Les gemmes et métaux précieux - L'ambre -

Publié à 15:28 par acoeuretacris Tags : gemme
Les gemmes et métaux précieux - L'ambre -

L’AMBRE : PIERRE DE L’EPOQUE JURASSIQUE

 

Reportez-vous, par la pensée, à l’époque où la globe terrestre n’avait pas encore l’aspect que vous lui connaissez. Des masses énormes de matières diverses dérivaient, se choquaient, fusionnaient, se déplaçaient. Des températures fabuleuses, associées à des pressions gigantesques, permettaient des amalgames impossibles à concevoir de nos jours mais dont nous constatons les résultats.
Certains de ces bouleversements géants ont donné naissance à des cristaux. Les uns furent colorés, d’autres non.
C’est à ces cristaux colorés, précieux à cause de leur rareté, que fut attribué le nom de « pierres précieuses de couleur ».

Depuis la sortie du film « Jurassic Park » où ils étaient en vedette, les dinosaures ont acquis une notoriété qu’ils n’avaient pas auparavant.
Un résultat, fort inattendu, de la popularité du film a été, à l’échelle mondiale, une augmentation remarquable de la demande de joaillerie, comportant de l’ambre.
Bien que l’usage de l’ambre, en tant qu’élément ornemental, soit vraisemblablement aussi vieux que l’homme lui-même, il n’avait fait l’objet, à notre époque, que d’un marché restreint.
C’était, bien sûr, avant que les gens aient vu, dans le film, l’ADN, d’un dinosaure extrait d’un moustique, piégé dans un morceau d’ambre.

Des millions de gens ont appris, depuis qu’ils ont vu le film, que l’ambre est de la résine de pin pétrifiée. Qu’il est ancien et qu’il a de la valeur en tant qu’antiquité, remontant aux temps préhistoriques.

La demande est particulièrement forte, pour de l’ambre ayant un insecte à l’intérieur. « L’ambre est comme une capsule faite et incrustée par la Nature » dit David Federman, l’auteur du « guide des pierres de couleur, à l’usage du consommateur »
Il dit encore : « L’ambre a aidé les paléontologues à reconstituer ce qu’était la vie sur terre, dans ses phases primitives. Plus de 1.000 espèces d’insectes, disparues depuis, ont pu être identifiées dans de l’ambre ».

Les deux grandes sources d’approvisionnement en ambre, sont, aujourd’hui, les Etats Baltes et la République Dominicaine. Celui qui provient des Etats Baltes est plus ancien et jouit donc d’une préférence de fait sur le marché.
Mais celui de la République Dominicaine est mieux susceptible de contenir des inclusions avec insectes. Les prix de l’ambre vont, pour ainsi dire, de zéro à l’infini, suivant sa pureté et sa dimension.

Par bonheur pour les amateurs d’ambre, on en trouve sur le marché, en plus grande quantité que dans les années passées, en provenance des Etats Baltes. La libéralisation de l’économie des pays de l’Europe de l’Est et de l’ex Union Soviétique a tout modifié.
La plus importante source d’approvisionnement est la Russie, dans la région baltique à l’ouest de Kaliningrad..
On en trouve également en Lituanie, en Estonie, en Pologne et aussi, de façon occasionnelle, sur les plages de mer Baltique jusqu’au Danemark, à la Norvège et même à l’Angleterre, quand la houle en rejette sur le sable et l’y dépose.
Citons pourtant d’autres sources d’approvisionnement : le Myanmar (anciennement Birmanie) le Liban, la Sicile, le Mexique, la Roumanie, l’Allemagne et le Canada.

Désirer posséder de l’ambre n’est pas chose nouvelle. Des objets fabriqués en ambre et datant de l’Age de Pierre furent découverts en ce qui est aujourd’hui l’Allemagne et le Danemark.

 

FABRIQUE PAR LE SOLEIL

« L’homme de l’âge de pierre » dit M. Federman « attribuait à l’ambre des propriétés surnaturelles. Il s’en servait non seulement pour le porter mais aussi pour se livrer à son adoration. Ainsi l’ambre acquit-il une grande valeur et aussi une grande importance auprès, entre autres, des Assyriens, des Egyptiens, des Etrusques, des Phéniciens et des Grecs.
En fait, depuis l’âge de pierre, il n’a jamais cessé d’être en vogue.
Entre les années 1895 et 1900, la production d’ambre baltique à destination de la joaillerie atteignit des proportions énormes.
L’origine de l’ambre est sujette à bien des récits mythiques.
Ovide écrit que quand Phaëton, fils de Phebus, le soleil, convainquit son père de l’autoriser à conduire le char du soleil, pour un jour, à travers les cieux, il s’approcha trop près de la terre qui en fut incendiée. Pour sauver la terre, Jupiter frappa Phaëton de son foudre, pour le chasser hors de l’espace céleste et Phaëton mourut dans sa chute.
Le chagrin changea en arbres, sa mère et sa sœur mais leurs pleurs continuèrent à témoigner de leur affliction. Séchées au soleil, leurs larmes devinrent de l’ambre.

 

Les Grecs donnèrent à l’ambre le nom d’ « elektron », c’est à dire, fait par le soleil, peut-être à cause de cette histoire ou, peut-être, parce qu’il se charge d’électricité quand on le frotte sur un tissu et qu’il est alors susceptible d’attirer de petites particules.
Homère fait mention, dans l’Odyssée, de bijoux en ambre, comme d’un présent princier : il s’agit de boucles d’oreille et d’un collier fait de boules d’ambre.
Nicias, autre écrivain ancien, dit que l’ambre est le suc ( ou l’essence ) du soleil couchant, qui coagule au sein des flots et qui est déposé sur les plages.
Les Romains envoyèrent des armées à la conquête des régions productrices d’ambre, afin de s’en assurer le contrôle.
L’empereur Néron était grand connaisseur en ambre. « Sous son règne », écrit Pline, l’historien romain, « le prix d’une figurine en ambre, aussi petite fût-elle, dépassait celui d’un esclave en pleine force ».

Les anciens Germains se servaient de l’ambre comme encens et le faisaient brûler.
Ainsi l’appelèrent-ils « brennstein », la pierre qui brûle. Brenn devint « bern » par perversion de prononciation, comme cela arrive souvent et l’on dit aujourd’hui « bernstein ».
Au Moyen Age, l’ambre incolore fut considéré, étant donné son toucher doux et lisse, comme la pierre parfaite pour faire des chapelets.
Certains ordres de chevalerie contrôlaient son commerce et la possession, non autorisée, d’ambre brut, était illégale, dans toute l’Europe, aux environs de 1400.

 

QUELS SONT LES SECRETS QUE L’AMBRE POURRAIT RECELER ?

Est-il possible qu’un moustique, piégé dans de l’ambre, puisse receler de l’ADN de dinosaure ?
La majeure partie de l’ambre dont nous disposons, n’est pas assez vieille pour cela. Elle a 25 à 50 millions d’années tout au plus. Or, les dinosaures périrent, il y a 65 millions d’années, à la fin du crétacé. La période du jurassique est vieille de 144 millions d’années.
Toutefois, en 1994, le Dr Raul Cano, biologiste moléculaire à l’Institut polytechnique de Californie, à San Luis Obispo, déclara au journal britannique « Nature » que lui et ses collègues, avaient extrait l’ADN d’un charançon, emprisonné dans de l’ambre depuis 120 à 135 millions d’années, époque à laquelle les dinosaures infestaient la planète.
L’ambre, qui venait du crétacé primaire, avait été extrait des montagnes du Liban, au sud de Beyrouth, par Aftim Acraqui, qui a une collection de morceaux d’ambre, recelant 700 insectes, parmi lesquels des termites, des mites, des chenilles, des araignées et des puces suceuses de sang.

