a demain....

Publié à 20:54 par acoeuretacris

Humour et Blagues - à vos marques... prets ????.....

Publié à 17:11 par acoeuretacris
Humour et Blagues - à vos marques... prets ????.....
Un pou, un ruisseau et un œuf font une course. Dans quel ordre arrivent-ils ?

Le pou arrive en tête,
l'œuf est battu,
et le ruisseau court toujours.

Humour et blagues - La verité sort de la bouche des enfants !!!!

Publié à 17:02 par acoeuretacris
Humour et blagues - La verité sort de la bouche des enfants !!!!
Un soir après l'école, une mère fait réviser le cours de français de sa fille. Il s'agit du présent et du passé composé.
- Je te donne un exemple, dit la mère. Si je te dis "j'ai été belle", c'est le passé composé. Et si je te dis " je suis belle", c'est quoi ?
- C'est un mensonge maman, répond sa fille.

Humour et Blagues - Il faut se rende à l'évidence !!!!

Publié à 16:54 par acoeuretacris
Humour et Blagues - Il faut se rende à l'évidence !!!!
- Un homme paiera 100 francs pour quelque chose qui en vaut 50 et qu'il veut. Une femme paiera 50 francs quelque chose qui vaut 100 mais qu'elle ne veut pas.

- Une femme s'inquiète de son avenir jusqu'à ce qu'elle trouve un mari. Un homme ne se soucie pas de son avenir jusqu'à ce qu'il trouve une femme

- Un homme qui a réussi est celui qui arrive à gagner plus d'argent que sa femme dépense. Une femme qui a réussi est une femme qui est arrivée à trouver un tel mari

- Pour être heureux avec une femme il faut l'aimer beaucoup et ne pas essayer de la comprendre du tout.

- Les hommes mariés vivent plus longtemps que les célibataires- mais ils ont beaucoup plus de pulsions suicidaires.

- Tout homme marié devrait oublier les erreurs de sa femme - il ne sert à rien que deux personnes se souviennent de la même chose.

- Les hommes présentent souvent leur meilleur aspect au réveil. Chez les femmes, l'état a plutôt tendance à se détériorer pendant la nuit.

- Les femmes épousent les hommes en espérant qu'ils changeront, mais ça n'arrive pas. Les hommes épousent une femme en espérant qu'elle ne changera pas et c'est pourtant ce qu'elles font.

- Une femme a toujours le dernier mot dans une dispute. Tout ce qu'un homme pourra dire après sera le début d'une nouvelle dispute.

- Il y a deux moments ou un homme ne comprend pas une femme : avant le mariage et après le mariage.

Les Départements et ... - Le Cantal - 15 -

Publié à 15:02 par acoeuretacris
Les Départements et ... - Le Cantal - 15 -
(Région Auvergne)

C'est de la haute Auvergne qu'a été formé le département du Cantal. Il doit son nom au Plomb du Cantal, montagne volcanique, la plus élevée de la haute Auvergne, et dont les cimes, comme celles des Alpes, sont presque toujours couvertes de neige. Cette montagne, très connue des anciens, s'appelait mons Celtarum, mont des Celtes ; elle est, en effet, située dans la Gaule celtique. On croit que la via Celtica de la Table de Peutinger passait près du Plomb.

Ce qui est certain, c'est que ce pays, comme toute l'Arvernie dont il faisait partie, était, avant la conquête romaine, habité par l'un des plus anciens, des plus puissants et des plus célèbres peuples de la Gaule. On connaît les expéditions des Arvernes au delà des Alpes et leurs luttes contre Rome ; on sait que, joints aux Allobroges, ils s'opposèrent longtemps au progrès de ses armes conquérantes ; mais enfin, vaincus par César à Alesia, ils se soumirent et restèrent fidèles aux Romains, qui leur laissèrent leurs lois et leurs libertés. Du temps de Pline et de Ptolémée, ils étaient encore peuple libre, liberi.

Rome fonda chez eux des colonies et les rit participer aux bienfaits de sa civilisation. Il y a, dans la haute Auvergne, notamment dans le canton de Saignes, de nombreux vestiges du long séjour qu'y firent les Romains. Alors ce pays, déjà converti au christianisme par saint Mamet et saint Mary faisait partie de la première Aquitaine ; il était gouverné par des présidents et des comtes. Vers l'an 475, les Wisigoths l'envahirent et s'en rendirent maîtres, mais en 507, Clovis parvint à les en chasser. Il le donna, en 511, à Thierry, son fils aîné, roi de Metz. Pendant les guerres domestiques des fils de Clovis, l'Auvergne passade Thierry à son frère Childebert ; mais Thierry ne tarda pas à la reprendre.

Après les Francs vinrent, en 505, les Saxons, puis, en 751, les Sarrasins, qui la pillèrent et la ravagèrent. « Des ruisseaux, dans l'arrondissement de Mauriac, dit un historien du Cantal, portent encore leur nom, et la tradition rapporte que les eaux furent teintes du sang de ces barbares. » A peine délivrée des Sarrasins, la haute Auvergne se vit disputée par les armes de Pépin et celles de Vaïffer, duc d'Aquitaine. Pépin s'empara du château de Tournemire (767). De 851 à 925, les Normands parurent cinq fois dans ce pays, d'où le comte d'Auvergne les chassa. Après diverses vicissitudes, cette province fut enfin réunie à la couronne en 1213, par Philippe-Auguste.

Cependant, vers 1357, les Anglais portèrent la guerre en Auvergne et s'y emparèrent de plusieurs châteaux ; mais partout les habitants leur firent la chasse. Chapelain, dans son poème de la Pucelle d'Orléans, a fait le dénombrement des enfants d'Aurillac, de Saint-Flour, de Murat et de Carlat qui prirent part à cette lutte mémorable contre l'étranger.

Après avoir parlé du contingent fourni par la basse Auvergne, il ajoute en assez mauvais vers :
A ceux-ci l'en voit joints deux cents hommes d'élite,
Vieux guerriers qu'aux périls la belle gloire invite,
Nourrissons d'Aurillac, où dans ce siècle encor,
Le fond d'un lac séché brille de veines d'or.
Même nombre leur joint Saint-Flour, montagne nue,
Qui n'a, pour y gravir, qu'une roide avenue.
Même nombre leur joint et Murat et Carlat,
Et tous sont à l'envi désireux du combat.
Cantal, le mont neigeux, cette Alpe de la France,
Pour assister son roi découvre sa puissance,
Et joint seul aux premiers trois fois cent montagnards,
Grands coureurs, grands lutteurs et grands lanceurs de dards.

Après la guerre, Charles VII vint remercier les habitants de la haute Auvergne de leur patriotique assistance. A Aurillac, comme à Saint-Flour, les magistrats lui firent présent de douze tasses d'argent (1437). A la suite des Anglais vinrent les grandes compagnies. Aimerigot Marcel, dit le roi des pillards, parut dans la Haute-Auvergne à la tête de l'une de ces bandes. Il s'empara du château de Carlat, qu'il vendit aux Anglais. Cependant, une trêve ayant été conclue entre la France et l'Angleterre, Aimerigot jura, sous peine de la vie, de l'observer. Vain serment : il ne tarda pas à recommencer ses ravages ; les habitants effrayés recoururent au roi, qui leur envoya Robert de Béthune, vicomte de Meaux, avec une armée de quatre cents lances et de cent vingt arbalétriers. Aimerigot s'était retranché dans le château de la Roche-Vandeix ; Robert essaya de, l'en débusquer. Ne se sentant pas assez fort pour résister, Aimerigot laisse le commandement de la forteresse à Guiot d'Ussel, son oncle, et en sort secrètement pour aller demander du secours aux Anglais.

A son retour, il trouve Robert de Béthune maître de la place. Il ne savait où se réfugier ; « en ses plus grandes tribulations, il s'auisa, dit Froissart, qu'il auuoit en Auuergne vn sien cousin germain, escuyer et gentilhomme, lequel on nommoit Iean Tournemine (Froissart écrit Tournemine pour Tournemire), et qu'il iroit devers luy : et lui monstreroit toutes ses besongnes : et prendroit conseil de luy. Si comme il deuisa, il fit. Il s'en vint, luy et son page seulement chez ce Tournemine, et entra au chastel. Il cuida trop bien estre arriué pour cause de lignage : mais non fut. Car celuy escuyer, nommé Tournemine, n'estoit pas bien en la grâce du duc de Berry mais le hayoit moult fort, et bien le sauoit l'escuyer ; dont en estoit plus douteux. Si s'auisa, quand il veit venir en son hostel son cousin Aimerigot, qu'il le prendroit, et retiendroit : ne iamais de là partir ne le pairroit, et sa prise signifieroit au duc de Berry : en lui remontrant que, s'il luy vouloit remettre son mal talent, il lui enuoyeroit Aimerigot Marcel, et puis en fist ce qu'il voudroit. Tout ainsi comme il le proposa il fit ; car quand Aimerigot fut venu de dans le chastel de Tournemine à son cousin, et il eut mis son épe ius, et on luy eut baillé chambre pour soi appareiller, et il fut reuestu et mis à point, il demanda aux varlets : - Où est mon cousin Tournemine ? car encores ne l'auoit-il point Yeu. - Il est en sa chambre, répondirent les varlets, venez l'y voir. - Volontiers, répondit Aimerigot...

