Date de création : 09.04.2012
Dernière mise à jour :
23.12.2024
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Par allan ehrhardt www, le 19.12.2024
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Par allan ehrhardt www, le 19.12.2024
écrire votre commentaire... peka eme
Par Anonyme, le 17.12.2024
lors de mon dernier voyage j'ai eu la chance de rencontrer hugues aufray.
il est toujours aussi gentil , accu
Par cuisine2jacques, le 15.12.2024
nicole aniston
Par Anonyme, le 26.10.2024
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2008.
En 2020, la commune comptait 50 habitants, en augmentation de 8,7 % par rapport à 2014 (Meuse : −4,45 %, France hors Mayotte : +1,9 %).
1793 | 1800 | 1806 | 1821 | 1831 | 1836 | 1841 | 1846 | 1851 |
209 | 178 | 187 | 178 | 212 | 204 | 187 | 205 | 191 |
1856 | 1861 | 1866 | 1872 | 1876 | 1881 | 1886 | 1891 | 1896 |
168 | 173 | 162 | 161 | 171 | 165 | 165 | 148 | 135 |
1901 | 1906 | 1911 | 1921 | 1926 | 1931 | 1936 | 1946 | 1954 |
132 | 123 | 128 | 39 | 68 | 74 | 74 | 83 | 58 |
1962 | 1968 | 1990 | 1999 | 2006 | 2008 | 2013 | 2018 | 2020 |
48 | 60 | 41 | 49 | 46 | 45 | 47 | 51 | 50 |
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De 1962 à 1999 : population sans doubles comptes ; pour les dates suivantes : population municipale.
(Sources : Ldh/EHESS/Cassini jusqu'en 1999 puis Insee à partir de 2006.)
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Église Saint Hilaire
Livre d'or : Morts aux Champs d'honneur de la guerre 1914-1918 : Victimes Militaires : Cochenet gabriel ; Cochenet Ernest ; Cure Eugène ; Jeuvraux Hippolyte ; Hance Victor ; Paquis Georges ; Paquis René ; Lambert Louis. Civiles : Bourcier Emile ; Couturier Jules ; Charlot Hortense ; Goujon Ernest ; Paquis Emile.
Le monument aux morts se trouve devant la mairie, en plein centre du village.
Un calvaire se trouve sur la route de Crépion, avant la ferme des Sillons.
Installation de l'abreuvoir en haut du village.
Il y a deux abreuvoirs dans le village : un entre l'église et la mairie, dans le virage ;
l'autre près du lavoir. Le lavoir possède une mare à son entrée, qui servait autrefois à l'abreuvement du bétail. Ce lavoir sert aujourd'hui de point de ralliement pour la jeunesse, avec notamment en début septembre « l'apéro-déprimo-post-rentrée ».
Église Saint Hilaire xixe siècle. Reconstruite toute en pierre en 1930. Portail néo-roman. Clocher octogonal, flèche hexagonale couverte d'ardoise.
Au cimetière se trouve une concession à perpétuité du général Alexandre.
Quelques ouvrage de guerre se trouvent dans les bois, parmi d'autres vestiges. Des tranchées sont encore visibles, ainsi que des sapes.
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Passage d'une troupe allemande en direction de Verdun.
Cette section a été rédigée à partir de trois sources d'informations.
Notre sobriquet est "Chats Grillis" ou les chats grillés. Notre saint patron, saint Hilaire, est fêté le 14 janvier.
Wavrille doit ses origines au défrichement des marais et des friches par les moines (comme pour Damvillers). Son étymologie provient d’un mot gaulois vobero ou vabero, qui désignait un petit ruisseau plus ou moins caché, l’endroit où de l’eau sourd de terre (étymologie que l'on retrouve dans des lieux-dits pour désigner une source, un ruisseau, mais aussi un bois, une prairie ou une terre humide, Wavrille quoi ... le village porte bien son nom). Vobero a également servi à donner le nom à la Woëvre.
Auparavant, Wavrille appartenait au diocèse de Verdun. Et faisait partie du Luxembourg français de 1659 à 1790, dans le bailliage de Marville. Les chartes d'affranchissement ont eu lieu en 1318, 1320, 1324, et 1342. C'est en 1324 que Wavrille est sorti de la dotation de Mettloch à la suite de son achat par le roi de Bohème Jean comte du Luxembourg.
Le village comptait 409 habitants en 1850. Wavrille a été totalement détruit en 1914-1918. On peut joliment admirer l'église Saint-Hilaire aujourd'hui, qui remplace celle détruite en 1914-1918. La blancheur de ses pierres en fait un monument stratégique pour l'armée ou tout autre avionaute, puisqu'elle se repère de très loin pourvu qu'on prenne un peu de hauteur. Elle n'a pas été reconstruite sur l'emplacement de l'ancienne église, qui se trouvait en lieu et place de l'actuelle mairie.
Wavrille a été fusionnée avec le village d'Etraye jusqu'en 1987.
Wavrille est aujourd'hui un environnement verdoyant, encaissé entre des collines bordées de forêts. Le bois est une des ressources principales du village. Le territoire reste principalement agricole (productions polyculture et bovins). Même si on ne dénombre plus que trois fermes sur la commune (au lieu de six jusqu'au milieu des années 1980).
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Carte des infrastructures et de l'occupation des sols de la commune en 2018 (CLC).
Vadelaincourt est une commune rurale, car elle fait partie des communes peu ou très peu denses, au sens de la grille communale de densité de l'Insee
Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Verdun, dont elle est une commune de la couronne. Cette aire, qui regroupe 103 communes, est catégorisée dans les aires de moins de 50 000 habitants.
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de données européenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires agricoles (68,3 % en 2018), une proportion sensiblement équivalente à celle de 1990 (67,1 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : terres arables (62,8 %), forêts (31,7 %), prairies (5,5 %). L'évolution de l’occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : la carte de Cassini (xviiie siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)
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En 1973, Vadelaincourt est intégrée à la commune des Quatre-Vents, avant d'être rétablie en 1984.
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L'ossuaire de Douaumont est un monument à la mémoire des soldats Français et Allemands morts en 1916 lors de la bataille de Verdun. Il est situé sur la commune de Douaumont-Vaux, à quelques kilomètres de Verdun, dans le département de la Meuse en région Grand Est.
L'ossuaire est conçu au lendemain de l'armistice de 1918 à l'initiative de Charles Ginisty, évêque de Verdun. Inauguré le 7 août 1932 par le président de la République, il abrite les restes de 130 000 soldats inconnus, Français et Allemands. Il est le lieu d'un des symboles de l'amitié franco-allemande : la poignée de main de François Mitterrand et Helmut Kohl le 22 septembre 1984. Il est classé aux monuments historiques le 2 mai 1996.
