Monde : France
Le 8 août 2001, un mois avant la diffusion de L'Aîné des Ferchaux, et alors qu'il se trouve en vacances en Corse chez son ami Guy Bedos à Lumio, près de Calvi, Belmondo est victime d'un accident vasculaire cérébral. Il est héliporté d'urgence à l'hôpital de Falconaja à Bastia. Bien que son état soit jugé sérieux (un caillot ayant entraîné notamment une paralysie faciale du côté droit), il est transféré dans la soirée vers l'hôpital Saint-Joseph de Paris. Son accident de santé, qui le tient ensuite éloigné des plateaux comme des planches, est suivi d'une longue rééducation. L'adaptation pour la télévision du roman Le Lion de Joseph Kessel qu'il envisageait de tourner est finalement interprétée par Alain Delon.
En avril 2007, il est promu commandeur dans l'ordre national de la Légion d'honneur.
Il retrouve en 2008, après sept ans d'absence, les plateaux de cinéma pour tourner, sous la direction de Francis Huster, Un homme et son chien. Ce remake de Umberto D. de Vittorio De Sica est un drame dans lequel il incarne un homme qui se retrouve du jour au lendemain à la rue. Le film n'est cependant pas un succès public.
En 2011, lors du festival de Cannes, il reçoit une Palme d'honneur pour l'ensemble de sa carrière. Il apparaît au festival accompagné de Barbara Gandolfi. Un documentaire lui est consacré à cette occasion, Belmondo, itinéraire..., avec une diffusion simultanée sur France 2 et sur la Croisette.
Le 19 juin 2012, à Bruxelles, c'est pour l'ensemble de sa carrière qu'il reçoit la médaille de chevalier de l'ordre de Léopold en même temps qu'un Coq de Cristal.
Claude Lelouch annonce en juillet 2012 le retour de l'acteur dans son prochain film Les Bandits manchots, projet qui n'a pas abouti.
Le 14 octobre 2013, un hommage est rendu à l'acteur lors de l'ouverture du cinquième Festival Lumière de Lyon, avec la projection du film Un singe en hiver. L'acteur, accompagné de son fils Paul, est ovationné par environ quatre mille cinq cents spectateurs ainsi que par les invités comme Quentin Tarantino, Jean Rochefort, Pierre Richard, Jean-Pierre Marielle, Charles Gérard, Bertrand Tavernier.
Le 9 février 2015, Jean-Paul Belmondo annonce sur RTL sa retraite définitive du cinéma et du théâtre. En avril de la même année, à l'occasion de ses 82 ans, il revient sur cette déclaration et confie au Parisien qu'il aimerait bien rejouer. En octobre 2015, il apparaît à nouveau en public lors de la soirée d'ouverture du Festival Lumière.
Lors de la Mostra de Venise 2016, il se voit remettre des mains de la comédienne Sophie Marceau le Lion d'or pour la carrière. Le réalisateur polonais Jerzy Skolimowski est également récompensé. En février 2017, lors de la 42e cérémonie des César, un hommage est rendu par l'Académie des César à Jean-Paul Belmondo pour l'ensemble de sa carrière sous forme de montage vidéo rétrospectif.
Dans ses dernières années, le projet d'un nouveau retour sur les plateaux de cinéma est évoqué, sans aucun aboutissement. En 2017, Fabien Onteniente annonce Coup de chapeau, où l'acteur incarnerait un père enlevé de sa maison de retraite par ses deux enfants pour un dernier voyage entre Paris et l'Italie. Très avancé, le film est retardé puis annulé, n'ayant pas trouvé de distributeur, ni pu boucler le budget. Claude Lelouch annonce diverses idées au cours des années 2010, notamment en 2018, après sa suite à Un homme et une femme, une suite à Itinéraire d'un enfant gâté intitulée Itinéraire de deux enfants gâtés et pour laquelle Belmondo et Richard Anconina donnent leur accord. Lelouch envisage aussi de réunir Brigitte Bardot et Belmondo dans un même film, pour s'offrir le retour de deux icônes au cinéma.
Le 14 juillet 2019, il est élevé à la dignité de grand officier dans l'ordre national de la Légion d'honneur.
Le 19 septembre 2019, meurt l'acteur Charles Gérard dont il est très proche depuis leur rencontre en 1948 dans une salle de boxe, et leurs passions communes pour le sport. Il lui rend hommage en ces termes : « Notre amitié sans faille était prioritaire sur les plateaux de tournage. J’aimais le sentir à mes côtés dans Flic ou voyou et tant d’autres films. Oui, il était mon meilleur ami. Le plus important, celui de ma jeunesse. En un mot, il était mon pote ».
Mort, hommage national et obsèques
Jean-Paul Belmondo meurt le 6 septembre 2021 à son domicile situé au 39, quai d'Orsay dans le 7e arrondissement de Paris, à l'âge de 88 ans.
Dans les heures qui suivent cette annonce, plusieurs personnalités du monde politique et du spectacle lui rendent un hommage. Le président de la République, Emmanuel Macron, rend hommage à l'acteur à travers ces mots : « Il restera à jamais le Magnifique. Jean-Paul Belmondo était un trésor national, tout en panache et en éclats de rire, le verbe haut et le corps leste, héros sublime et figure familière, infatigable casse-cou et magicien des mots. En lui, nous nous retrouvions tous. ». Le soir même de sa mort, plusieurs chaînes de télévision bouleversent leur programme afin de diffuser des films dans lesquels Jean-Paul Belmondo a joué au cours de sa carrière. Le lendemain, la mort de Jean-Paul Belmondo fait la une de la presse européenne et internationale.
