fiduciaire mise en place sous la Révolution française.
Après le système de Law (1716-1720), l'assignat est la seconde expérience de monnaie fiduciaire en France au XVIIIe siècle : toutes deux se soldèrent par un échec retentissant.
À l’origine, il s’agissait d’un titre d’emprunt émis par le Trésor en 1789, et dont la valeur est gagée sur les biens nationaux par assignation. Les assignats deviennent une monnaie de circulation et d’échange en 1791, et les assemblées révolutionnaires multiplient les émissions, qui entraînent une forte inflation. Le cours légal des assignats est supprimé par la loi du 2 prairial an V
Déjà, avant la Révolution, les finances royales sont dans un état très préoccupant avec une dette évaluée entre 4 et 5 milliards de livres, la moitié du budget royal servant à résorber cette dette qui ne fait qu’augmenter et à servir de rente pour diverses personnes. On voyait déjà circuler depuis 1787 des billets de la Caisse d'escompte pratiquement à cours forcé (ce fut le cas à partir d’août 1788, entrainant une panique), c’est-à-dire que le Trésor émettait sur promesse de remboursement des traites qui avaient par là-même, valeur de monnaie puisqu’on pouvait les réescompter, les échanger, les utiliser pour acheter des biens, et enfin les négocier : d’ailleurs, sur le marché, leurs cours ne cessaient de chuter. Leurs rapports s’amenuisant bientôt, l’État ne pouvait plus espérer grand-chose du côté de ces billets. Le 5 mai 1789, à l’ouverture des états généraux, Jacques Necker propose l’émission d’un « papier national », via la Caisse d'escompte, qui se verrait alors affectée au règlement de la dette publique et il est rejoint par Mirabeau qui déclare « qu’il faut bannir de la langue cet infâme mot de « papier-monnaie » ». Le risque de banqueroute est grand et il faut, de toute urgence, trouver de l’argent ; le député Talleyrand propose l’idée de confisquer les biens du clergé (et non pas de les nationaliser car aucune indemnité n’a été versée). C’est ainsi que le 2 novembre 1789, l'Assemblée nationale constituante décide que tous les biens du clergé seront « mis à disposition de la Nation ». Ces biens seront dorénavant des biens nationaux, destinés à être mis aux enchères pour remplir les caisses de l’État.
Cet apport de patrimoine, évalué entre 2 et 3 milliards de livres, constitue un gain considérable pour les finances publiques. La mise en vente est confiée à une caisse de l'Extraordinaire, créée par le décret du 19-21 décembre 1789 et définitivement organisée le 6 décembre 1790
La vente de tant de biens prend du temps, au minimum un an. C’est un délai beaucoup trop long, les caisses de l'État sont vides.
C’est ainsi qu’il est décidé de créer, le jour même de l’ouverture de la caisse de l’Extraordinaire, des billets dont la valeur est assignée (autrement dit « gagée ») sur les biens du clergé. Rappelons que durant l’été 1789, le Trésor royal devient Trésor public et reçoit mission de gérer le produit des contributions ordinaires. La caisse de l’Extraordinaire gère les fonds provenant de la vente des biens nationaux et subvient aux dépenses du Trésor public (elle sera dissoute le 1er janvier 1793 par décret du 4 janvier 1793). La Caisse d'escompte, elle, assure les paiements jusqu’en juillet 1790 et voit ses propres effets endossés en tant qu’assignats. La loi du 15 mars 1791 ordonne l’échange des effets de la Caisse d’escompte contre des assignats, qui deviennent ainsi le seul papier monétaire
Le fonctionnement de l’assignat est simple : comme il est impossible de vendre tout de suite les biens du clergé, des billets seront émis, qui représenteront la valeur de ces biens par fraction : la valeur d’un bien est divisée en assignats, comme l’on ferait d’une société par actions. Toute personne qui désire acheter des parts dans les biens nationaux doit le faire via des assignats. Il faut donc avant tout que les particuliers achètent des assignats auprès de l’État, c’est ainsi que la rentrée d’argent se fait. Une fois la vente d’un bien effective (ou « réalisée »), le produit de la vente est inscrit au registre civil et, de retour dans les mains de l’État contre remboursement, les assignats doivent être détruits. Ainsi, la rentrée d’argent frais est plus rapide : les biens sont vendus de façon indirecte et par fractions, et non en une seule fois.
Dès le début de 1790, les premiers ratés surviennent. Le 30 mars, Anne-Pierre de Montesquiou-Fezensac déclare au sujet des assignats que c’est « le plus coûteux et désastreux des emprunts ».
Le 16 et 17 avril 1790, la valeur totale de la première émission est de 400 millions de livres divisés en assignats de 1 000 livres avec intérêt de 20 deniers par jour (soit 3 % l’an). Une valeur nominale si importante ne les destine pas à servir de billets pour la population, mais à être thésaurisés par des investisseurs : certains assignats comportaient même des coupons avec intérêt et leur cotation commence à être discutée.
L’idée est loin de faire l’unanimité au sein de l’Assemblée nationale constituante, qui se rappelle la banqueroute du système de Law : des députés comme Talleyrand, Dupont de Nemours sont vivement hostiles. Pour eux, le problème majeur de l’émission d’assignats est qu’il ne faut pas qu’il y ait plus d’assignats en circulation que la valeur réelle des biens nationaux. De plus, à cette époque, les billets sont facilement falsifiables. Au bilan, il y a donc un fort risque de retrouver en circulation une quantité trop importante d’assignats, et donc de dépréciation de cette monnaie.
Les premiers assignats affichant de gros montants, l’or et l’argent métal étant thésaurisés, les espèces viennent à manquer dans la population pour les échanges courants. L’État autorise donc l’émission de « monnaies et billets de confiance » affichant de petits montants. Les frères Monneron à Paris, puis d’autres établissements et des municipalités se lancent dans ce type d’émission.
La demande en assignats augmente rapidement. Le 13 septembre 1792, Pierre Didot, qui est chargé par l'Assemblée nationale législative du service de l’impression, confie le contrat à Éleuthère Irénée du Pont de Nemours qui vient d’ouvrir une imprimerie.
Dépréciation
Le 17 avril 1790, l’assignat est transformé en un papier-monnaie : il a donc cours forcé. Et l’État, toujours à court de liquidités, l’utilise pour toutes ses dépenses courantes. La machine s’emballe… L’État ne détruit pas les assignats qu’il récupère ; pire, il imprime plus d’assignats que la valeur réelle des biens nationaux. Jacques Necker, alors ministre des Finances, résolument contre la transformation de l’assignat en papier-monnaie, donne sa démission en septembre.
