Département de l'AUDE - 11 -

Publié à 15:45 par acoeuretacris
Département de l'AUDE - 11 -
(Région Languedoc-Roussillon)

Le territoire du département de l'Aude appartenait, avant la conquête romaine, à la confédération des Volces-Tectosages. Il fut conquis avant César par les généraux romains, et compris dans la Narbonnaise. Les Wisigoths envahirent le pays en 435, pendant qu'Aétius était occupé à réprimer les Bagaudes. Ils le conservèrent plus longtemps que leurs autres possessions gauloises, même après la bataille de Vouillé, grâce au secours du roi des Ostrogoths, dont les troupes battirent le fils du conquérant franc (508).

Ils eurent ensuite à résister au roi des Burgondes, qui dirigea sur le pays de Carcassonne, de 585 à 588, trois tentatives qui n'aboutirent qu'à affermir leur domination. Ce pays faisait alors partie de la Septimanie, ainsi appelée à cause des sept évêchés que les rois wisigoths y avaient établis. La domination gothique ayant été renversée en Espagne en 711, l'irrésistible invasion des Arabes fut poursuivie par les vainqueurs de ce côté-ci des Pyrénées. L'empire des musulmans y fut court. Le duc d'Aquitaine, Eudes, les en chassa ; mais il travaillait moins pour lui-même et pour son éphémère maison que pour la dévorante ambition des Carlovingiens, qui, peu de temps après, soumettaient Narbonne et Carcassonne (759-762).

Le premier comte de Carcassonne dont il soit fait mention dans les chroniques est Oliba, de la famille des comtes de Barcelone. Il était comte en 819, et l'on suppose que son comté venait d'être érigé par Louis le Débonnaire, lorsque ce prince détacha le Carcassez et le Rasez de la Septimanie pour les réunir au marquisat de Toulouse et au royaume d'Aquitaine (817). Le Rasez, dont le nom venait d'un ancien château appelé Redas, peut-être la Rennes actuelle, formait un comté particulier, depuis qu'un archevêque de Narbonne, chassé de sa ville par les Sarrasins, y avait transporté son siège épiscopal, et avait procuré à ce petit pays les honneurs du titre féodal. Narbonne était elle-même un comté ; ainsi, trois comtés répondaient alors au département actuel de l'Aude. En 880, la Rasez fut uni par un mariage au Carcassez pour n'en être plus jamais séparé.

Le comte Arnaud, le premier que l'on rencontre possédant le Carcassez à titre inamovible et comme propriété (940), eut trois fils auxquels il partagea ses États. L'aîné fut comte de Carcassonne sous le nom de Roger Ier, et eut à son tour trois fils, dont le second fut le premier comte de Foix, et servit ainsi de souche à une des plus illustres maisons du Midi.

Roger III, mort sans enfants (1067), institua pour son héritière sa soeur Ermengarde, laquelle s'empressa de se donner un premier protecteur en épousant Raymond-Bernard, vicomte d'Albi et de Nîmes, et un second protecteur en vendant, moyennant onze cents onces d'or, la suzeraineté du Carcassez et du Rasez à son parent, le comte de Barcelone. La branche cadette des comtes de Foix fit de vains efforts pour faire prévaloir les droits des mâles. Ermengarde avait fait entrer le comté de Carcassonne -dans une maison capable de le défendre.

En 1150, un seul homme était vicomte de Béziers, d'Albi, d'Agde et de Carcassonne. Nous disons vicomte de Carcassonne ; car, au commencement du XIIe siècle, Bernard-Aton avait abandonné le titre de comte et s'était contenté dé celui de vicomte ; la charge et le titre existaient déjà depuis un siècle à Carcassonne. Hâtons-nous de dire qu'à la même époque le même Bernard-Aton avait adroitement transporté son hommage de la maison de Barcelone à celle des Saint-Gilles, comtes de Toulouse (1112). Cette politique était dirigée contre les prétentions de la maison de Foix.

Sous le titre général de vicomte de Béziers, Raymond Trancavel possédait donc, au milieu du XIIe siècle, la vicomté de Carcassonne, dont nous ne poursuivrons point l'histoire distincte. Les événements de la guerre des Albigeois se retrouveront dans l'histoire des villes et châteaux. A la suite de cette guerre, la vicomté de Carcassonne passa, avec celle de Béziers, sous la domination des Montfort. C'est en 1211, pendant le siège du château de Minerve, que Raymond Trancavel céda tous ses domaines à Simon de Montfort, par un acte dans lequel il déclarait les abandonner en son nom et au nom de sa postérité, « sans avoir été ni circonvenu, ni trompé, ni entraîné par la force ou la ruse, mais de son propre mouvement, par l'effet de sa pure et simple libéralité. »

Mensonges des traités ! Espéraient-ils donc, ceux qui firent signer celui-ci, que la postérité crédule prendrait une spoliation pour un don volontaire ? Amaury de Montfort, successeur de Simon, céda en 1224 ses droits sur le Carcassez au roi de France, Louis VIII. Plus tard, en 1240, l'héritier légitime, Raymond Trancavel, fit une tentative pour reprendre les domaines de ses pères et enleva les faubourgs de Carcassonne. Mais, obligé de lever le siège et de traiter avec saint Louis, il signa, en 1247, une cession complète en faveur du roi de France ; il lui abandonnait tous ses droits sur la vicomté de Carcassonne comme sur les autres et lui transportait les hommages de ses vassaux.

L'acte offre, comme celui de 1211, les apparences d'une volonté libre et consentante ; ici, du moins, une chose donnait à la spoliation quelque couleur de transaction et d'échange : c'était une rente de six cents livres assignée par le roi à Trancavel et à ses successeurs, à prendre sur divers fonds de la sénéchaussée de Carcassonne. Le seigneur féodal devenait un pensionnaire de la royauté. Sort précaire, triste fin d'une des plus brillantes puissances territoriales du midi de la France au Moyen Age !

Les domaines des comtes de Carcassonne devinrent une sénéchaussée. Cette sénéchaussée, fondée par Simon de Montfort, maintenue par saint Louis s'étendait alors depuis le pays de Foix jusqu'à Montpellier ; resserrée plus tard dans des limites plus étroites, elle n'en conserva pas moins une grande importance, puisqu'elle comprenait les onze vigueries de Carcassonne, de Cabardez, de Minervois, de Béziers, d'Albi, de Gignac, de Limoux, de Narbonne, de Fénouillède, de Termenois et des Allemans, le bailliage de Sault, la châtellenie de Montréal, les comtés de Castres, de Pézenas, de Cessenon, les vicomtés de Narbonne, de Lautrec et d'Omélas, la seigneurie de Mirepoix. Ces sénéchaux s'intitulèrent d'abord sénéchaux du roi dans les pays d'Albigeois, et plus tard sénéchaux de Carcassonne, Béziers et Limoux.

Depuis sa réunion à la France en 1247, le pays dont se compose le département de l'Aude suivit la destinée des autres contrées qui dépendaient du Languedoc. Les guerres de religion vinrent porter atteinte à la prospérité dont il jouissait ; mais elle fleurit de nouveau sous Louis XIV, surtout lorsque ce prince eut autorisé la création du beau canal du Midi, auquel les principales villes du département doivent aujourd'hui leur activité et leur industrie.

Département de l'AUBE - 10 -

Publié à 15:42 par acoeuretacris
Département de l'AUBE - 10 -
(Région Champagne-Ardenne)

La tribu gauloise des Tricasses, qui, dans l'origine, occupait le territoire formant la plus grande partie de l'Aube, est une des moins connues des historiens ; elle dépendait sans doute de la confédération rémoise et sénonaise, et son histoire se confond avec celle des Remi et des Senones, ces fidèles alliés des Romains. César ne fait pas mention des Tricasses ; Pline et Ptolémée ne font que les nommer.