« Ceux le menèrent tout droit où Tournemine estoil. Quand il fut venu iusques à luy, Aimerigot le saluit, qui nul mal n'y pensoit. Tournemine respondit : Comment, Ainierigot, qui vous a mandé et vous a fait venir céans ? Vous me voulez bien déshonorer. le vous pren et arreste pour mon prisonnier. Au- tremerit ie ne m'acquiteroye pas bien enuers la couronne de France et monseigneur de Berry, car g vous estes faux et traistre, qui auez les treues enfreintes et brisées. Si le vous faut comparoir, et pour la cause de vous monseigneur de Berry me hait et traite à mort, mais ie ferai ma paix de vous, car ie vous y rendray mort ou vif, ne iamais d'ici ne saudrez. - De ces paroles fut Aimerigot tout esbahy, et respondit : Comment,. Tournemine, ie suis vostre cousin ; est-ce tout à certes ce que vous me dites ? le faites-vous pour moy essayer ? le suis venu ici en grand'fiance, pour. vous veoir et remonstrer mes besongnes : et vous me faites si creuse chère et nie dites parolles si dures. - le ne sçay (dit Tournemine) que vous voulez dire ne proposer : mais ce que ie vous ai dit ie vous le tiendray... Tournemine ne se voulut souffrir, que des deux iambes, il ne le fist mettre en vus fers tresfort, et dedans une tour forte et bien fermée, et bonnes gardes sur luy. » Après quoi, il en écrivit au duc, de Berry à Paris. « A ceste nouvelle, ajoute le vieux chroniqueur, le duc commença à sousrir, et à dire à ses cheualiers qui estoient près de lui.. Aimericrot Marcel est attrapé. Son cousin germain Tournemine (comme il m'escrit) le tient en prison. - Monseigneur, respondirent les cheualiers, ce sont bonnes nouuelles pour le pays d'Auuergne et de Limosin, car en Aimerigot ils ont eu longtemps vn mauuais voisin. Il a tant fait de mal, que si vous -voulez il passera parmi le gibet, n'autre pardon ne rançon il ne deuroit avoir...

« Depuis ne demoura gueres de temps, que le seneschal d'Auuergne, par une commission qu'il eut de monseigneur de Berry, s'en vint au chastel de Tournemine : et là luy fut déluiré Aimerigot Marcel qui fut tout esbahi, quand il se trouua en la compaignie de ses ennemis. Que vous feroie-je long record ? Le seneschal l'emmena en la compaignie de gens d'armes, tout parmi le pays, et passèrent Seine et Marne, au pont de Charenton : et de là ils vindrent au chastel Saint-Anthoine (la Bastille)... On ne l'y garda gueres longuement, quand il fut rendu et déluiré au preuost du Chastelet de Paris, et amené en Chastelet. Bien et vérité qu'il offroit pour sa rançon soixante millê francs, mais nul n'y vouloit entendre ; on lui respondy que le roy estoit riche assez - et que de son argent il n'en auoit que faire. Depuis qu'Aimerigot Marcel fut rendu au preuost du Chastelet, on n'en fist pas longuement garde. Il fut iugé à mourir honteusement, comme un traistre à la couronne de France. Si fut mené vn iour en un-- charrette, en une place qu'on dit aux halles : et là tourné au pilori, plusieurs fois depuis on lisit tous ses forfaits, pour lesquels il receuoit la mort... Il fut là exécuté. On luy trencha la teste : et puis fut écartelé... »

Cet événement mit fin au pillage des Anglais dans la haute Auvergne. Par suite d'un traité passé en 1381 entre le comte d'Armagnac et les trois Etats d'Auvergne, du Velay et du Gévaudan, à l'effet de chasser les capitaines anglais des places qu'ils occupaient dans le pays, le comte prit possession du château de Carlat : c'est là que Jacques d'Armagnac, duc de Nemours, engagé dans la ligue du Bien public, soutint, en 1469, contre les troupes de Louis XI, un siège de dix-huit mois. Cependant le roi lui avait déjà fait grâce, et Nemours lui avait juré solennellement fidélité sur la croix de Saint-Lô.

Voyant qu'il ne cessait de conspirer, Louis XI ordonna au duc de Beaujeu de l'arrêter dans son château de Carlat. Nemours s'y défendit vigoureusement ; mais, sur la proposition d'un envoyé du duc de Beaujeu, qui lui promit, sur la foi et conscience du roi Très Chrétien, qu'il ne lui serait rien fait, il se rendit. Ce n'était qu'un piège. Conduit prisonnier à la forteresse de Pierre-en-Scize, à Lyon, et de là à Paris, à la Bastille, où on l'enferma dans une cage de fer, il fut, contre la foi des traités, et malgré son nom, sa qualité et l'illustration de sa race, déclaré criminel de lèse-majesté et condamné à être décapité.

Au XVIe siècle, la haute Auvergne eut à souffrir des guerres civiles et religieuses. A peine rendue à la tranquillité par l'avènement de Henri IV, elle se vit de nouveau troublée par les déprédations des seigneurs féodaux, que Louis XIV fit châtier pendant les Grands jours tenus en Auvergne en 1665. Depuis ce temps jusqu'à nos jours, ce pays n'a pas cessé de jouir du repos ; mais il n'a pu encore se refaire de la perte de ses forêts, qui couvraient alors ses montagnes ; elles avaient disparu, et les vents boréens ne trouvant aucune résistance portèrent leur souffle glacé dans cette contrée et la dépeuplèrent. Aussi n'est-elle plus habitée qu'à de grandes distances. « Si, à quelques égards, dit M. Bouillet, la Haute-Auvergne est dépourvue de richesses dont jouissent d'autres contrées, l'œil, cependant, y est rarement attristé par le spectacle de la misère. L'émigration, que chez des peuples voisins la nécessité commande impérieusement et rend souvent perpétuelle, se renouvelle ici tous les ans. Une partie des habitants va porter dans d'autres départements et même à l'étranger son travail et son industrie, et les bénéfices obtenus par ces déplacements assurent l'existence de nombreuses familles et sont souvent l'origine de grandes fortunes. Ces émigrations offrent encore d'autres avantages aux individus qui s'y livrent ; leur fréquentation avec les peuples d'autres provinces, avec les habitants des villes surtout, a pour effet d'adoucir leurs mœurs et de développer leur intelligence naturelle ; mais peut-être aussi, il faut bien le dire, quelques-uns d'entre eux rapportent dans leur village des vices qui y étaient ignorés. »

A quelle époque commença dans la Haute-Auvergne ce système d'émigration ? C'est ce qu'il est impossible de déterminer. Peut-être date-t-il des premiers temps où les montagnes furent habitées. On ne saurait douter qu'il ne remonte à une époque fort reculée, puisqu'on voit dans l'histoire que les Arvernes étaient dans l'habitude d'aller faire le commerce en Espagne, où ils se rendaient par troupes et sans chefs. Quoi qu'il en soit, le climat et le besoin en furent certainement la première cause déterminante. Le froid rigoureux qui règne dans ces hautes contrées y suspendait, comme aujourd'hui, toute occupation pendant plus de la moitié de l'année ; leur sol, peu susceptible de culture et, d'ailleurs, couvert dans l'origine d'immenses forêts, était loin de pouvoir fournir l'alimentation nécessaire à ses habitants ; ils durent le quitter pour aller chercher sous un ciel plus doux du travail et du pain.

Ces premiers émigrants, simples et laborieux, se chargèrent des travaux les plus pénibles et se contentèrent des salaires les plus modestes. Partis après les semailles d'automne, ils ne manquaient jamais de revenir au printemps pour porter à leurs familles le fruit de leur industrie et partager leurs occupations agricoles. Mais bientôt les communications extérieures et les voyages agrandirent le cercle de leurs idées ; d'ouvriers ils devinrent commerçants, et les fers, les cuivres, les indiennes, les quincailleries devinrent pour eux l'objet d'un négoce. Dès lors il recherchèrent les grands centres de population ; les uns se dirigèrent vers Paris et Bordeaux, et les autres vers la Normandie, la Flandre, la Picardie, la Belgique, la Hollande et la Suisse ; quelques-uns passèrent en Espagne et y fondèrent des établissements qui ne tardèrent pas à prendre un développement considérable.

