Actualité française
| mars |
08/03/72 | entrée en vigueur du décret sur la contraception |
10/03/72 | obligation de l'affiliation de tous les salariés à un régime complémentaire de retraite. |
13/03/72 | début de la grève du Joint français à Saint-Brieuc, qui s'achève huit semaines plus tard avec une victoire des salariées. |
24/03/72 | inauguration du Turbotrain(futur TGV) |
28/03/72 | « Serment des 103 » sur le Larzac. |
| juillet |
01/07/72 | Loi créant le délit d'incitation à la haine par des propos ou des écrits tenus en public, dite Loi Pleven. |
05/07/72 | démission du Premier ministre Jacques Chaban-Delmas, remplacé par Pierre Messmer, malgré un vote de confiance de la Chambre. |
14/07/72 | manifestation de 20 000 personnes à Rodez contre l'extension du camp militaire du Larzac. |
| août |
| Août : début de l'affaire du talc Morhange. |
| septembre |
06/09/72 | le gouvernement rend public son plan social. |
| Économie & Société |
| Excédent budgétaire (0,5 % du PIB). |
| Naissances en 1972 |
| 1er janvier : Lilian Thuram, footballeur international français. |
| 29 janvier : Nicolas Le Riche, danseur étoile à l'Opéra de Paris. |
| 8 février : Guillaume Gallienne, acteur. |
| 21 mars : Kilien Stengel, auteur. |
| 23 juin : Zinédine Zidane, footballeur international français. |
| 23 décembre : David Morel, entrepreneur. |
| 23 décembre : Olivier Besson, |
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Actu de dessinsagogo55
Mise à jour :20/12/2019
Un turbotrain est un train propulsé par des turbines à gaz. Dans le monde, plusieurs versions de trains à turbine ont été mis en service, tels que le Train Turbo de United Aircraft Corporation ou encore le JetTrain de Bombardier Transport en Amérique du Nord, et les ETG suivis des RTG en France.
L'usage d'une turbine à gaz en lieu et place d'un moteur diesel avait pour avantage premier un allègement considérable des motrices, qui ne dépassaient pas 17 t par essieu, pour une forte puissance. Ainsi, les vitesses limites permises étaient celles des automotrices, soit 10 à 15 km/h de plus que les trains tractés. Sur les itinéraires sinueux, avec des vitesses limites de l'ordre de 80 km/h, cela faisait une différence de plus d'une heure sur le parcours. Leur introduction a permis de démocratiser les grandes transversales, en assurant, pour l'exemple de Lyon-Strasbourg, cinq aller-retour quotidiens dans les deux classes en remplacement d'un aller-retour en RGP 1re classe plus un ou deux aller-retour de train express 1re/2e classe beaucoup plus lents. Rançon de leur succès, elles furent remplacées par des trains tractés sur la plupart de leurs terres. D'autre part, leur consommation importante de carburant (400 g par kWh fourni, à comparer avec les 217 g/kWh des CC 72000) les a condamnées à une vie abrégée.
En France, la technique est proposée par Guy Sénac (ingénieur en chef honoraire du département construction du matériel roulant) pour améliorer la vitesse des trains. Les turbotrains de différentes générations d'abord ETG ensuite RTG ont été mis au point par la SNCF qui les a exploités commercialement pendant deux décennies sur des lignes non électrifiées sur des voies moyennement armées du réseau ferroviaire. Ils ont également servi à mettre au point les solutions techniques du TGV.
Le turbotrain expérimental TGS (turbine à gaz d'hélicoptère Super Frelon). Ses essais ont commencé le 25 avril 1967. Cet engin fut à l'origine de la technique des turbotrains à la SNCF. Il atteint la vitesse record de 252 km/h le 15 octobre 1971. (vidéo archive SNCF lors de son assemblage aux ateliers du Mans)
Turbotrains de première génération : peu sûre encore de la fiabilité des turbomoteurs, la SNCF préfère commander des rames mixtes, disposant à une extrémité une motrice diesel similaire aux Éléments automoteurs doubles (EAD). Les ETG (élément à turbine à gaz) composés de quatre véhicules offrent au total 188 places, avec une motrice diesel et une motrice à turbine par rame. Les rames type ETG sont mises en service en mars 1971, sur la ligne Paris-Caen-Cherbourg, puis après l'arrivée des RTG (plus puissant), les ETG sont envoyés sur les lignes Lyon-Grenoble, Valence - Grenoble - Chambéry - Genève (dès ) et Lyon - Chambéry - Annecy (dès décembre 1975).
Turbotrains de deuxième génération : les RTG (rame à turbine à gaz) à transmission hydraulique, rames de cinq véhicules, offrant au total 280 places, motorisées par deux turbines à gaz de 820 kW, vitesse maximum : 160 km/h. Les rames type RTG sont mises en service en 1973, sur la ligne Strasbourg-Lyon, la ligne Lyon-Nantes, puis la ligne Lyon-Bordeaux. Elles y remplacent en particulier les RGP (rames à grand parcours) surnommées « RGP Lézard vert » à l'époque de leur livrée vert et crème. Les turbotrains RTG ont également circulé sur la ligne Lyon - Grenoble où ils ont épaulés les ETG.
Le turbotrain expérimental TGV 001 testé sur la ligne de la plaine d'Alsace et en rampe de 25 pour mille sur la ligne des Alpes entre Grenoble et Monestier-de-Clermont. Il s'agit d'une rame automotrice articulée qui préfigura les TGV. Elle comprenait trois caisses reposant sur des bogies intermédiaires et deux motrices d'extrémités munies de turbines à gaz. Commandée en 1969, cette rame fut construite par Alstom, Brissonneau et Lotz et équipée de turbines Turboméca Turmo IV à transmission électrique. Ses essais débutèrent le 4 avril 1972. Cette rame permit de tester les circulations ferroviaires à grande vitesse, au-dessus de 250 km/h (elle fit plus de 2200 marches au-dessus de 250 km/h, dont une marche record à 318 km/h sur la ligne des Landes entre Lamothe et Morcenx le 8 décembre 1972) et les diverses solutions techniques (freinage, bogies, aérodynamisme notamment) qui seront adoptées sur les TGV, à l'exception de la motorisation à turbine, laquelle sera abandonnée à la suite du choc pétrolier de 1973 (à puissance réduite la courbe de Cs est d'allure hyperbolique).
En France, les RTG ont été les outils d'un développement de trafic considérable tel que, à l'exception de la ligne Lyon-Nantes (non électrifiée côté Lyon) et de la ligne Lyon-Bordeaux, à itinéraires multiples (itinéraire nord du Massif central via Montluçon, Guéret et Limoges, ou itinéraire sud du Massif central via Clermont-Ferrand, toutes les relations ont par la suite été électrifiées ou transférées sur des relations TGV (Paris-Calais ou Lyon-Nantes via Massy).
- ETG : voir détail des circulations sur « élément à turbine à gaz »
- RTG : voir détail des circulations sur « rame à turbine à gaz »
Trains à turbines dans le monde
La France n'est pas le seul pays ayant développé des locomotives à turbine à gaz. Les premières ont été employées dans les années 1940 en Suisse et leur âge d'or se situe durant les années 1960, juste avant les chocs pétroliers des années 1970.
Le Train Turbo produit par la compagnie United Aircraft Corporation fut un train à grande vitesse construit durant les années 1960 pour utilisation en Amérique du Nord. Il fut mis en service en 1968 et servit au Canada jusqu'en 1982 alors qu'aux États-Unis on le retira de la circulation en 1976 mais resta dans l'inventaire d'Amtrak jusqu'en 1980.
Au début des années 2000 un train expérimental, nommé JetTrain, est proposé par Bombardier Transport pour développer les trains à grande vitesse en Amérique du Nord. Il emploie une locomotive utilisant une turbine PW150 de Pratt & Whitney Canada qui est plus efficace qu'un diesel équivalent.
Des Rames à turbine à gaz identiques ou dérivées du RTG français ont été vendues à l'Égypte, l'Iran, et aux États-Unis.
Modélisme
JetTrain : un modèle est produit en Amérique du Nord par Rapido.
ETG : La firme artisanale Apocopa a réalisé une reproduction en kit de ce modèle.
RTG : La firme Jouef a réalisé une reproduction de ce modèle en HO dans sa version SNCF et Amtrak Turboliner. Un projet de reproduction existe chez la firme EPM.
Noël en avance : A Marseille, un distributeur de billets de la Caisse d'Epargne double les retraits
J'INSISTE, C'EST POUR MOI
Le « bug » d’un distributeur de billets a rendu la Caisse d'épargne très généreuse, ce samedi, à Marseille
L’esprit de Noël a brièvement soufflé, ce samedi, dans le quartier de Sainte-Marthe, dans le 14e arrondissement de Marseille. Comme dans les vieilles bandes dessinées, de l’argent tombait du ciel. « Un distributeur de la Caisse d'Epargne bugge, il retire deux fois plus que ce que tu demandes, il y a une queue de fou furieux devant », alerte un témoin, sur le réseau social Twitter.
« C’est où ? » s’enquiert une Marseillaise, avant de foncer sur place en voiture. « La population s’est déplacée en masse, ça n’avançait plus sur la route », témoigne une troisième témoin, cette fois sur Facebook. Le quotidien La Provence ajoute que la situation était tendue quand les policiers sont arrivés.
« Parlez pas chinois ! » Cent personnes étaient sur place, dans une ambiance électrique. Un technicien de la Caisse d’épargne a mis le distributeur hors d’usage. Il est trop tôt pour expliquer précisément ce « bug », mais comme le rappelle un jeune malin : « N’oubliez pas que toutes vos coordonnées sont sur la carte. Si (la banque) vient réclamer l’argent, parlez pas chinois ! »
Les 5 et 6 octobre 1789 font partie des « grandes journées » de la Révolution française et ont abouti au retour définitif et contraint du roi Louis XVI et de sa famille à Paris, capitale du royaume de France.
Initialement, la journée du 5 octobre débute par un rassemblement sur la place de Grève, devant l'hôtel de ville de Paris, pour interpeller la Commune, notamment sur une disette de pain qui touche la capitale. L’Hôtel de Ville est d’ailleurs envahi jusqu’à l’arrivée de la garde nationale parisienne, menée par La Fayette. Puis un appel est lancé afin de faire part de ces revendications directement auprès du roi et de l'Assemblée constituante. C’est ainsi qu’une foule de plusieurs milliers de personnes, majoritairement composée de femmes, se met en marche vers Versailles. Elles sont suivies par d'autres groupes armés, puis plusieurs heures plus tard, par 15 000 à 20 000 hommes de la milice nationale.