Le pays des Tricasses appartenait à la Gaule celtique et fut compris d'abord dans la première, puis dans la quatrième Lyonnaise. Ravagé par les Bagaudes en 286, il fut, en 451, le théâtre d'une sanglante bataille, que les Romains et les Francs leurs alliés livrèrent à l'armée d'Attila dans les Champs catalauniques, plaines voisines de Troyes. Attila, vaincu, dut se retirer, laissant, dit-on, trois cent mille hommes sur le champ de bataille.

Nous trouvons, dès le Ve siècle, ce pays, ainsi que celui des Remi (Reims) et des Catalauni (ChâIons), désigné, à cause de son apparence physique, sous le nom de Campagnia, Champagne, le pays des plaines. Après l'invasion des barbares, la Champagne fut divisée entre le royaume des Burgondes et celui des Francs, puis, au partage de la Gaule entre les fils de Clovis, elle fit partie du royaume d'Austrasie. Jusqu'au Xe siècle, des chefs militaires, nommés à vie et révocables titre de comtes ou ducs de Champagne. Deux de ces ducs sont connus pour la rôle important qu'ils semblent avoir joué à l'époque sanglante de Frédégonde e et de Brunehaut l'un, Lupus, fut le conseiller et le favori de Brunehaut ; l'autre, Wintrio, d'abord partisan de la reine d'Austrasie, finit par conspirer contre elle et fut mis à mort par son ordre (597). Quelques-uns mentionnent encore comme ducs de Champagne, vers la fin du siècle suivant, Drogon, Grimoald, Théodoald, qu'ils font fils et petits-fils de pépin d'Héristal.

La dynastie des comtes de Champagne commence avec Robert, troisième fils de ce comte de Vermandois, Herbert II, descendant de Charlemagne, allié de Hugues le Grand et qui trahit Charles le Simple. Robert n'avait hérité de son père que de Vitry et de quelques bourgades ; comme tant. d'autres, il profita des années tumultueuses qui préparèrent l'avènement définitif de la race capétienne ; il s'empara de Troyes contre l'évêque Anségise, s'agrandit encore d'Arcis, de Rhetel, de Mézières, de Donchéry et prit le titre de comte de Troyes. C'est lui, dit-on, qui institua le conseil des sept pairs de Champagne, qui tenaient les états et les grands jours de la province ; ces sept pairs étaient (ou furent plus tard) les comtes de Joigny, de Rhetel, de Braine, de Roucy, de Brienne, de Grand-Pré et de Bar-sur-Seine.

Son frère Herbert et Étienne, fils de celui-ci, régnèrent pieux et paisibles sous le roi Robert. Étienne étant mort sans enfant, son cousin Eudes, petit-fils de Thibaut le Tricheur, déjà comte de Blois, Chartres, Tours, Beauvais, Meaux, fonde la seconde maison de Champagne et la plus illustre.

Le chef de la maison de Blois et de Champagne, Thibaut le Tricheur, était, suivant les uns, d'origine normande et parent de Rollon ; suivant Raoul Glaber, il était fils d'un Champenois, Hastang ou Hastings, les Normands étant venus piller la Champagne, Hastings s'enrôla et fit fortune. Son fils Thibaut, élevé de bonne heure dans le métier, se rit remarquer de ses compagnons et devint un de leurs chefs. Il seconda Hugues le Grand dans ses intrigues et ses luttes contre Louis d'Outre-mer et obtint le comté de Troyes en épousant une fille d'Herbert Il de Vermandois. Les vieux vers suivants expliquent le surnom qu'on lui donna :

Thibaud de Chartres fut fil et enguigaux,
Chevalier fut moult et proux et moult chevaliroux,
Mais moult par fut cruel et moult fut envioux.
Thibaud fut plein d'engein et plein de feintie ;
A homme ne à femme ne porta amitié ;
De franc ne de chétif n'ot mercy ne pitié,
Ne ne douta de faire maloeuvre ne péché.

Le fils de Thibaut le Tricheur, Eudes, fut le premier mari de la fameuse Berthe, qui épousa le roi Robert et en eut un fils nommé également Eudes ou Odon. Eudes II et le roi Robert se prétendirent tous deux parents d'Étienne et se disputèrent sa succession ; Eudes s'en empara et la garda. Par la réunion de ces deux grands fiefs de Blois et de Champagne, il comptait plus de grands vassaux et a il se trouva plus puissant que le roi capétien. Il fut le plus turbulent, le plus ambitieux des comtes de Champagne. Il commença par soutenir la reine Constance et son fils Robert contre Henri Ier ; puis il se sentit assez fort pour s'attaquer à l'empereur d'Allemagne. Il prétendit contre Conrad II à la couronne d'Arles, à celle de Lorraine et rêva un nouveau royaume d'Austrasie.

Le roi de Bourgogne, Rodolphe III, avait légué ses États à l'empereur Conrad Il. Eudes, neveu de Rodolphe par sa mère Berthe, réclama et courut se mettre en possession de la Bourgogne. Il en soumit tout d'abord la plus grande partie. Une députation de la ville de Milan, révoltée contre l'empereur, vint lui offrir la couronne d'Italie ; la Lorraine l'appela contre son nouveau duc, Gothelon, créature de Conrad. Eudes pensait déjà se faire couronner à Aix-la-Chapelle. Il envahit la Lorraine et s'empara de Bar. Mais les vassaux de l'empire marchèrent contre lui ; Eudes fut défait et tué, de la main même de Gothelon, qui lui trancha la tête. Il ne put être retrouvé parmi les morts que par sa femme, Ermangarde (1037). Cette puissance redoutable du comte de Champagne s'affaiblit sous ses deux fils, qui se partagèrent ses États. Thibaut Ier, l'aîné, finit cependant par les réunir, à la mort de son frère Étienne.

Étienne III, fils de Thibaut Ier, fut tué en Palestine, où il était allé secourir Baudouin. L'aîné de ses fils, Étienne, hérita de Blois et disputa à Henri Plantagenêt le trône d'Angleterre, qu'il finit par occuper ; le puîné Thibaut Il ou le Grand, eut la Champagne. Thibaut Il fut l'ami de saint Bernard. Par la protection qu'il accorda au neveu d'Innocent III, nommé malgré le roi Louis VII à l'archevêché de Bourges, il attira d'effroyables malheurs sur la Champagne. Louis VII vint ravager toute la province. Vitry fut. incendiée ; treize cents personnes, hommes, femmes et enfants, qui s'étaient réfugiées dans l'église, périrent au milieu des flammes. Saint Bernard conclut le traité de paix.

Son successeur, Henri Ier le Large ou le Libéral, fit faire de grands travaux. La Seine fut partagée au-dessus de Troyes en trois canaux, dont deux traversèrent la ville, qui se trouva assainie et où de nouvelles manufactures s'établirent. Il enferma les faubourgs dans la ville en les entourant d'une nouvelle enceinte et de tours. C'est également sous son règne que fut achevée l'église Saint-Étienne.

Henri II le Jeune se croisa avec Philippe-Auguste, s'attacha à Richard Coeur de Lion et devint roi de Jérusalem en épousant, malgré l'excommunication lancée contre lui, Isabelle, soeur et héritière de Baudouin V. Thibaut III, son frère, comte de Blois et de Chartres, réunit de nouveau les deux domaines ; il épousa la fille de Don Sanche de Navarre et mit cette nouvelle couronne dans sa famille. Il était suzerain de plus de dix-huit cents fiefs, lorsqu'il fut choisi pour conduire la croisade que prêchait Foulques de Neuilly. La mort le surprit au moment du départ, et le commandement passa au comte de Flandre, son beau-frère. La plupart de ses vassaux partirent cependant, et parmi eux le maréchal de Champagne, Geoffroi de Villehardouin, qui devait être l'historien éloquent. de cette merveilleuse expédition.