Quatre cents Auvergnats des arrondissements d'Aurillac et de Mauriac formèrent deux sociétés, dont les principaux entrepôts étaient établis dans les deux villes de Chinchon et Naval-Carnéros, et qui en avaient de secondaires dans les autres villes d'Espagne. Ces sociétés furent d'ab ord composées de compatriotes et ensuite exclusivement de fils et de gendres de sociétaires qui, pour y être admis, devaient faire une première mise de fonds de quatre mille francs. Elles reconnaissaient quatre chefs, qui n'étaient que les premiers parmi des égaux, mais qui commandaient et étaient, à cause de leur âge et de leur expérience, chargés des achats et de la correspondance. D'après leurs statuts, chaque associé, à tour de rôle, devait passer deux ans en Espagne et deux ans en France ; mais il était tenu de fournir une première campagne de sept ans. L'époque du départ avait été successivement fixée d'abord en novembre, puis en septembre ; celle de la rentrée en mars.

Ces compagnies avaient conquis un crédit immense par leur exactitude à tenir leurs engagements et faisaient des affaires avec toute l'Europe. Elles étaient en pleine prospérité, lorsque les révolutions d'Espagne vinrent tout à coup les anéantir. A cette époque de triste mémoire, leu magasins furent pillés et leurs associés dispersés ou massacrés ; elles ne se sont plus reformées depuis.

Il est presque impossible de donner le chiffre exact de cette population voyageuse, parce qu'il est essentiellement variable et va toujours croissant. Il est probable qu'il s'élève en ce moment à dix mille individus au moins, dont neuf mille cinq cents émigrants à l'intérieur et cinq cents hors de France. Les premiers partent isolément ou par petits groupes et en se faisant suivre d'apprentis, qui n'obtiennent de rétribution qu'après trois ou quatre années de travail gratuit les seconds partent par troupes à l'étranger et surtout en Espagne, où ils exercent toutes sortes de professions.

Au XIXe siècle, on compte qu'il sort, année moyenne, de l'arrondissement d'Aurillac environ deux mille trois cents porteurs d'eau, commissionnaires, savetiers, chaudronniers, fondeurs d'étain, portefaix, marchands de parapluies, de bestiaux et de fromage, etc. ; de celui de Saint-Flour, deux mille sept cents scieurs de long, pionniers, maçons, merciers, colporteurs, bergers, portefaix, commissionnaires, chaudronniers, ferblantiers, lanterniers et porteurs d'eau ; de celui de Mauriac, deux mille marchands de parapluies, cordonniers, boisseliers, terrassiers, quincailliers, merciers et chaudronniers ; de celui de Murat, enfin, trois mille commissionnaires, porteurs d'eau, marchands de parapluies, colporteurs, merciers, chaudronniers et fondeurs d'étain.

Les Départements et ... - Le Calvados - 14 -

Publié à 14:54 par acoeuretacris
Les Départements et ... - Le Calvados - 14 -
(Région Basse-Normandie)

Le département du Calvados ne possède pas, comme celui de la Seine-Maritime, une cité dominante, dont l'antique importance se soit maintenue à travers les siècles et puisse donner à son histoire une véritable unité. Bayeux, Lisieux, Caen ont brillé tour à tour, et l'histoire du département ne peut être que l'histoire de ces villes. Nous nous contenterons donc de rapporter ici quelques faits généraux qui ne se rattachent point à l'histoire, spéciale de ces localités.

Ce territoire était occupé, à l'époque de la conquête romaine, par trois populations principales : les Baïocasses (environs de Bayeux), à l'ouest ; à l'est, les Lexoviens (Lisieux et son territoire) ; entre ces deux populations, se. placent les Viducasses. Soumis par un des lieutenants de César, ils vécurent sous la domination impériale jusqu'à la révolte de l'Armorique, au commencement du Ve siècle de l'ère chrétienne. A cette époque, les pays compris plus tard sous le nom de Bretagne et de Normandie formèrent une espèce de république fédérative, où chaque peuplade était gouvernée par des magistrats élus.

Cette existence indépendante cessa à l'époque de la conquête de la Neustrie par Clovis ; ils suivirent, pendant cette période et pendant la période normande, les destinées générales de la Neustrie, devenue plus tard la Normandie. Ce territoire, pendant cette dernière période, fut singulièrement agité: habité par les plus fiers et les plus remuants des conquérants, il devint le foyer des révoltes qu'ils essayèrent contre l'autorité de leurs dues. Cette contrée, réunie comme le reste de la province au royaume de France sous Philippe-Auguste, fut plus particulièrement exposée au malheurs qu'amena l'invasion anglaise.

En 1346, Édouard III, roi d'Angleterre, conduit par un traître, Geoffroy d'Harcourt, ravagea le pays, pilla et incendia les villes. Sous Charles V, Charles le Mauvais, roi de Navarre et comte d'Évreux, qui possédait quelques points du territoire compris plus tard dans la circonscription du Calvados, agita encore la contrée. Réduit plus tard à se soumettre, il perdit ses domaines de Normandie, à l'exception de Cherbourg. Mais, sous Charles VI, le pays fut encore exposé aux malheurs de l'invasion étrangère. Débarqués à l'embouchure de la Touques, les Anglais renouvelèrent leurs anciennes dévastations ; mais c'était dans ce pays, si souvent ravagé par leurs armes, que devait se livrer la bataille qui mit fin à leur domination.

Richemond les défit à Formigny près de Bayeux. Depuis cette époque jusqu'à la Réforme le pays jouit d'une assez grande tranquillité. Les guerres de religion le désolèrent de nouveau ; et, à la même époque, les paysans, écrasés d'impôts et poussés an désespoir par l'excès de leur misère, se soulevèrent. Cette révolte, où des excès de toute sorte furent expiés par une, répression plus cruelle encore, est connue sous le nom de révolte des Gauthiers. Plus tard, en 1639, ils reparurent sous le nom de Nu-pieds ; le maréchal de Gassion les soumit aisément et les supplices recommencèrent. Le pays resta calme depuis cette époque jusqu'à la Révolution.

La Dives servait alors de ligne de démarcation aux deux grandes divisions du pays en haute et basse Normandie. La partie de la basse Normandie qui est enclavée dans le département se divisait en plusieurs contrées qui portaient le nom de Bessin (environs de Bayeux) ; plaine de Caen, pays d'Auge (environs de Falaise) ; et enfla le Bocage, qui s'étendait sur le territoire du département de l'Orne et comprenait, dans Celui du Calvados, Vire et Condé. Lors de la Révolution, le département du Calvados reçut d'abord le nom d'Orne-Inférieure et, bientôt après, celui q'il porte aujourd'hui.

Agité un moment, en 1793, par l'insurrection organisée à Caen par les girondins, le pays se soumit sans résistance à l'autorité de la Convention. Quelques parties du territoire furent, plus tard, exposées aux ravages des chouans ; mais ces désordres partiels furent bientôt réprimés. Depuis cette époque, le Calvados s'est livré paisiblement aux travaux industriels et agricoles que favorise la nature excellente de cette contrée. Sauf quelques contributions de guerre qui n'ont pas dépassé 692 129 fr. 41, il a eu la bonne fortune d'échapper aux désastres de la guerre de 1870-1871.

Les Départements et ... - Les Bouches du Rhone - 13 - (partie 2)

Publié à 14:51 par acoeuretacris
Les Départements et ... - Les Bouches du Rhone - 13 - (partie 2)
Le comte de Barcelone fut ensuite aux prises avec la maison des Baux, qui se rit donner l'investiture de la Provence par l'empereur Conrad III, puis par Frédéric Ier Barberousse, le royaume d'Arles étant fief de l'empire. Mais le comte de Barcelone, dont le neveu Raymond-Bérenger Il était alors comte de Provence, fit une guerre terrible à la famille des Baux, lui enleva trente châteaux et gagna complètement à sa cause, par une alliance de famille habilement ménagée, l'empereur Frédéric. Celui-ci révoqua l'inféodation qu'il avait faite en faveur d'Hugues des Baux et accorda (1162) à Raymond-Bérenger la propriété de la Provence : ab Alpibus ad Rhodanum, avec l'inféodation du comté de Forcalquier, moyennant une redevance annuelle de quinze mares d'or au poids de Cologne envers l'empire, sans compter des présents en monnaie espagnole à l'empereur, à l'impératrice et à la cour impériale. La maison des Baux tenait encore bon dans son dernier château, celui de Trinquetaille ; Raymond-Bérenger l'en chassa et devint par là comte de Provence sans contestation.

