Phénomènes inexpliqués - Le bataillon de Norfolk

Publié à 18:30 par acoeuretacris Tags : phénomène inexpliqué bataillon norfolk
Phénomènes inexpliqués - Le bataillon de Norfolk
 
Mystérieuse disparition : Le bataillon de Norfolk 
 
 
L’un des cas les plus mystérieux de disparition s’est produit au cours de la Première Guerre mondiale. Cette énigme est d’autant plus étrange qu’elle concerne un bataillon entier de soldats.
En effet, le bataillon du Royal Norfolk Regiment s’est évanouit en pleine campagne des Dardanelles en août 1915.
 
 

Dans son livre Disparitions mystérieuses paru en 1973, Patrice Gaston cite d’autres cas de groupes de militaires qui, apparemment, se sont évanouis en pleine guerre sans laisser la moindre trace. 
 
 
La disparition des Norfolk 
 
Entre mars et décembre 1915, l’Angleterre et la France tentent de se rendre maîtresse des Dardanelles, point stratégique contrôlant les communications entre la Méditerranée et les ports russes de la mer Noire.
Mais les armées de l’Empire ottoman, commandées par les Allemands, tiennent le corps expéditionnaire occidental en échec.
 

Les pertes sont si importantes (46 000 morts) que les Alliés abandonnent finalement la partie en décembre 1915. 
 
 
 
 
1915. Gallipoli. Photo d'archives 
 
 
L’histoire de la disparition des Norfolk est connue par le récit des soldats du Commonwealth qui ont assisté à l’évènement. 

Le 21 août 1915, au cours de l’attaque de la presqu’île de Gallipoli, 22 soldats néo-zélandais d’une compagnie du génie voient le 4e régiment de Norfolk, qui compte 267 hommes, se porter au secours du corps d’armée ANZAC (Australia and New Zealand Army Corps) en train d’attaquer la cote 60, au sud de la baie de Suyla. 
 
 
 
 
1915. Gallipoli. Photo d'archives 
 
 
Alors qu’ils se trouvent dans le lit d’un cours d’eau asséché, les soldats du Norfolk entrent dans un étrange nuage. 

Au moment où tous les hommes ont disparu derrière le rideau de brume, le nuage s’élève doucement puis s’éloigne dans le ciel, contre le vent, et échappe bientôt aux regards des observateurs. 

Plus un seul soldat n’est alors visible dans la petite vallée, et la Turquie affirme n’avoir jamais capturé aucun soldat du régiment concerné. 
 
Analyse du témoignage 
 
Ce récit repose sur un témoignage fait 50 ans après les faits. Rédigé lors d’une rencontre commémorative des ANZAC par trois des soldats néo-zélandais, ce témoignage se présente sous forme d’un appel à déposer, destiné aux éventuelles personnes encore vivantes qui auraient assisté au phénomène. 
Cependant, le témoignage comporte plusieurs contradictions. 
 
Ainsi, le 4e Norfolk évoqué par les témoins n’est pas un régiment mais un bataillon. Celui-ci a d’ailleurs terminé la campagne des Dardanelles. 

En revanche, c’est le 5e Norfolk, autre bataillon du même régiment, qui a été effectivement porté disparu au cours d’une attaque. 

Cette dernière a eu lieu, non le 21 août comme le mentionne le document, mais le 12 d’après les archives militaires anglaises, et à 5 kilomètres de la position supposée des soldats néo-zélandais. 
 
Par contre, il existe un autre document qui évoque un épisode similaire et écrit peu après la campagne. Cette fois-ci, on ne peut y relever aucune contradiction. Ce témoignage très frais paraît nettement plus fiable. 
 
 
Rapport final de la commission des Dardanelles 
 
Le rapport effectué juste après la campagne « Final of the Dardanelles Commission » a été publié en 1917.
Selon ce document, une « étrange brume » reflétant les rayons du soleil a recouvert la baie et la plaine de Suyla le 21 août 1915.
 

Ce « nuage » peut sembler étrange mais c’est un phénomène météorologique courant dans la région.
Le rapport cite également ce même jour l’attaque de la fameuse cote 60 par 3 000 hommes des ANZAC.
 
 
 
 
 
Vallée de Gallipoli 
 
 
Il existe donc des similitudes entre le document officiel et le témoignage tardif des soldats néo-zélandais. Le témoignage semble mélanger deux évènements. Il est vrai que sur le Rapport Final, les deux faits sont relatés sur deux pages en face l’une de l’autre. 

Cette disposition a-t-elle pu influencer les témoins ? 
 
Il faut rajouter à cela que, du 5e Norfolk porté disparu, 122 cadavres membres de ce bataillon, ont été retrouvés dès le 23 septembre 1919. 

Il faut souligner également que 27 000 des 34 000 hommes tués, Anglais et ANZAC, n’ont jamais connu de sépulture. 

On peut donc supposer que les corps des 145 hommes manquants du 5e Norfolk gisaient sur un champ de bataille. La chaleur qui régnait en ce mois d’août 1915 dans la région constitue un facteur de putréfaction accélérée. 
 
 
 
 
1915. Gallipoli. Photo d'archives 
 
 
Enfin, rappelons que le rapport officiel parle d’une brume de très grande superficie et non d’un nuage de 250 mètres de long posé au sol, selon la description des témoins. 
 
Tous ces éléments rendent douteux le témoignage des soldats néo-zélandais. Il n’en reste pas moins que certains auteurs accros de mystère continuent à voir dans cet évènement tragique de la Première Guerre mondiale une énigme dans laquelle la participation des petits hommes verts est bien sûr au premier plan. 
 
 
D’autres étranges disparitions de soldats 
 
 
En 1707, au cours de la guerre de la Succession d’Espagne, 4 000 hommes de l’archiduc Charles de Habsbourg engagés contre les armées de Philippe V se mettent en route un matin vers le col des Pyrénées. Nul ne sait, en dépit des recherches, ce qu’ils sont devenus. Ils ont disparu avec armes et bagages. 
 
En 1858, lors de l’attaque des Français contre le royaume vietnamien, 650 zouaves du corps expéditionnaire avancent vers Saigon dont ils ne sont plus éloignés que de 20 km.
Ils sont suivis à 2 Km par un autre groupe de soldats. Soudain, ils s’évanouissent sans que personne ne puisse dire ce qui leur est arrivé.
 
 
En décembre 1937, le Japon a déjà envahi une bonne partie de la Chine, et ses armées avancent vers Nankin, la capitale chinoise.
Le colonel Li Fu Sien décide d’opposer une ultime résistance. Il poste 3 000 hommes le long du Yang-Tsé.
Le lendemain matin, il s’aperçoit que tous ont disparu, sauf une centaine, installés à l’écart près d’un pont.
Ni ceux-ci, ni aucune sentinelle n’ont vu les 3 000 hommes abandonner leur poste, et les archives japonaises ne mentionnent aucune capture.
 

Phénomènes inexpliqués - La Mary Celeste

Publié à 18:16 par acoeuretacris Tags : phénomène inexpliqué mary celeste
Phénomènes inexpliqués - La Mary Celeste
 
La Mary Celeste 
 
 
Dans les annales des disparitions en mer, le nom de la Mary Celeste est resté célèbre. Cette énigme qui n’a toujours pas été résolue contribue largement à entretenir le mythe des vaisseaux fantômes.
L’histoire de la marine fourmille de mystères semblables à celui de la Mary Celeste. Des dizaines de navires ont été ainsi abandonnés, soudainement et sans raison apparente, par des équipages que l’on n’a jamais revus.
 
 
 
La découverte de la Mary Celeste 
 
Le 5 décembre 1872, le cargo anglais Dei Gratia repère un brick qui dérive dans l’Atlantique Nord à mi-chemin entre les Açores et le Portugal. 
 

Le voilier zigzague curieusement et presque toutes ses voiles sont carguées. Le capitaine du cargo, David Moorehouse, s’aperçoit avec stupeur qu’il s’agit de la Mary Celeste. 
Fait du hasard, il a dîné à bord du voilier avec son capitaine, Benjamin Spooner Briggs, un mois plus tôt.
Quelques jours après, la Mary Celeste appareillait pour Gênes avec une cargaison de 1 700 tonneaux d’alcool pur.
 
 
 
A bord, en plus des sept hommes d’équipage, se trouvaient la femme du capitaine et sa petite-fille de deux ans. 
 
 
Le bâtiment ne répondant à aucun signal, Morehouse se décide à monter à bord avec trois hommes.
Le vaisseau se révèle désert et sans canot de sauvetage. Dans les cales, ils découvrent la cargaison d’alcool et des vivres pour au moins six mois.
 
 
 
Des indices insuffisants 
 
Morehouse s’étonne du désordre indescriptible qui règne dans la cabine du capitaine. Dans le carré des matelots, par contre, tout est en ordre. Le compas et les autres instruments de navigation sont cassés ou ont disparu. 
 

La dernière mention portée au journal de bord date du 25 novembre. Apparemment, le navire dérive depuis près de deux semaines et a parcouru environ 500 milles. 
 
 
 
 
La Mary Celeste 
 
 
Les avaries ne sont pourtant pas très importantes. Deux des écoutilles se sont rompues et un mètre d’eau environ a envahi la cale. 
 

Un tonneau d’alcool a été éventré et une entaille, faite à la hache, apparaît dans l’une des rambardes. 
 
Fait étrange, les six fenêtres des logements de l’arrière sont condamnées par de la toile et des planches. 
 
Un seul indice plaide en faveur d’un acte criminel : une épée rouillée est découverte sous une couchette. 
 
 
Autopsie d’une disparition 
 
Moorehouse ramène la Mary Celeste à Gibraltar pour être examinée par les autorités judiciaires.
Les résultats sont décevants. Il n’y a que cette entaille longue de deux mètres juste au dessus de la ligne de flottaison qui peut faire penser à un acte criminel.
 
 

Des traces rougeâtres relevées sur le bastingage sont analysées mais ce n’est que de la rouille. 
Malgré tout, faute d’explication suffisante, c’est l’hypothèse du crime qui est retenue. Les autorités décident que l’équipage s’est livré à une beuverie puis a assassiné le capitaine et sa famille avant de s’enfuir dans des canots. 
 
 
 
 
 
Le commandant Benjamin Briggs 
 
 
Cependant, les armateurs soulignent que le capitaine était très apprécié de ses hommes et que nul autoritarisme exagéré ne régnait sur son vaisseau.
En outre, l’alcool contenu dans les tonneaux n’était pas buvable. Elle aurait provoqué des brûlures d’estomac et risquait même de rendre aveugle.
Enfin, quand des hommes se mutinent, ils ne partent pas en laissant leur cantine et tous leurs effets personnels.
 
 
Le mystère de la Mary Celeste fait le tour du monde. On finit par renoncer à éclaircir cette énigme et le vaisseau est vendu. 
 
La légende n’a fait que s’embellir de détails ajoutés après coup. Par exemple, c’est le cas de la prétendue découverte dans la cuisine du vaisseau d’un poulet encore chaud et de tasses de thé fumantes.
De nombreuses solutions ont été proposées, de l’attaque d’un poulpe géant à l’intervention de nos amis extraterrestres.
 
 
 
 
 
Une pieuvre géante attaquant un navire (illustration de 1809, Paris). Certains ont prétendu que la même chose était arrivée à la Mary Celeste 
 
 
La Mary Celeste s’est échoué une dernière fois en 1885 en emportant avec elle son secret. 
 
 
D’autres vaisseaux fantômes 
 
 En 1840, un navire français, la Rosalie, est retrouvé errant sur les flots, voiles hissées et cargaison intacte mais déserté par ses marins. 
 
 En 1850, le Seabird est découvert près du port de Newport avec seulement un chien à bord. Le café est encore chaud sur les fourneaux et les instruments de bord fonctionnent. Une odeur de tabac flotte même dans les cabines. 
 
En 1883, la goélette J.C Cousins s’échoue sur la côte américaine. Il n’y a personne sur le navire. Dans la cuisine, le poêle est encore tiède et la table mise. Le journal de bord qui date du matin même ne mentionne rien de particulier. 
 
 En 1940, dans le golfe du Mexique, le yacht Gloria Colite est retrouvé en pleine mer alors que le temps est beau. L’équipage n’est plus là et les soutes sont pleines de vivre. 
 
 En 1953, le Holchu est découvert dérivant entre les îles Nicobar et Andaman. Un repas semblait être sur le point d’être servi ; la radio fonctionnait et pourtant l’équipage s’est envolé sans envoyer le moindre SOS. 
 
Il est impossible de relater toutes les disparitions tant ces énigmes sont nombreuses y compris à notre époque.  
 
Des navires modernes connaissent encore ce type d’aventure. 

Nous n’avons aucune explication sérieuse pour expliquer ces abandons. L’absence totale de trace de lutte ou de violence exclut l’hypothèse d’actes de piraterie ou de mutinerie. La mer n’a toujours pas fini de nous fasciner. 