Le plus célèbre des comtes de Blois, Champagne et Brie fut son fils, Thibaut IV le Posthume ou le Chansonnier, non pour sa gloire de souverain : il porta la couronne de Navarre, alla en croisade comme la plupart de ses prédécesseurs et n'en joua guère un plus grand rôle ; mais l'homme, le prince libéral, l'amant de la reine Blanche, l'imitateur original des troubadours, le poète gracieux et spirituel est resté populaire.

Pendant sa minorité, sa mère, Blanche de Navarre, gouverna ; c'était une femme forte comme la mère de saint Louis. Un compétiteur, mari d'une fille du comte Henri II, appuyé de plusieurs puissants seigneurs, Erard de Brienne, ayant attaqué la Champagne, Blanche leva aussitôt l'armée de ses vassaux fidèles, en appela à la cour des pairs de France, se fit rendre justice, obtint du pape une excommunication contre l'envahisseur et assura l'héritage de son fils.

Thibaut fut de bonne heure envoyé par sa mère à la cour de Philippe-Auguste. Il fit ses premières armes sous Louis VIII, au siège de La Rochelle ; il s'y comporta vaillamment. C'est vers ce temps, dit-on, qu'il tomba amoureux de la reine et que son génie poétique s'éveilla. « Il se partit tout pensif, et lui venoit souvent en remembrance le doux regard de la reine et sa belle contenance. Lors si entroit dans son cœur la douceur amoureuse ; mais quand il lui souvenoit qu'elle estoit si haute dame et de si bonne renommée, et de sa bonne vie et nette, si muoit sa douce pensée en grande tristesse. Et pour ce que profondes pensées engendrent mélancolie, il lui fut dit d'aucuns sages hommes qu'il s'estudiât en beaux sons et doux chants d'instruments, et si fit-il. » Lui-même a dit :

Au revenir que je fis de Florence
S'émut mon cœur au petit de chanter,
Quand j'approchois de la terre de France
Où celle maint que ne puis oublier.
Celle que j'aime est de tel signorie
Que sa beauté me fit ontrequider ;
Quand je la vois, je ne sais que je die,
Si suis surpris que ne l'ose prier.

Louis VIII mourut en revenant du siège d'Avignon. Thibaut fut accusé de l'avoir empoisonné. Durant la minorité de saint Louis, Thibaut fut, malgré sa versatilité, le meilleur appui de la régente. L'amour et la jalousie, à ce qu'il semble, eurent plus de part à sa conduite que la politique. « Il couroit vers ce temps-là un bruit-, savoir que le seigneur légat et la reine Blanche ne se comportoient pas ensemble ainsi qu'il estoit convenable. »

Aussi Thibaut penthotal d'abord du côté des barons ; mais il se ravisa et vint rendre hommage au roi. La ligue se trouva une première fois dissoute. Afin de gagner plus sûrement Thibaut à la cause féodale, Pierre Mauclerc, le chef des mécontents, lui offrit sa fille Yolande, et Thibaut accepta. Yolande fut amenée jusqu'à Valserre. Le mariage allait être célébré, quand un billet de la reine rengagea Thibaut. Pierre Mauclerc, ainsi outrageusement joué, s'en retourna en Bretagne, et la guerre commença aussitôt ; elle ne devait pas tarder à punir Thibaut de ses légèretés et de ses trahisons et à amener de grands malheurs en Champagne.

La reine avait convoqué le ban royal contre Mauclerc ; la plupart des seigneurs, bien que du parti de celui-ci, obéirent. Leur service féodal était de quarante jours ; dès qu'ils furent expirés, le duc de Bourgogne, les comtes de Boulogne, de Bar, de Sorez, les sires de Coucy, de Châtillon et d'autres quittèrent l'armée du roi pour aller envahir la Champagne. Tout le pays fut dévasté. Le comte de Champagne lui-même, pour se défendre, fut contraint de brûler plusieurs de ses villes, Chaumes, Épernay, Les Vertus et Sézanne. Les bourgeois de Troyes, auxquels s'étaient joints les hommes d'armes du sire de Joinville (père de l'historien), réussirent à se débarrasser du duc de Bourgogne, qui les assiégeait.

Mais il fallut que Thibaut implorât le secours du roi. Saint Louis s'avança en personne à la tête de son armée, et les barons se retirèrent. Mais dès l'année suivante, après le débarquement du roi d'Angleterre, Henri III, ils revinrent plus nombreux saccager les terres du comte de Champagne. Ils l'accusaient plus haut que jamais d'empoisonnement. Thibaut leur livra bataille et fut vaincu ; deux cents de ses chevaliers furent faits prisonniers ; lui-même s'enfuit comme il put jusqu'à Paris. Louis et Blanche s'entremirent, et la paix fut conclue à la condition que Thibaut prendrait la croix et irait combattre les ennemis du crucifié.

Thibaut ne se hâta point et ne partit que neuf ans après avec un grand nombre de ses vassaux et de ses anciens ennemis, entre autres Pierre Mauclerc, et le duc de Bourgogne. Dans l'intervalle, il était devenu roi de Navarre par la mort de Don Sanche (1234). La croisade finit assez honteusement pour tous. Thibaut revint la même année, abandonnant soixante-dix de ses chevaliers. Depuis, dit Roderic, il s'appliqua à gouverner ses États de Champagne et de Navarre avec -justice et douceur et à y maintenir la paix. Il résidait tantôt à Pampelune, tantôt dans son château de Provins, où, entre autres magnificences, il avait fait peindre en or et en azur ses chansons, paroles et musique, au milieu d'Amours et de cœurs percés de flèches. Le commerce de Champagne prospéra d'ailleurs sous ce règne, et Thibaut établit un grand nombre de « communautés de bourgeois et de villageois en qui il se fiait plus qu'en ses soldats (Albéric). » Il mourut quelques mois avant Blanche de Castille, à Pampelune (1253).

Son fils et son successeur, Thibaut V, épousa Isabelle de France, fille de saint Louis ; la demande en avait été faite par son sénéchal de Champagne, le sire de Joinville. La roi de Navarre suivit son beau-père à sa seconde croisade et mourut comme lui de fatigue au retour ; il mourut en Sicile. Sa couronne et ses seigneuries furent l'héritage de son frère Henri III, qui n'est célèbre que pour son excessif embonpoint et mourut en 1274 d'une attaque d'apoplexie.

Henri III ne laissait qu'une fille, Jeanne, âgée de trois ans. La Navarre se souleva et fut menacée à la fois par les rois d'Aragon et de Castille. Jeanne alors fut confiée par sa mère au roi Philippe III, qui, se déclarant le tuteur de la mère et de la fille, envoya une armée en Navarre pour assurer les droits de l'héritière. Jeanne épousa Philippe le Bel, qui gouverna avec sa femme la Navarre et la Champagne. C'était une princesse remarquable par sa beauté et son esprit ; c'est elle qui fonda le collège de Navarre, à Paris. Avec elle s'éteignit la maison de Champagne (1304). « Famille plus aimable que guerrière, dit AI. Michelet, poètes, pèlerins, croisés, les comtes de Blois et Champagne n'eurent ni l'esprit de suite ni la ténacité de leurs rivaux de Normandie et d'Anjou. » Le fils aîné de Jeanne, Louis le Hutin, devint roi de Navarre et comte de Champagne avant d'être roi de France ; on sait qu'il ne laissa qu'une fille également nommée Jeanne. Philippe le Long s'empara à la fois de la couronne de France, de la Navarre et du comté de Champagne ; en 1324, Charles la Bel obtint de Jeanne elle-même et de son mari, la comte d'Évreux, une renonciation à ses droits sur la Champagne et sur la Navarre. Cette renonciation, parait-il, n'avait été consentie qu'en faveur de Charles et de ses héritiers directs, et à l'avènement de Philippe de Valois, les contestations recommencèrent entre le roi et Jeanne. Philippe rendit la Navarre et obtint une renonciation nouvelle à la couronne de Champagne. Depuis cette époque, malgré les réclamations et les tentatives du fils de Jeanne, Charles le Mauvais, roi de Navarre, la Champagne fut regardée comme une province dépendante du domaine royal. Elle y fut solennellement réunie par le roi Jean en 1361.

