Un jour.... une histoire....

Un jour... une histoire... 15 mars 1667

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Un jour... une histoire... 15 mars 1667

 

Gabriel Nicolas de La Reynie

 

15 mars 1667

Paris se dote d'une police moderne
 
 
 
Le 15 mars 1667, par un édit signé à Saint-Germain-en-Laye, le roi Louis XIV confie à Gabriel Nicolas de La Reynie (42 ans), un magistrat originaire de Limoges, la charge de lieutenant de police de Paris. C'est l'acte de naissance de la police moderne.
 
 
 
 
Une capitale indigne du Roi-Soleil
 
 

Le jeune roi, qui vit encore au Louvre, tolère mal l'insécurité et la saleté de la capitale. Paris, qui attire des gens de tout le royaume depuis le Moyen Âge, compte alors un demi-million d'habitants dont environ 30.000 larrons et mendiants.

 

Déguisés en estropiés, ces derniers, pendant la journée, harcèlent le chaland en tout point de la capitale. Mais la nuit, ils se replient dans un quartier mal famé adossé à l'ancienne enceinte de Charles V, près de la porte Saint-Denis. Ils «ne sont pas plutôt de retour chez eux, qu'ils se dégraissent, se débarbouillent et deviennent sains et gaillards en un instant» (Dictionnaire historique de Paris, 1779). Cette transformation proprement «miraculeuse» vaut au quartier l'appellation ironique de «Cour des miracles» !

 

Pour faire face à cette engeance, la capitale dispose avant la nomination de La Reynie de guets, gardes et polices inefficaces, mal gérées et rivales. Le gouvernement de Louis XIV tente aussi de chasser les mendiants de l'espace public. En 1656, il crée un «hôpital général des pauvres» qui regroupe plusieurs établissements hospitaliers de la capitale et somme les mendiants soient de s'y rendre, soit de quitter la ville. C'est un échec.

 

 

Un policier en odeur de sainteté
 

Le nouveau lieutenant de police prend à cœur sa tâche. Installé au Châtelet, près de la Seine et de l'île de la Cité, il rassemble sous son autorité tous les corps de police (commissariats, prévôté de l'île, archers et exempts du guet, compagnie du lieutenant criminel). Il se fait représenter dans les 17 quartiers de la ville par 48 commissaires de police.

 

Il liquide aussi la Cour des miracles. Se rendant sur place avec des sergents à cheval et des soldats du guet, il fait ouvrir six brèches dans l'enceint de Charles V puis avertit au porte-voix les occupants qu'il va investir le lieu et que les douze derniers qui n'auront pas fui à temps seront pendus ou envoyés aux galères. Les truands ne se le font pas dire deux fois et s'enfuient par les brèches sans demander leur reste.

 

La Reynie n'a obtenu qu'une victoire provisoire car d'autres Cours des miracles se reconstitueront au fil des ans, nourries par la misère qui chasse des campagnes quantité de malheureux.

 

La Reynie se signale aussi par son zèle et son efficacité dans l'«Affaire des poisons», un sordide fait divers qui va jeter une ombre sur le règne du Roi-Soleil. Suite à l'arrestation et l'exécution d'une empoisonneuse, la marquise de Brinvilliers, le 17 juillet 1676, il lance ses limiers dans les milieux interlopes de Saint-Denis, où se pratique le commerce des poisons (aimablement qualifiés de «poudre de succession» car ils facilient les héritages). De fil en aiguille, de découvertes en accusations, ils remontent ainsi jusqu'à la Cour de Versailles et à l'entourage du roi, jusqu'à compromettre gravement la maîtresse en titre de celui-ci, Madame de Montespan.

 

Le lieutenant de police, plus tard lieutenant général de police, a une vision extensive de sa mission. Il fait ainsi installer l'éclairage public dans les rues à l'aide de lanternes afin d'en diminuer l'insécurité. Il développe aussi le pavage des rues et l'adduction d'eau et engage avec méthode la lutte contre les incendies et les épidémies, faisant de Paris l'une des métropoles les plus propres d'Europe... À bout de forces, il ne se retirera qu'en 1697, entouré de l'estime générale.

Un jour... une histoire... 13 mars 1881

Publié à 09:09 par acoeuretacris Tags : un jour 13 mars
Un jour... une histoire... 13 mars 1881

 

13 mars 1881 

assassinat du tsar Alexandre II
 
 
 
Le tsar Alexandre II est assassiné par de jeunes anarchistes le 13 mars 1881, le jour où il s'apprêtait à donner une Constitution à son pays et... annoncer son mariage avec sa jeune maîtresse....
 
 
 
 
Désappointement du tsar
 

Monté sur le trône le 2 mars 1855, à 37 ans, Alexandre II prend conscience du retard de son pays et engage sans attendre de courageuses réformes. Mais le 4 avril 1866, un étudiant, Dimitri Karakosov, tire sur lui et le manque de peu. Ce premier attentat contre la personne sacrée sème la consternation dans le pays. Une récidive a lieu le 1er juin 1867, lors d'une visite du tsar à Paris.

 

Le tsar, amer et troublé, interrompt les réformes libérales et se lance dans les aventures militaires, dans le Caucase, les Balkans et en Sibérie.

 

 

Poussée de fièvre
 
 

Chez les étudiants anarchistes, la fièvre ne descend pas. Serge Netchaïev, fils de paysan, disciple de Michel Bakounine et Pierre Proudhon, prône dans son Catéchisme révolutionnaire l'anéantissement de l'État et l'assassinat des opposants.

 

Beaucoup de jeunes bourgeois se proposent d'aller vers les moujiks des campagnes afin de les inviter à se soulever contre le régime. Cette «Marche vers le peuple» finit en mascarade.

 

Une organisation révolutionnaire secrète, du nom de «Zemlia i Volia» (Terre et Liberté), naît de cet échec en 1874. Son propos est radical : les révolutionnaires ne doivent compter que sur eux-mêmes pour en finir avec l'autocratie.