En face de l'ossuaire, la nécropole nationale de Douaumont rassemble 16 142 tombes de soldats français, majoritairement catholiques, dont un carré de 592 stèles de soldats musulmans. Le cimetière militaire contient également deux mémoriaux respectivement consacrés aux soldats de confessions juive et musulmane.
Historique de l'ossuaire
La bataille de Verdun se déroule du 21 février au 19 décembre 1916 et fait 700 000 victimes, françaises et allemandes, dont 300 000 morts.
L'ossuaire provisoire de 1920.
Au lendemain de l'armistice de 1918, Charles Ginisty, évêque de Verdun, parcourt le champ de bataille jonché de cadavres. Avec le soutien du général Valantin, gouverneur de la place de Verdun, et de la princesse de Polignac, veuve de guerre, il décide d'édifier un ossuaire pour donner une sépulture décente à ces soldats et permettre à leur famille de se recueillir.
En 1919, une baraque en planches fait office d'ossuaire provisoire. Une association privée est créée et un comité présidé par Charles Ginisty se met à la recherche de financements nécessaires à l'édification du monument définitif. De 1919 à 1932, l'évêque parcourt la France et le monde entier : 122 villes françaises et 18 villes étrangères font un don, tout comme le Canada en 1925 et les États-Unis en 1928. Un concours d'architecture est organisé pour imaginer le futur monument. Il est remporté en 1923 par un trio d'architectes : Léon Azéma (Premier Grand Prix de Rome 1921), Max Edrei et Jacques Hardy.
Arrivée des cercueils à l'ossuaire en 1927.
Les deux premières pierres sont posées le 22 août 1920 par le maréchal Pétain, président d'honneur du Comité de l'Ossuaire, et Charles Ginisty. Les ingénieurs doutent de pouvoir assurer la stabilité du bâtiment. Pour le vérifier, ils réalisent une épure pierre par pierre du monument.
Le 17 septembre 1927, a lieu le transfert solennel de l'ossuaire provisoire à l'ossuaire définitif, encore en construction, des 52 cercueils représentant les secteurs de la bataille de Verdun.
L'ossuaire en construction.
Le 7 août 1932, l'ossuaire de Douaumont est inauguré par le président de la République Albert Lebrun, en présence de nombreux dignitaires français et étrangers, d'anciens combattants et des familles de soldats disparus.
Le 22 septembre 1984, le président français François Mitterrand et le chancelier allemand Helmut Kohl y rendent ensemble hommage aux combattants tombés pendant la Première Guerre mondiale. Leur poignée de main est devenue l'un des symboles de l'amitié franco-allemande. Le même jour, une centaine de jeunes Français et Allemands plantent des érables sycomores en symbole de l'amitié entre les deux pays.
Le 2 mai 1996, l'ossuaire et la nécropole nationale sont classés monuments historiques.
De mars 2011 à mars 2014, le monument est complètement rénové en prévision des centenaires de la Première Guerre mondiale et de la bataille de Verdun. Le ravalement redonne sa blancheur au bâtiment, tandis que les croix blanches en béton des tombes des soldats sont remplacées par d'autres en quartz avec du ciment blanc. Le montant des travaux s'élève à 1,8 million d'euros. Le carré musulman avait déjà été rénové en 2009. Pendant les travaux, en mars 2012, l'ossuaire est profané, des individus ayant volé des ossements.
Le 9 février 2014, pour la première fois, le nom d'un soldat allemand, Peter Freundl, est ajouté aux noms des soldats français gravés sur la voûte de l'ossuaire. Le nom est dévoilé en même temps que celui d'un soldat français, Victor Manassy, après une messe célébrée dans la chapelle de l'ossuaire. La décision d'inscrire un Allemand est contestée par quelques personnes qui parlent d'un « sacrilège ».
Les concessions des tombes individuelles sont perpétuelles, et renouvelables par l'État français tous les 30 ans. Dans un avenir lointain, l'État devrait décider de regrouper les restes des soldats, progressivement ; vers l'ossuaire, qui sera maintenu dans l'histoire (et sans doute agrandi). Les tombes individuelles des soldats des autres cimetières seront rassemblées dans des ossuaires, progressivement. De nos jours, par exemple, les tombes individuelles des soldats français morts pendant la guerre de 1870 sont de plus en plus rares dans les cimetières français, tout comme trouver aussi, par exemple, des tombes de soldats des guerres napoléoniennes, transférés de plus en plus dans des ossuaires, depuis 1920.
Architecture de l'ossuaire
L'ossuaire de Douaumont est conçu par un trio d'architectes (Léon Azéma, Max Edrei et Jacques Hardy) qui s'inspire de l'art roman. Il consiste en un bâtiment horizontal de plus de 130 mètres de long, avec au milieu une tour haute de 46 mètres, qui offre une vue panoramique sur la nécropole et les champs de bataille avec une table d'orientation. La façade du monument est décorée des armoiries des villes ayant contribué à son érection. Sur la porte en bronze de l'ossuaire, une épée est dessinée avec de part et d'autre deux palmes dégagées, et au-dessus le mot « PAX » (« paix » en latin).
Au sommet de la tour, il y a une cloche de bronze de 2 042 kg, l'une des plus grosses du département. Elle est appelée « Louise Anne Charlotte » ou « Bourdon de la Victoire » et sonne un do. Elle a été coulée le 17 mars 1927 à Orléans par Louis Bollée et Armand Blanchet, et a pour parrain et marraine le marquis Davisard et Mme Thorburn van Buren, la donatrice. La cloche est transportée de Paris à Douaumont en passant par Meaux, Soissons, Reims, Nancy, Metz, Saint-Mihiel et Verdun. Elle est bénie le 18 septembre 1927 et classée au titre d'objet aux monuments historiques le 20 décembre 1996. La tour est également une lanterne des morts qui compte à son sommet quatre feux tournants alternativement blanc et rouge éclairant le champ de bataille.
Pour certains, le bâtiment de l'ossuaire représente la poignée d'une épée fichée dans le sol jusqu'à la garde, pour d'autres, la tour est un obus. Une carte d'appel de fonds pour sa construction présente le bâtiment comme le symbole de « la Digue que les héroïques Défenseurs de Verdun ont opposée avec leurs poitrines à l'avance de l'ennemi ».
Vues extérieures de l'ossuaire
L'ossuaire provisoire de Douaumont (vers 1920).
Statue par Berthe Girardet devant l'ossuaire provisoire.
Sous l'entrée principale, la tombe du général Anselin.
