Egypte - Le complexe pyramidal de Khéops -

Publié à 21:24 par acoeuretacris Tags : egypte
Egypte - Le complexe pyramidal de Khéops -
Chef d'œuvre architectural de conception et de précision datant du vingt-sixième siècle avant notre ère, le complexe pyramidal du roi Khéops (alias Chéops ou Khoufou) bénéficie de l'expérience des premiers bâtisseurs de pyramide, comme Djoser et Snéfrou. Le long règne du roi (probablement au moins 23 ans) permet en outre au projet d'être très abouti.

Un tour de force

Le complexe pyramidal de Khéops est marqué par un savoir-faire et une qualité d'exécution remarquable.
En premier lieu, la pyramide est presque exactement alignée sur le nord (3'6" de déviation). Sa base est un carré quasi parfait de 440 coudées soit 230,37 mètres de côté (avec un écart maximal de 4,4 cm). La pointe de la pyramide devait se situer à moins de 30 cm du centre géométrique. Une telle précision suppose de bonnes connaissances astronomiques et une maîtrise d'œuvre très rigoureuse des travaux par les architectes. Avec une hauteur originelle de plus de 146,59 mètres (280 coudées), elle dispose d'une pente de 51°12, ce qui est encore plus audacieux que pour les pyramides de Snéfrou, le père de Khéops (45° pour sa dernière œuvre). Cette hauteur restera comme le record des monuments humains jusqu'à la fin du moyen âge, ou elle fut dépassée de peu par certaines flèches de cathédrales.

En second lieu, d 'après les calculs de l'égyptologue Iowerth E. S. Edwards, sa construction a nécessité approximativement 2 300 000 pierres, pesant en moyenne 2,5 tonnes. Ce chiffre est toutefois probablement à minorer, car le remplissage intérieur est moins homogène que les pierres extérieures. Quoiqu'il en soit, cela représente un travail considérable. Il a été avancé que son chantier aurait fait travailler des équipes de 30 000 hommes, à rotation quadrimestrielle, pendant une vingtaine d'années. Des vestiges du village de ces ouvriers saisonniers ont été découverts à l'ouest du plateau.


Les pierres de la masse étaient extraites du plateau de Guizeh. La pyramide était revêtue d'un placage de calcaire blanc de Toura (carrière de pierres très blanches et d'excellente qualité située au sud du Caire actuel), complètement réutilisé à l'époque romaine et surtout médiévale pour d'autres constructions. Le basalte du pavement du temple haut, et le granit (notamment des colonnes du temple), venaient de plus loin en bateaux. Les blocs étaient glissés sur des sortes de rails faits de rondins de bois et de caillasse argileuse, humectés pour faciliter le mouvement. Ils étaient hissés sur le monument à l'aide de rampes en briques crues, dont on a retrouvé des traces archéologiques à côté de certaines pyramides. La seule interrogation que se posent encore les égyptologues à ce sujet concerne la forme des rampes (perpendiculaires, enveloppantes, ou mixtes).

Malgré ces aspects aboutis se fondant sur l'héritage des ses prédécesseurs, le complexe pyramidal de Khéops, est, selon le mot d'Audran Labrousse, le "monument expérimental par excellence". Ainsi, pour les structures à l'intérieur de la pyramide, trois systèmes de couvrement sont testés : linteaux juxtaposés, voûte en tas de charge et voûte en chevrons.

Aspects religieux et funéraires

Des innovations se remarquent également dans le domaine religieux et funéraire.

La première originalité de la pyramide elle-même est de disposer de trois chambres très distinctes. L'une se trouve sous le socle rocheux. Elle présente un aspect inachevé. Il pourrait être voulu pour représenter le chaos originel du noun dans lequel s'est élevé le benben solaire, dont la pyramide se veut le symbole. La deuxième, appelée par erreur la "chambre de la reine" par les Egyptiens de l'époque médiévale, comporte une niche qui a peut-être contenu une statue du ka royal. La troisième, dite "chambre du roi", la plus élevée, sert d'écrin au sarcophage du roi.

Certains égyptologues comme Ludwig Borchardt ont pensé expliquer cet agencement original par des changements de conception en cours de travaux. Il est cependant peut-être plus vraisemblable que les trois chambres avaient une utilité distincte. La structure ternaire des appartements funéraires est connue depuis l'époque thinite et sera reprise sous une autre forme après (serdab, antichambre, chambre du sarcophage).

Autre élément singulier, la chambre supérieure et la chambre médiane sont dotées chacune de deux petit conduits, l'un menant vers le nord polaire, l'autre peut-être orienté vers l'étoile Orion, symbole d'Osiris. Il semble exclu qu'il s'agisse de conduits de ventilations, car ils étaient fermés à l'origine. On a exprimé l'hypothèse plausible qu'ils représentaient une voie de sortie magique pour le ba du roi, un peu à l'image des stèles fausses portes.

Cet axe traditionnel nord-sud, que l'on peut rattacher à la symbolique osirienne, tend cependant à perdre de l'importance au profit de l'axe est-ouest, à connotation solaire, rythmé par le temple d'accueil, la chaussée montante de près de 740 mètres de long, puis le temple haut abritant le sanctuaire. La pyramide est par ailleurs entourée de cinq fosses à barques, dont certaines (les fosses naviformes) faisaient sûrement référence à la navigation solaire. Le roi entend s'identifier au soleil qui renaît chaque jour.

Pour la première fois, la pyramide royale est flanquée de
pyramides de reines, sur sa face orientale. Devant ces pyramides se dressent les mastabas monumentaux des enfants royaux.

Une vaste nécropole

En effet, la pyramide de Khéops est conçue pour être le centre d'un vaste ensemble comprenant les sépultures de la famille royale et des hauts fonctionnaires. Des mastabas aux allées rectilignes commencent à être dressés en même temps que la pyramide. Certains, de fils royaux morts avant leur père, ont même probablement été utilisés avant la fin du chantier.