Ces demandes étaient autant frumentaires (demande de pain, auquel le roi répond favorablement) que politiques : exigence de ratification des décrets relatifs à la Constitution et à la Déclaration des droits, auquel le roi se plie dans la soirée, remplacement des gardes du corps du roi par la garde nationale, exigence de port de la cocarde et, exigence d’installation du roi et de sa famille à Paris.
Sur ce dernier point, le roi se laisse la nuit pour réfléchir. Il accepte toutefois que la surveillance extérieure du château de Versailles et sa sécurité ne soient plus assurées par les gardes suisses mais par la garde nationale, commandée par La Fayette.
Mais le 6 octobre, à l'aube, le château est envahi par un groupe plus revendicatif. La Fayette, en retard, est incapable d'empêcher son invasion meurtrière (deux gardes chargés de la protection des appartements de la reine Marie-Antoinette, principalement visée par l’invasion du palais, sont tués). En fin de matinée, le roi et sa famille quittent Versailles pour Paris, escortés par la foule. La famille royale va désormais être installée au palais des Tuileries. L’Assemblée constituante y est appelée quelques jours plus tard : elle siège pour la première fois dans la chapelle de l'archevêché le 19 octobre.
Ces journées ont pour conséquence immédiate le déplacement du centre politique de la France de Versailles à Paris. Elles ont aussi été marquées par la ratification par le roi de la Déclaration des droits de l’homme et du principe de la Constitution. À plus long terme, elles ont contribué à consacrer une certaine volonté populaire dans la Révolution tandis que pour d’autres commentateurs ces journées annoncent la Terreur. Quoi qu’il en soit, elles marquent un nouveau pas dans l’affaiblissement du pouvoir royal.
Controverses sur les sources
Malgré leur importance, les conditions et le déroulement de ces deux journées restent relativement mal connus, principalement par manque de sources. En effet, l'intégralité des sources manuscrites d'époque sur le sujet ont disparu, dans des conditions inconnues. Les événements de ces deux journées ont fait l'objet d'une instruction en vue d'un procès pour crime de lèse-nation (dont les archives ont été également perdues), instruite au Châtelet4. Les auditions s'étalent du 11 décembre 1789 au 20 avril 1790, relayées par le Moniteur universel et l'information sera imprimée le 19 septembre 1790. Dès leur publication, ces témoignages font l'objet de vives critiques et de controverses : s'y mêlent des témoignages de personnes qui n'ont pas vécu l'événement et de très nombreuses rumeurs, les acteurs populaires et les femmes sont sous-représentés. Cette procédure fait l'objet d'un rapport à l'Assemblée, dirigé et présenté par le député Chabroud . Ce rapport apporte des témoignages supplémentaires, et analyse méthodiquement la procédure. Il se montre à ce sujet très critique des enquêteurs du Châtelet (il s'agit d'une des dernières enquêtes de cette institution qui est supprimée fin 1790). Ce rapport a pour principal objectif de décider si Mirabeau et surtout le duc d'Orléans, qui font tous les deux l'objet de beaucoup de rumeurs et d'accusations à l'époque, doivent être inculpés pour avoir organisé les journées d'octobre : le rapport conclut à leur innocence. Ce rapport sera lui-même vivement critiqué, en particulier par Jean-Joseph Mounier, président de l'Assemblée les 5 et 6 octobre (il est émigré à Genève lorsqu'il publie ses objections contre le rapport).
Jean-Joseph Mounier président à l'Assemblée Nationale le 5 et le 6 octobre 1789. (Alexandre Debelle, xixe siècle). D’autres témoins relatèrent leur version de ces évènements et seront contradictoires, surtout lorsqu’ils sont publiés plusieurs années après les faits, notamment sous la Restauration, soit vingt à trente ans après les faits. Parmi les plus célèbres, il faut mentionner :
Louis XVI dans son « testament politique », laissé au Tuileries pour expliquer son départ de la capitale en 1791. Dans ce texte, il donne sa vision de ces deux journées.
La Fayette qui a rédigé deux récits de ces journées dans ses mémoires.
Jean-Joseph Mounier, président de l’Assemblée Constituante au moment des faits et qui accompagna la première délégation de femmes vers le roi et qui demanda la signature des décrets de ratification de la déclaration des droits.
Condorcet,
Madame Campan, première dame de chambre de Marie-Antoinette, un des témoignages les plus connus (ses mémoires n'ont été publiés qu'en 1823 et elle dit elle-même qu'elle n'était pas présente au moment des faits mais retranscrit les propos de sa sœur, présente près de la reine durant toute la matinée. C'est ce témoignage qui sera le plus repris par la petite histoire).
Laurent Lecointre, Lieutenant Colonel et commandant de la première division de la garde nationale de Versailles, qui publiera son témoignage par la suite.
Saint-Priest (premier ministre de l'intérieur, celui-là même qui a été à l'initiative du mouvement du régiment de Flandre à Versailles (voir ci-dessous), qui logeait à Versailles ce soir là et qui poussa à l’extraction du roi de Versailles).
Dumas,
Mme de La Tour du Pin, (dame d'honneur de la reine)
Ces deux journées d'évènements ont aussi suscité de nombreux commentaires, notamment parmi les historiens « politiques » de la Révolution française (comme Thiers, Jaurès, Marx ou Taine).
Enfin, Michelet dans son Histoire de la Révolution française (commandée par le roi Louis-Philippe) en fait un moment clé de la Révolution. De cette version, on retient, comme l'exprime Jean Tulard, « les émeutes de la faim ».
Situation en septembre 1789
Ces journées s'inscrivent dans une situation parisienne de tension qui a plusieurs facteurs.
Le piétinement des débats de l'Assemblée constituante...
En septembre 1789, la situation est à la limite de l'implosion. L'excitation de l'été 89 est retombée, et depuis la nuit du 4 août (abolition des privilèges) et le 26 août (vote des premiers articles de la constitution et de la déclaration des droits de l'homme et du citoyen), l'Assemblée piétine. Elle n'arrive pas à obliger le roi à signer la constitution et la Déclaration. Le 5 octobre au matin, avant l'arrivée des femmes à Versailles, il faisait encore parvenir une lettre à l'Assemblée où il n'acceptait de donner sa sanction à la constitution que si le pouvoir exécutif en son entier restait entre les mains du roi, alors que le mois de septembre s'est perdu en délibérations à l'Assemblée et dans les journaux pour savoir s'il fallait donner le droit de veto au roi. Les deux parties campent sur des positions incompatibles. Quant à la DDHC, le roi la rejette comme soumise à trop d'interprétations et trop dangereuse à appliquer.
Vus depuis Paris, le roi et l'Assemblée apparaissent comme soumis à l'influence de la cour et des courants les plus conservateurs. Des journaux et publicistes commencent à réclamer le retour du roi à Paris, pour l'éloigner des influences qu'ils jugent pernicieuses. C'est le cas aussi du milieu entourant le Palais-Royal qui craignent de perdre de leur influence sur le cours du mouvement révolutionnaire comme en témoignent les articles du journal de Camille Desmoulins, Révolutions de France et de Brabant, édité par Danton et proche, à ce moment, de Philippe d'Orléans).
« Une disette moitié réelle, moitié factice »...
Par ailleurs, depuis le mois de septembre, Paris souffre d'un grave manque de pain. Les raisons en sont encore très obscures : les récoltes, contrairement à l'année précédente, ont été bonnes et les communes limitrophes sont bien pourvues en pain. Pourtant à Paris, le pain est rare, la farine est de mauvaise qualité. Les boulangeries sont prises d’assaut. Cette disette culmine début octobre. Dans la Procédure, Maillard, qui se présente comme le porte-parole des femmes, témoigne ainsi de la situation :
« Un membre, chevalier de Saint-Louis, prit la parole, et dit qu'il étoit faux ; qu'il arrivoit de Paris : qu'il savoit qu'on avoit beaucoup de peine à avoir du pain, mais qu'il ne valoit pas plus de 12 sols et demi, et que lui déposant (NB : Maillard) en imposoit à l'Assemblée : lui déposant répliqua qu'il alloit donner preuve de ce qu'il avançoit, et dit qu'aucune femme ne pouvoit se mettre dans la foule à la porte d'un boulanger ; qu'un homme seul pouvoit le faire ; que par ce moyen cet homme perdant sa journée il perdoit 3 livres et 12 sols que lui coûtoit le pain ; ça lui faisoit un total de 3 livres 12 sols. ».
La situation augmente la suspicion et la paranoïa générale. Dans ses mémoires, quarante ans plus tard, La Fayette évoquera toujours « une disette moitié réelle, moitié factice. » Les Parisiens voient dans cette situation un nouveau « complot de famine ».
La paranoïa parisienne est accentuée par la décision de Louis XVI de convoquer le régiment de Flandre, près de 5 000 hommes, à Versailles à partir de fin septembre. Le régiment est constitué de soldats et d'officiers français, mais porte un nom de régiment étranger, ce qui rappelle le Royal-Allemand, appelé en renfort en juillet 1789, et qui fit plusieurs blessés aux Tuileries le 13 juillet, entraînant la Prise de la Bastille le lendemain. Le Royal-Allemand avait été appelé par le roi pour mater les troubles dans la capitale, et les parisiens révolutionnaires craignent que le roi essaie de faire la même chose avec le régiment de Flandre. Certains craignent aussi qu'il s'en serve contre l'Assemblée. Mounier, dans son témoignage additionnel à la Procédure, soutient que des projets avaient été formés pour forcer le roi à venir à Paris, que La Fayette s'y opposait, et que le régiment de Flandre avait été appelé pour empêcher ces projets.
Le Banquet des gardes du corps...