A peine les Baux étaient-ils abattus, que la guerre recommença avec les comtes de Toulouse. Après des efforts continuels, Raymond-Bérenger II était arrivé, à la fin de sa vie, à posséder seul la Provence. Il meurt sans héritier mâle ; tout est remis en question. Il en était ainsi dans le régime féodal, une lignée mâle ne pouvait s'éteindre quelque part sans que tout à coup surgissent des prétentions rivales qui se perpétuaient et engendraient des combats sans fin.

Le comte de Toulouse, ayant épousé la veuve de Raymond-Bérenger, voulut s'emparer de la Provence. Alphonse Ier roi d'Aragon, s'y opposa. Il y eut une guerre. Le roi d'Angleterre Henri II intervint entre les deux rivaux, qui se donnèrent rendez-vous dans l'île de Gernica, près de Tarascon (1176), et conclurent un traité ; moyennant trois mille mares d'argent, le comte de Toulouse abandonna au roi d'Aragon tous ses droits sur le comté de Provence et quelques autres fiefs. Ainsi la maison de Barcelone-Aragon resta définitivement maîtresse du comté de Provence, et, si elle eut encore quelques luttes à soutenir, elle en sortit victorieuse.

C'est sous cette brillante maison que fleurirent les troubadours avec leur magique cortège de chants, de combats, d'amours, de fêtes, de folies de tous genres. Alphonse II, Raymond-Bérenger IV les attirèrent avec une grande faveur. Ils accouraient, allègres, suivis de jongleurs, musiciens, violards, musards et cornies, chargés de remplir les intermèdes. Le poète lui-même entonnait dans cette langue provençale, fille imparfaite, mais brillante et sonore, du latin transformé, que parlait presque tout le littoral de la Méditerranée, ou la tendre chanson à la louange de la personne aimée, ou le planh, complainte douloureuse sur une amante, un ami, un bienfaiteur qui n'est plus ; ou le tenson, dialogue ou couplets d'amour ou de chevalerie ; ou le sirvente aux traits vibrants et acérés, ou les novas, nouvelles, ou le roman aux émouvantes péripéties, ou l'épître enfin, ou la sixtine, la pastourelle, la ballade, la danse, la ronde, etc. ; tous ces esprits méridionaux étaient ingénieux à varier la forme, sinon le fond. Ils célébraient surtout les joies d'un amour pur, les souffrances d'un amour malheureux, les transformations que t'amour produit chez l'homme qui ne cherche à plaire que lorsqu'il commence à aimer.

Et comme les questions d'amour étaient délicates à résoudre, il y eut des tribunaux pour ces procès, des docteurs pour cette casuistique. C'étaient des femmes qui siégeaient dans ces cours d'amour, comme ayant plus de finesse sans doute pour apprécier les subtiles délicatesses du coeur. « De gentilles femmes, dit Nostradamus, s'adonnoient à l'étude des bonnes lettres et des sciences humaines, tenant cour d'amour ouverte, où elles dérinissoient les questions amoureuses à elles envoyées et proposées par divers gentilshommes et damoiselles ; au moyen de la résolution desquelles et de leurs belles et glorieuses compositions, leur renommée s'espandit et se fit jour en France, en Italie, en Espagne et Plusieurs diverses contrées, de telle sorte qu'une foule de chevaliers et personnages de haute qualité et grand renom, s'estant portés de ce temps en Avignon pour visiter le pape Innocent sixième du nom, furent ouïr les définitions et sentences d'amour que ces illustres dames prononçoient, lesquels furent tellement ravis et esmerveillés de leur beauté et de leur divin savoir qu'ils en devinrent épris. »

C'est alors, c'est quand la Provence était traversée par tout ce qui, des pays du nord et du centre, allait à Rome, à Rome ce foyer et ce soleil du Moyen Age, c'est alors que se célébraient les brillants tournois ci que le luxe des chevaliers du Midi déployait ses richesses, répandait ses prodigalités, étalait ses extravagances. A la cour plénière de Beaucaire, convoquée par le roi d'Angleterre Henri II, en 1174, le comte de Toulouse lit présent de cent mille sous à Raymond d'Agout, seigneur provençal, qui les distribua aussitôt à dix mille chevaliers. Bertrand Raimbaud, plus extravagant, fit labourer un champ voisin et y fit semer trente mille sous en deniers. Un autre, Raymond de Venons, fit brûler devant l'assemblée trente de ses chevaux. Folies pleines d'ostentation et de frivolité, qui peignent le temps, le pays et les hommes. Les plus fameux troubadours provençaux sont Carbonel et Poulet, de Marseille ; Giraud, de Cabrières ; Guy, de Cavaillon, Jacques Motta d'Arles ; Bertrand, d'Avignon ; Tomiers Palazis, de Tarascon ; Albert, de Sisteron ; Raimbaud, d'Orange, Raimbaud, d'Hyères ; la comtesse de Die et l'empereur Frédéric II.

Cet âge glorieux, cet âge original de la Provence finit avec Raymond-Bérenger IV, qui mourut sans postérité mâle et dont l'héritière, Béatrix, épousa en 1245 Charles d'Anjou, frère de saint Louis. Le sombre et impassible Charles arriva avec ses hommes du Nord. La joyeuse Provence, à son aspect, sentit, pour ainsi dire, le froid de la mort. « Désormais, s'écrièrent les troubadours, désormais les Provençaux vivront dans le deuil ; car du vaillant seignours nous tombons en sire... Ah ! Provence ! Provence ! quelle honte ! quel désespoir ! Tu as perdu bonheur, joie et repos et gloire en tombant dans les mains de ceux de France ; mieux valait que nous fussions tous morts ! Déchirons maintenant nos bannières, démolissons les murs de nos villes et les tours de nos châteaux forts ; nous sommes sujets des Français et ne pouvons plus porter ni écu ni lance. »

Charles d'Anjou s'empressa de justifier la répugnance qu'il inspirait aux Provençaux par la destruction de leurs républiques florissantes. Bientôt après, il épuisa le pays pour s'en aller conquérir le royaume des Deux-Siciles, dont le pape Clément IV l'avait autorisé à dépouiller Manfred, fils de l'empereur Frédéric II. Deux victoires l'en rendirent maître. Manfred fut vaincu et tué à Bénévent (1266) ; le jeune Conradin, vaincu à Tagliacozzo (1268), monta sur l'échafaud à Naples. Le cruel Charles d'Anjou rêvait, dans son ambition, de nouvelles conquêtes, lorsque les Vèpres siciliennes lui enlevèrent celle qu'il venait de faire. Un de ses chevaliers outragea une, femme de Palerme ; le peuple irrité égorgea l'insolent et tous ses compatriotes ; l'esprit de vengeance, une fois allumé, parcourut toute la Sicile, et, durant trois jours, Français et Provençaux furent égorgés au nombre de 8 000.

Un seul fut épargné, un seigneur provençal, dont la vertu et l'intégrité étaient vénérées des Siciliens eux-mêmes ; il se nommait Guilhelm des Porcelets. La douleur emporta Charles d'Anjou trois ans après, en 1285. Charles le Boiteux, qui lui succéda, vint en Provence dès qu'il fut sorti de la captivité où il avait été longtemps retenu par le roi d'Aragon, son rival. Il y fut reçu avec une grande allégresse et n'en continua pas moins cette destruction des libertés municipales commencée par son père. Robert, son fils, et sa petite-fille, Jeanne, résidèrent à Naples.

L'absence du souverain livra la malheureuse Provence aux dévastations des seigneurs qui se disputaient le pouvoir. En 1382, Jeanne, devenue prisonnière de son neveu Charles de Duras, adopta Louis d'Anjou, frère de Charles V. Une nouvelle maison d'Anjou monta sur le trône de Provence et forma la quatrième dynastie comble de cette province. Louis Ier mourut dans une expédition contre le royaume de Naples (1384) ; ses successeurs, Louis II et Louis III, s'épuisèrent également en efforts inutiles pour enlever les Deux-Siciles à la maison d'Aragon.

La modération de caractère de René d'Anjou (1434) semblait promettre aux Provençaux un prince pacifique. Toute une moitié de sa vie se passa pourtant à courir après des couronnes qui lui échappèrent. Il s'en alla disputer la Lorraine à Antoine de Vaudemont, neveu du dernier duc, pour faire valoir les droits de sa femme, Isabelle de Lorraine, fille de ce même duc. Mais Vaudemont, soutenu par le duc de Bourgogne, le fit prisonnier et le garda dans le château de Blacon, près de Salins. Dans cette captivité, un royaume vint à lui, celui de Naples. Louis III, son frère, roi de ce pays, venait de mourir, et sa veuve, Jeanne II, l'avait suivi de près au tombeau, désignant pour son héritier René d'Anjou.

