Monde : Allemagne
Femmes allemandes portant des bébés dans un Lebensborn durant la Seconde Guerre mondiale© Keystone-France / Contributeur/Getty Images
Nazisme : comment ils ont formaté la jeunesse
Par Léo Pajon - Publié le 13/06/2016 à 12h00 - Mis à jour le 13/06/2016 Pour asseoir leur "Reich de mille ans", les nazis ont sélectionné et mis au pas des millions d’enfants. Un tri impitoyable pour ceux qui ne répondaient pas à leurs critères.
Mitraillette au poing, les soldats de la 86e division d’infanterie de l’armée américaine progressent dans les rues de Steinhöring, un gros bourg bavarois situé à une quarantaine de kilomètres à l’est de Munich. Ce 3 mai 1945, la présence de SS y a été signalée. Par petits commandos, les GI quadrillent le village, fouillent les habitations une à une. Un détachement d’une dizaine d’hommes pénètre dans une imposante bâtisse de trois étages, à la façade blanche et aux balcons abondamment fleuris. Les fantassins envahissent les couloirs. L’un d’eux pousse la porte d’une chambre… et se fige : la pièce est remplie de très jeunes enfants, abandonnés à eux-mêmes – certains sont nus. Tous semblent affamés et désorientés. Les GI ne sont pas au bout de leurs surprises. La vaste demeure rassemble plus de 300 bambins, des nouveau-nés, jusqu’à des garçons et des fillettes de 6 ans. Au milieu de ce chaos errent quelques mères hagardes, des femmes enceintes et une petite équipe d’infirmières. Les Américains ne le savent pas encore, mais ils viennent de pénétrer dans la première Lebensborn (littéralement «Source de vie») conçue par les SS. Dans ces pouponnières, imaginées par le Reichsführer Heinrich Himmler en 1936, étaient élevés des enfants de «type aryen», amenés à constituer l’élite du futur empire nazi.
Au XIXe siècle, les cadres politiques prussiens faisaient déjà des jeunes une priorité, comme le rappelle l’historien Gilbert Krebs dans son ouvrage Etat et société sous le IIIe Reich (éd. Presses Sorbonne Nouvelle). Ministres et responsables politiques de l’époque répétaient en substance ce slogan : «Qui tient la jeunesse maîtrise l’avenir. » La vision des nazis est beaucoup plus radicale. Il ne s’agit pas uniquement de former les petites têtes blondes pour assurer le développement du pays. Ils veulent aussi sélectionner des enfants de «race pure» qui deviendront plus tard les cadres dirigeants du Reich ou ses loyaux serviteurs.
Hitler veut une jeunesse allemande «dure comme l’acier»
Ce projet apparaît dans les écrits d’Adolf Hitler. Dans Mein Kampf, rédigé vers 1924, le leader nationaliste souhaite que le régime totalitaire qu’il appelle de ses vœux intervienne sur les natalités en opérant un tri parmi les géniteurs. Cet Etat raciste, écrit le futur Führer, «devra prendre soin que seul l’individu sain procrée des enfants.» Pour lui, une personne handicapée n’a pas de valeur sociale et doit donc s’abstenir d’avoir une descendance. Dans son Zweites Buch (Deuxième livre), écrit en 1928 mais non publié de son vivant, Hitler est encore plus précis. Il y célèbre la cité guerrière grecque de Sparte, où les bébés difformes, malades ou de mauvaise constitution étaient jetés dans un ravin. Cette pratique, estime-t-il, est «beaucoup plus décente et mille fois plus humaine que de préserver, comme nous le faisons aujourd’hui, des sujets pathologiques.»
Le leader nazi pose aussi les bases – rudimentaires – de ce que serait l’éducation idéale sous sa dictature. Il préconise de se débarrasser d’un système hérité des Lumières, qui met au cœur de l’enseignement des valeurs intellectuelles et humanistes, et qui fait de l’enfance une période protégée. Il insiste sur la nécessité de consacrer plus de temps au sport : «Il ne devrait pas se passer de jour où le jeune homme ne se livre, au moins une heure matin et soir, à des exercices physiques.» La préférence d’Hitler va à la boxe qui, selon lui, «exige des décisions rapides comme l’éclair et donne au corps la souplesse et la trempe de l’acier.» Les sports de combat ont aussi l’avantage de donner aux jeunes Allemands une inébranlable confiance en eux-mêmes. Car le système d’éducation et de culture, selon Hitler, doit les convaincre qu’ils sont supérieurs aux autres peuples. Les enfants et les adolescents ont un autre intérêt aux yeux des nazis. Ils composent une masse manipulable, prompte à s’enflammer pour les idéaux radicaux. Ils sont aussi plus facilement mobilisables que leurs parents pour renverser l’ordre existant.