Un hommage national lui est rendu le 9 septembre dans la cour des Invalides en présence de personnalités politiques (une dizaine de ministres, l'ancien président François Hollande, l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin) et du monde du spectacle (entre autres Jean Dujardin, Bob Sinclar, Guillaume Canet et Marion Cotillard, Michel Drucker, Vladimir Cosma, Richard Anconina, Gilles Lellouche...), d'un millier d'anonymes, et du président de la République, Emmanuel Macron, qui prononce son éloge funèbre. Quand son cercueil est repris pour se diriger aux Invalides, l'orchestre militaire interprète La Marseillaise et Chi Mai (thème du film Le Professionnel, composé par Ennio Morricone, dans lequel Jean-Paul Belmondo a joué). Le soir même, son cercueil est exposé aux Invalides pour que le public puisse venir lui rendre hommage. Des milliers de Français défilent devant le catafalque.
Le lendemain, ses obsèques se déroulent à l'église Saint-Germain-des-Prés en présence des proches et de la famille54. La présence de grandes personnalités du cinéma français est remarquée, telle que celles d'Alain Delon, de Pierre Richard ou de Claude Lelouch. Après une multitude d'hommages et une cérémonie religieuse, le cercueil de Jean-Paul Belmondo est crématisé au crématorium du cimetière du Père-Lachaise.
En 1953, Jean-Paul Belmondo fait ses vrais débuts sur les planches dans deux pièces au Théâtre de l'Atelier, Médée de Jean Anouilh et Zamore de Georges Neveux dans des mises en scène d'André Barsacq. Le jeune acteur se réjouit de jouer dans une pièce d'Anouilh, pour laquelle il est par ailleurs crédité sous le nom de Jean-Paul Belmondo : mais la tragédie s'avère un échec public, ce qui conduira Belmondo à déclarer « Médée est le premier bide de Jean Anouilh, et je joue dedans ! »
En 1956, Belmondo joue dans le film Les Copains du dimanche, une commande de la CGT qui met en scène un groupe de jeunes aviateurs. Il y croise plusieurs jeunes vedettes en devenir dont le jeune Michel Piccoli. Mais le film n'aura pas de sortie nationale sous la pression du syndicat des producteurs et ne sera montré que de façon confidentielle au printemps 1957 à Paris, puis les années suivantes gratuitement dans différents comités d'entreprise. Déçu du sort réservé au film, d'autant plus qu'il était convenu qu'il ne serait payé qu'au pourcentage des recettes en salles, il retourne sur les planches, où il interprète des pièces de Feydeau et de George Bernard Shaw. Sa carrière cinématographique débute vraiment avec un petit rôle, dans Sois belle et tais-toi, réalisé en 1958 par Marc Allégret : Belmondo y croise Alain Delon, également débutant. La même année, il est envisagé pour tenir l'un des rôles principaux du film Les Tricheurs après que Marcel Carné l'a remarqué dans Les Copains du dimanche. Carné hésite cependant entre lui et Laurent Terzieff pour le rôle du protagoniste. Après une longue indécision, Carné finit par choisir Terzieff, qu'il juge plus crédible pour un rôle d'intellectuel : il embauche cependant Belmondo pour tenir le rôle de l'un des acolytes du personnage de Terzieff, ce qui permet au jeune comédien d'apparaître régulièrement tout au long du film, et d'améliorer sa situation financière en touchant un bon cachet.
Belmondo retrouve ensuite Marc Allégret pour les besoins du film Un drôle de dimanche, avec Bourvil et Danielle Darrieux. Jean-Luc Godard, alors critique aux Cahiers du cinéma, juge le film exécrable, mais loue le talent de Belmondo en qui il voit « le Michel Simon et le Jules Berry de demain ». Godard l'embauche ensuite pour jouer dans son court métrage Charlotte et son jules : Belmondo inaugure ainsi une période de collaboration au mouvement dit de la Nouvelle Vague. Toujours en 1958, Belmondo est rappelé sous les drapeaux pour servir lors de la guerre d'Algérie, ce qui l'oblige à abandonner les représentations d'Oscar et l'empêche de post-synchroniser Charlotte et son jules, qui sort avec la voix de Godard. Une fois démobilisé, il revient en France métropolitaine et se remet en quête de rôles, tout en décidant de se marier.
Belmondo tient l'année suivante son premier rôle important dans À double tour, de Claude Chabrol. Le film connaîtra une carrière commerciale moyenne. Belmondo enchaîne avec un autre film de la Nouvelle Vague, À bout de souffle, de Jean-Luc Godard, qu'il considère comme moins important que celui de Chabrol. Enthousiasmé par les conditions de travail avec Godard - les dialogues sont quelquefois improvisés -, il tourne ensuite Classe tous risques, film policier réalisé par Claude Sautet, dont il partage la vedette avec Lino Ventura.
