Esthétique de l’écriture arabe
ES POETES DE L’ERE PRE-ISLAMIQUE connaissaient déjà dans une certaine mesure l’écriture arabe; ils font souvent allusion à la forme de certaines lettres comme le lam-alef () qui est comparé à une empreinte de pied.
“Il ne fait aucun doute qu’il exite peu d’alphabets dans le monde qui puisse être écrit de manière aussi diverses et aussi harmonieuses que l’arabe” observe ainsi Anne-Marie Schimmel. On retrouvera cette calligraphie sur les mosquées, les madrassées, les tombeaux (épigraphes), les objets de la vie quotidienne....
Deux exemples de lam-alef
D’un point de vue purement esthétique, le mot ‘Allah’ avec ses trois barres est un mot idéal pour un artiste dans la mesure où il est formé exclusivement de barres verticales.
Les Califes Omar et Ali n’aimaient pas les petits corans car selon eux, le nom d’Allah devait être écrit en grands caractères. C’est un des facteurs qui fit le succès du Coufique comme première grande écriture arabe.
“Allah” en coufique géométrique
Symbolisme de l’alphabet arabe
’ART DE L’ECRITURE EN ISLAM, est également caractérisé par une autre spécificité: le symbolisme des lettres. L’agencement des lettres y a en effet, a une haute signification: il s’agit d’exprimer en termes intelligibles la réalité cachée de la parole d’Allah. Cette alchimie des lettres, en arabe Jafr, symbolise le désir d’expression d’une géométrie de l’âme. Véritable science cabalistique, le Jafr repose sur la combinaison de chacune des 28 lettres de l’alphabet arabe avec les 10 chiffres. Il faut d’ailleurs rappeler que les susdites 28 lettres, d’après l’ordre du vieil alphabet sémitique, peuvent être mises en lien avec les 28 positions de la lune.
C’est ainsi que ces 28 lettres sont divisées en 4 groupes de 7 lettres, groupes représentant les 4 éléments fondamentaux de l’univers, l’air (Ba ‘’), la terre (Dal ‘’), le feu (Alef ‘’) et l’eau (Jim ‘’). On invoque les lettres de feu pour soigner les malades qui souffrent du froid, pour augmenter le pouvoir de la chaleur ou encore pour affermir la puissance du guerrier. On invoque les lettres de l’eau pour soigner les fièvres et augmenter les pouvoirs du froid. Par ailleurs, chaque lettre a une valeur numérique (Abjad Hawaz) et les agencer afin d’obtenir une certaine date est très commun. Ces équivalents numériques sont:
- de 1 à 9 de l’Alef au Ta,
- de 10 à 90 du Ya au Sad,
- de 100 à 900 du Qaf au Za,
- et 1000 pour le Ghain.
À partir de ces chiffres, on peut établir des correspondances entre les différentes lettres de l’alphabet. C’est ainsi que le Ba (2), le Kha (20) et le Ra (200) recouvrent des manières différentes d’exprimer le chiffre 2. Toutefois, comme le notait fort pertinement Ibn Kaldoun, la réelle signification des relations existant entre les lettres et les humeurs des hommes et les lettres et les chiffres est difficile à appréhender.
Par ailleurs, les lettres elles-même forment une part importante du langage symbolique de la prose et de la poésie religieuse et profane. Alef (), la première lettre, une ligne droite, dont la valeur numérique est 1, est le chiffre de la grâce fine du bien-aimé mais aussi en même temps le symbole d’Allah, le dieu unique, l’unité absolue. Les poètes ont souvent proclamé qu’ils n’avaient appris qu’une lettre, le Alef. Elle est en effet plus importante que tout l’alphabet réuni: connaître l’unicité et l’unité d’Allah prime sur la connaissance des choses visibles de ce monde. De plus, Le Alef, première lettre de l’alphabet, se retrouve dans toutes les autres lettres. Ainsi, le Hha’ () n’est autre qu’un Alef courbé et le Mim () un Alef circulaire.