Ce projet dément et meurtrier de sélection et d’endoctrinement des plus jeunes va être mis en pratique quelques mois après l’arrivée au pouvoir des nazis. Le 14 juillet 1933, une loi entérine le programme eugéniste du nouveau gouvernement pour favoriser la naissance d’enfants au sang «pur». «La jeunesse allemande doit être rapide comme un lévrier, solide comme du cuir et dure comme de l’acier», annonce Hitler dans un discours la même année. Les nazis stérilisent massivement des patients atteints de maladies héréditaires ou congénitales. Une étude menée par l’historienne allemande Gisela Bock évoque quelque 400 000 stérilisations en Allemagne et dans ses territoires annexés entre 1934 et 1945.
C’est aussi dans ce cadre qu’apparaissent les Lebensborn. Le journaliste d’investigation Boris Thiolay a consacré un ouvrage au sujet (Lebensborn : la fabrique des enfants parfaits, éditions Flammarion), dans lequel il retrace le destin d’enfants nés dans des institutions belge et française. Car les Lebensborn ont essaimé en Europe. Dix établissements sont créés en Allemagne et neuf en Norvège, le berceau supposé de la «race nordique», présentant des cheveux blonds, yeux bleus, nez droit, crâne allongé (dolichocéphalie)… Trois sont également installés en Pologne, deux en Autriche, un au Danemark, un aux Pays-Bas, un en Belgique ou encore un au Luxembourg. C’est un manoir de l’Oise, à Lamorlay, en forêt de Chantilly, qui abrita l’unique Lebensborn créée par les nazis en France (le site existe toujours et est devenu un centre de la Croix-Rouge en 1980). «En incitant des êtres soi-disant supérieurs à procréer, explique Boris Thiolay, les nazis pensent fonder une Herrenrasse, une “race des seigneurs”, amenée à régner sur le monde dans un Reich, qui, pensent-ils, doit durer 1 000 ans.»
Des moyens importants sont investis dans cet abominable projet. Etablis dans de luxueuses bâtisses à la campagne, les Lebensborn ne manquent jamais de nourriture, même au plus fort de la guerre. Des patrouilles de SS les surveillent en permanence. Et les jeunes mères sont suivies par le meilleur personnel médical. Les parents candidats à l’inscription de leur future progéniture doivent passer devant des examinateurs qui s’assurent de la «pureté» de leurs origines et pratiquent sur eux des tests anthropométriques pour s’assurer qu’ils correspondent aux canons de beauté aryens.
Concrètement, les pères, en grande majorité des SS, sont invités à concevoir au moins quatre enfants avec leur épouse légitime. Ils ont aussi reçu l’ordre secret, émanant d’Himmler, de faire des enfants hors mariage avec d’autres femmes. «Les habitants voisins des Lebensborn voyaient défiler des berlines et en sortir des officiers avec des jeunes femmes, poursuit Boris Thiolay. Il y avait de quoi fantasmer ! La plupart des gens pensaient qu’il s’agissait de sortes de bordels pour les cadres du régime. Ce n’était évidemment pas du tout le cas.»
Quelque 20 000 enfants grandissent dans ces maternités haut de gamme. Les bébés qui ont le malheur de présenter un handicap subissent ce que les nazis appellent un «traitement spécial» : ils sont euthanasiés. Cette politique d’extermination ne concerne pas que les Lebensborn. Au total, de 1938 à la fin de la guerre, ce sont entre 5 000 et 8 000 nourrissons présentant des malformations qui sont envoyés dans des Kinderfachabteilung, des unités pédiatriques spéciales. Le personnel leur administre alors des médicaments toxiques à haute dose (phénobarbital, scopolamine…) ou les prive de nourriture pour leur ôter la vie.