Le Parfum - Rochas -

Publié à 16:47 par acoeuretacris Tags : parfum rochas
Le Parfum - Rochas -
C'est d'abord dans le milieu de la mode que Marcel Rochas va se faire un nom.
En 1925 (il n’a alors que 22 ans), il installe sa première maison de couture place Beauvau à Paris. Très vite, Il va régner sur la Couture parisienne et internationale et devenir le "couturier de la jeunesse". Il sera le premier à créer les bijoux et accessoires assortis à ses modèles. Sa clientèle comporte de nombreuses stars d’Hollywood parmi lesquelles on compte Carole Lombard, Marlène Dietrich ou encore Mae West.
Marcel Rochas et l’artiste américaine Mae West en 1934
Pour l’actrice Mae West, Marcel Rochas créa une guêpière de chantilly noire. Il paraîtrait que les formes de la femme l’ai inspiré pour la création du flacon de parfum "FEMME".
L’activité parfumerie débute réellement en 1936 avec les lancements successifs  d’AUDACE,  AIR JEUNE et AVENUE MATIGNON, ces fragrances furent distribuées exclusivement dans les boutiques du couturier. Elles seront retirées de la vente au début de la guerre.
En 1944,  Marcel Rochas crée la société Parfums Rochas en collaboration avec un jeune inconnu épris de parfums : Albert GOSSET. Le siège de la société se situe au 12 de l’avenue Matignon, tandis que l’usine est installée à Asnières.
Le siège de l'Avenue Matignon (1931-1955)
Le célèbre parfum FEMME, une création d’Edmond  Roudnitska, est lancé la même année. Contenu dans un flacon en cristal numéroté signé Marc Lalique et habillé de dentelle noire,  ce parfum de luxe fut une réussite grâce à  de nombreuses célébrités internationales qui acceptèrent de souscrire à son lancement.
Femme : le premier parfum à grand succès (1944)
Suivront ensuite les lancements de MOUSSELINE (1946) reprenant le flacon amphore de FEMME mais habillé de dentelle or, de MOUCHE (1948) habillé de dentelle turquoise (MOUCHE était le nom du chat de Monsieur ROCHAS) LA ROSE (1949) et MOUSTACHE (1949), le premier parfum pour homme.
Moustache
Toutes ces fragrances doivent leur création au talent d’Edmond Roudnitska. De son côté, Marcel Rochas poursuit parallèlement son activité de couturier et créera notamment, en 1947, sa fameuse "guêpière".
En 1953, Marcel Rochas décide de fermer sa maison de couture qui représente pour lui un travail trop important : il se consacre alors uniquement à la conception des parfums. Mais il meurt subitement en 1955, usé par 25 années de vie trépidante et de travail incessant.
Hélène Rochas
Hélène ROCHAS prend alors les rênes de la direction qu’elle conservera jusqu’en 1971. En 1955, le siège social de la société est transféré définitivement rue François 1er à Paris, dans l'Hôtel particulier qui appartenait à Marcel Rochas. Une boutique de prêt-à-porter y verra le jour un peu plus tard.
Parfum Madame Rochas
Grâce au travail d'Albert GOSSET et de son équipe "création" naîtra MADAME ROCHAS (1960),  fragrance composée par Guy Robert (et réorchestrée en 1982 par Jean-Louis Sieuzac et Jacques Fraysse). Le flacon est la réplique d’une janusette du XVIIIème siècle en cristal de Baccarat qu’Hélène Rochas avait découvert chez un antiquaire parisien. C’est ce parfum qui propulsera la société à la première place de la parfumerie de luxe en 1967.
En 1969, les succès répétés de ces années fastes conduisent l’entreprise à s’agrandir. C’est ainsi qu’un nouveau site de production Parfums et Cosmétiques voit le jour à Poissy (dans les Yvelines), avec une partie des bureaux de la société.
A compter de 1970, la société Rochas commence à vivre de nombreuses transformations : le Groupe pharmaceutique ROUSSEL UCLAF devient l’actionnaire majoritaire. Hélène Rochas lui cède ses actions puis, en 1975, c'est au tour d’Albert Gosset de vendre ses parts et de mettre fin à ses fonctions.
Entre temps, le rythme des créations ne s'est pas infléchi : en 1969, Guy Robert crée MONSIEUR ROCHAS. La société recrute alors Nicolas Mamouras, parfumeur, pour l’élaboration des futurs parfums. Il crée tout d’abord EAU DE ROCHE rebaptisée EAU DE ROCHAS en 1972 qui deviendra, en 3 ans, le produit le plus vendu de la parfumerie française. La maison Rochas relança AUDACE mais celui-ci sera retiré des ventes en 1978. Suivra le lancement de  MYSTERE cette même année, MACASSAR en 1980, LUMIERE en 1984 et BYZANCE en 1987, parfum très oriental qui rencontra un vif succès.
Lumière
Ce dernier sera lancé dans un flacon bleu cobalt, une couleur que Marcel Rochas trouvait belle et magique. Un médaillon, symbole de la maison Rochas fut posé sur un ruban fuschia.
Miniature Byzance
A partir de 1987, Rochas va connaître une expansion nécessaire. La société va s’internationnaliser  sous l’impulsion du Groupe allemand WELLA AG, spécialisé dans les produits capillaires et cosmétiques dans le monde entier, qui rachète les parts de Roussel Uclaf, ce qui fait de Rochas sa filiale exclusive. A la tête des Parfums Rochas, Laurent NORMAND (1988-1993), transfuge de chez Chanel, qui veut redonner à la société une image plus jeune et plus dynamique, tente de reconquérir le public masculin en lançant GLOBE en 1990.
Par ailleurs, les années 90 marquent le retour de la maison ROCHAS à son activité d'origine après 35 ans d'absence : la Mode. Le créateur irlandais Peter O'Brien est choisi pour créer les collections de la marque. Ainsi de 1990 à 2002, il s'attachera à dessiner un prêt-à-porter élégant, impeccable et discret.
En 1993, Edda WENDIG succède à Laurent NORMAND en tant que PDG de la société Parfums Rochas. Le fameux parfum TOCADE est lancé en 1994 (le flacon sera une reprise du flacon FEMME mais réadapté par Serge Mansau. Celui-ci sera plus mince avec en plus un col et un chapeau pointu), suivi de FLEUR D'EAU en 1996. EAU DE ROCHAS pour Homme fait son apparition en 1993, plus de 20 ans après la célèbre version féminine.
Tocade
1997 :Création de la holding COSMOPOLITAN COSMETICS (filiale à 100% du Groupe WELLA), regroupant aujourd'hui 32 marques à forte renommée internationale développées par ses deux sociétés, MUELHENS située à Cologne et ROCHAS SA à Paris.
L'entreprise allemande MUELHENS est en charge des marques "grand public", tandis que Parfums Rochas développe et commercialise les marques "PRESTIGE" du Groupe, avec talent et inspiration.
En quelques années d'ailleurs, les créateurs de Rochas donneront naissance à plusieurs parfums de renom :
BYZANTINE en 1995, TOCADILLY en 1997,  puis  ALCHIMIE EN 1998 composé par Jacques Cavallier se définira comme un parfum floral sensuel frais dans un joli flacon de Serge Mansau,  ROCHAS MAN EN 1999, AQUAMAN en 2001, AQUAWOMAN (créateur Michel Almeirac) et  ABSOLU  en  2002.
Alchimie
L'année 1997 verra le départ de Mme Edda WENDIG de la présidence de Rochas, et son remplacement par Alain JOLY, l'actuel PDG.
Enfin, en 2003, WELLA AG est racheté par le groupe américain PROCTER & GAMBLE : les Parfums Rochas appartiennent désormais au géant américain.
Que de chemin parcouru depuis la création de la maison de couture de la place Beauvau !
Composition de "Femme"

Le parfum - Lanvin -

Publié à 16:13 par acoeuretacris Tags : parfum lanvin
Le parfum - Lanvin -
Jeanne Lanvin naît le 1er janvier 1867 à Paris. Fille de Bernard-Constant Lanvin (journaliste très instable) et de Sophie-Blanche, elle sera l’aînée de onze enfants. Les Lanvin vivront dans la plus grande pauvreté malgré le soutien d’un ami de la famille :Victor Hugo. Entre l’écrivain et le grand-père de Jeanne, Jacques-Firmin Lanvin, se sont tissés des liens indénouables.
Jeanne Lanvin dans son Hôtel Particulier du VIIe arrondissement de Paris en 1938
À l’âge de 13 ans, Jeanne travaillera chez une modiste dont elle livrera les chapeaux. On la surnommera « la petite omnibus » à cause de son habitude de toujours courir après l’omnibus afin d’économiser des sous. Le salaire qu’elle recevra, chaque mois, s’élèvera à 25 Frs.
Fascinée par les chapeaux, à 16 ans, elle apprendra à les confectionner de façon merveilleuse. On lui proposera une place d’apprenti modiste chez Félix et, à 18 ans, elle habitera une chambre de bonne où elle imaginera et fabriquera des chapeaux de poupées qu’elle ira vendre directement dans les magasins, son petit commerce sera très apprécié !
Modistes Lanvin à la fin des années 1930
Les choses s’enchaîneront rapidement. Après Félix, Jeanne entrera chez Cordeau et travaillera à Barcelone où elle gagnera beaucoup d’argent. À cette époque, les chapeaux sont très à la mode et les modistes très en vogue.
De retour à Paris, Jeanne s’installera à son compte. Elle louera deux chambres sous les toits, rue du Marché Saint-Honoré, puis déménagera au 16 rue Boissy d’Anglas pour s’agrandir et quelques années plus tard s’installera au 22, rue du Faubourg Saint-Honoré, qui sera le Coeur de la Maison Lanvin.
C’est à l’hippodrome de Longchamp, en compagnie de sa petite sœur de 14 ans sa cadette, que Jeanne rencontrera son mari, le Conte Emilio di Pietro. Ils se marieront le 20 février 1896 mais divorceront en 1903. De cette union naîtra, en 1897, une petite fille Marguerite que l’on surnommera Ririte, et qui, dans les années 1920, se fera appeler Marie-Blanche. Il n’y avait pas eu de plus grand bonheur dans la vie de Jeanne que la naissance de cette petite fille. C’est grâce à cette enfant que Jeanne se métamorphosera en Jeanne Lanvin.
Marguerite
En effet, Jeanne Lanvin révèlera ses talents de couturière en habillant cette fille chérie avec de jolies robes décorées de broderie anglaise avec de ravissants plissés. Chacune de ces robes était un enchantement. Les clientes voulaient des habits semblables pour leurs filles. Après les fillettes, Jeanne Lanvin habillera les mamans avec talent et c’est ainsi que démarrera sa carrière de « Grand Couturier ».
Modèle pour fillette imaginé par Jeanne Lanvin en 1919
Au début des années 1900, Madame Lanvin était très renommée, elle atteindra le sommet de sa gloire vers les années 1920. En 1925, Jeanne Lanvin emploiera plus de huit cents ouvrières ! chacune de ses collections présentera trois cents modèles.
Jeanne Lanvin investira une partie de sa fortune dans la pierre. Elle achètera un immeuble entier près des Invalides, se fera construire « une petite folie » au Vésinet. Avec la complicité d’Albert Armand Rateau, un artiste très en vogue à qui elle confiera la décoration de son Hôtel particulier muni de deux bâtiments, et de ses villas, elle ouvrira « Lanvin Décoration » et décorera ses boutiques et le théâtre de Daunou.
En 1925, elle fera encore appel à Albert Armand Rateau pour la décoration des Stands de l’Exposition des Arts Décoratifs.
En 1924-1925, la Maison Lanvin lancera NIV NAL, IRISE puis une dizaine de parfums tels que KARA-DJENOUN (en souvenir d’un voyage en Egypte), LE SILLON, LE CHYPRE, COMME-CI COMME-CA, LAJEA, J’EN RAFFOLE, LADOGARESSE, OU FLEURIT L’ORANGER (retiré de la vente en 1940), GERANIUM D’ESPAGNE (retiré de la vente en 1962), APRES-SPORT, friction JEANNE LANVIN, CROSS COUNTRY et MON PECHE/MY SIN (retiré de la vente en 1988). Notons que NIV NAL, IRISE, KARA DJENOUN, LE SILLON et APRES SPORT seront retirés des ventes dès 1926.
Mon Péché/My Sin
En 1925, Jeanne Lanvin créera « Lanvin Parfums » au 4, rond point des Champs Elysées avec ouvertures à Cannes et au Touquet. Elle engagera un jeune nez André Fraysse. Son laboratoire sera installé à Nanterre.
Madame Lanvin eut l’idée du parfum ARPEGE en 1927 pour les 30 ans de sa fille chérie. Paul Vacha et André Fraysse en seront les créateurs.
Arpège en 1932
Le nom du parfum tiendra à une réflexion que Marguerite (grande passionnée de musique et de chant) prononcera en testant le parfum : « On dirait un arpège ». Albert Armand Rateau dessinera le flacon, la célèbre boule noire ornée d’un dessin attribué à l’artiste Paul Iribe immortalisant l’amour d’une mère pour sa fille. Le bouchon à godrons sera doré à l’or fin. Ce parfum fut un immense succès.
Dessin de Paul Iribe
Jeanne Lanvin contactera de grands spécialistes pour fabriquer des flacons d'exception. Baccarat éditera les flacons en cristal, la Manufacture de Sèvres, les boules de couleurs à tirages limitées, Christophe créera un étui de voyage pour le parfum "PRETEXTE" et Cartier créera un étui de sac pour "ARPEGE".
"Arpège" version carré
"Arpège" version flacon transparent
"Arpège" version vaporisateur
En 1928, lancement de L’AME PERDUE/LOST SOUL et PETALES FROISSEES, en 1933, SCANDAL et L’EAU DE LANVIN avec la création également de Poudres, Rouges à lèvres etc., en 1934, création de RUMEUR.
En 1926, Jeanne Lanvin sera citée à l'ordre de Chevalier de la légion d'Honneur, et en 1938, elle recevra la rosette d'Officier de la Légion d'Honneur des mains de Sacha Guitry.
Dans le monde du spectacle, Jeanne Lanvin habilla quelques comédiennes dont Yvonne Printemps. Cette dernière sera choisie pour la campagne publicitaire du Parfum PRETEXTE lancé en 1937.
Eau Arpège
Le 6 juillet 1946, Jeanne Lanvin mourut, elle avait 79 ans. Malgré l’amour passionné mais étouffant que Jeanne avait envers sa fille et qui avait fini par les éloigner, Marguerite reprendra la Direction de la Maison jusqu’à sa mort en 1958.
En 1960, lancement de CRESCENDO, en 1964, MONSIEUR LANVIN, en 1966, VETYVER LANVIN, en 1971, VIA LANVIN, en 1979, LANVIN FOR MEN et CARDOMONE (au Moyen-Orient), en 1983, CLAIR DE JOUR, (la plupart de ces parfums furent retirés de la vente).
Via Lanvin
Clair de Jour
En 1987, création de l’eau de parfum d’ARPEGE, en 1997, LANVIN HOMME.
En l’an 2000, Pascal Mourgue créera OXYGENE (femme) et en 2001 OXYGENE (homme).
En 2002, création d’ECLAT D’ARPEGE et en 2003, LANVIN VETYVER.
C’est en 1990 que la maison LANVIN fut racheté pour le Groupe l’Oréal et par la famille Louis Vuitton qui décidera en 1993 de réorchestrer et de relancer l’eau de parfum d’ARPEGE.
Le siège social se situe toujours, comme à son origine, au 15 - 22 Faubourg Saint-Honoré à Paris.
Lanvin pour Homme
Composition de Arpège