René acheta la liberté à tout prix : deux cent mille florins d'or, des places fortes, etc. Il trouva la Provence pleine des préparatifs que faisait déjà Isabelle pour l'expédition de Naples, car il fallait aller prendre ce royaume malgré les Aragonais. Il parcourut le pays, reçu des états un présent de cent mille florins d'or, emprunta de l'argent aux seigneurs, ses amis, et partit de Marseille le 5 avril 1438. Le pape lui avait donné l'investiture ; les Vénitiens, les Florentins et' les Génois étaient dans son alliance. Le début fut heureux ; mais bientôt l'argent manqua. Le connétable de René lui refusa obéissance et finit par passer au roi d'Aragon avec une partie de son armée. Le bon René dut renoncer à ses prétentions sur le royaume de Naples, malgré la douleur des Napolitains, qui avaient en horreur les Aragonais. René et son fils, Jean de Calabre, d'humeur remuante comme toute cette maison, firent encore des tentatives également malheureuses.

Enfin, instruit par les déceptions de l'ambition, René se retira en Provence et y acheva paisiblement sa vie, au milieu d'occupations utiles et agréables. Il protégea l'industrie, l'agriculture, le commerce de ses Provençaux, attira dans le port de Marseille un grand nombre de vaisseaux étrangers par les franchises qu'il leur accorda. Il s'entourait d'hommes instruits et savait à la fois peindre, faire des vers et de la musique. Il aimait à planter des arbres, cultiver des jardins. Il naturalisa sur le sol de la Provence les roses muscadelles, les paons blancs, les perdrix rouges ; il améliora l'espèce des raisins muscats et multiplia .les œillets. Prodigue envers ses serviteurs, et pourtant ménager de l'argent de ses sujets, doux, affable pour tous, il n'était pour tous aussi que le bon roi René. Son âme n'était pas de celles pour qui l'ambition déçue est un feu qui dévore ; résigné, il répétait sans cesse : « Le vouloir du Seigneur soit fait ! » un de ces souverains, en un mot, qui donnent l'âge d'or à leurs peuples ; un de ces types pleins de bonhomie et dignes de la légende si rare dans la réalité.

René n'était pas homme à disputer son fief à la griffe de lion de Louis XI, qui flairait partout, depuis la Manche jusqu'à la Méditerranée, s'il ne restait pas quelques seigneurs féodaux à dévorer. René, qui avait perdu tous ses enfants, voyait bien que Louis XI prétendrait primer les collatéraux ; trop sage pour résister, ou même paraître mécontent, il fit la cour à messire lion et écrivit de sa main en lettres d'or, enlumina même une donation testamentaire en faveur de Louis XI.

Toutefois un autre testament, lorsqu'il mourut, fit passer la Provence à Charles du Maine, son neveu : Louis XI, frustré et plein de colère, fit chercher quelque défaut dans ce testament par le parlement de Paris, qui n'en trouva point. Alors il changea de tactique ; au lieu d'attaquer Charles, il le flatta, le caressa, le soutint contre les prétentions de René II, duc de Lorraine, petit-fils du roi René, et contre celles d'Yolande d'Anjou, duchesse douairière de Lorraine, qui contestaient la validité du testament.

En même temps, il se faisait des partisans parmi les seigneurs de Provence, principalement Palamède de Forbin, qui dicta, pour ainsi dire, à Charles du Maine, près de mourir sans postérité, un testament de donation complète à Louis XI et à ses héritiers. Pour toute condition, il suppliait le roi de France de conserver les libertés, franchises, droits et usages de ses sujets. Il mourut en 1481, et la Provence fut définitivement réunie à la France, réunion sanctionnée solennellement par une assemblée générale des états en 1486. Pourtant Louis XII eut encore à écarter les prétentions du duc de Lorraine et d'Anne de France, soeur de Charles VIII. Mais il triompha et consomma la prise de possession, en 1502, par l'établissement, à Aix, d'un parlement composé d'un président et de onze conseillers.

L'histoire provinciale finit, ou du moins se restreint considérablement, pour la Provence comme pour toutes les autres provinces, au moment de la réunion à la couronne de France. Les guerres de François Ier et de Charles-Quint l'exposèrent deux l'ois aux ravages des impériaux. La première fois, en 1524, le connétable de Bourbon les conduisit ; la seconde (1536), Charles-Quint lui-même.

Sous le même règne, la Provence fut troublée par les affaires des Vaudois, ces débris des Albigeois, qui vivaient depuis des siècles au milieu des monts Luberons, au nord de la Durance (Vaucluse), et principalement dans les villages de Mérindol et de Cabrières. On sait avec quelle atroce cruauté Meynier d'Oppède, président du parlement d'Aix, à l'instigation du cardinal de Tournon traita ces innocentes populations que François Ier sacrifiait à sa politique et au désir d'attirer le pape dans son alliance.

Ces horreurs, qui méritent une exécration éternelle, sont de 1545. Elles eurent une suite dans les guerres de religion, qui commencèrent quinze après. Les barons de La Suze et des Adrets, surtout le fameux Sommerive, qui, en 1563, fit pendre, brûler ou précipiter sur des piques mille quarante protestants, en furent les héros dans la Provence. La Ligue s'y établit ensuite et y domina jusqu'en 1596.

La noblesse et la bourgeoisie provençale prirent part à la résistance que rencontra dans presque toutes les provinces de France la politique de Richelieu. Lorsque le cardinal voulut en finir avec La Rochelle, il éprouva un grand besoin d'argent et recourut à des impositions extraordinaires. La Provence, envahie par les agents fiscaux de la cour, vit augmenter l'impôt du sel et surcharger de 100 000 livres l'impôt dit de taillon. Depuis 1543, les communautés de Provence avaient adopté l'usage de se réunir en une assemblée délibérante. Cette assemblée représenta au gouvernement l'épuisement du pays et demanda la révocation des édits de finances.

Richelieu, irrité, redoubla d'exigences et ne supprima les derniers édits que pour demander 1 500 000 livres, sans compter mille mulets pour le transport des bagages de l'armée d'Italie. Et, si la Provence faisait quelque difficulté de se soumettre, il menaçait d'y promulguer le fameux édit des Élus, déjà appliqué dans plusieurs provinces voisines, et dont l'effet eût été de dépouiller les habitants du privilège de répartir la taille entre eux comme ils l'entendaient, pour remettre ce soin aux officiers royaux. Les communautés, réunies à Valensole, formèrent une députation qui se rendit à la cour et y fut aussi mal accueillie que possible.

Le mécontentement fut très vif dans toute la Provence. On murmurait, on formait des assemblées tumultueuses, on exagérait même les appréhensions. Bientôt, disait-on, la cour imposerait jusqu'aux salaires des ouvriers, jusqu'aux gages des domestiques. Pourtant, rien ne s'organisait, aucun chef ne se présentait encore. Les Provençaux s'en faisaient eux-mêmes le reproche. Quoi ! disaient-ils, n'y aura-t-il personne pour attacher le grelot ? Le seigneur de Châteauneuf, Paul de Joannis, las d'entendre répéter ce mot, s'écria en colère : « Eh bien ! c'est moi qui l'attacherai. » Et, prenant à la lettre l'expression proverbiale, il attacha à sa boutonnière un grelot suspendu à un ruban blanc qui portait le cachet en cire de la maison de Châteauneuf. Cet emblème, adopté par tous les insurgents, leur fit donner le nom de Cascazvéous, qui signifie grelot en provençal.

Au reste, le gouvernement sut adroitement diviser les rebelles, en suscitant le parti des Cascavéous au ruban bleu, qui devinrent les rivaux des Cascavéous au ruban blanc, et bientôt une armée de cinq mille hommes d'infanterie et d e six cents chevaux, sous les ordres du prince de Condé, fit rentrer la province sous l'obéissance, sans effusion de sang. Les états de Tarascon votèrent les 1 500 000 livres demandées. Si l'autorité royale triomphait en Provence, il lui restait encore à y opérer un changement qui lui tenait cher au coeur, à transformer ce pays d'états en pays d'élection. Maintes fois elle en avait menacé les Provençaux, qui, redoutant, plus que les impôts mêmes, cette atteinte à leurs libertés, s'étaient toujours empressés de désarmer la cour par des sacrifices.

Mais enfin le gouvernement du roi résolut d'en venir à bout et, à l'occasion de quelques délais dans le payement d'une certaine contribution extraordinaire, rendit un édit qui établissait en Provence deux présidiaux, à Aix et à Draguignan : chaque présidial composé de deux présidents, de douze conseillers, d'un avocat et d'un procureur général. Le parlement d'Aix refusa d'enregistrer cet édit. Le roi envoya sur les lieux le conseiller d'État Lauzun, pour en exiger l'exécution. Députation des Provençaux à la cour, nouvelles offres d'argent ; point de succès. Le gouvernement, impitoyable, établit les présidiaux, désorganise les états de Provence (1639), en ne les convoquant plus qu'à de rares intervalles et en ne permettant plus aux communautés de s'y réunir que par des représentants.