Les gemmes et métaux précieux - L'Agate -

Publié à 15:11 par acoeuretacris Tags : gemme
Les gemmes et métaux précieux - L'Agate -

L’AGATE : BANDES ET RAYURES

Reportez-vous, par la pensée, à l’époque où la globe terrestre n’avait pas encore l’aspect que vous lui connaissez. Des masses énormes de matières diverses dérivaient, se choquaient, fusionnaient, se déplaçaient. Des températures fabuleuses, associées à des pressions gigantesques, permettaient des amalgames impossibles à concevoir de nos jours mais dont nous constatons les résultats.
Certains de ces bouleversements géants ont donné naissance à des cristaux. Les uns furent colorés, d’autres non.
C’est à ces cristaux colorés, précieux à cause de leur rareté, que fut attribué le nom de « pierres précieuses de couleur ».

Il n’est pas de gemme qui soit plus striée par la nature, que l’agate. Elle se présente en couches concentriques, en une grande variété de couleurs et de textures.
Toute agate se forme, en remplissant le creux du rocher qui l’abrite.
Il en résulte qu’elle se trouve souvent en nodules arrondis, pourvus de cercles concentriques, comparables à ceux que l’on trouve dans une section de tronc d’arbre.
Les bandes ressemblent parfois à des yeux, parfois à des festons de fantaisie ou même à des paysages, avec arborescences dendritiques.

L’agate a été très prisée en tant que talisman, dans les temps anciens.
Elle était censée calmer la soif et protéger des fièvres. En Perse, les magiciens s’en servaient pour écarter les ouragans.
Une célèbre collection, comportant de deux à quatre mille coupes en agate, et réunie par Mithridate, prouve, en quelle faveur elle était .
Les coupes en agate furent également très répandues dans l’Empire byzantin.
Faire collection d’agates, devint courant, parmi les têtes couronnées d’Europe, sous la Renaissance et bien des Musées, y compris le Louvre, en ont des spécimens étonnants.

L’extraction de l’agate dans la vallée de la Nahe, en Allemagne, est déjà mentionnée dans des archives datant de 1497. C’est ainsi que fut créé le centre d’Idar-Oberstein.
A l’origine on se servait du courant de la rivière pour faire tourner les meules.
Quand le gisement d’agate de la Nahe fut épuisé, au cours du 19ème siècle, les lapidaires d’Idar commencèrent à travailler les gisements d’agate brésiliens. Leur exploration amena la découverte des riches filons brésiliens d’améthyste, de citrine, de tourmaline, de topaze et d’autres gemmes encore.

Bien que le village d’Idar-Oberstein soit, encore aujourd’hui, l’endroit où l’on grave l’agate avec une délicatesse unique au monde, on y importe également, de partout, un vaste assortiment de gemmes brutes, qui y seront taillées ou gravées.
Des maîtres graveurs font des camées sur pierre et les artistes lapidaires y foisonnent, ainsi que les négociants en pierres, qui écument tout l’univers, pour découvrir les dernières trouvailles en matière de gemmes brutes.
Et tout cela provient du goût pour les coupes en agate, au temps de la Renaissance !
Serait-elle véritablement un talisman dont l’efficacité s’étendrait au commerce international ?

 

La fabuleuse histoire... - Champollion et les hiéroglyphes

Publié à 14:32 par acoeuretacris Tags : ecriture hiéroglyphes

 

La pierre de Rosette

TOUT A COMMENCE en ce mois de juillet 1799, quand l’officier français Pierre Bouchard appartenant à l’expédition que Bonaparte mène en Egypte, exhume au pied du fort Rashîd, sur la côte méditerranéenne, une stèle de basalte noire. Sans le savoir, il vient de mettre la main sur un décret datant de Ptolémée V (ca 196 av J-C) retranscrit en trois écritures, grecque, démotique et hiéroglyphique: la Pierre de Rosette.

Le moine bénédictin Dom Bernard de Montfaucon l’avait écrit: on ne pourrait déchiffrer l’égyptien ancien, langue restée jusque là hermétique aux savants européens, qu’en disposant d’“inscriptions d’anciens Égyptiens répétées ensuite en Grec”. De la rencontre de ce document et d’un jeune homme à l’intuition géniale, Jean-François Champollion va naître l’égyptologie.


La pierre de Rosette

La piste copte

JEAN-FRANCOIS, dans sa prime jeunesse, va se révéler être un élève particulièrement doué pour les langues orientales. Cornaqué par son frère aîné, Jacques Joseph, il va étudier à Figeac puis à Grenoble, le latin, le grec, l’hébreu mais aussi l’arabe, le syriaque et l’araméen. Son intelligence des langues le conduit très tôt à comprendre la parenté qui existe entre les grandes langues sémitiques. Lors de son premier séjour grenoblois (1801-1806), il fait la connaissance d’un moine syrien revenu d’Égypte avec l’armée française, dom Raphaël de Monachis, qui incite le jeune étudiant à s’attaquer à l’éthiopien et surtout au copte.

L’élève mettra un certain temps à redécouvrir ce que des érudits français avaient énoncé deux siècles plus tôt et que les Coptes eux-mêmes n’avaient cessé de clamer à savoir que leur langue n’est autre qu’une forme tardive de l’ancien égyptien. En 1807, Champollion alors âgé de 16 ans, présente un mémoire à l’Académie de Grenoble, dans laquelle il défend cette thèse. Sa passion pour l’Égypte ne fait que grandir; il écrira cette même année: “Je veux faire de cette antique nation une étude approfondie et continuelle (...) De tous les peuples que j’aime le mieux, je vous avouerai qu’aucun ne balance les Égyptiens dans mon cœur.”


Papyrus Copte

Peu de temps après, Champollion part pour la capitale, fréquenter les cours d’arabe, de persan, d’hébreu, de syriaque, d’araméen et même de chinois, dispensé par les savants professeurs de l’École spéciale des langues orientales, fondée en 1795. Champollion continue toutefois d’approfondir son hypothèse copte, une langue, écrit-il à son frère, qu’il ne fait pas que parler, mais dans laquelle il rêve ou traduit tout ce qui lui passe par la tête: “Je travaille. Et je me livre entièrement au copte. Je veux savoir l’égyptien comme mon français parce que sur cette langue sera basé mon grand travail sur les papyrus égyptiens.”

Confronté au manque de matériaux sur le copte, il va composer ses propres outils: deux grammaire, l’une du saïdique, l’autre du bohaïrique (deux dialectes coptes), ainsi qu’un dictionnaire. Dans le processus de la découverte, l’établissement de ce dictionnaire copte va constituer une étape clé.


Jacques-Joseph Champollion
dit Champollion-Figeac,
le mentor de Jean-François

Champollion s’attaque aux hiéroglyphes

LES PREMIERS TRAVAUX PUBLICS de Champollion datent de 1810. De retour à Grenoble où il vient d'être nommé professeur d'histoire, il livre à l'Académie de cette ville, ses premières conclusions sur la nature des écritures des anciens Égyptiens: la première communication réaffirme l'origine commune des trois principaux types d'écriture utilisés par les Égyptiens, hiéroglyphique, hiératique et démotique, la seconde traite du sens des signes hiéroglyphiques. Ces derniers, empruntés à l'univers réel ont longtemps fait croire qu'il ne pouvait s'agir que de symboles ou d'idéogrammes. Champollion défend également l'idée selon laquelle ils doivent aussi transcrire des sons, puisqu'ils servent à écrire des noms de personnes.

Champollion ne fut pas le premier à défendre cette thèse: en 1761, l'abbé Barthélémy avait émis l'hypothèse selon laquelle les cartouches enfermeraient des noms royaux. Dans la même veine, le diplomate suédois Åkerblad avait à partir de la pierre de Rosette réussi à identifier tous les noms propres.

Les recherches de Jean-François sont brutalement ralenties par la chute de l'Empire. Bonapartistes, les frères Champollion doivent s'exiler à Figeac, loin des précieuses bibliothèques. Et cela tombe très mal, car en Angleterre, un jeune médecin-physicien, Thomas Young s'est engagé dans la course aux hiéroglyphes et s'affirme comme un prétendant sérieux au déchiffrement. Comme Champollion, Young a compris l'identité du copte et de l'égyptien. Il a identifié sur la pierre de Rosette le nom de 'Ptolémée', le déterminatif qui indique la désinence du féminin ainsi que quelques expressions. Plus important encore, il a le premier reconnu dans l'égyptien la coexistence de signes alphabétiques et non alphabétiques. Enfin, dès 1814, il a noté que certains signes démotiques dérivaient de signes hiéroglyphiques.