Entre 1790 et 1793, l’assignat perd 60 % de sa valeur. Entretemps, la valeur faciale des assignats se réduit : entre le 4 janvier 1792 et le 23 mai 1793, voient le jour des valeurs situées entre 10 et 50 sols (inférieures à 5 livres), suppléant ainsi à l’absence d’espèces métalliques et répandant l’usage de ce moyen de paiement dans toutes les couches de population.
Bien que l’assignat voie sa valeur réduite, les enchères des biens nationaux restent tout de même très élevées et seules les personnes aisées peuvent les acheter. C’est ainsi que certains s’enrichissent énormément et achètent d’immenses terrains et bâtiments pour presque rien, en comparaison de leur valeur réelle. La surévaluation légale de l’assignat permet d’acheter des biens par conséquent sous-évalués.
Pour soutenir l’assignat, plusieurs lois successives, toujours plus dures, sont votées, comme la fermeture provisoire de la Bourse de Paris (décret du 27 juin 1793) et la fin de la publication des taux de change en 1793, de manière à limiter la spéculation, mais aussi de lourdes amendes et de graves peines d’emprisonnement pour toute personne surprise à vendre de l’or ou des pièces d’argent ou traitant différemment la monnaie de papier et les métaux précieux, ce qui comprend le refus d’un paiement en assignats. Le 8 avril 1793, la Convention décide que les prix de tous les achats et marchés conclus avec l’État seront stipulés uniquement en assignats. Trois jours plus tard, cette mesure est étendue au secteur privé.
Dès les premiers jours de la Terreur, le 8 septembre 1793, la non-acceptation de l’assignat est déclarée passible de la peine de mort : les biens sont confisqués et le délateur récompensé. Le 8 novembre 1793, le directeur de la fabrication des assignats, Simon-François Lamarche, est guillotiné. Le 13 novembre 1793, le commerce au moyen des métaux précieux est interdit. En mai 1794, toute personne qui aurait demandé en quelle monnaie le contrat serait conclu doit être condamnée à mort.
Assignat émis en francs (1795). Malgré tout cela, les pouvoirs politiques ne savent pas faire face à la crise économique, et l’État continue d’émettre de plus en plus d’assignats pour financer la guerre. Le nombre d’assignats fabriqués correspond à une valeur de 2,7 milliards de livres en septembre 1792 ; elle passe à 5 milliards en août 1793. Au début de 1794, le volume d’assignats émis atteint 8 milliards. Toutefois, les autorités ont fini par comprendre que la dépréciation continue des assignats était due à l’excès des émissions. Aussi une partie est-elle retirée de la circulation à partir de 1793 au moyen de l’emprunt forcé. En retranchant les sommes rentrées et brûlées, il n’en reste en circulation que 5,5 milliards. En juin 1794, la création d’un nouveau milliard d’assignats, d’une valeur allant de 1 000 livres à 15 sous, est décrétée, dans le même temps qu’un emprunt forcé sur les riches de 100 millions est lancé par le comité des finances. Après de nouvelles émissions en janvier 1795, cette fois avec des valeurs en francs (la plus élevée étant 10 000), les assignats mis en circulation passent la barre des 10 milliards en août 1795 à près de 45 milliards de livres en janvier 1796, alors que la somme totale des assignats n’aurait jamais dû dépasser les 3 milliards, valeur des biens du clergé. La cause de l’inflation réside dans la surproduction des assignats, le contrôle des prix ne permettant pas de baisser ceux-ci mais ayant pour effet de créer la pénurie.
Un grand nombre de faux assignats, fabriqués en Belgique, en Hollande, en Allemagne, en Suisse et en Grande-Bretagne, avec la complicité du gouvernement britannique, alors l’un des principaux ennemis de la France et intéressé à accélérer la crise économique française, ont été diffusés dans le pays
Remplacement progressif
Avant la disparition de l’assignat, les rescriptions de l’emprunt forcé furent émises : elles correspondent à des mandats à ordre au porteur. Elles furent créées par décret le 1er nivôse de l’an IV et délivrées par la Trésorerie nationale pour le paiement de ses affaires courantes dans l’attente des retombées de l’emprunt forcé créé par la loi du 19 frimaire de l’an IV (10 décembre 1795). L’arrêté du 29 ventôse de l’an IV impose aux rescriptions le cours forcé de monnaies : des coupures de 25 à 1 000 francs sont émises.
Un mois auparavant, sur décision du Directoire, l’assignat est finalement abandonné avec faste lorsque les planches à billets, les poinçons, les matrices et les plaques sont brûlés en public place Vendôme, le 30 pluviôse, an IV de la République (19 février 1796).
Mandat territorial de 100 francs. Le 18 mars an IV, l’assignat est définitivement remplacé par un nouveau système, la promesse de mandat territorial venant compléter celui de la « Rescription de l’emprunt forcé » et imprimée en plusieurs couleurs (et parfois en bichromie) afin d’éviter la contrefaçon. L’échange se fait sur la base de 30 francs assignat contre 1 franc en promesse de mandat, au lieu de 300 contre 1, sa valeur réelle, ce qui condamne le nouveau titre dès son émission. Appelé par la suite « Mandat territorial », il connut plus ou moins la même histoire que l’assignat, se dépréciant encore plus rapidement. Le 4 février 1797, le mandat territorial est retiré de la circulation.
Il faut attendre 1800 pour que réapparaissent des billets émis cette fois par la Caisse des comptes courants puis les comptoirs d’escompte de la toute nouvelle Banque de France.
Bilan
L’assignat est généralement considéré comme un échec financier et économique.
Ainsi, l’impuissance du gouvernement à combattre l’inflation par des sanctions toujours plus lourdes illustre, pour l'économiste Thomas DiLorenzo, le caractère néfaste d’une politique de contrôle des prix. Jacques Bainville, écrivain et historien royaliste, explique lui dans son Histoire de France que la Révolution française avait aggravé la crise financière par laquelle elle était née.
Cependant, sur le plan financier, sa création a empêché la mise en faillite de l’État français, contribué à la réduction de la dette et permis de trouver l’argent nécessaire au financement de la guerre dans les heures difficiles de l’an II.