Orgie des gardes du corps dans la salle de l'opéra de Versailles - le 1er octobre 1789, gravure datant de 1792. Le 1er octobre, les gardes du corps du roi organisent un banquet en l'honneur du régiment de Flandre. Si ce genre de banquet n'a, à l'époque, rien d'exceptionnel, celui-ci va pourtant choquer une partie des Parisiens. Alors que la disette de pain parisienne est largement connue et relayée par les journaux, un repas est prévu pour 300 convives, et le menu est confié à un traiteur de Versailles, Deharmes, qui fixe le prix à vingt-six livres par tête sans compter les vins, les liqueurs, les glaces ou encore les bougies Le banquet a lieu dans la grande salle de l'opéra du château de Versailles, salle ordinairement réservée aux banquets des délégations étrangères à Versailles, c'est-à-dire aux plus grands événements. Un orchestre parachève le tout. Les gardes du corps choisissent de n'inviter que des officiers d'autres régiments qui sont du même rang qu'eux, ou qui partagent leurs idées : Laurent Lecointre, malgré son rang important dans la garde de Versailles, n'est pas convié, alors que le sont certains de ceux qui sont sous ses ordres. Lecointre est notoirement un pro-révolutionnaire convaincu. La chose est suffisamment malavisée pour que le commandant-général de la garde, le comte d'Estaing, lui fasse le lendemain des excuses de cette absence d'invitation. Ce banquet est, dès le départ, ressenti comme une provocation. Ce qui s'y déroule ensuite est teinté de cette série de provocations plus ou moins voulues.
Vers le dessert, le roi, revenant de la chasse, choisit d'aller avec la reine et le dauphin voir le banquet et saluer les soldats et les gardes. Il passe entre les tables, et se fait aborder par des hommes ivres. Plusieurs toasts sont proposés — au roi, au dauphin, à la famille royale — et acceptés. Un toast à la Nation est rejeté. À un moment de la soirée (probablement après le passage du roi), la cocarde blanche (ou noire, ou d'une seule couleur, selon les témoignages) est déclarée seule vraie cocarde. Aucune cocarde n'est piétinée, mais des soldats de la garde nationale qui portent la cocarde bleue et rouge de leur uniforme se la voient enlevée, ou arrachée, pour être remplacée par une cocarde d'une seule couleur. La cocarde blanche incarne le roi et la monarchie, alors que la noire est la cocarde traditionnelle d'une partie des troupes royales de l'époque. Il faut néanmoins souligner que l'acte n'est pas, pour une partie des hommes présents, particulièrement transgressif : la cocarde blanche fait partie de l'uniforme des gardes du corps. La soirée bien arrosée se termine avec un soldat qui essaye de se suicider, plusieurs autres grimpent au balcon de la chambre de Louis XIV du haut duquel ils déclarent leur soutien à la cocarde blanche, pendant qu'une bonne partie des habitants de Versailles sont réveillés par le bruit.
Le 3 octobre, un autre banquet est donné, semble-t-il par le régiment de Flandre pour remercier les gardes du corps. Ce banquet est assez mal connu et souvent confondu avec le premier. Il semble avoir été tout aussi désordonné.
Rapidement, les deux événements sont connus sous le nom d’Orgie des gardes du corps et font beaucoup parler d'eux. L’événement est relayé par le bouche à oreille puis dans la presse le 3 octobre. On ne parle pas encore de cocardes piétinées, c'est la rumeur qui va créer cette légende. En revanche, le refus du vœu de santé à la Nation et l'affront fait à la cocarde nationale et patriotique (trois couleurs) provoquent des émois. Dans les rues de Paris et surtout au Palais Royal, des hommes qui portent la cocarde noire sont agressés, et sommés de prouver qu'ils sont de bons patriotes et non des ennemis de la Nation. La Commune de Paris émet un arrêté le 4 octobre contre la cocarde noire et pour le port obligatoire de la cocarde tricolore (pour ceux qui choisissent de porter une cocarde).
Au matin du 5 octobre : l'hôtel de ville de Paris...
Au cours de la matinée du 5 octobre, des femmes commencent à se réunir sur la place de l'Hôtel de Ville (la place de Grève) dès sept heures. On ignore les circonstances exactes qui ont mené à ce rassemblement. Cependant, il y a plusieurs hypothèses. Au moins un boulanger a été traîné de force à l'Hôtel de Ville, accusé de vendre son pain trop cher et là, la foule demandait sa punition2. La manifestation pourrait alors être l'expression impromptue d'un mécontentement qui bout depuis le début du mois de septembre (le 5 octobre est le jour où le pain est le plus cher de toute l'année 1789). Par ailleurs, il y a eu des motions au Palais Royal dans les jours précédents, ainsi qu'une première tentative de le 30 août de marcher sur Versailles, par le marquis de Saint-Huruge. Certaines motions sont attribuées à des femmes. La veille était un dimanche, un jour propice pour que les femmes se réunissent et discutent d'une éventuelle manifestation. D'autre part, la majorité de femmes présentes sont des Dames des Halles : elles appartiennent à une corporation, elles ont donc l'habitude de s'organiser. De même, les femmes des Halles disposent d'un rôle très précis dans la société d'Ancien-Régime. Elles ont l'habitude d'aller voir le roi en procession et d'être reçues par lui, soit pour présenter des doléances, soit pour présenter leurs compliments. Elles sont considérées alors comme représentantes officielles du peuple de Paris. La configuration politique ayant changé au cours de 1789, il est possible qu'elles aient considéré le recours à la Commune de Paris (qui siège à l'Hôtel de ville) comme le nouveau chemin légal avant d'aller voir le roi. Étant chargées de l'approvisionnement de la capitale, il paraît relativement crédible qu'elles aient décidé que les requêtes et les plaintes concernant la disette de pain devaient passer par elles. Une autre analyse souligne aussi que la peur de la montée de la contre-révolution a pu jouer un rôle dans l'implication des femmes.
Les femmes réunies sur la place sont de plus en plus nombreuses. Elles commencent par réclamer de voir les représentants de la Commune, le maire Bailly, et le général La Fayette. Aucun n'est là, et on refuse de les laisser rentrer. Elles forcent le passage et pénètrent en nombre dans l'Hôtel de Ville. Les témoignages sur ce qui s'est passé, et à quel moment, dans l'Hôtel de Ville, sont contradictoires. Un arsenal a été forcé, et près de six cents armes volées, mais rien ne permet de savoir si les armes ont été volées par des femmes ou des hommes, si elles ont été volées par les femmes qui ont organisé la première marche ou par les suivantes, ni quels type d'armes ont été volées. Les femmes de la première marche avaient des piques, mais pas de fusils, par contre lors des marches suivantes, certains manifestants avaient des fusils. Les témoins mentionnent par ailleurs que des prisonniers ont été libérés des geôles du Châtelet ou des geôles de l'Hôtel de Ville. Il s'agissait probablement de prisonniers arrêtés pour vagabondages. Il n'est pas prouvé qu'en dehors de l'Arsenal, l'Hôtel de Ville ait été vandalisé.
Au son du tambour et du tocsin (à la fois le tocsin de l'Hôtel de ville sonné par les femmes et le tambour de la garde nationale appelant les soldats à se réunir), une foule de curieux autant que de manifestants se dirige vers la place et l'Hôtel de Ville qui ne désempliront pas de la journée. La Fayette n'arrive que vers quatorze heures et Bailly, le maire de Paris, pas avant 16 heures. Ils maintiennent un semblant de calme. La Fayette refuse d'emmener la garde nationale parisienne à Versailles sans un ordre légal de la Commune qu'il n'obtiendra pas avant la fin d'après-midi : le Général et ses 10 000 hommes ne quittent Paris qu'à dix-sept heures.
La marche des femmes le 5 octobre 1789. Sur la droite, on aperçoit une bourgeoise entraînée par l'une des manifestantes. La marche des femmes
Dessus de bouton non monté représentant le départ des femmes avec les canons le 5 octobre. Vers dix heures du matin, alors qu'il pleut depuis l'aube, un premier groupe de plusieurs milliers de femmes décident de partir pour Versailles pour aller voir le roi. Leur nombre au départ est inconnu, mais elles sont estimées à plusieurs milliers à l'arrivée ; beaucoup de ces femmes ont été « recrutées » en route. Les gravures ou encore les témoignages comme celui du libraire Hardy dans son journal, suggèrent que les femmes des classes populaires ont essayé d’enrôler des bourgeoises dans le cortège. Elles tirent derrière elles une ou deux ou trois pièces de canon qu'elles ont prises sur la place de Grève. Elles les tirent à mains nues. Il y a environ cinq heures de route à pied entre Paris et Versailles.
Les processions de Paris à Versailles ne sont pas rares, et elles empruntent un chemin codifié, qui est celui que prendra cette première marche, signe que ces femmes se considèrent comme formant une procession officielle en route pour faire des demandes officielles au roi. Elles suivent les quais jusqu'à la place Louis XV (actuelle place de la Concorde), puis tournent au niveau des Champs Élysées pour prendre la route de Sèvres par Auteuil. La rumeur semble-t-il les précède, car elles trouvent portes closes à Sèvres, où elles doivent négocier avec les habitants pour obtenir à boire et à manger.
Elles arrivent épuisées à Versailles vers seize heures. Les commentateurs de l'époque ont souvent noté leur aspect débraillé, pour les railler ou s'en offusquer. En réalité, elles ont fait six heures de route sous la pluie, dans la boue, tirant des canons, accompagnées d'enfants , et sans doute en ayant souffert de la faim à la suite de la disette de pain parisienne.
Itinéraires connus et supposés des marches du 5 octobre - Carte retouchée tirée de l’Atlas de la Révolution Française, t. 11 : Paris, édité par Serge Bonin, Émile Ducoudray, Alexandra Laclau, Claude Langlois, Raymonde Monnier, Daniel Roche Au soir du 5 octobre : Versailles
Arrivées à Versailles, la majorité de ces femmes épuisées cherchent à se reposer. Elles s'installent sur la Place d'Armes, face au château. Un groupe de femmes (au départ une vingtaine) rentre dans l'Assemblée Nationale et se met à circuler dans les galeries, entre les bancs et les députés, et certaines s’assoient même sur le siège du Président de l'Assemblée. Elles provoquent la colère des quelques députés qui sont encore là à cette heure qui trouvent l'intrusion du peuple, mais surtout des femmes, inadmissible. Au fur et à mesure que la soirée avance, de nouveaux groupes arrivent de Paris, principalement masculins et armés ; l'Assemblée se remplit de plus en plus.
Les femmes ont pour porte-parole un dénommé Stanislas Maillard. Maillard est un personnage ambigu qui participe à plusieurs journées révolutionnaires. Notaire, d'où son habit noir qui sera souvent relevé par les témoins à l'Assemblée, il est l'un des vainqueurs de la Bastille. Les vainqueurs de la Bastille sont les seuls hommes qui participent à la première marche des femmes. Néanmoins, en dehors de Maillard, dont le témoignage est un exemple parfait de « protagonisme », on sait peu de choses de leur participation à l'événement d'octobre. Maillard, à travers son témoignage se présente comme le leader de toute la marche des femmes, mais seul son rôle de porte-parole à l'Assemblée est corroboré par d'autres témoignages. Lors des massacres de septembre, il aura un rôle beaucoup plus trouble, puisqu'il participera aux tribunaux improvisés.