Années 50....Les racines du ciel, Romain Gary

Publié à 15:47 par acoeuretacris Tags : racines du ciel années 50
Années 50....Les racines du ciel, Romain Gary
Romain Gary

"Lorsque j’entreprends un roman, c’est pour courir là où je ne suis pas, pour aller voir ce qui se passe chez les autres, pour me quitter, pour me réincarner" Roamin Gary

En 1956, le prix Goncourt est décerné à Romain Gary pour "Les racines du ciel".Gary, qui après guerre a entamé une carrière diplomatique est en Bolivie. Il raconte : "A La Paz, on m’a prévenu que j’avais…le Nobel. [...] Entre les horloges de la Paz et celle de Paris, il y a un décalage de cinq heures…Je vais dans mon bureau. Deux minutes après, le correspondant de l’United Press, un Espagnol, entre et me saute au cou : "Monsieur l’Ambassadeur, je vous félicite. Vous avez le prix Nobel !". Puis il tire de sa poche un télégramme en anglais daté de la veille : "Question ambassadeur de France à la Paz pour premier prix concours. Prendre déclaration"…Juste à ce moment-là, la porte s’ouvrit de nouveau. Une brassée de 25 télégrammes arrivait de Paris" Gary comprend enfin qu’il a le Goncourt. (in Portrait interview de Paul Guth, "Le Figaro littéraire" du 22 décembre 1956).

Dans cette deuxième décennie des années 50, les conflits africains sont omniprésents sur la scène internationale : revendications anticolonialistes de l'Afrique du Nord, révolte des Mau Mau , apartheid, pan-islamisme égyptien. L' Afrique apparait comme le continent des possibles ".. il y avait là comme dans chaque paysage africain, une place immense à prendre, une place illimitée et qui semble toujours suggérer quelque formidable désertion. Cela évoque irrésistiblement l'idée de quelque bête préhistorique à sa mesure aujourd'hui disparue, mais dont tout cet espace vide prit réclamer le retour"

Romain Gary et sa femme Jean Seberg en 1961 sur le tournage des "oiseaux vont mourir au Pérou"

"Un Français, Morel, entreprend en Afrique une campagne pour la défense des éléphants, menacés de tous les côtés par les lois dites "inexorables" du progrès.Lors de la Conférence pour la Protection de la Faune (Congo, Bukavu, 1953) constate elle-même qu'il serait vain de vouloir imposer au public le respect de la nature uniquement par les méthodes légales", Morel ne craint pas de recourir aux armes. Aidé par quelques compagnons convaincus comme lui que le respect de la nature n'est pas incompatible avec les exigences du progrès, il prend le maquis contre la barbarie et la cruauté sous toutes ses formes, cependant que de tous les côtés des conspirateurs habiles essayent d'utiliser sa magnifique obsession et son apparente naïveté à leurs propres fins. Ridiculisé ou haï, accusé de préférer les bêtes aux hommes, traité de misanthrope et de nihiliste, trahi par les uns, aidé par quelques autres, exploité par un apprenti dictateur, et par des agitateurs politiques, le "Français fou" continue envers et contre tout à défendre les éléphants au risque de sa vie. Face à la haine raciale et religieuse, à la démagogie nationaliste, Morel poursuit sa campagne pour la protection de la nature, pour le respect de ce qu'il appelle "la marge humaine", quels que soient les systèmes, les doctrines et les idéologies de rencontre. D'aventure en aventure, d'avatar en avatar, il triomphe avec une tranquille confiance de toutes les déceptions et de toutes les ruses, persuadé que les hommes sont assez généreux pour accepter de s'encombrer des éléphants dans leur difficile marche en avant, et de ne pas céder à la tentation du totalitaire sans marge, de la fin qui justifie les moyens et du rendement absolu. Et peu à peu, une complicité souriante et amicale se forme autour de celui qui "ne sait pas désespérer" et de ces géants menacés, et des volontaires de tous les pays, de toutes les races et de toutes les opinions se rangent autour de cet aventurier de l'humain." (Romain Gary, Les racines du ciel, quatrième de couverture, édition de 1956.)"

Pour Gary Morel, résistant contre la tentation de l’abandon et du désespoir, combat seul contre l’extermination des éléphants, affirmant ainsi sa nature humaine contre ce qui cherche à la nier : le totalitarisme la petitesse et l’adversité."L'islam appelle cela "les racines du ciel", pour les indiens du Mexique, c'est l'arbre de vie" qui les pousse les uns vers les autres à tomber à genoux et à lever les yeux en frappant leur poitrine tourmentée. Un besoin de protection auquel les obstinés comme Morel cherchent à échapper par des pétitions, de comités de lutte et des syndicats de défense..." Les racines du ciel.

Les racines du ciel, film de John Huston - 1958 - Trevor Howard, Errol Flynn

Morel, à l'engagement contre le colonialisme et au combat nationaliste préfère limiter son action à la défense de la faune africaine,ce que lui reprocheront ses compagnons. Romain Gary a toujours affiché une grande méfiance face "à tous les géniaux pères des peuples". Il précise dans son avant propos "je tiens a dire ceci : mon livre traite du problème, essentiel pour nous, de la protection de la nature [...] Je ne vois guère comment on saurait laisser la responsabilité de cette oeuvre généreuse à ceux qui puisent leur force politique aux sources primitives de la haine raciale et religieuse et de la mystique tribale". Mais peu à peu le combat de Morel va être instrumentalisé par les partisans de l'indépendance, il finira par l'accepter considérant que Waîtari le leader indépendantiste veut l'indépendance pour que "les africains prennent eux mêmes en mains la protection de la nature, puisque malgré touts nos conférences nous n'y sommes pas parvenus..." A la fin Morel est quasiment l'otage des indépendantistes, qui décide même de l'exécuter, pour faire d'un personnage devenu encombrant un héros de l'indépendance. Mais Youssef le jeune militant chargé de l'exécution se prend d'amitié pour Morel et ils disparaissent tous deux dans la forêt.

Mais si Gary se méfie des mouvements nationalistes,cela ne l'empêche pas de dénoncer le système colonial. Toute sa vie, écrivent Paul Audi et Jean-François Hangoüet, dans le Cahier de l'Herne consacré à Romain Gary, Gary se sera battu pour préserver tout ce qui, dans l’homme, échappe aux définitions que peuvent en donner les idéomaniaques de toutes provenances et de toutes obédiences".

Raphael Matta , surveillant de la réserve de Bouna - 1958

Raphaêl Matta, le double réel de Morel

Un jour qu'il visitait le zoo de Vincennes, il apprit que 600 espèces de mammifères étaient en voie de disparition.Raphael Matta était alors agé de 30 ans et travaille dans une société d'import-export à Paris. Il renonce a sa vie parisienne pour prendre un travail de surveillant de la réserve de Bouna a 400 km de l'équateur en Côte d'Ivoire.

Accompagné par sa femme Christiana, qui a Paris s'occupe de mode,Matta s'installe dans dans la réserve. Maigre, brun le regard perçant, il va vivre plus de 5 ans en pays lobi au milieu des bêtes

Les Lobis, de farouches chasseurs, l'appelle "Kongo Massa",le Maître de la brousse. Mais pour eux hippopotames et antilopes sont source de viande, les dépouilles sont revendus comme trophée aux chasseurs, et les africains achètent très cher les organes sexuels des éléphants pour leur rites de fertilité.

Matta dispose seulement d'un second, Sogli, et de quatre gardes pour couvrir tout le territoire de la réserve.L'administration est plutôt encline à tolérer le braconnage des Lobis. Un nouveau comptage en 1958 révèle la disparition de 40 éléphants sur les 100 que comptaient la réserve deux ans plus tôt, Matta devient de plus en plus fanatique, il confisque les armes dans les villages, envoi des lettres incendiaires à ses supérieurs signées Raphael Matta député des éléphants devant le Parlement Mondial, se disant prêt à monter sur l'échafaud pour que vivent les éléphants. "Je suis tout-puissant parce que ma foi montera au-dessus des montagnes." ajoute-t-il

Des Dioulas s'étant plaint à Matta d'un tort infligé par les Lobis,Matta se rendit immédiatement au village, accompagné par son second et quelques gardes noirs. Il arrive en pleine cérémonie d'initiation des jeunes guerriers, une cérémonie interdite aux étrangers. Les jeunes guerriers crient à la trahison Matta doit s'enfuir, son escorte n'interviendra pas.

Il sera retrouvé mort, la tête fracassée et le corps lardé de flèches empoisonnées le 16 janvier 1959

Raphael Matta , surveillant de la réserve de Bouna avec ses enfants - 1958

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Romain Gary

Romain Gary, de son vrai nom Roman Kacew(il a utilisé aussi les pseudonymes de Fosco Sinibaldi, Shatan Bogat et Emile Ajar) est né Né le 8 mai 1914 à Wilna, à l’époque ville russe appartenant à l’empire tsariste. Il se définissait lui-même comme "un cosaque un peu tartare mâtiné de juif." En 1928, sa mère décide de l'emmener à Nice, en France. Romain Gary racontera plus tard, dans "La promesse de l'aube", cette adolescence niçoise. En 1940 il sert dans les Forces aériennes françaises libres autour du général de Gaulle.

“De Gaulle c’était la faiblesse qui dit non à la force,c’était l’homme tout seul, dans sa faiblesse absolue, à Londres, disait non aux plus grandes puissances du monde, non à l’écrasement, non à la capitulation. C’était la situation même de l’homme, la condition même de l’homme, et ce refus de capituler, c’est à peu près la seule dignité à laquelle nous pouvons prétendre”. Romain Gary. Il termine la guerre comme compagnon de la Libération et commandeur de la Légion d'honneur.

Après guerre , il entame une carrière de diplomate.À ce titre, il séjourne en Bulgarie, en Suisse, à New York (aux Nations Unies, 1952-54), en Bolivie, puis en qualité de Consul général de France à Los Angeles de 1957 à 1961, date à laquelle il se met en congé du ministère des Affaires étrangères.

En 1961 il adapte au cinéma son livre"Les oiseaux vont mourir Pérou", il réalisera un second film en en 1972 "Kill".
Il fut l'époux de l'écrivain britannique Lesley Blanch et de l'actrice américaine Jean Seberg,dont il divorça. Un peu plus d'un an après le suicide de celle-ci en septembre 1979, il se donne la mort en se tirant une balle dans la bouche laissant ce dernier mot : "Je me suis bien amusé. Au revoir et merci".

Personnage aux multiples facettes, aux identités insaisissablesil a publié 31 ouvrages de son vivant, plus un après a mort. Il est le seul écrivain a avoir obtenu deux fois le prix Goncourt à l’issue d’une supercherie littéraire. Le second prix ayant été obtenu sous le pseudonyme d’Emile Ajar, sous lequel il a écrit quatre livres, en en faisant endosser la paternité à son petit neveu Paul Pavlowitch.

Les Racines du ciel


The Roots of Heaven
John Huston - 1958
Avec Errol Flynn, Juliette Gréco, Trevor Howard, Eddie Albert, Orson Welles...

On peut se demander pourquoi Huston, chasseur acharné, fervent de la tauromachieadapta le roman écologique de Gary. Juliette Gréco dans "Jujube" note "Peter Viertel a écrit sur Huston un petit livre, Le Chasseur blanc. C’est malgré tout à lui que l’on a demandé de mettre en scène Les Racines du ciel. Étrange situation que celle du chasseur qui doit mettre en images l’histoire d’un homme qui se bat pour la protection de l’espèce animale, contre l’extermination de la faune africaine et spécialement celle des éléphants… Il reste si peu de ces pauvres et splendides animaux traqués par les assassins mondains et fortunés que l’on est obligé d’envoyer une troisième équipe à leur recherche, bien loin des lieux du tournage. Ils grèveront de tout leur poids le budget, et cela ne sera que justice"

Entièrement filmé en Afrique équatoriale française, le film connut un tournage difficile : la dysentrie frappe l'équipe à l'exception d'Errol Flynn et de John Huston, saouls la plupart du temps. C'est le dernier film d'Errol Flynn et sans doute pas le meilleur de Huston empêtré dans une distribution hétéroclite et un scénario trop bavard..

Années 50....Johan, Pirlouit et les Schtroumpfs

Publié à 15:26 par acoeuretacris Tags : johan et pirlouit années 50
Années 50....Johan, Pirlouit et les Schtroumpfs

"De tous les auteurs de bande dessinée que j'ai pu rencontrer, Peyo était le meilleur raconteur d'histoires." Y. Delporte

"Johan et Pirlouit"est une bande dessinée réalisée par Pierre Culliford dit Peyo. Cette bande parue pour la première fois en 1946 dans le journal belge "La dernière heure" elle se nomme alors "Johan". En 1950, elle est publiée dans Le Soir, puis dans Spirou . C'est là que la série trouve sa formule définitive : de blond Johan devient brun et en 1954 dans "Le lutin du bois aux roches" il rencontre un comparse facétieux : Pirlouit, râleur, paresseux et goinfre qui devient son compagnon d’épopée. '"Johan et Pirlouit" devient l'une des séries les plus populaires du journal.