Deux cimetières principaux peuvent être distingués. Le groupe Est était initialement destiné aux enfants royaux. Après la mort de ceux-ci, d'autres individus distingués, notamment leurs propres descendants, s'y sont fait construire des tombes. Le groupe Ouest est la plus vaste partie de la nécropole. On y trouve de nombreux mastabas, dont celui d'Hémiounou, vizir et chef de toutes les constructions du roi, qui supervisa certainement l'édification du complexe de Khéops.

Deux traits originaux caractérisent les tombeaux de nobles construits pendant le règne de Khéops : ils ne sont pas décorés (certains le deviendront par la suite) et on trouve dans leurs puits les énigmatiques "têtes de réserves". Le seul élément historié de ces tombeaux est la stèle d'offrande, réalisée par les ateliers royaux et placée dans le mur. Les "têtes de réserve" sont des têtes en calcaire représentant le défunt de manière réaliste, sur lesquelles étaient pratiqués des rituels encore mal compris.

Postérité

On ne sait pas avec précision quand le complexe funéraire de Khéops a été pillé. Cela s'est probablement passé pendant les troubles de la première période intermédiaire, comme quelques textes littéraires semblent l'indiquer. Au cours du Moyen-Empire, certains éléments ruinés de la chaussés sont réemployés dans de nouvelles constructions. L'ensemble du site de Guizeh semble en tout cas un peu oublié au début de la XVIIIe dynastie. Mais à partir du règne de Thoutmosis IV s'exprime un nouvel intérêt du pouvoir envers l'idéologie solaire de l'Ancien Empire, et des restaurations sont effectuées sur le plateau. Plus tard, Khâemouset, fils de Ramsès II, y fait effectuer ce que l'on a coutume d'appeler les premières "fouilles archéologiques", consolide des monuments et renouvelle des inscriptions. Sous la XXIe dynastie, un temple d'Isis, maîtresse des pyramides, est construit devant la pyramide de reine GI-c. Des restaurations sont aussi attestées pour la XXVIe dynastie.

C'est, déjà à l'époque, un haut lieu touristique. Hérodote le visite au Ve siècle avant notre ère, puis Diodore de Sicile notamment. C'est probablement Callimaque de Cyrène, bibliothécaire à Alexandrie, qui est à l'origine de l'expression "les sept merveilles du monde", et qui choisit d'y inclure la Grande Pyramide. Mais l'histoire de sa construction commence à se parer de légendes, Hérodote affirmant notamment que Khéops a dû prostituer sa fille pour financer la construction.

Légendes et "pyramidiots"

A mesure que la compréhension de la civilisation originelle de l'Egypte s'estompe, les histoires deviennent de plus en plus fabuleuses. Une légende copte évoque ainsi les trésors et les livres de sciences qu'aurait abrité la Grande Pyramide, reprenant des contes plus anciens.

A l'époque arabe, le mythe regorge de détails supplémentaires, et c'est Thot-Hermès Trismégiste, le dieu magicien, qui devient le bâtisseur de la pyramide. Cela passe en Europe à travers le mouvement alchimiste et les obédiences maçonniques. Désormais, la Grande Pyramide devient un objet ésotérique, repris par nombre de sectes "new age" aujourd'hui. Certaines de ces sectes payent très cher le droit de dormir une nuit dans la chambre du sarcophage. D'autres interpolent les dimensions pour se livrer à toutes sortes de calculs, de l'origine de l'univers à la prédiction.
Enfin, de nombreux individus de par le monde prétendent avoir percé le "mystère" de la construction et vendent des livres avec ces affirmations souvent gratuites quoiqu'enrobées de verbiage pseudo-scientifique.

C'est ce que les égyptologues appellent les "pyramidiots". Il est impossible de les manquer lorsqu'on travaille sur le site.

Travaux et perspectives

Ce n'est pas pour autant qu'il n'y ait plus rien à trouver ou à comprendre sur le site. En 1925, on y a découvert le trésor de la reine Hetepheres, au fond d'un ancien puits funéraire, en 1954 c'est la fameuse barque démontée qui a été retrouvée dans une fosse rectangulaire, et en 1991, l'équipe de Zahi Hawass a mis au jour les ruines de la pyramide satellite, au Sud Est de la Grande Pyramide.

Dans la pyramide elle-même, le projet Upuaut, qui est devenu "pyramid-rover", dirigé in fine par Zahi Hawass et financé par National Geographic, a consisté à envoyer un petit robot explorer les conduits de la chambre médiane (dite "de la reine").


La chambre du roi. Dessin J-P. Lauer d'après Perring.

D'autres, comme l'architecte Gilles Dormion et Jean-Yves Verd'hurt ont cru détecter des cavités sous la chambre du roi (en 1986) qui se sont révélées être remplies de sable. D'après leur nouvelle théorie publiée en septembre 2004, il y aurait un couloir inconnu sous sous la chambre médiane. Quelques égyptologues croient que cela est plausible, tandis que d'autres réfutent vigoureusement les arguments exposés.

S'il ne paraît pas inconcevable de retrouver de nouvelles substructures, il reste cependant peu vraisemblable que la pyramide recèle une chambre secrète où serait inhumé Khéops. Au temps de la splendeur de l'Ancien Empire, et alors que la sépulture royale était déjà bien protégée derrière bouchons et herses de granit, plus de sécurité ne semblait sûrement pas nécessaire, de la même manière que les rois de France ne cachaient pas leurs caveaux dans la basilique de Saint-Denis. Il faut attendre des temps troublés comme la révolution française, ou la première période intermédiaire (théâtre elle aussi de révolutions), pour pouvoir piller une nécropole royale. D'autre part, les pillards aurait certainement continué à fouiller s'ils n'avaient pas retrouvé la momie royale.


Egypte - grands constructeurs ou grands concepteurs ?