Le corps principal de l'ossuaire est constitué d'un cloître long de 137 mètres. Il est bordé de 18 alvéoles contenant chacune deux tombeaux en granite rose de Perros-Guirec, et se termine par deux absides contenant cinq tombeaux chacune. Il y a donc au total 46 tombeaux correspondant à 46 secteurs du champ de bataille. Mais chaque tombeau des absides contient des ossements recueillis dans deux secteurs les plus éloignés, ce qui fait que les 52 secteurs sont représentés. Dans chaque alvéole, des verrières projettent sur les tombeaux une lumière rouge, symbole du sacrifice. Chaque tombeau surplombe une fosse de 14 m3 et à chaque extrémité du cloître, un caveau de 350 m3 accueille les surplus des secteurs les plus chargés. Au total, 130 000 soldats inconnus, Français et Allemands, reposent en ce lieu. Les os sont visibles à travers des vitres depuis l'extérieur.
À chaque extrémité du cloître, un grand bouclier taillé dans un seul bloc de granite accueille la flamme du souvenir les jours de cérémonie. Le sol est couvert d'un dallage en mosaïque avec comme motifs la médaille militaire aux extrémités, la Légion d'honneur au centre et la croix de guerre entre les deux. Sur la voûte en plein cintre du cloître, chaque pierre gravée porte le nom d'un soldat disparu, à la demande des familles ou des associations de combattants. Près de 4 000 inscriptions recouvrent les murs et la voûte du cloître. Le cloître abrite deux statues de Berthe Girardet : Soldat de Verdun de 1927 et Statue de la résignation de 1920, déjà présente dans l'ossuaire provisoire.
Au premier étage de la tour, se trouve le musée de la guerre qui se compose de matériel militaire, d'armes et d'uniformes français et allemands. Il y a également des vues stéréoscopiques des champs de bataille et un hommage à Charles Ginisty. Le musée possède un mortier allemand Minenwerfer de 76 mm, classé au titre d'objet aux monuments historiques depuis le 3 décembre 1999. L'ossuaire est propriétaire de plusieurs objets religieux (croix, chandeliers, chasubles, calices, patènes…) qui sont également classés aux monuments historiques
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Femmes usine de munition 1917
Condamnation d'institutrices pacifistes
En France, sous Clémenceau, l'institutrice féministe et militante pacifiste Hélène Brion est arrêtée et condamnée en conseil de guerre. Elle est inculpée de « défaitisme ».
Le 31 octobre, Colette Reynaud et Louise Bodin fondent « La voix des femmes », revue hebdomadaire socialiste féministe et pacifiste.
Cécile Brunschvicg participe à la mise en place de l'École des surintendantes d'usine.
Au Canada, les femmes obtiennent le droit de voter aux élections fédérales.
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Photographie prise pendant les opérations de déblaiement montrant les débris des voitures du train accidenté
L'accident ferroviaire de Saint-Michel-de-Maurienne, qui s'est déroulé le 12 décembre 1917 dans les Alpes, est le plus grave accident ferroviaire survenu en France.
Le déraillement, survenu dans la descente de la vallée de la Maurienne entre Modane et Saint-Michel-de-Maurienne dans le département de la Savoie, d'un train en surcharge rempli de permissionnaires revenant du front italien, a fait 435 morts
Contexte
À la suite de la défaite de l'armée italienne lors de la bataille de Caporetto du 24 octobre 1917, un corps expéditionnaire franco-britannique de 120 000 hommes est envoyé dans le nord-est de l'Italie pour renforcer le front italien. Un mois plus tard et une fois la situation stabilisée, le général Fayolle, commandant des troupes françaises en Italie, accorde des permissions à ses soldats qui avaient déjà combattu auparavant sur le front de l'Est de la France. Le transport des permissionnaires est organisé par la Direction des transports militaires aux armées (DTMA) laquelle utilise les services et les matériels des compagnies de chemins de fer françaises et italiennes.
À la fin du mois de novembre 1917, la DTMA établit un plan de transport ferroviaire pour acheminer les soldats permissionnaires depuis Vicence, ville italienne de la plaine du Pô, jusqu'aux gares de Lyon et de Chagny, en Saône-et-Loire. Le plan prévoit la mise en place d'un train journalier pour transporter 600 soldats vers la France durant une période initiale de six jours. Le premier de ces trains quitte l'Italie le 30 novembre à 18 h, arrive à Modane le lendemain à 16 h et poursuit son trajet en France. Ce dispositif est renouvelé pour une nouvelle période de six jours, le nombre de soldats transportés est même doublé pour les trains quittant l'Italie les 11 et 12 décembre. En outre, la gare de départ est maintenant celle de Bassano del Grappa située au nord-est de celle de Vicence.
Le train qui quitte la ville italienne de Bassano del Grappa le 11 décembre 1917 emporte 1 200 permissionnaires français et comporte dix-sept voitures. Il arrive au milieu de l'après-midi du 12 décembre 1917 à Turin et prend la direction du tunnel du Mont-Cenis via la vallée de Suse. Compte tenu de son tonnage (530 tonnes) dû à sa longueur et à sa composition, le train est divisé en deux au départ de la gare de Bardonnèche car il ne pouvait pas gravir les pentes qui mènent au tunnel. Les deux rames ainsi constituées gagnent séparément la gare de Modane dans la nuit où elles sont ré-assemblées pour constituer le train PLM ML 3874. À 22 h 47, le train de permissionnaires quitte Modane en direction de Chambéry. Il déraille quelques minutes plus tard à 14 km en aval de Modane, avant son passage à Saint-Michel-de-Maurienne, au lieu-dit La Saussaz.
Composition du train
À son départ de la gare italienne de Bassano del Grappa, le train de permissionnaires français est composé de dix-sept voitures. À son arrivée à la gare frontière de Bardonèche il est scindé en deux rames pour rejoindre le tunnel du Mont-Cenis :
treize des dix-sept voitures et un fourgon additionnel sont assemblés pour constituer la rame 7020 ;
les quatre autres voitures, un fourgon ainsi que trente et un wagons vides sont assemblés pour constituer la rame MM.
Les deux rames italiennes arrivent à Modane dans la soirée du 12 décembre 1917. La rame 7020 est mise en attente sur la voie no 25 de la gare et la rame MM sur la voie no 2. La locomotive PLM 2592, qui attendait sur la voie no 24 depuis le milieu de l’après-midi, doit réassembler les voitures du train de permissionnaires pour composer le train ML 3874 à destination de Chambéry. La manœuvre de reconstitution du train est cependant retardée par le passage et l'arrêt de deux trains de voyageurs dont le train express no 12604 à destination de Paris. La plupart des officiers permissionnaires profiteront de la présence de ce train civil pour quitter le train militaire et continuer leur parcours séparément des autres soldats
Le train ML 3874 reconstitué comporte : la locomotive 2592 et son tender, un fourgon de tête, dix-sept voitures et un fourgon de queue. Quinze voitures sont à bogies, les deux autres voitures ainsi que les deux fourgons sont à essieux. Toutes les voitures sont en bois, de fabrication italienne, et appartiennent à la compagnie Ferrovie dello Stato (FS). Le fourgon de tête appartient aussi à la FS tandis que celui de queue appartient à la Compagnie des chemins de fer du Nord. La longueur du train est de 350 mètres pour un poids à vide de 526 tonnes
Toutes les voitures disposent du système de freinage automatique continu et d'un système manuel11. Cependant, au départ du train, le système de freinage automatique ne reste activé que sur le fourgon de tête et les deux premières voitures, il est désactivé sur les autres voitures. Sept garde-freins sont alors répartis sur ces véhicules pour assurer un freinage manuel. Ce mode de freinage disparate est celui qui est généralement utilisé à l'époque par la compagnie PLM pour les trains de marchandise auxquels les trains militaires étaient assimilés.
