La fabuleuse histoire de l'écriture - Ecritures africaines

Publié à 14:11 par acoeuretacris
La fabuleuse histoire de l'écriture - Ecritures africaines

 

Les principaux alphabets proprement africains (vai, mendé, bamoun et bassa) sont nés au XIXe siècle. Ils empruntent leurs graphies à des traditions millénaires. On différencie les systèmes syllabairesqui transcrivent le langage et les signes graphiquesqui rendent la parole visible. En 1833, l'alphabet vai est inventé par D. Bukele. Le symbolisme graphique dérivé des hiéroglyphes égyptiens remonte à 5000 avant J.-C.

 

 

La fabuleuse histoire de l'écriture - Ecritures africaines

Publié à 14:04 par acoeuretacris Tags : ecriture africaine
La fabuleuse histoire de l'écriture - Ecritures africaines

Berceau présumé de l’humanité, le continent africain est aussi un immense espace géographique et culturel qui vit naître, en certaines de ses régions, des écritures réputées être parmi les plus anciennement inventées sur la terre, comme les hiéroglyphes d’Égypte ou l’écriture méroïtique de la haute vallée du Nil ; s’y développèrent dès l’Antiquité d’autres systèmes, alphabétiques ou syllabiques : écritures punique et libyco-berbère, grecqueet latine, sur la bordure méditerranéenne ; écritures éthiopiennes en Afrique de l’Est ; écriture arabe à partir du VIIe siècle en Afrique du Nord, et dans les régions sahariennes, soudanaises et nigériennes islamisées ; c’est enfin une partie du monde où s’effectuent actuellement, après des essais pionniers, les expériences les plus modernes pour la transcription des centaines de langues qui y sont parlées.

 

Dans le continent africain, riche en systèmes de signes, l’écriture participe de toute représentation visuelle.

Si l'Afrique foisonne de langues - de 700 à 1 500 selon les critères généraux de distinction entre langue et dialecte - elle est riche aussi en alphabetset en systèmes de signes variés. Ces alphabets d'origine récente, ont la particularité d'être nés de l'imagination d'hommes (d'un roi parfois) dont on connaît le nom. Ils ont été très peu utilisés pour la publication.

Parmi les moyens de communication couramment utilisés, il existe de nombreux codes symboliques picturaux et graphiques. Notre civilisation, qui n'a jamais eu d'autre expérience de l'écriture que l'alphabet, a pu sous estimer l'importance des signes graphiques dans la communication. Certes, on ne parle pas d'alphabet, de ponctuation ni d'ortographe, mais d'une grammaire visuellequi organise ces signes. Le regard en reconnaît l'ordre, et c'est en inventant la lecture, pour comprendre les messages gravés, que chacun à sa manière s'engage sur la trace de l'écriture. Le signe graphique africain représente le plus souvent, un message completet non une forme phonétique isolée.

Idéographiques, pictographiquesou abstraits, ces signes nourrissent la tradition graphique et assurent la communication. Ils sont aussi la source première d'inspiration pour les inventeurs d'écritures modernes, syllabaires et alphabets, depuis le XIXe siècle.

 

 

Tourisme et histoire -Paris - Le quartier latin -

Publié à 11:43 par acoeuretacris Tags : tourisme et histoire paris quartier
Tourisme et histoire -Paris - Le quartier latin -

Les Romains, après avoir conquis en 52 av JC la tribu des Parisii installée sur l'île de la Cité, s'étendent peu à peu sur la rive gauche de la Seine sur l'actuelle montagne Ste-Geneviève qui tire son nom de celle qui galvanisa les habitants de Paris lors des invasions barbares. Les Romains y construisent des Thermes, un Forum, un Théâtre, un Amphithéâtre, un Aqueduc ainsi que des axes routiers (actuelle rue St-Jacques). On peut encore découvrir aujourd'hui des vestiges de cette époque en visitant le Musée de Cluny où se trouvent les anciennes thermes romaines.

   Au XIIème siècle l'Université de Paris installée à l'origine au Cloitre Notre-Dame s'établit sur la rive gauche et depuis ce quartier est marqué par une forte tradition universitaire. En 1253 Robert de Sorbon fonde un collège pour les pauvres qui accédera à, travers le temps, à une réputation internationale : la Sorbonne. Le rayonnement de l'Université va attirer des étudiants en grand nombre à tel point que celle-ci deviendra tout au long de son histoire un enjeu de pouvoir.
Le quartier est ainsi dénommé car on y parle le latin qui sera jusqu'en 1793 une langue officielle. La tradition universitaire est encore vivante dans ce quartier, siège de la contestation estudiantine lors des événements de mai 1968.

   On peut y découvrir des monuments somptueux tels que le Panthéon qui domine, du haut de la montagne Ste-Geneviève, le tout Paris. Les touristes viennent flâner dans ce quartier très animé avec ses nombreux cafés, restaurants, cinémas et librairies.