Il demande principalement du pain pour Paris, qu'on punisse ceux que tous à Paris accusent d'empêcher la farine de venir à Paris (les meuniers, les accapareurs, certains membres de l'Assemblée), des lois sur les subsistances et le respect de la cocarde nationale et de la nation. Son discours est accueilli par Mounier, alors Président de l'Assemblée, qui fait voter un décret sur les subsistances qui doit être signé par le roi et demande qu'on fasse servir à boire et à manger aux manifestantes et aux manifestants dans et à l'extérieur de la salle.
Vers dix-sept heures, une députation conduite par Mounier part voir le roi pour lui faire signer le décret de subsistances et lui demander des mesures immédiates pour livrer du pain à Paris. Mounier a aussi prévu de profiter de cette visite impromptue au roi pour lui forcer la main et lui faire signer la constitution et la DDHC (Déclaration des droits de l'homme et du citoyen). La députation est constituée de Mounier, Maillard et douze femmes, même si seules cinq d'entre elles sont autorisées à entrer. Le choix de ces femmes est surprenant. Elles ne sont pas préparées, l'une d'entre elles, qui a à peine dix-sept ans, a été entraînée dans la manifestation, et elle s'évanouit à la vue du roi. Au cours de cette première entrevue, le roi signe le décret et fait rassembler plusieurs charrettes de pain pour les envoyer à Paris (ce qui prouve par ailleurs que la disette de pain est bien concentrée uniquement sur Paris.) Lorsque la députation ressort, les femmes de la députation sont accusées par les autres manifestantes de leur mentir et menacées d'être pendues. Elles retournent voir le roi pour obtenir une preuve écrite qu'elles ont bien obtenu ce qui était demandé et n'ont pas menti, preuve qu'elles obtiennent. Le roi décide aussi de les renvoyer, en voiture, à Paris, à l'Hôtel de ville avec un message pour Bailly. Elles y arrivent à minuit.
Mounier, plaidant la sanction pure et simple de la constitution et des articles de la Déclaration, demande une autre entrevue au roi, qu'il obtient vers vingt-deux heures, après les longues délibérations du roi avec son conseil. Le conseil propose au roi de fuir à Metz, ce qu'il refuse. D'autres projets sont faits pour faire partir le reste de la famille royale, mais les voitures sont arrêtées par le peuple. Le roi sanctionne le texte lorsqu'il reçoit enfin Mounier.
Pendant les délibérations à l'Assemblée et chez le roi, vers dix-huit heures, des troubles éclatent entre les gardes du corps, les manifestants réunis devant le château et la garde nationale versaillaise. Un garde du corps à cheval, M. de Savonnières, frappe des hommes et des femmes de son épée. Un garde national versaillais en civil lui tire dessus, lui cassant le bras. Le garde du corps décédera des suites de cette blessure en février ou mars 1790. On ignore le nombre de blessés parmi les manifestants au soir du cinq.
La garde nationale de Paris, menée par La Fayette, arrive à vingt-deux heures. Le général se rend directement auprès du roi et lui promet que malgré les échauffourées de la soirée, la nuit se passera sans éclat. Puis La Fayette part se reposer.
Le point du jour du 6 octobre
Pendant cette dernière nuit de la royauté à Versailles, le pouvoir royal et les modérés dorment alors que le peuple parisien est debout et veille. La Fayette en gardera le surnom de « général Morphée ». Le 6 octobre, vers 6 h du matin, des manifestants, après une nuit très largement arrosée, pénètrent dans la cour du château. Un affrontement a lieu avec les gardes du corps, deux gardes sont tués, leurs têtes aussitôt mises au bout d'une pique, les assassins se ruent dans les appartements royaux. Marie-Antoinette, à peine vêtue, se précipite chez le roi. La garde nationale de Paris intervient alors pour protéger les gardes du corps qui protègent la famille royale, La Fayette enfin réveillé intervient et calme les esprits, les gardes du corps et les gardes nationaux fraternisent. La foule dehors veut voir Louis XVI au balcon, il s'exécute accompagné de Marie-Antoinette portant le dauphin dans ses bras, dans la cour la foule crie « À Paris ! À Paris ». Le roi ne peut qu'accepter : « Mes amis, j'irai à Paris avec ma femme et mes enfants ; c'est à l'amour de mes bons et fidèles sujets que je confie ce que j'ai de plus précieux ». C'est l'enthousiasme dans la foule qui fraternise avec les gardes.
À 11 h l'Assemblée se réunissait, sous la présidence de Mounier, blême d'émotion, et décidait, sur proposition de Mirabeau et Barnave, qu'elle était inséparable du roi et donc qu'elle suivrait Louis XVI à Paris.
À 13 h, le roi quittait Versailles pour Paris accompagné de toute la famille royale. En tête de l'immense cortège de plus de 30 000 hommes des gardes nationaux portant chacun un pain piqué au bout de la baïonnette, puis les femmes escortant des chariots de blé et des canons, puis les gardes du corps et les gardes suisses désarmés, venait alors le carrosse de la famille royale escorté par La Fayette, suivi d'autres voitures qui emmenaient quelques députés puis la majeure partie des gardes nationaux et le reste des manifestants criant : « Nous ramenons le boulanger, la boulangère et le petit mitron ! ».
À l'entrée de Paris, Bailly accueillit le roi à 20 h sous les applaudissements de la foule et le carrosse royal n'arriva finalement aux Tuileries, nullement préparées à recevoir la Cour, qu'à 22 h.
Le retour du roi à Paris
Louis XVI est accueilli par Bailly qui lui remet, comme le 17 juillet précédent, les clefs de Paris. Deux discours et une déclaration du roi sont prononcés. On crie « Vive le roi, vive la Nation ».
Après cette courte pause à l'Hôtel de ville, le roi et sa famille s'installent aux Tuileries où rien n'était préparé pour les recevoir. Étonné lui-même de ce délabrement, La Fayette dit à la Reine qu'il allait s'occuper d'y pourvoir : « Je ne savais pas, répondit-elle dédaigneusement, que le roi vous eût nommé intendant de sa garde-robe17. »
L'après 6 octobre
La réputation de La Fayette fut durablement ternie par son attitude pendant ces deux journées. Il lui fut reproché d'avoir voulu empêcher la garde nationale parisienne de venir à Versailles, accusations auxquelles il opposa qu'il voulait avant tout une autorisation légale d'agir, qui lui fut en effet donnée par la commune de Paris. Il fut aussi raillé pour être allé dormir au moment le plus critique.
Départ du général parisien pour la fameuse nuit du 5 au 6 octobre - mes amis menez moi je vous prie coucher a Versailles, Caricature anonyme de 1789 (?) moquant la décision de La Fayette de dormir au lieu de protéger le château. Les hommes déguisés en femmes
L'une des accusations les plus fréquemment faite à propos des journées d'octobre concerne des hommes habillés en femmes qui auraient joué les agents provocateurs au sein des cortèges, puis auraient mené les attaques du 6. Il faut remettre ces accusations en contexte. Les révoltes frumentaires aux xviiie siècle sont principalement le fait des femmes, et pas seulement parce qu'elles sont chargées du ravitaillement de la famille. C'est un aspect codifié des révoltes de l'Ancien Régime qui veut que ce genre de manifestations leur soient dévolues. C'était le cas lors de la Révolution de 1418, où le prévôt de Paris Tanneguy du Chastel échafaude un plan de noyade en masse visant les Parisiennes, projet que la prise de la Bastille, le 31 mai de cette année, fait échouer. Il est connu que pour participer à ces manifestations, des hommes se déguisaient en femmes. Un autre argument est que les soldats étaient moins enclins à tirer sur des femmes. Dire que cette révolte est menée par des hommes déguisés en femmes est avant tout un parti-pris de l'époque. Plusieurs témoignages rapportent les ouï-dire comme des faits.
Il y a des témoignages de première main sur la présence d'hommes déguisés en femme. Cependant, ils se ressemblent souvent. Les rumeurs ont eu un rôle important dans la formation des témoignages de l'événement, et il est difficile de faire la part du vrai (il y a sûrement eu des hommes déguisés en femmes, mais combien ? Leur présence était-elle significative ?) et de la rumeur publique. Un autre argument plaide contre ces témoignages : beaucoup considèrent que des femmes trop grandes, trop grosses, trop fortes (celles qui manipulent un canon), sont trop peu féminines pour être de vraies femmes. C'est ainsi un discours sur la place des femmes dans la société et la politique : virilisées, dépossédées de leur féminité, le propos révolutionnaire autant que contre-révolutionnaire tend à démontrer que les femmes, ayant perdu leurs attributs « naturels », sont réduites au rang de furies, de bêtes et perdent leur humanité. Leurs actions seraient donc fondamentalement contre nature.
Plusieurs formulations dans la Procédure laissent aussi penser que les témoignages ont été orientés par les greffiers, qui auraient directement demandé aux témoins s'ils avaient vu des hommes habillés en femmes, ou s'ils savaient qui avait payé pour organiser la révolte.
Le duc d'Orléans et « l'organisation » des journées d'octobre
Il n'existe aucune preuve que les journées d'octobre aient été organisées, qu'on ait payé des agents provocateurs pour attiser la révolte chez le peuple, ou que le duc d'Orléans ait eu la moindre implication dans l'événement. Si l'argument de l'organisation des journées d'octobre n'a pas manqué d'être évoqué à l'époque, il ne repose que sur des témoignages de la procédure sujets à caution. Pour cela il faut remettre la procédure en contexte : c'est une procédure à charge, pour crime de lèse-nation. Il s'agit de dénoncer et de trouver des coupables. Les greffiers orientent les réponses, et la quasi-totalité de ceux interrogés dénoncent la révolte et essaient de prouver leur non-participation. Par ailleurs, la procédure s'étale sur plusieurs mois et le rôle joué par la rumeur dans son élaboration a été souvent souligné.
Cette influence de la rumeur peut expliquer la forte ressemblance des témoignages sur la « corruption » des manifestants : ils sont toujours mal habillés, mais agitent leurs poches pour faire entendre le bruit des pièces, voir les brandissent en s'exclamant qu'ils ont été bien payés.