Avant même la sortie des films de Godard et Sautet, Belmondo achève la décennie en interprétant le rôle de d'Artagnan dans Les Trois Mousquetaires, dramatique télévisée réalisée par Claude Barma, tournée et diffusée en direct pour Noël 1959. Bien qu'en retirant un surcroît de notoriété, il n'apprécie guère ce premier tournage télévisuel, du fait des cadences imposées aux comédiens par les conditions du direct
Jean-Paul Belmondo, né le 9 avril 1933 à Neuilly-sur-Seine et mort le 6 septembre 2021 à Paris, est un acteur français. Il a été également producteur de cinéma et directeur de théâtre.
Alternant dans les premières années de sa carrière des films populaires et d'Art et Essaiavant de pencher nettement pour la première catégorie, il est rapidement devenu l'une des plus grandes vedettes du cinéma français, champion incontesté du box-office au même titre que Louis de Funès et Alain Delon à la même époque. En cinquante ans de carrière, il a attiré dans les salles près de 130 millions de spectateurs : entre 1969 et 1982, il a joué à quatre reprises dans les films les plus vu de l'année en France comme (Le Cerveau, Peur sur la ville, L'Animal, L'As des as), égalant le record de Fernandel et n'étant dépassé sur ce point que par Louis de Funès
Il a tourné sous la direction de grands réalisateurs français, tels Alain Resnais, Louis Malle, Philippe de Broca, Henri Verneuil, Jean-Luc Godard, Claude Chabrol, François Truffaut, Claude Sautet, Jean-Pierre Melville, Claude Lelouch, Jean-Paul Rappeneau, Georges Lautner ou encore Gérard Oury, ainsi qu'avec quelques réalisateurs étrangers comme Vittorio De Sica, Mauro Bolognini ou Peter Brook. Un grand nombre de ses films sont devenus des classiques du cinéma français, comme Le Professionnel, Borsalino, À bout de souffle, L'Homme de Rio, Le Magnifique, Un singe en hiver, Le Casse, Flic ou Voyou ou Joyeuses Pâques.
À partir du milieu des années 1980, ses films marquent le pas, attirent moins de spectateurs, la critique ne l'épargne pas, il est moins présent au cinéma et se produit surtout au théâtre. Il obtient cependant en 1989 le César du meilleur acteur pour son rôle dans Itinéraire d'un enfant gâté, qu'il refuse. Depuis le début des années 2000, des problèmes de santé l'on contraint à se retirer du cinéma et des planches, si l'on excepte un film sorti en 2009. Pour l'ensemble de sa carrière, il reçoit une Palme d'honneur au cours du festival de Cannes 2011 puis, lors de la cérémonie des Césars 2017, un hommage lui est rendu en sa présence, où le public lui fait une longue ovation debout
Les raisons de la chute
Lorsque Mazarin meurt en mars 1661, la faveur de Fouquet semble à son comble : il contrôle le Conseil privé du souverain, qui le charge de créer un Conseil du commerce et lui confie plusieurs missions de diplomatie secrète.
Cependant, les critiques de Colbert et l'avertissement de Mazarin, sur son lit de mort, à propos de Fouquet jouent en sa défaveur : Louis XIV se méfie de plus en plus d'un ministre jugé trop ambitieux. Contrairement à une idée reçue, la fête extravagante de Vaux n'est pas la cause de l'arrestation de Fouquet : la décision du renvoi, de l'aveu même du roi, fut prise auparavant, le 4 mai.
Elle s'explique principalement par la crainte du cardinal et de Colbert qui voient ses places fortes qu'il fait bâtir sur les côtes comme une menace : il a fait débarquer des hommes et de nombreux canons sur l'île d'Yeu. Aussi, Fouquet, populaire, possède un immense réseau de clientèle dans le royaume et se présente comme un fervent soutien des partis dévots, que Colbert suspecte d'avoir attenté à la vie du roi le 29 juin 1658 à Calais, par empoisonnement.
Le parti dévot est absolument opposé à l'alliance avec l'Angleterre, jugée hérétique. Le roi, probablement empoisonné, entouré de ses médecins, réussit à vomir et survit alors que « l'après-Louis XIV » était évoqué. Colbert aussi avait prévenu le cardinal dès 1658 d'une possible tentative d'empoisonnement à l'encontre du roi. Ce même réseau de clientèle, fidèle à Fouquet, est impliqué dans l'affaire des poisons qui éclabousse jusqu'à Madame de Montespan ; mais joue aussi le fait que Louis XIV a l'impression d'être joué par Fouquet : après lui avoir promis de revenir à une gestion plus saine de ses finances, le surintendant est retombé dans ses anciennes pratiques. La résolution du roi se durcit, quand Colbert lui remet les rapports de son cousin, Colbert de Terron, sur les fortifications et l'armement de Belle-Île.
Deux éléments font obstacle à la chute du surintendant : par sa charge de procureur général, Fouquet n'est justiciable que devant le Parlement, qu'il contrôle. Ensuite, le surintendant jouit de la faveur d'Anne d'Autriche. Colbert y pare méthodiquement : d'abord, il s'arrange pour que Fouquet propose spontanément au roi de vendre sa charge pour lui en remettre le produit. Ensuite, il gagne à sa cause la duchesse de Chevreuse, proche amie de la reine-mère. Fouquet, informé de ces menées, ne les comprend pas et accumule les maladresses.
L'arrestation
Buste en plâtre de Nicolas Fouquet, à Vaux-le-Vicomte.
Lors du séjour de la cour à Nantes pour les états de Bretagne, Louis XIV ordonne le 5 septembre 1661 à d'Artagnan d'arrêter le surintendant pour malversations.