 

Le musée de Cluny

 

Le musée de Cluny consacrant le Moyen-Age est construit sur un sites qui abritait les Thermes romaines de l'époque gallo-romaine. Malheureusement les thermes furent détruites par les Barbares au IIIème siècle.
Les bénédictins de Cluny achetèrent le terrain pour y bâtir un hôtel abbatial en 1330. Jacques d'Amboise fait construire de 1485 à 1498 l'édifice que nous connaissons aujourd'hui. L'hôtel servit de demeure aux abbés et au XVIIème siècle aux nonces du Pape.

  Au XIXème siècle après avoir connu quelques détériorations durant la Révolution, l'Hôtel de Cluny est transformé en musée. L'édifice est l'un des rares vestiges du Moyen-Age qui subsiste à Paris. Le musée renferme un nombre important d'objets et d'oeuvres d'art du Moyen-Age.

 

La Sorbonne

 

Robert de Sorbon, devenu confesseur de St Louis, fonde en 1253 un collège pour les étudiants en théologie peu fortunés. Le pape donne son approbation à cet établissement qui deviendra l'Université de Paris. La vie des étudiants à l'époque était rythmée par les cours de dialectique, d'astronomie, de grammaire, de rhétorique ainsi que par les cours d'arithmétique. La discipline imposée aux étudiants (jusqu'à 10,000) était très sévère, lever matinal et étude jusqu'au soir. De l'ancien collège il ne reste plus aucun vestige en dehors du tracé de la chapelle que l'on peut voir dans l'actuelle cour de la Sorbonne.

  Le cardinal de Richelieu est élu proviseur de la Sorbonne en août 1622 et décide de reconstruire les bâtiments. Les travaux sont confiés à Jacques Le Mercier et la première pierre est posée le 28 mars 1627. La chapelle de la Sorbonne est construite à partir de 1635 et on peut y admirer le tombeau de Richelieu, mort en 1642, sculpté par Girardon. La chapelle est le seul édifice qu'il nous reste de cette époque. En effet, toujours pour des raisons de place, la Sorbonne fut reconstruite en 1883 par Nénot. Des amphithéâtres, des salles d'examen, des laboratoires, une bibliothèque comprenant près de 2 millions d'ouvrages ainsi qu'une tour d'astronomie sont construits pour répondre aux besoins des étudiants de plus en plus nombreux.

  La réputation internationale de la Sorbonne qui a toujours été l'un des collèges les plus importants d'Europe s'inscrit donc dans une longue tradition universitaire.

 

Le Panthéon

Louis XV décide la construction d'une église dédiée à Ste-Geneviève après un vœu de guérison et il confie à l'architecte Soufflot le soin d'élaborer les plans de ce magnifique édifice. La construction commence en 1757 mais Soufflot meurt avant l'expiration des travaux en 1789.

  L'édifice en forme de croix grecque et surmonté d'un dôme avec une lanterne est long de 130 m, large de 82 m et haut de 83 m. La somptuosité de ce monument et son style néoclassique (colonnes corinthiennes du péristyle rappelant le Panthéon de Rome) témoignent de l'architecture de l'époque dans son désir de grandeur.
L'église Ste-Geneviève fut transformée durant la Révolution en un temple dédié aux grands de l'Etat comme en témoigne l'inscription sur le fronton dont le bas relief représente la Patrie distribuant des couronnes de lauriers à ses grands hommes: "Aux grands hommes la patrie reconnaissante". 

  Mirabeau sera le premier grand homme inhumé au Panthéon qui accueillera les cendres de Voltaire et de Rousseau. L'édifice retrouvera un temps sa vocation originale pour devenir définitivement un temple en 1885 lors des obsèques de Victor Hugo. Pierre et Marie Curie sont les derniers à avoir été inhumés dans ce lieu hautement symbolique.

 

C'est arrivé un jour - Le 03 juillet -

Publié à 09:01 par acoeuretacris
C'est arrivé un jour - Le 03 juillet -

3 juillet 1940: Mers el-Kébir

 

Le 3 juillet 1940, à 16h55, une importante flotte navale britannique commandée par l'amiral Sommerville ouvre le feu sur l'escadre française de l'amiral Gensoul au mouillage de Mers el-Kébir, près d'Oran. En moins de 20 minutes, les salves des canons de 380 mettent hors de combat et incendient le "Dunkerque", le "Provence" et le "Mogador", qui parviennent à s'échouer, et le "Bretagne", qui chavire. Seuls le "Strasbourg" et le groupe des contre-torpilleurs ont réussi à sortir et à rallier Toulon. Les pertes sont lourdes: 1.297 tués ou disparus. A 7h15 du matin, le commandant Holland, du "Foxhound", avait transmis à l'amiral Gensoul une communication du gouvernement britannique proposant trois possibilités à la flotte: poursuivre la guerre contre l'Axe, conduire les navires dans un port britannique, appareiller pour la Martinique où l'escadre pourrait être démilitarisée. En cas de refus, l'Amiral devrait couler ses bâtiments dans un délai de six heures, faute de quoi "tous les moyens nécessaires pour empêcher les navires de tomber entre des mains allemandes ou italiennes" seraient mis en oeuvre. Le ton utilisé rendait l'ultimatum inacceptable et les propositions britanniques ne furent même pas communiquées à l'Amirauté française. Gensoul renouvela l'assurance que jamais ses bâtiments ne seraient livrés aux Allemands et informa Sommerville qu'il répondrait à la force par la force. Ce dernier dut donc exécuter les ordres de Londres, ou plutôt de Winston Churchill qui porte seul la responsabilité de ce drame, présentant sa décision comme une manifestation de la volonté britannique de mener la guerre sans faiblesse.