Quant au parlement, qui n'avait pas craint de refuser l'enregistrement, on l'atteignit par des lettres patentes du mois d'octobre 1647, qui créèrent, sous le nom de sémestre, un autre parlement destiné à alterner ses travaux avec l'ancien, la session de chacun durant six mois. Le nouveau parlement était composé de trois présidents, trente conseillers, tous hommes dévoués à l'autorité royale.

Ces atteintes aux libertés de la Provence amenèrent des troubles qui durèrent plusieurs années, et dont le foyer fut à Aix. La guerre pourtant n'y fut pas renfermée. Elle se fit dans toute la Provence. Le comte d'Alais, gouverneur de la province, fit venir des troupes, le parlement en leva de son côté ; on tint la campagne. Chaque parti dirigea ses coups de main contre les villes qui tenaient pour le parti opposé. Mais le comte de Carces, qui commandait les troupes parlementaires, ayant eu l'imprudence d'engager une action contre le régiment de Montbrun, entre les villes de Barjols et de Brignoles, fut vaincu.

Le parlement ne se laissa pas abattre et la. guerre ne cessa, en 1650, que par l'intervention du maréchal de Saint-Aignan, qui apporta un traité de paix imposé par le roi. Les troubles de la Fronde, qui arrivèrent alors à leur paroxysme, rallumèrent encore quelques étincelles. Des querelles éclatèrent en plusieurs villes entre les sabreurs, ou partisans du parlement, et les canivets, gens du canif, gens de robe, partisans de la cotir. La paix ne fut rétablie que lorsque Mazarin eut consenti à retirer au comte le gouvernement de la Provence pour le donner à Louis de Vendôme, duc de Mercoeur. Le nouveau gouverneur eut toutefois à son tour une révolte à combattre ; ce fut celle de Marseille, à propos de ses consuls. Il en sera parlé sous la rubrique de cette ville, qui perdit enfin, comme toute la province, ses libertés. Il fallait bien, c'était le sort de toute la France, subir le pouvoir niveleur de Louis XIV qui portait partout l'uniformité.

En 1705, la Provence fut encore une fois envahie par les étrangers. Une armée de Piémontais et d'Autrichiens, sous Amédée, duc de Savoie, généralissime, et sous le prince Eugène, vint assiéger Toulon qu'une flotte anglaise bombardait du côté de la mer. Une énergique résistance obligea les alliés à se retirer, et Berwick, les poursuivant, leur fit essuyer un échec près d'Embrun. Au cours du XVIIIe siècle, au milieu de la guerre européenne pour la succession d'Autriche (1744), la Provence eut une autre occasion de signaler son patriotisme en repoussant une nouvelle invasion de Piémontais et d'Autrichiens, encore appuyée par une flotte anglaise.

Quant au mouvement des idées de ce siècle puissant et novateur, elle en prit sa part. Elle eut occasion, comme toute la France, de faire éclater son animadversion contre les jésuites ; comme Paris, elle vit son parlement supprimé par Maupeou ; enfin, lorsque le cours des années amena la Révolution française, elle fut des plus ardentes à attaquer les vieux abus et envoya à l'Assemblée nationale le Jupiter tonnant qui devait les foudroyer, l'éloquent et passionné Mirabeau. Représentée dans l'Assemblée des notables, sous le ministère de Calonne, par les archevêques d'Aix et d'Arles et par le premier président du parlement, elle ne considérait pas cette représentation comme sérieuse, parce que le tiers état n'y avait qu'une part illusoire et presque nulle.

Le débat, en effet, n'était plus entre les provinces et le pouvoir central, mais entre le tiers état et les deux ordres privilégiés, par toute la France. Aussi il éclata sur le sol même de la Provence avant d'éclater plus solennellement à Versailles : l'assemblée des états provinciaux ayant été convoquée (1787-88) à Aix, les ordres s'y livrèrent aux plus vives, aux plus tumultueuses discussions et à des interpellations réciproques qui dégénérèrent presque en injures. Le clergé y était représenté par les évêques, les abbés et le commandeur de Malte la noblesse par cent vingt-huit seigneurs possesseurs de fiefs ; le tiers état par cinquante-six députés des communautés et vigueries. Les trois ordres ne furent d'accord que pour voter une subvention gratuite de 700 000 livres, demandée par la cour ; car ce n'était pas encore la royauté qui était l'objet de la haine et des attaques. Une seconde session des états de Provence eut lieu au commencement de l'année 1789 et rit éclater les mêmes luttes. Mirabeau y apparut pour la première fois, armé de cette dominante éloquence qui allait s'ouvrir une plus vaste carrière.

On procéda aux élections pour les états généraux du royaume, qui devaient s'ouvrir le 5 mai. Les assemblées primaires se réunirent : pour le clergé, dans les villes épiscopales ; pour la noblesse, dans les principales villes des sénéchaussées ; pour le tiers état, dans les communes. Ces assemblées désignèrent les électeurs définitifs, qui se réunirent en assemblée électorale dans six des principal « es villes de la Provence : Draguignan, Forcalquier, Arles, Aix, Toulon, Marseille. Mirabeau, élu à Marseille et à Aix, opta pour cette dernière ville.

Nous ne parlerons pas ici de son voyage de remerciement à Marseille, de l'ovation qu'il y reçut et de son utile intervention pour calmer des désordres qui avaient éclaté. Nous ne détaillerons pas non plus les continuelles agitations de Marseille, la ville rajeunie, la ville démocratique et révolutionnaire de la Provence, tandis que Aix, la ville des nobles et des parlementaires, était déchue de cette suprématie et de cette ambitieuse activité qu'elle avait possédées aux temps où la noblesse faisait la Fronde et où les parlements faisaient de l'opposition.

Un des actes les plus considérables de l'Assemblée constituante fut la division de la France en quatre-vingt-trois départements. La Provence formait alors un gouvernement militaire, composé d'un gouverneur, de quatre lieutenants du roi, d'une maréchaussée entretenue par la province, des gouverneurs de Marseille, du château d'if, de la ville et tour de Toulon et des îles. La justice était administrée par un parlement et par les douze sénéchaux d'Aix, Arles, Draguignan, Digne, Forcalquier, Marseille, Toulon, Grasse, Brignoles, Sisteron, Castellane et Hyères.

Il y avait de plus une intendance, une généralité des monnaies et une cour des comptes. Sous le rapport ecclésiastique, la Provence avait deux sièges métropolitains, Aix et Arles ; dans le ressort du premier étaient les quatre évêchés de Fréjus, Riez, Apt, Sisteron ; dans celui du second, les trois évêchés de Marseille, Toulon et Orange ; les cinq autres évêchés de Provence, Digne, Glandèves, Grasse, Senez et Vence, étaient suffragants de l'archevêché d'Embrun.

Des quatre-vingt-trois départements établis par la Constituante, la Provence en forma trois : Bouches-du-Rhône, Var, Basses-Alpes. Aix resta toujours archevêché métropolitain ; mais Arles fut déchue de ce rang. Si le département des Bouches-du-Rhône se ressentit vivement du contrecoup des révolutions et des réactions qui suivirent 1789 ; s'il prit, en 1815, trop de part à ce que l'on a appelé la Terreur blanche, il jouit, pendant quinze ans, sous la Restauration, d'un calme et d'une prospérité que les agitations de 1830, de 1848 et de 1870 ne lui ont pas fait perdre.

Ses habitants, livrés aux travaux de l'agriculture, aux grandes entreprises industrielles et surtout aux transactions commerciales, que la nature leur rend si faciles dans les campagnes, ou bien, dans les grandes villes, suivant l'impulsion que leur imprime la grande cité marseillaise, ont su trouver pour leur active et intelligente mobilité une existence conforme à leurs goûts et qui est pour eux exempte de besoins et de privations.


Les Départements et... - Les Bouches du Rhone - 13 - (partie 1)

Publié à 14:45 par acoeuretacris
Les Départements et... - Les Bouches du Rhone - 13 - (partie 1)
(Région Provence-Alpes-Côte d'Azur)
Les Bouches-du-Rhône, le Var, les Alpes-de-Haute-Provence, sont les trois départements qui correspondent à l'ancienne Provence. De ces trois départements, le plus important est celui des Bouches-du-Rhône qui va nous occuper, et à l'occasion duquel nous allons tracer une esquisse de la province entière.