Un autre volet de cette politique de sélection se met en place au début des années 1940. Sous la houlette d’Himmler, une nouvelle fois, des enfants correspondant aux critères raciaux nazis sont kidnappés dans les régions occupées de l’Est. En Russie, en Biélorussie, en Ukraine, en Tchécoslovaquie, en Yougoslavie, et surtout en Pologne, des centaines de milliers de jeunes, principalement âgés de 2 à 6 ans, mais aussi jusqu’à des adolescents de 16 ans, sont généralement d’abord repérés par des infirmières dévouées au régime. Accompagnées de SS, elles arrachent les enfants à leurs familles puis les conduisent en Autriche ou en Allemagne. Là, les plus «purs» sont adoptés, les autres envoyés au front ou contraints au travail forcé. On estime aujourd’hui qu’en ce qui concerne la Pologne, où plus de 200 000 jeunes ont été raflés, moins de 15 % ont retrouvé leurs véritables parents à la fin de la guerre.
95 % des adolescents passent par les Jeunesses hitlériennes
Les enfants qui échappent à la machine à trier meurtrière des nazis sont ensuite encadrés pour devenir de dévoués serviteurs du Reich. Comme le note l’historien Gilbert Krebs, l’endoctrinement supplante l’enseignement de l’école, le catéchisme des Eglises et l’éducation des parents. Ses principes rigoureux sont anti-intellectuels et donnent la priorité au développement des capacités physiques. Ils prônent la foi dans le Führer et placent les intérêts de la communauté au-dessus de celle de l’individu.
L’embrigadement des jeunes couvre toute l’enfance et l’adolescence. Il a pour but de former de bonnes mères de famille et des troupes serviles. Les fillettes, à partir de 6 ans et jusqu’à 10 ans, peuvent adhérer aux Küken («Poussins»). Entre 10 et 18 ans, elles s’inscrivent dans deux autres organisations, le Jungmädelbund (Ligue des jeunes filles) puis le Bund Deutscher Mädel (Ligue des jeunes Allemandes). En ce qui concerne les garçons, ils entrent dans les Hitlerjugend (Jeunesses hitlériennes) dès l’âge de 10 ans pour une durée de huit ans. «Ensuite, nous ne les rendons surtout pas à leurs géniteurs, explique Hitler lors d’un discours devant les dignitaires nazis, en 1938. Nous les faisons entrer dans le Parti, le Front du Travail, la SA ou la SS.» Ce traitement doit transformer les jeunes en nationaux-socialistes convaincus. Pour ceux qui conserveraient en eux des «traces de conscience de classe ou de morgue sociale», Hitler prévoit que «la Wehrmacht se chargera pendant deux ans de les en guérir. Ils ne retrouveront plus la liberté de toute leur vie».
Alors qu’elles comptaient 100 000 membres en 1932, les Jeunesses hitlériennes rassemblent 8,7 millions d’adolescents et de jeunes adultes au début de 1939, soit près de 95 % des garçons allemands. En uniformes – chemises brunes, culottes noires –, les Hitlerjugend apprennent la discipline, font beaucoup de sport et subissent l’endoctrinement de leurs moniteurs. L’hygiène corporelle et le sens du sacrifice occupent une place prépondérante dans cette idéologie. Le premier des «dix commandements de la santé» qu’ils doivent respecter est rédigé ainsi : «Ton corps appartient à la nation, ton devoir est de veiller sur toi-même.» Défilés au pas, parfois avec des armes, pratique du vol en planeur, de la motocyclette, du tir... Aucun des ces jeunes ne se rendit compte que tout cela était une préparation à la vie militaire.
Au cours de la guerre, les jeunes sont chargés de missions de plus en plus nombreuses et dangereuses. D’abord limitée à la propagande, l’aide aux moissons ou à des collectes diverses (argent, vêtements…), leur action s’étend bientôt à l’encadrement des plus petits envoyés à la campagne pour les protéger des bombardements, l’aide à la défense passive ou à la défense anti-aérienne. A partir de 1944, ils participent au Volkssturm («Tempête du peuple»), les milices populaires qui aident la Wehrmacht à défendre le Reich. Ces nouvelles recrues fanatisées ont un impact faible sur l’issue des combats, mais surprennent par leur folle témérité. Près de 4 500 Hitlerjugend (sur les 5 000 jeunes défenseurs engagés) perdent la vie en tentant de repousser l’attaque des Alliés à l’ouest de Berlin. Leur sacrifice ne fait que retarder l’inévitable encerclement de la ville.