Johan et Pirlouit évoluent dans le quotidien d'un moyen-agepittoresque. Johan, page puis chevalier, et Pirlouit, monté sur son inséparable biquette, viennent à la rescousse de la veuve et de l'orphelin victimes de seigneurs plus fourbes les uns que les autres. Leurs aventures s’orientent rapidement vers un univers fantastique de grimoires, de lutins et de forêts mystérieuses, d'enchanteurs et de sorciers.

Johan et Pirlouit - 1954 - 1957 - 1960

Johan et Pirlouit "Le serment des vikings" - 1957

C’est dans l'épisode des aventures de Johan et Pirlouit "La flûte à six trous", prépublié dans Le Journal de Spirou en 1958 et dont le nom en album devient "La flûte à six Schtroumpfs" (1960) que Johan et Pirlouit croisent la route d'une peuplade de lutins bleus à bonnets blancs vivant dans un village de champignons, perdu au mileu d'un pays nommé le Pays Maudit, et parlant le langage schtroumpf

Thierry Cullford, le fils de Peyo raconte :«On était à table. Mon père voulait demander le sel à Franquin mais ne trouvait pas ses mots. Alors il a dit "passe-moi le schtroumpf" ! Franquin lui a répondu "le voilà ton schtroumpf", et ils ont parlé schtroumpf pendant tout le repas. En rentrant, mon père s'est dit qu'il allait appeler ainsi un personnage, et qu'en plus il parlerait schtroumpf. Le succès a été immédiat. Il a reçu énormément de courrier lui demandant de continuer." Et pour la couleur bleue "la légende veut que, ne voulant pas que la peau du bonhomme soit rose comme celle des humains, il a pris un crayon bleu qui traînait sur sa table à dessin".

Johan et Pirlouit retrouveront les schtroumpfs dans les albums"La guerre des 7 fontaines" (1961) "Le pays maudit" (1964) et "Le sortilège de Maltrochu" (1972).

Johan et Pirlouit "Le pays maudit" - 1964

Dès 1959, Yvan Delporte, rédacteur en chef de "Spirou",demande à Peyo un mini récit avec pour vedettes les Schtroumpfs. Le succès des "Schtroumpfs Noirs" fut tel que d'autres mini-récits suivirent immédiatement et que par la suite Peyo redessine ces mini récits pour en faire des albums. Progressivement les différences physiques et de caractère (schtroumpf à lunette, farceur, costaud, etc.) entre stroumpfs apparaissent. Le succès devient mondial.

Les aventures de "Johan et Pirlouit" gardent aujourd'hui une fraîcheur étonnanteavec leur Moyen Age des contes et des légendes raconté avec fantaisie et humour. Le dernier album réalisé par Peyo lui-même est Le Sortilège de Maltrochu en 1972. Vampirisé par le succès des Schtroumpfs, Peyo,ne trouvera plus de temps à consacrer à la réalisation de nouveaux albums de Johan et Pirlouit. Après son décès, la série est reprise per le dessinateur Alain Maury et les scénaristes Yvan Delporte, Thierry Culliford, Luc Parthoens. Une serie de dessins animés a été produite par Hanna-Barbera Productions en 1982.

Johan et Pirlouit

Johan et Pirlouit "Les sire de Montrésor" - 1960

Peyo et sa caricature

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Pierre Culliford dit Peyo

Peyo (Pierre Culliford, 1928-1992) d'abord assistant projectionnistedans une salle de cinéma, il passe quelques mois à l'Académie des Beaux-Arts de Bruxelles. En 1945 “gouacheur” dans un studio de dessins animés il fait la rencontre de Franquin, Morris et Eddy Paape. Il s'essaie au dessin publicitaire puis publie des bande dessinée dans des quotidiens belges "La Dernière Heure et "Le Soir". En 1947 il créé "Johan et pirlouit", en 1958 Les Schtroumpfs et en 1960 "Benoit Brisefer" (sur les décors de Will ) un petit garçon à la force herculéenne, ami de Madame Adolphine, qui perd sa force quand il est enrhumé.

Le succès phénoménal des Schtroumpfs amène Peyoà créer son studio et à s'entourer d'une équipe : Walthéry, Roger Leloup, Lucien De Gieter, de Marc Wasterlain, de Derib, d'Albert Blesteau et de Benn,..

Au début des années 80 les Schtroumpfs sont un succès mondial: produits dérivés, dessins animés, les Schtroumpfs envahissent la planète.

En 1989, Peyo fonde sa société d'édition :Cartoon Création qui lance le magazine Schtroumpfs. En 1992, Cartoon Création cesse son activité d'éditeur et les Editions du Lombard prennent la relève, c'est là que naitra la derniere aventure des Schtroumps de la main de Peyo "Le Schtroumpf Financier".
Peyo est victime d'un arrêt cardiaque le 24 décembre 1992.C'est son fils Thierry qui assure la continuité de son œuvre.

Benoit Brisefer

Benoît Brisefer est un jeune garçon doté d'une force Herculéenne : il peut soulever les charges les plus lourdes (bétonneuse, armoire, voiture, rocher de plusieurs tonnes...), sauter très haut, courir très vite. Sa particularité est de perdre sa force lorsqu'il s'enrhume. Il vit à ViveJoie-La-Grande. Il n'aime pas la violence et les gens qui se battent. Sa force le met parfois dans de drôles de situations il casse presque toujours les jouets de ses amis. Il est ami avec madame Adolphine, une vieille femme, qui est à la fois un personnage humain, une vieille dame aimable, et un robot, ayant servi à son insu de modéle à un inventeur, mais en raison d'un accident dans la fabrication l'Adolphine robot est une personnage peu recommandable, chef de gang. Benoit a aussi un oncle : Placide, membre du Service Auxiliaire de Protection des Personnalités Étrangères, un "gorille". Comme la plupart des adultes, Placide ne croit pas à la force extraordinaire de son neveu.

La bande a été créée par Peyo mais a été reprise par plusieurs dessinateurs et scénaristes.


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Pirlouit fait de la pub pour Omo



Années 50.... Le Docteur Jivago -

Publié à 14:47 par acoeuretacris Tags : docteur jivago années 50
Années 50.... Le Docteur Jivago -
La première édition du Docteur Jivago -

Le docteur Jivago, roman interdit de Boris Pasternak

Docteur Jivago - Omar Shariff, julie Christie dans le film de David Lean

"De l'immense majorité d'entre nous, on exige une duplicité constante, érigée en système." Boris Pasternak

"En raison de la signification attachée à votre prix par la société dans laquelle je vis,je dois renoncer à la récompense imméritée qui m'a été accordée. Ne prenez pas en offense mon refus volontaire" écrit en français Boris Pasternak dans le télégramme qu'il envoie, le 28 octobre 1958 à l'Académie Royale de Suèdepour refuser le prix Nobel qui vient de lui ëêtreattribué. De 1946 à 1950, le  nom de Pasternak fit partie de la liste finale des candidats au Nobel, mais c'est le roman "Docteur Jivago", paru en 1957, qui emporte la décision du Comité du Nobel.

Avec la reprise de la terreur stalinienne en 1946, Pasternak, âgé de 56 ans, perd toute illusion sur le régime soviétiqueet s'attelle à ce roman en partie autobiographique. Il rencontre dans les bureaux du "Monde nouveau" Olga Ivinskaïa,âgée de 22 ans.  C'est le coup de foudre, elle sera son modèle pour le personnage de Lara. En 1949  le KGB qui veut faire pression sur Pasternak arrête OLga  et l'expédie dans un camp, enceinte, elle perd le bébé. Elle est libérée à la mort de Staline et  reprend sa vie auprès de Pasternak. Après la publication du roman elle est de nouveau expédiée au goulag pour quatre ans. Unique roman du poète russe,  "Le Docteur Jivago" est achevé en 1955.

Boris Pasternak (3eme a partir de gauche) Congrès des écrivains soviétiques 1934

"Le Docteur Jivago" est une fresque historique des "années terribles de la Russie",retraçant les bouleversements qu’ont connus la Russie, puis la nouvelle Union soviétique, entre 1906 et 1929, mais c'est aussi un roman d'amour, l’histoire d’un trio. Une jeune femme, Lara, d’origine bourgeoise mais pauvre, épouse Pavel Antipov, fils d’ouvrier. Celui ci devient en 1917 un révolutionnaire impitoyable. Lara mobilisée lors de la première Guerre mondiale fait la connaissance Iouri Jivago, médecin et poète, ils se retrouveront à plusieurs reprises durant ces années troublées, mais devront se séparer. Jivago en mourra.

À travers l'histoire d'un amour impossible, Pasternak rend compte du conflit qui s’est joué au sein de  la révolution bolcheviqueentre deux conceptions. Celle incarnée par Pavel Antipov prêt à sacrifier  sentiments et la vie d’autrui aux intérêts supérieurs de l’histoire  et celle de Iouri Jivago qui refuse de sacrifier des hommes au nom d’idéaux qui, une fois incarnés dans l’histoire, s’identifient aux puissances du mal. Le révolutionnaire ne sait répondre au mal que par le mal. L' abandon fataliste de Jivago à la vie n'est pas  démission, mais l'acceptation d'une mission prophétique qui implique le sacrifice de soi-même.

C'est, en arrière-fond la Russie stalinienne qui se profileavec la grandeur de ses débuts et la violence glacée des années staliniennes : purges, exécutions sommaires et mensonge institutionnalisé. "Il a été l'âme et la conscience de l'une de ces curiosités rarissimes: le visage et la voix d'une grande tempête russe, unique et extraordinaire [...] Il a pris la responsabilité d'une débauche de sang et de destruction comme le monde n'en avait encore jamais vu." écrira Pasternak de Staline après la mort de celui-ci.

Boris Pasternak  et Akhmatova (poete russe) dans les années 40

Boris Pasternak (au second rang) avec des soldats soviétiques en 1943

"De l'immense majorité d'entre nous, on exige une duplicité constante, érigée en système.On ne peut pas, sans nuire à sa santé, manifester jour après jour le contraire de ce qu'on ressent réellement, se faire crucifier pour ce qu'on n'aime pas, se réjouir de ce qui vous apporte le malheur " (Le Docteur Jivago, XV, 7).

"Il y a longtemps que je n’avais lu un ouvrage vraiment russe, apparenté à la littérature d’un Tolstoï, d’un Tchekhov, d’un Dostoïevski.Le Docteur Jivago relève incontestablement de cette dimension supérieure. [...] Voilà pourquoi il m’importe peu de savoir si Le Docteur Jivago est un roman, un tableau de mœurs sur la première moitié du XXe siècle, ou Dieu sait quoi. Il y a beaucoup d’idées exprimées par Vedeniapine, Lara et Jivago lui-même, sur lesquelles j’ai envie de méditer, et elles vivent en moi indépendamment du roman, de même que le trouble intérieur qu’elles soulèvent."  Lettre de Varlam Chalamov à Boris Pasternak

Boris Pasternak début 1956, adresse le manuscrit du "Docteur Jivago"à trois revues soviétiques (Literatournaïa Moskva, Znamia et Novy Mir) et,  en même temps le fait passer à l'éditeur communiste  italien Giangiacomo Feltrinelli.

"J'ai transmis un exemplaire à une maison d'édition communiste italienneet j'attendais la parution du livre censuré à Moscou, écrivait Pasternak dans une lettre au bureau de l'Union des écrivains soviétiques. J'étais prêt à corriger tous les passages inacceptables...".

Boris Pasternak avec Olga Ivinskaia et sa fille , Irina, en 1959

Dans le rapport du département de la culture du comité central sur «un roman inédit de B. Pasternak» en aout 1956 "Le Docteur Jivago" est qualifié de «calomnie haineuse» contre la révolution soviétique. Les autorités soviétiques somment Pasternak  d’écrire Feltrinelli de lui retourner son manuscrit. « Lettre rédigée au Comité central sous menace de mort. » notera Pasternak en marge. Mais Feltrilleni  prévenu qu'il ne doit tenir compte d'aucune lettre écrite en russe ne bouge pas et malgré les pressions, en novembre 1957, la toute première édition du "Docteur Jivago"  parait chez l’éditeur italien . Le monopole du Parti sur la production littéraire soviétique est brisé. Des 1958  Collins, à Londres, et Gallimard, à Paris publie le roman en anglais et en français.

En  octobre 1958, le Nobel de littérature lui est attribué,dans un premier temps Pasternak accepte de se rendre le 10 décembre à la réception de son prix. Nikita Khrouchtchev  fou furieux lança une campagne de presse déchainée contre l'écrivain. Le Comité central déclare que  le geste de l'Académie Royale suédoise est une manifestation d'hostilité à l'égard de l'U.R.S.S.

Le poète Alexandre Tvardovski, rédacteur en chef du mensuel le Monde nouveau écrit : «Une fin sans gloire attend aussi le Judas ressuscité, le Dr Jivago, et son auteur, qui aura pour lui le mépris du peuple.»

Pasternak, déjà  malade, renonce à se rendre à Stockholm,et écrit à Khrouchtchev : « Le départ hors des frontières de ma patrie équivaudrait pour moi à la mort, et c’est pourquoi je vous prie de ne pas prendre à mon égard cette mesure extrême. » En novembre 1958 , la Pravda publie une lettre de Pasternak dans laquelle il dit regretter que son roman ait été perçu comme une attaque contre la révolution d'octobre et les fondements du système soviétique.