Le pays montagneux et maritime qui s'étend entre le Rhône, la Durance, les Alpes, le Var et la Méditerranée était occupé, dès une haute antiquité, par les Ligures-Saliens, qui se mêlèrent avec les Celtes à l'est et les Ibères vers l'ouest. Ils se divisaient en un grand nombre de tribus les Ségobriges, les Commones, près de Marseille ; les Véruciniens, de Grasse ; les Décéates, d'Antibes ; les Suétriens, les Quariates, les Aducinates, les Oxybiens, les Liganiens, etc. C'étaient des hommes à peu près sauvages, sans villes, sans lois, sans industrie, habitant sous le chaume ou les roseaux, vivant de la chasse dans les montagnes, de la pêche au bord de la mer. Déjà cependant la zone intermédiaire entre les montagnes détachées des Alpes et la Méditerranée produisait, grâce à la bonté de son sol, des plantes et des fruits.

Les Phéniciens, qui avaient établi des comptoirs sur les côtes de la Méditerranée, paraissent en avoir placé un chez les Saliens pour leur commerce dans la Gaule. D'autres étrangers arrivèrent ensuite : c'étaient des Grecs partis du voisinage de l'Ionie, et qui, accueillis par les Ségobriges, fondèrent Massalie (Marseille), à la place même du comptoir phénicien. Cette nouvelle cité s'enrichit bientôt par l'industrie de ses habitants et excita la jalousie des barbares qui l'entouraient. Ils firent une tentative pour la détruire et n'y réussirent pas. Loin de succomber, elle s'agrandit par l'arrivée des Phocéens, qui fuyaient devant les armes de Cyrus, et bientôt couvrit de ses colonies tout le littoral voisin.

Au lieu d'accepter avec joie les bienfaits de la civilisation, les barbares sentirent croître leur haine en même temps que la prospérité de Massalie : Ils se coalisèrent, élurent un roi commun, Caramandus, battirent les troupes de la cité phocéenne et vinrent l'assiéger. Elle appela à son secours les Romains, et le sénat, la déclarant son alliée, chargea Flaminius d'aller donner l'ordre aux Oxybiens de poser les armes. Ils n'avaient pas encore appris à redouter la force invincible de Borne ; se jetant sur la suite de l'ambassadeur romain, ils pillèrent ses bagages et le forcèrent de s'enfuir au plus vite vers son vaisseau. Que de peuples ont préparé leur asservissement par d'imprudents outrages, depuis Tarente, qui couvrit de boue les députés de Rome, jusqu'au dey d'Alger !

Le consul Opimius passe les Alpes avec une armée, prend Ægitna, en fait vendre les habitants comme esclaves et distribue aux Massaliotes les vallées des Oxybiens, des Décéates, des Anasiliens, etc. Tandis qu'il va triompher à Rome, Fulvius, son successeur, écrase la tribu maritime des Saliens, et C. Sextius Calvinus, qui vient ensuite, établit la domination romaine dans le pays par la fondation d'une colonie, Aquae Sextiae (Aix). La Gaule entière commença à s'inquiéter. Les Arvernes prirent les armes sous lotir vaillant roi Bituit ; mais Domitius les vainquit dans de rudes combats, et plusieurs campagnes victorieuses assurèrent aux Romains la possession du midi de la Gaule. En 114 avant Jésus-Christ, tous les petits peuples qui l'occupaient passèrent sous le joug, et le pays fut réduit en province romaine. Ce fut la première province des Romains en Gaule, la Province par excellence ; aussi le nom est-il resté : Provence.

C'était le poste le plus avancé de l'empire romain du côté des barbares, et c'est là, en effet, que Marius arrêta la terrible invasion des Cimbres et des Teutons. Dix ans à peine étaient écoulés depuis la soumission des peuples de la Gaule méridionale, et nul ne bougea à l'arrivée de ce formidable secours de barbares, tant l'action conquérante de Rome était prompte et énergique.

La Province se prêta, du reste, avec une souplesse merveilleuse à la civilisation de Rome ; elle adopta et cultiva avec succès ses arts, son industrie, parla sa langue, adora ses dieux, envoya ses enfants dans ses écoles ; les habitants de la Province étonnaient les Romains : on les croirait nés à l'ombre du Capitole, disait Tacite ; Pline appelait leur pays une véritable Italie ; Arles était surnommée la seconde Rome. Nulle contrée, d'ailleurs, ne reçut plus à profusion les présents de la civilisation romaine, et aujourd'hui encore, après dix-huit siècles, la Provence est moins célèbre par la beauté de son climat et de sa position que par ses innombrables monuments, aqueducs, thermes, ponts, cirques, temples, statues, qui lui donnent l'apparence d'un immense musée d'architecture romaine.

Après la conquête de la Gaule par César, on continua d'appeler la Province le pays qui nous occupe. Seulement, on distinguait cette Gaule méridionale par le nom de braccata, dérivé d'un certain vêtement, bracca (braie), en usage chez ses habitants ; tandis que l'on appliquait le nom de chevelue (comata), au reste de la Gaule où l'on portait de longs cheveux, suivant la coutume barbare. Sous Auguste, la Province prit le nom de Narbonnaise, à l'exception de la partie montagneuse qui fut rattachée aux Alpes Maritimes. Lorsque de nouvelles divisions, au IIIe et au IVe siècle, eurent distribué la Gaule en dix-sept provinces, la Province fut partagée en trois. Une portion entra dans la Viennoise ; les deux autres formèrent la seconde Narbonnaise et les Alpes Maritimes. Le territoire du département des Bouches-du-Rhône, en particulier, était dans la seconde Narbonnaise.

Déjà le christianisme avait pénétré en Provence. Une légende veut qu'il y ait été apporté, dès le Ier siècle, par saint Lazare et les saintes Maries. Quoi qu'il en soit, il y fit des progrès rapides. Sous le règne de Constantin, il s'y tint un concile qui condamna les donatistes.

Parmi les villes soumises, Rome avait l'habitude de récompenser les plus dociles ou d'attirer les plus hostiles par des avantages municipaux. C'est ainsi que la plupart des villes de la seconde Narbonnaise portèrent le titre de cité et jouirent du droit de se gouverner elles-mêmes intérieurement. Elles avaient un sénat, des magistrats municipaux, une curie comprenant tous les propriétaires de vingt-cinq arpents. Nulle portion de la Gaule ne posséda des institutions municipales plus complètes, et nulle part elles n'eurent autant de vitalité, puisqu'on les a retrouvées ici en plein Moyen Age.

Parmi ces cités, nous nommerons celles des Massiliens ou Massalioles (Marseille), des Arlésiens (Arles), des Aquiens (Aix), des Aptiens (Apt), des Foro-Juliens (Fréjus), des Antipolitains (Antibes), etc. On a des notions vagues sur certaines assemblées du midi de la Gaule, qui devaient se réunir périodiquement pour s'entendre sur les intérêts communs de la province ; mais le gouvernement impérial absorbait tellement toutes les affaires, que ces assemblées, n'ayant point d'objet sérieux, tombèrent tout à fait en désuétude. Quand les derniers empereurs sentirent que la vie se glaçait enfin partout dans l'empire, en présence des barbares, ils tentèrent de la ranimer en rendant aux provinces une certaine indépendance. Honorius par son édit de 418, ordonna que l'assemblée des sept provinces se réunirait tous les ans à Arles. Ce galvanisme n'eut point d'effet durable, et bientôt, les barbares couvrirent tout l'empire.

La Narbonnaise eut pourtant l'honneur de les voir deux fois battus dans ses plaines. Un forgeron, qui portait le nom de Marius, d'heureux présage en ces lieux et devant de pareils ennemis, arrêta près d'Arles les Vandales qui venaient de ravager l'Auvergne et le nord de la Provence. Vinrent, ensuite les Hérules les Burgondes, les Alamans, les Francs. Une victoire nouvelle, remportée près d'Arles par le patrice Constantin, n'empêcha point les barbares de s'établir enfin dans la secondé Narbonnaise. Les Wisigoths, qui avaient déjà occupé la Narbonnaise première et l'Aquitaine avec l'autorisation même d'Honorius, étendirent leur influence, puis leur domination sur la rive gauche du Rhône.

En 455, leur roi Théodoric fit élire, à Arles, Avitus empereur, et bientôt son fils Euric s'empara du pays. Lorsque Clovis eut gagné sur les Wisigoths la bataille de Vouillé, qui lui livra l'Aquitaine, il envoya une armée pour s'emparer également de la Provence. Mais le grand Théodoric, roi des Ostrogoths d'Italie, prenant sous sa protection la nation gothique tout entière, envoya son général Ibbas, qui battit les Francs près d'Arles, et les Wisigoths, en récompense, lui abandonnèrent la Provence en 511. Tout le littoral de la Gaule, c'est-à-dire la Provence et la Gothie ou Septimanie (Languedoc), demeura quelque temps encore au pouvoir des Goths, sur lesquels Théodoric régna seul avec le titre de roi des Ostrogoths et des Wisigoths.