Extrait de l’article de Young dans lequel il pressent l’existence de hiéroglyphes phonétiques

Après quelques moments d'abattement, Champollion continue de progresser pas à pas. Il identifie des groupes, en général des épithètes, dont , "dieu parfait" qu'il traduit par référence à la version grecque. Il sait également comment les Égyptiens évoquent l'idée du pluriel

Il se heurte par ailleurs à des obstacles de taille. Tout d'abord, les copies de hiéroglyphes dont il dispose ne sont pas toujours très fiable. Or il opère par comparaison de segments de phrase ce qui le mène souvent au contre-sens: il traduit ainsi l'expression, , "remplissant tous les deux jours les fonctions de Ptérophore du dieu", alors que la séquence véritable, , ne signifie que "(Ramsès) em-per-Rê justifié de voix". Ensuite, Champollion persiste à essayer de démontrer la nature fondamentalement idéographique des hiéroglyphes en essayant d'associer à chaque signe une valeur sémantique ce qui l'amène à des conclusions douteuses: ainsi dans le groupe qui désigne le nom d'Osiris (Ousir), il voit comme une prière signifiant: (regarde-moi favorablement ô puissant dieu)!



Champollion devant l’Académie
LE 27 AOUT 1821, il présente à l'Académie des inscriptions et belles-lettres de Paris, ses premiers résultats, affirmant notamment que l'écriture démotique n'est qu'un dérivé du hiératique, lui même une version cursives des hiéroglyphes. Puis il dresse un tableau de correspondance entre les signes hiératiques et les signes hiéroglyphiques dont ils procèdent.

Un peu plus d'un an plus tard, le 27 septembre 1822, Champollion est invité par l'Académie à présenter des résultats qui vont révolutionner l'égyptologie. Il est parti des travaux de Young qui avait proposé une transposition du cartouche de Ptolémée, selon toutefois un découpage très aléatoire. Champollion émet lui l'hypothèse que comme pour certaines autres langues de la région, seule les voyelles sonores sont retranscrites à l'aide de semi-voyelles; ainsi "Ptolemaios" en grec, devenait en égyptien "Ptolmys":


Traduction des cartouches
de Ptolémée et de Cléopatre

En traduisant le nom de Cléopatre en "Kleopatrà", il valide son hypothèse et peut présenter la valeur alphabétique de onze signes dont quatre semi-voyelles. Il montre également qu'en certains cas pour un même son, il peut exister plusieurs signes; ainsi le 'L' peut être transcrit par un lion ou une bouche . Pour renforcer cette thèse alphabétique, il avance également le fait que sur la pierre de Rosette, 486 mots grecs sont retranscrits en 1419 hiéroglyphes. Cet écart indique à l'évidence que les hiéroglyphes ne peuvent transcrire des mots. Et c'est à partir de ses conclusions partielles que Champollion expose sa thèse: il existe une différence de nature entre la langue égyptienne proprement dite et son usage pour transcrire approximativement des sons: l'écriture hiéroglyphique est à la fois idéographique et alphabétique. Pour rédiger sa communication qu'il dédie au secrétaire perpétuel de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, Bon-Joseph Dacier, Champollion se fait aider par son frère. Celle-ci est un succès.


Lettre à M. Dacier

L’aventure continue

POURTANT ON EST ENCORE LOIN d'avoir appréhendé toute la richesse de l'écriture des anciens Égyptiens. Déjà, Champollion n'a pas révélé certains de ses résultats qui le laissent encore perplexe car ne permettent pas de trancher nettement quant à la nature idéographique ou alphabétique des hiéroglyphes. Un cartouche recopié par l'architecte Jean-Nicolas Huyot à Abou-Simbel, lui donne du fil à retordre et met sa logique à rude épreuve. Graphié , il n'est pas difficile d'en traduire les deux derniers signes car on les retrouve dans le cartouche de Ptolémée: ce sont des 'S'. Le premier signe, un cercle pointé, semble quant à lui représenter le soleil. Or Champollion sait, d'après le copte, que le soleil se lit "Rê". Reste le signe central. Il figure sur la pierre de Rosette dans une expression traduite en grec par "anniversaire". Champollion le rapproche donc du copte "hou-mice" qui signifie "jour de naissance" et en déduit que ce signe correspond au mot copte "micé", qui se traduit par "mettre au monde". Dès lors, il est en mesure de traduire un des noms les plus célèbres de l'histoire: Râ-mes-es-es, Ramsès, qu'il peut traduire par "Rê l'a mis au monde". Sur le même principe, il transcrira le cartouche de Thoutmôsis, , car il ne diffère de celui de Ramsès que par le premier signe: au lieu du dieu Rê, nous trouvons le dieu Thot (un ibis)!

En 1823, Champollion présente à l'institut plusieurs communications sur le système hiéroglyphique. La même année, il publie son Panthéon égyptien, qui connait un vif succès. Un an plus tard, paraît le Précis du système hiéroglyphique des anciens Égyptiens dans lequel il compile l'ensemble de ses recherches sur les noms de dieux et rois égyptiens et il expose l'organisation d'ensemble de l'écriture en signes phonétiques et idéographiques. Les premiers comportent une, deux ou trois consonnes, le groupe des unilitères (25 signes) formant le premier véritable alphabet de l'humanité. Les seconds se répartissant en idéogrammes qui désignent directement l'objet et en déterminatifs qui permettent de distinguer des mots formés de consonnes apparemment homophones.


Alphabet hiéroglyphique

Et s’achève prématurément


Champollion l'égyptien

DE 1824 A 1825, Champollion se rend à Turin pour étudier la collection d’antiquités égyptiennes qu’a acquis le souverain de Piémont-Sardaigne. C’est l’éblouissement. Champollion découvre là les fragments du papyrus royal de Turin, vestige de l’époque de Ramsès II. Il rétablit datations et dynasties, fait œuvre d’historien.

Nommé le 14 mai 1826, directeur de la section égyptienne du musée Charles X du Louvre, pour qui il étudie et classe les collections raportées par l’expédition de Bonaparte, Champollion ne rêve toutefois que d’Égypte. Le 18 août 1828, il réalise son souhait le plus cher et débarque au pays des pharaons dans le cadre d’une mission franco-italienne. Il exulte et clame aux “Lilliputiens” européens que “L’imagination qui, en Europe, s’élance bien au-dessus de nos portiques, s’arrête et tombe impuissante au pied des cent quarante colonnes de la salle hypostyle de Karnak.”

Il ne reviendra en France que dix-sept mois plus tard, chargé d’une masse de notes, traductions de textes, étymologies, récits historiques, appréciations botaniques... l’égyptologie vient de naître. Mais son créateur ne sera pas là pour en voir les premiers pas. Il s’éteint le 4 mars 1832. Les Monuments d’Égypte et de Nubie, sa Grammaire égyptienne et son Dictionnaire égyptien ne seront publiés qu’après sa mort sous la supervision de son frère.


Notes de travail de Champollion qui serviront de matière première aux ouvrages posthumes que fera paraitre son frère

La fabuleuse histoire... - l’alphabet grec -

Publié à 14:19 par acoeuretacris Tags : ecriture alphabet grec
Evolution de l’écriture grecque

rondes sont l’omicron (O) et l’omega (W). En gravant au milieu du cercle un point ou une barre, on obtient le thêta (Q) et le phi (F). Enfin, le bêta est fait d’une barre et de deux moitiés de cercles (B) alors que le rhô ne présente qu’une panse supérieure (R).

L’intérêt d’une telle standardisation est pour Rémy Peignot, l’harmonie «quasi musicale (qui) naît du jeu rythmique des traits. (...) Dans l’assemblage des lettres, des notes en lignes et en page, le retour périodique de formes simples facilite la lecture; cela plaît à l’œil qui s’y retrouve».