Et politiquement et socialement, les assignats réalisèrent surtout un important transfert de propriétés en un temps très réduit. Ainsi, les assignats attachèrent au nouveau régime tous les acquéreurs de biens nationaux, et cette nouvelle bourgeoisie foncière redoutera désormais le retour de la monarchie.
Production
L’émission dans un temps très court d’un grand nombre d’assignats en principe difficiles à imiter pose de nombreux problèmes techniques et les propositions d’innovations affluent.
Dans un premier temps, l’Assemblée nationale lance un concours en 1790 pour les trois premiers types d’assignats dits « à face royale » (avec coupons d’intérêts) et nomme le directeur de l’Imprimerie royale, Anisson-Dupéron, responsable du tirage typographique et de la taille-douce. On réemploya des caractères forgés à la fin du règne de Louis XIV en y ajoutant ceux créés par Pierre-Joseph Lorthior pour les obligations de la Caisse d'escompte en 1789, le tout comprenant des « points secrets » destinés à décourager les falsificateurs. Appelé « polytypage », ce procédé de fabrication des plaques d’impression permettait de générer d’abord sur bois ou sur plomb durci, des matrices identiques. Le portrait du roi retenu fut celui conçu par Augustin de Saint-Aubin.
Après le décret du 29 septembre 1790 relatif à la deuxième émission, Anisson perdit au profit de Pierre Didot le bénéfice de l’impression, tandis que Nicolas-Marie Gatteaux fut chargé de la gravure des motifs et Firmin Didot de la typographie. Le résultat rendit mécontent les autorités monétaires du fait que les contrefacteurs pouvaient aisément imiter le lettrage. En mars 1792, Jean-Baptiste Gérard devient le nouveau graveur des textes. Deux mois plus tôt, Jean-Pierre Droz était requis pour une petite coupure qu’il grava sur acier.
De nouveaux procédés de stéréotypie vont alors se développer, la demande en assignat à faibles montants augmentant, mais sans jamais empêcher la contrefaçon. Le technicien Martial Grassal met au point une machine, qui sera opérationnelle le 6 juin 1793, permettant de graver dix formats d’un coup. C’est de ce procédé dont découlerons les dizaines de millions d’assignats imprimés par la suite
D’autres graveurs et médailleurs contribuèrent également à la confection des assignats : Jacques-Nicolas Tardieu, Bernard-Antoine Nicolet et, bien sûr, Augustin Dupré.
Les différentes émissions
Entre les décrets du 16-17 avril 1790 et le 8 février 1794, furent fabriqués des assignats en livres puis en sous, pour des montants allant de 10 sols à 2 000 livres.
Après le 18 nivôse de l’an III, des assignats en francs apparaissent, pour des montants allant de 100 à 10 000 francs.
Après le 21 nivôse de l’an IV, les rescriptions de l’emprunt forcé émises par la Trésorerie nationale affichent des montants de 25 à 1 000 francs.
Enfin, les promesses de mandats territoriaux créés le 28 ventôse de l’an IV proposent des montants allant de 2 à 500 francs.
Faux assignats
La Convention déploya tous les moyens possibles pour éviter la contrefaçon des assignats, n’hésitant pas à engager des sommes énormes (payées en assignats) auprès d’inventeurs de procédés divers. Les assignats furent imprimés par stéréotypie et un procédé de taille-douce. On met des « points secrets » permettant de déceler les faux, des points noirs placés à divers endroits, ou des lettres modifiées, par exemple un A remplacé par un V à l’envers, un É dont l’accent est déporté sur la droite ; mais comme ces signes ne sont pas mentionnés, personne n’y prête attention. Le peu de difficultés à imiter cette monnaie (la papeterie était à Jouy-sur-Morin, avec la présence de surveillants du timbre) fut en quelque sorte un encouragement aux faussaires, aussi en fabriquait-on un peu partout. D’après des témoignages de l’époque, on trouvait des imprimeries rudimentaires jusque dans les prisons. La plupart des faux étaient assez grossiers et facilement reconnaissables, mais d’autres étaient pratiquement indécelables ; c’était notamment le cas des faux imprimés à Londres. Les ennemis de la République encourageaient en effet l’impression de fausse monnaie ne pouvant qu’entraîner, selon eux, la ruine de la France. L’atelier londonien avait été fondé par des notables vendéens sous la direction du comte de Puisaye et le patronage du duc d’Harcourt. Il produisait à plein rendement, et lors de la déroute vendéenne après la défaite de Quiberon, le général Hoche annonça, dans son rapport, qu’il avait saisi dix milliards en faux assignats dans les bagages de l’armée vaincue. Au xxe siècle, des faux ont été fabriqués pour le marché des collectionneurs. C’est ainsi que l’on parle parfois de « vrais faux » assignats (les faux d’époque) par opposition aux faux actuels. Le véritable assignat de 300 livres « à face royale » ayant servi de modèle. Faux assignat de 300 livres portant au dos le cachet « Assignat certifié faux - Deperey - Vérificateur en chef ». Dos du faux assignat de 300 livres avec le cachet du vérificateur. |
États-Unis
Les colonial scrips lancés à partir de 1709 dans les 13 colonies anglaises aux Amériques, non indexés sur l’or mais gagés sur les terres, et indépendants de la banque d’Angleterre, ainsi que le dollar continental qui fut lancé en 1775 par les premiers États américains indépendants, eurent sans doute une certaine influence sur le projet d’assignat français.
Russie
Le terme assignat est équivalent au mot russe assignatsia qui signifie « billet de banque ». L'Assignatsionny rubl (rouble d'assignation), créée par Catherine II et premier billet de banque de ce pays, fut utilisé en Russie de 1769 au 1er janvier 1849 et ne présente aucun lien direct avec l’assignat français.
On a coutume de ne parler que d'un seul bagne de la Guyane française (ou « bagne guyanais »), mais il se compose de plusieurs camps et pénitenciers.