La ligne entre Modane et Saint-Michel-de-Maurienne.
Entre les gares de Modane et de Saint-Michel-de-Maurienne, le dénivelé moyen de la ligne est de 346 m sur une distance de 15,59 km, soit 22 ‰. Le dénivelé est même de l'ordre de 30 ‰ à certains endroits, notamment entre le tunnel de la Grande-Muraille et le tunnel de la Brèche et entre le tunnel de Bronsonnière et le tunnel de la Doucière.
Le déraillement
Le train quitte la gare de Modane à 22 h 47. Le début de la descente s'effectue normalement mais à partir du Freney, peu après Modane, le train prend une vitesse excessive qui ne cesse d'augmenter. Il devient bientôt incontrôlable, lancé à la vitesse de 135 km/h, mesurée par l'enregistreur de vitesse de la locomotive, puis 150 km/h entre Orelle et Saint-Michel-de-Maurienne.
Le mécanicien actionne le sifflet de la locomotive pour alerter les serre-freins, mais les actions de ces derniers s'avèrent insuffisantes à une telle vitesse et dans une si forte pente. Le train déraille alors peu avant son entrée dans la gare de Saint-Michel et les voitures enchevêtrées s'écrasent contre un mur de soutènement d'une tranchée au niveau du hameau de la Saussaz et prennent feu rapidement.
La première voiture déraille au PK 222 de la ligne, à une centaine de mètres environ à l'est du pont ferroviaire qui enjambe la rivière l'Arc. Ce déraillement se propage à l'ensemble du convoi, la plupart des voitures s'écrasent contre le mur de soutènement de la tranchée de Saint-Anne, situé à droite de la voie après le pont ferroviaire dans le sens de la marche, et contre la pile nord d'un pont routier menant au hameau de Saint-Anne. L'attelage, entre le tender et le premier fourgon, se rompt au niveau de ce pont à 1 300 mètres environ en amont de la gare de Saint-Michel-de-Maurienne. La locomotive et le tender continuent leur trajet en direction de Saint-Michel-de-Maurienne, alors que les véhicules en bois, encastrés les uns dans les autres, prennent feu. L'incendie ne cesse que le lendemain soir. Quatorze voitures sont entièrement détruites par le choc et l'incendie. Seuls le fourgon de tête, la première voiture, le fourgon de queue ainsi que les deux dernières voitures échappent à l'incendie et ne sont que partiellement accidentés.
Le mécanicien Girard, trop occupé par ses freins défaillants, ne remarque pas immédiatement l'absence des voitures. Libérée de l’attelage, la locomotive arrive à toute vitesse en gare de Saint-Michel-de-Maurienne, où elle finit par dérailler également. Girard s'en sort en sautant à l’entrée de la gare. Lui et des soldats écossais attendant leur départ pour Modane (deux divisions britanniques avaient également été envoyées sur le front italien en octobre), ainsi que les employés de chemin de fer des deux gares partent immédiatement sur le lieu de l'accident pour tenter de porter secours tandis que le tocsin sonne dans la vallée. Leur entreprise est rendue difficile par le passage escarpé où se trouve le train accidenté, le brasier des voitures, mais aussi la hauteur des débris superposés.
Au fur et à mesure que le jour apparait, les blessés sont transférés à l'hôpital de Modane et à Saint-Michel-de-Maurienne qui se transforme petit à petit en morgue improvisée. Cinq jours sont nécessaires pour retrouver tous les corps et rendre de nouveau praticable la ligne.
Bilan de l'accident
Au même titre que l'hôpital militaire de Saint-Jean-de-Maurienne, l'usine de pâtes alimentaires Bozon-Verduraz toute proche du lieu de l'accident fut réquisitionnée et transformée en poste de secours et en chapelle ardente.
Le véritable nombre de victimes ne pourra jamais être définitivement arrêté, le train arrivant d'Italie ayant en effet effectué de nombreux arrêts avant Modane, durant lesquels des militaires en profitaient pour le quitter ou pour le rejoindre, empêchant de connaître le nombre exact de passagers à son bord au moment de l’accident.
De l'amas de ferraille, plus de 424 corps furent retirés et officiellement identifiés ; 135 autres corps ne purent l'être ; 37 corps furent également retrouvés le long du ballast et aux abords de la voie, entre La Praz et le pont de fer, soldats ayant sauté du train alors incontrôlable ou expulsés par les soubresauts. Ils furent inhumés dans un terrain communal contigu au cimetière. Seuls 183 hommes présents dans le train auraient répondu à l'appel le 13 décembre au matin.
L'on dénombre à la fin des recherches 425 morts, 423 soldats et deux cheminots. Le bilan provisoire est alors de :
350 rescapés ;
207 blessés ;
148 morts identifiés ;
277 morts non-identifiés.
Les corps retrouvés sont dans un premier temps inhumés dans des fosses communes sous l’ossuaire. Ils seront transférés en 1961 dans la nécropole nationale de la Doua à Villeurbanne.
Il est à noter que le chef de gare de La Praz, voyant passer ce train à vitesse folle, a averti la gare de Saint-Jean-de-Maurienne de retarder le départ d'un train de soldats britanniques afin d'éviter une nouvelle catastrophe.
L'enquête et la censure
Cet accident est resté classé secret militaire pendant de nombreuses années après la fin de la guerre. À l'époque, le gouvernement impose le silence à la presse française qui ne relate pas ou peu l'accident. Le Figaro y consacre 21 lignes seulement dans son édition du 17 décembre, quatre jours après la catastrophe, ainsi que le journal Vienne et la Guerre dans lequel on peut lire :
13 décembre 1917 : « Un grave accident de chemin de fer se produit en Savoie. Un train de permissionnaires, rentrant d'Italie en France a déraillé. On compte malheureusement des morts et un assez grand nombre de blessés. »
17 décembre 1917 : « Les obsèques nationales des victimes de l'accident de chemin de fer qui s'est produit en Savoie dans la nuit du 12 au 13, ont lieu à Saint-Jean de Maurienne. Les honneurs militaires ont été rendus par des détachements des troupes françaises, britanniques et italiennes. Le gouvernement était représenté par les ministres des travaux publics et de la justice. Ce dernier a prononcé un discours ainsi que le général italien Rostagno. »
Un tribunal est réuni en conseil de guerre pour juger six cheminots de la Compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée (PLM), dont le mécanicien, mais tous sont finalement acquittés.