Fascinés, embrigadés, sacrifiés, les enfants allemands disparaissent par milliers lors de la Seconde Guerre mondiale. Certains périssent dans les décombres des villes bombardées, d’autre meurent de froid et de faim lors de leur fuite sur les routes de l’exode. Les survivants perdent parfois leur maison, des membres de leur famille… Ceux que Hitler, dans sa folie, imaginait dominer le monde finirent souvent traumatisés, incapables même de témoigner de l’expérience terrible qu’ils avaient vécue.
Bordels militaires allemands durant la Seconde Guerre mondiale
Les bordels militaires allemands ont été mis en place par le Troisième Reich durant la Seconde Guerre mondiale, dans une grande partie de l'Europe occupée, pour l'usage de la Wehrmacht et des SS.
Ces lieux sont généralement nouvellement créés, mais à l'ouest, ils ont parfois été mis en place dans des bordels existants. Jusqu'en 1942, il existait environ 500 bordels militaires de ce genre dans l'Europe occupée par les nazis. Souvent en place dans les hôtels confisqués et gardés par la Wehrmacht, ces installations sont utilisées par les soldats en déplacement et ceux retirés du front On estime qu'avec les bordels des camps de concentration, au moins 34 140 femmes européennes ont été contraintes à se prostituer pendant l'occupation allemande. Dans de nombreux cas et en Europe orientale, les femmes concernées étaient enlevées dans les rues de villes occupées à l'occasion de rafles par les militaires allemands et la police
Europe de l'Est
Le ministère des Affaires étrangères du gouvernement polonais en exil publie le 3 mai 1941, un document décrivant les raids d'enlèvements de masse, organisés dans les villes polonaises dans le but de capturer les jeunes femmes et les soumettre à l'esclavage sexuel dans les bordels fréquentés par les soldats et officiers allemands. Dans un même temps, les jeunes filles polonaises, dès l'âge de 15 ans, sont considérées comme aptes pour le travail forcé et expédiées en Allemagne, pour y être exploitées sexuellement par les soldats allemands, en général sur leur lieu de destination. Franz Mawick, le chauffeur suisse pour les missions de la Croix-Rouge, écrit, de Varsovie en 1942, au sujet de ce dont il est le témoin :
« Des allemands en uniformes [...] regardent fixement les femmes et les filles âgées de 15 à 25 ans. L'un des soldats sort une lampe de poche et éclaire l'une des femmes, droit dans les yeux. Les deux femmes tournent leurs visages pâles vers nous, exprimant la lassitude et la résignation. La première doit avoir 30 ans environ. Que cherche cette vieille pute ici ? L'un des trois soldats rit. Du pain, monsieur demande la femme [...] Tu auras un coup de pied dans le cul mais pas du pain. lui répond le soldat. Le possesseur de la lampe-torche dirige à nouveau la lumière sur les visages et les corps des jeunes filles [...] La plus jeune est peut-être âgée de 15 ans [...]. Ils ouvrent son manteau et commencent à la peloter avec leurs pattes avides : celle-ci est idéale pour le lit dit-il. »
En URSS, les femmes sont également enlevées par les forces allemandes aux fins de prostitution. Un rapport du Tribunal militaire international écrit : « Dans la ville de Smolensk, le commandement allemand a ouvert un bordel pour les officiers dans l'un des hôtels où des centaines de femmes et de filles sont conduites. Elles sont impitoyablement traînées dans la rue par les bras et les cheveux. »
Les tentatives d'évasion
Les femmes soumises à l'esclavage sexuel par les autorités allemandes ont parfois tenté de s'échapper. Il existe au moins une tentative d'évasion de masse connue : il s'agit de Polonaises et de Russes parties d'un bordel militaire allemand situé en Norvège. Après leur fuite, les femmes ont demandé l'asile à l'Église luthérienne locale.