En ce qui concerne la participation du duc d'Orléans, elle est balayée par le rapport fait par l'Assemblée nationale, au motif que les témoignages sont insuffisants (on aurait vu des cavaliers entrer et sortir d'une de ses demeures, on l'aurait vu traverser la place d'armes entouré du peuple qui l'acclamait, on l'aurait vu habillé en bourgeois au faubourg Saint-Antoine), voire ridicules : l'un des témoignages le décrit au milieu des assaillants leur indiquant directement le chemin à suivre à l'intérieur du château. Là encore, il faut remettre le rôle du duc d'Orléans dans le contexte de la Révolution. Il est ennemi du parti de la cour et du roi et rêve du pouvoir, ce qui en fait l'ennemi juré de tous les partisans des Bourbons, d'autant plus qu'il est adoré par le peuple (en juillet, son buste en cire est promené dans Paris, en même temps que celui de Necker). Il est effectivement vu par certains comme une alternative possible à Louis XVI — pour une régence de Louis XVI. Il est surtout l'objet de tous les fantasmes de complots, car il est l'une des premières fortunes de France, ce qui lui donnerait les moyens de les organiser, mais ne prouve pas qu'il l'a fait. Toutefois, on sait que la spéculation sur le blé est la conséquence d'achat de blé par une banque britannique, en lien direct avec les contacts du duc d'Orléans à Londres.
Le duc d'Orléans n'a jamais revendiqué les faits.
Le Tour de France est une compétition cycliste par étapes masculine qui traverse la France avec des incursions occasionnelles dans les pays voisins. Sa première édition a lieu en 1903 pour augmenter les ventes du journal L'Auto, organisée par Henri Desgrange et Géo Lefèvre. Depuis, la course a lieu chaque année, excepté lors des deux guerres mondiales. Souvent appelé « le Tour » tout court, ou « la Grande Boucle », il gagne en importance et en popularité au fil des éditions, sa durée est allongée et sa portée s'étend dans le monde entier. La participation s'élargit, on passe d'un peloton principalement français les premières années, à des éditions comptant jusqu'à 40 nationalités. Il est actuellement organisé par ASO (Groupe Amaury).
Le Tour de France, le Tour d'Italie et le Tour d'Espagne constituent les trois grands tours. Le Tour de France est le plus ancien et est généralement considéré comme le plus prestigieux des trois. Traditionnellement, la course se déroule principalement au mois de juillet. Bien que le parcours change chaque année, le format de la course reste le même avec au moins deux contre-la-montre, le passage à travers les chaînes de montagnes des Pyrénées et des Alpes et l'arrivée sur les Champs-Élysées à Paris. Les éditions modernes du Tour de France se composent de 21 étapes réparties sur une période de 23 jours et couvrent près de 3 500 kilomètres.
Le Tour est une des épreuves de l'UCI World Tour, ce qui signifie que les équipes sont en majorités composées d'UCI WorldTeams, à l'exception des équipes que les organisateurs invitent. Le nombre d'équipes varie habituellement entre 20 et 22, avec chacune huit coureurs. Après chaque étape, les temps des coureurs sont ajoutés avec leurs temps précédents. Le coureur avec le temps total le plus faible est classé premier du classement général et porte le très convoité maillot jaune le distinguant des autres coureurs. Le classement général est le plus réputé des classements car il détermine le vainqueur du Tour, mais d'autres classements secondaires sont organisés lors du Tour : le classement par points pour les sprinteurs, le classement de la montagne pour les grimpeurs, le classement des jeunes pour les coureurs de 25 ans et moins, et le classement par équipes pour les équipes les plus rapides à l'arrivée des Champs Élysées.
Quatre coureurs ont remporté cinq fois le Tour de France : Jacques Anquetil, Eddy Merckx, Bernard Hinault et Miguel Indurain. Lance Armstrong, vainqueur de sept Tours entre 1999 et 2005, fut le recordman jusqu'en 2012 lorsque ses sept victoires furent effacées pour cause de dopage. Christopher Froome est toujours en activité, avec quatre succès à son actif. La Colombie et l'Amérique Latine connaissent un premier succès avec Egan Bernal lors de l'édition 2019.
Histoire
Création du Tour de France
À la fin du xixe siècle, le quotidien Le Vélo qui tire à 300 000 exemplaires détient le monopole de la presse spécialisée dans le sport. Son rédacteur en chef, Pierre Giffard, associe son journal à ses engagements personnels et prend position dans les colonnes de son quotidien en faveur du capitaine Dreyfus, ce qui déplaît aux industriels du cycle et de l'automobile, pour la plupart antidreyfusards et qui financent son journal par la publicité.
Une du journal L'Auto du 19 janvier 1903 En juin 1899, le comte Jules-Albert de Dion, un homme politique d’extrême droite antidreyfusard et industriel fondateur de la marque De Dion-Bouton, pionnier de l'automobile, est condamné à quinze jours de prison pour son implication dans une bagarre provoquée par des antidreyfusards, au lendemain du cassement de la condamnation du capitaine Dreyfus, lors d'une réunion publique en présence du président de la République, Émile Loubet. Pierre Giffard critique alors publiquement l'engagement politique du comte de Dion et demande sa démission de la présidence de l'Automobile Club de France. De là naît un conflit entre les deux hommes, qui pousse notamment Pierre Giffard à ne plus faire mention des voitures De Dion-Bouton dans les pages de son journal. Le comte de Dion prend alors ses distances avec Pierre Giffard et décide de créer son propre journal, L'Auto-Vélo. Il est appuyé dans sa démarche par d'autres industriels du cycle et de l'automobile, dont Adolphe Clément, Édouard Michelin ou le baron Étienne van Zuylen van Nyevelt, président de l'Automobile Club de France, qui s'indignent également des tarifs publicitaires pratiqués par Pierre Giffard pour son journal.
Ils confient la direction de ce nouveau quotidien à Henri Desgrange, ancien coureur cycliste et premier recordman de l'heure, mais également spécialiste de la presse sportive puisqu'il a officié en tant que directeur d'un quotidien alors disparu, Paris-Vélo, et dirige la rubrique cycliste et automobile du journal L'Outsider depuis juin 1899. Alors que Le Vélo est publié sur papier vert, Henri Desgrange fait éditer son quotidien L'Auto-Vélo sur papier jaune et affirme son programme, le soutien de l'industrie automobile et cycliste. Lancé le 16 octobre 1900 à l'occasion de l'Exposition universelle et des Jeux olympiques de Paris, le quotidien est condamné le 2 janvier 1903 pour usurpation de titre lors d'un procès intenté par les directeurs du quotidien Le Vélo. Ne pouvant plus comporter le mot vélo, le journal est alors rebaptisé L'Auto
Alors qu'il craint que les lecteurs passionnés de cyclisme ne se détournent de son quotidien à cause de sa nouvelle appellation, Henri Desgrange sollicite ses collaborateurs afin d'élaborer une course qui dépasserait en renommée celles organisées par Le Vélo, tout en favorisant les ventes de L'Auto. Lors d'une conférence de rédaction suivi d'un déjeuner dans une brasserie parisienne, le journaliste Géo Lefèvre propose alors à son patron d'organiser une course cycliste qui ferait le tour de la France. D'abord sceptique, Henri Desgrange approuve finalement le projet. Le 19 janvier 1903, L'Auto annonce dans sa une la création du Tour de France, « la plus grande épreuve cycliste jamais organisée
Ce qui a changé
Les articles relatifs aux contrats et à la famille sont ceux qui ont le plus changé.
La famille
En 1804, pour le Code civil, la famille avait un chef qui était le mari, et la femme en cas d'incapacité ou de décès. Il avait, en principe, les pouvoirs de direction de la famille. Lors de son mariage, la femme était considérée comme « mineure » soumise à la puissance maritale et sa capacité juridique était restreinte, mais pas pour ses propres affaires si elle était mariée sous le régime de la séparation de biens et qu'elle était commerçante. Dans les faits, l'influence relative de l'homme et de la femme dans la direction de la famille dépendait beaucoup de leurs personnalités respectives. Par ailleurs, les enfants adultérins non reconnus n'avaient aucun droit.
En 1970, la fonction de chef de famille a été supprimée, aucun époux n'ayant de voix prépondérante pour les décisions relatives à la famille ; la « puissance paternelle » a été remplacée par l'« autorité parentale ». L'égalité des droits des enfants nés hors du mariage avec ceux nés d'un couple marié a été proclamée par la loi no 72-3 du 3 janvier 1972. En 1975, la loi sur le consentement mutuel rend le divorce plus facile et moins conflictuel.
L'insertion en 1999 d'un titre sur le pacte civil de solidarité (PACS) et le concubinage, est l'une des retouches les plus visibles des dernières années. En 2013, l'article 143, donne accès au mariage aux personnes de même sexe.
Certains articles du Code civil, souvent peu utilisés, réapparaissent à l'occasion de certaines affaires. Tel est le cas, par exemple, des dispositions de l'article 180 du Code civil permettant la demande en nullité du mariage (voir : Affaire de l'annulation d'un mariage pour erreur sur la virginité de l'épouse).
Les contrats
L'article 1781, consacrant la parole de l'employeur (« le maître ») contre celle du salarié (« domestique », « ouvrier ») en cas de contestation sur la quotité des gages, sur le paiement du salaire et sur les acomptes, a été abrogé par une loi du 2 août 1868.
Les libertés contractuelles ont également changé. Si le Code civil considère chaque partie comme étant égale, le salarié et le consommateur (généralement considérés comme la partie la plus « faible » du contrat : n'ayant concrètement que le droit de refuser ou d'accepter un contrat rédigé par son cocontractant) bénéficient désormais de régimes juridiques spéciaux, régis notamment par le Code du travail et le Code de la consommation respectivement.
Autres domaines
La propriété immobilière est devenue beaucoup plus encadrée par des règles d'urbanisme, des droits de préemption et des statuts suivant sa destination comme pour les exploitations agricoles.
Ce qui a été conservé
Certaines parties du Code civil ont été peu modifiées, surtout le Livre un sur les principes généraux. Les règles de théorie générale des contrats, des contrats spéciaux, les principes gouvernant l'usucapion et le régime de la propriété sont demeurés presque intacts. Les articles sur les servitudes, les clôtures, les vues, qui étaient déjà repris mot-à-mot de la Coutume de Paris, sont quasiment restés inchangés depuis sa première rédaction au xve siècle.