Le Ba (), la deuxième lettre de l’alphabet, qui est aussi la première lettre du Bismillah qui forme le début du Coran, est considéré comme la première manifestation de la sagesse divine, la porte d’entrée dans le monde de l’Absolu. Dans son point sont contenus tous les mystères de la création. C’est que par la vertu de la médiation du Ba, qui suggère le Alef et en même temps diffère de lui par la ligature qui le joint aux autres lettres, il est possible de voir le Alef dans les autres lettres, révélant la divinité latente de l’homme. Les relations entre le Alef et le Ba sont à l’origine de spéculations ésotériques de portée philosophique. C’est ainsi que pour les mystiques soufis, le Alef a été créé spontanément, de par sa volonté propre, alors que le Ba a été “obligé” d’exister. La conclusion en découle est que la liberté n’est pas incompatible avec l’obligation... Toujours dans cette tradition soufie, il est possible de mentionner un des enseignements du Persan Sanai: “la première et la dernière lettre du Coran sont b et s (= bas, qui signifie en arabe “assez”); cela signifie que le Coran est suffisant comme guide sur ton chemin”.
D’autres lettres, comme le dad (), le jim (), le lam () ou le qaf () ont été comparés aux boucles ou les tresses du bien-aimé, le nun () à une boucle, le sin () à ses dents, le sad () ou le ‘ain () à ses yeux en amandes. Le lam-alef (), essentiellement une ligature, a souvent symbolisé l’union. Enfin, le Mim (), un petit anneau, dont la valeur numérique est 40, est l’abbréviation de Mahommet, le récipiendaire de la parole divine.
“Lui”reflète “Lui” exprimant
l’unité soufie avec Dieu
(calligraphie miroir)
Comme pour montrer l’importance symbolique des lettres arabes, il faut pour conclure soulever la question des Futuhat, ces lettres isolés qui introduisent souvent les sourates coraniques. Ces lettres, dont la signification ne nous est pas connue, ont donné lieu à de nombreuses spéculations . Quoiqu’il en soit, échappant à la compréhension humaine, ces lettres sont souvent perçues comme une sorte de signe d’Allah, une intuition divine.
Caractère sacré de l’écriture arabe
’APRES L’ENSEIGNEMENT DE L’ISLAM, le Coran fut transmis au prophète Mahommet en langue arabe par l’archange Gabriel, d’où son statut de langue divine. Ceci explique pourquoi l’écriture arabe a toujours conservé une place importante dans la culture musulmane. Fondée sur le concept du mot pré-éternel divinement écrit dans le Coran, chaque copie de celui-ci emmène le fidèle au contact immédiat avec le scribe éternel divin du destin. La première révélation du Coran concerne l’art de l’écriture que Dieu a octroyé à l’homme:
Il enseigna par le Calame et enseigna à l’Homme ce qu’il ignorait.
Coran XCVI,4-5
La deuxième révélation coranique a pour titre al-Qalam, “le Calame” :Par le Calame et ce qu’ils écrivent.
Coran LXVIII,1
Le Coran est pré-écrit:
Pourtant ceci est une Prédication sublime sur une Table conservée.
Coran LXXXV, 21-22
Les Anges sont les premiers scribes de l’Écriture:
En vérité, à votre encontre, sont certes des Anges qui retiennent vos actes, des Anges nobles qui écrivent, sachent ce que vous faites.
Coran LXXXII, 10-12
Certes, Nous avons créé l’Homme. Nous savons ce que lui suggère son âme. Nous sommes plus près de lui que sa veine jugulaire lorsque recueillent son discours les deux Anges Recueillants assis à droite et à gauche.
Coran L, 15-16
Bismillah
“Au nom d’Allah, le Clément, le Miséricordieux”: formule traditionnelle qui introduit chaque sourate du Coran et ponctue la récitation. Elle fait généralement l’objet d’un traitement calligraphique d’une grande richesse.