En juin 1923, André Maginot, ministre de la Guerre, inaugure un monument en hommage aux victimes au cimetière de Saint-Michel-de-Maurienne. En 1961, les restes des victimes sont transférés au cimetière militaire national de Lyon-La Doua. Le 12 décembre 1998, pour le 81e anniversaire de l'accident, une stèle, financée par la commune, le Souvenir français et l'Office national des anciens combattants et victimes de guerre, est inaugurée au lieu-dit La Saussaz, non loin du lieu du drame.
Pour le centenaire de la tragédie, sept communes situées sur le parcours de la ligne ferroviaire (Modane, Fourneaux, Le Freney, Orelle, Saint-André Saint-Michel-de-Maurienne et Saint-Jean-de-Maurienne) se sont associées pour une commémoration du 2 au 18 décembre 2017.
Cet accident demeure la catastrophe ferroviaire la plus meurtrière survenue en France. C'est aussi le souvenir le plus tragique de la Première Guerre mondiale dans la région.
L'accident au cinéma et dans la littérature
L'accident ferroviaire de Saint-Michel-de-Maurienne est évoqué dans le film Un long dimanche de fiançailles de Jean-Pierre Jeunet sorti en 2004.
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La mutinerie des soldats russes à La Courtine (commune française du département de la Creuse) a lieu en 1917, pendant la Première Guerre mondiale, au sein du corps expéditionnaire russe en France. À la suite de la révolution de Février et face à la faible considération qu'ont les Français pour leur rôle dans la guerre, environ 9 000 soldats russes refusent le combat et installent dans le camp un embryon de « république soviétique » tout en réclamant leur retour en Russie. L'armée française, soutenue par les Russes loyalistes, reprend le camp ; les combats feront officiellement 12 morts, dont neuf du côté des mutins.
Contexte
La Courtine est une commune française, située dans le département de la Creuse et la région Nouvelle-Aquitaine. En 1901, un camp militaire y a été créé. Pendant la Première Guerre mondiale, il sert de base arrière aux armées comme centre d'instruction et de préparation au front.
Les premiers mois de la guerre ont décimé les armées françaises qui connaissent une pénurie d’hommes. Dès 1915, il est envisagé d'envoyer au front la classe 1916. À la demande de Joffre, le sénateur Paul Doumer (futur président de la République) se rend en Russie en décembre 1915 pour demander à Nicolas II l'envoi d'un corps expéditionnaire afin de renforcer les armées françaises en difficulté. Faute de moyens matériels, la Russie ne peut pas utiliser tous les hommes en âge de se battre. La France demande 40 000 hommes par mois ; en parallèle, la délégation parlementaire française confirme la livraison à la Russie d'armes dont 450 000 fusils. Finalement, la France obtient seulement 45 000 hommes, dont 750 officiers, qui sont armés et équipés par elle.
Deux brigades d'infanterie (les première et troisième) sont envoyées en France et deux autres (les deuxième et quatrième) dans les Balkans, à Salonique pour l'armée d'Orient. La première brigade est constituée de deux régiments, le 1er constitué d'ouvriers moscovites et le 2e de paysans de la région de Samara. Sous les ordres du général Lokhvitski, elle rejoint la France par mer, de Vladivostok à Marseille en passant par le canal de Suez où elle arrive le 20 avril. La troisième brigade, commandée par le général Marouchevski, part d'Arkhangelsk et arrive à Brest fin août 1916. Elles débarquent en France le 20 avril 1916. Les soldats russes sont reçus comme des sauveurs par la population française : leur participation au défilé du 14 juillet 1916 est ovationnée par les Parisiens. Dès leur arrivée, ils sont envoyés au Camp de Mailly. Là, ils sont armés et s'entraînent à la guerre de tranchées, se familiarisent avec leur nouvel armement et avec la protection contre les gaz.
Les soldats russes sur le front
En décembre 1916, le général Nivelle est nommé généralissime des armées françaises à la suite de Joffre et lance au début de l'année 1917 de grandes offensives. Les pertes sont importantes dans les deux camps. Les deux brigades russes sont réunies au sein de la Ve armée et participent à ces attaques en première ligne, la plus touchée en pertes humaines. Ils interviennent à l'est du Chemin des Dames, entre Craonne et Reims. Les ordres sont de prendre les positions allemandes « d'un seul élan ».
Avant l'offensive, ayant appris avec plusieurs mois de retard que la révolution avait éclaté en février dans leur pays, provoquant la chute du tsar (15 mars) et la formation d'un gouvernement provisoire, ils décident de se constituer en comités de soldats, comme le prévoyait le prikaz (ordonnance) no 1 du soviet de Pétrograd. Ainsi, dans chaque compagnie, ils décident de voter de participer ou non à l'offensive. Mais ne pouvant communiquer avec tous leurs camarades pour connaître le résultat du vote, ils se résignent à partir au combat, qui, pour eux, serait le dernier sur le sol français. Sous les ordres des généraux Lokhvitsky et Marouchevski, les deux brigades russes sont réunies en une division affectée au 7e corps d'armée du général Georges de Bazelaire qui se prépare pour intervenir dans le secteur de la Neuvillette aux cavaliers de Courcy dans le secteur de Reims. Le 16 avril, les soldats russes partent à l'assaut en même temps que les 850 000 hommes. L'échec est sanglant et pratiquement sans gains. Pour leur part, les deux brigades russes obtiennent quelques succès en particulier les cavaliers de Courcy, mais en payant un lourd tribut : la 1re brigade compte près de 3 000 hommes hors de combat dont 700 tués et la 3e brigade 1 862 dont 238 tués. En trois jours, 4 472 soldats et 70 officiers sur environ 19 000 hommes sont tués ou blessés. À l'issue des combats, les récompenses abondent : croix de Saint-Georges russes, croix de guerre françaises et citations. Les prises d'armes qui accompagnent ses remises de décorations se passent dans le calme et la discipline, mais le feu couve. La propagande révolutionnaire s'intensifie et les brochures et tracts sont distribués, employant le terme de « chair à canon », affirmant que « les soldats russes ont été vendus contre des fournitures de munitions », etc.