De l’influence des supports sur le dessin des lettres

Toutefois, le dessin des lettres va se mettre à se redifférencier, cette fois en fonction du support d’écriture utilisé. L’écriture monumentale ou lapidaire, est celle que l’on va utiliser pour graver sur la pierre les documents officiels. De forme rectiligne et anguleuse, elle se distingue nettement des rondeurs de l’écriture des scribes maniant le calame. Dès le IVème siècle, l’écriture courante va être celle sur papyrus. Les Grecs ont en général, utilisé le papyrus de la même manière que les Egyptiens. A ses débuts, l’écriture sur papyrus était très proche de l’écriture épigraphique; appellée écriture scolaire, ses caractères ne sont pas liés entre eux, les mots ne sont pas séparés les uns des autres, les lettres E, S, W gardent leur forme anguleuse mais commencent à apparaître les formes arrondies dans les autres lettres. On ne laissait pas d’espace entre les mots et pour indiquer qu’on passait d’un sujet à un autre, on traçait un petit trait horizontal appelé paragraphos, qui signifie, «écrit sur le côté».

On écrivait en colonnes sur des bandes de parchemins ou de papyrus longues de six à neuf mètres et que l’on enroulait autour d’un bâton. Ces rouleaux prirent le nom de biblos du nom de la cité phénicienne qui fit connaître le papyrus aux Grecs. Un rouleau plus petit s’appelait biblion. Lorsque le rouleau faisait partie d’un ensemble on l’appelait tomos, c’est à dire la coupure.


alphabet grec

Les écritures grecques médiévales

A côté de cette écriture fondamentale, d’autres genres se développèrent très rapidement. L’écriture calligraphique était proche du type scolaire mais le gabarit des caractères, leur écartement, leurs enjolivements étaient calculés de façon à produire une impression artistique; c’est l’écriture des manuscrits. Elle évitait les ligatures, ne séparait pas les mots et était appelée également onciale ou parfois biblique, par qu’on la retrouve dans les trois grands manuscrits bibliques que sont le Codex Vaticanus, le Codex Sinaiticus et le Codex Alexandrinus.

L’écriture cursive était l’écriture courante, ou étirée comme disaient les Grecs eux-mêmes. Plus rapide que l’onciale, elle se distingua nettement de sa parente à partir du IIIème siècle av J-C. Les traits essentiels de la cursive étaient d’une part, la tendance à lier entre eux les caractères d’écriture, dans la mesure où leurs formes s’y prêtaient, et à en simplifier le tracé, à le rendre plus coulant.

Entre les deux, il existait une écriture administrative dite de chancellerie qui se rapprochait de la cursive mais ses lettres étaient grandes, grêles et stylisées, et l’écriture personnelle, celle des gens d’une certaine culture.

L’onciale évolua peu et subsista sous cette forme quand on substitua le parchemin au papyrus; elle resta le type même de librairie. La cursive subit elle une transformation radicale qui finit par aboutir à la minuscule. Cette dernière a dégagé et précisé une des caractéristiques alors embryonnaire de l’écriture de chancellerie, à savoir le système des quatres lignes. Les lettres de l’écriture monumentale, comme celle de l’onciale et de notre capitale latine, sont en effet toutes de la même hauteur: on peut en délimiter leur tracé par deux lignes.

Au début du IVème siècle, la chancellerie impériale, désormais fixée à Constantinople, imposa la cursive byzantine qui subit l’influence de la cursive latine contemporaine, au point que les deux écritures pouvaient facilement se confondre. Cette nouvelle cursive a joué un rôle décisif lors de la véritable renaissance qu’a connue au VIIIème siècle l’Empire byzantin. La nouvelle écriture grecque, celle qui est aujourd’hui encore employée tant pour les livres imprimés que dans la vie courante, la minuscule, s’est en effet formée à partir de la cursive: tout en gardant certaines ligatures usuelles et claires, elle a séparé les lettres, réintroduit, aux IXème et Xème siècles, certaines formes onciales, réduit la dimension des lettres et su allier à la clarté des onciales la fluidité et la rapidité des cursives; elle a conservé et régularisé l’usage des signes diacritiques, esprits et accents, introduits par les Alexandrins.


Exemple d’écriture
onciale grecque
Codex Sinaiticus, IVe siècle

Signe de civilisation

L’ALPHABET adapté en Grèce aux alentours du VIIIème siècle avant J-C eut un grand rôle dans l’histoire des civilisations. Il permit la conservation du savoir qu’allait accumuler l’hellénisme et assura sa transmission jusqu’à nos jours. Il permit également aux anciens Grecs de conserver les mouvements de leur esprit, leurs lois, leurs décrets, l’expression de leur piété, de transmettre leurs rites initiatiques, leurs méditations philosophiques, leurs comptabilités...

La Civilisation grecque est la première civilisation qui reposa en une si grande part sur l’écrit. Et ceci, grâce à la lecture facile d’un alphabet: la démocratie aurait-elle pu naître si les citoyens n’avaient pu avoir accès aux décrets et aux lois? Les écritures nées en Mésopotamie ou en Égypte réservaient la lecture à une élite au rôle social défini. La Grèce inventa la démocratie, laquelle semble bien être le corollaire d’une autre invention: la pédagogie. Or, comment éduquer sans l’écrit...?


Copie de l’inscription
de l’arc romain de Thessalonique
IIe siècle ap. J-C.

La fabuleuse histoire... - l’alphabet grec -

Publié à 13:46 par acoeuretacris Tags : ecriture alphabet grec

Histoire de l’ancêtre de notre alphabet latin: l’alphabet grec.

 



Alphabet

L’ALPHABET GREC EST LE PERE de nos alphabets occidentaux : tous les alphabets en usage en Europe lui sont apparentés. Les Grecs, même s’ils n’ont pas à proprement parler inventé l’alphabet, ont donc joué un rôle capital dans le développement de la civilisation occidentale.

Le terme même d’ «alphabet» est issu de la combinaison du nom des premières lettres de cet ensemble de lettres qui servit à transcrire la langue grecque: alpha et beta. Le terme d’alphabetos n’est apparut que tardivement dans la langue grecque, après que le bas latin eut bricolé ce terme barbare. Les Grecs utilisaient pour désigner leurs lettres l’expression ta grammata.

L’écriture a d’abord été en Grèce, le fait des commerçants et des prêtres. Les premiers écrits en vers furent des chants religieux et des formules magiques, et les premiers écrits en prose, des contrats de prêt. Mais elle a également permis la fixation des textes littéraires les plus parfaits, qu’il s’agisse de «la grande houle» des vers d’Homère ou du flot paisible de la prose de Platon.

Son histoire n’est toutefois pas linéaire. L’alphabet grec tel que nous le connaissons aujourd’hui, est en effet le fruit d’une longue maturation qui a duré près de cinq siècles.

Du phénicien au grec

A LANGUE d’Homère, de Platon, de Sophocle a été couchée par écrit non par le biais d’une invention grecque, mais par l’adaptation d’un système alphabétique né ailleurs sur les côtes méditerranéennes.

Les écritures grecques archaïques

Ce qui semble bien être le plus ancien exemple d’écriture en Grèce est constitué par des pictogrammes retrouvés en Crète et encore indéchiffrés. Il semble que cette écriture pictographique soit à l’origine d’un autre système d’écriture apparu en Crète au début du minoen moyen (entre approximativement 1750 et 1650 av. J-C), cette écriture n’a pas encore été déchiffrée, et l’on ignore même si la langue mise par écrit était un dialecte grec. Cette écriture cursive, dont la graphie repose essentiellement sur la composition de lignes, a été baptisé par l’archéologue Evans, Linéaire A. Elle a été employée sur tout le domaine de la mer Égée, Troie incluse, de 1700 à 1400. Elle utilise 76 signes syllabiques dont 6 différent du Linéaire B, de signes idéogrammiques et numériques, dont des fractions.