Leonard Bernstein et sa femme  Felicia Montealegre avec  Boris Pasternak, Moscou  1959

Pasternak est exclu de l'union des écrivains."L'attitude de Pasternak, membre de l'Union des écrivains de l'U.R.S.S. Il est devenu une arme de la propagande bourgeoise [...]. Il a rompu les derniers liens avec le pays et son peuple. [...] Considérant sa trahison à l'égard du peuple soviétique, du socialisme et du progrès, Le présidium retire à Boris Pasternak la qualité d'écrivain soviétique [...]." En janvier 1959, il écrit le poème "Prix Nobel" dont voici la première strophe : "Ils m'ont traqué et pris au piège -Chez moi, ils m'ont fait prisonnier. - La meute hargneuse m'assiège. - Pourtant, je sais la liberté". Après deux infarctus, Boris Pasternak meurt d’un cancer des poumons le 30 mai 1960.

Vladimir Nabokov , lui, détestait "Le docteur Jivago", il soupçonnait même que "[...] Les Soviets dénonçaient hypocritement le roman de Pasternak (dans le but de faire monter les ventes à l'étranger, pour en empocher les profits, et pour consacrer ceux-ci à financer leur propagande) [...] Tout Russe sensé peut constater immédiatement que ce livre est un livre pro-bolchevique et historiquement faux, ne serait-ce que parce qu'il passe sous silence la révolution libérale du printemps 1917 ; en plus, le bon docteur accepte avec une joie délirante le coup d'État bolchevique qui intervient sept mois plus tard - tout cela est entièrement conforme à la ligne du parti. Mais laissons de côté la politique, ce livre est une chose pathétique, il est maladroit, trivial, mélodramatique, avec des situations éculées, des avocats lascifs, des jeunes filles invraisemblables, et des coïncidences banales. [...] Oui, j'ai applaudi à son prix Nobel à cause de ses vers. Dans Le Docteur Jivago, pourtant, sa prose n'est pas à la hauteur de sa poésie."

"Le docteur Jivago"  n'a pu être publiée  en URSS qu' en 1988,grâce à la politique de "glasnot" de Mikhaïl Gorbatchev.

Krouchtchev et sa femme à la Maison Blanche avec Eisenhower et sa femme en 1959

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A. A. Murashko Portrait de Boris Pasternak 1917

Boris Pasternak

Boris Pasternak naît en 1890 à Moscou, sa mère est pianiste,son père peintre (Leonid Ossipovitch Pasternak, 1862-1945). Il étudie la philosophie à Moscou et fait un sejour en Allemagne à l'Université de Marburg. Il fait paraitre en 1914 son premier recueils de poesie, "Un jumeau dans les nuées", mais c'est seulement en 1922 qu'il accède à la célébrité avec la publication de  "Ma sœur la vie".  Il fait un bout de chemin avec Maïakovski  et le groupe LEF, dont les adhérents veulent mettre une esthétique d'avant-garde au service de la révolution. Rebuté par leur dogmatisme il s'en sépare rapidement.

Boris Pasternak, sa  femme , Evgeniia Pasternak,  et leur fils 1924

Va commencer alors une période difficile ou il est dénoncé comme idéaliste et  individualiste.En 1934 il est neammoins admis dans dans la nouvelle Union des écrivains soviétiques. En 1935 Staline l'envoie à Paris au Congrès international des écrivains pour la défense de la culture. En 1936 Malraux  et Gide lui rendent visite à Moscou.  La terreur stalinienne des années 1936-1938 le réduit au silence. Pasternak se consacre alors exclusivement a des traductions de Shakespeare, Keats, Shelley ou Verlaine. Il echappe ainsi au goulag.

En 1945 il entreprend "Le docteur Jivago"qui est publié en 1956 en Italie.A partir de 1947 il entretient une relation amoureuse passionnée avec Olga Ivinskaïa. Aprés avoir été obligé de refuser le prix Nobel il meurt en 1960 à  Pérédelkino.

Funérailles de Boris Pasternak 1960

La saga des marques - Maggi -

Publié à 10:59 par acoeuretacris Tags : marques
La saga des marques - Maggi -
MAGGI, l'expertise culinaire depuis plus d'un siècle 
  
Potages déshydratés, plats cuisinés, sauces... sans oublier le célèbre Bouillon Kub et la purée Mousline, Maggi c'est aujourd'hui plus d'une centaine de produits en France et bien davantage. dans cent autres pays du globe. Maggi, ou l'histoire d'une marque dont la vocation, nutritionnelle dès l'origine, est d'ouvrir les portes de la grande à la petite cuisine. 
  
  
 
  
Le premier produit
instantané (1885)
 
  
  
7,5 milliards de bouillon cube, 1,2 milliard de sachets de nouilles, 700 millions de sachets de potages...
C'est la consommation mondiale et annuelle de trois des nombreux produits de la marque Maggi.
Pour les palais français, Maggi appose son nom sur le célèbre Arôme (1887), le Bouillon Kub (1908), Mousline (1963); Bolino (1980), les Noix de Saveurs (1995), Maggi Cup' (1997).
Une liste non exhaustive d'innovations qui témoigne, sur plus d'un siècle, d'une révolution des comportements alimentaires, et qui atteste l'adaptation de la marque Maggi à l'évolution des moeurs, ainsi que de son rôle dans la libération des femmes des contingences culinaires depuis les années 1980, les consommateurs Maggi ont "des idées qui ont du génie", ils doivent leur talent culinaire à Julius Michaël Johannes Maggi.
Italien, naturalisé suisse par son père, Julius Maggi est meunier à Kemptall (Suisse) depuis 1869 quand son ami, le docteur Fridolin Schuler, inspecteur fédéral en chef des fabriques et conseiller de la Société suisse d'utilité publique, s'inquiète des conditions d'existence des ouvriers et de l'insuffisance de leur alimentation.
De fait, la révolution industrielle, synonyme d'exode rural, engendre une autre révolution: celle de l'abandon des comportements alimentaires fondés principalement sur l'autoconsommation.
 
 
 
 
 
Carte postale du début du siècle. 
 
 
 
 
Julius Maggi (1846-1912) reprend,
à 23 ans, la minoterie familiale.
Nestlé a célébré, en 19986,
les 150 ans de sa naissance à Noisiel.
 
 
 
 
 
Enfants prescripteurs 
 
 
Les paysans deviennent ouvriers et les femmes quittent, elles aussi, la ferme pour l'usine. La malnutrition frappe alors les foyers les plus modestes puisque les mères consacrent moins de temps à cuisiner. Nous sommes en 1882 quand la Société suisse d'utilité publique adopte " une résolution pour améliorer l'alimentation des ouvriers de fabriques, en remédiant à son insuffisance et à ses défectuosités " (1) et recommande, à la suite de Fridolin Schuler, l'utilisation des légumineuses, en raison de leur haute valeur nutritive. 
 
Et c'est vers Julius Maggi, à l'époque le plus important des minotiers suisses qu'elle se tourne. Après deux ans de recherche, ce dernier, entouré de chimistes et de physiologistes, met au point, à l'aide d'appareils à griller et à moudre, une technique de transformation des légumineuses en aliments facilement digestibles, de préparation simple et rapide. Le 19 novembre 1884 est signée une convention avec Maggi aux termes de laquelle la Société suisse d'utilité publique patronne durant trois ans la nouvelle invention. 
 
 
 
 
En janvier 1885 commence, à Kempttal, la fabrication industrielle de la farine de légumineuses. La société Maggi et Cie, fondée en 1886, a alors pour finalité la "fabrication et commerce de produits alimentaires et populaires, de spécialités et de produits médicaux". La valeur gustative n'est pas absente des préoccupations de Julius Maggi.
La "gamme" s'enrichit en 1886 de trois farines de légumineuses - pois, haricots et lentilles - et d'un assortiment de "Potages déshydratés prêts à la cuisson" obtenus grâce à un procédé de séchage des légumes (déshydratation) et présentés sous forme de rouleaux compacts. Les produits instantanés viennent de naître. Parallèlement, Julius Maggi élabore en 1887 l' "Arôme" pour assaisonner bouillons et potages. "Cette industrialisation de la cuisine permet à l'ouvrier d'obtenir de suite, par simple chauffage, une nourriture substantielle et à bon marché" (2).
 
 
La demande n'étant pas circonscrite à la seule Suisse, des dépôts sont créés, durant les trois premières années, à Paris, Berlin, Vienne et Londres. En 1890, la société, devenue société anonyme, a pour dénomination "Fabrique des Produits Alimentaires Maggi". 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Produit lancé en 1912.
Illustration 1951.
 
 
 
 
 
L'aventure laitière 
  
En 1901, Julius Maggi devenu Jules Maggi, s'installe à Paris. Présent en France depuis 1897 à travers la compagnie Maggi et la société des boissons hygiéniques - en charge, depuis 1899 de la fabrication et du commerce de bouillons liquides stérilisés -, Jules Maggi se lance dans une nouvelle aventure: celle du lait. A la demande du gouvernement français inquiet du taux de mortalité excessif des nourrissons à Paris, dû à la qualité défectueuse du lait, Jules Maggi crée, en 1903, la Laitière Maggi et fait de l'observation rigoureuse des conditions de l'hygiène, une règle d'or. 
 
 
 
 
 
Une action prophylactique qui lui vaut d'être promu en 1907 au grade d'Officier de la Légion d'Honneur.
En 1912, année de son décès (3); la Société Laitière Maggi vend 61 millions de litres contre 900 000 en 1903. Au sortir de la Grande Guerre, la Société Laitière Maggi dispose de 1 200 boutiques ou locaux de vente où elle écoule également du beurre, du fromage, de la crème, des œufs et des yoghourts à la marque Maggi. En 1938, l' activité laitière a un chiffre d'affaires cinq fois supérieur à celui de la société fabriquant des produits culinaires !
Celle-ci n'en est pas moins performante avec, pour le seul Bouillon Kub, une production journalière de 1 800 000 cubes et 10 000 kilos de légumes cuits quotidiennement, destinés aux potages. Maggi est également présent en Belgique, Autriche, Pologne, Allemagne, Italie, Tchécoslovaquie, et aux Etats-Unis depuis 1940. Compte tenu du climat international, "la société s'attache avant tout à rester suisse par sa direction générale, par son capital et par ses actionnaires" (4). Une mesure salutaire quand, entre 1940 et 1945, bon nombre de sociétés du groupe seront situées dans des pays en guerre. Au sortir du conflit, la situation n'est guère florissante, certaines filiales se trouvant en Allemagne ou dans la zone soviétique.
 
 
 
 
 
1900 : Benjamin Rabier (le créateur de la Vache qui rit). 
 
 
 
 
 
 
 
1887 : le célèbre Arôme
avec l'emblème de l'étoile
à quatre branches
 
 
 
Plus d'un siècle d'innovations
1883 : Farines de légumineuses
1886 : les premiers potages prêts à consommer et à cuire sous forme de rouleaux
1887 : Arôme Maggi
1889 : bouillon concentré
1898 : bouillon en cube puis en tablette
1908 : le célèbre Bouillon Kub
1912: Poule au pot et potages en barre
1936 : bouillon gras et potage de viande en tablettes
1950 : potages en sachets et gelée
1952 : Pot-au-feu
1956 : Bouillon de volaille et potages en sachets
1958 : Bouillon Kub Or
1959 : potages gastronomiques
1960 : potages pour enfants
1963 : soupe de poisson en sachets
1963 : Mousline (croquette Mousline en 1970, Dauphine Mousline en 1971, Gratin Mousline en 1973, Mousline au lait en 1974, Mousline de légumes (carottes, céleris, épinards} en 1982, Mousline au fromage en 1984, portions individuelles en 1990, Mousline saveur à l'ancienne en 1998)
1965 : court-bouillon
1967: potages en boîte
1976 : Rapid soup
1977 : bouillon bouquet de légumes et préparations culinaIres
1979 : potages en flocons
1980 : Bolino
1981 : sauces "fines saveur
1983 : la soupe chinoise
1985 : bouillons dégraissés, bouquet garni et soupes moulinées
1990 : Fonds et fumets, assaisonnements pour sauce salade, soupes délices et sauces cuisinées en pot-verre
1995 : noix de saveur et fonds de sauce
1995 : nouilles asiatiques
1997 : Maggi Cup, Maggi regroupe deux grandes catégories de produits: les déshydratés (les aides culinaires, les potages, Mousline et les plats cuisinés soit 120 produits) et les apertisés (couscous, taboulé, paela, gratin).
 
 
 
 
 
Des premiers livrets de recettes de cuisine édités en 1920 au journal lancé en 1997 et diffusé à 300 000 exemplaires, sans oublier le Minitel et la préparation d'un site sur Internet, un même objectif : l'aide culinaire et la fidélisation. 
 
 
 
 
Capiello 1931. 
 
 
 
 
Sepo 1956. 
 
 
Quand deux nutritionnistes font route commune 
  
  
 
 
Sepo 1958 
 
 
Le destin de la société change quand, le 5 décembre 1947, Maggi fusionne avec Nestlé, autre société suisse (5).
Ou quand deux nutritionnistes se marient! Pour le meilleur puisque Nestlé se diversifie dans la fabrication de produits qui ne sont plus exclusivement à base de lait, de cacao et de café: présent dans le chocolat, les produits laitiers et café soluble, Nestlé enrichit sa gamme. Reste que le groupe n'entend pas conserver la vente de lait frais pour ne privilégier que les laits de conserve. La Société Laitière Maggi est cédée ainsi que les magasins, sauf 224 d'entre eux qui constituent le Cercle Bleu, chaîne de distribution de produits de qualité, revendue dans les années soixante.
 