Dans les Balkans, les 2e et 4e brigades se comportent selon les souhaits de l'état-major français, la première des deux est même citée à l'ordre de l'armée pour les combats de Monastir2. En France les soldats russes sont las de cette guerre, d'autant qu'aucune relève n'est prévue pour la troupe. Les comités de soldats russes réclament leur retour en Russie. Les troubles qui éclatent dès le 29 avril dans l'armée française sont connus des soldats russes.
Pour éviter une mutinerie, les Russes sont envoyés au camp de Neufchâteau dans les Vosges et à Baye dans la Marne, où ils défilent le 1er mai en chantant La Marseillaise et en ayant inscrit sur les drapeaux « SOCIALISME, LIBERTÉ, ÉGALITÉ », sans aucun appel à la poursuite de la guerre. L'ordre et la tenue demeurent corrects, des officiers sont même présents. Le général Palytzine, attaché militaire en France, dont dépend le corps expéditionnaire, apparaît monté sur un cheval blanc et entreprend de haranguer les hommes, faisant appel à leur sens du devoir. Mais interrompu, conspué, il doit se retirer précipitamment. En fin de journée, les désordres sont minimes et le général Édouard de Castelnau, dont dépend la division russe (1re Armée) reçoit l'assurance que les choses vont rentrer dans l'ordre. Cependant, les soldats sont divisés entre loyalistes au gouvernement Kerensky, et communistes.
Devant la dégradation de la situation, le commandement militaire français s’inquiète de la possible contagion des idées révolutionnaires sur les soldats des armées françaises, dont bon nombre sont en rébellion larvée. Il décide de les isoler : les 16 000 soldats, 300 officiers et leurs 1 700 chevaux sont alors déplacés loin du front au camp de La Courtine dans la Creuse, en juillet 1917. L'état-major leur laisse leurs armements et munitions, y compris les mitrailleuses.
Pour Léon Trotski, qui cite cet épisode dans son Histoire de la révolution russe, c'est aussi une tentative du gouvernement Kérensky, alors allié au général Kornilov et au Grand QG de l’armée russe, juste avant la tentative de soulèvement de Kornilov en août 1917 d’expérimenter de nouvelles méthodes pour remettre au pas les soldats russes échappant à son contrôle sur tous les fronts.
« Pendant ce temps, bien au-delà des frontières du pays, sur le territoire français, on procéda à l’échelle d’un laboratoire à une tentative de « résurrection » des troupes russes, en dehors de la portée des bolchéviques (…). »
La mutinerie
Dès leur arrivée, les soldats russes de la première brigade s'organisent pour rallier les loyalistes et déclarent : « Dès notre arrivée en France, on a considéré le soldat russe non comme un homme, mais comme un objet utile et n’ayant pour seule valeur que sa capacité au combat. Mais au premier combat, une partie d’entre nous perd cette valeur et suit le sort déplorable d’un fardeau inutile jeté dans les hôpitaux. Pour éviter cela, il faut s’unifier et catégoriquement refuser d’aller au front. […] Nous exigeons qu’on nous renvoie en Russie, d’où nous avons été chassés par la volonté de Nicolas le sanglant. Là-bas nous serons du côté de la liberté, du côté du peuple laborieux et orphelin ». Des rumeurs parcourent le camp selon lesquelles les soldats russes auraient été achetés par l'armée française avec la fourniture de fusils aux armées de Nicolas II.
Les soldats de la 3e brigade, dont la grande majorité est d'origine paysanne, se méfient des ouvriers moscovites de la 1re brigade. Des heurts éclatent entre soldats des deux brigades et 6 000 hommes de la 3e brigade et 400 de la 1re quittent le camp en compagnie d'officiers. Ils s'établissent sous des tentes au village de Felletin à 25 km de La Courtine. Le retour immédiat en Russie est à présent réclamé. Les autorités françaises considèrent ces troupes comme « une charge et une menace potentielle » et sont décidées à les rapatrier.
Le camp de La Courtine devient alors un camp autogéré par les hommes de troupe et des sous-officiers, près de 10 000 soldats qui exigent du gouvernement provisoire de rentrer en Russie. Menés par des sous-officiers, Afanasie Globa et Baltaïs, les soldats prennent le pouvoir et gèrent les affaires du camp. Baltaïs négocie sans résultat avec les émissaires de Kerenski leur retour en Russie. Afanasie Globa, président du Soviet du camp, qui demande de ne pas déposer les armes, est suivi par la majorité.
Plusieurs sommations adressées aux mutins, assorties de menaces du représentant du gouvernement russe, le général Zankeievitch (ru), demandant de remettre armes et munitions, restent lettre morte. La dernière, expirant le 3 août, n'a amené qu'environ 1 500 hommes à sortir du camp, par petits paquets et en trompant la surveillance des sentinelles mises en place par le soviet du camp. Le général Zankeievitch constatant l'échec de son ultimatum, renvoie les 1 500 hommes transfuges avec quelques officiers au camp de La Courtine, leur donnant l'ordre de revenir le lendemain avec leurs armes. Pendant les négociations, les Russes fraternisent avec la population et participent aux travaux des champs, les hommes français étant au front.
Effrayé par l'intransigeance des soldats et du risque de contagion sur les soldats français, l’état-major français décide d'acheminer dans la nuit du 3 août au 4 août 9 compagnies d'infanterie, 4 sections de mitrailleuses, 3 d'artillerie de 75 et 3 pelotons de cavalerie pour organiser un blocus du camp de La Courtine. Les consignes sont strictes : utiliser la force pour réduire la rébellion. Une compagnie d'artilleurs russes est également envoyée sur place. Les interventions du commissaire militaire du Gouvernement provisoire soviétique Isidore Rapp demeurent sans effets. Le 5 août, sous le commandement de camarades, les mutins manœuvrent pendant 2 heures. Le 10 août, 15 trains emmènent la 3e brigade au camp du Courneau près de Bordeaux, car il n'est pas question de les ramener au front, pour qu'ils se tiennent tranquilles. À la mi-août, une solution semble se dégager. Une brigade d'artillerie russe, forte d'environ 1 500 hommes destinée à l'armée d'Orient, sous le commandement du général Belaiev, et composée d'éléments fidèles est de passage en France. Ces forces renforcées par 2 000 hommes sélectionnés au sein de la 3e brigade, sont chargées de rétablir l'ordre. Cette force d'intervention se concentre d'abord à Aubusson et à partir du 4 septembre, au Mas-d'Artige.