L'économie générale du droit des sûretés, l’organisation du système de publicité foncière, le statut du conservateur des hypothèques et sa responsabilité personnelle demeureront sans changement notable. Toutefois le Code civil revenait sur certaines dispositions de la loi du 11 brumaire an VII et n'imposait que la transcription obligatoire des donations et l’inscription d’une partie des privilèges et des hypothèques.
Au motif que le secret des fortunes est un élément de la liberté individuelle, les rédacteurs n’avait retenu que la transcription des actes translatifs à titre onéreux aux fins de purge (et non la transcription de toutes les transmissions à titre onéreux) ; de nombreuses sûretés restaient générales (portant sur l’ensemble du patrimoine d’un individu, et non sur un bien spécifié) et occultes (non connues des tiers). C'est la loi du 23 mars 1855 qui rétablira la publication des actes et jugements translatifs ou constitutifs de droits réels immobiliers.
Le projet de loi ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe (« mariage pour tous ») dans son étude d'impact estime nécessaire la modification de certains articles contenant les mots « père » et « mère » dans le code civil. Cependant, cette modification n'a pas eu lieu malgré l'adoption du mariage homosexuel.
Articles célèbres
Article 2 : « La loi ne dispose que pour l'avenir ; elle n'a point d'effet rétroactif ».
Article 3 : « Les lois de police et de sûreté obligent tous ceux qui habitent sur le territoire. Les immeubles, même ceux possédés par des étrangers, sont régis par la loi française. Les lois concernant l'état et la capacité des personnes régissent les Français, même résidant en pays étrangers. »
Article 9 (ajouté en 1970) : « Chacun a droit au respect de sa vie privée ». Par ailleurs, le Conseil constitutionnel considère que ce droit découle de la liberté proclamée par l'article 2 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789. Il a donc valeur constitutionnelle.
Droit de propriété
« La propriété est le droit de jouir et de disposer des choses de la manière la plus absolue, pourvu qu'on n'en fasse pas un usage prohibé par les lois ou par les règlements »
— Article 544
Le droit de propriété est un principe énoncé comme « inviolable et sacré » par la Déclaration des droits de l'homme de 1789. Il est « absolu » (le propriétaire use de la chose comme il l'entend), sous réserve des interventions du législateur ; l'art. 545, en particulier, précise que la propriété privée devait céder devant l'« utilité publique », prévoyant l'expropriation et son indemnisation. Il est exclusif, malgré l'émergence de la copropriété. Il est perpétuel, mis à part en cas d'abandon ou de perte. Le droit de propriété sur les immeubles ne s'éteint jamais, la commune sur le territoire de laquelle l'immeuble est situé devenant propriétaire des immeubles abandonnés. Enfin, le droit de propriété ne se perd pas par le non-usage (pas de prescription extinctive).
Outre la propriété privée, les art. 537 à 541 prévoyaient l'existence d'un domaine public constitué de choses n'appartenant à personne (« res communis »). Les mines (art. 552), les forêts (art. 636), la chasse et la pêche (art. 715) étaient également protégées par certaines dispositions limitant la propriété privée. Des servitudes, notamment de passage, étaient préservées, et la propriété sur les cours d'eau limités par les services fonciers afin de permettre l'irrigation ou la disposition d'eau potable pour une agglomération.
Liberté contractuelle
« Les contrats légalement formés tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faits. »
— Article 1103 du Code civil
Le principe est donc la liberté contractuelle, tant en ce qui concerne le contenu du contrat que la personne du cocontractant. À l'origine, il n'était pas question d'autonomie de la volonté, l'art. 1 134 précisant qu'il fallait qu'elles soient « légalement formées » pour avoir force de loi, l'art. 1 135 rappelant le rôle de la loi dans la détermination du contenu des conventions.
La limite la plus célèbre résulte de l'article 6 [archive], rappelée à l'art. 1 133 :
« On ne peut déroger, par des conventions particulières, aux dispositions qui intéressent l'ordre public et les bonnes mœurs »
— Article 6
Responsabilité extra-contractuelle
« Tout fait quelconque de l'homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la faute duquel il est arrivé, à le réparer. »
— Article 1240
Le principe selon lequel toute faute génératrice d'un dommage entraîne la responsabilité de celui qui en est l'auteur avait été formulé et développé par Jean Domat. Avec le code civil, ce principe entre dans le droit positif et l'obligation de réparer n'est plus seulement causée par une faute délictuelle ou contractuelle : il suffit de prouver l'existence d'une faute « quelconque ». Ainsi, l'action en réparation du dommage n'est plus seulement ouverte en tant que partie civile dans une instance pénale, mais directement auprès d'une juridiction civile. C'est pourquoi on parle, pour désigner ces fautes civiles non contractuelles, de quasi-délit.
Le Code civil des Français, appelé usuellement « Code civil » (souvent abrégé en "C.civ.", « C. Civ. » ou « CC »), « Code Napoléon » ou encore « Code napoléonien », regroupe les lois relatives au droit civil français, c’est-à-dire l'ensemble des règles qui déterminent le statut des personnes (livre Ier), celui des biens (livre II) et celui des relations entre les personnes privées (livres III et IV).
Promulgué le 21 mars 1804 (30 ventôse an XII), par Napoléon Bonaparte, il reprend une partie des articles de la coutume de Paris et du droit écrit du Sud de la France. Modifié et augmenté à de nombreuses reprises à partir de la IIIe République, plus de la moitié des articles primitifs des titres II et III subsistent (plus de 1 120 au début des années 2000 sur les 2 281 articles d'origine).
Le Code civil français constitue le statut des personnes de nationalité française, de leurs familles et de leurs relations (excepté pour les Français habitant en Nouvelle-Calédonie et Wallis-et-Futuna qui, en vertu de l'article 75 de la Constitution de 1958, n'ont pas opté pour le statut de droit commun et qui possèdent le statut civil coutumier).
Ce texte a été beaucoup modifié depuis la IIIe République mais reste, aujourd'hui encore, le fondement du droit civil français et, plus largement, de tout le droit français. Le doyen Jean Carbonnier disait ainsi du Code civil qu'il est « la constitution civile des Français ».
Son domaine est en effet extrêmement large :
le droit des personnes (le nom, le statut de la personne, la personnalité juridique, les incapacités, c'est-à-dire les conditions permettant de passer des actes, d'être propriétaire de biens, etc.),
le droit de la famille (filiation, mariage (civil), pacs, divorce), le droit patrimonial de la famille (régimes matrimoniaux, libéralités, successions),
le droit des biens (quels types de biens, meubles ou immeubles, la propriété, la possession),
le droit des obligations et des contrats,
ainsi que dans le livre I des principes généraux du droit, comme :
la nullité des lois non publiées (art. 1),
la question de la non rétroactivité des lois et leur caractère général (art. 2),
le caractère obligatoire pour les étrangers et leurs biens des règlements de sûretés et de police (art.3),
l'obligation pour le juge de se prononcer sur toutes les causes qui lui sont soumises (art.4),
l'interdiction de donner un caractère général et réglementaire à ses décisions (art.5),
la nullité des contrats dont l'objet est contraire aux bonnes mœurs ou à l'ordre public (art.6),
ainsi que le principe de la prescription trentenaire des droits et des actions et ses dérogations.
Le Code civil des Français a inspiré le système juridique de nombreux pays, soit sous forme d'adoption directe, soit sous la forme d'une influence assez forte
L'élaboration du code
Systèmes juridiques en France sous l'Ancien Regime : pays de droit coutumier et pays de droit écrit Genèse (de 1793 à 1800)
Une politique d'unification du droit avait déjà été tentée depuis longtemps dans la société d'Ancien Régime, mais comme les rois de France ne possédaient pas le pouvoir de changer les lois civiles, ce travail se faisait lentement par l'unification de la jurisprudence et des travaux de doctrine publiés par des jurisconsultes. Une initiative importante avait été faite par Louis XIV avec l'édit de Saint-Germain-en-Laye d'avril 1679 qui rend obligatoire un enseignement du « droit français » dans les facultés de droit et crée des professeurs de « droit français » dans les universités. C'est avec la publication des Lois civiles dans leur ordre naturel (1689), par Jean Domat qu'apparaît la première œuvre de synthèse du droit civil français; elle rend possible le processus de fusion des multiples coutumes locales (et du droit romain) en un droit uniforme, autour de la Coutume de Paris. Elle est suivie par de nombreux autres ouvrages de doctrine tout aussi remarquables, depuis Le Droit commun de la France et la Coutume de Paris réduite en principes (1747) de François Bourjon, jusqu'aux recueils de Robert-Joseph Pothier. Des ordonnances qui simplifient et précisent les formes que doivent prendre les donations, puis les testaments, sont rédigées par le chancelier d'Aguesseau et prises en 1731 et 1745 par Louis XV.
Le philosophe Montesquieu qui défendait l'importance des corps intermédiaires était hostile à une uniformisation du droit : « Le mal de changer est-il toujours moins grand que le mal de souffrir ?... Lorsque les citoyens suivent les lois, qu'importe qu'ils suivent la même ? »
En 1793, 1794 et 1796, Jean-Jacques-Régis de Cambacérès présenta successivement trois projets de Code civil qui échouèrent devant les assemblées révolutionnaires :
Le 25 juin 1793, la Convention décréta que le comité de législation lui présenterait un projet de Code civil dans un mois. Toutefois, la discussion, engagée par un rapport de Cambacérès le 9 août, fut abandonnée en novembre après l'adoption de quelques articles, le projet étant renvoyé à une commission de six « philosophes » chargés de « purger » le code des préjugés des hommes de loi
Puis, conformément au décret du 27 germinal an II (16 avril 1794), la Convention élit le 3 floréal (22 avril 1794) une commission parlementaire composée de Cambacérès, Couthon et Merlin de Douai (Cambacérès et Merlin appartenant l'un et l'autre au comité de législation) et « chargée de rédiger en un code succinct et complet les lois qui ont été rendues jusqu'à ce jour, en supprimant celles qui sont devenues confuses ». Le 23 fructidor an II (9 septembre 1794), Cambacérès présenta un rapport sur le second projet de code, composé de 297 articles, qui conservait les grandes lignes du précédent projet, au nom du comité de législation. En frimaire an III (décembre 1794), la Convention adopta les dix premiers articles, puis la discussion s'enlisa sur le droit des enfants naturels. Au bout du compte, en fructidor an III (septembre 1795), l'examen du code fut renvoyé devant une commission chargée de « réviser et coordonner » les articles adoptés durant les diverses discussions, enterrant le second projet.