L'instruction
Le chancelier Séguier, principal accusateur de Fouquet, par Gérard-Léonard Hérard, musée du Louvre.
Le 7 septembre, Fouquet est transféré au château d'Angers. Les perquisitions commencent, en présence de Colbert, pourtant simple particulier, sans rôle dans l'instruction.
Tout au long des recherches, Colbert fait porter au roi, en toute irrégularité, des pièces inventoriées, dont certaines sont conservées et certaines rendues après quelques jours. Colbert fait également analyser tous les comptes et tous les registres financiers saisis, afin d'y chercher des éléments de preuve contre Fouquet. Derrière un miroir, à Saint-Mandé, on découvre le « plan de défense » de Fouquet : il s'agit d'instructions en cas de crise, rédigées par Fouquet lui-même en 1657, à une époque, où il croit que Mazarin a juré sa perte. Le mémoire prévoit qu'en cas d'emprisonnement et de mise au secret de Fouquet, les gouverneurs qui comptent parmi ses amis s'enferment dans leur citadelle et menacent d'entrer en dissidence pour obtenir sa libération — « projets de révolte qui eussent mérité la mort si le ridicule n'en avait adouci le crime », note l'abbé de Choisy. Indiscutablement factieux, ce plan est effectivement inachevé, lacunaire et tout à fait irréaliste. On relève également un engagement pris par les adjudicataires des gabelles de verser une pension annuelle de 120 000 livres à un bénéficiaire dont le nom est laissé en blanc : il s'agit clairement d'un pot-de-vin.
Par la suite, Fouquet accusera Colbert d'avoir fait placer chez lui un document issu des papiers de Mazarin : de fait, le papier n'est pas mentionné dans un premier procès-verbal établi avant la visite de Colbert, et n'est trouvé qu'après une visite minutieuse des lieux par ce dernier.
Le 12 septembre, Louis XIV supprime la surintendance, la remplaçant par un Conseil royal des finances. Colbert prend le poste de Fouquet au Conseil d'en haut, avec rang de ministre. Relevant d'une forme parfaitement légale de justice retenue du roi, ce dernier a institué une juridiction d'exception par édit royal de novembre 1661 « portant création et établissement d’une chambre de justice, pour la recherche des abus et malversations commises dans les finances de Sa Majesté depuis l’année 1635 »53, chambre de justice constituée le 15 et présidée par le chancelier Séguier avec pour adjoint Guillaume de Lamoignon. Elle est composée de magistrats de la Cour des aides et de la Chambre des comptes. Le 1er décembre, Fouquet est transféré au château d'Amboise ; la population l'injurie sur son passage.
L'instruction du procès de Fouquet est ouverte le 3 mars 1662. Dès lors, la procédure s'embourbe. Les interrogatoires débutent le 4 mars, alors que Fouquet n'a pas connaissance des pièces saisies et qu'aucun acte de procédure ne lui a été notifié. En mai, il est inculpé. Le 6 juillet, un arrêt du Conseil d'en haut lui interdit de se pourvoir devant le Parlement, malgré sa qualité d'ancien procureur général. Il n'est pas confronté aux témoins avant le 18 juillet, et on ne lui accorde un conseil que le 7 septembre. Le 18 octobre marque une étape importante du procès : la cour rend un arrêt d'appointement, qui impose que la procédure se déroule désormais par écrit.
À partir de novembre 1662 commence une procédure écrite qui dure deux ans. Le président désigne une liste de rapporteurs. Mme de Maupeou, qui agit pour le compte de son fils, en récuse deux, comme elle en a le droit. Louis XIV réplique qu'il avait choisi précisément ces deux magistrats, et refuse toute modification. Le 10 décembre, Colbert fait remplacer Lamoignon, jugé trop favorable à l'accusé, et lui substitue Pierre Séguier, dont la haine pour l'ancien surintendant est notoire.
Enfin, le 3 mars 1663, la cour accepte de communiquer à Fouquet les pièces de son choix, et consent à n'utiliser que celles qu'il aurait étudiées. Pendant ce temps, plusieurs des complices de Fouquet ont été jugés et condamnés. Ainsi, Jean Hérault de Gourville est condamné à mort par contumace pour « péculat » et lèse-majesté. La marquise du Plessis-Bellière, probablement la meilleure amie de Fouquet, est emprisonnée.
Pendant ce temps, plusieurs amis du prisonnier publient des libelles en sa faveur. Pellisson, embastillé, publie en cachette un Discours au roi par un de ses fidèles sujets sur le procès de M. Fouquet dont Louis XIV prend connaissance.
La Fontaine écrit et fait circuler, sans nom d'auteur, une Élégie aux Nymphes de Vaux, poème dédié à « M. F. » faisant appel à la clémence du roi, ce qui lui vaut la suppression de sa pension par Colbert.Colbert fait pourchasser les auteurs et les colporteurs de gazettes.
Le 14 novembre 1664, Fouquet est amené à la chambre de justice dans l'Arsenal, pour être interrogé sur la sellette. Il se défend avec acharnement au cours de cette procédure orale.
Les crimes reprochés
Les deux crimes reprochés sont le péculat (détournement de fonds publics par un comptable public) et la lèse-majesté, passibles tous deux de la peine de mort.
Le péculat
Jean-Baptiste Colbert, grand rival de Fouquet, par Coysevox.