Publié à 15:14 par acoeuretacris Tags : egypte
Egypte - grands constructeurs ou grands concepteurs ?
Introduction

Le touriste qui parcourt rapidement les ruines des anciens monuments ou les musées a souvent l’impression que l’Egypte présente un visage uniforme pendant plus de 3000 ans. L’Egypte, terre de l’immobilisme, du conservatisme, de la tradition : c’est un a priori très répandu dans le public. Mais cette apparente immobilité est due à l’éloignement de cette civilisation par rapport à la nôtre, dans le temps et dans la culture. Si l’on l’observe de plus près, des traits particuliers caractérisent chaque époque. L’architecture ne fait pas exception.

I/ L’architecture égyptienne, de grandes constructions

A/ Gigantisme et multitude

Les édifices de l’Egypte se classent en deux groupes bien distincts : d’un côté, les habitations ; de l’autre, les tombeaux et les temples. Les bâtiments d’habitation, éphémères comme la vie, sont construits avec des matériaux peu durables : de l’argile, du bois ; les édifices du culte, destinées à consacrer les croyances religieuses ou le souvenir des morts, présentent seuls le gigantisme et la multitude des monuments de l’antiquité égyptienne.

La taille gigantesque de certains monuments est remarquable. Traversant plus de 3000 ans, il suffit de citer :
IVe dynastie (2620-2500 av. JC), la grande pyramide du roi Snéfrou à Saqqarah et Celle de son fils Khoufou (Chéops) à Gizeh, considéré par les Grecs comme l’une des sept merveilles du monde. La Grande Pyramide de Khoufou mesure à la base environ 230 m, couvre plus de 5 hectares ;  la hauteur : encore actuellement de 138 m, devait être à l’origine à peu près 146,60m. Son volume de 2,6 millions mètres cubes nécessita un nombre fabuleux de pierres, près de 6 millions de tonnes.

Le grand Sphinx de Gizeh qui mesure 19,8 mètres de hauteur et 73,2 mètres de longueur. Probablement la sculpture la plus célèbre au monde


Le temple de Karnak qui couvre plus de 100 hectares sur la rive orientale du Nil,

Et aussi les colosses de Memnon, les deux statues assises du roi Aménophis III (XIVe s. av.J.C.).  Chacune est taillée dans un seul  bloc de grès et mesure, sans son socle, plus de 15 m de hauteur.


Les nombres colossaux de monuments témoignent encore du goût du grandiose des Egyptiens.
Le roi Ramsès II a laissé derrière lui de nombreux temples somptueux partout en Egypte. Seulement en Nubie, il a construit 7 sanctuaires, en 6 lieux différents s’échelonnant le long du Nil, dont le plus connu est Abou Simbel.

De plus, les Egyptiens consacrent à leurs temples de statues colossales et des obélisques gigantesques. Les statues de sphinx se répètent partout : on utilise une allée de sphinx longue de plus de 2,5 km pour relier le temple de Karnak à celui de Louqsor.

B/ L’art de construire, malgré la simplicité et les limites techniques

La grandeur de la construction se pose, de l’autre côté, sur la grande capacité des Egyptiens d’accomplir un tel gigantisme. Presque aussi pauvre en matières ligneuses que les autres oasis du désert d’Afrique, elle ne produit que du bois sans résistance. Ses matériaux de construction courante sont assez pauvres : les terres argileuses du Nil pour les habitations, et les blocs de pierres pour les monuments. L’art de l’Egypte est caractérisé par la simplicité, souvent rudimentaire, mais avec ingénieuse, patiente et appliquée : l’argile permet d’élever des voûtes sans recourir aux installations complexes de cintres ou d’échafaudages ; la pierre est employée sous forme de supports verticaux surmontés de plafonds en grandes dalles.

Quelques astuces :

L’utilisation de sable et de briques :

A mesure de la construction, les bâtiments étaient comblés de sable et de briques, puis déblayés progressivement lorsqu’on procédait à la décoration, à partir du haut des murs. De longues rampes de sable et de briques permettaient d’amener les blocs en haut.

Sacs de sable : Ex. la pose d’une architrave, on fait d’abord glisser la pierre sur des rouleaux jusqu'à l’endroit désiré, et puis on remplace les rouleaux par des sacs de sable, il suffit enfin de vider ces sacs pour faire descendre le bloc à la place qu’il doit définitivement occuper.

En guise de règle, on emploie le cordeau pour régler les assises, dresser les parements et poser les briques.

·       cas d’un obélisque en avant d’un pylône

1)    Emballer l’obélisque dans une armature de bois liée au long traîneau qui servait d’enlever l’obélisque entre 2 bateaux et le faire sortir de la carrière. Pendant le transport faire glisser sur le sol jusqu’à leur lieu d’érection. Profiter des crues du Nil pour par eau, le bloc immergé perdait plus d’un tiers de son poids.
2)    Mettre en place des socles de l’obélisque, construction de la rampe
3)    Tirer l’obélisque sur un traîneau par des centaines d’hommes, à l’aide de codage.
4)    Etablissement en sous-œuvre d’une glissière, dressage du bloc par affouillement du remblai sur lequel il repose
·       Toutes les opérations sont ainsi d’une grande simplicité. Ce qu’il faut admirer dans cet art de construire, ce n’est pas une science secrète et mystérieuse, mais au contraire l’émouvante capacité des hommes d’exploiter les ressources extrêmes de procédés sobres. La patience et le temps viennent à bout des difficultés, seul le résultat est important puisque les monuments sont destinés à l’éternité.

·       Limites de poids : de nombreuses pyramides se sont effondrées sous leur poids. Certains temples de Ramsès II étaient en ruine cinq ans après leur construction (donc, quelquefois, la quantité est privilégiée face à la qualité) .