De leur côté, les Français, sous le commandement du général Brezet complètent leur dispositif sous l'autorité du général Comby, commandant de la région militaire. Les troupes françaises composées presque exclusivement de soldats de la classe 1918 comprennent des compagnies des 33e, 43e, 50e, 73e, 78e, 84e, 100e, 108e, 110e, 126e, 127e et 165e régiments d'infanterie. Le 12 septembre, la population civile est évacuée de la périphérie du camp et des tranchées, renforcées de barbelés, creusées aux points stratégiques. Au vu de ces préparatifs, les mutins creusent également des emplacements de combat et disposent leur armement, mitrailleuses, canons de 37 et mortiers de tranchées. Le 14 septembre, le général commandant du corps expéditionnaire somme les mutins de soumettre avant le 16. Nouveau refus des rebelles.
Le 16 septembre, vers 10 h le premier coup de canon retentit. Les mutins, répondent en jouant la Marseillaise et la Marche funèbre de Frédéric Chopin. À 14 h, le premier obus à shrapnels éclate près des musiciens. Stupéfaits, les mutins se protègent dans les casernes. Le canon tonne seulement toutes les heures, pour laisser aux rebelles le temps de relever leurs blessés et de se rendre. Le tir dure jusqu'à 20 h, mais aucune reddition n'intervient, à l'exception de quelques hommes qui s'enfuient sous les tirs de leurs ex-camarades. Le lendemain à 10 h, les coups de canons, plus rapides, reprennent. À 14 h la véritable reddition commence. Jusqu'au soir ce sont plus de 7 500 hommes qui se rendent à l'église de La Courtine, sans armes et en agitant des drapeaux blancs. Les mutins ont jusque-là trois tués et 36 blessés. Il reste toutefois les irréductibles, environ 500 hommes. Le 18 septembre 1917, soutenus par l'artillerie, les troupes russes loyalistes investissent le camp ; mitrailleuses et fusils crépitent. Une dizaine de soldats est tuée et un certain nombre réussit à s'échapper, d'autres continuent à résister. Parmi les derniers résistants, des musiciens jouent la Marseillaise, hymne de la Russie depuis la révolution de Février, et la Marche funèbre de Chopin. Le 19 septembre vers 10 h, les derniers mutins, une cinquantaine dont Afanasie Globa, se rendent.
Suites
Le bilan officiel est de 9 morts mais plusieurs recoupements donnent à penser qu'il fut « réellement » de plus d'une centaine de morts. Pendant longtemps, les autorités françaises ont tenu secrète cette rébellion. Conscients que cet épisode ne pouvait, par son exemple, que susciter d'autres troubles, le haut commandement militaire décide la dissolution des deux brigades. Les autorités russes vont classer les mutins en 3 catégories selon leur engagement. Ceux qui sont jugés les plus coupables, 81 hommes, dont Globa, Baltaïs, Saraïkine et Kediaïev, sont envoyés en détention au fort Liédot sur l'Île-d'Aix. Trois soldats, morts par noyade au cours d'une tentative d'évasion, sont enterrés dans le petit cimetière de l'île. Les autres ont le choix entre s'engager dans l'armée française, ou comme travailleur militaire. Près de 1 300 refusent ces deux engagements et sont envoyés aux travaux forcés en Algérie ou placés d'office dans des fermes pour remplacer les fellahs combattant en France. Environ 10 000 s'engagent dans des unités de travailleurs. Tous ceux-là sont rapatriés à Odessa en 1919. Un groupe de trois cents mutins est transféré à Bourg-Lastic. Près de 400 officiers et sous-officiers tsaristes s'engagent dans une légion russe de volontaires, qui combat aux côtés des armées françaises, au sein de la 1re division marocaine, et combattent dans les batailles de la Somme, de Soissons, du Chemin des Dames. Ce bataillon est cité deux fois à l'ordre de l'armée française et est décoré de la croix de guerre 1914-1918, avec fourragère. Fin 1918 et en 1919, il participe à l'occupation de la Rhénanie à Mannheim2. Ce bataillon est appelée Légion d'honneur russe.
Les chiffres officiels établis par les autorités françaises et russes est de :
9 tués (peut-être 10) et 49 blessés chez les mutins pour 800 coups de canons tirés ;
1 tué et 3 blessés chez les loyalistes ;
côté français, 2 vaguemestres du 19e régiment d'infanterie de ligne, s'égarent et tombent sur des mutins cachés dans un bois qui ouvrent le feu. Le sergent Lemeur, blessé au ventre, meurt peu après et son compagnon, le sergent Féger, blessé à la cuisse, est réformé 5 mois plus tard.
Les tirs d'artillerie évitant les bâtiments, aucun n'est endommagé. D'autres bilans recensent 600 hommes qui disparaissent de toutes les listes par la suite.
Le 20 décembre 1917, un premier détachement américain s'installe dans le camp remis en état, mais encore marqué d'impacts de balles et de shrapnells.
On peut voir des tombes de soldats russes dans les cimetières de Cerny-en-Laonnois, Pontavert et à Saint-Hilaire-le-Grand.
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Les mutineries de 1917 désignent généralement la série de révoltes ayant eu lieu au sein de l'armée française au cours de l'année 1917, pendant la Première Guerre mondiale. Des mutineries ont toutefois eu lieu la même année dans les forces armées d'autres pays.
De nombreux facteurs expliquent cette rébellion française, notamment l’échec humiliant de la bataille du Chemin des Dames au printemps 1917 — offensive dirigée par le général Nivelle qui entraîna environ 200 000 pertes (morts et blessés) côté français. Les conditions de vie effroyables auxquelles devaient faire face les soldats français : le froid, la boue et le déluge d’obus n'étant que quelques facteurs parmi tant d'autres, eurent également un impact sur l'état d'esprit des troupes. Cette accumulation provoqua une montée de la colère parmi une partie des hommes au front qui décidèrent de se révolter contre l'autorité de l'état-major.
En 1917, après trois années d'une guerre meurtrière et indécise, la lassitude touchait l'ensemble des armées européennes, dont le moral était au plus bas.
Parmi des troupes françaises, le coût humain élevé de l'offensive Nivelle sur le chemin des Dames au printemps 1917, dont les gains sont seulement tactiques, les conditions de vie effroyables dans le froid, la boue, les bombardements d'artillerie et la rareté des permissions, tous ces facteurs s'additionnent et provoquent une montée de la protestation parmi les hommes au front.
L'espoir suscité par l'offensive avait été énorme à la veille du 16 avril 1917 : le général Nivelle promettait la fin de la guerre et donc, pour chaque soldat, le retour chez soi. L'offensive ayant été enrayée face aux fortifications allemandes, puis terminée sur ordre du gouvernement fin avril, la déception et la colère grondent : les soldats ont l'impression que la bataille a été mal préparée.
Or, début mai, l'ordre est donné de reprendre l'offensive dans les mêmes conditions sur un terrain toujours aussi désavantageux pour les Français. Face à l'entêtement de l'état-major qui souhaite poursuivre cette offensive à outrance, des mutineries éclatent et gagnent progressivement toutes les armées le long du front pendant huit semaines. À leur paroxysme, elles touchent 68 divisions sur les 110 qui composent l'Armée française.
