1900 | janvier |
01/01/00 | société : d'après un recensement, la France (colonies comprises) compte 78 931 594 habitants. |
01/01/00 | société : les automobiles doivent désormais être munies d'une plaque d'immatriculation. |
01/01/00 | Café-concert : Brunin, ex-vedette des Ambassadeurs, rachète la grande brasserie du 77, rue du Faubourg-du-Temple, à Paris, pour en faire, sous son nom, un café-concert où défileront tous les grands chanteurs et chanteuses de la décennie. |
04/01/00 | politique : accusés d'avoir ourdi, en février 1899, un complot contre le régime parlementaire, Paul Déroulède, fondateur de la Ligue des patriotes, et le royaliste André Buffet, sont condamnés à dix ans de bannissement par le Sénat constitué en Haute Cour de justice. Jules Guérin, président de la Ligue antisémite, également jugé, est condamné à dix ans de détention. |
05/01/00 | littérature / presse écrite : parution du premier numéro des Cahiers de la Quinzaine, fondés par Charles Péguy. Au sommaire : une analyse des rapports entre le socialiste allemand Wilhelm Liebknecht et les socialistes français, et une analyse de l'affaire Dreyfus. |
05/01/00 | music-hall : première à l'Époque, à Paris, de la revue Mil neuf cent ! Tout le monde descend ! de Bernard Lebreton. |
09/01/00 | politique : rentrée parlementaire. Par 308 voix contre 220 à Henri Brisson, Paul Deschanel est réélu président de la Chambre des députés. |
10/01/00 | théâtre : première au Her Majesty's Theatre, à Londres, du Songe d'une nuit d'été, de William Shakespeare, mise en scène de Herbert Beerbohm Tree, avec Julia Neilson. |
11/01/00 | cinéma : Henri Joly et Normandin présentent, au théâtre de la Grande Roue, à Paris, un système de cinéma parlant grâce à un appareil couplé avec un phonographe. Ils projettent une saynète intitulée Lolotte. |
13/01/00 | théâtre : représentation au théâtre du Gymnase, à Paris, du monologue le Pauvre Bougre et le Bon Génie d'Alphonse Allais. |
15/01/00 | littérature / presse : le Journal d'une femme de chambre d'Octave Mirbeau commence à paraître dans la Revue blanche. |
15/01/00 | philosophie / sociologie : après avoir été nommé à la chaire de philosophie moderne au Collège de France, où il enseignera la psychologie morale et criminelle, Gabriel Tarde est élu membre de l'Académie des sciences morales et politiques. |
18/01/00 | musique : à Paris, le premier concert donné dans une église, en dehors des offices, a lieu à l'église Saint-Eustache. Malgré le programme, le Messie de Haendel, l'archevêque de Paris s'inquiète de voir un lieu de culte transformé en salle de spectacle, tandis que les socialistes redoutent que ce concert ne soit l'occasion d'une propagande cléricale. |
19/01/00 | café-concert : l'artiste italien Leopoldo Fregoli, pour la première fois en France, fait ses débuts au Le Trianon, à Paris. Dans la nuit du 17 au 18 février, la salle sera détruire par un incendie. Le spectacle sera repris, quelques jours plus tard, à l'Olympia. |
21/01/00 | cross-country : au parc de Saint-Cloud, les interclubs de cross-country rassemblent les représentants de 130 associations. Victoire, chez les séniors, de Mettay (Club Amical Sportif de Saint-Mandé) qui parcourt les 12,500 kilomètres en 49 min 12 s 1/5. |
22/01/00 | politique : ouverture du procès de la congrégation des assomptionnistes. |
22/01/00 | psychanalyse : la publication de l'Interprétation des rêves de Sigmund Freud est accueillie, par la presse, avec indifférence et incompréhension. |