 

Le 9 janvier 1878, une jeune fille, Vera Zassoulitch, tire sur le général Trepov, chef de la police. Son procès tourne à celui de la victime, célèbre pour sa brutalité. Elle est acquittée. Il s'ensuit une émulation chez les révolutionnaires. D'autres attentats surviennent contre les représentants de la justice et de la police.

 

Le tsar lui-même essuie plusieurs coups de feu d'un forcené le 2 avril 1879, aux abords de son palais. C'est alors que naît une nouvelle organisation secrète, «Narodnaïa Volia» (La Volonté du Peuple). Elle se donne pour but d'assassiner le tsar en personne.

 

Le tsar est désormais traqué comme une bête fauve. Il échappe à un attentat qui détruit le train de sa suite, une autre fois à une explosion qui ravage la salle à manger de son palais et fait onze victimes parmi les soldats de la garde.

 

Par un décret du 12 février 1880, Alexandre II confie des pouvoirs dictatoriaux au comte Loris-Mélikov, héros de la guerre contre la Turquie, avec mission d'éradiquer le nihilisme et d'achever la réforme des institutions. Lui-même échappe de peu le 20 février à une pistolétade.

 

Quelques semaines plus tard, la Russie essuie une rebuffade du gouvernement français auquel elle réclame l'extradition de l'auteur de l'attentat contre le train impérial. L'éloquence de Victor Hugo a raison de la raison d'État.

 

 

Tragédie
 
 

Le 18 juillet 1880, le tsarépouseen secret sa jeune maîtresse. Dans son désir de la faire couronner impératrice, il songe à une grande réforme qui lui vaudrait l'indulgence de son peuple. Il s'apprête donc à renouer avec le libéralisme de sa jeunesse en instituant des commissions de notables pour préparer l'avènement d'une monarchie constitutionnelle.

 

C'est compter sans les comploteurs de «Narodnaïa Volia», au nombre de quatre. Il s'agit de jeunes bourgeois obsédés par la haine de l'autocratie. Parmi eux Sophie Perovski, fille de l'ancien gouverneur militaire de Saint-Pétersbourg ! L'arrestation de son amant, Jeliabov, ne la décourage pas. La date fatidique est fixée au dimanche 13 mars 1881 (1er mars selon le calendrier julien alors en vigueur en Russie).

 

Le tsar est prévenu d'un projet d'attentat suite à l'arrestation de Jeliabov. Mais il ne veut pas pour autant renoncer à assister à la relève dominicale de la garde. Avant de s'y rendre, il signe la convocation des futures commissions appelés à réformer la monarchie.

 

Après la relève de la garde, le coupé impérial s'engage sur le quai du canal Catherine. Là sont postés quatre lanceurs de bombes aux ordres de Sophie Perovski. Le souverain échappe à une première bombe. Il s'avance au milieu des morts et des blessés et veut lui-même s'adresser au terroriste. C'est alors qu'un complice lance une deuxième bombe. Celle-là est fatale au tsar qui meurt dans l'après-midi.

 

La mort du tsar et l'avènement de son fils sous le nom d'Alexandre III entraînent le retour à l'autocratie. C'est la fin des réformes. Une tragédie pour la Russie et l'Europe.

 

 

Surprenante église

 

L'église Saint-Sauveur sur le Sang versé (Spasna Kravi) a été construite à Saint-Pétersbourg, sur le lieu de l'attentat contre Alexandre II.

 

Du plus pur style «russe» avec ses coupoles à bulbes dorés qui détonnent dans le panorama baroque de Saint-Pétersbourg, elle rappelle Saint-Basile (sur la Place Rouge de Moscou). Ses murs intérieurs sont totalement tapissés de mosaïques.

Un jour... une histoire... 12 mars 1930

Publié à 08:46 par acoeuretacris Tags : un jour 12 mars
Un jour... une histoire... 12 mars 1930
 
12 mars 1930 
 
Gandhi entame la «marche du sel» 
 
 
Le 12 mars 1930, Mohandas Karamchand Gandhi entame une «marche du sel». C'estt la première application concrète de sa doctrine de la non-violence... 
 
 
La non-violence à l'oeuvre 
 
Dans les années précédentes, le Mahatma a multiplié les manifestations non-violentes et les grèves de la faim en vue d'obtenir pour l'Empire des Indes un statut d'autonomie analogue à celui dont bénéficient les colonies à population européenne telles que le Canada ou l'Australie. 
 
 
Faute de résultat, certains membres de son parti, le parti du Congrès, s'impatientent et menacent de déclencher une guerre en faveur de l'indépendance. 
Gandhi, pour ne pas être débordé, avertit le vice-roi des Indes que sa prochaine campagne de désobéissance civile aura pour objectif l'indépendance. C'est ainsi qu'il quitte son ashram des environs d'Ahmedabad, au nord-ouest du pays, accompagné de quelques dizaines de disciples... et d'une meute de journalistes. 
 
 
Après un parcours à pied de 300 km, il arrive le 6 avril au bord de l'océan Indien. Il s'avance dans l'eau et recueille dans ses mains un peu de... sel. Par ce geste dérisoire et hautement symbolique, Gandhi encourage ses compatriotes à violer le monopole d'État sur la distribution du sel. Ce monopole oblige tous les consommateurs indiens, y compris les plus pauvres, à payer un impôt sur le sel et leur interdit d'en récolter eux-mêmes. Il est analogue à l'impôt de la gabelle sous l'Ancien Régime, en France. 
 
 
 
 
Gandhi pendant la marche du sel (1930) 
 
 
Sur la plage, la foule, grossie de plusieurs milliers de sympathisants, imite le Mahatma et remplit des récipients d'eau salée. L'exemple se répand dans tout le pays... À Karachi comme à Bombay, les Indiens font évaporer l'eau et collectent le sel au vu des Anglais. Ces derniers jettent plus de 60.000 contrevenants en prison. 
 