Plus qu'aucune autre, la province de Champagne, ouverte de tous côtés, eut à souffrir des calamités de la guerre de, Cent ans ; les Anglais, les grandes compagnies, les malandrins la ravagèrent incessamment ; c'est en Champagne que se forma (1362) la grande compagnie composée d'Anglais, d'Allemands, de Gascons, de Belges, qui se donnaient à eux-mêmes le nom de Tard-Venus, « parce qu'ils avaient encore peu pillé au royaume de France et s'en voulaient dédommager âprement. »

Rappelons seulement la belle conduite de Henri de Poitiers, évêque de Troyes, qui se mit à la tête d'une armée, battit et chassa Robert Knolles, et la victoire de Barbazan à La Croisette (1430). La Champagne fut donnée par Henri V, roi d'Angleterre, au duc de Bourgogne, et l'une des conditions du traité d'Arras, conclu en 1437 entre Charles VII et Philippe le Bon, fut la cession au duc du comté de Bar-sur-Seine. Ce traité, qui assura la retraite définitive de l'étranger, mit fin aux malheurs de la Champagne dans cette période. La Champagne peut disputer à la Lorraine l'honneur d'avoir donné Jeanne D'arc à la France. Au siècle suivant, les troupes de Charles-Quint envahirent deux fois la Champagne et incendièrent Troyes.

La Réforme amena des désastres plus terribles encore. La noblesse de Champagne entra tout d'abord dans l'Union catholique. Le prince de Condé, voulant renforcer le parti protestant, y appela les Allemands du comte palatin Casimir. Les reîtres y commirent longtemps toutes sortes d'excès, et lorsqu'en 1576 Henri III se soumit à payer ces pillards afin de les renvoyer chez eux, l'argent se faisant attendre, ils vécurent encore trois mois à discrétion dans le pays. Presque tout entière à la Ligue, la province ne se soumit à Henri IV qu'après son abjuration (1594).

Constitué dans sa forme actuelle, en 1790, par l'Assemblée nationale, le département de l'Aube n'eut pas à souffrir de l'invasion de 1792, arrêtée à Valmy, ni du règne de la Terreur en 1793, mais il fut en 1814 le théâtre principal de la lutte de Napoléon contre les armées alliées ; les noms de Brienne, de La Rothière, de Rosnay, d'Arcis-sur-Aube, de Nogent, de Méry appartiennent à l'histoire de cette immortelle campagne, où les habitants de la Champagne rivalisèrent avec nos soldats de patriotisme et de courage.

Après les Cent-Jours, en 1815, l'étranger envahit de nouveau le département de l'Aube et ne s'en retira qu'après une occupation de trois ans, en 1818. Une ère de prospérité suivit de 1818 à 1870, pendant laquelle la Champagne vit son industrie et son commerce prendre un rapide et profitable essor.

Si, pendant l'invasion de 1870-1871, il ne se livra point de nouveaux combats dans le département de l'Aube, il eut cruellement à souffrir des excès et des pillages des Prussiens, qui y séjournèrent près de dix mois. On évalue à 6 672 783 francs 16 centimes les pertes éprouvées par le département de l'Aube pendant cette funeste époque.



Département de l'ARIEGE - 09

Publié à 15:35 par acoeuretacris
Département de l'ARIEGE - 09
(Région Midi-Pyrénées)

Le département de l'Ariège a été formé de l'ancien comté de Foix et de presque tout l'ancien Conserans, qui dépendait de la Gascogne. L'histoire primitive de ces contrées se confond, dans ses commencements, avec celle de la race ibère ou basque, que les plus lointains souvenirs nous représentent installée sur le versant septentrional des Pyrénées et dans les vallées qui s'étendent à leur pied. L'existence nomade de ces tribus de pasteurs dut ses premières modifications aux relations commerciales que lièrent avec elles les Phéniciens d'abord et les Phocéens ensuite. Les paillettes d'or trouvées dans le sable des torrents, la résine recueillie au pied des sapins, attiraient la cupidité des colons grecs, qui laissaient en échange, au milieu de ces populations agrestes, les premiers germes de la civilisation orientale.

Cependant l'indépendance et la fierté, vertus inhérentes au caractère des Consorani (de consortiri, partager le même sort), habitants des montagnes, rendirent aux Romains longue et difficile la conquête de ces provinces. Les Volces Tectosages y avaient, antérieurement, trouvé d'intrépides compagnons dans lotir expédition en Asie Mineure. Les Consorani sont cités parmi les peuplades que les vainqueurs groupèrent dans une de leurs divisions administratives, et qu'ils désignèrent sous le nom de Novempopulanie.

Plus tard, après les quatre siècles de la domination civilisatrice des Romains, le pays de Foix, compris d'abord dans la première Lyonnaise, puis dans la première Narbonnaise sous Honorius, passe, en 415, au moment de la grande invasion de l'empire, sous la domination des Wisigoths, dont Clovis détruisit, en 507, la prépondérance en Gaule. Après la bataille de Vouglé, le pays de Foix resta donc annexé à la monarchie franque jusqu'à la constitution du duché d'Aquitaine ; il fut associé à toutes les vicissitudes de cette lutte acharnée et sanglante dans laquelle les populations étaient entraînées, surtout par l'espoir de reconstituer un État indépendant dans les anciennes limites de l'empire des Wisigoths.

Les exploits et les revers des ducs d'Aquitaine, la légitimité de leurs droits comme descendants des premiers mérovingiens, la bonté de leur cause en face de l'usurpation si peu déguisée des maires du palais, sont de trop vastes sujets pour la petite contrée qui nous occupe ; mais n'oublions pas cependant que ces discordes y amenèrent les Sarrasins, appelés par les ducs d'Aquitaine contre leurs redoutables adversaires. Pendant près d'un demi-siècle, de 719 à 759, les Sarrasins dominèrent dans le pays de Foix. Charles Martel et son petit-fils Charlemagne, qui les en chassèrent, étaient alors l'étranger et l'ennemi pour les montagnards des Pyrénées, auxquels on petit attribuer en partie la sanglante revanche de Roncevaux.

L'appui que trouva ce prince auprès des habitants de la vallée d'Andorre devait être un fait bien exceptionnel, puisqu'il leur valut une indépendance et des privilèges qui datent de cette époque. La puissante main du grand monarque sut retenir les provinces conquises dans l'obéissance ; mais, dès que la faiblesse de ses successeurs permet à la féodalité de se constituer, l'esprit provincial se réveille, l'autorité centrale est oubliée ou bravée, et des provinces entières passent aux mains des Seigneurs, qui y établissent leur domination presque sans contestation et sans obstacle.