Un peu plus tardivement (entre 1680 et 1580 env.), une nouvelle écriture se répand, le Linéaire B. Cette écriture cursive, utilisant 158 idéogrammes, 87 signes syllabiques, 11 signes de poids et de mesure, 5 signes numériques, fut déchiffrée par des Britanniques, Ventris et Chadwick en 1952, grâce aux techniques employées par l’Intelligence Service au cours de la Seconde Guerre mondiale pour décoder les messages de l’armée allemande. Il s’agit d’une écriture à la fois syllabique et idéographique. Cette écriture note une langue grecque mais ne survécut pas au déclin de la civilisation minoenne et aux invasions de la Crète et cessa donc d’être utilisée vers 1100.


Linéaire B
Tablette de Knossos
XVIIème siècle av. J-C.

L’île de Chypre connut également un système d’écriture, un syllabaire en usage jusque la période hellénistique (IIème siècle).

L’alphabet, une invention phénicienne

C’est donc plutôt du côté du Levant qu’il faut chercher l’origine de l’alphabet grec. L’ancien alphabet sémitique est d’abord un emprunt à la civilisation égyptienne. Le principe de fonctionnement de cette écriture pseudo-hiéroglyphique protocananéenne était celui de l’acrophonie: Chaque pictogramme symbolisait le tout premier son du mot sémitique représenté. Le signe de la maison, baytu représentait la « lettre » ‘B’. Or, dans toute langue sémitique, un mot ne peut commencer que par une consonne; un alphabet acrophonique ne peut donc qu’être consonnantique.

L’influence égyptienne n’est pas l’unique influence à laquelle le pays de Canaan était alors soumis. Le puissant royaume d’Akkadie s’étendait alors et sa civilisation se répandait avec au premier chef sa langue et son système d’écriture, le cunéiforme. Cette écriture a pour caractéristique d’être profondément liée à son support et à l’outil qui en assure la gravure. Sur des tablettes d’argile, de la pierre, une sorte de petit burin permettait de graver de petites encoches, des coins. Le système d’alphabet hiéroglyphique des Canaanéens fut transposé sur ces supports par ce type d’outils aux alentours du XIVème siècle avant J-C. Les principales traces de cette transposition sont celles laissées à Ugarit, l’actuel Ras Shamra, dont le fameux abécédaire à 30 signes cunéiformes est l’exemple le plus frappant.

Le cunéiforme disparu, l’alphabet linéaire poursuivit son évolution. Avant la fin du XIIème siècle avant J-C, l’alphabet classique de 22 lettres arrivait à maturité après un millénaire d’évolution depuis l’invention des hiéroglyphes. La graphie des lettres se stabilisait de même que le sens de la lecture qui se faisait désormais de droite à gauche. L’alphabet phénicien découpait la syllabe en unités simples, les consonnes, et négligeait les voyelles qui servaient à les prononcer. L’acquis décisif demeurait: l’utilisation d’un ensemble réduit de signes graphiques pour symboliser la langue articulée.


Inscription pseudohiéroglyphique
Spatule d'Asdrubal
XIVème siècle av. J-C

La problématique grecque

La langue grecque, qui appartient au groupe indo-européen comme le persan, le sanscrit et la plupart des langues européennes, offrait des particularités qui en rendaient la notation difficile, que ce fût par l’écriture syllabique crétoise ou par l’écriture alphabétique consonnantique phénicienne. En effet, la difficulté inhérente à toute écriture syllabique est de rendre la consonne isolée, non suivie d’une voyelle. Or les groupes de deux ou trois consonnes sont monnaie courante en grec.

D’autre part, un texte grec dont les voyelles ne sont pas notées est complètement inintelligible. Enfin le système des consonnes grecs semble avoir différé profondément aussi bien de celui de l’égéen, qui ne paraît pas avoir distingué les occlusives sonores des sourdes, que de celui du phénicien, qui ignorait les aspirées grecques, mais possédait en revanche plusieurs gutturales inconnues du grec et était plus riche que lui en chuintantes et en sifflantes.

L’élaboration des alphabets grecs

LE PROCESSUS D’ELABORATION de l’alphabet grec tel que nous le connaissons aujourd’hui, ne s’est pas fait du jour au lendemain. De plus, la structure politique éclatée de la Grèce antique, favorisait l’émergence de particularisme locaux forts. On distingue ainsi les alphabets archaïques, employés à Théra et à Mélos, les alphabets orientaux d’Asie Mineure, des îles orientales de la Mer Egée et du nord-est du Péloponèse (Argos, Corinthe, Mégare et leurs colonies) ainsi que ceux du nord-ouest de l’Egée et de l’Attique et les alphabets occidentaux, employés dans la plus grande partie de la Grèce continentale (Laconie, Arcadie, Béotie, Phocide, Thessalie, Eubée mais aussi dans les colonies de Sicile et d’Italie méridionale). Ces systèmes scripturaux servirent dans un premier temps à retranscrire les quatres principaux dialectes grecs: l’éolique, le dorique, l’ionique et l’attique.

Les mutations de l’alphabet phénicien
Pragmatiques, les Grecs vont transformer l’alphabet phénicien en l’adaptant à leur langue. Dans un premier temps, ils affectèrent à certaines consonnes phéniciennes, des valeurs à peu près similaires dans leur langue. Ainsi, le signe du samek phénicien fut affecté à la consonne grecque de prononciation voisine ‘s’. Après de nombreuses modifications d’orientation, ce caractère se stabilisa sous la forme du sigma, ‘S’, tandis que le têt fut affecté à la notation du son th sous la forme du ‘Q’ et que le qof, q, servit à noter le k et reçut le nom de koppa (‘K’). Le zain sémitique, servit à noter le son grec dz sous la forme ‘Z’.

Mais l’invention la plus significative des Grecs constituera à attribuer à certaines lettres phéniciennes dont ils n’avaient pas l’usage la valeur de voyelles. C’est ainsi que naquirent le alpha (‘A’), l’epsilon (‘E’), l’omicron (‘O’) et l’upsilon (‘Y’). Pour la sonorité i, ils inventèrent ex nihilo une lettre, le iota. Cette «lumière des voyelles» pour reprendre l’expression d’Etiemble, c’est l’apport décisif que vont faire les Grecs à l’histoire de notre civilisation.

Le problème pour les Grecs n’était pas seulement de trouver un emploi pour les lettres sémitiques qui ne correspondaient pas à des consonnes de leur langue mais également d’arriver à noter tous les sons de cette dernière. C’est ainsi que le son ph, fut d’abord noté ‘PH’ avant de se stabiliser sous la forme ‘F’. Le son kh fut attribué à l’ancien taw sémitique, ‘C’, resté sans emploi en grec. Le groupe consonnantique ps, fut d’abord noté ‘PS’, mais les Ioniens recoururent rapidement au signe ‘Y’ pour le représenter.

Ainsi, progressivement, son par son, signe par signe, s’élabora l’alphabet grec avec des différences notables selon les régions, mais suivant toujours le même processus: celui de l’adaptation du vieil alphabet sémitique à la langue grecque. Ceci explique d’ailleurs que les Grecs aient dans l’ensemble hérité des Phéniciens à la fois l’ordre dans lequel sont rangées les lettres et les noms de ces lettres. L’alpha rappelle indubitablement l’aleph phénicien, le bêta, le beth phénicien, etc.


Du protosinaïtique au grec...

Une longue évolution

Au début les mots étaient écrits sans séparation; plus tard on les sépara les uns des autres. Dans le même ordre d’idée, les accents sont apparus progressivement dans l’alphabet grec. La langue grecque avait en effet cette particularité de posséder un accent musical qui se traduisait dans chaque mot par un changement de hauteur portant sur une des syllabes de ce mot. L’alphabet que les Grecs avaient hérité des Phéniciens ne tenant pas compte de telles nuances, les grammairiens alexandrin Aristophane de Byzance (ca -240) et son disciple Aristarque de Samothrace inventèrent les trois accents de l’écriture grecque: aigu, grave et circonflexe.