La prostitution forcée
Un rapport de 1977 affirme que les femmes qui se prostituaient déjà avant la guerre étaient inscrites dans les bordels militaires7,8. Ruth Seifert, professeur de sociologie à l'Université des Sciences Appliquées de Ratisbonne, soutient que les femmes étaient forcées de travailler dans ces bordels, comme cela a été montré lors du procès des grands criminels de guerre devant le Tribunal militaire international de Nuremberg en 1946.
Les bordels nazis dans la France occupée
Soldats allemands entrant dans un Soldatenbordell à Brest (France) (1940). Le bâtiment est une ancienne synagogue.
Selon Inse Meinen, la Wehrmacht a établi un système complètement bureaucratique de près de 100 nouveaux bordels, bien avant 1942, basé sur un système de contrôles existant par le gouvernement. Les soldats reçoivent des cartes de visite officielles délivrées par l'Oberkommando des Heeres : il leur était interdit d'avoir des relations sexuelles avec d'autres Françaises. En septembre 1941, le général Walther von Brauchitsch suggère qu'une visite hebdomadaire pour tous les jeunes soldats est considérée comme obligatoire pour éviter les « abus sexuels » entre eux. Les travailleuses du sexe avaient un examen médical planifié pour ralentir la propagation des maladies vénériennes.
La réglementation de la vie sexuelle des soldats est publiée le 29 juillet 1940. À partir de cette date, la prostitution libre est interdite et réprimée par la police. Comme auparavant, les prostituées sont payées symboliquement.
Devant la prospérité des bordels, le gouvernement promulgue, le 31 décembre 1941, une loi de finances assimilant les maisons closes aux spectacles de troisième catégorie (avec les courses d'animaux, les courses pédestres ou nautiques, les courses cyclistes, les matchs de boxe et d'escrime, les bals, la pelote basque et les séances de prestidigitation). Les propriétaires de bordels, qui sont redevables au fisc de 8 à 18 % de leurs profits (selon les tranches) acceptent de bonne grâce de payer cet impôt spécial car ils y voient une reconnaissance officielle de leur profession par le régime de Vichy. Cette reconnaissance est confirmée le 11 avril 1942 lorsque les « maîtres et maîtresses d'hôtels meublés de la France et des colonies » sont admis dans le comité interprofessionnel de l'industrie hôtelière : les patrons de maisons closes sont désormais des honnêtes commerçants
Bordels des camps allemands pendant la Seconde Guerre mondiale
Durant la Seconde Guerre mondiale, l'Allemagne nazie crée des bordels dans les camps de concentration (en allemand : Lagerbordell) pour inciter les prisonniers à collaborer. Mais ces établissements sont utilisés principalement par des kapos, c'est-à-dire des prisonniers, généralement de droit commun, utilisés dans l'encadrement des autres prisonniers. Les détenus ordinaires, sans le sou et émaciés, sont généralement trop affaiblis et se méfient de l'attention du régime SS. Finalement, les bordels des camps n'augmentent pas notablement les niveaux de productivité de travail des prisonniers, mais créent à la place un marché pour les coupons de paiement parmi les personnalités du camp. Les femmes contraintes à se prostituer dans ces bordels viennent principalement du camp de concentration de Ravensbrück, sauf pour Auschwitz, qui emploie ses propres prisonnières. Le nombre de femmes détenues forcées de se prostituer dans l'ensemble des bordels militaires allemands durant la Seconde Guerre mondiale, est estimé à au moins 34 140
Histoire et fonctionnement
Le premier bordel de camp est créé à Mauthausen-Gusen en 1942. Après le 30 juin 1943, un bordel existe aussi à Auschwitz et à partir du 15 juillet 1943 à Buchenwald. Celui de Neuengamme est établi au début de 1944, Dachau, en mai 1944, Dora-Mittelbau à la fin de l'été 1944 et Oranienburg-Sachsenhausen, le 8 août 1944. Les dates sont contradictoires pour ce qui concerne le bordel du camp de Flossenbürg : une source affirme l'été 1943 tandis qu'une autre indique qu'il n'a pas été ouvert avant le 25 mars 1944.