 

Cela s'est aussi passé un 3 juillet:

 

1984-- Décès du général Raoul Salan, organisateur en 1961 du putsch des généraux d'Alger et de l'OAS.

1969-- Le conseil de sécurité de l'ONU condamne à l'unanimité Israël à la suite d'initiatives destinées à modifier le statut du secteur arabe de Jérusalem.

1964 -- Promulgation de la loi sur les droits civiques aux Etats-Unis.

1962 -- L'Algérie devient indépendante, après 132 ans de colonisation française.

1950-- Soldats américains et nord-coréens s'affrontent pour la première fois dans la guerre de Corée.

1944 -- Les forces soviétiques réoccupent Minsk et font 100.000 Allemands prisonniers.

1940 -- La flotte anglaise attaque et détruit trois croiseurs français dans le port de Mers El-Kébir (Algérie), tuant 1.300 marins français.

1935 -- Décès d'André Citroën, ingénieur et industriel français.

1904 -- Décès de Théodor Herzl, promoteur du sionisme, né 1860.

1896 -- Le sultan turc Abdul-Hamid II accepte l'autonomie de la Crète, mais les Grecs continuent de soutenir les insurgés.

1863 -- Guerre de Sécession: défaite des Sudistes à Gettysburg (Pennsylvanie).

1849 -- Les Français entrent à Rome, malgré la résistance de Garibaldi, et rétablissent Pie IX sur son trône.

1778 -- La Prusse déclare la guerre à l'Autriche, marquant le début de la guerre de la succession bavaroise.

1695-- La flotte anglaise bombarde Saint-Malo.

1608 -- Samuel de Champlain fonde la ville de Québec.

1583 -- Ivan le Terrible tue son fils dans un accès de colère.

1527 -- L'armée française, qui se porte à l'aide du pape, envahit le Milanais.

 

Ils sont nés un 3 juillet:

 

-- L'ex-président de Haïti Jean-Claude Duvalier(1951) 

-- L'acteur américain Tom Cruise (1962).

 

 

Le saint du jour: St Thomas

(cet apôtre ne crut pas à la résurrection du Christ avant qu'il ne se présente à lui)

 

Le prénom du jour: Thomas

Les Thomas sont des hommes à l'intelligence bouillonnante. Toujours en avance d'un projet, ils surprennent leur entourage par leurs capacités à innover et à réussir. Les sentiments chez eux sont intenses et jamais mesquins. Mais ils sont parfois un peu solitaires.

 

Le dicton météorologique du jour:

"Quand juillet commencera,

Ta faux affûteras"

 

Une idée de menu:

Entrée: Tourte de veau

Plat principal: Salade de riz

Dessert: Pêches

bonjour à tous....

Publié à 08:48 par acoeuretacris
bonjour à tous....

J'ai appris !

 

J’ai appris avec le temps que peu importe ce qui peut arriver aujourd’hui, la vie continue et les choses iront mieux demain. J’ai appris qu’on peut en dire long sur une personne juste de la façon dont elle réagit devant trois situations : un jour de pluie, un sac de voyage perdu et des lumières de Noël toutes mêlées.

J’ai appris que peu importe la relation que tu as avec tes parents, tu t’ennuieras d’eux le jour où ils ne feront plus partie de ta vie.

J’ai appris la différence entre « réussir dans la vie » et « réussir sa vie ».

J’ai appris que parfois, la vie te donne une deuxième chance.

J’ai compris que tu ne peux pas toujours avancer dans la vie avec un gant de baseball dans chaque main pour essayer de tout attraper.

Tu dois pouvoir lancer la balle à ton tour de temps à autre.

J’ai appris que lorsque je décide avec mon coeur, c’est généralement une bonne décision.

J’ai appris que lorsque je souffre, je n’ai pas à le faire payer aux autres.

J’ai appris que chaque jour, il faut tendre la main à quelqu’un.

Les gens aiment bien qu’on les serre dans nos bras, ou même qu’on leur donne juste une petite tape sur l’épaule.

J’ai appris que les gens finissent par oublier ce qu’on leur a dit, mais jamais ce qu’on leur a fait.