C'est ainsi que la puissante maison de Toulouse possède le pays de Foix dès 779. Trente ans après, il échoit à la branche des comtes de Carcassonne, qui le conservent jusqu'en 1050, époque à laquelle est fondé l'apanage de Foix au profit de Bernard-Roger Ier, fils puîné de Roger, comte de Carcassonne. Les possessions de Bernard comprenaient la plus grande partie du département de l'Ariège et une portion de celui de la Haute-Garonne. Il réunit le Bigorre par son mariage avec Gersende, héritière de celle province.

Le second des trois fils de Roger-Bernard lui succéda sous le nom de Roger II ; c'est lui qui obtint l'érection du pays de Foix en comté, et qui le premier fixa sa résidence dans le château autour duquel s'étendait la ville soumise à l'abbaye de Saint-Volusien. Son neveu, Roger III, posséda le comté, de 1070 à 1125 ; il alla expier en Palestine le crime de simonie dont il avait été reconnu coupable et pour lequel il avait été frappé d'excommunication par Pascal Il. A son retour de la croisade, il fonda Pamiers. Le règne de Roger IV, qui posséda l'héritage paternel en indivis avec ses frères, n'est signalé que par les prétentions soulevées au sujet de la seigneurie de Carcassonne par la maison de Foix.

De 1141 à 1188, le comté est gouverné par Roger-Bernard Ier, habile négociateur, qui, mettant à profit les rivalités des seigneurs du voisinage, se fait céder, par Raymond V de Toulouse, Carcassonne, le Carcassez, le Rasez et tous les domaines de Roger-Trencavel ; se fait investir, par Alphonse II d'Aragon, du gouvernement de Provence, et dispute à l'abbé de Saint-Volusien la possession d'une partie de la ville de Foix.

Après le diplomate vient le batailleur, Raymond-Roger, fidèle allié des comtes de Toulouse, intrépide champion de la cause des Albigeois ; il fut le grand adversaire du fameux Simon de Montfort. Nous ne nous étendrons pas ici sur les divers épisodes de son histoire ; ils appartiennent aux différentes villes, théâtres des principaux événements de cette guerre. Son fils, Roger-Bernard II, surnommé le Grand, suivit les traditions paternelles, et s'associa aux derniers efforts de Raymond VII de Toulouse, jusqu'à l'arrivée de Louis VIII et de sa formidable armée. Le roi pardonna plus vite que le pape. Roger-Bernard put laisser ses domaines à son fils Roger IV ; mais, pour obtenir l'absolution de ses fautes, il dut comparaître devant le tribunal de l'inquisition et prendre l'habit monastique dans le couvent de Bolbone, où il mourut l'année suivante (en 1241).

Le nouveau comte, éclairé par l'expérience de ses aïeux, effrayé par les conséquences probables de la bataille de Taillebourg, se retira de la ligue que la noblesse du Midi avait formée contre l'autorité royale, et se soumit à Louis IX. Son humeur belliqueuse s'exerça sans danger et sans résultats contre le roi d'Aragon et contre son beau-frère, le comte d'Urgel. Il en coûta cher à son fils, Roger-Bernard III, de ne pas avoir suivi ce sage exemple. Ses insolences et ses rébellions amenèrent dans son comté Philippe le Hardi, et lui coûtèrent plusieurs années de liberté. il avait à peine obtenu son pardon qu'il dirigeait de nouvelles tentatives contre Pierre d'Aragon et retrouvait un nouveau vainqueur et une autre prison. Libre encore, il employait les dernières années de sa vie à guerroyer contre Gaston VII, ait sujet de la vicomté de Béarn. L'inconstance de ce caractère, l'ardeur de ce tempérament et la confusion dans laquelle se trouvaient les affaires dit comté durent influer sur la position des seigneurs qui régnèrent ensuite.

Gaston Ier hérite de la querelle avec les Armagnacs, et y consume une partie de son existence ; l'accord ne se rétablit que sous Gaston II, véritable paladin, qui met son épée au service des Navarrais contre les Castillans, assiste ensuite Alphonse XI assiégé par les Maures dans Algésiras, et meurt à Séville en 1343, au milieu de ses glorieux exploits, et après avoir en outre largement payé sa dette dans la lutte de la France contre l'Angleterre. Il laissait une veuve, Éléonore de Comminges, femme d'un mérite éminent, et un fils âgé de douze ans, ce Gaston III qui devint depuis si célèbre sous le nom de Gaston-Phoebus.

Ce jeune seigneur fit ses premières armes contre les Anglais pendant l'invasion de 1345, et le roi sembla dès lors attacher un grand prix à son amitié ; car, après avoir congédié ses gens d'armes, il nomma, lui et Bertrand de L'Isle-Jourdain, ses lieutenants spéciaux et généraux en Gascogne, Agenais, Bordelais et autres parties de la langue d'oc. Gaston se mit alors à visiter les châteaux et villes commis à sa garde, et l'on put admirer déjà la courtoisie et la magnificence du très haut, très noble et très puissant seigneur, qui passa bientôt pour le plus fastueux chevalier de son siècle.

Il épousa, en 1349, Agnès, fille de Jeanne de France et de Philippe III, roi de Navarre. Bientôt il quitte sa brillante cour d'Orthez et se lance dans cette série d'aventures qui, sous la plume de Froissart, ont fait de son histoire le roman le plus varié et le plus merveilleux : alliance avec Charles le Mauvais, qui lui vaut une courte captivité au Châtelet ; croisade contre les Prussiens avec les chevaliers de l'ordre Teutonique, en compagnie du captal de Buch ; délivrance des princesses de la famille royale, assiégées dans Meaux par les Jacques ; victoire de Launac contre les Armagnacs ; lutte et rivalité avec le duc d'Anjou, glorieusement terminée dans les plaines de Revel ; réconciliation avec ses anciens ennemis ; vieillesse honorée, bien remplie ; visite du roi Charles VI, qu'il reçoit, avec toute sa cour, dans son château de Mazères ; loisirs dignement occupés par la littérature et la chasse, telle est l'esquisse rapide de cette existence, véritable type de la chevalerie à cette époque.

En 1398, Matthieu, fils de Gaston-Phoebus, mourut sans enfants ; sa soeur et unique héritière, Isabelle de Foix, était mariée à Archambaud de Grailli, captal de Buch ; ce seigneur, en recueillant l'héritage de sa femme, changea son nom pour prendre le titre de comte de Foix. Cette maison ne régna que soixante-quatorze ans et avec trois comtes seulement ; le dernier d'entre eux, Gaston IV, ayant épousé Éléonore, fille de Jean II, roi de Navarre, laquelle succéda à son père, réunit son comté au royaume de sa femme.

De la famille royale de Navarre, le comté passa dans la maison d'Albret, en 1484, par le mariage de la reine Catherine avec Jean d'Albret ; et enfla dans la maison de Bourbon, par l'union de Jeanne d'Albret avec Antoine de Bourbon, père de Henri IV. C'est sous ce dernier prince que le comté fut réuni à la monarchie française ; encore l'ordonnance qui établit officiellement cette réunion n'a-t-elle été rendue que par Louis XIII, en 1620.

L'ardeur avec laquelle la maison d'Albret se jeta dans le parti de la Réforme peut donner une idée de la part que dut prendre le comté de Foix dans les discordes civiles du XVIe siècle. Sauf quelques tribulations à l'époque des derniers démêlés de la France avec l'Espagne, le pays fut tranquille jusqu'aux orages de la Révolution.

Au XIXe siècle, le pays a repris enfin possession de lui-même ; toutes les richesses enfouies dans ce sol peu connu et plus mal exploité encore voient enfin le jour ; l'agriculture fait chaque jour de nouveaux progrès dans les vallées et étend ses fécondes conquêtes sur les pentes des montagnes, les mines, si abondantes et si longtemps négligées, alimentent d'importantes usines ; la haute industrie se développe dans les villes que le commerce commence déjà à vivifier, et l'amélioration des routes, l'établissement de voies ferrées assurent et facilitent les communications entre des points qui restaient presque étrangers les uns aux autres.