II/ Une conception riche

 

A/ La représentation d’une conception du monde par un vocabulaire formel…


·       Quels buts se fixaient les anciens Egyptiens en construisant des pyramides et des temples gigantesques ? Du point de vue pratique, les pyramides sont des tombeaux, les temples des lieux de culte. Mais ce qui distingue fortement l’architecture égyptienne, c’est l’aspect symbolique de ces édifices. (Selon Jean Yoyotte : le temple est une sorte de « centrale nucléaire »). Centre de production et de contrôle de Maât, la vérité-justice, l’ordre cosmique, il doit être la réduction de l’Egypte et du cosmos entier, où cette rencontre homme-dieu se produit vraiment.
Dans l’enceinte d’un temple, outre les nombreux bâtiments (temple principal, chapelles secondaires, dépendances économiques, etc), on trouvait toujours une pièce d’eau – le lac sacré, que l’on compare à l’océan primordial, au Nil, à la mer.


Sur ce lac poussaient des plantes, qui jouaient aussi leur rôle théologique : les papyrus peuvent être un marais où se réfugia Isis pour mettre au monde son fils Horus, et la fleur de lotus jaillissant du chaos pour soulever le jeune soleil créateur.

Le pylône est un portail monumental devant un temple composé de deux massifs mur inclinés et qui sont réunis par une porte. Il représente le mont d’Héliopolis derrière lequel le soleil s’est levé pour la première fois.

De même, le sanctuaire, au fond du temple, est un endroit bas et étroit où s’abrite le saint des saints.

·       Cependant, on exprime le symbolisme par un vocabulaire architectural extrêmement simple, qui ne comprenant qu’un nombre très limité de formes possibles. Ce vocabulaire formel joue un rôle capital, qui permet à l’architecture égyptienne de garder une image uniforme et quasi-immobile vis-à-vis de l’extérieur.

Dans les bâtiments religieux, les couvertures sont toujours en terrasse, les plafonds horizontaux. Les  murs sont rectilignes et leurs faces sont soit verticales, soit légèrement inclinées. Les angles de murs sont souvent renforcés par un tore qui souligne le départ de la corniche.

B/ .... Mais des concepts évolutifs

Si les éléments fondamentaux sont simples, la conception architecturale s’évolue profondément avec le changement spirituel et social.

Du soleil à la terre : au début, le sanctuaire est ouvert sous le soleil (culte solaire prédominant à l’Ancien Empire ou à l’époque amarnienne), et puis après de plus en plus fermé et sombre.

Du royal vers l’individualisme : au début, les tombeaux sont le privilège du roi, et de ses proches. A partir de la fin de l’Ancien Empire, les conceptions religieuses et funéraires « se démocratisent ».

L’évolution des pyramidesmontre bien les mutations architecturales selon les transformations du symbolisme.  Du mastaba qui s’élevait peu au-dessus du sol, à la grande pyramide de pierre, l’architecture devient forme et volume. On le voit particulièrement nettement en analysant le modèle transitoire : la pyramide à degrés de Djoser à Saqqarah, (IIIe dynastie).


L’influence des croyances solaires d’Héliopolis y a été déterminante. Au début de la IVe dynaste, on cherche à mieux matérialiser encore le symbolisme solaire, en reproduisant l’image du tertre primordialilluminé par les premiers faisceaux de l’astre à la création du monde, c’est la forme pyramidale parfaite de Snéfrou.

Enfin, au Moyen Empire, on construit des pyramides de brique.  Au Nouvel Empire, les pyramides disparaissent au profit des hypogées établies selon un axe rectiligne, qui s’enfonce par un long corridor dans le rocher.

L’architecture évolue dans l’ensemble vers des formes de plus en plus simples, de l’Ancien Empire au Nouvel Empire, l’austérité, l’extrême simplification des formes sont recherchées comme moyens de conférer au monument une plus grande efficacité religieuse.

Au niveau du support,  ce sont les éléments qui revêtent les formes les plus diverses : géométriques, colonnes à section circulaires, à seize côtés où plus. Et puis les éléments de forme géométrique laissent progressivement la place aux colonnes végétales, ces colonnes végétales elles-mêmes changent de forme : palmier, lotus, papyrus à fleur épanouie ou en bouquet de fleurs.


Symboles et symbolique - Le vent -

Publié à 14:35 par acoeuretacris Tags : symboles
Symboles et symbolique - Le vent -

 

Le symbolisme du vent revêt plusieurs aspects. C'est, en raison de l'agitation qui le caractérise, un symbole de vanité, d'instabilité, d'inconstance. C'est une force élémentaire, qui appartient aux Titans: c'est assez dire à la fois sa violence et son aveuglement.

 

D'autre part, le vent est synonyme du souffle et, en conséquence, de l'Esprit, de l'influx spirituel d'origine céleste. C'est pourquoi les Psaumes, comme le Coran, font des vents les messagers divins, l'équivalent des Anges. Le vent donne même son nom à l'Esprit-Saint. L'esprit de Dieu se mouvant sur les eaux primordiales est appelé un vent (Rouah); c'est un vent qui apporte aux Apôtres les langues de feu du Saint-Esprit. Dans la symbolique hindoue, le vent, Vâyu, est le souffle cosmique et le Verbe; il est le souverain du domaine subtil, intermédiaire entre le Ciel et la Terre, espace que remplit, selon la terminologie chinoise, un souffle, k'i. Vâyu pénètre, brise et purifie. Il est en rapport avec les directions de l'espace, qui désignent d'ailleurs, d'une façon très générale, les vents. Ainsi les quatre vents de l'Antiquité et du Moyen Age, la Tour des Vents d'Athènes qui comporte huit faces, la rose des vents à huit, douze ou trente-six pointes.

 

Les quatre vents étaient mis en outre en correspondance avec les saisons, les éléments, les tempéraments, selon des tableaux sujets à quelques variations. Les huit vents de la Chine correspondaient aux huit trigrammes.

 

Le vent, associé à l'eau, sert à désigner en Chine l'art de la géomancie, c'est-à-dire en principe l'étude des courants aériens, associée à celle des courants aquatiques et telluriques sur un site donné.

 

D'après les traditions cosmogoniques hindoues des Lois de Manu, le vent serait né de l'esprit et aurait engendré la lumière:

 

 

L'esprit, aiguillonné par le désir de créer... engendre l'espace. De l'évolution de cet éther est né le vent... chargé de toutes les odeurs, pur, puissant, ayant la qualité du toucher.