Bismillah, Turquie, XVIe siècle
Et logiquement, dans cette culture où tout est préécrit, le destin de chaque homme est déjà écrit et son immuabilité se retrouve dans l’expression de la tradition prophétique qad jaffal-qalam, “le calame est déjà sec”.
....et il n’échappe à ton Seigneur ni le poids d’un atome sur la terre et dans le ciel, ni un poids plus petit ou plus grand qu’un atome sans que cela soit consigné dans un rôle explicite.
Coran X, 62
Le jour ou Nous appellerons tous les hommes avec leur rôle ceux à qui l’on remettra leur rôle dans la dextre, ceux-là le liront et ne seront point lésés d’un fil.
Coran XVII, 73
Ceux qui sont infidèles ont dit: ‘L’Heure ne nous touchera point.’ Réponds-leur: ‘Si! par mon Seigneur qui connaît l’inconnaissable, à qui n’échappent ni le poids d’un atome, dans les cieux et sur la terre, ni un poids plus petit ou plus grand que cela! Rien ne se fait sans que cela soit consigné dans un rôle explicite.
Coran XXXIV, 3
Nous savons ce que la Terre dévore d’eux. Près de Nous est un Écrit, gardien de ce qu’ils font.
Coran, L,4
Wâhid, “l'un”, Eski Cami, Edhie
Il est donc logique que les Musulmans commencèrent à écrire très tôt le Coran de telle manière d’en exprimer son éternelle beauté. Mahomet aurait d’ailleurs dit: qu’ “une bonne écriture fait éclater la vérité”. De là découle la haute estime dans laquelle est tenue le calligraphe. Comme le dit le dicton: “le mot écrit est un talisman, et le processus d’écriture un art magique lié non seulement avec la technique, l’habileté et l’art du maître, mais aussi avec sa personnalité spirituelle et morale”.
Mahommet [est le messager de Dieu], Eski Cami, Edirne
Aujourd’hui encore, toute personne qui se convertit à l’Islam doit apprendre l’arabe afin de pouvoir correctement réciter le Coran. Les lettres de l’alphabet arabe représentent pour le Musulman de véritables icônes de la religion.
’ALPHABET (ALIF BAE YA) ARABE est composé de vingt-neuf lettres. La majorité des lettres changent légèrement la forme de leur caractère en fonction de leur position dans le mot (initiale, médiane ou finale) si elles sont jointes à une autre lettre, ou bien si elles sont isolées. Seules les forme finales isolées sont présentées ci-dessous:
L’arabe est une écriture consonnantique. Cela se traduit par le fait que toutes ces lettres, à l’exception du Alef (), sont des consonnes. Le Waw () et le Ya () sont, elles, des demi-voyelles, dans la mesure où elles représentent à la fois une consonne et une voyelle: le Waw se prononce ‘w’ ou ‘ou’ alors que le Ya se prononce ‘y’ ou ‘i’. Ainsi, la racine trilitère ‘KTB’ arabe peut, selon le vocalisme, être lue ‘katib’ lire, ‘kitab’ l’écrivain, ‘kutub’ les livres, ‘kataba’ il écrivit, etc. Les voyelles brèves sont figurées par des signes diacritiques applées Fathah (son ‘a’: un petit trait au dessus de la consonne), Dammah (son ‘ou’: un petit Waw au dessus de la consonne) et Kasrah (son ‘i’: un petit trait au dessous de la consonne).
Dernière particularité de l’écriture arabe: elle s’écrit de droite à gauche.
Cette écriture, malgré le grave inconvénient que représente le fait qu’elle soit consonnantique, est toutefois considérée pour certains spécialistes plus adéquate qu’aucune autre pour souligner les aspects syntaxiques et sémantiques de la langue arabe. L’alphabet arabe met ainsi en évidence les aspects morphologiques et phonétiques de la langue.
C’est que l’arabe est une langue dans laquelle les voyelles ne servent qu’à préciser la fonction grammaticale du mot et non son sens. On a ainsi pu le voir pour l’association des lettres ‘K’, ‘T’ et ‘B’ qui fait toujours référence à l’écrit, les voyelles ne servant qu’à préciser le temps du verbe conjugué ou un pluriel.