 
Les Indiens, fidèles aux recommandations de Gandhi, se gardent de résister. Le Mahatma lui-même est arrêté le 4 mai 1930. Ironique, il lance à ses geôliers : «Je vais enfin pouvoir dormir !» Il passera neuf mois en prison. À la fin, le vice-roi reconnaît son impuissance à imposer la loi britannique. Cédant aux injonctions du Mahatma, il libère tous les prisonniers et accorde aux Indiens le droit de collecter eux-mêmes le sel. 
 
 
Vers l'indépendance 
 
 
Malinspiré, Winston Churchill, alors dans l'opposition parlementaire, ironise sur le «fakir séditieux qui grimpe à moitié nu les marches du palais du vice-roi». Le Premier ministre travailliste Ramsay MacDonald, plus perspicace, ouvre dès le 13 novembre 1930 à Londres, sous l'égide du roi George V, une première table ronde destinée à débattre d'une hypothétique indépendance de l'Inde. 
 
 
En prison comme la plupart des chefs hindous du Congrès, le Mahatma n'y assiste pas mais il est convié l'année suivante à une deuxième table ronde. Il est reçu en triomphe à Londres par les libéraux britanniques qui se résignent à une prochaine indépendance de l'Inde. Celle-ci sera retardée par la Seconde Guerre mondiale et les dissensions entre hindous et musulmans. 
 
 
Le 15 août 1947, l'Empire des Indes deviendra enfin indépendant mais au prix d'une sauvage guerre religieuse et d'une scission entre Inde et Pakistan. Gandhi y perdra la vie. 
La «marche du sel» apparaît aux Indiens comme l'équivalent de la «Tea Party» de Boston qui a conduit à l'indépendance des États-Unis. 

Un jour... une histoire... 11 mars 1649

Publié à 08:20 par acoeuretacris Tags : un jour 11 mars
Un jour... une histoire... 11 mars 1649

Turenne

 

11 mars 1649

La Fronde contre le Roi
 
 
 

Le 11 mars 1649, à Rueil, à l'ouest de Paris, la régente Anne d'Autriche et son Premier ministre Jules Mazarin concluent la paix avec le président du Parlement de Paris, Mathieu Molé.

 

C'est la fin de la Fronde parlementaire. Les magistrats renoncent à limiter en France le pouvoir royal. Les Princes et les grands seigneurs s'y essaient à leur tour mais sans plus de succès.

 

Les uns et les autres, représentants des classes privilégiées, ont été poussés à la révolte par l'augmentation des impôts et le besoin pour l'État d'accroître ses recettes fiscales. Les mêmes causes allaient conduire 150 ans plus tard à la Révolution...

 

 

 

Sous la monarchie française, les magistrats exercent la justice. Ils ont aussi pour mission d'enregistrer les édits royaux. Issus de la bourgeoisie fortunée, ils achètent leur charge, ce qui les met normalement à l'abri des sanctions (le roi ne peut pas déposséder un magistrat de sa charge). Qui plus est, cette charge est héréditaire en vertu d'un édit du roi Henri IV, la «paulette» (1604), du nom de son inspirateur, le conseillet Paulet.

 

 

- 1648

En 1648, la France est gouvernée par la régente Anne d'Autriche, mère du jeune roi Louis XIV (9 ans), qui bénéficie des utiles conseils de Mazarin.

 

 

Anne d'Autriche par Paul Rubens (musée du Louvre)

 

Le pays doit mener des guerres extérieures contre les Habsbourg. Les victoires du duc d'Enghien, devenu le «Grand Condé» en héritant des titres paternels, pèsent sur les finances publiques. Dans le même temps, de mauvaises récoltes réduisent les rentrées d'impôts. Le gouvernement demande au Parlement de Paris, qui est une instance judiciaire et n'a rien à voir avec nos actuels parlements, d'enregistrer des édits sur de nouvelles taxes.

 

Comme beaucoup de bourgeois, les magistrats se considèrent lésés dans leurs intérêts et privilèges par ces édits. Ils se rebellent. Selon un procédé classique, ils montent le peuple contre le gouvernement et le Premier ministre en particulier en faisant valoir le luxe dans lequel se complaît la Cour.

 

Le 13 mai 1648, le Parlement de Paris convie ses collègues provinciaux à réformer ce qu'il estime être les abus de l'État. À l'initiative du conseiller Pierre Broussel et de Paul de Gondi, coadjuteur de l'archevêque de Paris, il publie un «arrêt d'union» par lequel il réunit les membres du Parlement, de la Cour des Comptes, du Grand Conseil et de la Cour des aides au sein d'une assemblée dite Chambre Saint-Louis, qui aura à décider de la réforme de l'État.

 

Sitôt dit, sitôt fait, et le 2 juillet 1648, la Chambre présente ou plutôt impose à Anne d'Autriche une charte de 27 articles qui donne au Parlement le droit de valider tout impôt nouveau. Elle supprime aussi les intendants (représentants du roi dans les provinces) et, d'une manière générale, renforce les privilèges des magistrats et des officiers royaux.

 

La régente Anne d'Autriche feint de se soumettre mais fait traîner les choses. Et voilà que le 24 août 1648, le Grand Condé (le vainqueur de Rocroi) remporte à Lens une nouvelle victoire sur les Espagnols.

 

La régente est rassurée quant à la situation extérieure et peut désormais compter sur le soutien de «Monsieur le Prince» (Condé).

 

Sans attendre, le 26 août, elle fait arrêter plusieurs parlementaires, y compris le chef des frondeurs, le conseiller Pierre Broussel, auquel son intégrité (fait rarissime) vaut une immense popularité.