Auteur inconnu  

 

à demain...

Publié à 20:26 par acoeuretacris

Bonbons et gourmandises... Le Canelé de Bordeaux

Publié à 18:57 par acoeuretacris Tags : bonbons cannelé de bordeaux
Bonbons et gourmandises... Le Canelé de Bordeaux

Canelé (ou cannelé) de Bordeaux

Le canelé est un petit gâteau, spécialité du Bordelais, à pâte molle et tendre, parfumée au rhum et à la vanille, et recouverte d’une épaisse croûte caramélisée.

Il est aussi appelé cannelé, cannelet, canelet, millas-canelet, millason et est peut-être aussi le canaule (ou encore canaulé ou canaulet) qui se consommait au XVIIe siècle à Bordeaux. Le nom provient du gascon canelat qui signifie cannelure. En forme de petit cylindre strié, d'environ cinq centimètres de haut et cinq centimètres de diamètre, il est croustillant et caramélisé à l'extérieur, moelleux à l'intérieur.

Histoire

La légende veut que les canelés soient nés lors du débarquement des bateaux de farine sur les quais de Bordeaux. Mais plus vraisemblablement, le canelé auraitété inventé au XVIIIe siècle par les religieuses du couvent des Annonciades (aujourd’hui couvent de la Miséricorde), à Bordeaux, sous le nom de canelas ou canelons. Ces premiers canelas ne ressemblent pas encore aux canelés: ce sont de petits gâteaux de pâte très mince roulée autour d'une tige de canne et frits au saindoux.


Lors du récent réaménagement de ce couvent, une campagne de fouilles archéologiques a été menée. Parmi les nombreux objets récupérés et datant de la période moderne, aucun ne ressemblait à un moule à canelé. De plus, on a gardé la trace des réparations des batteries de cuisine et on ne trouve nulle trace d'un quelconque moule à canelé. On peut donc mettre en doute cette filiation...

 

Ce petit gâteau est complètement lié à l'histoire de Bordeaux et du vin; en effet une étape importante dans la vinification est appelée collage. Elle consiste à filtrer le vin en cuve avec traditionnellement du blanc d'œuf monté en neige. Ce procédé coûteux était encore utilisé par bon nombre de châteaux et cette étape voyait tout le personnel des châteaux casser des œufs et séparer les blancs des jaunes qui étaient données aux Petites sœurs des pauvres, lesquelles auraient confectionné le gâteau.

Recette
Ingrédients
- 50 cl de lait.
- 50 g de beurre.
- 250 g de sucre en poudre.
- 125 g de farine.
- 2 oeufs entiers + 1 jaune d'oeuf.
- 1 cuillère à soupe de rhum.
Préparation
- Dans un saladier, mélangez la farine et le sucre, puis incorporez les oeufs et le rhum. - Mettez dans une casserole le lait et le beurre à bouillir.
- Délayez dans le saladier le contenu de la casserole.
- Laissez reposer votre pâte quelques heures.
- Beurrez les moules à canelés.
- Remplissez les moules au 2/3 avec la pâte.
- Faire cuire 50 minutes au four à 240°c , plus si nécessaire pour obtenir une couleur caramélisée.
- Démoulez vos canelés chauds.

Bonbons et gourmandises... Le Pain d'Epice de Dijon -

Publié à 18:33 par acoeuretacris Tags : bonbons pain d epice de dijon
Bonbons et gourmandises... Le Pain d'Epice de Dijon -

L'histoire du pain d'épice commence bien tôt, et loin des contrées bourguignonnes. Les Grecs connaissaient une pâtisserie que l'on a parfois assimilée au pain d'épice. Mais la préparation en était différente : dans la préparation du pain d'épice, farine et miel sont pétris ensemble, avant d'être mis au four. Le melitounta d'Aristophane, fait de farine de sésame (quelquefois enrichie de fromage et d'oeufs), était enduit de miel après la cuisson, comme le sont aujourd'hui les loukoumadés. De même, le panis mellitus des Romains était frit puis arrosé de miel écumé.

Le pain d'épice, tel que nous l'entendons aujourd'hui, semble être d'origine chinoise. En effet, le Mi-Kong, littéralement pain de miel, consommé au Xème siècle déjà, était composé de farine de froment et de miel, parfumé ou non de plantes aromatiques, et cuit au four. Il était considéré comme un aliment, et non comme une pâtisserie. Au XIIIème siècle, il est cité parmi les rations des cavaliers de Gengis Khan. Les Arabes l'empruntèrent aux Chinois, et les Occidentaux le connurent en Terre sainte, à l'occasion des croisades.

Plus tard, à l'époque moderne, des pains d'épiciers se distinguèrent et le pain d'épice devenait une friandise. A Paris, ils formèrent une corporation à laquelle Henri IV octroya des statuts en 1596.