Les bordels sont habituellement des baraques entourées de fils barbelés avec de petites chambres individuelles prévues pour 20 prisonnières, contrôlées par une surveillante (en allemand : Aufseherin). Les prostituées sont remplacées fréquemment, en raison de leur épuisement et des maladies puis elles sont généralement envoyées vers la mort plus tard. Les maisons closes sont ouvertes uniquement le soir. Les prisonniers mâles juifs ne peuvent être clients. Ceux qui peuvent être clients, les VIP aryens uniquement, doivent pointer pour une journée spécifique et payer deux Reichsmark pour 20 minutes de prestation, selon un calendrier prédéterminé. Les femmes sont attribuées aux clients par un SS masculin. Le marché des coupons-prix est systématiquement accaparé par les criminels de droit commun qui portent des triangles verts (d'où l’appellation hommes verts). Une photo, d'authenticité toutefois controversée, a été utilisée comme preuve que, dans quelques-unes des maisons closes, des femmes ont été tatouées sur la poitrine avec l'inscription Feld-Hure (en français : Putain de campagne). Certaines d'entre elles subissent des stérilisations forcées ainsi que des avortements forcés, entraînant souvent leur mort.
Le sujet de la prostitution dans les camps est abordé dans les mémoires de survivants, et ce, dès la fin de la guerre. En effet, Eugen Kogon, survivant du camp de Buchenwald, a publié un ouvrage en 1947 où le sujet des bordels concentrationnaires est abordé. Odd Nansen a publié son expérience à Sachsenhausen en 1949. Ensuite, il fallut attendre jusqu'en 1972, lorsque la première édition du livre de Heinz Heger est publiée, afin d'avoir d'autres publications sur ce thème. Cependant, le sujet reste largement tabou dans les études sur le nazisme jusqu'au milieu des années 1990, lorsque les nouvelles publications de chercheuses brisent le silence. Ce silence historiographique s'explique de différentes façons et certains historiens, dont Robert Sommer et Christl Wickert traitent du sujet.
Parfois, les SS incitent les femmes à se prostituer en leur promettant un meilleur traitement ou la réduction de leur peine. Cela provoque la colère ou la jalousie chez certaines détenues. Nina Michailovna, une prisonnière russe, a déclaré : « Quand nous avons découvert qu'une fille de notre bloc a été choisie, nous l'avons attrapée et lui avons jeté une couverture sur elle et battue si fort qu'elle pouvait à peine bouger. Il n'était pas certain qu'elle se rétablirait. Elles voulaient juste avoir une vie meilleure et nous les punissions de cette façon ».
Il ne semble pas que des Juives aient été employées comme prostituées dans les camps
Les prisonniers homosexuels et les bordels de camps
En complément à l'utilisation des bordels de camps comme un moyen de contrôle des détenus, afin d'encourager la collaboration et prévenir les émeutes et les évasions, Heinrich Himmler les destine à être utilisés comme un moyen d'enseigner aux prisonniers au triangle rose « les joies du sexe opposé », c'est-à-dire, comme thérapie de conversion à leur homosexualité. Heger affirme que Himmler a ordonné que tous les prisonniers homosexuels fassent des visites obligatoires aux bordels des camps, une fois par semaine, comme un moyen de les guérir de leur attirance pour le même sexe.
Bunker beneath Spindler-Villa, Essen
Publié à 23:27 par dessinsagogo55
Bunker beneath Spindler-Villa, Essen
Bunker beneath Spindler-Villa, Essen
Quiconque cherche une nouvelle maison inhabituelle pourrait trouver ce qu'il cherche à An der Meisenburg à Schuir. Il y a l'ancienne Spindler Villa qui, en plus de 1200 mètres carrés de surface habitable, offre l'un des plus grands sous-sols privés de la ville: une immense voûte de bunker de la Seconde Guerre mondiale.
Histoire
En 1817, le baron allemand Karl Drais von Sauerbronn invente sa Laufmaschine ou « machine à courir » qui est présentée à Paris le 5 avril 1818 (Brevet d'importation français déposé par Louis-Joseph Dineur au nom du Baron Drais le 17 février 1818 : sous l'appellation d'une « Machine dite vélocipède. »).
La draisienne (version 1817) possède deux roues alignées, reliées à un cadre en bois par des fourches, la roue avant pouvant pivoter latéralement, et elle est équipée d'un rudimentaire frein à sabot sur la roue arrière. Cet engin connait un certain succès, en particulier en France puis au Royaume-Uni. Dans ce pays, il sera nommé « hobby-horse ».