Le Département des ARDENNES - 08

Publié à 15:32 par acoeuretacris
Le Département des ARDENNES - 08
(Région Champagne-Ardenne)

La forêt des Ardennes, qui a donné son nom à ce département et qui en occupait la plus grande partie, s'étendait, au temps de César, jusqu'aux bords du Rhin. C'était, dit-il, la plus grande de toute la Gaule. Au XVIe siècle, selon un géographe du temps, elle avait encore plus de cent lieues de longueur. Au sud, elle s'étendait jusque dans le voisinage de Lutèce par les forêts de Compiègne et de Senlis, qui en étaient des embranchements. « Pendant bien des siècles, dit M. de Courton, cette immense forêt, dont la sombre majesté frappait si vivement les imaginations au moyen âge, n'eut pas de rivale en France. »

Son souvenir se rattache à la plupart des aventures racontées par les poètes et les romanciers. La contrée sur laquelle elle s'étend était encore, au VIe siècle et même au VIIe, plongée dans les ténèbres du paganisme. Saint Hubert et sainte Bérégise avaient les premiers implanté la foi chrétienne dans ce pays. Saint Rémacle, évêque de Maëstricht, y avait plus tard retrouvé en pleine vigueur dans certains cantons toutes les croyances anciennes : culte des pierres, des arbres, des fontaines. « Saint Rémacle, saisi d'une douleur inexprimable, dit Hariger, son biographe, se hâta d'exorciser ces lieux infectés des erreurs de la gentilité, et il y fonda les deux abbayes de Stavelot et de Malmédy. Mais les dieux et les déesses païennes disparus, les fées, les sorciers et les magiciens vinrent aussitôt occuper la place. L'imagination populaire peupla d'êtres fantastiques cette impénétrable forêt d'Ardenne. Dans ses silencieuses profondeurs, les paysans croyaient entendre résonner parfois le cor d'un chasseur nocturne, de saint Hubert, qui continuait son ancien métier, et dont l'invisible épieu frappait à coup sûr les sangliers, les daims et les cerfs.

« On racontait, aux veillées des crédules habitants d'alentour, que, dans les clairières de la forêt, des esprits mystérieux venaient prendre leurs ébats au clair de lune au milieu des lions, des tigres et des léopards, bêtes inconnues dans nos climats, mais dont la férocité semblait s'accorder avec l'aspect sauvage de ces bois où régnaient les ténèbres et le silence. Dans le roman de Parthénopéus de Blois, l'Ardenne est représentée comme une forêt hideuse et enchantée, qui, dans sa plus grande étendue, n'avait jamais été foulée par les pieds de l'homme et dans laquelle les esgarés étaient exposés à être dévorés. Les tigres, les lions, les dragons, les léopards n'étaient pas les seuls hôtes effrayants dont on peuplât les solitudes de ce temps-là. Dans ces vastes solitudes, l'imagination poétique de nos ancêtres plaçait des personnages hideux et velus, espèces de sauvages préposés à la garde des châteaux mystérieux où habitaient lés. nécromanciens. »

La réputation fantastique de cette forêt est constatée par Pétrarque, qui, au XIVe siècle, la déclare « sombre et pleine d'horreur » et s'étonne de l'avoir pu traverser seul et en pleine guerre. Shakespeare y a placé plusieurs des scènes de sa comédie Comme il vous plaira, qui n'a rien de lugubre, il est vrai. Il paraît que de son temps la forêt des Ardennes commençait à acquérir une meilleure réputation. Ne la retrouvons-nous pas encore de nos jours, mystérieuse et terrible, dans cette chanson-légende qui berça notre enfance :

Tout au beau milieu des Ardennes
Est un château sur le haut d'un rocher,
Où fantômes sont par centaines,
...
Hélas ! ma bonne, hélas ! que j'ai grand'peur !!!

Si, laissant de côté la légende et la poésie, nous consultons l'histoire, nous là voyons, au temps des Césars, devenir le refuge des gens endettés et des fugitifs de toute sorte c'est Tacite qui nous l'apprend. Et, au XVe siècle, les sept forêts des Ardennes sont encore l'asile des bannis, des gens ruinés par la guerre, lesquels y mènent la vie des charbonniers et de temps en temps en sortent pour mendier on pour piller les villages voisins. Aujourd'hui encore, un quart environ du département est couvert de bois. « Tout ce pays est boisé, dit M. Michelet, comme pour marquer la défense et l'attaque aux approches de la Belgique, La grande forêt d'Ardenne, la profonde (ar duinn), s'étend de tous côtés, plus vaste qu'imposante. Vous rencontrez des villes, des bourgs, des pâturages; vous vous croyez sorti des bois, mais ce ne sont là que des clairières. Ces bois recommencent toujours; toujours les petits chênes, humble et monotone océan végétal dont vous apercevez de temps à autre, du sommet de quelque colline, les uniformes ondulations. La forêt était bien plus continue autrefois. »

On comprend qu'un tel pays fournisse plus d'éléments à la légende qu'à l'histoire; aussi trouvera-t-on ici à l'histoire des villes le récit des faits principaux qui se sont passés sur le territoire de ce département. Il y a plus : ce département ne s'est pas formé, comme beaucoup d'autres, d'une position détachée d'une grande province; une partie appartenait à la Champagne et a suivi les destinées de cette province; d'autres, plus petites, appartiennent au Hainaut à la Picardie; enfla le pays d'Ardenne proprement dit a une histoire à part, mais qui ne commence que dans les temps modernes à présenter quelque intérêt.

On trouve un comté d'Ardenne dans les premiers temps de notre histoire ; il faisait partie du royaume d'Austrasie. L'histoire du pays devient obscure ou se confond avec celle de la Champagne jusqu'au moment où le comté de Rethel et la principauté de Sedan commencent à jouer un rôle dans nos annales. Nous renvoyons le lecteur à l'histoire particulière de ces villes.

Mais, au commencement de la Révolution, le département des Ardennes devait jouer un rôle important dans la défense du pays. C'est sur une partie de son territoire que s'étend la forêt de l'Argonne, dont Dumouriez se hâta d'occuper les défilés. De Sedan, où était son état-major, il se rabattit sur cette forêt, que les Prussiens et les Autrichiens devaient nécessairement traverser pour marcher sur Paris. Cette forêt, par ses inégalités de terrain, le mélange des bois et des eaux, est tout à fait impénétrable à une armée, sauf par cinq défilés principaux, que le général français garnit de troupes. Lui-même, posté dans le plus important de ces passages, Grandpré, au sud du département, y attendu l'ennemi dans une position inexpugnable. « Grandpré et les Mettes, écrivait-il au pouvoir exécutif, sont les Thermopyles de la France; mais je serai plus heureux que Léonidas. »

Le 11 septembre 1792, il fut attaqué dans ses positions. Mais nos volontaires, remplis d'ardeur, sautèrent au-dessus des retranchements qui les protégeaient et, se précipitant sur l'ennemi, l'obligèrent à se retirer. Cependant la surprise d'un des passages de l'Argonne, celui de La Croix-aux-Bois par les Autrichiens et les émigrés, repris par les Français, qui tuèrent aux ennemis un de leurs généraux, le prince de Ligne, obligea Dumouriez à renoncer à la défense de l'Argonne; il fît donc retraite vers le sud, et à quelques jours, à quelques lieues de là, le 20 septembre 1792, Kellermann et lui livraient à l'ennemi le combat appelé la canonnade de Valmy qui arrêta l'invasion et força l'ennemi de se retirer. La nouvelle de ce premier succès arriva à Paris le 22 septembre, le jour même où la Convention nationale se réunissait et proclamait la République ; et elle fut peut-être pour quelque chose dans l'enthousiasme qui accueillit la nouvelle forme de gouvernement.