 
Quant à Maggi, ce rapprochement lui permet d'envisager une diffusion mondiale de ses produits. Dans une lettre interne, le président de Nestlé justifie ainsi son choix: "Lorsque nous aurons repris cette affaire, il nous sera certainement facile de la développer dans tous les marchés de l'Amérique latine, puis en Espagne et au Portugal, un peu plus difficile dans les pays anglo-saxons..." (6). 
 
 
 
 
Savignac 1964 
 
 
Seule solution pour conquérir ces nouveaux territoires: "les mettre au goût anglo-saxon". Maggi alors spécialisé, à travers 11 usines, dans la fabrication de produits populaires et bon marché, doit s'adapter à l'évolution des habitudes alimentaires portées par l'amélioration du pouvoir d'achat, et ce en proposant une gamme de produits élaborés à destination d'une couche plus large de consommateurs. Ainsi, en Allemagne, le plus grand marché de la marque avant 1940, Maggi redouble d'efforts pour répondre à la demande. Dès les années soixante, aux potages, bouillons et "Arôme" traditionnel, Maggi propose un assaisonnement en cube et en poudre, des potées déshydratées ou en conserve, des ravioli et plats cuisinés en boîte, des potages en boîte et un assortiment de sauces. 
 
 
Hmmmousline ! 
  
En France, Maggi, se lance, sous l'égide de la Société des Produits Alimentaires et Diététiques (Sopad) dans l'élaboration de nouveaux produits. 
 
Le destin de la société change quand, le 5 décembre 1947, Maggi fusionne avec Nestlé, autre société suisse (5).
Ou quand deux nutritionnistes se marient!
Pour le meilleur puisque Nestlé se diversifie dans la fabrication de produits qui ne sont plus exclusivement à base de lait, de cacao et de café: présent dans le chocolat, les produits laitiers et café soluble, Nestlé enrichit sa gamme. Reste que le groupe n'entend pas conserver la vente de lait frais pour ne privilégier que les laits de conserve.
La Société Laitière Maggi est cédée ainsi que les magasins, sauf 224 d'entre eux qui constituent le Cercle Bleu, chaîne de distribution de produits de qualité, revendue dans les années soixante.
 
 
 
 
 
1980 : une innovation qui concerne le produit et le packaging 
 
 
Bénéficiant de la technologie Nestlé, Maggi crée, en 1962, des soupes de poisson en sachets et la première purée de pommes de terre en flocons sous la marque Mousline en 1963. Une vraie rupture par rapport aux modes de consommation, hostiles à toute transformation industrielle des produits alimentaires. Au reste, cette innovation est en droit fil de l'esprit du fondateur: libérer les femmes des corvées de la cuisine " pour que les mamans aient plus de temps de jouer avec leurs enfants " et " pour choyer un peu plus ceux qu'on aime ", souligne la publicité. 

Changement du comportement des consommateurs oblige, Bolino est lancé en 1980 : une innovation qui concerne aussi bien le produit que le packaging. Et son nom se décline différemment selon les pays : "Maggi, 5 minuten terrine" en Allemagne ou Quick Lunch en Suisse. De fait, la marque s'adapte aux marchés locaux en fonction des goûts et du contexte concurrentiel.
Ainsi trouve-t-on des surgelés Maggi en Allemagne et non en France, ainsi que des épices et du Ketchup. Avec la soupe chinoise lancée en 1983 et les saveurs vietnamienne et mexicaine en 1987, Maggi s'ouvre progressivement sur "une nouvelle façon de souper" et inaugure, en 1995, une autre génération d'aide à la cuisine, avec Noix de Saveur et Fonds de Sauce.
 
 

La saga des marques - Lux -

Publié à 10:22 par acoeuretacris Tags : marques
La saga des marques - Lux -
 
LUX, LA STAR DES STARS
NÉ SOUS LE SIGNE DES PAILLETTES
 
 
 
 
 
 
Depuis soixante-dix ans, plus de 2000 vedettes ont vanté les mérites du savon Lux. Histoire d'une continuité, rare en communication. 
 
 
En Angleterre, à la fin du siècle dernier, William H.Lever fait construire sur les rives de la Mersey, à quelques miles de Liverpool, un vaste ensemble industriel.
Objectif : faire face à l'expansion de son entreprise.
Il le baptise Port-Sunlight, du nom du savon qui, en un peu plus d'une décennie, a fait la renommée et la prospérité de sa firme, Lever-Brothers.
 
 
Au cours de ces dix années, la compagnie a certes mis de nouveaux produits sur le marché mais aucun, même le révolutionnaire Lifebuoy au phénol - dont les propriétés désinfectantes étaient bien suggérées par sa marque- n'a connu un succès semblable à celui de Sunlight.
Aussi, quand en 1899, W.H.Lever décide de lancer un second produit tout aussi révolutionnaire pour l'époque, des paillettes de savon extrêmement fines destinées au lavage des textiles délicats, estime-t-il judicieux de le baptiser Sunlight Flakes.
 
 
 
 
 
 
A sa grande surprise, l'accueil des ménagères anglaises est plutôt tiède. Lever se tourne alors vers l'agent en marques de fabrique W.P.Thompson de Liverpool, celui-là même qui en 1875 lui avait si heureusement proposé le mot Sunlight. Ce dernier soumet entre autres suggestions Lux, trois lettres aisées à retenir et de surcroît évocatrices de lumière et de blancheur. Un choix judicieux : sous la marque Lux Flakes, les ventes de savon en paillettes connaissent un rapide développement puisqu'elles vont tripler, ce dès la première année. 
 
L'étape de l'internationalisation est franchie le 13 janvier 1900 : la marque Lux est alors déposée en France où les Paillettes Lux vont également connaître un beau succès. 
 
 

 
 
Sunlight ou le savon qui a fait la renommée de Lever Bros. 
 
 
Lever à la conquête des Etats-Unis 
 
 
 
 
William H. Lever,
père de Lux
 
 
 
Si William H.Lever vient de s'implanter avec succès sur le vieux continent, sa fascination est ailleurs... en Amérique. 
 
Tout l'y impressionne : les perspectives qu'ouvre un pays immense dont la population a doublé entre 1860 et 1886.
Et, surtout, le dynamisme et l'efficacité de ses industriels et hommes d'affaires. Il décide donc de s'y implanter en rachetant en 1897 sa première affaire à Boston et, deux ans après, une autre à Philadelphie.

Pourtant, le succès n'est pas au rendez-vous : ni Sunlight, ni Lifebuoy, les deux vedettes de la firme, ne marchent vraiment.
Ainsi, en 1912, le total des ventes de tous les produits n'atteint pas 200.000 paquets par an.
Ce qui ressemble fort à un échec en comparaison des 48.000 pains de Sunlight vendus l'année où ce savon, bénéficiant alors de l'aura de la nouveauté, a été introduit aux Etats-Unis.
 
 
 
Countway à l'oeuvre 
 
 
 
 
 
Totalement désarmé face à l'évolution de ses affaires, William H. Lever se résoud même à engager des détectives privés qu'il lance sur les traces de Francis Countway, son agent de New-York !
Mais l'explication de cet échec commercial aux Etats-Unis est à rechercher ailleurs. Du côté des habitudes de consommation des Américains, tout d'abord, qui préfèrent alors la quantité à la qualité. Aussi pensent-ils réussir une meilleure affaire en achetant du savon en barres comme autrefois plutôt que de petites unités sous emballage.
Autre raison, plus profonde : l'équipe de Boston n'a pas su acquérir la mentalité américaine.
Analysant la situation, Francis Countway comprend qu'il faut étendre le champ d'action de la société à l'extérieur du cocon douillet de Boston, laisser Sunlight mourir de sa belle mort et porter tous les efforts sur trois marques, Welcome, Lifebuoy et Lux. Une stratégie qui va bientôt porter ses fruits.
 
 
 
 
 
Lux, le savon des stars : la preuve en images. 
 
 
La situation de Lever-Etats-Unis commence à se redresser à la veille de la Seconde Guerre mondiale : n'atteignant pas mille dollars en 1913, les bénéfices s'élèvent déjà à 762.846 dollars en 1920, pour ne cesser de croître par la suite, au point de doubler cinq ans plus tard.

En 1923, avec un budget d'environ six millions de dollars, les dépenses publicitaires de Lever en Amérique représentent presque la totalité des sommes engagées en Angleterre et dans les autres pays étrangers où le groupe est présent.
 
 
 
Et Lux devient savon 
 
 
 
 
 
Pendant ce temps, William H.Lever n'a pas abouti dans les laborieuses négociations qu'il menait avec la Palmolive Company à laquelle il voulait s'unir. Pour se venger de son échec, il déclare la guerre à son concurrent. Celui-ci tient-il le marché du savon de toilette avec son savon vert aux huiles de palme et d'olive ? Pour le contrer, Lever lance au Royaume-Uni, en 1924, Olva, une savonnette également verte. Elle ressemble tellement à Palmolive que les milieux industriels s'élèvent - à l'étonnement du savonnier - contre cette manoeuvre foncièrement déloyale. Et lorsqu'est envisagé, l'année suivante, le lancement de Olva aux Etats-Unis, Countway estime d ' emblée qu'une telle contrefaçon n'a aucune chance de succès sur ce marché. Il est en revanche conscient de la nécessité que représente, pour la Compagnie, le lancement d'un savon de toilette. Pourquoi ne pas promettre à la peau ce que l'on a offert au linge ? Selon Countway, ce lancement doit s'inscrire dans la réussite sans cesse grandissante des Lux Flakes : les trois mille paquets écoulés en 1913 ont essaimé et les ventes ont atteint un million cinq cent mille unités en 1919. Si ces paillettes connaissent un tel engouement, c'est en partie parce que les articles de soie et de soie artificielle ne sont plus l'apanage de quelques femmes fortunées. Mais c'est aussi et surtout parce que Countway a su profiter de ce tournant de la mode. 
 
 
 
 
 
Il a ainsi passé des accords avec les grandes chaînes de vêtements féminins qui lui donnent la possibilité d'organiser des démonstrations de lavage dans leurs magasins, les clients pouvant apporter leur linge personnel et l'y faire laver gratuitement. Aussi, le manager américain suggère-t-il de lancer une savonnette sous la marque Lux. Un savon qu'il entend présenter comme un véritable produit de beauté et qui, surtout, se démarque de ses concurrents par sa couleur. Ni verte comme Palmolive, ni rose comme Cadum, la savonnette se doit d'afficher une blancheur aussi éclatante que celle des paillettes dont elle portera le nom. En un trimestre, à la fin de l'année 1925, les tests sont confirmés par la vente de... 135.000 savonnettes. Et Lux renoue avec l'histoire glorieuse de Sunlight. 
 
 
Publicité à l'américaine 
 
 
 
 
 
Le succès de Lux aux Etats-Unis se révèle spectaculaire et dépasse même les prévisions les plus optimistes. En quatre ans, de 1925 à 1929, les ventes de ce savon de beauté passent de 40.000 tonnes à 91.000 tonnes, tandis que les bénéfices, dans le même temps, triplent pour atteindre près de trois millions de dollars. Une publicité intensive soutient cette expansion, rendue d'autant plus indispensable que, dans cette branche, les marges sont extrêmement faibles au regard des standards européens. Jusqu'en 1928, la publicité de Lux est fondée sur le concept d'un savon de beauté aussi sophistiqué que ceux des grands parfumeurs parisiens et pourtant dix fois moins cher. Les slogans n'empruntent rien à l'euphémisme...«Bénéficiez du luxe parisien sans dépenser une fortune !»...«Au lieu de débourser un dollar, vous ne paierez Lux que dix cents. C'est le génie américain des fabricants de Lux paillettes qui vous vaut ça !» En Angleterre, où Lux est mis sur le marché l'année suivante, la stratégie demeure la même. En France, en revanche, les publicitaires se voient bien sûr contraints de modifier leur approche pour le lancement de Lux savon en 1928. Ils s'appuient donc sur la notoriété des paillettes lancées sept ans auparavant et mettent l'accent sur la blancheur du savon, gage de sa pureté : «...Lux toilette n'est ni vert, ni jaune, ni mauve, ni rose, ni violet. Il est blanc car il n'a rien à cacher !». 
 
 
Les stars entrent en scène 
 
 
 
 
 
Né sous le signe des paillettes, Lux ne pouvait que devenir le savon des stars...
En 1928, à l'agence J.Walter Thompson, l'une des toutes premières aux Etats-Unis, Helen Landsowne met au point la stratégie publicitaire qui va devenir la signature de la marque et en assurer la pérennité. Ou comment s'appuyer sur la notoriété des stars de cinéma pour promouvoir celle de Lux. L'idée de faire témoigner des vedettes en faveur d'un produit n'est certes pas nouvelle.
Dans l'Angleterre du dix-neuvième siècle, Sarah Bernhardt témoignait déjà de la douceur du savon Pears. Et Cadum. avant d'attacher l'image d'un bébé joufflu au succès de sa marque, a lui aussi associé de nombreuses artistes aux qualités de sa savonnette.
Avec Lux, la nouveauté de la démarche réside dans sa systématisation. Il ne s'agit pas d'une vedette, non plus de quelques unes adoptant Lux pour leur toilette, mais de la quasi totalité des étoiles qui brillent au firmament du Star System créé par Hollywood.
 