Toutefois, c'est Reims qui s'imposa d'abord comme la cité du plus fameux pain d'épice. On disait que les Rémois l'emportaient "à cause de la bonté des miels de Champagne et de la manière de faire le pain d'épice que les maîtres des autres villes ne pouvaient imiter". Le Dictionnaire de l'Académie Française de 1694, après la définition du pain d'espice, ajoutait "Pain d'épice de Rheims". Cette réputation était telle que les Rémois furent désignés dans un proverbe champenois sous le sobriquet de mangeurs de pain d'épice. Il existait une corporation de pains d'épiciers à Reims. L'industrie rémoise du pain d'épice sera anéantie par la guerre de 1914-1918.

Des textes mentionnent, dès le XIVème siècle, une pâtisserie à base de farine de froment et de miel blanc, le boichet, apprécié de Marguerite de Flandre, épouse du duc Philippe le Hardi.

On raconte plus volontiers que le pain d'épice fut rapporté de Flandre par le duc Philippe le Bon : en 1452, à Courtrai, Philippe goûta une galette au suc d'abeilles ; l'ayant trouvée délicieuse, il mit immédiatement à son service celui qui l'avait confectionnée et le ramena avec lui. Plus tard enfin, à la fin du XVème siècle, apparut le pain de gaulderye, composé de miel et de farine de millet. Si le boichet fut rapidement délaissé, le pain de gauderie et les gaudiers et gaudières se maintinrent jusqu'au XVIIIème siècle.
Le premier pain d'épicier digne de ce nom à Dijon est cité en 1711 dans les rôles des tailles : Bonnaventure Pellerin, vendeur de pain d'épice et cabaretier, rue Saint-Nicolas (rue Jean-Jacques Rousseau actuelle), imposé pour huit livres. C'est un petit artisan.

Barnabé Boittier : né à Dijon, baptisé dans la paroisse Saint-Nicolas le 26 février 1768, fils de Louis-François, originaire de Langres et fabricant de pain d'épice. Il épouse Anne Lavenir, fille de marchand de pain d'épice. Devenu veuf, Boittier épouse Adrienne Gerbet.
Le 6 ventôse an XIII, il acquiert l'hôtel Catin de Richemont, sis 13, place Saint-Jean (place Bossuet actuelle). Ses affaires prospèrent :
M. Boittier, fabricant de pains d'épice de toute espèce, façons de Reims et Montbeillard, fait pains d'épice de santé, et toutes sortes de croquets en pâte d'amande et à la fleur d'orange. Il a un assortiment en grand de tous ces objets pour le jour de l'an.(annonce parue dans Le journal de la Côte d'Or, 20 floréal an XIII).

En 1842, Boittier fait repeindre la façade de son magasin, place Saint-Jean. Il restaure également le toit. La maison a été conservée en l'état (maison à pan de bois et encorbellement, dans sa partie supérieure).

Barnabé Boittier prend sa retraite à soixante ans. Il se retire en 1838. Son fils Auguste est avocat. La boutique est donc vendue à Louis Mulot, âgé de vingt ans, fils d'un serrurier de Lux (Côte d'Or). Mulot épouse en 1841 la nièce par alliance de Boittier, qui est son témoin. Le deuxième fils de Mulot reprend la maison en 1880 et la maintient jusqu'en 1901 puis il la cède à son gendre, Louis-Auguste Petitjean, fils d'Antoine-Alfred, confiseur. Louis-Auguste fabrique déjà du pain d'épice. Il est le successeur de Jean-François Céry, fabricant de pain d'épice rue Bossuet, n°21, né en 1828.

La maison Mulot-Petitjean est formée. A l'heure actuelle, cette maison reste la seule héritière d'une longue tradition de fabricants de pains d'épice.

La réputation de Dijon est acquise à la fin du XIXème siècle. La Grande Encyclopédie (1885-1902) précise : En France, le pain d'épice le plus renommé pour sa finesse est celui de Dijon.
A partir de 1850 et jusqu'en 1940, Dijon compte en moyenne huit à douze fabriques de pain d'épice :

Mulot-Céry-Petitjean ; 
Auger (56, rue des Forges) ;
Boucher (rue de l'Ecole de Droit, jusqu'en 1867)
Bourgeois (rue Piron, de 1862 à 1880) ;
Couturier (rue Amiral Roussin, de 1868 à 1885) ;
Loidreau (rue Amiral Roussin, de 1885 à 1896) ;
Rondot (rue du Chapeau Rouge, passé à Philbée en 1895) ;
Tanret (rue Piron, de 1877 à 1889) ;
La Veuve Agron (rue Piron, de 1889 à 1903) ;
Sarette, puis Bertrand (rue de la Liberté, en 1901) ;
Michelin (rue du Chapeau Rouge) ;
Guilleminot (rue du Chemin de Ronde)

En 1911, douze fabriques emploient 170 personnes. La production est de 3 tonnes par jour.
En 1940, quatorze fabriques occupent 300 ouvriers et produisent 25 tonnes par jour. La maison Philbée a jusqu'à 100 employés : après les fours à bois où sont brûlés les bouleaux de Hauteville, Charles Philbée, d'origine parisienne, a des fours à coke puis des fours à gaz à balancelle.
Après 1945, la production tombe à 1256 tonnes en 1946. En 1956, le tonnage d'avant la guerre est légèrement dépassé (4500 tonnes). Mais les fabriques ont disparu l'une après l'autre : le vrai pain d'épice demande une fabrication artisanale qui se révèle trop exigeante.