En 1815, le chef-lieu de ce patriotique département, qui avait fourni à la Révolution quelques-uns de ses plus vaillants défenseurs, Mézières, soutint après Waterloo un siège de quarante-deux jours et ne se rendit qu'aux généraux de Louis XVIII. Durant la guerre franco-allemande de 1870-1871, le département des Ardennes fut envahi et piétiné, pour ainsi dire, par les armées ennemies; la plupart des villes furent occupées par les Allemands, notamment les localités suivantes : Grandpré, Buzancy, Vouziers, Attigny, Le Chêne-Populeux, Nouart, Beaumont, Mouzon, Carignan, Rethel, Raucourt, Bazeilles, Sedan, Floing, Mézières, etc.

C'est sur le sol du département des Ardennes que se dénoua le terrible drame ; c'est à Sedan et dans les environs que fut livrée la suprême bataille, le 2 septembre 1870. C'est là que s'effondra le second Empire. Les pertes qu'il eut à subir se sont élevées à la somme énorme de 40 633 755 francs.

Département de l'ARDECHE - 07 -

Publié à 15:28 par acoeuretacris
Département de l'ARDECHE  - 07 -
(Région Rhône-Alpes)

Parmi les anciennes peuplades celtiques, celle des Helvii, ou Helviens, n'était ni la moins puissante ni la moins renommée. Au temps des Tarquins, ils portèrent, sous la conduite de Brennus, la terreur jusque dans Rome et finirent par s'en emparer. Plus tard, ils prirent part aux guerres des Allobroges et des Arvernes contre les Romains. On voyait encore au XIXe siècle à Désaignes les ruines d'un temple de Diane, qui paraît être un des deux temples élevés par Quintus Fabius Maximus en souvenir de sa victoire sur Bituitus, chef des Arvernes.

Cependant les Helviens ne furent assujettis à aucun tribut. Protégés par le Rhône et leurs montagnes, ils occupaient le territoire dont le département de l'Ardèche a été formé. Ils avaient pour cité Alba, aujourd'hui Aps ; mais, s'ils échappèrent au joug romain, ils ne surent pas se préserver des pièges de cette politique habile et prévoyante qui préludait à la conquête par des alliances, et, quand César parut dans les Gaules, il trouva dans les Helviens des auxiliaires.

C'est ainsi qu'ils s'unirent au conquérant marchant contre Vercingétorix. Ce fut à travers leur pays que le général romain conduisit son armée jusqu'aux frontières des Arvernes. Rome, pour prix de leur fidélité, leur accorda le droit latin. Compris sous Auguste dans la Gaule Narbonnaise, régis par des chefs qu'ils élisaient eux-mêmes, ils conservèrent leurs libertés et leurs lois. Alba, leur cité, joignit à son nom celui d'Augusta et devint une colonie florissante. Il y avait un temple de Jupiter et un collège de flamines. Une double vole romaine reliait l'Helvie au pays des Arvernes et à celui des Vellaviens. On en peut suivre encore les traces ; elle est comme dans le Vivarais sous le nom de chemin de César, la tradition voulant que ce soit par là que César ait passé pour pénétrer dans l'Arvernie.

Vers l'an 200, saint Janvier vint prêcher l'Évangile dans l'Helvie ; il y fonda l'église d'Alba Augusta ; mais cette ville ayant été plus tard détruite par les Vandales, Viviers devint le siège épiscopal et la capitale de l'Helvie, qui ne tarda pas à prendre le nom de Vivarais (Vivariensis pagus).

Après la conquête des Gaules par les Francs et les Burgondes, ce pays fit partie du royaume de Bourgogne ; mais il en fut détaché, en 924, pour passer le bas Vivarais, aux comtes de Toulouse, et le haut Vivarais aux comtes de Viennois et de Valentinois, Dans la -suite, à la faveur des guerres féodales, les évêques de Viviers, déjà riches et puissants, cherchèrent à s'en emparer. C'était le temps où, sous prétexte d'hérésie, l'Église déposait les princes et confisquait leurs biens à son profit. Raymond VI, comte de Toulouse, venait d'être excommunié et dépossédé par le pape Innocent III comme fauteur de l'hérésie albigeoise, et, dans le partage qui fut fait de ses États, l'évêque de Viviers, alors Bernon de Brabant, ne s'oublia point ; il s'adjugea par provision le pays de Largentière et les riches mines qui en dépendaient.

A la mort de Raymond VI, son fils et successeur Raymond VII essaya, mais en vain, de faire rentrer Largentière sous ses lois ; la spoliation était consommée (1215). Cependant, quoique souverain de fait du Vivarais, l'évêque de Viviers reconnaissait la suzeraineté des rois d'Arles et de la Bourgogne transjurane et des empereurs qui leur succédèrent. Prélat et prince de l'empire, il avait de grands privilèges ; mais les rois de France, jaloux d'étendre leur domination, travaillèrent à rendre ce pays dépendant de leur couronne. Philippe le Hardi, en 1271, réunit à son domaine le bas Vivarais. Philippe le Bel, en 1308, et plus tard Charles V achevèrent l'œuvre de leur prédécesseur, et tout le pays rentra sous l'administration d'un bailli royal du Vivarais et du Valentinois. A la vérité, les évêques de Viviers conservèrent le titre de comtes et de seigneurs de Viviers et de Largentière ; mais, au lieu de princes de l'empire, ils durent se résigner à n'être plus que princes de Donzère, un humble bourg qu'ils possédaient de l'autre côté du Rhône, dans le bas Dauphiné.

Cependant, à travers ses vicissitudes, le Vivarais avait su rester indépendant. Cet amour de la liberté, qui avait caractérisé leurs ancêtres et que Rome elle-même respecta, les montagnards helviens n'en avaient rien perdu durant les longues agitations qui suivirent la conquête, et le même esprit qui leur rit, sous les Romains, conserver leurs coutumes les porta sous le pouvoir royal à s'associer pour défendre leurs franchises.

De là l'origine des états particuliers du Vivarais, origine antérieure à l'établissement des états généraux du Languedoc. Deux ordres seulement les composaient, la noblesse et le tiers. L'évêque de Viviers y avait entrée comme baron, non en sa qualité d'évêque. Deux barons diocésains, ceux de Pradelles et de Lagorce, et les douze barons du Vivarais, ceux de Crussol, de Montlaur, de Lavoulte, de Tournon, de Largentière, de Boulogne, de Joyeuse, de Glialençon et La Tourrette, de Saint-Remèze, d'Annonay, d'Aubenas et de Vogué, y représentaient l'ordre de la noblesse ; treize consuls ou députés des villes et communautés composaient le tiers état. Les barons siégeaient alternativement et par tour aux états généraux du Languedoc ; mais ils n'assistaient pas toujours en personne aux états du Vivarais ; chacun d'eux y était représenté par un bailli.

Aucune preuve de noblesse n'était exigée ni pour les baillis ni pour les représentants. Ces états étaient présidés par le baron qui avait assisté dans l'année aux états généraux du Languedoc. Il n'y avait rien de fixe pour le lieu où devaient siéger les états ; le baron président ou son bailli subrogé les convoquait où bon lui semblait, et même dans sa propre maison. Comme seigneur de Viviers, l'évêque envoyait son bailli aux états. Celui-ci, qui était ordinairement un des vicaires généraux, y prenait rang et séance avant les baillis des barons. Le sénéchal du Vivarais ou son lieutenant et le premier consul de Viviers avaient entrée aux états en qualité de commissaires ordinaires. Telle était l'organisation des états du Vivarais, les seuls du royaume où l'ordre du clergé n'avait point de représentants.