Enfin, à la fin de 1795, une commission de classification des lois, présidée par Cambacérès, fut élue ; Jean-Étienne-Marie Portalis en était membre. En messidor an IV (juillet 1796), un troisième projet, plus complet, avec 1 104 articles, fut présenté. Après une intervention de Cambacérès à la tribune le 26 août 1796, un ordre de discussion fut adopté en l'an V et quelques articles adoptés, avant l'ajournement du débat en ventôse (mars 1797).
En fait, le Code civil uniforme était déjà presque entièrement rédigé à l'arrivée de Bonaparte au pouvoir (Coup d'État du 18 brumaire), mais les turbulences révolutionnaires n'avaient pas permis de valider le texte rédigé par Cambacérès.
Le régime du Consulat ayant enfin apporté à partir de 1799-1800 une certaine stabilité politique, le contexte était propice à la mise en forme effective de la codification du droit civil :
Bonaparte possédait la volonté d'un chef d'État, volonté d'unification politique et de puissance de l'État qui implique l'unification du droit,
la Révolution de 1789 a « contribué » au renouvellement des idées,
la nécessité de concrétiser le règne de la Loi semblait un impératif,
sur le fond, après dix années de Révolution, les Français aspiraient à la paix sociale et à la stabilité,
Bonaparte désirait en outre garantir un minimum de libertés civiles au citoyen.
Jacques, marquis de Maleville (1741-1824), président du tribunal de cassation, Auguste Gaspard, baron Boucher-Desnoyers (1779-1857), huile sur toile (1re moitié xixe siècle), Musée de l'Histoire de France (Versailles).On peut voir derrière le magistrat un volume du « Code Napoléon ». Ce fut le 14 août 1800 que le Premier consul désigna une commission de quatre éminents juristes : François Denis Tronchet, Félix Julien Jean Bigot de Préameneu, Jean-Étienne-Marie Portalis et Jacques de Maleville pour rédiger le projet de « Code civil des Français », sous la direction de Cambacérès.
Ces derniers furent choisis, entre autres, car chacun reflétait une partie du droit positif :
Bigot de Préameneu était un spécialiste de la Coutume de Bretagne (une coutume plutôt rurale),
Tronchet, président de la commission, était un spécialiste de la Coutume de Paris (cette coutume était la plus complète, elle suppléait les manques des autres coutumes),
Maleville, secrétaire général, originaire du Périgord, pays de droit écrit influencé par le droit romain (dont il est l'un des grands défenseurs).
Portalis enfin, était du Sud-Est (Aix), pays de droit écrit, il connaissait parfaitement le droit romain.
Parmi les grands noms du Conseil d'État sous l’Empire se détache aussi la figure de Jean Guillaume Locré. Nommé secrétaire général du Conseil d'État le 24 décembre 1799, Jean Guillaume Locré gardera ce poste sous le Consulat, l’Empire et les Cent-Jours, ce qui a fait de lui, en sa charge de seul rédacteur des procès-verbaux des séances, le principal observateur de la rédaction du Code civil mais également un éminent commentateur comme jurisconsulte.
Rédaction
Publication d'avant la numérotation des articles, avec pour chaque séance les discours des orateurs du gouvernement et les réponses. Les quatre rédacteurs proviennent de lieux très différents ; deux sont de pays de droit écrit (Portalis et Maleville), et les deux autres, de pays de droit coutumier (Bigot de Préameneu et Tronchet). Leurs intentions sont le plus clairement exprimées dans le fameux discours préliminaire prononcé par Portalis lors de la présentation du premier projet (Projet de l'an VIII) en 1801.
Le Code reprend de nombreuses dispositions du Code Justinien (Institutes, Digeste) à travers l'influence de Pothier, il reprend aussi de nombreuses dispositions de la Coutume de Paris, en particulier pour les servitudes. Son plan, qui a été adopté sans être discuté, est proche de celui des Institutes, mais c'est une disposition classique dans l'enseignement et depuis la parution de la grande synthèse du droit civil de Domat.
Le plan des Institutes comprend trois parties :
Les personnes,
les choses,
les actions.
Le plan du Code civil se sépare à l'origine en quatre livres :
Des personnes,
Des biens et des différentes modifications de la propriété,
Des différentes manières dont on acquiert la propriété.
Un livre sur la procédure (retiré ultérieurement quand un code l'a régi)
Le philosophe du droit et romaniste Michel Villey a mis en évidence un processus de subjectisation du droit. Alors que le droit romain décrivait les choses, on considère à partir du xvie siècle que c'est la personne qui est le sujet de l'action sur la chose et qu'il faut donc décrire ses moyens.
Le Code civil consacre la disparition de la famille clan ou souche, avec un chef, un patrimoine et un renom collectifs, qui devait assistance et protection, voire vengeance, dot et établissement à ses membres : le mariage est permis à tous, le partage égal est de rigueur, tandis que sont interdits les pactes sur succession future, ainsi que les actions des enfants contre leurs père et mère pour cause d'établissement. La famille perd sa personnalité juridique de mainmorte, l'indivision familiale est pénalisée par un régime d'instabilité, et sa division entre tous les enfants est rendue obligatoire à chaque génération.
Le Code civil s'intéresse particulièrement à la propriété, dont la théorie est entièrement renouvelée à partir du droit romain, et aux contrats inter-individuels qui correspondent bien à la philosophie libérale des notables (bourgeoisie urbaine, mais aussi, plus généralement, l'ensemble des propriétaires terriens). L'engagement des personnes, qui regroupe les salariés, les fermiers, et les fournisseurs, est traité comme celui des choses dans la catégorie du louage et laissé à la libre volonté des parties contractantes. Le Code civil conserve des conventions non contractuelles, avec les quasi-contrats, et des engagements sans conventions avec les quasi-délits dont il reprend la théorie chez Domat.
Procédure de validation
La commission est composée des rédacteurs, qui établissent un projet, soumis pour avis aux Tribunaux (tribunal de cassation et tribunaux d'appel) ; les cours établissent leurs commentaires par écrit. Le projet (accompagné des observations des magistrats) est ensuite examiné par le Conseil d'État en présence du Premier consul.
La Constitution de l'an VIII attribue l'initiative législative exclusivement au gouvernement, à l'intérieur duquel le premier consul s'impose. Bonaparte contrôle donc la procédure.
Le projet a été subdivisé en un Livre préliminaire, et en trois autres livres, composant en tout 36 titres.
Chacun des 36 titres devait faire l'objet d'un projet de loi, avec la procédure suivante :
Discussion du projet de loi ;
Première rédaction du projet de loi ;
Discussion de la première rédaction, suivie d'une deuxième rédaction ;
éventuellement, autres discussions de la deuxième rédaction, et ainsi de suite jusqu'à une rédaction définitive.
Assistaient aux séances d'examen : Boulay de la Meurthe, Berlier, Thibaudeau, Emmery, Réal, Bigot de Préameneu, Régnier, et Abrial. Elles étaient présidées par le premier consul, par le deuxième consul Cambacérès (en l'absence du premier consul). Locré, secrétaire général du Conseil d'État, établissait les procès-verbaux de chaque séance.
Chaque projet de loi définitif devait être communiqué au Tribunat qui le discutait, puis présenté au Corps législatif, qualifié d'assemblée muette, car chargé de voter sans avoir le droit de discuter les textes. Il est clair que les assemblées n'avaient finalement que peu de poids dans une procédure législative aux mains du chef de l'État.
Déroulement
Le projet est d'abord soumis aux tribunaux d'appel et de cassation afin qu'ils fassent part de leurs observations.
Le Conseil d'État examine le projet et se serait réuni 102 fois à cette fin, selon Locré, rédacteur des procès-verbaux (il n'y a que 84 procès-verbaux dans les cinq volumes de Locré). La procédure a duré presque trois ans, du 17 juillet 1801 au 19 mars 1804. Ayant été nommé Secrétaire général du Conseil d'État à la suite du coup d'État du 18 fructidor an V, Jean Guillaume Locré gardera ce poste sous le Consulat, l’Empire et les Cent-Jours, participant ainsi à la rédaction du Code Civil.
Présenté à l'Assemblée, le Tribunat s'oppose car dominé par les Républicains mais cette opposition est en fait dirigée contre la volonté politique. Le projet est retiré et Napoléon épure le Tribunat en manœuvrant : il envoie les récalcitrants devant leurs électeurs, Benjamin Constant le premier.
Le Code civil est alors voté sans difficulté, sous la forme de 36 projets de loi, entre 1803 et 1804. Il est promulgué par Bonaparte le 21 mars 1804 (30 ventôse an XII).
Dans le même mouvement, les autres codes civils et criminels sont promulgués :
Code de procédure civile en 1806 ;
Code de commerce en 1807, révision d'un code déjà élaboré sous Louis XIV ;
Titre III du Code pénal de 1810, remplaçant le Code pénal de 1791 ;
Titres I et II du Code d'instruction criminelle de 1808, remplaçant le Code des délits et des peines de 1795, et devenu le Code de procédure pénale en 1959.
Comme Napoléon Bonaparte participa à plusieurs séances de travail et le promulgua, ce code est aussi connu sous le nom de Code Napoléon. Dans plusieurs pays d'Europe, cette appellation rappelle surtout qu'il y fut « importé » lors des guerres napoléoniennes.
Objectifs
Le Code Napoléon visait à unifier le droit en conciliant Révolution et Ancien Régime. Cette volonté se traduit dans plusieurs objectifs :
que la loi soit écrite et qu'elle soit claire, afin que chacun connaisse son droit ;
la laïcité. Conformément à la loi de 1792, l'état civil est tenu par les communes et non plus par les paroisses. Le mariage relève de la loi civile tandis que le divorce est maintenu, bien qu'il soit très limité par rapport à la loi de 1792 ;
la propriété immobilière devient individuelle (toutes les communautés institutionnelles de voisinage, de métiers ou autres ont été dissoutes, leurs biens ont été liquidés) ;
l'engagement du personnel, appelé « louage d'ouvrage et d'industrie » (englobant les contrats d'entreprise, de travail et de mandat), devient absolument libre (les corporations et les syndicats d'ouvriers sont interdits), la liberté du travail est totale.
En unifiant les pratiques issues de l'Ancien Régime et en les modernisant suivant les principes des Lumières, le Code civil a fondé les bases du droit moderne, tant en France que dans de nombreux autres pays conquis lors des Guerres napoléoniennes et dès lors rentrés dans la tradition romano-civiliste (par opposition aux pays de common law).