Les departements et leur histoire - LIsère - 38 -

Publié à 18:26 par acoeuretacris Tags : Départements
Les departements et leur histoire - LIsère - 38 -
(Région Rhône-Alpes)
 

Avant la conquête romaine, deux nations puissantes et nombreuses ayant toutes les deux même langage, mêmes mœurs et une commune origine, les Allobroges et les Voconces, habitaient le pays qui forme aujourd'hui le département de l'Isère : les Allobroges, entre le Rhône et l'Isère jusqu'aux Alpes ; les Voconces, dans Ies montagnes, du côté de Die. Vienna (Vienne) était la capitale des premiers ; Dea (Die), celle des seconds.

Pline, Strabon, Ptolémée et tous lés anciens géographes qui en ont parlé, rangent les Allobroges et les Voconces parmi les peuples-les plus anciens et les plus célèbres de la Gaule ; et le peu que les Romains en ont dit suffit pour nous faire connaître qu'ils n'étaient pas sans agriculture, ni sans industrie, ni sans quelque connaissance des arts. Tranquilles possesseurs de leur territoire, il s'établit entre eux et les Phocéens des rapports commerciaux, politiques et religieux, qui propagèrent la civilisation dans ces contrées.

A l'exemple de leurs voisins, les Allobroges créèrent des écoles où l'on enseignait l'éloquence et la poésie. Renommés par leur courage, d'où leur surnom de Jessates (vaillants), ils firent partie de l'expédition de Bellovèse au delà des Alpes. Plus tard, ils grossirent l'armée de Brennus. Recherchés par les rois et les conquérants à cause de leur valeur, ils prirent part à toutes les grandes guerres et à toutes les batailles célèbres de l'antiquité : Annibal passa par leur pays. Alors, divisés en plusieurs petites peuplades, ils avaient des cités florissantes, et l'on y voyait des campagnes cultivées, signes d'une ancienne civilisation ; ce que Tite-Live semble confirmer lorsque, parlant des Allobroges, il dit qu'ils ne le cédaient à aucune autre nation en richesse et en renommée. Ils disputèrent à Annibal le passage de leur territoire.

Plus tard, cependant, ils le servirent contre les Romains, dont ils commençaient à craindre le voisinage. Après les guerres puniques, ceux-ci, voulant faire expier aux Allobroges le secours qu'ils avaient prêté à leur implacable ennemi, passèrent les Alpes : les Allobroges allèrent à la rencontre des Romains à Vindalium, mais ils furent vaincus. Alors, rassemblant de nouvelles forces, ils se joignent aux Arverni et aux Ruteni, et livrent bataille aux Romains dans les plaines de Tegna (Tain), au confluent du Rhône et de l'Isère ; mais que pouvaient-ils contre une armée disciplinée et commandée par un chef éprouvé ?

Après une action très vive de part et d'autre, le désordre se mit dans les rangs des Allobroges, trop nombreux pour ne pas être embarrassés ; et Q. Fabius Maximus, qui les battit, en reçut le nom d'Allobrogique. Cette victoire eut lieu l'an 121 avant Jésus-Christ.

Pour la première fois alors, les Allobroges connurent la servitude. Vaincus cependant et non domptés, ils s'unissent à Catilina, dans la conspiration contre le sénat ; puis aux Cimbres et aux Teutons, qui envahissent la Province romaine. Deux fois les Romains essayent de les repousser, mais sans succès. Battus enfin par Marius, ils expient leur révolte.

Ce général ravage leur territoire ; il veut même le partager à ses soldats ; mais le sénat s'y oppose. Bientôt, cependant, il se ravise : il les prive, par un décret, de leurs villes et de leurs propriétés. Rome, enfin, ne laissa aux Allobroges que leur nom et la vie : elle sentait si bien que c'étaient là ses véritables ennemis, qu'elle n'usa point de rigueurs pareilles à l'égard des autres peuples gaulois dont elle avait fait la conquête. A la vérité, elle établit de nombreuses colonies dans le pays des Allobroges et des Voconces ; mais l'avarice et la cruauté des préteurs n'inspirèrent aux vaincus que la vengeance et le désir de s'affranchir.