A quelle époque eut lieu l'union de ces états à ceux du Languedoc ? C'est ce que rien ne nous apprend. Sans doute, le besoin de concerter des mesures générales pour arrêter les incursions des Anglais ou pour apaiser les troubles qui agitaient le pays dut contribuer à cette union, qui, d'abord accidentelle et dépendante de circonstances majeures, ne finit par s'opérer régulièrement que lorsque Charles VIII eut donné aux états généraux la forme stable qu'ils n'avaient pas avant son règne.

Après la bataille de Brignais (1361), si fatale aux maisons de Bourbon et du Forez, les tard-venus se ruèrent sur le Vivarais et le mirent à contribution. Ces bandits faisaient profession de tout piller et saccager dans les endroits où ils arrivaient, de violer femmes, filles et religieuses et de rançonner toutes sortes d'hommes, nobles et paysans. Ils n'étaient d'aucune religion ; mais ils assistaient les hérétiques pour avoir sujet de voler les clercs, les prêtres et les églises.

Plus tard, sous Charles VII, les routiers reparurent dans le Vivarais. Rodrigo de Villandras, un de leurs chefs, noble aragonais que Jean Ier, duc de Bourbon, avait jugé digne de devenir l'époux de l'une de ses bâtardes, s'était adjugé par droit de conquête, outre le Velay et le Gévaudan, le Vivarais et avait fait d'Annonay sa capitale et sa place d'armes. Heureusement, il n'y séjourna pas longtemps, et, le 24 mai 1430, le Vivarais vit s'éloigner pour toujours ces bandes de pillards.

A ces temps orageux succéda pour les habitants du Vivarais un siècle de tranquillité ; mais ils devaient l'expier chèrement. Naturellement portés à tendre la main à tout ce qui est proscrit ou qui leur rappelle leur antique liberté, ces fiers montagnards avaient pris parti pour les Albigeois. Après la sanglante expédition de Montfort, ils en sauvèrent plus d'un de la fureur des catholiques. Comment le cri du moine saxon n'eût-il pas eu de l'écho dans ce pays ? C'est en 1528 que la Réforme y fut prêchée pour la première fois à Annonay, d'où elle ne tarda pas à se répandre dans les autres villes du Vivarais. Désaignes, Privas, Le Pouzin, Andance, Le Cheylard, Viviers, Saint-Agrève, Vallon se prononcèrent pour la nouvelle doctrine. Partout les religionnaires, rappelant le zèle des premiers chrétiens contre les idoles, se jetaient sur les couvents ou sur les églises, renversant les croix et les autels, brisant les images et foulant aux pieds les vases sacrés. Ces excès en appelèrent d'autres, et les catholiques usèrent de représailles.

Alors commença, en 1560, cette guerre qui pendant cinquante-huit ans ensanglanta le Vivarais. Saint-Chamond, le terrible chef catholique, était seigneur d'Andance. Ses vassaux, las de ses vexations et de ses tyrannies, secouèrent le joug et se livrèrent aux protestants. Aussitôt Saint-Chamond, qui guerroyait dans le Forez, accourt et assiège la ville. Trop faibles pour résister, les habitants se rendent ; mais, pour les punir de leur félonie, Saint-Chamond les chasse de leur ville et les condamne à ne jamais plus y rentrer. Cela fait, il marche contre Annonay, s'en empare et y met tout à feu et à sang.

Tels furent les excès des catholiques dans ce pays, qu'au XVIIe siècle ils n'y avaient déjà plus l'avantage du nombre. Partout les protestants y dominaient. Privas, Le Pouzin et la plupart des autres villes résistaient encore. Chargé de faire rentrer le Vivarais dans le devoir, le due de Montmorency vint mettre le siège devant cette dernière ville (1628). Après une vive résistance, elle se soumit ; mais ses murs et son château furent rasés. Déjà Le Cheylard avait subi le même sort. Saint-Agrève n'était plus qu'un monceau de cendres. Annonay, deux fois pillée et saccagée, respirait à peine. Bientôt Privas assiégé par Louis XIII devint aussi la proie des flammes. Ses habitants furent dispersés, et pendant longtemps la main royale s'appesantit sur cette ville comme sur un lieu maudit.

Après la révocation de l'édit de Nantes, l'insurrection des camisards dans les Cévennes agita le haut Vivarais ; mais on y envoya des garnisaires pour empêcher le mouvement de se propager. C'est ainsi que ce malheureux pays, à peine remis de ses désastres pendant les guerres du XVIe siècle, eut encore à subir les dragonnades. Depuis la Révolution de 1789, nous n'avons plus rien à signaler d'important dans l'histoire du département de l'Ardèche ; ses laborieux habitants se sont appliqués à vaincre la nature de leur sol souvent ingrat, et ils ont trouvé dans l'agriculture, dans l'industrie et le commerce, une prospérité croissante et méritée.

QUESTIONS-REPONSES -"Pourquoi la neige est elle si blanche ?"

Publié à 12:00 par acoeuretacris
QUESTIONS-REPONSES -"Pourquoi la neige est elle si blanche ?"
Du fait de la réfraction de la lumière, phénomène par lequel les
ondes lumineuses sont déviées quand elles passe d'un milieu à un autre.

Or, la neige fraiche est constituée à 90% d'air et à 10% d'eau sous
forme de flocons, c'est à dire de fins cristaux de glace transparents.

Ainsi, quand la lumière entre dans la neige, elle subit une succession de
déviations chaque fois qu'elle pénètre dans un cristal de glace, qu'elle en
ressort, entre à nouveau dans un autre cristal, etc... jusqu'au moment
ou elle ressort à l'air libre.

Les cristaux étant très purs, il y a très peu d'absorption, et le neige
renvoie près de 90 % du spectre lumineux qui donne la lumière blanche.

Les infrarouges (invisibles) sont, eux en partie absorbés.

QUESTIONS - REPONSES - "Pourquoi les enfants ont-ils peur du loup ?"

Publié à 12:00 par acoeuretacris
QUESTIONS - REPONSES - "Pourquoi les enfants ont-ils peur du loup ?"
Parce qu'elle leur a été enseignée dès leur plus jeune age à
travers des histoires : Le Petit Chaperon rouge, la Chèvre de Monsieur Seguin,
les Trois Petits Cochons et des chansons comme Qui a peur du Grand Méchant Loup?

Selon les historiens, c'est au début du Moyen-Age que le loup devient
l'incarnation de la cruauté et des instincts sanguinaires.

De plus, les guerres, les épidémies, les famines, laissaient de nombreux cadavres
sans sépultures qui attiraient les loups.

L'Elise catholique en a profité pour l'assoicier au mal et au diable.

Puis des faits divers comme la bete du Gevaudan ont contribué à transmettre la peur du loup
jusqu'à nos jours.

bonne journée

Publié à 12:00 par acoeuretacris

merci de votre passage....

Publié à 12:00 par acoeuretacris

MYTHOLOGIE - Les Dieux (non olympiens) - Themis -

Publié à 12:00 par acoeuretacris
MYTHOLOGIE - Les Dieux (non olympiens) - Themis  -
Une des Titanides, fille d'Ouranos et de Gaïa, le Ciel et la Terre, mère des trois Destinées et des saisons.

Déesse de la Justice et de la Loi, Thémis assistait le dieu Zeus dans l'Olympe.

Elle est souvent représentée dans l'art ancien, tenant les plateaux d'une balance avec laquelle elle pèse les arguments des parties adverses.