Il faudra un siècle pour que son individualisme s'efface et que les associations et syndicats puissent se constituer librement (loi Waldeck-Rousseau de 1884 et loi sur les associations de 1901). Émergeront alors conventions collectives, un droit foncier pour le voisinage (copropriétés) et l'aménagement (droit rural et droit de l'urbanisme).
Un des sujets les plus discutés lors des votes fut celui de la lésion. L'idée d'un juste prix défendue par l'Église interdisait que soit vendu un bien à un prix « injuste ». Concrètement une partie à un contrat de vente pouvait faire annuler le contrat en soutenant qu'il avait payé trop cher. Sous l'influence des idées libérales, il fut finalement décidé de cantonner la rescision pour lésion à la vente d'immeuble ou aux contrats conclus par certaines parties faibles.
Dans son fameux Discours préliminaire, Portalis qualifie le travail des quatre auteurs de « transaction entre le droit écrit et les coutumes ». Ils estiment la Révolution finie et l'heure à la réconciliation.
Postérité
Dans un premier temps, la doctrine est très respectueuse du Code civil, Napoléon ayant pris soin d'octroyer un monopole de l'enseignement du « droit français » à l'Université impériale. Les commentateurs majeurs de la période dite de l'exégèse sont : Jean Guillaume Locré et Merlin de Douai.
On trouve aussi parmi les commentateurs: Claude Delvincourt, Charles Toullier, Jean-Baptiste Proudhon, Pierre-Antoine Fenet, Alexandre Duranton, Antoine-Marie Demante, Raymond-Théodore Troplong, Jean-Baptiste-César Coin-Delisle, Jean-Baptiste Duvergier, Charles Demolombe, François-Philippe Mottet. Aubry et Rau se distinguent par leur influence allemande.
Bien que prévu pour être gravé dans le marbre, les principes du Code civil étaient centrés autour de la personne du citoyen-propriétaire, du bourgeois, la propriété privée, et notamment le foncier (le fonds rural, et, en moindre partie, les biens immeubles) en fournissaient le socle. La Révolution industrielle met cependant cela à mal, avec le développement des valeurs mobilières (société anonyme, etc.). Dès les années 1830, Pellegrino Rossi déplore, dans un discours à l'Académie des sciences morales, l'inadaptation du Code civil à ces nouvelles exigences.
Pendant le Second Empire, le Code, qui était redevenu « Code civil » sous Charles X, est rebaptisé « Code Napoléon ».
Une aura internationale
Le Code a inspiré le système juridique et en particulier le droit civil de nombreux pays, d'où les pays dits de droit « napoléonien » ou romaniste, sous-groupe de la tradition romano-civiliste.
De nombreux pays dans le monde se sont inspirés — de gré ou de force — de la branche napoléonienne du droit civiliste formalisée par le Code civil français, dont la base est majoritairement le ius commune. Le droit civiliste est même le système juridique le plus répandu dans le monde devant la common law. En outre, son influence a permis à l'idée de codification de se propager.
Plusieurs pays et territoires ont repris directement le Code napoléonien dans son plan et, mutatis mutandis, son contenu. Ailleurs, il s'agit plus d'une inspiration.
Adoption directe
Même si le texte a évolué séparément dans chaque pays au gré des évolutions et transformations sociales, économiques et politiques, le Code civil français constitue aujourd'hui encore la base du code civil belge et de ceux du Luxembourg et de Monaco.
Le Code Napoléon est également toujours en vigueur dans l'île Maurice, laissé en place après la conquête britannique, même s'il a quelque peu évolué par la suite.
Le Code civil fut également utilisé dans les grand-duchés de Bade et de Berg ainsi qu'en Rhénanie, occupée par la France de 1800 à 1814, puis rattachée à la Prusse, jusqu'en 1900. Le grand-duché de Varsovie, créé par Napoléon pour redonner un État aux Polonais en 1807, conserva le Code civil jusqu'en 1946. La ville libre de Cracovie appliqua le Code civil jusqu’en 1846. Le Code civil napoléonien fut par ailleurs d'application directe dans le territoire indépendant de Moresnet neutre de 1815 à 1919.
Le Code civil fut enfin introduit par la France dans la plupart des pays qui ont composé son empire colonial. Cela a contribué à lui donner un rayonnement dans toutes les parties du monde. Ainsi, l'Afrique du Nord, l'Afrique noire française et certains pays d'Asie ont adopté le Code civil et l'utilisent encore. Le Sénégal a réformé récemment le Code civil et le nouveau texte reprend pour la plus grande part le code français.
Inspiration
Le Code du royaume des Deux-Siciles de 1819 s'en inspira, mais également le Code néerlandais de 1837, le Code neuchâtelois de 1855, le Code roumain de 1864, le Code italien de 1865 ou encore les codes portugais (1867) et espagnol (1889). L'État de Louisiane utilisa le Code Napoléon comme source de base de son propre code, le Digeste de la loi civile de 1808, de même que le Code civil haïtien de 1826 et le Code civil du Bas-Canada de 1866. Au xixe siècle, tous les pays d'Amérique latine s'inspirèrent du Code Napoléon dans leurs codifications civiles, en particulier à travers l'œuvre d'Andrés Bello, auteur du Code civil du Chili (1855). L'utilisation du Code civil dans certains États allemands contribue ainsi à des influences sur le BGB (Code civil allemand).
Actualité française
| mars |
20/03/03 | Henri Matisse, André Derain et Maurice de Vlaminck exposent leurs toiles au Salon des indépendants, à Paris. |
| avril |
02/04/03 | ligne no 2 du métro parisien |
| mai |
01/05/03 | voyage à Paris du roi Édouard VII, visant à renouer des contacts avec la France après l’affaire de Fachoda, afin de jeter les bases de l'Entente cordiale. |
17/05/03 | affrontement entre catholiques et socialistes à Paris sur la question des congrégations. |
20/05/03 | signature entre la Grande-Bretagne et la France de deux conventions de bail concernant les Enclaves de Forcados et Badjibo, sur le fleuve Niger, dans l'actuel Nigeria. |
| Décret réorganisant en profondeur la Gendarmerie française. |
23/05/03 | première liaison téléphonique entre Paris et Rome. |
| juin |
07/06/03 | collision de deux paquebots, le « Liban » et le l’ « Insulaire » au large de Marseille. |
| juillet |
00/07/03 | Juillet : voyage d'Émile Loubet à Londres. |
01/07/03 | départ du 1er Tour de France. Au terme d'une course de 2 428 km, Maurice Garin remporte la course. |
11/07/03 | loi sur l’hygiène et la sécurité dans les ateliers |
14/07/03 | inauguration de la Statue de la liberté de Bartholdi de Poitiers en l'honneur du général Berton qui fut guillotiné sur la place du Pilori (aujourd'hui Place de la Liberté), en 1822. |
14/07/03 | affaire de Fort Crampel ; en Oubangui-Chari, un administrateur des colonies, Georges Toqué, et un commis des affaires indigènes, Fernand Gaud, font exécuter Pakpa, ancien guide, en lui introduisant dans l'anus une cartouche de dynamite. L'affaire est révélée en métropole par la presse en 1905. Une mission d'inspection dirigée par Savorgnan de Brazza est envoyée sur place en avril 1905 pour enquêter sur les exactions commises par les coloniaux ; Brazza meurt sur le chemin du retour en septembre 1905 et son rapport accablant n'est jamais publié. |
| août |
10/08/03 | incendie sur la ligne 2 du métro parisien : 84 morts à la station Couronnes. |
17/08/03-20/08/03 | victoire française sur les nomades zayanes à la bataille de Taghit dans le Sud-oranais. |
| septembre |
01/09/03 | ouverture de la maison de couture Paul Poiret à Paris. |
02/09/03 | victoire française sur les Marocains à la bataille d'El-Moungar dans le Sud-oranais. |
| octobre |
31/10/03 | ouverture à Paris, dans les caves du Petit Palais, à l'initiative de l'architecte belge Frantz Jourdain (1847-1935), grand amateur d'art et président du syndicat de la critique d'art, du 1er salon d'automne : Bonnard, Matisse, Picabia, Gauguin… |
Naissances | Décès | Identité | Profession | N |
21 janvier 1903 | 30 octobre 1967 | Émile Savitry | photographe français | fr |
21 février 1903 | 25 octobre 1976 | Raymond Queneau | écrivain et poète | fr |
19 mars 1903 | 4 mai 1992 | Henri Guillemin | historien, conférencier et polémiste | fr |
8 juin 1903 | 17 décembre 1987 | Marguerite Yourcenar | écrivain | fr |
7 juin 1848 | 8 mai 1903 | Paul Gauguin | peintre postimpressionniste. Chef de file de l'École de Pont-Aven et inspirateur des Nabis | fr |
François Bayrou mis en examen pour complicité de détournement de fonds publics
Publié le 06/12/2019 à 22h48. Mis à jour à 22h56.
Le président du MoDem et maire de Pau a quitté ce vendredi soir le pôle financier du tribunal de Paris. Il est mis en examen pour complicité de détournement de fonds publics
Le président du MoDem et maire de Pau, François Bayrou, a été mis en examen ce vendredi pour complicité de détournement de fonds publics. Il était arrivé peu avant 9 h 30 au pôle financier du tribunal de Paris, accompagné de son avocat, pour être entendu par la juge Charlotte Bilger, chargée de cette enquête au long cours qui ébranle depuis plusieurs semaines le parti centriste.
Avant François Bayrou, une douzaine de responsables du mouvement avaient déjà été poursuivis dans cette affaire depuis la mi-novembre, parmi lesquels Michel Mercier, l’ancien garde des Sceaux du gouvernement Fillon, trésorier du MoDem jusqu’en 2009, Sylvie Goulard, l’éphémère ministre de la Défense du gouvernement Philippe et eurodéputée de 2009 à 2017, et Marielle de Sarnez, numéro 2 du MoDem et actuelle présidente de la commission des Affaires étrangères à l’Assemblée nationale.
Les juges, qui enquêtent sur cette affaire depuis 2017, soupçonnent des collaborateurs d’eurodéputés MoDem d’avoir été rémunérés par des fonds du Parlement européen alors qu’ils étaient affectés à d’autres tâches pour le parti centriste, ce qui constituerait un système d’emplois fictifs. L’enquête, ouverte pour « abus de confiance » et « détournement de fonds publics », porte sur la législature 2009–2014 mais aussi, dans une moindre mesure, sur les précédentes.