 

 

Pierre Broussel (musée Carnavalet - Paris)

 

À cette annonce, Paris se soulève au cours d'une «journée des Barricades». Deux jours plus tard, la régente doit libérer ses prisonniers. Broussel est porté en triomphe. Et le 22 octobre, Anne d'Autriche doit signer les 27 articles au château de Saint-Germain-en-Laye, avant de pouvoir rentrer à Paris. Mais son humiliation est de courte durée.

 

À l'automne, la France remporte la guerre étrangère et signe les traités de Westphalie. Mazarin et la régente ont désormais les mains libres pour en finir avec les frondeurs parlementaires (alors que les Princes commencent à s'échauffer les esprits).

 

1649

Le 5 janvier 1649, le cardinal et la régente s'enfuient à Saint-Germain-en-Laye avec le jeune roi Louis XIV et son frère, dans les conditions les plus précaires qui soient (personne pour les recevoir, des lits de fortune pour passer la nuit,...). Pendant ce temps, l'armée royale commandée par Condé fait le siège de Paris.

 

Les parlementaires, qui détiennent beaucoup de privilèges grâce à la monarchie, n'ont pas vraiment envie d'une Révolution. Le président du parlement, Mathieu Molé, lance à ses collègues : «Vous faites le jeu des Princes, cette Fronde n'est pas la vôtre». Ils rendent finalement les armes malgré la haine que leur inspire l'Italien Mazarin.

 

Par la paix signée à Rueil, les frondeurs sont généreusement amnistiés tandis que l'on promet le chapeau de cardinal à Jean-François Paul de Gondi. Le peuple et les Princes, qui espéraient le renvoi de Mazarin, sont déçus.

 

 

La Fronde desPrinces

 

Le cardinal et la régente regagnent Paris en octobre sous les acclamations mais ils doivent désormais combattre la Fronde des Princes (ou «Jeune Fronde»), plus violente mais brouillonne et bagarreuse que la Fronde parlementaire (ou «Vieille Fronde»).

 

 

Mazarin

 

 

À Paris et dans les provinces se multiplient les «mazarinades», écrits et chansons satiriques qui traînent Mazarin dans la boue...

 

Après avoir pris le parti du roi contre les parlementaires, le Grand Condé, lui aussi mécontent du maintien au pouvoir de Mazarin, noue des complots avec quelques grands seigneurs dont son frère le prince de Conti.

 

Le duc de la Rochefoucauld (le futur auteur des Maximes morales) participe à la Fronde des Princes comme il a participé à celle des parlementaires, de même qu'un autre futur maître de la langue française, l'archevêque coadjuteur de Paris Jean François Paul de Gondi, qui restera dans la postérité sous le nom de cardinal de Retz.

 

On ne saurait oublier non plus le duc de Longueville et surtout sa femme, la belle duchesse de Longueville (30 ans), soeur du Grand Condé et maîtresse (entre autres) de La Rochefoucauld ! En janvier 1649, tandis que la Cour s'enfuyait à Saint-Germain, l'impétueuse duchesse s'établissait à l'Hôtel de Ville de Paris où elle donnait le jour à l'«enfant de la Fronde»... et de la Rochefoucauld.

 

 

- 1650

 

Renouvelant la promesse d'un chapeau de cardinal, la régente obtient le ralliement du coadjuteur Paul de Gondi. Et le 18 janvier 1650, elle fait arrêter par surprise Condé ainsi que son frère, le prince de Conti, et son beau-frère, le duc de Longueville.

 

Monsieur le Prince est enfermé à Vincennes pendant treize mois. Mais Gaston d'Orléans, le frère du feu roi Louis XIII, se porte illico à la tête des conspirateurs !

 

Comme si cela ne suffisait pas, Mme de Longueville tente de soulever la Normandie, dont son mari était le gouverneur.

 

 

Plus fort que tout, elle séduit le brave Turenne et le détourne de son devoir. Elle le convainc même de traiter avec les Espagnols, ses ennemis jurés !

 

 

- 1651

La régente commet l'erreur de ne pas donner comme promis le chapeau de cardinal au fourbe Gondi, lequel rentre dans la Fronde. Devant l'anarchie galopante, Mazarin, vers lequel convergent toutes les haines, se résigne à fuir une nouvelle fois Paris pour Saint-Germain-en-Laye dans la nuit du 6 au 7 février 1651.

Anne d'Autriche s'apprête à rejoindre le cardinal deux jours plus tard mais elle en est empêchée par les Parisiens qui ferment les portes de la ville. Et dans la nuit du 8 février 1651, la foule envahit même le palais du Louvre et pénètre dans la chambre du jeune roi Louis XIV pour s'assurer de sa présence ! Louis XIV en restera à jamais marqué.

Mazarin s'exile à Cologne après avoir fait libérer les Princes. Mais par l'intermédiaire d'un brillant commis promis à un grand avenir... Jean-Baptiste Colbert, il reste en relation avec la régente et guide celle-ci entre les multiples coteries.

Le 7 septembre 1651 est proclamée la majorité de Louis XIV (13 ans). Condé, devenu le chef des frondeurs, n'en a que faire. Il se retire en Guyenne (la région de Bordeaux) pour y lever une armée et marcher sur Paris avec... la complicité des Espagnols ! Le roi et la reine-mère le déclarent rebelle. La guerre civile, aggravée par l'intervention des Espagnols, met le pays à feu et à sang.

 

 

- 1652

En mars 1652, à Saumur, Turenne abandonne la Fronde où l'a conduit l'amour de Mme de Longueville et prend le commandement de l'armée royale. Le 2 juillet 1652, il affronte à l'est de Paris, dans le faubourg Saint-Antoine son rival de toujours, Condé, sous les yeux du roi et de Mazarin, qui assistent au combat des hauteurs de Charonne.