Les chefs d'accusation peuvent être regroupés comme suit :
réception de pensions sur les fermes mises en adjudication ;
acquisition de droits sur le roi par l'utilisation de divers prête-noms ;
réassignation de vieux billets surannés ;
octroi d'avances à l'État en cumul avec une fonction d'ordonnateur des fonds, afin d'en tirer bénéfice.
L'accusation appuie son argumentation sur deux types de preuves : d'abord, l'opulence de Fouquet et ses nombreuses acquisitions, ensuite, le témoignage de plusieurs manieurs d'argent ainsi que les papiers trouvés durant les perquisitions.
Sur le premier point, l'accusation soutient la pauvreté de Fouquet avant d'entrer dans les affaires : à preuve, il a dû emprunter les 450 000 livres de sa charge de procureur général. Elle met également en avant les dépenses importantes engagées pour Vaux.
L'accusation pointe ensuite son immense fortune actuelle, sur la base des 38 comptes découverts chez son commis : entre février 1653 et la fin 1656, Fouquet a reçu 23 millions de livres. Sur ce montant, 3,3 millions proviennent de ses gages et appointements, le reste étant constitué de billets de l'Épargne, d'ordonnances de comptant et de sommes reçues des gens d'affaires. Pour l'accusation, cela prouve que Fouquet confond les recettes destinées à l'État et ses revenus personnels.
De manière surprenante, et malgré les demandes de Fouquet, les magistrats ne dressent aucun état des biens de l'accusé, qui aurait permis de trancher la question. En effet, Fouquet de son côté nie sa prétendue pauvreté au moment d'entrer en fonction comme sa richesse actuelle. Tout au long de la procédure, il se défend habilement, profitant d'une insuffisante culture financière du chancelier Séguier. Il se montre évasif sur les questions les plus épineuses pour lui, comme celle des droits d'octroi, et exploite les faiblesses de l'accusation comme la complexité du dossier.
Sur le fond, Daniel Dessert donne raison au surintendant. Il juge que les différents chiffres produits à charge sont « divers, contradictoires, en un mot discutables » et devant être maniés avec précaution. Pour lui, ils témoignent davantage de la circulation des effets et de l'argent entre les mains de Fouquet et de ses collaborateurs que de l'ampleur de la fortune de ce dernier, et donc des détournements qu'il aurait commis. Sur la base des actes notariés existants, des papiers du procès et des pièces relatives au règlement de la succession, il estime la fortune de Fouquet lors de son arrestation à 15,4 millions de livres d'actif et 15,5 millions de passif, soit un solde négatif de 89 000 livres. Fouquet n'aurait donc pas gagné à être surintendant. De plus, Fouquet n'aurait pas volé son argent au roi : toutes ses acquisitions seraient payées ou en cours de paiement avec l'argent de son couple. Il conclut que « l'ensemble du dossier, pièces à conviction et interrogatoires, ne permet pas de prouver un quelconque manquement de Fouquet. »
Jean-Christian Petitfils se montre plus réservé. Sa propre estimation de l'état des biens de Fouquet fait ressortir un actif de 18 millions de livres et un passif de 16,2 millions, soit un solde positif de 1,8 million. Il met également l'accent sur le compte de résultat et notamment l'importance des dépenses, ainsi que sur le désordre de la comptabilité de Fouquet. Si « rien ne démontre qu'il ait puisé directement dans les caisses du Trésor (…) il est difficile d'admettre qu'au milieu de cette orgie de faux et de concussion, Fouquet soit resté blanc comme neige. » Comme beaucoup de ses contemporains, Fouquet se serait donc bel et bien enrichi en se comportant comme banquier, financier et traitant vis-à-vis de l'État, alors même qu'il était en même temps ordonnateur des fonds.
La lèse-majesté
L'accusation, assez ténue,
se fonde essentiellement sur le plan de défense de Saint-Mandé, lequel n'était pas connu au moment de l'arrestation : on reproche à Fouquet d'avoir fomenté un plan de rébellion en bonne et due forme, en corrompant des gouverneurs de place et des officiers, en fortifiant certaines de ses terres, en constituant une flotte de vaisseaux armés en guerre et en tentant d'enrôler dans son parti la Compagnie de Jésus.
Au pied du mur, Fouquet invoque un mouvement de folie et dénie tout caractère sérieux au contenu du plan. Pour lui, son seul crime est de ne pas avoir brûlé ce papier aussitôt rédigé. Pourtant le plan de Saint-Mandé est modifié par Fouquet plusieurs fois après sa rédaction initiale en 1657 (1658 et 1659). Ce qui rend peu crédible sa défense basée sur une folie due à la fièvre. Il conclut en retournant la politesse à son accusateur, Séguier, dont le comportement pendant la Fronde n'avait pas été exempt de tout reproche, et surtout dont le gendre, le duc de Sully, avait ouvert aux Espagnols les portes de Mantes, dont il avait le gouvernement.
Si le plan de Saint-Mandé n'est pas connu lors de l'arrestation, de fortes présomptions pèsent sur Fouquet depuis la fortification de ses places fortes, en plus des liens qui l'unissent aux milieux dévots, plus proches des Rois catholiques et de la maison des Habsbourg que des rois très-chrétiens (qui eux sont proches des pays protestants et du Grand Turc). Le procès est surtout un procès politique mené en sous-main par les ministres de Louis XIV, notamment Colbert et Le Tellier.