 

Mais, à son tour, de la transformation du vent est née la lumière illuminatrice qui, resplendissante, chasse les ténèbres, ayant la qualité de la forme...

 

Dans les traditions avestiques de la Perse ancienne, le vent joue le rôle de support du monde et de régulateur des équilibres cosmiques et moraux. Selon l'ordre successif de la création: la première créature de toutes étant une goutte d'eau, Ormuzd créa ensuite le feu flamboyant et lui conféra un éclat qui provient des lumières infinies, dont la forme est comme celle du feu désirable. Il produisit enfin le vent sous la forme d'un homme de quinze ans qui soutient l'eau, les plantes, le bétail, l'homme juste et toutes choses.

 

Selon les traditions islamiques, le vent est chargé de contenir les eaux; sa création, air et nuage, aux ailes innombrables, lui conférerait également une fonction de support. Puis Dieu créa le vent et le muni d'ailes innombrables. Il lui ordonna de porter leau, ce quil fit. A vâs, le Trône était sur leau et leau sur le Vent.

 

Ibn'Abbàs répond de même à la question :

 

Sur quoi reposait l'eau - Sur le dos du Vent, et lorsque Dieu voulut produire les créatures, il donna au Vent pouvoir sur l'Eau, l'eau se gonfla en vagues, rejaillit en écume, envoya au-dessus d'elle des vapeurs; ces vapeurs restèrent élevées audessus de leau et Dieu les nomma Samâ (de samâ, être élever), c'est-à-dire Ciel.

 

Dans les traditions bibliques, les vents sont le souffle de Dieu. Le souffle de Dieu ordonna le tohu-bohu primitif; il anima le premier homme. La brise dans les micocouliers annonce l'approche de Dieu. Les vents sont aussi des instruments de la puissance divine; ils vivifient, châtient, enseignent; ils sont des signes et, comme les anges, porteurs de messages. Ils sont une manifestation d'un divin, qui veut communiquer ses émotions, de la douceur la plus tendre aux courroux les plus tempétueux.

 

Chez les Grecs, les vents étaient des divinités inquiètes et turbulentes, contenues dans les profondes cavernes des Iles Eoliennes. Outre leur roi Eole, ils distinguaient les Vents du Nord (Aquilon, Dorée); du Sud (Auster)-, du matin et de l'Est (Eurus); du soir et de l'Ouest (Zéphir). A chacun d'eux correspondait une iconographie particulière, en rapport avec les propriétés qui lui étaient attribuées.

 

Le vent druidique est un aspect du pouvoir des druides sur les éléments et il s'apparente de très près, comme véhicule magique, au souffle. Lors de l'arrivée des fils de Mil, c'est-à-dire les Gaëls, en Irlande, les druides des précédents occupants, les "Tùatha Dé Dànann", repoussent leurs bateaux loin de la côte au moyen d'un vent druidique très violent. On le reconnaît à ce qu'il ne souffle pas au-dessus des voiles.

 

Mais il serait excessif de faire un dieu d'une manifestation de la divinité. Jean Servier met justement en garde contre ces confusions simplistes- Souvent, comme bien des mystiques, les hommes du monde nouveau découvert par l'Occident ont eu recours à des comparaisons sensorielles pour faire comprendre la spiritualité infinie de ce Dieu suprême. Dieu est un souffle, Dieu est un vent. Les grossiers trafiquants ou les missionnaires qui espéraient gagner à eux ces grands enfants en leur proposant un paradis matériel en ont conclu que les Indiens adoraient le vent et le considéraient comme le dieu. La vérité était tout autre.

 

Lorsque le vent apparaît dans les rêves, il annonce qu'un événement important se trame; un changement va surgir. Les énergies spirituelles sont symbolisées par une grande lumière et, ce que l'on sait moins, par le vent. Lorsque la tempête approche, on peut diagnostiquer un grand mouvement d'esprit ou d'esprits. D'après l'expérience religieuse, la divinité peut apparaître dans le doux murmure du vent ou dans l'orage de la tempête. Il semble que les Orientaux seuls puissent comprendre la signification de l'espace vide (où souffle le vent), qui est paradoxalement pour eux un puissant symbole d'énergie.

 

Le poète romantique anglais Percy Bysshe Shelley évoque la poésie cosmique du vent, qui ravage et renouvelle, et qui est comme un âme:

 

... enchanteur des spectres, ... sauvage esprit, toi dont l'élan emplit l'espace,

Destructeur et sauveur, écoute, écoute moi !

 

... toi seul, indomptable ... A me farouche, sois

 

Mon âme! sois moi-même, vent impétueux !

 

Emporte une pensée éteinte par le monde,

 

Feuillage desséché, d'où renaisse la vie! Et, par la force incantatoire de ce chant, Répands, ainsi que d'un foyer inextinguible

 

Cendres et feu, une voix parmi l'humanité !

 

Sois par itia bouche, à la terre assoupie encore,

 

La trompette d'une prédiction! O vent, Si vient lhiver, le Renouveau peut-il tarder ?



Symboles et symbolique - Le sang -

Publié à 14:24 par acoeuretacris Tags : symboles
Symboles et symbolique - Le sang -

 

Le sang est universellement considéré comme le véhicule de la vie. Le sang est la vie, est-il dit en mode biblique. Parfois même, il est pris pour le principe de la génération. C'est, selon une tradition chaldéenne, le sang divin qui, mêlé à la terre, donna la vie aux êtres. Selon divers mythes, le sang donne naissance aux plantes, et même aux métaux. Dans l'ancien Cambodge, l'effusion du sang au cours de joutes ou de sacrifices donnait la fertilité, l'abondance, le bonheur; elle présageait la pluie. Nous avons noté que les flèches tirées vers l'outre' céleste par Cheou-sin en faisaient pleuvoir du sang. Le sang - mêlé à l'eau - qui coule de la plaie du Christ, recueilli dans le Graal, est par excellence le breui,age d'immortalité. Il l'est a fortiori dans le cas de la transsubstantiation eucharistique. On notera l'usage d'un symbolisme du même ordre dans le serment' du sang de l'Antiquité et des sociétés secrètes chinoises.