23/01/00 | le budget de l'instruction publique à la Chambre. La discussion du budget de l'Instruction publique reste l'une des plus propices à l'exercice de l'éloquence parlementaire. Les joutes verbales opposent tenants et opposants de l'idée laïque. C'est ainsi qu'on a pu voir s'affronter Maurice Faure, rapporteur, favorable aux idées laïques, porte-parole du parti républicain, et l'abbé Gayraud, partisan de l'enseignement libre. D'autres orateurs, tel que le baron Xavier Reille, ont beaucoup parlé de l'unité morale de la nation, au risque de confondre nation et État. Léo Melliet, ancien membre de la Commune de Paris, a fermement critiqué les influences néfastes des méthodes de l'Église sur notre enseignement secondaire. |
24/01/00 | politique : verdict du procès des assomptionnistes. La congrégation est dissoute et les religieux parmi lesquels les pères Picard et Bailly, sont condamnés à 16 francs d'amende. |
| Le milliard des congrégations |
| Organisation illégale |
| Les assomptionnistes, un ordre religieux fondé en 1850 par le père d'Alzon, se consacrent à l'enseignement et, fait nouveau, au journalisme, avec le journal la Croix. Au premier rang de la lutte contre les républicains de gauche, engagés dans la campagne contre Dreyfus, ils sont accusés, en 1900, de constituer une organisation illégale à but politique, alors que les partis politiques ne sont pas encore autorisés. Picard, leur supérieur général, répond au procureur de la République : |
| - Monsieur Picard. Vous reconnaissez faire partie d'une association de plus de vingt personnes. |
| - Je n'accepte pas le mot association. Je suis le supérieur général de la congrégation des assomptionnistes, qui a un but avant tout religieux. |
| L'accusation porte sur deux points |
| l'accumulation de richesses et l'agitation politique. D'abord on leur reproche de posséder plusieurs immeubles dans le centre de Paris et 14 établissements scolaires, sans être une congrégation reconnue par le pape. De plus, ces établissements scolaires serviraient à recruter de jeunes gens pauvres et soumis pour l'ordre. Deuxièmement, par le biais des comités locaux de la Croix et du secrétariat d'action électorale catholique, dirigé par le père Adéodat, ils soutiennent les candidats cléricaux, c'est-à-dire hostiles à la République laïque. Au vu de quoi le tribunal prononce la dissolution de la congrégation des assomptionnistes. |
25/01/00 | politique : monseigneur Richard, archevêque de Paris, prend position contre la sentence, prononcée le 24, et recommande aux assomptionnistes de persévérer dans leurs œuvres. Le président du Conseil, Pierre Waldeck-Rousseau, le rappelle à l'ordre. |
27/01/00 | littérature : grand admirateur de John Ruskin, Marcel Proust signe dans la chronique des arts et de la curiosité un article nécrologique en hommage à l'écrivain et critique d'art, décédé le 20 janvier. |
27/01/00 | théâtre : le sénateur René Bérenger, surnommé le père la Pudeur, fait interdire l'Homme à l'oreille coupée, créé le 23 janvier. La pièce ressort sous le titre de Une mauvaise plaisanterie (théâtre). |
31/01/00 | les édicules d'Hector Guimard : la commission du métropolitain a choisi parmi les nombreux projets d'édicules, pour les gares soumis à son appréciation, celui qu'avait présenté Hector Guimard, l'architecte du castel Béranger, primé au dernier concours de maisons. Très simples et très élégants, les petits pavillons imaginés par Hector Guimard sont tout en fer, en céramique et en verre. C'est d'un léger à faire concurrence à la mousse de champagne ! ... Quant à la forme, indescriptible, le style architectural moderne manquant de termes de comparaison, mais gracieuse : un toit étrangement dentelé et orné d'auvents en coquilles, d'un effet inattendu, qui plaît. Cela abrite l'escalier qui descend vers la gare souterraine et les voies du metropolitain. L'essentiel, c'est que Paris n'en sera point enlaidi; au contraire. |