Jusqu’au VIème siècle, l’écriture grecque n’était pas encore stabilisée. Chaque cité grecque archaïque, traditionnellement jalouse de son indépendance, imposaient des graphies très différentes aux lettres. Ainsi, aux côtés de l’alphabet grec ionien, coexistaient différentes variantes de cet alphabet employés en Asie Mineure pour noter le grec et des dialectes locaux. Pour mémoire, il est possible ainsi de mentionner l’existence des alphabets phrygien, pamphylien, carien, lydien et lycien.

De même le sens de lecture n’était pas encore définitivement fixé. On pratique ainsi le spéirédon (lecture en spirale), le stoïchédon (alignement horizontal et vertical des lettres) et le boustrophédon. Dans ce dernier système, le sens de lecture progressait à l’horizontale, alternativement dans un sens et dans le sens opposé, à la manière des bœufs au labour, revenant sur leurs pas à la fin de chaque sillon (bous: bœufs; strephein: tourner). Le boustrophédon constitue peut-être l’intermédiaire entre le sens phénicien, de droite à gauche, que les Grecs adoptèrent dans un premier temps et le sens ionien de gauche à droite.


Inscription en boustrophédon
Stèle, Théssalie, ca 550 av JC.

Stabilisation de l’écriture grecque

L’année -403 marque un tournant décisif dans l’histoire de l’alphabet grec. En effet, sous l’archontat d’Euclide, Archinos fait adopter à Athènes une disposition stipulant que les textes des lois, consignés jusqu’alors dans l’alphabet local, seront réédités dans l’alphabet de Milet dit ionien, qui donnait sa préférence au sens gauche-droite. Les autres villes grecques, suivirent progressivement cet exemple, reconnaissant officiellement la supériorité de cet alphabet. Au IVème siècle, l’unification des alphabets grecs était à peu près réalisée. C’est un fait important dans l’histoire de la civilisation, car l’adoption de ce même type d’écriture coïncide approximativement avec la création d’une langue grecque commune, koiné dialektos, qui fut employé par tous les Héllènes ayant quelque culture, processus déterminant dans l’établissement du sentiment national grec.

La fabuleuse histoire... - Alphabet et typographie (2)

Publié à 11:54 par acoeuretacris Tags : ecriture alphabet typographie
La fabuleuse histoire... - Alphabet et typographie (2)

 

Dès sa naissance, la typographie fut un art abouti. Le premier ouvrage imprimé de grande taille, la Bible à quarante-deux lignes dite B 42 de Gutenberg, est aujourd'hui encore considérée, valeur historique mise à part, comme un pur chef d'ouvre esthétique.

 

Quelques grands noms, essentiellement italiens et français, vont dans les premières décennies où le nouvel art va se répandre en Europe, le perfectionner et donner au livre imprimé sa forme actuelle. En matière de choix de caractères, ils vont surtout assurer la prédominance du caractère romain sur le caractère gothique.

 

Le caractère gothique de Gutenberg 
et des proto-imprimeurs

 

Lorsque l'imprimerie apparut, les premiers typographes s'appliquèrent à ne pas bouleverser les habitudes de leur clientèle naturelle : celle des manuscrits. Fort logiquement, ils s'efforcèrent d'imiter le plus fidèlement possible le travail des calligraphes.

 

Ils utilisèrent donc la lettre gothique, dans sa version Textura. Cette écriture monumentale se caractérisait par sa compression verticale, ses brisures, sa rigidité et l'opposition des pleins et des déliés.

 


Bible à 42 lignes de Gutenberg

 

Cependant, comme toute lettre trop « intellectualisée », elle avait le défaut d'être difficile à lire. En effet, dans le gothique chaque caractère individuel tend à perdre sa spécificité, ce qui ralentit bien évidemment l'oil du lecteur.

 

Par ailleurs, et afin d'imiter au mieux les manuscrits, de nombreux signes furent fondus en plus de l'alphabet de 25 lettres (nous sommes à la fin du Moyen Age). Gutenberg pour sa B 42 fondit ainsi 202 caractères différents : dix lettres 'a' plus ou moins large afin d'optimiser la mise en page, de nombreuses abréviations latines dont les copistes abusaient pour faciliter leur travail, des ligatures et des lettres de liaison (groupement plus compact de lettres).

 

L'introduction du romain en Italie :
l'ouvre de Nicolas Jenson

 

La fin du XVe siècle est marquée par la progression de l'humanisme en Europe. Le goût des premiers humanistes pour l'Antiquité, devait donner naissance à un nouveau style calligraphique appelé écriture humanistique qui reposait sur une redécouverte des capitales romaines antiques combinées à l'utilisation d'une version simplifiée de l'écriture caroline pour les minuscules.

 

On doit les premiers essais de caractères romains typographiés aux imprimeurs allemands travaillant en Italie : Conrad Sweynheym et Arnold Pannartz (1465). Ces derniers, fondirent à Subiaco d'abord, puis à Rome ensuite, un caractère romain hybride, encore imprégné de l'esprit gothique.

 


Romain de Subiaco (1465)

 

Les premiers vrais romains nacquirent à Venise. On les doit aux imprimeurs Jean et Wendelin de Spire. Leur dessin fut perfectionné par le français Nicolas Jenson (1470). Son caractère était encore assez lourd, au faible contraste entre pleins et déliés et comportait des empattements assez épais. Malgré leur couleur un peu trop uniforme, ces lettres vénitiennes n'en offraient pas moins un aspect harmonieux et homogène. 

 


Romain de Jenson (1470)

 

A la fin du XIXe siècle, lorsque William Morris décida de recréer un caractère pour combattre les horreurs typographiques de l'ère victorienne, c'est du travail de Jenson qu'il s'inspira ; Jenson est donc vraiment le père de la typographie moderne.

 

 

Vers la fin du XVe siècle, l'imprimerie n'est plus un art de pionniers, mais une véritable industrie. Le XVIe siècle va être marqué par des dynasties d'imprimeurs-éditeurs (Manuce en Italie, Estienne en France) qui vont grandement contribuer à structurer l'industrie naissante et à standardiser le livre typographié.

 

Le perfectionnement du romain : 
Alde Manuce et Claude Garamond

 

Alde Manuce allait parachever le travail de Nicolas Jenson. Imprimeur, éditeur, en bref chef d'entreprise vénitien, cet helléniste curieux et ouvert, parfaite incarnation de l'esprit de ce temps, fit graver un caractère romain tellement abouti, qu'il est encore utilisé de nos jours. Union de la capitale épigraphique romaine et de la calligraphie humanistique, ce caractère fut utilisée pour imprimer le plus illustre des incunables : l'inéstimable Songe de Polyphile (1499).

 


Romain de Manuce (1490)

 

Si on compare ce romain, gravé par Francesco Griffo, à celui de Jenson, les différences semblent de peu d'importance : répartition plus subtile des contrastes entre pleins et déliés, affinement des empattements, hauteur de capitale inférieure à l'extrémité des jambages supérieurs des minuscules. Toutefois, la couleur de la page imprimée en est transformée toute de variété et de luminosité.

 

Pendant ce temps, en Europe, étaient publiés les premiers ouvrages théoriques sur la lettre. Tous ces travaux, qu'ils soient de l'Italien Luca Paccioli, de l'Allemand Albrecht Dürer ou du Français Geoffroy Tory, reposaient sur le recours à la géométrie.


Luca Paccioli, De Divina proportione (1509)

 

Le graveur qui insufla l'esprit de ces théoriciens dans le caractère de Manuce est un français du nom de Claude Garamond (1530). Il grava pour le plus grand imprimeur de ce temps, Henri Estienne, un romain équilibré, d'une très grande lisibilité, un classique de la typographie, qui fit l'objet d'une large diffusion et fut utilisé à travers l'Europe jusqu'à la Révolution française.

 


Romain de Garamond (1530)

 

L'invention de l'italique : Alde Manuce encore

 

Alde Manuce, à qui il faut associer Francesco Griffo, est illustre également à un autre titre : c'est à lui que l'on doit l'italique, caractère penchée inspirée des écritures alors utilisées par la chancellerie pontificale.