Le sang correspond encore à la chaleur, vitale et corporelle, opposée à la lumière, qui correspond au souffle et à  l'esprit. Dans la même perspective, le sang principe corporel est le véhicule des passions.

 

 

 

Le sang est considéré par certains peuples comme le véhicule de l'âme; ce qui expliquerait, selon Frazer, les rites des sacrifices, dans lesquels un grand soin est pris de ne pas laisser le sang de la victime se répandre sur le soi. En NouvelleZélande, tout objet qui reçoit ne serait-ce qu'une goutte du sang d'un grand chef est de ce fait sacralisé. On retrouve ici le symbolisme de la communion par le sang ou du lien d'inféodation par le serment du sang.

 

Certains mythes de fin du monde des peuples ouralo-altaïques d'Asie Centrale illustrent de façon frappante l'association sang-feu céleste. Dans un de ces mythes (des lourak du cercle d'Obdorsk) le monde périt d'un incendie causé par la mort d'un arbre sacré qui répand son sang en s'écroulant, et ce sang ruisselant sur la terre se change en feu, Pour les Tatars de l'Altaï c'est un héros envoyé par le Dieu suprême qui, combattant contre le Diable, répand sur la terre entière son sang qui se change en flammes. Dans un poènie allemand du ixe siècle, de même que dans les Révélations russes du Pseudo-Méthode c'est le sang d'Élie, combattant l'Antéchrist, qui prend feu et dévore la terre.



Symboles et symbolique - L'eclipse -

Publié à 14:16 par acoeuretacris Tags : symboles
Symboles et symbolique - L'eclipse -

L'éclipse est une occultation accidentelle de la lumière, est à peu près universellement considérée comme un événement dramatique. C'est un signe de mauvais augure, annonçant des événements funestes: c'est le cas dans l'ancienne Égypte; dans les pays arabes, bien qu'une telle croyance paraisse ditticilement cornpatible avec J'enseignement du Prophète; en Chine... Seuls, apparemment, les Cambodgiens interprètent l'éclipse dans un sens favorable ou défavorable, selon la façon dont elle se produit. Il existe des prescriptions canoniques dans l'Islam, et des cérémonies bouddhiques à l'occasion des éclipses. Elles sont mises fréquemment en rapport avec la mort: c'est la mort de l'astre. L'astre est dit dévoré par un monstre. En chinois, le mot éclipse et le mot manger (tch'eu) s'expriment par le même caractère : la lune est mangée par un crapaud.

 

Mais, toujours pour les anciens Chinois, ce dérèglement cosmique trouve son origine dans un dérèglement microcosnilque, à savoir celui des empereurs, ou de leurs femmes. C'est une domination du yang (mâle, lumière) par le yin (femelle, obscurité). Il convient c'est aussi un point de vue largement partagé de porter secours à l'astre en danger, ou égaré : on rétablit l'ordre cosmique par le rétablissement de l'ordre terrestre (en formant, par exemple, les vassaux en carré), on tire des flèches vers le ciel, soit contre le monstre dévorateur , soit, suggère Granet, comme oblation,, soit encore, selon une tradition plus récente, mais peu satisfaisante, contre la lune (yin) éclipsant le soleil (yang).

 

 

Eclipse de soleil

 

D'une façon générale, l'éclipse se présente comme l'annonciatrice des dérèglements  cataclysmiques d'une fin de cycle, qui appelle intervention ou réparation, en vue de préparer l'avènement d'un cycle neuf : ce sera la libération de l'astre avalé par le monstre .

On trouve dans l'ancien Pérou quatre explications des éclipses. Elles sont considérées de toute façon comme de mauvais augure. Une éclipse de soleil comptera parmi les signes ayant annoncé la venue des Espagnols et l'écroulement de l'Empire Inca.
 

A)Selon la plus ancienne croyance un monstre, jaguar ou serpent, dévore l'astre ;
B)L'astre est malade et meurt;
C)Le soleil se cache, par colère contre les hommes;
D)La théogamie Soleil - Lune s'accomplit. Les deux astres s'unissent, la lune ayantséduit et dominé le soleil, c'est bien comme en Chine le yin se superposant au yang.


bonjour à tous....

Publié à 09:24 par acoeuretacris Tags : bonjour
bonjour à tous....

 

Ne te détourne pas de l'obstacle, n'essaie pas de fuir les difficultés.

  Lorsqu'il rencontre un rocher sur sa route, le fleuve ne remonte jamais en arrière.

 

 

Il le contourne en glissant, joue avec lui comme le guérisseur qui murmure et enchante la blessure, ou bien il bondit dans une gerbe de lumière.

 

Apprends à danser avec l'obstacle, si tu veux progresser.

 

(auteur inconnu)



Bonne soirée et bonne nuit...

Publié à 21:09 par acoeuretacris Tags : bonsoir
Bonne soirée et bonne nuit...

 

 

L'amitié....

 

L'amitié est rare, très rare, d'où son aspect précieux et marquant. On arrive à la fin de la vie et on essaie de compter ceux qu'on considère comme de vrais amis, ceux dont la fidélité a été sans failles, ceux qui vous ont aimé tel que vous êtes, sans vous juger ni essayer de vous changer. C'est dans les épreuves, les moments difficiles et parfois décisifs, que l'amitié se révèle et se consolide ou s'absente et tombe dans le commun de l'oubli. L'amitié est ce qui permet de désarmer la cruauté et d'affronter le mal. Elle peut avoir existé, avoir été sincère et forte, et puis se briser d'un seul coup, s'anéantir parce qu'elle aura manqué à l'un de ses principes fondamentaux, la fidélité, c'est-à-dire la constance dans la confiance, cette présence qui ne doit jamais faire défaut. 