Liste des camps et pénitenciers
Bagne de Cayenne (Cayenne)
Bagne des Îles du Salut (dépendantes de Cayenne)
Bagne de Mana (ou bagne des femmes)
Bagne de Saint-Laurent-du-Maroni (Saint-Laurent-du-Maroni et Saint-Jean-du-Maroni)
Camp Charvein (dit « Camp de la Mort »)
Camp Crique Anguille (Montsinéry-Tonnegrande) ou Bagne des annamites car on y trouvaient principalement des opposants indochinois à la colonisation française
Camp des Hattes
Camp du kilomètre quarante
Camp de l'îlet Saint-Louis
Camp de la Montagne d'Argent
Camp de Saint-Augustin
Camp de Sainte-Anne
Camp de Sainte-Marguerite
Camp de Sainte-Marie
Camp de Saint-Georges
Camp de Saint-Jean
Camp de Saint-Maurice
Camp de Saint-Philippe
Camp de Saint-Pierre
Camp de Sparouine
Camp des Malgaches
Camp d'Organabo
Camp Godebert
Camp La Forestière
Camp Saut du Tigre
Nouveau Camp
Pénitencier de l'Îlet la Mère
Pénitencier de Kourou (Kourou)
Plusieurs pénitenciers flottants se trouvaient au large de Cayenne et Kourou et se nommaient La Chimère, Le Grondeur et La Truite.
Histoire du bagne guyanais
Juillet 1795, les révolutionnaires Billaud-Varenne et Collot d'Herbois sont déportés en Guyane.
1797, 16 autres révolutionnaires sont déportés.
30 mai 1854, un décret, légiférant sur les travaux forcés, est signé par Napoléon III. Il précisait l’exécution de la peine des travaux forcés et instaurait le principe de la double peine : tout individu condamné à moins de huit années de travaux forcés était tenu, à l’expiration de sa peine, de résider pendant un temps égal à la durée de sa condamnation. Si la peine était supérieure à huit ans, il devait y résider à vie.
12 mars 1898, le capitaine Dreyfus arrive au bagne, transféré depuis l'île du Diable.
juin 1899, départ de Dreyfus pour la France (Révision du procès).
En 1923, le journaliste Albert Londres se rend au bagne de Cayenne. Décrivant les horreurs de ce qu'il voit, son reportage suscite de vives réactions dans l'opinion mais aussi au sein des autorités pour l'amélioration des conditions de détention.
Le 14 septembre 1924, Londres écrit dans Le Petit Parisien que le bagne est supprimé, mais la réalité est tout autre : le cachot est supprimé, les peines de cellules réduites, la nourriture améliorée, des salaires sont octroyés et les forçats sont désormais séparés en fonction de la gravité de leur peine, mais le bagne existe toujours.
Dès 1930, l'officier de l'Armée du salut Charles Péan publie "Terre de bagne", le premier d'une série de témoignages dans une campagne d'opinion pour l'abolition du bagne.
17 juin 1938, décret-loi ordonnant la suppression de la déportation en Guyane à la l'initiative du guyanais Gaston Monnerville, Sous-Secrétaire d’État aux Colonies.
Pendant la Deuxième Guerre mondiale, près de la moitié des bagnards meurent de malnutrition ou de mauvais traitements.
17 août 1946, cent quarante-cinq détenus sont rapatriés de Guyane à Marseille.
Les derniers bagnards rapatriés quittent la Guyane le 1er août 1953. Au total, plus de 3 000 rapatriés ont quitté la Guyane depuis 1946 par groupe de 200 à 300 sur le navire affrété par l’Armée du salut.
Détenus célèbres
Les leaders Algériens des révoltes de 1871 (Révolte des Mokrani) et 1914
Médard Aribot (1901-1973)
Jean-Charles-Alphonse Avinain (1798-1867)
Marie Bartête (1863-1938)
Giovanni Batistoti
René Belbenoît (1899-1959)
Pierre Bougrat (1889-1962), médecin marseillais condamné pour meurtre et évadé notoire, qui a refait sa vie au Vénézuela.
Charles Brunier (1901-2007), surnommé "Bébert le tatoué
Henri Charrière dit Papillon (auteur du livre Papillon dont a été tiré le film Papillon)
Auguste Courtois (1862-1918)
Guy Davin, dont le procès a été très médiatisé en 1932-1933
Jean De Boë (1889-1974)
Louis Dega (1890-1945)
Charles DeRudio (1832-1910)
Alfred Dreyfus(1859-1935)
Clément Duval (1850-1935)
Georges Etiévant (1865-1900)
François Frean
Marius Jacob (1879-1954), un modèle pour Arsène Lupin
Francis Lagrange (1894-1964)
Rouget le Braconnier (1817-1858)
André Maturette (en) (1914-?)
Félix Milani
Tom O'Brien (swindler) (en) (1851c-1904)
Paul Renuci
Vere St. Leger Goold (1853-1909)
Paul Roussenq (1885-1949), dit L'Inco
Guillaume Seznec (1878-1954)
Benjamin Ullmo (1882-1957) (opium)
Raymond Vaude
GASPILLAGE : LA FUSION DES TROIS RÉGIONS DU GRAND EST ENTRAÎNE DE FOLLES DÉPENSES
FRÉDÉRIC BRILLET PUBLIÉ LE 24/12/2019 À 15H28 MIS À JOUR LE 24/12/2019 À 17H15
La fusion de l'Alsace, de la Lorraine et de la Champagne-Ardenne devait entraîner des économies. Pour le moment, ce sont les coûts qui s'envolent.
Près de 3 millions d’euros pour un hôtel particulier dans le très chic et très cher quartier de Saint-Germain-des-Prés. C’est la somme rondelette que la région Grand Est vient de débourser afin de s’offrir une "ambassade" à Paris. Il fallait au moins ça pour signifier au reste du monde que la nouvelle région, issue de la fusion de la Champagne-Ardenne, de la Lorraine et de l’Alsace, existe bien. Tous ceux qui redoutaient une dérive des coûts liés à ce big bang verront dans cette dépense somptuaire une confirmation de leurs craintes. Les autres doivent simplement se demander, comme cet internaute sur le site du journal des "Dernières Nouvelles d’Alsace", "si les très beaux espaces de travail de la Maison de l’Alsace située sur les Champs-Elysées n’étaient pas assez prestigieux".
Pas avares de promesses, les deux présidents successifs du conseil régional, Philippe Richert (jusqu’en 2017 ) et aujourd’hui Jean Rottner, avaient pourtant juré à leurs électeurs que ce mariage voulu par l’Etat en 2016 engendrerait 1 milliard d’économies d’ici à 2022. Et ce grâce à la mutualisation des achats, à la rationalisation des effectifs et des charges immobilières. En réalité, trois ans après la fusion, les compteurs s’affolent. Motifs ? Postes en doublon, hausse des frais de déplacement, harmonisation par le haut des salaires des fonctionnaires et des élus… "Les dépenses de fonctionnement ont fait un bond de 22,8% entre 2016 et 2018", critique ainsi le Club Perspectives alsaciennes, un think tank local, assez hostile à la fusion.