Beaucoup de mutins ou de protestataires sont des soldats aguerris, qui ont prouvé leur valeur au combat. Ils demandent moins un arrêt de la guerre qu'un commandement plus soucieux de la vie des soldats et plus attentif aux conditions réelles du combat moderne.
Facteur aggravant, les combattants du front découvrent lors de leurs permissions les « embusqués », les personnes pourvues d'emplois les mettant à l'abri du service sur le front. L'augmentation des contacts et des transits par Paris leur montre une population parisienne se souciant peu de leur sort. Ils élargissent cette impression de dédain à l'ensemble de la classe politique ainsi qu'au Haut commandement. Enfin, le fait que les unités soient massées sur un espace réduit afin d'exécuter l'offensive Nivelle favorise la propagation rapide entre régiments différents de ce sentiment d'exaspération
L'historiographie a pendant longtemps fait de ces mutineries une simple conséquence de la Révolution russe de 1917. Si celle-là, ainsi que la montée de l'Internationale, ont joué un rôle dans cette grande crise, notamment à travers des tracts et certains journaux révolutionnaires (parfois subventionnés par la propagande allemande), elles ne semblent pas être considérées comme d'importance primordiale car la raison principale se situe bien dans le refus de participer à des attaques répétées.
Peut-être les soldats français ont-ils été influencés par l'exemple des soldats russes qui combattaient à leurs côtés. En effet, les survivants des 20 000 soldats de deux brigades russes, venues sur le front français en mars 1916, refusent de continuer le combat après l'offensive Nivelle et de nombreuses pertes. Mais c'est avant tout l'annonce tardive de la Révolution de février en Russie qui va motiver ces troupes pour réclamer leur rapatriement. Prudemment, l'état-major français les confine dans un camp à l'arrière où ils vont fêter le 1er mai. Puis, expédiés dans le camp de La Courtine dans la Creuse, les mutins russes décident de renvoyer leurs officiers et de s'autogérer notamment en élisant leurs représentants. Ceux-ci vont mener pendant trois mois les négociations avec les autorités russes du gouvernement provisoire qui refusent leur retour vers leur pays.
Finalement, l'assaut est donné le 16 septembre par des troupes françaises et le concours d'artilleurs russes. Les combats font près de 200 morts chez les insurgés. Les brigades seront dissoutes et leurs dirigeants arrêtés. Après la Révolution d'Octobre et la paix de Brest-Litovsk, il est encore moins question de les rapatrier. On leur ordonne d'intégrer des compagnies de travail. Ceux qui refusent seront envoyés dans des camps disciplinaires en Algérie. Les premiers soldats ne rentrent en Russie que fin 1919.
Les formes de mutinerie
Dans l'armée française, de nombreux soldats s'infligèrent des mutilations volontaires pour quitter le front. Mais les médecins militaires décelaient ces blessures par les traces de poudre entourant le point d'entrée de la balle, et les intéressés étaient sanctionnés.
Les mutineries se manifestèrent essentiellement par des refus de certains soldats de plusieurs régiments de monter en ligne. Ces soldats acceptaient de conserver les positions, mais refusaient de participer à de nouvelles attaques ne permettant de gagner que quelques centaines de mètres de terrain sur l'adversaire et demandaient des permissions. Ces refus d'obéissance s'accompagnèrent de manifestations bruyantes, au cours desquelles les soldats exprimaient leurs doléances et criaient de multiples slogans dont le plus répandu est « À bas la guerre ».
Mettre fin aux mutineries de 1917
Le remplacement du général Nivelle par Philippe Pétain comme général en chef des armées ne les calma que progressivement. Pétain parvient à calmer ces rébellions en adoptant une stratégie moins offensive que son prédécesseur afin de limiter les pertes en hommes. Il prend également plusieurs mesures visant à améliorer le sort des poilus, concernant entre autres les cantonnements, la nourriture, les tours de permissions… Toutefois, le pic d'intensité des mutineries se situe entre le 20 mai et le 10 juin, soit après la nomination du général Pétain (15 mai 1917). Les mesures prises par celui-ci pour mettre fin aux mutineries mettent donc environ un mois à faire leur effet.
Cette grande crise au sein de l'armée française amena son lot de sanctions contre les mutins. Environ 3 500 condamnations, en rapport avec ces mutineries, furent prononcées par les conseils de guerre avec une échelle de peines plus ou moins lourdes. Il y eut entre autres 1381 condamnations aux travaux forcés ou à de longues peines de prison et 554 condamnations à mort dont 49 furent effectives parmi lesquelles 26 l'ont été pour actes de rébellion collective commise en juin ou juillet 1917.
Ce nombre a toujours, compte tenu des enjeux idéologiques, été un sujet de controverses du fait de l'impossibilité d'accéder librement aux archives avant 100 ans. Il varie également en fonction de la période retenue pour les mutineries et de la date des procès, certains mutins ne passent en jugement qu'en 1918 et quelques procès de 1917 se rattachent à des évènements des années antérieures. De plus, on estime que 10 à 15 % des archives militaires sont définitivement perdues. Quoi qu'il en soit, le nombre des exécutions de 1917, souvent mis en avant lorsque l'on parle des fusillés pour l'exemple reste relativement faible rapporté au nombre de fusillés des derniers mois de 1914 (près de 200) ou de l'année 1915 (environ 260). On peut l'expliquer par l’utilisation du droit de grâce par le président Poincaré : il gracie 90 % à 95 % des cas qui lui sont présentés.
Après sa création en 1920, le Parti communiste cherche à faire libérer les soldats mutins envoyés dans les camps de travaux forcés.
Le traitement des mutineries par la hiérarchie (soldats dégradés, fusillés, envoyés à une mort certaine dans des assauts impossibles…) a contribué aux séquelles psychologiques de cette guerre.
Les autres pays
Des mouvements similaires se développaient parmi les autres armées européennes impliquées dans le conflit, y compris à l'intérieur de l'armée allemande.
Une mutinerie comptant jusqu'à 1 000 soldats a duré quelques jours dans le camp d'Étaples (Mutinerie d'Étaples) sur le littoral français du Pas-de-Calais, et a été vite réprimée en 1917. Ce camp a accueilli jusqu'à 80 000 soldats britanniques et du Commonwealth pour les préparer aux rigueurs du front. Un sous-officier a été fusillé pour son rôle dans la mutinerie, un des trois soldats britanniques fusillés pour cette infraction dans le front de l'Ouest pendant la guerre.
Au Texas, suite à des violences policières commises sur une Afro-Américaine, le 24e régiment d'infanterie, composé d'Afro-Américains, se mutine, en août, à Houston.
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