   

La trahison, c'est le fait de « manquer à la foi donnée à quelqu'un », c'est une forme d'abandon doublé parfois d'une volonté de nuisance ou d'une participation active ou passive à une opération de malfaisance. On agit contre quelqu'un à qui l'on devait fidélité. Souvent on agit par intérêt, par jalousie ou par vengeance et mesquinerie. Toutes ces notions non seulement sont étrangères à l'amitié, mais sont sa négation absolue. L'évêque anglican Jeremy Taylor (1613-1667) utilise l'expression « adultère d'amitié » pour parler de trahison : « La trahison et la violation d'un secret constituent les adultères d'amitié et dissolvent l'union entre les amis. » Dans ce sens, l'amitié est considérée comme un « mariage entre les âmes ». Quand on convoque le malheur et la convoitise, on révèle sa propre défaite, son incapacité d'avoir de l'amitié.

 

Or l'amitié est un état de grâce apaisé et apaisant. Il faut du temps pour atteindre cet état où le plaisir vient de la gratuité et de l'absence de quelque intérêt que ce soit. C'est en ce sens que la force d'une amitié peut s'effondrer parce qu'un élément impur s'est introduit dans la relation. Dans la relation amoureuse et sexuelle, la trahison, l'usure, le conflit et la guerre sont de l'ordre du possible. Ils font partie du jeu, sont admis même si l'on n'en parle pas. Quand un amour est trahi et brisé, on a du chagrin et on sombre dans une mélancolie profonde. On souffre du fait qu'on est face à une impossibilité, celle d'inverser le cours des choses. On a le sentiment qu'on ne se relèvera pas de cet échec. Pourtant, le temps fait son travail. Parce que l'amitié est à l'écart de toute satiété et de tout calcul, ces dérapages ne devraient pas arriver et en outre ils ne sont pas prévus. Le fondement même de l'amitié est l'absence de conflit pervers et d'intérêt dissimulé

 

Quand une amitié est trahie, la blessure est insupportable justement parce qu'elle ne fait pas partie de la conception et la nature de la relation, laquelle est une vertu, pas un arrangement social ou psychologique. Elle est vécue comme une injustice. Elle est incurable. On ne comprend pas et on s'en veut d'avoir donné le bien le plus précieux à quelqu'un qui ne le méritait pas ou qui n'a pas compris le sens ni la gravité de ce don. On s'est trompé et on a trompé. La rupture s'impose parce que l'amitié ne souffre pas de concessions avec le faux, la tiédeur et la perversité.

 

En amour, on peut solliciter et insister, la consolation existe. Tôt ou tard, l'oubli s'installe et l'émotion retrouve sa jeunesse et ses forces. En amitié, la consolation est illusoire, le deuil un précipice. Un ami, un vrai ne se remplace pas. On vit avec la blessure infinie, on s'entête à vouloir oublier, mais on sait que c'est un exercice vain. Pourquoi ce genre de blessure persiste-t-il dans la mémoire ? C'est le principe de la parole donnée qui n'a pas été respecté. La confiance abusée, cambriolée par la personne à qui on a laissé les clés, c'est l'effarement de découvrir qu'on a longtemps fait fausse route, qu'on a cru les mots dont on n'avait que l'enveloppe, ouvert sa maison intérieure, lieu intime du secret, et voilà que tout cela vole en éclats. La trahison est une forme silencieuse de meurtre. On tue le don et la grâce, puis on se masque. On prend place dans le coeur et l'amour de l'autre, on connaît ses repères et ses faiblesses, puis on en profite pour démolir la maison et fouler aux pieds la confiance.

 

Comment ne plus souffrir de ces blessures ? Comment choisir ses amis ? Quelle illusion ! Comment savoir, comment prévoir les métamorphoses de l'âme, ses errances, ses revirements ou sa fidélité et son intégrité ? Il n'y a pas de recette.

 

D'après Tahar Ben Jelloun, "Des blessures inconsolables", dans le Nouvel Observateur, décembre 2000.

 



Souverains français - Mérovingiens - Childebert III -

Publié à 18:56 par acoeuretacris Tags : Souverain merovingien
Souverains français - Mérovingiens - Childebert III -
CHILDEBERT III le Juste
(né en 683, mort le 23 avril 711)
 
 
Roi des Francs (uniquement de Neustrie) : règne 695-711
 
 
Fils de Thierry III et frère de Clovis IV, il succéda à ce dernier dans le royaume de France, en 695, n'étant âgé que de douze ans : c'est le troisième roi sous lequel Pépin le Gros exerça la puissance. Non seulement Childebert n'eut aucune autorité dans les conseils, aucune action directe sur ses sujets, mais Pépin profita de sa jeunesse et de la retraite dans laquelle il l'avait tenu jusqu'alors, pour le dépouiller de ce cortège pouilleux qui l'imagination des peuples, et sert à leur faire distinguer le chef suprême lorsqu'il se montre à leurs regards.
 
 
Les grands officiers de la couronne cessèrent d'accompagner le roi, et se rangèrent dans les cérémonies, autour du maire du palais. Childebert, livré à quelques domestiques, dont le premier emploi sans doute était de rendre compte de ses paroles et d'interpréter tous ses mouvements, vivait renfermé dans quelque maison de plaisance, d'où il sortait une fois par an pour venir présider l'assemblée des états ; encore avait-on le soin de ne le montrer au peuple que dans un chariot traîné par des bœufs, parce que cet équipage, réservé aux femmes, dans un siècle où les rois eux-mêmes ne paraissaient qu'à cheval, était devenu ridicule depuis que Clovis II s'en était servi le premier.
 
 

C'est ainsi que les maires du palais avilissaient ces jeunes princes, dont l'éducation leur était confiée. Cependant Childebert, sans autorité, confiné loin de la cour, et n'ayant pour témoins de ses qualités que des serviteurs sans crédit, a reçu le surnom de Juste. Faut-il croire, avec Mézeray, que ce titre lui fut donné par les historiens uniquement pour le distinguer des autres Childebert ? Ce roi mourut le 23 avril 711, après un règne de 16 ans, et fut enterré dans l'église de Saint-Étienne de Choisy, près de Compiègne. Il laissa un fils nommé Dagobert, qui lui succéda.