Le jugement
Après trois ans d'audience, pendant lesquels les avocats de Fouquet ont produit plus de dix volumes in-folio de mémoires en défense, la Chambre de justice reconnaît, le 21 décembre 1664, Nicolas Fouquet coupable de péculat, crime pour lequel les ordonnances prévoient la mort. Mais sur les vingt-deux magistrats, seuls neuf opinèrent pour la mort, et Fouquet est condamné à la peine de confiscation de tous ses biens et de bannissement hors du royaume. Cette indulgence, toute relative, est peut-être une déception pour Colbert qui a consacré trois ans d'efforts à cette affaire. Le marquis de Sourches note dans ses Mémoires que la nouvelle est reçue « avec une joie extrême, même par les plus petites gens des boutiques. »
Pour la plupart des contemporains, le verdict et la liesse populaire conséquente sont dues à un procès inique. L'abbé de Choisy note ainsi : « la manière dont on s’y prit pour le perdre ramena les cœurs dans son parti. Il était coupable mais, à force de le poursuivre contre les formes, on irrita les juges en sa faveur, et son innocence prétendue fut un effet de la colère aveugle et précipitée de ses ennemis. » De même, Voltaire, tout en reconnaissant que Fouquet a « dissipé les finances de l'État et (…) en a usé comme des siennes propres », explique cette sentence clémente par « l'irrégularité des procédures faites contre [Fouquet], la longueur de son procès, l'acharnement odieux du chancelier Séguier contre lui, le temps qui éteint l'envie publique et qui inspire la compassion pour les malheureux, enfin les sollicitations toujours plus vives en faveur d'un infortuné que les manœuvres pour le perdre ne sont pressantes. »
Louis XIV change, en usant de son droit de grâce, la sentence en détention perpétuelle à Pignerol, place forte royale située dans les Alpes, le roi ne pouvant pas prendre le risque de laisser Fouquet, qui garde toute son influence, se réfugier dans une cour ennemie. Il disgracie également les juges, dont Olivier Le Fèvre d'Ormesson72et Pierre de Roquesante, qui n'ont pas appliqué ses volontés dans cette affaire. Les riches amis financiers de Fouquet sont poursuivis par la même chambre de justice, qui siège jusqu'en 1669. Les nobles ne sont pas inquiétés.
L'internement à vie à la forteresse de Pignerol
Fouquet est emprisonné dans deux pièces du donjon de la forteresse de Pignerol commandée par Bénigne Dauvergne de Saint-Mars. On lui adjoint deux valets, Champagne et La Rivière, puis on les lui retire. Louis XIV libéralise ses conditions de détention à partir de 1677, il peut désormais se promener dans l'enceinte du donjon, recevoir la visite de sa famille ou de ses amis. Le roi envisage de libérer le vieil homme malade et usé lorsque Fouquet meurt officiellement à la forteresse le 23 mars 1680, peu après l'affaire des poisons qui touche une partie des amis de l'ancien surintendant (dont la veuve du marquis d'Assérac). Il meurt sous les yeux de son fils, le comte de Vaux, qui se trouve là en visite. La mort est due à une crise d'apoplexie et fait suite à une longue maladie. Aucun acte de décès n'est établi, mais une ordonnance énumère les frais entraînés par la maladie puis les funérailles de Fouquet. Au reste, la famille ne conteste pas les circonstances du décès ; aucune autopsie n'est donc pratiquée.
Le corps de Fouquet est déposé dans l'église Sainte-Claire de Pignerol, comme c'est la coutume pour les défunts anciens prisonniers de la forteresse. Il sera par la suite transféré dans la chapelle Fouquet du couvent de la Visitation-Sainte-Marie, à Paris (actuel temple protestant du Marais, rue Saint-Antoine).
Cependant, plusieurs sources jettent le trouble sur ce récit des événements. Gourville affirme dans ses Mémoires que Fouquet a été libéré peu de temps avant de mourir. D'après Voltaire, qui écrit des années après les évènements, cette thèse serait confirmée par la comtesse de Vaux, belle-fille de Fouquet. Il faut noter que celle-ci a épousé le comte de Vaux en 1687, sept ans après la mort de Fouquet.
Robert Challes rapporte dans ses Mémoires une hypothèse que lui aurait confiée le premier commis de Colbert : relâché à la suite de l'intercession de la dauphine, Fouquet serait mort à Chalon-sur-Saône, possiblement d'une indigestion. Il est le premier à mentionner un éventuel empoisonnement. Malgré son niveau de détail, l'hypothèse telle que rapportée par Challes est peu vraisemblable.
Enfin, il faut mentionner un ajout autographe de Louvois à la fin d'une lettre adressée à Saint-Mars, geôlier de Fouquet : « Mandez-moi comment il est possible que le nommé Eustache ait fait ce que vous m'avez envoyé, et où il a pris les drogues nécessaires pour le faire, ne pouvant croire que vous les lui ayez fournies. » Le «dénommé Eustache» est Eustache Dauger, un autre prisonnier de Pignerol, bien plus célèbre que Fouquet puisque c'est le nom que donne Louvois au masque de fer dans sa correspondance avec Saint-Mars.