 

Ce nouveau caractère fut utilisé par Manuce pour lancer une collection de classiques de petit format destinés aux lettrés souhaitant découvrir un ouvrage sans s'encombrer d'un appareil critique. L'italique convenait parfaitement à cette fin parce qu'elle permettait de gagner de la place mais surtout parce que son élégance le rendait très lisible dans les petits corps.

 

La normalisation typographique

 

Rapidement, le livre imprimé acquit son autonomie par rapport au livre manuscrit. Progressivement, les nombreuses ligatures qui n'avaient plus de raison d'être disparurent des livres typographiés. Les imprimeurs purent ainsi commencer à rationnaliser leur casse.

 

Cette évolution fut accompagnée d'un débat de fond sur les langues nationales et leur transcription. En France, dans les années 1530, Tory mais également Marot, Dolet et Ronsard proposèrent des réformes orthographiques, défendant par exemple l'usage des accents et de la ponctuation. Rapidement, l'orthographe française intégra des règles inspirées des recherches menées par les humanistes italiens à partir de l'étude des langues latine et grecque (les accents viennent par exemple du grec). L'aboutissment de ce mouvement fut la publication par Joachim Du Bellay de l'acte fondateur de la langue française, Défense et illustration de la langue française (1549).

 

Parrallèlement, les métiers se spécialisèrent progressivement. On a vu que Manuce ne gravait pas lui même ses caractères mais avait recourt aux services du talentueux Griffo. De même, Garamond ne nous est connu que pour ses caractères, qu'il gravait pour Estienne ou le Roi lui-même. Cette spécialisation des métiers contribua grandement à uniformiser la typographie européenne.

 

Ainsi, le plus célèbre graveur de caractères français de cette époque après Garamond, Robert Granjon, fondit des caractères pour l'Europe entière. Ce parisien d'origine, travailla longtemps à Lyon, d'où il vendait ses caractères à tous les imprimeurs européens, fut appelé à Anvers par le grand imprimeur Christophe Plantin et finit sa carrière à Rome à la demande de l'imprimerie du Vatican.

Croyances, superstitions... -Le Chat Noir -

Publié à 09:47 par acoeuretacris Tags : croyances le chat noir
Croyances, superstitions... -Le Chat Noir -

Dans les pays européens, le chat noir est toujours marqué par une vieille superstition venue du Moyen Age. Cette superstition est tenace et la vue d’un chat noir est encore aujourd’hui ressentie comme un mauvais présage. Mythes et légendes entourent la couleur noire depuis la nuit des temps. Malheureusement, le chat a été l'une des principales victimes de ces superstitions souvent meurtrières.

Incarnation du Diable, le chat noir a souffert de l'ignorance des hommes principalement au Moyen Age.

Le chat noir : du héros au martyr

La multiplication du nombre de races de chats domestiques est un phénomène récent qui remonte à peine à une centaine d’années.
L’Européen est une race qui comporte de multiples variétés, résultat d’une sélection, parmi nos chats de gouttières.
L’Européen noir est considéré comme un chat porte-bonheur par les Britanniques. Ce chat a une robe d’un noir profond et possède des yeux orange foncé ou cuivre.
Mais, si ce chat représente parfaitement le Malin, ce n’est pas lui qui est l’origine de la légende.

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Regard perçant d'un chat noir. image Galerie de W2 a-w-f-i-l

A l’origine, le chat est un félin sauvage. En Europe, le chat sauvage d’Eurasie (Felis sylvestris) était autrefois très répandu.
Les yeux vert-doré du chat sauvage lui ont valu d’être persécuté au Moyen Age, tout comme les hommes ayant des yeux verts et des cheveux roux, signes de relation avec le diable.

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Un chat en colère. image Keven Law.

Les Romains adoptèrent le chat qu’ils appelaient felis ou catus. Certaines légions romaines arboraient son effigie sur leur bannière, symbolisant l’indépendance.
Ce sont peut-être elles qui introduisirent le chat en Gaule.

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Chat sauvage d'Europe. image Nick Lawes .

Il est probable que les Croisés ont ramené de nombreux chats pour lutter contre les invasions de rats noirs qu’ils avaient eux-mêmes importé sur leurs bateaux en revenant d’Orient.

Le chat se propagea. Il devint alors le protecteur de l’homme car il décimait les rats porteurs de la peste.
Pendant les grandes épidémies, le chat était un allié précieux. Pourtant, loin d’être adulé, en Europe, il fut assimilé par l’Eglise à des croyances diaboliques.

Croisade contre le chat noir

Dès le Moyen Age, l’Inquisition et l’Eglise traquèrent le chat noir. Elles l’associaient aux sorcières, elles-mêmes victimes de la persécution chrétienne.

L’Eglise voulait lutter contre les rites païens, encore très ancrés et inventa le chat démoniaque.
Ce chat symbolisait le monde des ténèbres qui éloignait le bon chrétien du droit chemin. On le soupçonnait des pires forfaits. Il participait à des sabbats mystérieux en compagnie du diable. C’était donc la parfaite représentation de Satan.

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Très beau regard vert d'un chat noir. image ƒernando

A cette époque, le chat, surtout noir, était souvent mêlé à des procès de sorcellerie. Dans le procès des Templiers, il est fait mention d’adoration de Lucifer qui apparaissait à ses adeptes sous la forme d’un chat.

En 1561, un procès eut lieu où l’on accusa des femmes de se transformer en chattes pour tenir leurs sabbats.
Ces procès se finissaient toujours par la mort des accusés mais également des pauvres animaux. Ces derniers étaient jugés comme des personnes.

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Chat persan. image JRW 930

Il est évident que l’Eglise avait trouvé là un bouc émissaire idéal pour lutter contre ses ennemis et frapper l’imaginaire populaire qui avait besoin d’une victime en chair et en os pour croire au Malin.

Obscurantisme et cruauté

Le chat, surtout quand sa robe était noire, attira tout au long du Moyen Age un déchaînement de violence.
Il devint la victime de la cruauté collective. Dans de nombreuses villes d’Europe, souvent en période de Carême, on organisait des bûchers pour y sacrifier des centaines de chats.

Les malheureux chats étaient suspendus par la foule en haut d’un mât, sur le bûcher ou jetés dans des paniers d’osier au milieu du brasier.

Quand le rituel était terminé, chacun prenait une poignée de cendres pour la répandre dans sa maison et dans les champs, afin de se préserver de la disette et des épidémies.

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Le chat était apparenté au Diable au Moyen-Age. image HiggySTFC .

La ville de Metz pratiqua ce type d’autodafé pour les feux de la Saint Jean jusqu’en 1777.

Le roi de France, lui-même, participa jusqu’au 18e siècle à ces autodafés de chats qui se déroulaient sur la place de Grève.
Le roi devait enflammer le tas de fagots au-dessus duquel était accroché un sac rempli de chats.
Le martyr public des chats ne fut interdit que sous louis XV.

L’Europe en plein délire

Cette cruauté stupide envers les chats ne concerne pas que la France. A travers toute l’Europe, des rites sacrificiels étaient organisés.

En Belgique, le sinistre « Kattestoët » ou « jets de chats » s’est poursuivi jusqu’en 1817. Le bourreau jetait du haut de la tour trois chats vivants. Si l’un des chats survivait à la chute, il était poursuivi par la foule hystérique jusqu’à ce que mort s’ensuive.

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Le chat noir a été la principale victime des bûchers au Moyen Age. image paul+photos=moody

On a découvert un groupe de chats momifiés, emmurés dans une aile de la Tour de Londres. En effet, on emmurait souvent des chats vivants, dans une maison ou un édifice, pour s’attirer les faveurs de Dieu et conjurer les maléfices.

La réhabilitation du chat

En Europe, c’est au 18e siècle que les mentalités commencent à évoluer lentement. Cette évolution est sans doute due à l’importation d’Orient de chats Angoras et de chats Persans dont étaient friands les nobles de la cour à Versailles.

Louis XV avait une passion pour les chats et cet engouement s’étendit au royaume.
Le Chat Botté, conte de Charles Perrault a également favorisé la réhabilitation du chat. Il devient peu à peu un compagnon et n’est plus cantonné aux campagnes.