Déjà, par ses tyrannies, Fonteius les avait réduits à l'extrémité. Ils s'en plaignirent au sénat. Voyant qu'il n'y avait rien à espérer des Romains, ils courent aux armes et se déclarent indépendants : Pontinus envoie contre eux deux de ses lieutenants : ils sont repoussés. Alors il s'avance lui-même avec de nouvelles forces. De son côté, Catugnat, chef des Allobroges, se retranche dans Solonium, le long de l'Isère ; la population tout entière s'est jointe à lui : c'est la guerre nationale ; chacun sent qu'il y va du sort de la patrie.

Après un combat sanglant, Pontinus s'empare de la ville ; mais Catugnat, par un effort héroïque, la reprend. Cependant, pressé par la famine et par l'ennemi, il laisse au peuple la liberté de traiter et se retire ; mais les Romains n'écoutent aucune proposition : la ville est saccagée, et ses défenseurs sont passés par les armes. Telle fut l'issue de cette guerre : le dernier rempart des Gaules du côté des Alpes venait de tomber. César n'avait plus qu'à marcher pour les conquérir.

Cependant, sous Auguste, ce pays obtint plusieurs franchises et jouit de quelque repos. Compris dans cette étendue des conquêtes romaines appelée Provinéia Romana ou simplement Provincia, d'où est resté le nom de Provence à une partie de cette contrée, il fit, après la division de la Gaule en quatre provinces, partie de la Narbonnaise. Vienne resta la capitale du pays des Allobroges et devint, dans la suite, celle de la province viennoise, enfin la métropole de toutes les Gaules.

Au commencement du Ve siècle, les Bourguignons s'emparèrent de la province viennoise, après en avoir chassé les Huns et les Goths, et fondèrent le premier royaume de Bourgogne, qui s'étendait jusqu'à Langres, au nord, Bâle à l'est, et Nevers à l'occident. Le pays des Allobroges et celui des Voconces s'y trouvèrent compris.

Plus tard, Clovis voulut en disputer la possession à Gondebaud ; mais celui-ci ne parut un moment y renoncer que pour mieux les reprendre. Il rentra dans Vienne, sa capitale, plus fort et plus puissant que jamais. Prince guerrier et législateur, il mit à profit la paix qu'il venait de conquérir, en travaillant à ces lois connues sous le nom de lois gombettes, en grande partie extraites des lois romaines, mais qui, dans ces temps barbares, n'en marquaient pas moins un progrès de civilisation.

Après huit ans de luttes, les fils de Clovis parvinrent à affranchir le pays des Allobroges de la domination des Bourguignons (534). Ils le possédèrent pendant près de trois siècles. Cependant les Sarrasins, ayant fini par s'en emparer, s'y fixèrent ; mais, vaincus par Charles-Martel, ils furent chassés sans retour par Charlemagne.

A la mort de Louis le Débonnaire, en 845, ce pays échut en partage à l'un de ses fils, Lothaire, et successivement à Charles et à Lothaire II. Ces princes étant morts sans postérité, Charles le Chauve, leur oncle, s'en empara et le transmit à Louis le Bègue. C'est sous ces derniers règnes que l'anarchie féodale commença. Seigneurs ; comtes ou gouverneurs de provinces, s'érigèrent en souverains indépendants, grâce à la pusillanimité de Charles le Chauve. Boson, qui avait épousé sa soeur, ne voulut pas même devoir sa puissance à ses fils : il se fit nommer, en 879, roi de Bourgogne par un concile tenu à Mantaille, château situé sur la rive gauche du Rhône, entre Vienne et Valence, et auquel assistèrent les principaux évêques et seigneurs du Dauphiné.

Alors cette province fit partie du nouveau royaume de Bourgogne. Bientôt, dépouillé de ses États par Carloman, fils de Louis le Bègue, Boson y fut rétabli à charge d'hommage par Charles le Gros, qui réunit un instant sous son autorité les vastes États dont avait été composé l'empire de Charlemagne.

Ce que les comtes avaient fait sous les descendants de Pépin, les petits seigneurs le firent sous les comtes : ils s'affranchirent peu à peu de leur vasselage et s'érigèrent en souverains, déclarant leurs biens héréditaires. De là, dit-on, l'origine des fiefs. Alors parurent les comtes d'Albon, les barons de Sassenage, ceux de La Tour-du-Pin, etc. Les rois dans ce pays n'eurent plus qu'un vain titre. Après un siècle et demi, privés de toute puissance, ils finirent par transmettre aux empereurs d'Allemagne l'ombre vaine qui leur en restait.

Déjà, vers la fin du IXe siècle, un certain Gui ou Guigues s'était établi dans ce pays sous le titre de comte d'Albon. Il devint le chef d'une famille puissante. Il avait assisté à l'assemblée de Varennes, où le fils de Boson Ier fut proclamé roi. A la mort de Rodolphe III ; n'ayant pas voulu reconnaître son successeur, Conrad le Salique, il s'ensuivit une guerre qui se termina à l'avantage de Conrad ; mais, en même temps, ce prince fut obligé de renouveler un traité conclu antérieurement entre Rodolphe III, Henri II et les seigneurs bourguignons, et par lequel l'empereur et le roi avaient fait à ces seigneurs des cessions considérables.