 
 
 
 
 
Une universalité qui permet en outre d'éviter la vampirisation de la marque par une star.
Et si les plus beaux visages du septième Art changent, le message, lui, demeure. L'axe des campagnes restera immuable : l'utilisation du produit par une star prescriptrice. Un an après le début de sa campagne, Lever peut fièrement annoncer que quatre cent quarante trois stars utilisent son savon !
En fait, dès le début des années trente, le slogan «Neuf stars sur dix emploient Lux...» est pleinement justifié.
«Seules quelques Divas isolées n'avaient pas été sollicitées ou plus rares encore s'interrogeaient toujours sur les avantages et les inconvénients d'une telle participation», écrit Jean- Marc Lehu qui cite comme seule exception notable «Greta Louisa Gustafsson, celle qui prit pour l'écran le nom de Greta Garbo.
La «Divine» ne cédera d'ailleurs jamais aux avances maintes fois renouvelées de Lux.
Etait-il trop tard pour charmer Garbo ? Souhaitait-elle rester unique une fois encore par son refus ?»
 
 
 
Des arguments convaincants 
 
 
 
 
 
Dans les premiers temps, un cachet parfois très élevé est offert aux vedettes pour parrainer le savon de beauté. De même, la Compagnie doit se montrer plus prompte que la concurrence pour s'assurer les services d'une star. Toutefois, le générique réuni par J.Walter Thompson et Lever Bros devenant de plus en plus imposant, les stars et leurs agents se montrent de moins en moins exigeants. Rares sont les actrices qui ont refusé de faire partie du bataillon de charme des vedettes Lux. Soulignons que le terrain est soigneusement préparé à Hollywood et que Lux, figurant sur tous les plateaux de cinéma sans distinction de studio, devient, en quelques mois, partie intégrante de la machine à rêves hollywoodienne. Les toilettes des major companies sont bien approvisionnées en savonnettes et au cours des campagnes publicitaires, les annonces de presse y sont même affichées. 
 
 
 
 
 
Etre choisie par Lux représente alors pour l'élue une consécration, sorte de confirmation publicitaire de son statut de star. Hommage à sa beauté, preuve de sa notoriété internationale, une publicité Lux est parfois même, surtout aux Etats-Unis, un certificat de bonnes moeurs... Marilyn, star mondiale s'il en est, ne fut admise dans cette constellation que lorsque se fut estompé le souvenir des années où elle avait posé nue pour des calendriers ! Par ailleurs, la publicité du savon, dans tous les pays où la marque est vendue, se trouve conjuguée avec la sortie des films des actrices Lux. Des spots publicitaires qui constituent le meilleur moyen de mondialiser une vedette. Au lendemain de la guerre, Countway, âgé de 68 ans, prend sa retraite. Lux toilette est alors le champion incontesté des savons de beauté vendus aux Etats-Unis. Plus d'un millier de stars sous contrat en ont proclamé les vertus ou sont prêtes à les proclamer. Aucun metteur en scène n'égalera jamais le prestigieux casting de Lux... Au générique de soixante-dix ans de films publicitaires : plus de 2.000 stars, de Louise Brooks à Mathilda May, en passant par Marlène Dietrich, Ava Gardner, Michèle Morgan ou Brigitte Bardot. 
 
 
Les stars nationales 
 
 
 
 
 
Le fichier des stars, véritable Almanach du Gotha de la planète Cinéma, est géré en Angleterre.
C'est à Londres en effet, qu'à partir d'une liste proposée par les différents pays, la décision est prise de faire un film avec telle ou telle vedette internationale.
Pour qu'un pays soit autorisé à faire ses propres films avec une actrice nationale, son marché doit être assez important et sa production cinématographique spécifique. C'est le cas de l'Inde, de l'Italie et bien sûr celui de la France.
 
 
 
 
 
 
C'est ainsi que Mireille Darc, Marie Laforêt, Marina Vlady, Mathilda May plus récemment, et bien d'autres encore ont vanté Lux sur nos écrans. Certains de ces films ont pu être exploités à l'étranger, à l'instar de celui d'Isabelle Adjani en Italie et en Thaïlande, ou celui de Sophie Marceau en Belgique et au Japon. 
 
 
Festival Lux 
 
Après la Seconde Guerre mondiale, un effort de relance doit être consenti en France pour tous les produits de marque dont les restrictions ont estompé le souvenir.
Pour Lux, ce rôle est confié à une émission radiophonique diffusée en «prime time» le dimanche soir sur Radio Luxembourg : Festival Lux.
L'émission, enregistrée en public au Théâtre des Champs Elysées, nécessite d'incessants tours de force : il ne s'agit rien de moins que de réunir deux fois par mois un plateau où se succèdent chanteurs de variétés et interprètes classiques, jazzmen et grands solistes, stars de l'écran et vedettes de théâtre, écrivains et compositeurs célèbres, soit un panorama complet des plus grands artistes du moment.
 
 
 
 
 
 
Le tout, accompagné par un orchestre classique de soixante-dix musiciens et par une formation de jazz et de variétés qui en compte soixante ! Au hasard des programmes, citons quelques uns des grands noms qui ont fait le succès du Festival : les guitaristes Narcisso Yepes, Andres Segovia, Django Reinhardt, la cantatrice Victoria de Los Angeles, des écrivains tels que Jean Cocteau, Henri Jeanson ou Pierre Mac Orlan et bien entendu, tout le monde du théâtre et du cinéma, de Danielle Darrieux à Humphrey Bogart, de Jean-Louis Barrault à Louis Jouvet, et de Lauren Bacall à Walt Disney.
Rien d'étonnant à ce que, dès le deuxième mois de ces enregistrements, les places étant gratuitement distribuées, la direction du théâtre ait découvert un trafic de billets vendus au marché noir !
 
 
 
Festival au Festival 
 
Lux se devait de manifester sa présence partout où les stars du monde entier se donnent rendez-vous.
En France, le jeune Festival de Cannes qui, bien que prévu pour 1939, n'a pu voir le jour qu'au lendemain de la guerre, devient vite incontournable.
Le succès de Festival Lux fournit à Lever une excellente carte de visite pour y être admis comme un partenaire à part entière.
 
 
 
 
 
 
Ainsi chaque année, l'équipe de production au grand complet descend-elle sur la Croisette afin d'organiser un enregistrement public de son émission au casino municipal, ce avec de grandes vedettes recrutées sur place.
Une mission rendue d'autant plus facile qu'une génération d'étoiles montantes aspirant à la célébrité s'agite en coulisses du festival : les starlettes sont nées.
Certes, sur la centaine d'entre elles qui signent un contrat avec Lux, bien peu vont atteindre la notoriété.
L'opération se révèle toutefois payante. Les signatures de Martine Carol ou de Brigitte Bardot, obtenues avant leur ascension vers la gloire, valent bien les quelques boîtes de savonnettes qu'elles ont coûté !
 
 
 
 
 
 
Une vedette incontestable 
 
Notre époque est grande dévoreuse de célébrités. Il ne se passe pas de jour sans qu'un nouveau nom ne cherche à s'imposer à nos mémoires. Et la télévision fait dans ce domaine une rude concurrence au cinéma... Où sont les stars mythiques ? Toutefois, les vedettes du petit écran sacrifient le plus souvent leur notoriété à l'éphémère et ne dépassent que rarement la popularité des vedettes du grand écran d'autrefois. Victoria Principal a été, il y a dix ans, l'exception qui confirme cette règle. 
 
 
 
 
 
L'annonce pour Lux faite avec son témoignage est celle qui, parmi toutes les campagnes, a obtenu le meilleur impact. L'actrice tenait alors l'un des premiers rôles de Dallas, la série télévisée qui, de chaque côté de l'Atlantique, a battu elle-même tous les records d'audience. Ceci explique cela. Par ailleurs, tandis que les stars internationales quittaient leur piédestal, le savon de toilette perdait, dans le même temps, sa prééminence. Autrefois produit unique dans les salles de bain, il est devenu l'un des instruments de la beauté. Il n'a pas décliné. Il a été décliné. Sous la marque Lux, un gel douche apparaît en 1988, un bain moussant l'année suivante, bientôt suivis en 1991 par deux nouveaux gels douche et un nouveau bain moussant. 
 
 
 
 
 
Aujourd'hui, Lux signe une ligne complète de soins d'hygiène corporelle qui comprend deux crèmes de bain, une crème lavante et trois soins de douche hydra-équili-brants, relaxants et revitalisants, qu'accompagne une formule enrichie du célèbre savon. Le tout dans des packagings modernisés, le design de Canetti ayant été revu et corrigé par l'agence anglaise Design Bridge en avril 1995. Des changements qui ont rendu nécessaire une nouvelle conception publicitaire. Ecueil à éviter, dans ce domaine aussi : la destruction, par l'innovation, du patrimoine de la marque. Ou soixante-dix années d'une communication fondée sur les stars du cinéma. Equation résolue par le slogan : «Lux révèle la star qui est en vous». 
 
 
 
 
 
Puisqu'aujourd'hui les stars ne sont plus l'unique référence des femmes, Lux a inversé, dans son nouveau spot publicitaire, ce jeux de miroir... Dans un aéroport, une voyageuse anonyme est remarquée par un homme que l'on ne peut identifier. Leurs regards se croisent et au cours de cet échange muet, la jeune femme inconnue révèle un charisme de star... tandis que la fin du spot dévoile en l'admirateur l'acteur Paul Newman. Si les grandes stars se font rares, gageons que la nouvelle promesse de Lux, révéler la star qui est en chaque femme, augure d'un thème inépuisable ! 
 
 
 
 
1995 :
un nouveau design habille une gamme élargie en 1991
 

La saga des marques - Lu -

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La saga des marques - Lu -
Création graphique: Delphine Delaneau pour Vénus en Mars


LU
DONNE LE LA...



LU ou le "petit écolier" devenu grand. Chaque année, 30 millions de paquets de Petit-Beurre sont vendus et les quatre coins de ce centenaire grignotés aux quatre coins du monde... Du petit beurre Bambin au cookie made in LU, histoire d'une marque que même le générique des Guignols de l'Info n'oublient pas !


Les fondateurs Jean-Romain Lefèvre et Pauline-Isabelle Utile vers 1860

"Qu'on se figure un biscuit de forme carrée, longue, aux bords découpés en festons arrondis, qui croque sous la dent sans s'émietter, qui fond dans la bouche en y laissant un goût exquis sans être trop prononcé".

Nous sommes en 1886. Louis Lefèvre-Utile vient de créer le "Petit-Beurre LU". De la petite pâtisserie acquise par ses parents en 1850, Louis et son beau-frère Ernest Lefèvre font de la société LU une des plus belles réussites de l'industrie alimentaire française.

Créateur, le véritable père de LU, l'est à plus d'un titre : il s'inspire d'un napperon de grand-mère pour donner forme à un biscuit qui, aujourd'hui, fête ses cent dix ans. Il emprunte à la broderie le lettrage pour écrire sur le biscuit : "LU, Petit-Beurre, Nantes". Précision géographique qui n'est pas anodine, puisqu'il donne ses lettres de... famille à un marché jusqu'alors aux mains des Anglais. Créateur encore, il invente lui-même ses slogans publicitaires dont, en 1902, "qui me croque, craque. Qui m'a croqué recroquera".

C'est toujours en créateur qu'il introduit l'art dans le domaine populaire. Louis Lefèvre-Utile va allier le bonheur de la dégustation au plaisir de l'objet, ces fameuses boîtes en métal lithographiées.


Le 5 de la rue Boileau, à Nantes vers 1854.

Consonne... Voyelle...

Flash-back... 1846: Jean-Romain Lefèvre, pâtissier de son état, quitte la Meuse pour s'installer, 5 rue Boileau, à Nantes. La "Fabrique de Biscuits de Reims et de bonbons secs" devient rapidement LU. Ce grâce au trait d'union entre Jean-Romain Lefèvre et Pauline-Isabelle Utile, sa femme, dont les seules initiales vont bientôt suffire à désigner la marque(1).

Et si le couple Lefèvre-Utile appose désormais sur les emballages une représentation de la Renommée (une femme embouchant une trompette) qui signera les productions de la maison jusqu'en 1943, la véritable renommée de LU réside dans ces deux lettres. 1882 : alors que Jean-Romain Lefèvre vient de remporter la médaille d'or à l'Exposition de Nantes, son troisième fils, Louis, alors âgé de 24 ans, lui succède à la tête de l'affaire. Son ambition : battre l'Empire britannique du biscuit avec les mêmes armes... ces matières premières bretonnes et vendéennes exportées outre-Manche pour le plus grand succès des biscuits anglais.


Louis Lefèvre-Utile véritable père du Petit-Beurre LU

Faute de pouvoir répondre à la demande pour ces biscuits très en vogue, ses parents commercialisaient des produits concurrents des leurs, comme les fameux biscuits Huntley & Palmers(2)! D'un voyage en Grande-Bretagne, leur fils rapporte l'idée d'un découpoir. Sa stratégie est sans équivoque. Louis décide de construire une grande manufacture de biscuits le long de la Loire, sur le quai Baco, face au château des Ducs de Bretagne. Inaugurée fin 1885, elle est équipée de la technologie... anglaise ! La maison "Lefèvre-Utile" passe alors de cent cinquante à deux mille mètres carrés et l'usine comptera cent trente ouvriers en 1889.

Prophétique, il annonce, en 1886, "je crois que je viens de mettre au point un produit promis à un grand avenir". Au départ appelé le petit beurre Bambin, le "Petit-Beurre -LU-Nantes" est né. Sa forme et sa marque sont déposées au tribunal de commerce de Nantes le 9 avril 1888(3).

"Bretonne au bouquet", Hippolyte Berteaux, 1900

Le Petit-Beurre ou l'instrument de la reconquête... "Ce n'est pas le biscuit d'origine britannique, sec comme une Anglaise en route pour l'Exposition, fade comme le navet bouilli dont raffolent nos voisins d'outre-Manche, c'est un biscuit vraiment français, vraiment breton, avec une pointe de sucre, un nuage de lait, un doigt de ce beurre succulent qui a valu à nos départements armoricains une renommée universelle". Une anglophobie de façade, puisque Louis fait siennes les innovations venues d'outre-Manche, dont celle qui révolutionne le conditionnement.