Bâtiments en doublons, frais de personnel en hausse... les dérives de la fusion Les postes qui ont le plus dérapé ? Les frais généraux et de personnel. L’envolée des frais généraux s’explique d’abord par la dispersion des centres de décision. Aucun élu n’a voulu se lancer dans une rationalisation sûrement jugée dangereuse électoralement. Au nom de la proximité des élus avec les citoyens, il a donc été décidé de conserver… les trois anciens hôtels de région. Résultat ? Celui de Strasbourg accueille les réunions de la commission permanente du Conseil régional et les commissions thématiques, sauf… celle des finances, qui se réunit, elle, à Châlons-en-Champagne. Pour faire bonne mesure, les séances plénières se tiennent à Metz. Ce compromis baroque ménage les susceptibilités des élus et assure une meilleure répartition des emplois. Mais évidemment les frais liés à ce choix (et notamment ceux des transports), ont explosé : +51% en 2017 par rapport à 2015, à 3,2 millions d’euros selon le Club Perspectives alsaciennes. "A cela s’ajoute le coût caché bien plus important encore, correspondant au temps perdu dans les déplacements entre ces trois sites", analyse Jean-Philippe Atzenhoffer, enseignant en économie à l’Iseg de Strasbourg. Le déploiement récent de 12 agences territoriales pour assurer une meilleure proximité pourrait encore alourdir les frais immobiliers.
L’impact de la fusion a été encore plus fort en matière de rémunération des personnels. Pour des raisons d’équité et de préservation de la paix sociale, la nouvelle région a choisi l’alignement sur les dispositions les plus favorables des anciennes régions pour ses 7.400 agents titulaires ou contractuels. L’écart de rémunération d’un agent de lycée pouvait aller jusqu’à 70% entre la Lorraine et l’Alsace ! Evidemment, les dépenses indemnitaires dans le Grand Est ont décollé. La hausse a atteint 28,3% entre 2017 et 2018, battant le record des régions fusionnées en France (la moyenne s’établit à 11,9%) selon un rapport de la Cour des comptes publié fin septembre. Au total, cela représente une dépense supplémentaire de 18 millions d’euros par an. Seuls les cadres dirigeants récemment promus ou embauchés pourraient trouver motif à se plaindre, du fait de l’instauration d’un nouveau régime de primes légèrement moins favorable. Au total, la progression de la masse salariale s’est donc accélérée.
On attendait cependant de la fusion qu’elle génère des gains de productivité découlant d’une mutualisation des ressources humaines qui aurait pu permettre de ne pas renouveler tous les départs en retraite. Cela, c’est la théorie. Car, dans la pratique, "le nombre de fonctionnaires locaux a encore augmenté de 2% en 2016-2017. La région pourrait résorber plus vite les doublons résultant de la fusion en gelant les embauches", pointe Agnès Verdier-Molinié, de l’Ifrap. Pour sa défense, le Grand Est peut arguer qu’il a récupéré des compétences nouvelles dans les transports publics, ce qui peut justifier d’étoffer ses effectifs. Que plus de 60% des agents sont affectés à la restauration, à l’entretien et au nettoyage des lycées dispersés sur son territoire, ce qui complique la mutualisation.
Lutter contre l'absentéisme des agents L’absentéisme, autre point noir traditionnel des collectivités territoriales, n’arrange rien. Sur ce critère, le Grand Est ne fait pas mieux qu’avant, et reste dans la (médiocre) moyenne : 31,3 jours d’absence par agent en 2016, contre seulement 23,2 pour la Bretagne, bon élève en matière de gestion des ressources humaines. Il se singularise cependant par l’ampleur de l’écart entre titulaires (36,6 jours d’absence) et contractuels (8,7). La région gagnerait à "mieux motiver ses agents et à externaliser certaines fonctions techniques des lycées", recommande l’Ifrap. Une prime de présentéisme de 200 euros a été mise en place. Un beau chantier pour la direction des ressources humaines, mais ce n’est pas le seul : "Les agents qui reviennent de maladie doivent patienter plusieurs mois, parfois jusqu’à un an, avant de retrouver un poste", remarque Pascal Koehler, secrétaire général CGT du conseil régional.
Quelles économies réalisées ? Au chapitre des économies réalisées, le Grand Est plaide les gains obtenus auprès de la SNCF. La renégociation des conventions TER qui liaient celle-ci aux trois ex-régions s’est traduite par une facture ferroviaire réduite de 10 millions d’euros et la mise en place de trains supplémentaires. La région met également en avant une baisse des indemnités des élus (de 1,5 million), une économie de 664.000 euros liée à la baisse du nombre des membres du conseil économique, social et environnemental régional, une diminution des primes d'assurances sur les biens (-1 million), une diminution des loyers (2 millions par an), et annonce que la flotte de véhicules du conseil régional va rouler au bioéthanol, ce qui devrait entraîner "une baisse du budget carburant d'au moins 35%". Mais faites l'addition, cela ne compense pas encore les hausses de salaires...
Et les investissements ? Ils ont pâti, semble-t-il, de la fusion. "Alors que la région promettait de porter à 850 millions d'euros son budget d’investissement pour 2018, il a été ramené à 808,5 millions d'euros», regrette Jean-Philippe Atzenhoffer. Pendant ce temps, à périmètre égal de compétences, la dépense par habitant et par an a progressé de +15% à 331 euros en 2017, c'est-à-dire plus que la moyenne en métropole (+11% à 293 euros) selon l’Ifrap. Autant dire que tout le monde rêve de voir la prophétie du milliard d’économies s'accomplir !