 

 

Fronde des Princes : le combat de la porte St Antoine (Paris)

 

 

Les troupes royales sont sur le point de l'emporter sur Condé et ses alliés espagnols mais la situation se retourne grâce à l'intervention inattendue d'une frondeuse, Mme de Montpensier, dite la Grande Mademoiselle, fille de Gaston d'Orléans et cousine du roi. Installée à la Bastille, celle-ci fait ouvrir la porte Saint-Antoine aux troupes rebelles et dirige le canon sur les troupes de Turenne, obligées de battre en retraite. Ainsi Condé peut-il rentrer à Paris.

 

Mais les maladresses de Condé et son alliance avec les Espagnols conduisent à la défection de ses partisans. Les bourgeois le chassent de Paris et le 21 octobre, Anne d'Autriche peut enfin rentrer en triomphe dans la capitale avec le jeune roi. Celui-ci, qui a été déclaré majeur le 7 septembre 1651, tient un lit de justice et prononce une amnistie générale (ou presque).

 

 

Le retour de l'autorité royale
 

Le prince de Condé est condamné à mort par contumace et ne rentrera en grâce que bien plus tard, à l'occasion d'une mémorable fête à Chantilly. Gaston d'Orléans est exilé à Blois. Anne d'Autriche, qui a la rancune tenace, feint de se rapprocher de Gondi, devenu enfin cardinal de Retz, avant de le faire emprisonner au château de Vincennes le 19 décembre 1652.

 

Deux mois plus tard, le 2 février 1653, Mazarin retrouve à son tour Paris. Surprenant ! Il est acclamé par les habitants qui espèrent le retour à la paix. La Fronde des Princes est finie. Mais en souvenir de ses frayeurs, Louis XIV gardera une rancune tenace envers les Parisiens. Il choisira plus tard de quitter le Louvre, résidence de la cour depuis quatre siècles, et de bâtir un nouveau palais à Versailles.

 

La monarchie française sortira renforcée des épreuves de la Fronde tandis qu'à la même époque, l'Angleterre fera l'expérience de la République après avoir exécuté son roi Charles 1er.

 

La France évoluera vers une monarchie absolue, l'Angleterre vers une monarchie parlementaire.

 

Quid de Mme de Longueville ? La sulfureuse amazone fait retour à la piété et devient jusqu'à sa mort, à 60 ans, en 1679, une fidèle assidue de l'abbaye de Port-Royal. Il est vrai qu'elle a beaucoup à se faire pardonner.

 

Même retournement pour un autre frondeur, le cardinal de Retz, auteur de Mémoires qui restent le plus remarquable témoignage sur la Fronde. Poussé contre son gré dans la carrière ecclésiastique, Jean François Paul de Gondi avouait être «l'âme la moins ecclésiastique de l'univers». Oubliant ses débauches et sa rouerie, il tombe dans la dévotion extrême en 1675, à l'âge de 62 ans, après avoir mis son talent de conspirateur et de diplomate au service de Louis XIV, qui ne l'aimait pas pour autant.

 

 

Pourquoi la Fronde ?

 

Étrangement, les conflits violents qui ont opposé de 1648 à 1653 les élites françaises à la monarchie tirent leur nom d'un jouet hérité de la préhistoire. Le nom de frondeur a été donné aux insurgés par allusion aux enfants qui se lançaient des pierres dans les fossés de Paris et se dispersaient à l'arrivée du lieutenant de police, leur jeu ayant été interdit par le Parlement.

 

 

 

 

Un jour... une histoire... 10 mars 1906

Publié à 15:25 par acoeuretacris Tags : un jour 10 mars
Un jour... une histoire... 10 mars 1906

 

10 mars 1906

La catastrophe de Courrières
 
 
 
Le 10 mars 1906 se produit une dramatique explosion dans une mine de charbon située sous trois communes proches de Courrières (Pas-de-Calais) : Méricourt, Billy Montigny et Sallaumines.
 
 
 
Une catastrophe d'une ampleur sans précédent
 

C'est l'une des plus grandes catastrophes minières de tous les temps avec officiellement 1099 victimes. D'aucuns estiment plus vraisemblable le chiffre de 1200 mineurs restés ensevelis dans les galeries sur un total de 1800 qui étaient descendus ce matin-là.

 

 

 

Le point de départ de cette tragédie est l'explosion d'une nappe de grisou (gaz) dans le chantier Lecoeuvre. La présence de ce gaz avait été suspectée quelques jours plus tôt par des mineurs de fond mais la compagnie n'avait pas tenu compte de leurs avertissements...

 

Le coup de grisou ayant soulevé la poussière de charbon, celle-ci, beaucoup plus explosive que le grisou, s'est vite mise en auto-combustion et la flamme a parcouru 110 km de galeries en moins de 2 minutes ! C'est ce qu'on appelle un «coup de poussière».

 

La catastrophe est immédiatement médiatisée, les journalistes et photographes arrivant sur place en même temps que les équipes de secours. L'émotion dépasse les frontières. Des équipes de sauveteurs arrivent avec des matériels sophistiqués du Borinage belge et même de la Ruhr allemande (cela quelques années à peine avant la Grande Guerre...).

 

Les opérations de sauvetage se soldent elles-mêmes par 16 morts, surtout dans les premières heures, lorsque des mineurs s'enfoncent sans attendre dans la mine, à la recherche de leurs proches.

 

 

De la catastrophe à la révolte
 

La compagnie minière hâte les opérations de secours pour relancer au plus vite l'exploitation. Indignées, les 50.000 «gueules noires» du bassin minier multiplient les appels à la grève. Leur colère déborde lorsque, le 30 mars, 13 rescapés remontent de la mine, apportant la preuve qu'il serait encore possible de sauver des vies. Un 14e et dernier mineur est sauvé le 4 avril. La multiplication des débrayages met en péril l'approvisionnement du pays en charbon, combustible principal de l'époque.

 

Le tout nouveau ministre de l'Intérieur Georges Clemenceau, dont l'énergie est à la mesure de ses convictions républicaines et sociales, se rend à Lens et, courageusement, tente de raisonner les mineurs. Faute d'y arriver, il fait donner sans ménagement la cavalerie et l'armée. Jusqu'à 20.000 hommes. Les affrontements font une victime en la personne d'un officier tué d'un coup de pierre.