La première conception visuelle attestée d'un deux-roues de type bicyclette est due à Alexandre Mercier. Elle figure dans son brevet du 8 mai 1843. Le pédalage est alternatif, à l'instar des Lévoyclettes Terrot des années 1910. C'est également le premier exemple probant d'équilibre soutenu sur deux roues, alors que sur la draisienne, l'équilibre n'est que passager. Dans son brevet, Mercier dit avoir essayé sa machine avec succès à Amiens, mais ce n'est pas prouvé.
Si la draisienne fait partie de la préhistoire de la bicyclette, la véritable histoire commence en France avec les vélocipèdes à pédales pendant les années 1860. C'est vers 1867 que sont commercialisés les premiers vélocipèdes à pédales des maisons Sargent, Michaux, Vincent, etc., avec un vrai succès populaire au rendez-vous. Pierre Michaux, serrurier parisien en voiture à façon, aurait inventé le vélocipède à pédales en 1855. La date précise de l'invention et l'identité de l'inventeur sont toutefois très discutées. En 1893, lors d'une controverse avec les frères André et Aimé Olivier, anciens associés qui ont toujours nié le rôle de Michaux dans l'invention, Henry Michaux, fils de Pierre Michaux, avoue que ce serait son frère Ernest qui aurait eu l'idée des pédales, et que l'invention daterait en fait de 1861. Cette date est toutefois mise en doute par certains historiens, qui donnent 1864 comme date plus plausible, et émettent également des doutes sur la paternité de l'invention de la famille Michaux5. Il est vrai que nous n'avons aucune preuve à ce jour. Parallèlement, un autre Français, Pierre Lallement, revendique avoir inventé et expérimenté un système à pédales dès 1862, et obtient en 1866 un brevet américain pour une machine qu'il appelle « bicycle ». Une dizaine d'autres inventeurs revendiquent cette invention. Le plus plausible aujourd’hui, bien que sans preuve également, est Georges Radisson.
Pierre Michaux ne dépose qu'en 1868 un brevet pour son invention, qu'il appelle « pédivelle » (brevet français no 80637 déposé le 24 avril 1868 : « Perfectionnement dans la construction des vélocipèdes. »), auquel il ajoute également un frein. À partir de l'automne 1867, le vélocipède a énormément de succès en France, et les premières courses de vélocipèdes, les clubs et les journaux apparaissent.
Pierre Lallement émigre en 1865 aux États-Unis sans avoir pu trouver de soutien financier à Paris pour sa machine, et obtient le premier brevet au monde sur le vélocipède à pédales en novembre 1866. Il réussit à vendre son brevet à un New-yorkais, Calvin Witty, qui sera le premier à fabriquer des deux-roues aux États-Unis (un seul de ces vélocipèdes semble avoir survécu) et retourne en France en 1868. À la fin de cette année, Witti vendant sa licence à d'autres constructeurs, le succès se produit également aux États-Unis. Quelques-uns surnommèrent la machine boneshaker (« secoueuse d'os »), en raison de la conception des roues, en bois cerclées de fer. Les premières garnitures de roues en caoutchouc dur apparaissent en 1869 et améliorent sensiblement le confort de l'engin.
Après la guerre de 1870, le perfectionnement des vélocipèdes se poursuit surtout en Angleterre. La roue avant se fait plus grande tandis que la roue arrière diminue de taille. Le premier grand-bi, appelé Ordinary, apparait en 1872. Ce genre de bicyclette connait un succès foudroyant auprès de la bourgeoisie qui seule avait les moyens de se l'offrir. En Angleterre, il est surnommé penny farthing (d'après la taille respective de ces deux pièces de monnaie, par analogie avec les roues). En France, il est utilisé de manière ostentatoire par les bourgeois (exemple : culture du plaisir et de l'élégance dans le bois de Boulogne).
Le premier brevet de bicyclette a été déposé en 1871 par Viarengo de Forville, un Italien résidant en France. Dans son brevet français du 30 septembre 1871 sont jointes des photos représentant une bicyclette d'homme et une de femme.
En 1884, John Kemp Starley de la société The Coventry Sewing Machine Company (« société des machines à coudre de Coventry »), qui deviendra Rover, invente la « bicyclette de sécurité » avec des roues de taille raisonnable et un entraînement par chaîne. Le cycliste y est installé à l'arrière, ce qui rend presque impossible la chute de type « soleil » où le cycliste est catapulté par-dessus la roue avant.