L’Alsace : vers la sécession ? Obsédé par l’exemple des grands et puissants Länder allemands (alors même qu’il en existe de petits), l’Etat jacobin a imposé ce modèle en métropole en ignorant les réalités culturelles, géographiques et économiques des territoires. L’Alsace a ressenti cette intégration comme un coup porté à sa singularité et s’estime noyée dans un Grand Est plus grand que la Belgique. Du coup, ses élus manœuvrent pour qu'elle retrouve de la visibilité et son identité. La fusion des départements du Haut-Rhin et du Bas-Rhin étant désormais actée, l’Etat lui a concédé un statut taillé sur mesure de "collectivité européenne", qui va lui donner des compétences supplémentaires spécifiques, dans le transfrontalier, les axes routiers majeurs et le tourisme. Reste à savoir si… l’Alsace ne va pas faire progressivement sécession pour reformer une région à part entière. Avec tous les coûts afférents à une nouvelle réorganisation. Selon un sondage datant de février dernier, 85% des Alsaciens sont pour un référendum sur la sortie de l’Alsace du Grand Est, et 66% se prononcent déjà pour le divorce…
Le bagne de Cayenne était, avec celui de Saint-Laurent-du-Maroni, représentatif du bagne de la Guyane française, mais était cependant considéré comme le moins pénible d'entre eux.
Fondé en 1852 sous Louis-Napoléon Bonaparte, ce bagne était situé sur l'anse du Chaton, non loin de la pointe de Buzaré, à Cayenne en Guyane française. Les installations du pénitencier étaient constituées de trois baraquements désignés sous le nom de « Europe », « Afrique » et « Asie ». Il comprenait 4 dortoirs, 19 prisons et 77 cellules, ainsi qu'une infirmerie, des cuisines et des logements pour le personnel pénitentiaire.
Après son coup d'État, Napoléon III y envoie 3 000 prisonniers politiques, ce sont les « déportés ».
Si la peine des bagnards est supérieure à 8 ans de bagne, on leur donne un lopin de terre pour les obliger à rester en Guyane, on les appelle alors les « relégués ». Si elle est inférieure ce sont les « transportés ».
Le bagne est fait de plusieurs camps et pénitenciers différents selon la catégorie des prisonniers (déportés, relégués, transportés) et selon leur métier. Le plus important de ces camps est celui de Saint Laurent du Maroni Les relégués sont amenés au camp de Saint Jean du Maroni. Les plus dangereux détenus sont envoyés à l'île Royale.
Du fait du climat et des maladies tropicales la mortalité des Européens y est très forte : plus de 40 % meurent dans leur première année. Pour cette raison, on n'envoie plus de condamnés européens en Guyane (mais en Nouvelle-Calédonie) de 1867 à 1887. La loi du 27 mai 1885 le réinstaure pour :
deux condamnations aux travaux forcés ou à la réclusion ;
une des condamnations énoncées ci-dessus et deux condamnations soit à l’emprisonnement pour faits qualifiés crimes, soit à plus de trois mois d’emprisonnement pour vol, escroquerie, abus de confiance, outrage public à la pudeur, excitation habituelle de mineurs à la débauche ; vagabondage ou mendicité ;
quatre condamnations, soit à l’emprisonnement pour faits qualifiés crimes ; soit à plus de trois mois d’emprisonnement pour les délits spécifiés au paragraphe 2 ;
sept condamnations dont deux au moins prévues par les deux paragraphes précédents, et les autres, soit pour vagabondage, soit pour infraction à interdiction de résidence, à la condition que deux de ces autres condamnations soient à plus de trois mois d’emprisonnement
La publication par Albert Londres d'un reportage sur le bagne de Cayenne en 1925 met l'institution du bagne en sursis. En 1936, le Front populaire décide d'interrompre le transfert des forçats vers la Guyane. À la chute du Front populaire, Gaston Monnerville envoie un dernier convoi au bagne en 1938. « Si le bagne fut officiellement supprimé en 1938, ce n'est qu'en 1953 que les derniers forçats rentrèrent en métropole. »
En tout, 15 000 hommes et femmes ont été « relégués » et 52 000 « transportés » au bagne
La vie au bagne : la « guillotine sèche »
Le bagne mérite bien le surnom de « guillotine sèche » : les châtiments inhumains, la malaria, les mauvais traitements, la « dépravation » font des ravages. Sur 17 000 hommes envoyés à Cayenne entre 1854 et 1867, il n'y a que 7 000 survivants.
Les bagnards sont employés soit dans les travaux publics (assainissement des marais ou entretien des installations portuaires, construction de routes) soit au service des particuliers.
Les conditions sanitaires y sont si déplorables qu'un taux de mortalité important y est enregistré. Ainsi, l'espérance de vie moyenne ne dépasse pas les 3 à 5 ans. Les infections sexuellement transmissibles y sont très répandues, car des relations sexuelles se pratiquent entre certains bagnards, bien qu'elles soient réprimées par le règlement intérieur du bagne. De plus, des bagarres y sont fréquentes et leur issue parfois fatale pour les protagonistes.
Après avoir purgé leur peine, les transportés sont assignés à résidence (doublage) en Guyane pour un temps équivalent à la peine qu'ils ont purgée si celle-ci est inférieure à 8 ans . Pour toute peine supérieure ou égale à 8 ans, le condamné se voit interdire à vie tout espoir de retour en métropole et est assigné à la résidence perpétuelle en Guyane. En échange, des concessions et lopins de terre peuvent leur être attribués avec un double objectif : se débarrasser des populations « indésirables » en métropole et assurer le peuplement de la Guyane.