 

 

Rescapés

 

Bien malgré eux, les mineurs de la région de Courrières ont enrichi la langue française d'un nouveau mot d'origine picarde : rescapé (ou escapé), variante dialectale du français réchappé.

 

La répression de la révolte minière par Clemenceau a aussi valu à ce dernier d'être qualifié de «briseur de grèves» (l'expression naît à cette occasion).

Un jour... une histoire... 07 mars 1524

Publié à 09:14 par acoeuretacris Tags : un jour 07 mars
Un jour... une histoire... 07 mars 1524

 

Jean Verrazane,( portrait du XVI° siècle)

 

7 mars 1524

Verrazane explore la côte nord-américaine
 
  
 
Le 7 mars 1524, Jean de Verrazane aborde en Amérique du nord. Il remonte la côte jusqu'à une rivière qu'il baptise Vendôme et qui sera plus tard appelée Hudson.

 

À son embouchure naîtra un siècle plus tard la ville de New York. Le navigateur baptise cet endroit Terre d'Angoulême en l'honneur du roi de France François 1er, ex-duc d'Angoulême. C'est le premier contact officiel d'un Européen avec le territoire des futurs États-Unis (exception faite de la Floride, abordée par les Espagnols en 1513).

 

Verrazane poursuit sa route vers Terre-Neuve. Sur une carte datée de 1529, il représente l'embouchure du Saint-Laurent et lui donne le nom de Nova Gallia. C'est la première évocation connue de la Nouvelle-France (le Québec actuel), dont Samuel de Champlain jettera les fondations en 1608.

 

 

Un Florentin au service de François 1er
 

Né aux environs de Florence en 1485 sous le nom de Giovanni da Verrazano (ou Verrazzano), le navigateur est entré l'année précédente au service du roi de France, dont l'intérêt pour les explorations a été éveillé par les succès des navigateurs espagnols et portugais.

 

Le Florentin reçoit du roi François 1er mission de découvrir une voie maritime permettant de gagner l'Asie des épices en contournant le continent américain par le Nord-Ouest (autrement dit le Nord du Canada actuel). Il part de Dieppe avec un équipage normand et une caravelle, La Dauphine, armée par son ami Jean Ango.

 

Après avoir longé la côte nord-américaine, Jean de Verrazzane va s'apercevoir qu'il n'existe pas de passage du Nord-Ouest, ou du moins que celui-ci est caché sous les glaces et impraticable. Il repartira néanmoins pour une ultime exploration aux frais d'un consortium privé. Il se fera tuer et dévorer par des cannibales sur une île des Antilles.

Quant à François 1er, empêtré dans ses guerres d'Italie, il se détournera des explorations pendant 10 ans avant de reporter ses espoirs sur Jacques Cartier.

 
 
 

Un jour... une histoire... 06 mars 1869

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Un jour... une histoire...  06 mars 1869

 

6 mars 1869

Mendeleïev met de l'ordre dans la chimie
 
 
 
Les murs de nos établissements scolaires et de nos laboratoires sont tous ornés d'un tableau abscons intitulé «classification périodique des éléments».

 

On doit cette représentation des constituants de la matière à un chimiste russe de 35 ans, né à Tobolsk, en Sibérie, Dimitri Ivanovitch Mendeleïev.

 

Faute de disposer d'un bon manuel, ce professeur renommé de l'université de Saint-Pétersbourg rédige lui-même un ouvrage en deux volumes sur les Principes de la chimie.

 

Ce travail l'amène à réfléchir sur la manière d'ordonner les 63 éléments chimiques déjà connus comme l'hydrogène, l'oxygène, le fer, le carbone,...

 

 

De la théorie à la vérification expérimentale
 
 

En classant les éléments d'après le poids de leur atome, Mendeleïev observe que leurs propriétés chimiques se répètent à intervalles réguliers. C'est ainsi que le 6 mars 1869, il présente devant la Société chimique russe un projet de classification périodique à lignes et à colonnes, où tous les éléments d'une même colonne affichent des propriétés comparables. Deux ans plus tard, il améliore le tableau en prévoyant des cases vides pour des éléments encore inconnus.

 

La célébrité lui vient en 1875, lorsque le chimiste Paul-Émile Lecoq de Boisbaudran ayant découvert un nouvel élément, le gallium, celui-ci trouve exactement sa place dans le tableau.

 

En 1913, lord Rutherford explique la répétition périodique des propriétés des éléments par le nombre d'électrons qui gravitent à la périphérie de l'atome. Une ligne du tableau correspond au remplissage d'une couche périphérique. A l'extrémité de la ligne, on trouve les gaz rares, avec une couche saturée en électrons. On fait alors un «retour chariot» et l'on passe à la ligne suivante avec une nouvelle couche d'électrons.

 

Les travaux de Mendeleïev témoignent de l'essor de la science et des techniques au milieu du XIXe siècle, y compris en Russie, où la culture s'épanouit sous le règne du meilleur tsar qu'aient jamais eu les Russes, Alexandre II.

 

Rien qu'en 1869, les Occidentaux peuvent assister à l'invention de la «houille blanche» (l'électricité produite par les chutes d'eau) ainsi qu'à l'inauguration du canal de Suez et, aux États-Unis, du premier chemin de fer transcontinental... Mais dix ans plus tard, la montée des nationalismes et des intolérances commenceront à mettre à mal la foi des Européens dans le progrès.....

Un jour... une histoire... 05 mars 1953

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Un jour... une histoire... 05 mars 1953

 

5 mars 1953

Mort de Staline
 
 
 
Staline s'éteint le 5 mars 1953, à 73 ou 74 ans, dans sa datcha de Kountsevo, dans les environs de Moscou.
 