Ainsi l’absence de vocalisation, qui serait un handicap pour une langue indo-européenne comme le français du fait de l’existence de nombreux mots combinants plusieurs voyelles ou commençant par une voyelle, n’en est pas un pour l’arabe, tout comme d’ailleurs l’autre grande langue sémitique qu’est l’hébreu.
| a | Alef | | d | Dad |
| b | Ba' | | t | Tah |
| t | Ta' | | z | Zah |
| th | Tha' | | ' | 'Ayn |
| j | Jim | | gh | Ghayn |
| h | Hha' | | f | Fa |
| kh | Kha' | | q | Qaf |
| d | Dal | | k | Kaf |
| d | Thal | | l | Lam |
| r | Ra | | m | Mim |
| z | Zayn | | n | Nun |
| s | Sin | | h | Ha |
| sh | Shin | | w | Waw |
| s | Sad | | y | Ya |
| | | | , | Ham- zah |
Alphabet Arabe
INTRODUCTION
Ecriture et éternité
L’écriture est la forme d’art plastique essentielle de la civilisation arabo-musulmane. L’écriture étant jugée divine, elle se divinise encore plus dans la perfection, la rigueur et le dénuement de son effet décoratif. Abstraite par sa forme et profonde par son sens, elle conduit au divin.But ultime d’un art dépouillé, la calligraphie est poussée à l’extrême jusqu’à la pureté du signe et l’ornement devient l’éloge du Verbe par l’écriture.
Y.H. Safadi
Bismillah, Qutub minar, XIII
ANS CHAQUE ECRITURE se retrouve le même désir d’éternité, le désir de rendre immortelle une pensée, une histoire. Dans le cas de l’écriture arabe, c’est également une religion, en l’occurence l’Islam, qu’il s’est agit de préserver dans sa pureté originelle.
L’écriture arabe est donc fondamentalement liée à l’existence et l’expansion de l’Islam. La révélation coranique a en effet permis aux Arabes de fixer dans sa perfection la langue de la poésie antéislamique. Le Coran ne peut être récité qu’en arabe, et la diffusion de l’Islam a obligé les Musulmans à définir une typographie la plus explicite qui soit afin d’éviter que le message d’Allah ne puisse être trahi.
Toutefois ce respect figé de la langue n’a pas nuit pour autant à la l’écriture arabe. En effet, cette contrainte associée au fait que l’Islam interdise de représenter les êtres animés, a conduit les Musulmans à développer de manière flamboyante la calligraphie afin d’exalter la parole révélée de Dieu. Ce faisant ils ont élevé cet art au rang d’art majeur.
Calligraphie:
1° Art de bien former les caractères d’écriture; écriture formée selon cet art.
2° Oeuvre du calligraphe.
La calligraphie est une manière de visualiser une langue et sa topographie. En ce sens, la calligraphie arabe repose sur un principe visuel simple: l’entrelacs d’une ligne de base simple et de lignes verticales, entrelacs complété par des signes typographiques conventionnels (voyelles brèves, shaddé, etc.). Elle obéit à une logique interne fondée sur l’équilibre et le dynamisme de la composition. Sa beauté ne dépends plus du texte qu’elle illustre: texte devenu dessin, la calligraphie prend son sens en elle-même. C’est ce qui explique, sans doute pourquoi, l’art calligraphique arabe peut toucher le non-arabophone.
Avant d’approfondir le thème de la calligraphie arabe, cette première partie de la série ‘De la calligraphie à la typographie’ va présenter brièvement l’alphabet arabe et mettre en évidence son importance aux yeux des Musulmans et des gnostiques arabes.
Publié à 08:34 par acoeuretacris
Le porteur d'eau
Auteur inconnu
En Chine, un porteur d'eau possédait deux grosses cruches, chacune d'elle pendante aux extrémités d'une solide perche qu'il portait sur ses épaules.