En 534, les Francs, ayant soumis les Burgondes, devinrent possesseurs de la Provence par la cession que Vitigès, roi des Ostrogoths, leur fit de ce qu'il y possédait ; mais ils furent obligés de la partager avec l'empire grec qui venait de renverser le royaume des Ostrogoths et de reconquérir presque tout le littoral du bassin occidental de la Méditerranée. Les empereurs byzantins établirent, dans la partie qui leur fut soumise, des gouverneurs qui ne lardèrent pas, enhardis par l'éloignement, a se rendre indépendants. En 721, on trouve Mauronte, l'un d'eux, à peu près seul maître du pays. L'autorité des rois francs n'y était pas plus puissante que des empereurs.

Les Sarrasins, maîtres d'Espagne, commençaient à envahir le midi de la France. Charles Martel accourut dans la Provence pour les repousser et commença, en vrai chef de barbares, par piller horriblement le pays. Aussi la haine contre les Francs y fut depuis ce moment si violente que les Provençaux se rirent les alliés fidèles des Sarrasins et que l'émir de Narbonne, Yousouf, se vit secondé par Mauronte lui-même. Occupée en plusieurs points par les musulmans, ravagée maintes fois avec fureur par les Francs, la Provence endura des maux qui cessèrent sans doute sous Charlemagne, mais pour redoubler après. Ce n'étaient plus seulement les Sarrasins, mais les Normands d'Hastings qui remontaient le Rhône et la Durance, le fer et la flamme à la main.

A la chute de l'empire de Charlemagne, la Provence avait pour gouverneur Boson, beau-frère de Charles le Chauve, ambitieux qui se fraya par des crimes le chemin du pouvoir. Le faible règne de Louis III et de Carloman lui sembla opportun pour arriver au but qu il méditait d'atteindre. Les évêques du pays, réunis au nombre de vingt-trois dans le concile de Mantaille, près de Vienne, prétendirent suivre l'inspiration du ciel en déclarant Boson roi de Provence et de Bourgogne. La noblesse exprima le même voeu (879). Cette audace de l'épiscopat de créer un roi n'a rien de surprenant dans ce siècle où les évêques dirigèrent les rois, luttèrent contre eux et secouèrent plus d'une fois l'autorité du pape par réaction contre ce qui s'était passé sous Charlemagne. Boson accepta la couronne qu'il s'était fait donner, gagna le peuple par ses larges ses et ses flatteries, la cour de Rome par ses présents et ses promesses, les églises et les abbayes par sa munificence. Son royaume comprenait la Provence, le Dauphiné, la Savoie, le Lyonnais, la Bresse, le comté de Bourgogne ; Arles en était la capitale.

Louis III et Carloman firent la guerre à l'usurpateur, mais sans succès, et, à sa mort, sa veuve Hermengarde fit reconnaître son fils Louis par les prélats et les -rands Seigneurs de la Provence, qui le proclamèrent dans un concile tenu à Valence. L'archevêque de Vienne dit : « Le pape est le seul maître des empires, seul distributeur des couronnes. Il ne s'est décidé à donner un chef particulier à la Provence que pour mettre un terme aux malheurs dont elle est depuis trop longtemps accablée. » Ces malheurs pourtant s'accrurent encore sous le faible règne de Louis ; les Sarrasins surprirent sur le rivage le château de Fraxinet, s'y établirent et en rirent un repaire pour leurs brigandages. lis n'en sortaient que pour piller et détruire.

Louis eût bien fait de demeurer dans son royaume et de s'occuper à le défendre, au lieu d'aller chercher ailleurs une fortune plus brillante et une triste fin. La couronne, d'Italie, longtemps disputée, allait rester à Bérenger, l'un des concurrents, lorsque ses ennemis appelèrent le roi de, Provence qui avait quelques droits. Le jeune prince s'empressa d'accourir et s'engagea étourdiment dans les défilés. Bérenger l'y surprit ; mais, prenant pitié de sa jeunesse, il lui rendit la liberté, en lui faisant seulement jurer qu'il renonçait à tous ses droits sur l'Italie.

A peine de retour en Provence, Louis viola son serment ; il descendit de nouveau en Italie, battit Bérenger, s'empara de ses États. Il se rendit ensuite à Rome pour recevoir du pape Étienne VII la couronne impériale, que la mort d'Arnould, roi de Germanie, avait laissée sans maître, et celle du royaume d'Italie, qu'il venait de conquérir. Après quoi il vint se fixer à. Vérone, qu'il avait choisie pour capitale de ses nouveaux États. Il congédia son armée, ne songea qu'aux plaisirs et oublia Bérenger. Celui-ci épiait le moment favorable. Une nuit, il s'introduisit secrètement dans Vérone avec des amis dévoués, força les portes du palais impérial, y rit Louis prisonnier et lui creva les yeux (902). Le triste roi, devenu Louis l'Aveugle, retourna en Provence et y régna encore vingt-sept ans dans le silence et l'obscurité.

Combien de fois ne verrons-nous pas l'histoire de la Provence et celle de l'Italie se mêler ! Les rivages de ces deux contrées se regardent et se touchent. Leurs moeurs et leur langage étaient, surtout dans ces temps, à peu près semblables. Le successeur de Louis fut un seigneur puissant nommé Hugues, qui lui avait servi de ministre durant le temps de sa cécité, et qui se couronna roi lui-même, ne laissant au fils de son ancien maître que le titre de comte de Vienne. Hugues eut à son tour l'ambition de régner sur la Lombardie. L'impopularité de Rodolphe II, qui avait détrôné Bérenger, lui en rendit la conquête facile. Mais, à son tour, son ambition excessive, son mariage avec Marozie, cette femme célèbre par sa beauté, ses crimes et le pouvoir odieux qu'elle exerça trop longtemps dans Rome, tournèrent contre lui ses nouveaux sujets.

Ils allaient rappeler Rodolphe, lorsque Hugues lui offrit de lui abandonner, en échange de la Lombardie, tout ce qu'il possédait au delà des Alpes. Cet échange singulier eut lieu. Hugues ne conserva en Provence qu'Arles et une petite partie de son territoire dont il confia le gouvernement à un de ses parents nommé Boson. Obligé plus tard de renoncer à l'Italie, il y laissa son fils Lothaire, que les Lombards acceptèrent comme roi, et revint terminer sa vie à Arles. Il institua Boson comte héréditaire de la portion qu'il s'était réservée en Provence par son traité avec Rodolphe. Ce Boson, ou du moins un autre Boson qui lui succéda, fonda une dynastie qui bientôt, se divisant en trois branches, partagea la Provence en trois seigneuries : comté de Provence, vicomté de Forcalquier, vicomté de Marseille.

Guillaume, comte de Provence, chassa les Maures de Fraxinet, releva les villes de Fréjus, de Toulon, de Saint-Tropez. Sous ses successeurs, le comté se morcela encore davantage et finit par devenir la proie de plusieurs maisons rivales. En 1063, le comte de Toulouse, appelé par les évêques, s'empara des comtés d'Avignon, de Cavaillon, de Vaison et de Vénasque. Des mariages et l'extinction des mâles mirent sur les rangs deux autres maisons : celle de Barcelone, qui monta peu après sur le trône d'Aragon, et celle des Baux, l'une des plus puissantes maisons féodales de la Provence.

Le comte de Barcelone, d'abord en guerre avec le comte de Toulouse, convint avec lui, en 1125, de signer un traité de partage. Au comte de Toulouse fut attribuée la haute Provence, c'est-à-dire le pays entre l'Isère, la Durance, le Rhône et les Alpes. C'est ce qu'on a appelé le marquisat de Provence. Le comte de Barcelone eut la basse Provence, appelée communément comté d'Arles ou de Provence.

bonjour, bonne journée à tous....

Publié à 09:58 par acoeuretacris

Les surprises de l'Ecologie - Les oiseaux migrateurs plus casaniers -

Publié à 14:28 par acoeuretacris
Les surprises de l'Ecologie - Les oiseaux migrateurs plus casaniers -
Pourquoi aller passer l'hiver dans le Sahara quand il fait
bon à la maison ?

C'est ce que doivent se dire les oiseaux migrateurs qui, l'hiver
venu, sont de plus en plus nombreux à ne plus faire le déplacement
jusque dans les plaines d'Afrique. Avec la hausse des températures,
les ornithologues observent que les hirondelles, notamment, lui
préfèrent dorénavant la Cote d'Azur, plus proche et tellement chic.

Une hirondelle ne fait plus le printemps ........