Le texte sibyllin de Louvois laisse penser à un empoisonnement mais, si Dauger a bien eu la possibilité matérielle de le faire, on ne lui reconnaît aucun mobile. Petitfils suppose que les « drogues » dont il est question ont servi à élaborer de l'encre sympathique et conclut que Fouquet est mort de mort naturelle. Dessert, tout en jugeant « plausible » l'empoisonnement, souligne également l'absence de mobile, et écarte comme « matériellement impossible » l'idée que Colbert puisse en être à l'origine.
Sa haute position sociale au moment de son arrestation, et donc les nombreux secrets qu'il était censé connaître, l'acharnement du roi, qui brisa la sentence des juges, font que certains auteurs, comme Paul Lacroix, ont mêlé le sort de Fouquet à celui de l'homme au masque de fer, thèse sans fondements historiques. Il reste que dans ses mémoires, l'abbé Dubois, confident du Régent, fait état d'un entretien de ce dernier avec Louis XIV, peu avant sa mort, qui lui aurait dit que le Masque de fer était Fouquet, laissant entendre qu'il aurait soupçonné la reine (Anne d'Autriche ou Marie-Thérèse ?) d'avoir eu une liaison avec lui.
Dans l’essai historique Le Secret du Masque de fer (1973), Marcel Pagnol, qui identifie le fameux prisonnier au frère jumeau de Louis XIV, développe une thèse selon laquelle Fouquet fut empoisonné par Saint-Mars à Pignerol, sur ordre de Louis XIV relayé par Louvois. Pagnol cite également la lettre de Louvois, mais réfute la thèse selon laquelle Fouquet aurait été empoisonné par Dauger, estimant notamment que ce dernier n’aurait pu se procurer « les drogues nécessaires ».
Portrait de Fouquet par Charles Le Brun.
Nicolas Fouquet, marquis de Belle-Île, vicomte de Melun et de Vaux, né le 27 janvier 1615 à Paris et mort le 23 mars 1680 à Pignerol, est un homme d'État français. Procureur général au Parlement de Paris et surintendant des Finances en 1653, il devient, en puisant dans les comptes publics, l'un des hommes les plus riches et les plus puissants du royaume de France.
Acquéreur de nombreuses terres et propriétés, il fait bâtir entre 1657 et 1661 le château de Vaux-le-Vicomte, qu'il transforme en un domaine fastueux, grâce aux artistes de renom qu’il embauche, ce qui contribue à alimenter la désaffection du jeune roi Louis XIV.
L'influence grandissante de Jean-Baptiste Colbert marque l'arrêt progressif de l'ascension de Fouquet, qui est dénoncé par Colbert pour malversations.
Destitué et arrêté sur l'ordre de Louis XIV en 1661, il est condamné au terme d'un procès-fleuve de trois ans à la confiscation de ses biens, et au bannissement hors du royaume. Sa peine est aggravée par le roi en un emprisonnement à vie en la forteresse de Pignerol, où il meurt le 23 mars 1680.
Nicolas Fouquet retrouve une célébrité posthume par le biais des nombreux romans et films, notamment Le Vicomte de Bragelonne d'Alexandre Dumas.
Henri Charrière, dit « Papillon », est un ancien bagnard, né le 16 novembre 1906 à Saint-Étienne-de-Lugdarès en Ardèche et mort le 29 juillet 1973 à Madrid en Espagne. Il a été rendu célèbre par son ouvrage Papillon, écrit en 1969, qui est présenté comme un récit autobiographique mais ne l'est que partiellement.
Biographie
Henri Antonin Charrière est né dans une famille d'instituteurs, Joseph et Marie-Louise, originaires de Gras et de Saint-Marcel-d'Ardèche, installés dès leur mariage à Saint-Étienne-de-Lugdarès, finalement mutés en 1909, à Pont d'Ucel (où il grandira).
Le 7 octobre 1917, sa mère meurt d'une maladie contagieuse contractée auprès des blessés indochinois qu'elle soignait. Il est adopté Pupille de la Nation par jugement de tribunal le 19 mai 1922.
Le 2 mai 1925, il s'engage pour trois ans dans la marine et embarque sur le porte-avions Béarn. Forte tête, il se retrouve en section spéciale, à Calvi, où il se fait tatouer un papillon. Il réussit à se faire réformer, le 28 avril 1927, au prix d'un pouce mutilé.
L'hôpital en bois de Saint-Laurent-du-Maroni.
De retour en Ardèche, il travaille de-ci de-là et joue au rugby (à Aubenas). Il s'installe à Paris en 1927, vit, de petite délinquance, avec Georgette Jeanne Fourel (dite « Nénette »). Mais le 26 mars 1930, un homme nommé Roland Legrand, officiellement charcutier, officieusement souteneur, est blessé par balle d'un seul coup de revolver dans le ventre, à 3 h 30 du matin. Il est amené à l'hôpital Lariboisière, où il meurt le 27 mars à 0 h 10, après avoir déclaré à la police le nom du tireur : « Papillon Roger ». Mais c'est Henri Charrière, à savoir « Papillon Pouce-coupé », qui est arrêté le 7 avril 1930.
Pour le meurtre de Roland Legrand, qu'il a toujours nié, Charrière est condamné le 28 octobre 1931 aux travaux forcés à perpétuité au bagne de Guyane. Il épouse Georgette Fourel, à la mairie du 1er arrondissement de Paris, le 22 décembre 1931. Ils divorceront le 8 juillet 1970 par décision du tribunal de grande instance de Paris.