L'une des cruches était fêlée, tandis que l'autre était parfaite et livrait toujours une pleine portion d'eau.
À la fin de la longue marche du ruisseau à la maison, la cruche fêlée arrivait toujours à moitié pleine. Tout se passa ainsi, jour après jour, pendant deux années entières où le Porteur livrait seulement une cruche et demi d'eau à sa maison.
Évidemment, la cruche qui était sans faille se montrait très fière de son travail parfaitement accompli. Mais la pauvre cruche fêlée était honteuse de son imperfection, et misérable du fait qu'elle ne pouvait accomplir que la moitié de ce qu'elle était supposée produire.
Après ces 2 années de ce qu'elle percevait comme étant une faillite totale de sa part, un jour, près du ruisseau, elle s'adressa au Porteur d'eau, " J'ai honte de moi-même, et à cause de cette fêlure à mon côté qui laisse fuir l'eau tout au long du parcours lors de notre retour à votre demeure. "
Le Porteur s'adressa à la cruche, " As-tu remarqué qu'il y avait des fleurs seulement que de ton côté du sentier, et non sur le côté de l'autre cruche ?
C'est que j'ai toujours été conscient de ta fêlure, et j'ai planté des semences de jolies fleurs seulement de ton côté du sentier, et chaque jour durant notre retour, tu les as arrosées.
Durant ces deux années j'ai pu cueillir ces jolies fleurs pour décorer notre table. Si tu n'avais pas été comme tu l'es, nous n'aurions jamais eu cette beauté qui a égayée notre maison "
La morale :
Chacun de nous avons nos imperfections.
Nous sommes tous des cruches fêlées.
Mais ce sont les failles et les fêlures que chacun de nous avons qui rend notre vie commune plus intéressante et gratifiante.
Nous devons accepter chaque personne pour ce qu'elle est, et percevoir ce qu'il y a de bon en elle.
Publié à 18:54 par acoeuretacris
Ecrits vains
Auteur : Thérèse Chenevière
Je suis écrits vains
sans rancoeur ni haine
du sang bouillant dans les veines
tel est mon destin.
Je suis écrits tôt
le matin après le dodo
l'esprit frais et dispo
plus facile de trouver ses mots.
Je suis écrits durs
sans concessions ni fioritures
pas vraiment la dent dure
j'aime l'écriture.
Je suis écritoire
pour chanter la victoire
de la vie pleine d'espoir
qui aime s'émouvoir.
Je suis juste écrits
pour effacer de ma vie
les pleurs les cris
et même le mot oubli....
Ramsès II
vers 1292 avant JC - vers 1213 avant JC
Associé très jeune à son père Sethi 1er, le pharaon Ramsès II règne au total près de 80 ans, de 1292 à 1213 avant JC. Il livre bataille aux Hittites à Qadesh, en Syrie. Après cette grande bataille restée indécise, le royaume indo-européen des Hittites, établi en Anatolie (Turquie moderne), se rapproche des Égyptiens pour faire face à un nouveau-venu, le royaume de Mitanni (à cheval sur la Syrie et l'Irak actuels).
Profitant de la paix retrouvée, Ramsès II construit de multiples monuments, sans doute davantage qu'aucun autre pharaon. On peut encore admirer l'immense salle hypostyle du temple de Karnak et le temple d'Abou-Simbel, sur les bords de l'actuel lac d'Assouan, qui cultive le souvenir de Qadesh.
Hatshepsout
vers 1503 avant JC - vers 1482 avant JC
Une demi-douzaine de femmes gouvernèrent l'Égypte ancienne avec le titre de pharaon. La plus importante fut Hatshepsout, qui régna de 1503 à 1482 avant JC. Fille de Thoutmosis 1er, elle épouse son demi-frère selon la coutume pharaonique. Après la mort de son mari, elle écarte l'héritier, né d'une concubine, et règne en personne avec le soutien des puissants prêtres d'Amon.