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La réhabilitation du chat s'est effectuée progressivement à partir du 18e s. image fazen

En 1765, on fonde l’école vétérinaire de Maisons-Alfort. C’est une véritable révolution car l’idée de soigner un animal est tout à fait nouvelle.
L’étude du monde animal marque la fin de plusieurs siècles d’obscurantisme où l’animal était méprisé et sans âme.

Il est amusant de constater que Napoléon Ier détestait les chats. Sous son influence, le code civil définit juridiquement le chat, ainsi que tous les animaux, comme un meuble.
Avant une bataille, la vue d’un chat provoquait chez lui une véritable crise d’allergie.

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Napoléon Ier détestait les chats. image faeryboots

De même, bien avant Napoléon, Jules César ne supportait pas la présence d’un chat.

Le 19e siècle fut l’ère de la rédemption du chat. Tout au long de ce siècle, le chat domestique va conquérir sa place dans les foyers.

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Le chat est aujourd'hui un animal de compagnie. image Dr. Hemmert

C’est un Anglais qui établit la première classification des races connues de chats qui va servir de référence à toutes les expositions à partir de 1925.

Le chat de gouttière, appelé chat européen, s’est vu récemment reconnu comme race à part entière.
Notre chat noir aux yeux orange est aujourd’hui une star.

Les animaux domestiques - Chameau et Dromadaire

Publié à 08:48 par acoeuretacris Tags : animaux domestiques chameaux
Les animaux domestiques - Chameau et Dromadaire

Chameau et Dromadaire: Les pionniers du désert

Chameau d'Asie, dromadaire d’Afrique ou lama des Andes, les Camélidés ont depuis très longtemps fait l’objet d’une domestication par l’homme.
Dans son Histoire naturelle, Buffon écrivait : « L’or et la soie ne sont pas les vraies richesses de l’Orient. C’est le chameau qui est le trésor de l’Asie ».

Les porteurs de l’impossible

Dans les immenses dunes d’Arabie et d’Afrique, le dromadaire transporte sur son unique bosse les dattes ou les touristes.

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Dromadaire

Dans les vastes étendues arides et froides de l’Asie, le chameau arbore fièrement ses deux bosses.

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Chameau

Le dromadaire a ses territoires du nord de l'Afrique jusqu'en Inde. Il a également été introduit en Australie. Le chameau de Bactriane, à la toison plus épaisse, sillonne l'Asie, du Kazakhstan jusqu'à la Mongolie.

Près de 95% des Camélidés (chameau, dromadaire, lama,guanaco,vigogne,alpaga) sont domestiques. Le chameau de Bactriane est très menacé. On compte environ 900 spécimens sauvages).

Chameau ou dromadaire, ces animaux constituent l’élément essentiel de la culture nomade. Pourtant, chameaux et dromadaires ne sont pas originaires d'Afrique ou d'Asie. L’histoire des camélidés commence en Amérique du Nord, il y a environ 40 millions d’années.

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Dromadaires

Sans eux, d’immenses étendues seraient demeurées impénétrables. C’est aussi grâce à eux que des tribus isolées ont pu communiquer entre elles.

La grande épopée des camélidés

La domestication du dromadaire prit son essor en Arabie vers 2000 ans avant notre ère. L’époque moderne n’a pas été favorable au chameau.
La fin de l’esclavage en 1883 sonne le glas des grandes caravanes qui de, Gao à Tombouctou, jusqu’en Algérie et en Tunisie, transportaient or, épices et esclaves.
Ensuite, le développement du chemin de fer nuit au trafic caravanier.

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Dromadaires dans le désert.

L’indépendance des pays africains et le tracé des frontières stoppèrent le nomadisme et l’utilisation du chameau.

Le chameau a en fait connu son heure de gloire avant la colonisation. Les militaires français ont vite compris que cet animal leur était indispensable pour se faire accepter des populations et traverser les territoires.

Le dromadaire de race méhari servait les visées belligérantes des Maures et des Touareg qui organisaient des rezzous (expéditions de pillage).

Les caravanes transsahariennes ont duré près de cinq siècles, du XIe au XVIe siècle.

En Amérique du Sud, au XVe siècle, les Espagnols débarquent au Chili sur des chameaux. Les Camélidés participent également à la conquête de l’Australie. Ils sont utilisés pour transporter les rails de chemin de fer, puis pour l’exploitation des mines de sel. A l’arrivée des véhicules motorisés, les animaux sont lâchés dans la nature.

En Australie, près de 60 000 chameaux sont retournés à l’état sauvage et ont réussi à survivre.

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Les chameaux chinois suivent la route de Gansu depuis 2 000 ans. Après avoir convoyés la soie, l'ivoire et les épices, aujourd'hui, ce sont les touristes. image Levork

Aux Etats-Unis, les dromadaires ont également été utilisés pour la construction du chemin de fer. Ils ont été relâchés en Arizona mais se sont éteints en raison d’un climat moins favorable.

A partir des années 80, les gouvernements arabes ont compris que le nomadisme était indispensable à l’équilibre de leur pays.
En effet, l’entretien des puits et pâturages stoppe la désertification. Le chameau permet aux populations de se fixer dans des régions arides.
Bête de trait et de bât, il donne aux nomades son lait, riche en vitamine C et sa viande. Son poil sert à la confection des tentes et des sacs. Ses excréments, mélangés à du sable, deviennent du combustible. Quant à ses os, ils finissent en piquets de tente.

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Un dromadaire labourant un champ dans le sud tunisien.

Actuellement, dans les Emirats arabes, les courses de dromadaires sont un véritable sport national.

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En Turquie, le combat des tulus est très apprécié. Le duel ne va jamais jusqu'à la mort.

On investit des sommes fabuleuses dans des expériences d’insémination artificielles afin de recréer des races pures comme les targuis (animaux de course au pelage blanc et marron).
En 1990, s’est déroulé le premier marathon international de dromadaire.

Enfin, le tourisme devrait assurer l’avenir des Camélidés. Il est devenu très à la mode de parcourir les grandes étendues sableuses à dos de chameau ou de dromadaire.

Bonjour à tous...

Publié à 08:00 par acoeuretacris

  

 

 

La goutte d'eau...

 

Si la note disait:

ce n'est pas une note qui fait une musique...

il n'y aurait pas de symphonie.

  

Si le mot disait:

ce n'est pas un mot qui peut faire une page...

il n'y aurait pas de livre.

 

 

Si la pierre disait:

ce n'est pas une pierre qui peut monter un mur...

il n'y aurait pas de maison.

 

 

Si la goutte disait:

ce n'est pas une goutte d'eau qui peut faire une rivière...

il n'y aurait pas d'océan.

 

 

Si le grain de blé disait:

ce n'est pas un grain de blé qui peut ensemencer un champ...

il n'y aurait pas de moisson.

 

 

Si l'être humain disait:

ce n'est pas un geste d'amour qui peut sauver l'humanité...

il n'y aurait jamais de justice et de paix,

de dignité,et de bonheur sur la terre.

  

Comme la symphonie a besoin de chaque note.

Comme le livre a besoin de chaque mot.

Comme la maison a besoin de chaque pierre.

Comme l'océan a besoin de chaque goutte d'eau.

Comme la moisson a besoin de chaque grain de blé.

 

L'humanité tout entière a besoin de toi

là où tu es, unique et donc irremplaçable.

 

 

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A demain....

Publié à 19:09 par acoeuretacris

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Une porte ouverte

La nuit n'est jamais complète
Il y a toujours au bout du chagrin
Une porte grande ouverte
Qui guide vos pas et vous tend la main.
Une fenêtre éclairée, un sourire partagé.
Un désir à combler, une faim à satisfaire.

Il y a toujours un rêve qui veille
Un coeur généreux qui vous éclaire
Une main ouverte, une main tendue.
Il y a toujours...
Des yeux attentifs plein d’amitié
Qui redonnent espoir lorsqu’il n’y est plus !
Toute une vie à partager...

 

(auteur inconnu)

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