En 1886, Peugeot commercialise ses premières bicyclettes. En 1885, le Bordelais Juzan en construit quelques-unes également, au look plus moderne que les anglaises.
Un engrenage plus grand à l'avant (le plateau) qu'à l'arrière (le pignon) fait tourner la roue arrière plus vite que les pédales ne tournent, ce qui permet à ce type d'engin d'aller vite même sans une roue géante.
En 1888, John Boyd Dunlop invente le pneumatique (brevet français n° 193 281 déposé par John Boyd Dunlop le 1er octobre 1888 : « Garniture de jante applicable aux roues de véhicules. ») qui contribue à améliorer encore le confort du cycliste. Édouard Michelin perfectionne cette invention en déposant en 1891 un brevet de « pneu démontable », la chambre à air.
Les bicyclettes de sécurité de 1890 ressemblent déjà beaucoup aux bicyclettes actuelles. Elles ont des pneumatiques de taille comparable à celle d'un vélo moderne, des roues à rayons, un cadre en tubes d'acier et une transmission par chaîne. La seule chose qui leur manque est le changement de vitesses.
Dans les années 1890, ce nouveau modèle de bicyclette élargit la cible des utilisateurs potentiels. De plus, en lien avec la seconde révolution industrielle, les bicyclettes deviennent un produit industriel (en France, les grandes marques sont alors Peugeot, Manufrance, Mercier), réduisant leur prix à un point qui les rend abordables aux ouvriers. Cela conduit à une « folie de la bicyclette », qui est à l'origine d'une évolution sociale importante (passage du vélo loisir au vélo utilitaire).
Dès cette période, la bicyclette s'impose comme un moyen de découvrir le monde. Alors que se développe la mode des tours du monde, le premier tour à vélo se déroule entre 1891 et 1894. La première femme à avoir réalisé cet exploit en solitaire est Annie Cohen Kopchovsky, dite Annie Londonderry, sur un modèle masculin de bicyclette de marque Sterling, en quinze mois.
À ce sujet, le développement de la bicyclette a permis le progrès de l'émancipation des femmes, même si l'accès au vélo pour ces dernières a été semé d'embûches. La féministe Susan B. Anthony a ainsi déclaré en 1896 que l'engin avait accompli davantage pour cette libération que quoi que ce soit d'autre au monde. Malgré le tour du monde à vélo d'Annie Londonderry en 1895, certains médecins et moralistes persistaient à affirmer que la bicyclette présenterait une menace pour la santé physique et mentale des femmes. De plus, elle encouragerait au dévergondage et à l'exhibitionnisme. On pensait par exemple que chevaucher une selle et se mettre en mouvement dans cette position pouvait conduire les femmes à développer des pratiques masturbatoires, absolument immorales à l'époque. De fait, les vêtements féminins du XIXe siècle n'étaient absolument pas adaptés à la pratique sportive, le port du pantalon étant réservé aux hommes. Les femmes se sont alors battues pour porter le bloomer, sorte de short féminin, afin de pouvoir pratiquer la bicyclette. Dès 1868, certaines compétitions ont néanmoins été ouvertes aux femmes. De façon prémonitoire, Jacques Mauprat déclare dans Le Progrès du 21 avril 1895 : « Oui, la faible femme a fait ses preuves sur la bicyclette. Elle est arrivée à des performances très satisfaisantes ; et cela non seulement sans préjudice pour sa santé […]. Cette introduction de la femme dans le monde du sport est une révélation pour elle et sera presque la source d'une révolution dans les mœurs de la société, en commençant par le costume et en finissant par la régénération de bien des qualités perdues par l'inactivité musculaire. »
Évolution de la bicyclette depuis la draisienne de 1818.
Draisienne à Paris en 1818 (gravure).
La draisienne modifiée (ca 1820), le premier « deux-roues ».
Bicyclette de Lawson en 1879.
Grand-bis et tricycle, aquarelle vers 1887, États-Unis.
Exposition de cycles au Crystal Palace en février 1889.
Le troisième Salon du cycle de Paris, en décembre 1895 au Palais de l'Industrie.