Elle témoigne à ceux-ci sa reconnaissance en confiant à son architecte Senmout la construction du magnifique temple à terrasse de Déir el-Bahari, dans la Vallée des Rois, en face de Thèbes. Son règne de vingt ans semble avoir été par ailleurs paisible et prospère.
Nabuchodonosor (605 avant JC - 562 avant JC)
Grandeur de l'empire néo-babylonien
Le 23 septembre de l'an 605 avant notre ère, Nabuchodonosor II est couronné roi de Babylone. Il succède à son père, Nabopolassar
Renaissance de Babylone
Nabopolassar était à ses débuts le gouverneur de Babylone et devait obéissance au souverain assyrien. Celui-ci n'était autre que le prestigieux Assourbanipal, un conquérant qui avait repoussé jusqu'en Égypte les limites de son empire.
Mais après sa mort, l'Assyrie, usée par les guerres et détestée par ses sujets allogènes, ne tarde pas à se déliter sous l'effet des révoltes et des luttes de palais. C'est ainsi que le gouverneur de Babylone s'allie à Cyaxare, le roi des Mèdes, un peuple de l'Iran actuel, et porte le coup de grâce à la monarchie assyrienne.
Les Assyriens sont défaits en 615 avant JC à Arapkha (aujourd'hui Kirkouk) et leur capitale, Ninive, est détruite en 612 avant JC. Nabopolassar peut dès lors restaurer l'indépendance de l'empire chaldéen et le prestige de Babylone. Son fils Nabuchodonosor (on écrit aussi Nabuchodonozor) ne va pas montrer moins de talent dans le gouvernement de l'empire.
Victoires de Nabuchodonosor
Le principal souci du nouveau roi de Babylone est la lutte contre les Égyptiens qui dominent le Proche-Orient et menacent ses frontières occidentales. Quelques mois avant son couronnement, Nabuchodonosor vainc les Égyptiens du pharaon Néchao II à Kharkémish (ou Karkémish, sur l'Euphrate, à la frontière entre Turquie et Syrie actuelles). Il les chasse de Palestine et de Syrie et la même année, en 605, peut ainsi entrer à Jérusalem, capitale du royaume de Juda...
Babylone
Mais le petit royaume israélite fait preuve d'insoumission et les Babyloniens réoccupent Jérusalem à deux reprises, en 597 et en 586. Le Temple des Juifs est détruit et la population de Jérusalem est en bonne partie déportée en Mésopotamie.
Le 28 mai de l'an 585 avant JC, une éclipse de soleil interrompt un combat entre les Mèdes et les Lydiens. Nabuchodonosor, allié des Mèdes, en profite pour annexer la Lydie (l'éclipse a été identifiée par les astronomes modernes et a permis aux historiens de dater avec précision ladite bataille).
En 573, après 13 ans de résistance, la cité de Tyr, en Phénicie, tombe aussi aux mains des Babyloniens. Nabuchodonosor met la main sur sa remarquable flotte de guerre. Il étend ainsi son empire du golfe Persique à la Méditerranée.
Splendeurde Babylone
Le roi Nabuchodonosor se consacre surtout à l'embellissement de sa capitale. Il fait aménager une enceinte de 18 kilomètres de long dont le principal point de franchissement est la porte d'Ishtar. A partir de celle-ci, une voie processionnelle en brique émaillée conduit au temple de Mardouk, le dieu de Babylone.
Il fait aussi rénover la ziggourat, qui a donné naissance au récit biblique de la «tour de Babel» : elle s'élève à 90 mètres de haut sur une base de 90 mètres de côté.
Enfin, le roi fait aménager les jardins suspendus. Une légende prétend qu'il aurait ainsi voulu faire une faveur à son épouse d'origine mède qui regrettait les montagnes verdoyantes de son enfance.
Songeons que Babylone, du règne d' Hammourabi, vers 1750 avant JC, à celui d' Alexandre le Grand, vers 330 avant JC, en passant par celui de Nabuchodonosor, aura rayonné presque sans discontinuer sur le Moyen-Orient pendant quinze siècles !... Sans doute un record historique.