Souverains français - Mérovingiens - ClovisIII -

Publié à 18:50 par acoeuretacris Tags : Souverain merovingien
Souverains français - Mérovingiens - ClovisIII -
CLOVIS III
 

(né en ?, mort en 695)
 
Roi d'Austrasie : règne 675-676
 
 
 
Prétendu fils de Clovis II et de Bathilde, ou encore fils de Clotaire III ou de Thierry III, Clovis III devint provisoirement roi d'Austrasie, et peut-être de la Neustrie et la Bourgogne, deux régions occupées par Childéric II jusqu'à la mort de celui-ci en 675, avant que Thierry III ne les récupèrent de droit cette même année.
 
 
 

Clovis III fut imposé en 675 par le maire du Palais Ebroïn, évincé de sa fonction lors du couronnement de Thierry III. Sitôt ses privilèges retrouvés, Ebroïn l'abandonna au profit de Thierry III restitué. Clovis III n'exercera aucun pouvoir, constamment dominé par Ebroïn. Son destin est ensuite inconnu.



Souverains français - Mérovingiens - Thierry III -

Publié à 13:59 par acoeuretacris Tags : Souverain merovingien
Souverains français - Mérovingiens - Thierry III -
THIERRY III
(né en 654, mort en 691)
 
 
 
Roi de Neustrie et de Bourgogne : règne 673-673.
Roi de Neustrie et de Bourgogne : règne 675-679.
Roi des Francs : règne 679-691
 
 
Roi des Francs, il fut le dernier fils de Clovis II et le frère de Clotaire III et de Childéric II. Ce prince offre, dans toutes les époques de sa vie, un terrible exemple des désordres qui s'étaient introduits dans le royaume pendant les minorités successives des monarques de la première dynastie. Il fut exclu dès le berceau de la succession de son père, et ne put accuser de cette injustice que les grands de l'Etat, puisque ses frères étaient trop jeunes pour avoir été consultés.
 
 
A la mort de Clotaire III, Ebroïn, maire du palais, homme ambitieux, avare, cruel, en horreur à tous les Français, se hâta de proclamer Thierry roi de Neustrie et de Bourgogne, dans l'unique dessein de régner sous son nom ; mais la haine qu'il inspirait s'étendit sur le roi qu'il avait proclamé ; et Thierry, détrôné par son frère Childéric II, roi d'Austrasie, fut enfermé dans l'abbaye de Saint-Denis.
 
 
A la mort de Childéric (675), il sortit de ce monastère pour monter de nouveau sur le trône ; et le royaume du grand Clovis semblait devoir lui revenir tout entier, puisqu'il se trouvait alors seul héritier de Clovis II ; mais un fils de Sigebert III (Dagobert II), que Grimoald avait fait déporter en Ecosse, en répandant le bruit de sa mort, reparut pour réclamer le royaume d'Austrasie, tandis qu'Ebroïn, furieux de n'être pas appelé par Thierry pour gouverner la France avec le titre de maire du palais, supposait que Clotaire III avait laissé un fils auquel il donnait le nom de Clovis (Clovis III), et, sous ce prétexte, armait les peuples contre leur roi légitime.
 
 
Ebroïn eut des succès assez grands pour obliger Thierry à traiter avec lui et à lui accorder la mairie du palais. Aussitôt le prétendu fils de Clotaire III disparut, et Ebroïn régna despotiquement sur son maître et sur les Français, jusqu'à ce qu'un seigneur, nommé Ermenfroi, prévînt le tyran qui avait juré sa mort, en l'assassinant au moment où il sortait pour se rendre à l'église.
 
 
Thierry, débarrassé d'un maire du palais généralement détesté, trouva un ennemi plus dangereux encore dans un maire du palais adoré de la nation entière ; ce fut Pépin le Gros, autrement appelé Pépin d'Héristal, qui, sans prendre le titre de roi d'Austrasie, gouvernait ce royaume de sa propre autorité. Les victimes de l'ambition et de la cruauté d'Ebroïn avaient cherché un asile à la cour d'Austrasie.
 
 
Après la mort de ce ministre, ils demandèrent à Thierry d'être remis en possession de leurs biens et de leurs honneurs. Ils éprouvèrent un refus ; et Pépin se chargea de les ramener les armes à la main, unissant ainsi de grands intérêts à la guerre qu'il méditait contre son roi. Cette guerre eut un succès tel, que Thierry, après avoir été vaincu à Testri en Vermandois, sans cesse condamné à s'accommoder avec le vainqueur, nomma Pépin le Gros maire du palais du royaume de Neustrie, ce qui étendit sur la France entière la puissance de ce duc.
 
 
Depuis cette époque, Thierry retomba dans la nullité où il avait vécu sous Ebroïn, et il n'eut de roi que le nom. Enfermé à Maumaques, maison de plaisance sur l'Oise, il n'en sortait que pour se rendre aux assemblées publiques, monté sur un chariot traîné par des bœufs. II vécut ainsi jusqu'en 691, laissant deux fils, Clovis IV et Childebert III, qui régnèrent après lui et comme lui.
 
 

Il fut enterré dans l'abbaye de Saint-Waast d'Arras, où l'on voyait encore son épitaphe. Grotilde ou Clotilde, sa femme, y fut placée à côté de lui. Ce prince, malheureux sans l'avoir mérité, fut tour à tour le jouet du caprice et de l'ambition des grands de son royaume. Exclu dès le berceau de la succession du roi son père, renversé du trône par un frère ambitieux, il ne rentra dans ses droits que pour être l'esclave de ceux dont le ciel l'avait fait naître le souverain. On juge cependant à travers l'obscurité de l'histoire, dont les auteurs étaient vendus à la famille de Pépin, qu'il ne fut pas dépourvu de grandes qualités. La confiance dont il honora saint Léger lui fait honneur.



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