 
 
Quelques jours plus tôt, le samedi 28 février, assistant à une représentation du Lac des Cygnes au Bolchoï, le dictateur avait dû se retirer avant la fin de la représentation.

 

Il avait invité à dîner ses subordonnés Malenkov, Beria, Khrouchtchev et Boulganine, puis, après une soirée bien arrosée, s'était retiré dans sa chambre.

 

Ses gardes, ne le voyant pas ressortir de tout le dimanche, s'étaient finalement enhardis à fracturer sa porte et l'avaient trouvé gisant sur le tapis, frappé d'une congestion cérébrale. On ne se hâta pas de le sortir du coma et il finit par expirer après une agonie de quatre jours...

 

Staline s'honorait du titre de «Vojd», mot russe qui signifie guide, équivalent de l'allemand Führer, de l'italien Duce ou de l'espagnol Caudillo. Mais la propagande communiste le surnommait aussi le «petit père des peuples».

 

 

Émotion universelle
 

L'annonce de sa mort, le lendemain matin, fige le monde entier dans la stupeur, la désolation et un vague soulagement.

 

En URSS comme dans les pays inféodés et dans toutes les organisations communistes ou «progressistes» du monde entier, elle donne lieu à des manifestations de deuil ostentatoires de la part des officiels.

 

Ses obsèques, le 9 mars suivant à Moscou, entraînent des scènes d'hystérie collective qui causent la mort de plusieurs centaines de badauds, piétinés ou étouffés.

 

À Paris, le siège du parti communiste est entièrement drapé de noir. Mais l'admiration pour le dictateur n'est pas cantonnée aux militants. Elle s'étend à la quasi-totalité de l'opinion publique ! Au Palais-Bourbon, Édouard Herriot, président de la Chambre des députés, réclame une minute de silence en mémoire du vainqueur de Hitler et du modernisateur de l'URSS.

 

 

Les députés français rendent hommage à Staline

 

Voici un extrait du compte-rendu de la séance du vendredi 6 mars 1953, à la Chambre des députés :

 

M. le Président. Mes chers collègues, le maréchal Staline est mort. (Mesdames et Messieurs les députés se lèvent.) Nous respectons la douleur du peuple soviétique et nous nous y associons profondément. Il n'est pas opportun, aujourd'hui et dans cette enceinte, de juger le puissant chef de parti dont les doctrines ont si largement agi au-dedans et au-dehors de son pays. Mais il est un souvenir dont nous ne pouvons nous affranchir, celui du rôle joué par le maréchal Staline dans la fin de la guerre et la préparation de la victoire. On s'en rend compte dans les ruines de Stalingrad ou en étudiant cette bataille de Moscou, où le génie militaire de Staline éclate de façon si évidente.
Ce souvenir me fait un devoir d'adresser, au jour où il disparaît, un salut et un hommage à celui qui, avec l'héroïque armée soviétique, a contribué à notre libération et renforcé le lien que crée entre nos deux peuples la communauté de sang répandu.

 

L'historien Léon Poliakov rapporte que deux députés ont refusé de se lever (le premier, Jean Le Bail, a été député SFIO de la Haute-Vienne jusqu'en 1958 ; nous n'avons pas le nom du second).

 

Cependant, les Soviétiques ordinaires cachent mal leur appréhension après une longue période d'oppression comme jamais l'ancienne Russie n'en avait connue.

 

 

Difficile succession
 
 

À peine le «Vojd» est-il mort que ses subordonnés se partagent le pouvoir.

 

Malenkov, Beria et Molotov constituent un triumvirat informel. Le premier devient président du Conseil des ministres et du présidium, ainsi que secrétaire général du parti ; le second, maître de la police, s'attribue la vice-présidence du Conseil des ministres et surtout le ministère des Affaires intérieures et de la Sécurité d'État ; le dernier conserve les Affaires étrangères.

 

L'autorité réelle revient à Beria qui, de façon surprenante, engage une timide démocratisation.

Dès le 10 mars, au

lendemain des funérailles, il annonce une amnistie pour tous les condamnés à moins de cinq ans de prison, soit un million de personnes !

 

Qui plus est, le 4 avril, la police révèle le «complot des blouses blanches». Beria fait libérer les médecins et admet que les médecins avaient avoué sous la torture...

 

Pour les croyants communistes, c'est la stupeur. Si les aveux des médecins avaient été extorqués, quid des aveux des accusés antérieurs ? Le doute s'installe... Au fil des rumeurs et des révélations, on pourrait croire que le régime est en voie de s'adoucir.

 

Le «dégel»

 

L'écrivain Ilya Ehrenbourg qualifie de «dégel» les mois d'effervescence qui suivent la mort de Staline. Le mot fait florès. Il évoque un phénomène propre à la grande plaine russe : à la fin de l'hiver, toute la nature est encore immobile, ensevelie d'un voile blanc de glace et de neige. Et puis, la glace qui fige les fleuves et la neige qui recouvre les champs se mettent à fondre. Les fleuves charrient des blocs en désordre et les chemins charrient de la boue.

 

On croirait à la fin du monde mais, passés ces quelques jours d'effroi, divine surprise : les fleuves reprennent un cours paisible et les champs revêtent un tapis de fleurs... Ainsi l'écrivain voulait-il voir dans les troubles de l'après-Staline la promesse d'un nouveau printemps.

 

 

L'agitation gagne les camps de Sibérie et surtout les pays soumis au joug soviétique. Le 17 juin 1953, profitant de ce début d'accalmie, les ouvriers allemands manifestent en masse à Berlin-Est. Leur manifestation est sauvagement réprimée par le pouvoir aux ordres des Soviétiques.

 

Pour l'entourage de Beria, c'en est trop. Craignant les effets délétères d'une démocratisation trop rapide, les membres du présidium de l'URSS se réunissent en urgence le 26 juin et demandent à Beria de s'expliquer.