Il quitte la citadelle de Saint-Martin-de-Ré le 29 septembre 1933 à bord du La Martinière et débarque le 14 octobre avec le statut de « transporté » à Saint-Laurent-du-Maroni. Il reste peu de temps dans le camp de la transportation car il est affecté comme aide-infirmier à l'hôpital colonial André-Bouron où il voit passer de nombreux détenus qui reviennent de cavales et lui racontent leurs histoires d'évasion dont il s'inspirera. Cette place lui évite les travaux des chantiers forestiers ou des concessions agricoles qui anéantissent les bagnards en quelques mois.
Il s'évade une première fois le 5 septembre 1934 mais échoue en Colombie, pays qui rend à la France les bagnards évadés. Jugé par le tribunal maritime spécial, il passe deux ans dans les cellules de la Réclusion de l'île Saint-Joseph. Plusieurs fois transféré, il finit comme infirmier-chef dans un camp d'Indochinois sur le continent guyanais, le camp forestier des Cascades d'où il s'évade dans la nuit du 18 au 19 mars 1944, avec quatre autres compagnons. Après de nombreux déboires, il s'installe à Caracas au Venezuela en 1945. Il refait sa vie dans ce pays, comme barman, restaurateur et gérant de boîtes de nuit. Il y vivra diverses aventures. Il y rencontre sa compagne, Rita Alcover avec qui il vivra jusqu’à la fin de sa vie.
En 1956, il devient citoyen vénézuélien.
En 1967, la prescription de sa peine devient effective ; Papillon peut fouler le sol français, après trente-quatre ans d'exil. Au mois de juillet de cette même année, il découvre L'Astragale, le livre des « aventures » d'Albertine Sarrazin, ce qui lui donne l'envie d'écrire ses propres aventures.
En 1968, il écrit en quelques mois le best-seller Papillon. L'éditeur Robert Laffont décide de le publier sous l'appellation « récit » dans sa nouvelle collection « Vécu ». Le livre sort en mai 1969 devenant une célébrité. Toutes éditions confondues, le livre est vendu à près de 2,5 millions d’exemplaires en France, à plus de 10 millions à l’étranger. Papillon bat un record avec 120 000 exemplaires vendus en moins d’un mois.
Henri Charrière est gracié le 17 octobre 1970, par le président de la République ; il s’installe en Espagne à Fuengirola. Devenu une célébrité médiatique, il joue le rôle principal du film Popsy Pop, réalisé par Jean Herman et sorti en 1972.
Il meurt d'un cancer de la gorge, en juillet 1973 à Madrid, mais est enterré, selon ses dernières volontés, dans le cimetière de Lanas, en Ardèche.
Controverses autour du livre
Au début des années 1970 sortent deux livres qui s'en prennent à Henri Charrière, Papillon épinglé de Gérard de Villiers et Les Quatre Vérités de Papillon de Georges Ménager, mettant en cause le récit et le personnage de Papillon.
En décembre 1969, quelques mois après la sortie du livre, l'éditeur Robert Laffont avait envoyé le documentaliste Roger-Jean Ségalat sur les lieux du récit pour en contrôler la véracité. Ségalat avait décelé plusieurs éléments mensongers et relaté son expédition dans un récit intitulé Sur les traces de Papillon, qu'il s'abstint toutefois de publier.
Dans son livre de 1974, Laffont, consacrant un passage élogieux à Charrière, ne dira rien des découvertes de Ségalat.
En réalité, le livre est bien une « biographie (largement) romancée ». Plusieurs des faits présentés comme appartenant à la vie de Charrière furent en réalité vécus par d'autres personnages, notamment Marius Jacob, René Belbenoît, Pierre Bougrat et Charles Brunier. De plus, l'écrivain Max Gallo aurait participé à la rédaction du livre.
Henri Charrière répond à ses détracteurs en 1972 avec le livre Banco qui parle notamment de sa vie avant et après le bagne.
Le dernier livre paru sur le personnage est une biographie publiée en 2006 et préfacée par Robert Laffont, Papillon Libéré de Vincent Didier, dépositaire des archives privées d'Henri et Rita Charrière, qui fait don de ce fonds historique aux Archives Départementales de l'Ardèche en avril 2019.
Adaptations
Une adaptation cinématographique américaine du livre a été tournée : Papillon (1973) de Franklin J. Schaffner réunit Steve McQueen dans le rôle principal de Papillon et Dustin Hoffman dans celui de Louis Delga. Ce film eut beaucoup de succès.
Un documentaire, Cayenne Hollywood, est réalisé en 2009 et retrace la vie authentique de deux bagnards célèbres : Henri Charrière et René Belbenoît.
En 2015, le chanteur français Sanseverino adapte son histoire dans un album intitulé Papillon dans le style musical bluegrass.
En 2017, sort une nouvelle adaptation au cinéma de son livre : Papillon de Michael Noer avec Charlie Hunnam dans le rôle de Charrière et Rami Malek dans le rôle de Louis Delga.
Publications
Papillon, Robert Laffont, Paris, 1969
Banco, Robert Laffont, Paris, 1972
Filmographie
1971 : La Belle Garce et le Truand (Popsy Pop) de Jean Herman (scénariste et acteur)
Discographie
Chansons du Bagne, Disques Vogue, 1969
Papillon raconte aux enfants les merveilleuses histoires de ses amis indiens, Barclay
Papillon raconté par Papillon, Disc'Az