Actualité française
| Clemenceau réprime la grève des postiers. |
| Le repos hebdomadaire devient obligatoire en France. |
| Création de la société qui deviendra L'Oréal en 1939. |
| Légère hausse des prix (1907-1913). |
| Exposition coloniale de Paris. |
| Démolition de l'Abbaye-aux-Bois à Paris, englobée dans l'élargissement de la rue de Sèvres. |
| janvier |
| Janvier et mars : lois sur la liberté des cultes. |
| février |
07/02/07 | le projet de loi d’impôt sur le revenu du ministre des finances Joseph Caillaux est reporté, mais finalement adopté en 1914. |
| mars |
08/03/07 | la grève des électriciens parisiens plonge la capitale dans le noir |
11/03/07 | pour protester contre la crise viticole, un groupe de vignerons du Minervois, menés par Marcelin Albert, fondent le "Comité d'Argeliers" |
12/03/07 | explosion du Iéna (cuirassé) dans le port de Toulon qui fait 37 blessés dont l’amiral Henri-Louis Manceron légèrement blessé et 118 morts dont sept officiers. |
17/03/07 | loi réorganisant les conseils de prud'hommes |
| mai |
04/05/07 | fondation de l'Union nationale des étudiants de France à Lille |
05/05/07 au 09/06/07 | des manifestations de viticulteurs dans toutes les grandes villes du Languedoc méditerranéen rassemblent des centaines de milliers de personnes. Le 5 mai, à Narbonne, l'armée tire sur la foule : 2 morts. Le 21 juin, 500 soldats du 17e régiment d'infanterie de ligne se joignent aux manifestants à Béziers. |
| juin |
10/06/07 | signature du Traité franco-japonais (1907) (日仏協約) entre la France de la Troisième République et l'Empire du Japon délimitant leurs respectives sphères d'influence en Asie, signé à Paris le 10 juin 1907. |
| juillet |
13/07/07 | loi du libre salaire de la femme qui autorise les femmes à disposer elles-mêmes de leur salaire. |
28/07/07 | l'armée tire sur les grévistes de la chaussure à Raon-l'Étape, dans les Vosges, et fait deux morts et une dizaine de blessés. |
| août |
02/08/07 | début de la pacification du Maroc par la France. |
07/08/07 | bombardement par l'armée française de la ville marocaine de Casablanca suite au massacres de milliers d'européens présents dans la ville par des insurgés berbères et arabes s'opposant à la colonisation. Le bombardement fait près de 7 000 victimes et inaugure une longue campagne militaire de pacification au Maroc, qui durera de 1911 à 1934. |
31/08/07 | conclusion de la Triple-Entente entre la France, le Royaume-Uni et la Russie. |
| octobre |
18/12/07 | création du Ring Club de Lens |
Élevé par sa mère nantaise (Sophie Trébuchet) dans l'esprit du royalisme, il se laisse peu à peu convaincre de l'intérêt de la démocratie (J'ai grandi, écrit-il dans le poème « Écrit en 1846 » en réponse à un reproche d'un ami de sa mère).
Selon Pascal Melka, Victor Hugo a la volonté de conquérir le régime pour avoir de l'influence et permettre la réalisation de ses idées. Il devient ainsi confident de Louis-Philippe en 1844, puis pair de France en 1845. Son premier discours en 1846 est pour défendre le sort de la Pologne écartelée entre plusieurs pays, puis en 1847, il défend le droit au retour des bannis, dont celui de Jérôme Napoléon Bonaparte.
Le 25 février 1848, il est nommé maire du 8e arrondissement de Paris. Après un premier échec, il est élu le 4 juin député de la deuxième République et siège parmi les conservateurs. Le 20 juin, il prononce son premier discours à l'Assemblée. Lors des émeutes ouvrières de juin 1848, il devient, comme soixante autres, commissaire chargé par l’Assemblée Constituante de rétablir l’ordre. Il commande des troupes face aux barricades, dans l'arrondissement parisien dont il se trouve être le maire. Il désapprouvera plus tard la répression sanglante à laquelle il a participé. Il fonde le journal L'Événement en août 1848. Il est déçu par les autorités issues de la Révolution de février et les lois répressives que vote l’assemblée constituante contre la presse les 9 et 11 août le révulsent et lui font dire : « Les hommes qui tiennent le pays depuis février ont d’abord pris l’anarchie pour la liberté ; maintenant ils prennent la liberté pour l’anarchie ». Il soutient la candidature de Louis-Napoléon Bonaparte, élu président de la République en décembre 1848. Après la dissolution de l'Assemblée nationale, il est élu le 13 mai 1849 à l'Assemblée législative et prononce son Discours sur la misère le 9 juillet 1849 et le 30 juin 1850. Il rompt avec Louis-Napoléon Bonaparte, lorsque celui-ci soutient le retour du pape à Rome, et il se bat progressivement contre ses anciens amis politiques, dont il réprouve la politique réactionnaire.
Le parti de l'Ordre était en France en 1848, sous la Deuxième République, le regroupement non réellement structuré de personnalités conservatrices, partisanes — comme l'indique son nom — de l'ordre, de la sécurité et des bonnes mœurs. Le parti était composé de monarchistes légitimistes, surtout d'orléanistes mais aussi de républicains adeptes de la république américaine. Ses chefs de file étaient Adolphe Thiers, François Guizot, Odilon Barrot, le comte de Montalembert, le comte de Falloux ou encore Alexis de Tocqueville.
Constitué à l'origine autour du comité de la rue de Poitiers, où les dirigeants avaient élu domicile pour leur siège, regroupant autour de Thiers les partisans de la Monarchie, le parti de l'ordre était principalement divisé entre les légitimistes, favorables au comte de Chambord, petit-fils de Charles X, et les orléanistes, partisans du comte de Paris, en faveur duquel le dernier roi, Louis-Philippe Ier, avait abdiqué. Avec pour slogan « Ordre, Propriété, Religion », le thème principalement fédérateur des sympathisants du parti de l'ordre était de clore « l'ère des révolutions ».
Très puissant dans l'Assemblée nationale élue en avril 1848 (environ 250 « représentants du peuple » sur 900, deuxième force politique derrière les républicains modérés), le parti de l'Ordre avait alors dû se résoudre à accepter le régime républicain issu de la Révolution de février 1848.
Lors de l'élection présidentielle de 1848, incapable de s'entendre sur un candidat royaliste ou conservateur commun, il en vient à soutenir la candidature de Louis-Napoléon Bonaparte, que Thiers pense facilement pouvoir manœuvrer (« c'est un crétin que l'on mènera »), parce que le neveu de Napoléon 1er apparaît comme un homme d'ordre.
Louis-Napoléon est largement élu lors de l'élection présidentielle de décembre 1848. Le parti de l'Ordre remporte ensuite la majorité absolue (64 % des voix et 450 élus dont 200 légitimistes sur un total de 713 sièges) lors des élections législatives de mai 1849 alors que les républicains modérés, partisans de Cavaignac, subissaient une défaite cruelle (75 élus) dépassés par les démocrates-socialistes (180 élus), rassemblement de radicaux et de socialistes (Solidarité républicaine).
Le nouveau président s'opposera cependant rapidement à ses « amis » politiques qui lui refusent la possibilité d'une réélection. La politique de la majorité parlementaire est à proprement parler réactionnaire dans le sens où elle s'attache à rétablir la situation supprimée parce qu'elle considère comme l'accident de février 1848 et à rétablir les notables dans leur prééminence. Les mesures les plus emblématiques sont alors la restriction géographique et temporelle du droit de vote (loi du 31 mai 1850) ainsi que les lois Falloux et Parieu portant sur l'instruction publique et l'enseignement confessionnel.