 

Celui-ci, privé de parole, est arrêté brutalement par le maréchal Joukov et ses hommes qui pénètrent dans la pièce sur ordre de Malenkov. Il est exécuté dans la même journée (la chronique officielle assure qu'il a été jugé et exécuté seulement en décembre 1953).

 

Le complot contre Beria est mené par un apparatchik (homme d'appareil), le premier secrétaire du Parti Nikita Khrouchtchev. Celui-ci organise sans tarder la mainmise de la nomenklatura communiste sur l'appareil d'État.

 

L'objectif de cette nomenklatura est de jouir enfin en paix de ses privilèges. Elle y parviendra jusque dans les années 1980, après avoir dénoncé les crimes de Staline au XIXe Congrès du PCUS pour en exonérer l'idéologie marxiste-léniniste.

Un jour... une histoire... 04 mars

Publié à 09:40 par acoeuretacris Tags : un jour 04 mars
Un jour... une histoire... 04 mars

 

4 mars 1681 :

Fondation de la Pennsylvanie

 

Le roi d'Angleterre Charles II Stuart signe le 4 mars 1681 une charte royale qui attribue à William Penn un vaste territoire vierge, situé entre la colonie de New York au nord et la colonie de Virginie au sud, en échange d'une créance de 12.000 livres de son père.

 

William Penn (37 ans) est un membre éminent de la Société des Amis, un mouvement religieux plus connu sous le nom de Quakers, parce que ses adeptes sont pris de tremblements (to quake, trembler en anglais) pendant leurs prières. Ayant appelé Pennsylvanie (la forêt de Penn) le territoire reçu du roi, il décide d'en faire un refuge pour ses coreligionnaires et un modèle d'État démocratique.

 

L'année suivante, remontant le fleuve Delaware avec une centaine de Quakers, il fonde la ville de Philadelphie, d'un mot grec qui signifie «Cité de l'amour fraternel» ! Penn rédige par ailleurs un code de lois qui se veut exemplaire sous le nom de «Great Law» (Grande Loi). Il interdit l'esclavage, limite la peine de mort à deux crimes : meurtre et trahison, accorde le droit de vote à tous les contribuables, impose une formation professionnelle à tous les enfants de plus de 12 ans et garantit à tous la liberté de religion.

Un jour... une histoire... 03 mars

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Un jour... une histoire... 03 mars

 

Mustapha Kemal en maître d'école

 

3 mars 1924

Les députés turcs abolissent le califat
 
 
 
Le 3 mars 1924, les députés turcs votent l'abolition du califat. La jeune République turque devient ainsi le premier État officiellement laïc du monde musulman.
 
 
 
Laïcisation à marche forcée
 

Quelques mois plus tôt, le général Moustafa Kémal, fort de ses succès militaires face aux Grecs et Arméniens qui s'apprêtaient à dépecer la Turquie ottomane, a fait proclamer la République turque par une Assemblée nationale réunie à Ankara (ou Angora), nouvelle capitale du pays. Lui-même en devient le premier président.

 

Aussitôt, il entreprend à marche forcée une laïcisation de la société... non sans prendre la précaution de proclamer l'islam religion nationale. Son objectif est de moderniser le pays et plus encore de rendre aux Turcs leur identité nationale en les dépouillant de l'influence arabe.

 

En 1925, il impose le port de la casquette à visière au lieu du fez traditionnel ; une mesure symbolique destinée à occidentaliser les Turcs et les défaire de leur héritage islamique.

 

Il interdit, outre le fez, les vêtements traditionnels tels que le voile et les pantalons bouffants.

 

À Istamboul, Sainte-Sophie, de mosquée, est transformée en musée, tandis qu'à Ankara, le Ghazi fait revivre le passé pré-islamique de la Turquie, notamment l'Histoire des Hittites, habitants indo-européens de l'Anatolie contemporains du pharaon Ramsès II et de Moïse.

 

Moustafa Kémal introduit le calendrier grégorien en 1926, l'alphabet latin en 1928, en remplacement de l'arabe, le système métrique en 1931.... Il impose le repos du dimanche, instaure l'égalité des sexes, interdit la polygamie et donne le droit de vote aux femmes en 1934 (11 ans avant les Françaises).... Il emprunte à la Suisse son code civil, à l'Italie son code pénal, à l'Allemagne son code du commerce....

 

Enfin, après avoir dépouillé l'ancien sultan de ses prérogatives politiques, Moustafa Kémal achève la liquidation de l'héritage ottoman en abolissant le califat. Cette fonction religieuse faisait du sultan ottoman le chef spirituel de tous les musulmans et le successeur des premiers compagnons du Prophète. Sa disparition après 14 siècles est accueillie avec indifférence en Turquie comme dans le reste du monde musulman.

 

En témoignage de gratitude, l'Assemblée nationale confère officiellement au président le nom d'«Atatürk» (le Père des Turcs).

 

Moustafa Kémal (ou Kémal Atatürk) meurt en pleine gloire le 10 novembre 1938, à 57 ans, victime d'une cirrhose du foie, rançon de son goût avéré pour les soirées très arrosées. Son mausolée, à Ankara, et son oeuvre immense, au service du nationalisme turc, sont gardés avec vigilance par l'armée.

 

 

Vous  avez dit laïque ?...

 

À l'orée du XXIe siècle, la laïcité instaurée par Moustafa Kémal a de plus en plus de mal à résister à la réislamisation de la société turque. Le retour en force du voile, sous une forme encore plus stricte qu'auparavant, en est un symbole comme autrefois, de la laïcisation, le remplacement du fez par la casquette.

 

Il faut dire que la laïcité n'a jamais eu en Turquie le sens qui est le sien en Occident et en France. Ainsi Moustafa Kémal lui-même a-t-il eu soin de conserver à l'islam son statut de religion nationale, avec des prérogatives sur les autres religions. Aujourd'hui encore, la conversion d'un Turc musulman à une autre religion ou la proclamation de son athéisme sont passibles des rigueurs de la loi.