De fait, la vente des biscuits ne se fait plus en vrac, mais dans des boîtes en fer-blanc habillées de papier imprimé. Un emballage qui, essor des transports oblige, assure une plus longue conservation et offre un support idéal pour la réclame. "Pour susciter la gourmandise, rien de tel que de séduire l'œil", constate Louis qui met les nouvelles techniques d'impression lithographique au service de sa marque. Là encore, étiquetage en relief ou chromolithographie nous viennent d'Angleterre. Avec les plus grandes marques de biscuit, l'art entre dans le domaine populaire et l'emballage devient un objet familier.


LU célèbre la premère ligne de tramways française.

construite à Nantes en 1879 - Boîtes en fer blanc émaillé, 1900.
L'Art Nouveau au service des biscuits
Patrimoine artistique rare que celui constitué par Louis, qui va faire appel aux meilleurs peintres et graphistes : Luigi Loir, Leonetto Cappiello, Benjamin Rabier, etc.. Après le succès de "la petite fille Menier"(4), Firmin Bouisset choisit son fils Michel comme modèle du "petit écolier". Ce dernier incarne alors en 1897 la défense du nationalisme et de deux de ses expressions : l'école républicaine et l'industrie ici biscuitière concurrencée par l'Angleterre.


On doit à Alfons Mucha la représentation, en 1904, de Sarah Bern-hardt dans son costume de scène de la Princesse lointaine d'Edmond Rostand. Elle signe : "Je ne trouve rien de meilleur qu'un petit LU... oh si, deux petits LU". Aux talents de la scène, Louis Lefèvre-Utile associe à sa réussite ceux du monde littéraire : Georges Feydeau, François Coppée, Jean Charcot, Anatole France et bien d'autres illustres signatures sont réunies, en 1904, dans un volume intitulé "Les Contemporains célèbres". Affiches, collections d'images, cartes postales, boîtes décorées, objets peints, calendriers, publicités murales, la marque LU ne délaisse aucune technique ni support pour rayonner.


La créativité de Louis Lefèvre-Utile ne se cantonne pas au seul Petit-Beurre. Il s'inspire de la célèbre marque anglaise Huntley & Palmers pour élaborer la première gaufrette vanille française. Il crée surtout en 1905 la fameuse Paille d'Or, gaufrette au jus de framboise dont il dessine la forme en stylisant une botte de paille. A la fin du XIXe siècle, près de deux cents biscuits sont proposés, vanille, biscuits glacés, cakes ou autres pâtisseries.

Les recettes ou étiquettes nouvelles célèbrent les événements politiques ou mondains : Neva, "biscuit russe", pour la visite du tsar Alexandre III à Paris en 1892 ; la gaufrette Iceberg, pour la seconde expédition en Antarctique de l'océanographe Jean Charcot en 1908 et une série de vignettes "Aviation" en hommage à la traversée de la Manche par Blériot en 1909.


"Les contemporains célèbres", 1904

Les Anciens et les Modernes

Le début du siècle marque la grande époque de l'intégration verticale. Comme Menier, LU entend maîtriser tous les éléments qui entrent dans la fabrication de ses produits. C'est ainsi que, pour ne plus être tributaire de l'Angleterre sur le plan de l'équipement, un atelier de construction de machines pourvoit, au sein de l'usine, aux besoins de la production. LU possède sa propre menuiserie, sa ferblanterie, une usine à gaz, une laiterie et une beurrerie. Signe incontestable de modernisme et de perfectionnisme, un laboratoire d'analyses interne contrôle les matières premières.

En 1913, la fabrication annuelle de biscuits dépasse les six mille tonnes, l'usine de Nantes emploie mille deux cents ouvriers (quatorze en 1882) et occupe quarante mille mètres carrés, soit vingt fois plus qu'en 1885. La biscuiterie subit, sans être déstabilisée, les réquisitions de la Première Guerre mondiale. Seule entorse à la tradition, pour répondre à la demande des soldats américains en produits plus sucrés, la formule du Petit-Beurre est exceptionnellement modifiée en 1918(5).


"Clair de LU", Frédéric Guilkt, 1991

Époque de stabilité et de stagnation, les années trente sont celles qui voient LU faire figure d'entreprise semi-artisanale dans ses procédés. De fait, Louis redoute qu'une mécanisation extrême ne nuise à la qualité. Régnant en patriarche, il est moins sensible à l'évolution économique et technique, et ce, malgré les recommandations de son fils cadet Michel, avisé des progrès de la concurrence.

Dès 1922, la Biscuiterie Nantaise B.N. lance le fameux "Casse-croûte", quand de son côté, la gamme des produits LU n'évolue pas. La troisième génération des Lefèvre-Utile se heurte au conservatisme des pionniers et axe surtout ses efforts sur la région parisienne. On doit à Michel l'invention d'un container qui assure des conditions idéales de protection et d'isothermie des produits et réduit de moitié le temps de livraison.


Contes Perrault, 1886 : "Peau d'Ane"

Il met également en place un réseau de représentants exclusifs. Sur le plan de la communication, "l'esprit maison" perdure avec Michel qui associe au nom de LU les personnalités des arts et des lettres. Comment oublier le "Vive Lefèvre-Indispensable" de Sacha Guitry ! Occupée par l'armée allemande durant la Seconde Guerre mondiale et bombardée en 1943, l'usine voit sa modernisation, souhaitée par Michel, retardée de dix ans.

Habillé de neuf

Au cours des années cinquante, la quatrième génération prend les rênes de l'entreprise. Les mots d'ordre sont alors rénovation de l'image, production de masse et internationalisation. Maître d'œuvre de cette révolution, Patrick Lefèvre-Utile, directeur du développement de LU de 1956 à 1968. Avec le petit-fils, la source d'inspiration n'est plus anglaise mais américaine. Première étape : une nouvelle gamme de conditionnements plus spécialement destinés à l'exportation, développée, dès 1950, avec André Maurus, de la maison Goossens (une imprimerie lilloise liée à la société depuis le grand-père).

"Pour la première fois, chez LU, nous introduisons la photographie du produit en couleurs sur le paquetage". Le nouveau logo LU, deux lettres sur fond rouge, est récompensé, en 1954, par le "Package designers council" de New York. C'est également aux Etats-Unis que la nouvelle image, signée René Gruau, connaît un succès tel, qu'elle est rapidement diffusée en France. Bientôt, la révolution commerciale initiée par les libre-services impose une nouvelle lisibilité des marques sur le linéaire.


"La tradition du Futur", Jean-Michel Folon, 1985

C'est à Raymond Loewy, rencontré aux Etats-Unis en 1946, que Patrick Lefèvre-Utile demande, en 1956, de redessiner le paquet de Petit-Beurre et notamment le logotype LU. "Redessiner le paquet du Véritable Petit-Beurre LU, c'est redessiner le drapeau français", s'exclame alors le célèbre designer. Au printemps 1957, les codes sont bouleversés : changement de matériau, de design, de couleur. Patrick Lefèvre-Utile se souvient : "le paquet retrouve un éclat grâce à son fond blanc, son bandeau rouge à droite portant le monogramme LU en blanc et la photographie couleur du biscuit en perspective". Une révolution qui reçoit, en 1958, l'Eurostar for packaging, la première haute distinction européenne décernée au meilleur design d'emballage de l'année.
Autre conséquence du libre-service : une ligne de fabrication continue -la première est installée en 1951- remplace progressivement les fours à brique pour le Petit-Beurre. "La hantise de mon grand-père, rappelle Patrick Lefèvre-Utile, c'était la production de masse.
Il était convaincu qu'un produit de qualité ne peut se fabriquer en trop grande quantité sans se banaliser
". Le conditionnement devient automatique et la boîte en fer-blanc s'efface devant le papier d'aluminium. Présent sur chaque spécialité, le logo LU se déguste désormais aussi bien sucré que salé.


Annonce publicitaire pour le New-Yorker et le Sunday New-Yok Times. René Gruau, 1954

Si la gamme sucrée se réduit (de deux cents à quinze produits au début des années 60), elle s'enrichit, poussée par la vogue anglo-saxonne, de snacks salés, lancés dans les années cinquante. Avec les Picklu, le Sticlu et le Cracklu, la marque crée son propre vocabulaire. Qui s'enrichit aussi dans le sucré avec Figolu, en 1961.

Quatrième et... nouvelle génération

Marque phare pour ses propres gammes, LU le devient aussi sur le marché de la biscuiterie. Et ce en proposant, dès 1967, une politique d'alliance. Raison avancée par Patrick Lefèvre-Utile: "En France, de multiples fabricants se concurrençaient dans une lutte difficile et stérile, mais n'arrivaient pas à percer à l'exportation. Il était nécessaire d'avoir des partenaires répartis dans différentes régions françaises, de réduire les gammes respectives de chacun de façon à les rendre complémentaires et d'obtenir une gamme générale équilibrée. D'autres part, il fallait faire fusionner les réseaux de vente pour couvrir efficacement le territoire". Cette politique d'alliance se concrétise en 1969 avec la fusion de six fabricants au sein du groupe LU-Brun et associés : LU, Brun, Trois Chatons, Saint-Sauveur, Rem et le biscottier Magdeleine. Patrick-Lefèvre Utile en devient le premier président.


Un ménage à six qui pose cependant des problèmes, certains souhaitant concentrer la plus grande partie de là production, quand d'autres préconisent la décentralisation des usines. Hostile à la politique du groupe, Patrick Lefèvre-Utile se voit contraint de partir. Deuxième étape : celle initiée par Claude-Noël Martin, qui, président de la société Céraliment (Biscottes de France, Heudebert, Prior, Pelletier), s'empare en 1975 du tiers du capital de LU-Brun et associés. Le groupe, numéro un français du marché de la biscuiterie, devient Céraliment LU-Brun (CLB) et réunit désormais dix-huit entreprises.


Deux ans plus tard, Claude-Noël Martin prend le contrôle de la société belge GBCo (L'Alsacienne, De Beukelaer, Parein). Le nouveau groupe, introduit en bourse en 1978 sous le nom de Générale Biscuit, regroupe alors trente-deux entreprises et se place au troisième rang mondial de l'industrie biscuitière et biscottière, ce derrière l'américain Nabisco et l'anglais United Biscuit. Détail... croustillant dans l'aventure LU, c'est à la demande de Claude-Noël Martin que Patrick Lefèvre-Utile revient au sein du groupe comme délégué au développement international. Il impose, avec l'agence Lonsdale, un "Livre de normes graphiques" pour préserver l'image de la marque LU, celle-ci devant désormais fédérer des produits aussi différents que le cracker salé Tue, le biscuit Thé Brun, Prince, Granola, Pim's... Dernier acte : BSN prend, en 1986, le contrôle de Générale Biscuit et la fusion des deux sociétés s'opère en 1987.


Revers de la médaille industrielle et financière, des années 1960 à 1980, la publicité n'est pas prioritaire. Elle se contente d'énumérer les composants dans "le secret du véritable petit-beurre LU" ou dans "une recette que toutes les mamans devraient lire avant d'offrir des petits beurres à leurs enfants". De 1978 à 1981, une signature unique célèbre "cent ans de gourmandise", avant que deux spots publicitaires ne mettent en scène Jean-Claude Brialy en 1981 et 1983. L'humour tient le premier rôle dès 1984, dans la série d'affiches déclinant un Petit LU croqué par les quatre coins. En 1988, la nouvelle campagne "LU et approuvé" (signée par Jacques Hénocq, de l'agence Bélier) remporte le premier prix de l'affichage, premier d'une longue série(6). Humour toujours en 1994, avec le dernier film pour "la barquette", dans lequel une mère de famille ne les donne à ses enfants que... "lorsqu'ils sont sages".


Le Petit Ecolier, création Hotshop, 1989

Renouant depuis 1983 avec la tradition, LU fait de nouveau appel à des artistes contemporains : Savignac, Folon, Gruau, Topor, Sempé, etc(7). Soixante-neuf artistes et cent dix-neuf œuvres à ce jour qui enrichissent les nombreuses (80 depuis 1979) expositions itinérantes du patrimoine artistique LU. Dernière en date : celle ayant pour thème "LU fête 150 ans d'histoire", la marque exposant, pour la première fois à Nantes l'intégralité de son patrimoine artistique. Pleines LUmières sur la marque !


Hello ! de LU, un cas d'école.

Lorsqu'en 1986, LU crée Hello !, le terrain en France est presque vierge. Belin vient de lancer les Cookies et L'Alsacienne les Boogies.

Design Consulting Group crée une mini révolution packaging, avec une boîte non plus à l'horizontale, mais en hauteur.

Elle est aujourd'hui la référence du marché et le cookie "mode in Lu" a inspiré près de 200 copies.

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1. La société LU est fondée le 1er février 1887.
2. Cf. La Revue des Marques. N°12. Huntley & Paimers, le globe-trotter du biscuit.
3. Le 8 septembre 1886, l'emprein-te définitive des moules du Petit-Beurre est consignée dans les registres du constructeur... anglais Vicars.
4. Cf. La Revue des Marques. N°13 janvier 1996.
5. Pour la deuxième fois dans son his-toire, le Petit Beurre change de goût (plus de beurre et plus aéré) en 1994, à l'initiative d'Antoine Riboud, PDG de Danone (ex-BSN), ce pour récupérer les jeunes consommateurs.
6. La campagn e gagne le premier prix de l'affichage. En 1989, deuxième prix du Club des direc-teurs artistiques pour les biscuits Mikado. En 1991, argent au festival de New York pour les Pim's. En 1993, 7 d'or pour les Petits Ecoliers.
7. Derniers "artistes" en date, pro-posés par l'agence Allez Zou : Yannick Noah et Eric Cantona.