La période 1848-1851 est surtout marquée par l'affrontement politique entre le parti de l'ordre et le bonapartisme en pleine ascension politique après l'élection du prince-président. Dès les élections législatives de 1849, le mouvement bonapartiste, dont le programme est centré autour du seul nom de Napoléon et de la légende impériale, se distingue du parti de l'ordre et des partis de notables. Janus politique, ses ressorts et son succès reposent à la fois sur la garantie révolutionnaire et le principe d'autorité alors marque du jacobinisme ce qui le distingue des droites traditionnelles. Ce bonapartisme, tout à la fois populaire, démocratique, parfois anticlérical mais aussi conservateur, de défense sociale et en bons termes avec l'Église se développe en opposition au parti de l'ordre et aux radicaux républicains. Pendant 30 mois, l'opposition va monter entre les alliés de 1848 jusqu'à devenir un conflit déclaré. Alors que les monarchistes de la majorité parlementaire ne font plus mystère de leur intention de rétablir la monarchie, Louis-Napoléon Bonaparte n'entend pas se faire évincer. Le 31 octobre 1849, plusieurs figures du parti de l'ordre sont évincées du gouvernement (Barrot, Falloux, Tocqueville). Aux élections de mai 1850, les préfets soutiennent d'autres candidats que ceux qui ont l'agrément de Thiers et de ses amis. Le coup d'État du 2 décembre 1851, qui marque la victoire des bonapartistes autoritaires, finit par trancher dans le vif l'opposition entre le prince-président et la majorité parlementaire. Le suffrage universel masculin est rétabli et le parti de l'ordre décapité. Les chefs républicains et de la gauche radicale sont moins visés par la répression.
Certaines personnalités du parti de l'Ordre passeront dans l'opposition (le prince Albert de Broglie) ; d'autres se rallieront provisoirement et par opportunisme avant se dissocier (le comte Charles de Montalembert) quand d'autres s'adapteront au nouveau régime.
La Montagne est le nom pris par le groupe de républicains (les « démoc-socs », « démocrates-socialistes ») qui à l'Assemblée nationale constituante de 1848 et à l'Assemblée législative de 1849, tentent de défendre, contre les attaques du parti de l'Ordre et des républicains modérés, les acquis politiques et certains acquis sociaux de la révolution de février 1848. Ledru-Rollin en est l'organisateur.
Aux élections législatives de mai 1849, la Montagne présente un programme réformiste : la suppression de l'impôt des 45 centimes, l'impôt sur le revenu, la nationalisation des chemins de fer, des mines, des canaux et des assurances, l'abolition de la peine de mort, la réforme du service militaire, le taux de crédit à 3 % et le développement de l'enseignement. Elle réussit alors à pénétrer dans l'électorat rural des petits propriétaires tout en confortant son électorat de petits bourgeois, d'artisans et de fonctionnaires.
Elle est décapitée par la répression après l'échec de la journée du 13 juin 1849 : 34 de ses députés sont déchus de leur mandat et poursuivis devant la Haute Cour de justice (la plupart étant d'ailleurs contraints de fuir).
Malgré la répression (notamment le complot de Lyon, qui vise les députés du sud-est), le groupe parlementaire survivra jusqu'en novembre 1851. Cette année les rouges se divisent lors de la proposition de Louis Bonaparte sur l'abrogation de la loi du 31 mai 1850. À partir de ce moment-là, les rouges se divisent entre ceux qui sont favorables au vote de la proposition (vote qui équivalait à une coalition officielle avec Thiers) ; et ceux qui proposent de voter contre (ce qui signifiait qu'ils attendaient un coup d'État de la part du groupe de Thiers)
Après le Second Empire, une grande partie des membres de la Montagne fournira le personnel politique de la Troisième République commençante.
Le Peuple est un journal français publié entre novembre 1848 et juin 1849.
Histoire
Le journal socialiste Le Représentant du peuple, qui compte Pierre-Joseph Proudhon parmi ses collaborateurs, est suspendu par les autorités le 21 août 1848. Pour le remplacer, Proudhon fonde Le Peuple. Ce titre est libre depuis le 18 juin précédent, quand Le Peuple, journal rédigé par Adèle et Alphonse Esquiros, a été rebaptisé L'Accusateur public.
Un premier numéro spécimen paraît le 2 septembre, mais sans cautionnement légal. Le gérant du Peuple, Georges Duchêne, est par conséquent condamné à 200 francs d'amende et un mois de prison. Il faut donc attendre le mois de novembre pour que la parution du journal devienne régulière, tout d'abord hebdomadaire puis quotidienne.
Proudhon est le directeur du journal, qui a pour administrateur Charles Fauvety, ancien directeur du Représentant du peuple. La continuité avec de dernier titre est manifestée par la reprise de sa devise, qui pastichait Qu'est-ce que le Tiers-État ? : « Qu'est-ce que le producteur ? Rien. Que doit-il être ? Tout. - Qu'est-ce que le capitaliste ? Tout. Que doit-il être ? Rien ».
De nombreuses poursuites et condamnations frappent bientôt Le Peuple et son gérant : douze procès entraînent 80 000 francs d'amende et, surtout, trente-trois années de peine d'emprisonnement. Duchêne sera finalement libéré grâce à l'amnistie du 2 décembre 1852.
Organe « montagnard », Le Peuple soutient la candidature de François-Vincent Raspail lors de l'élection présidentielle de décembre 1848 et publie la déclaration de la Montagne au peuple français à la veille de la Journée du 13 juin 1849. Compromis dans cet épisode insurrectionnel, Le Peuple est contraint de cesser sa publication.
Il faut attendre le 1er octobre suivant pour voir le lancement du successeur du journal défunt. Il s'agit de La Voix du peuple, qui sera remplacée à son tour l'année suivante par Le Peuple de 1850.
Collaborateurs
Ch. Cheyé
A. Crétin
Alfred Darimon
Taxile Delord
Georges Duchêne
Pierre Dupont
Félix Élie
Philippe Faure
Charles Fauvety
Arnould Frémy
Pierre Lachambeaudie
Amédée Jérôme Langlois
A.-D. Laumondays
Alfred Madier de Montjau
Louis Ménard
Gabriel de Mortillet
Pierre-Joseph Proudhon
François-Vincent Raspail
Pauline Roland
Ramón de la Sagra
A. Tabole
Louis Vasbenter
Jean Verlot