Jusqu'à Gui VIII, les comtes d'Albon vécurent tranquilles dans leurs terres ou à l'ombre des cloîtres : Gui VIII rendit sa maison illustre par les armes. On connaît ses guerres avec le comte de Savoie. Blessé dans un combat près de Montmélian, il mourut des suites de sa blessure, en 1149. Il fut, dit-on, le premier qui porta le nom de dauphin, qui lui fut donné à cause du cimier de son casque qui figurait un dauphin. Jusque-là, les armes des comtes d'Albon avaient été indifféremment une ou plusieurs tours, ou bien un château.

Après Gui VIII, la figure du dauphin commença à s'introduire dans leurs armoiries, et, comme ce signe marquait leur nouvelle puissance, ils' perdirent insensiblement le titre de comtes d'Albon pour prendre celui de dauphins. Tel est le sentiment de Boulainvilliers, et cette opinion, ajoute Expilly, est très probable. Quoi qu'il en soit, Gui IX, fils et successeur de Gui VIII, épousa Béatrix de Montferrat, nièce de l'empereur Frédéric Barberousse, qui, en considération de cette alliance, investit le comte d'Albon de tous les privilèges de la souveraineté, tels que ceux de lever l'impôt, d'armer des troupes, de frapper monnaie, etc.

 

Vers ce temps-là, Berthold IV, qui possédait les comtés de Bourgogne et de Vienne, céda à Gui IX ses droits sur ce dernier comté ; l'empereur, présent à cette cession, la confirma, et Gui IX prit le titre de dauphin de Viennois. Il mourut en 1167, ne laissant qu'une fille, Béatrix, qui épousa Hugues III, duc de Bourgogne, et dont la postérité masculine s'éteignit en la personne de Gui Xl, mort en 1269.

Anne, sa fille unique et seule héritière, se vit disputer le Dauphiné par Robert II, duc de Bourgogne ; mais le roi Philippe le Bel, ayant été choisi pour arbitre, en 1295, adjugea cette province à Anne, qui avait épousé Humbert Ier, seigneur de La Tour-du-Pin. Jean II, son fils, s'unit à Béatrix d'Anjou, fille de Charles, roi de Hongrie, et de Clémence, reine de France, et Gui XII, à la princesse Isabelle, fille du roi Philippe V. Il mourut sans enfants. Humbert II, son frère, lui succéda. Ce prince, trop faible pour résister au duc de Savoie, qui harcelait ses frontières, et se voyant sans enfants par la mort de son fils André, céda le Dauphiné à la France moyennant, dit-on, 120 000 florins d'or.

Cette cession, renouvelée à Lyon dans une assemblée solennelle, il la confirma par un acte passé à Romans en 1349. « Celui qui sera daulphin, y disait-il, et ses hoirs et successeurs au Dauphiné, se appelleront et soient tonus de faire soy appeler daulphin de Viennois, et porteront les armes dudit Daulphiné, esquartellées avec les armes de France, et ne laisseront et ne pourront laisser le nom de daulphin, ne lesdites armes ; et ne sera et ne pourra être uni ne adjouté ledit Daulphiné au royaume de France, fors tant comme l'empire y serait uni. »

Après avoir remis à Charles, petit-fils de Philippe de Valois, « l'espée ancienne du Daulphiné et la bannière Saint-Georges, qui sont anciennes des daulphin de Viennois, et un ceptre et un anel », Humbert se fit moine à Lyon dans le couvent des Frères prêcheurs, et finit dans le cloître une vie passée à pleurer son fils et à regretter son Daulphiné. « C'est mal à propos, dit le président Hénault, qu'on a cru qu'une des conditions du traité avait été que le titre de dauphin seroit porté par le fils aîné de nos rois. Il arriva, au contraire, que le premier dauphin nommé par Humbert au premier traité de 1343 fut le second fils de Philippe de Valois ; mais il est vrai que cela n'eut plus lieu, et que ce titre a toujours été porté depuis par le fils aîné du roi. »

Alors le Dauphiné devint pays d'états. Humbert, avant de le céder, l'avait affranchi et constitué par un statut delphinal, qui forma le droit protecteur de la province. Après avoir octroyé à ses sujets divers privilèges et fait des lois contre l'usure, il défendit aux seigneurs de s'emparer des biens de ceux qui mouraient sans enfants. Déjà, en 1337, il avait établi à Grenoble un conseil delphinal pour prendre connaissance en souverain des causes litigieuses d'entre ses sujets : il le composa de sept conseillers, d'un auditeur des comptes et d'un trésorier ; il ordonna que quatre des sept conseillers enseigneraient le droit dans l'université de Grenoble. Ce conseil delphinal fut érigé par Louis XI en parlement, en 1453, lorsque ce prince, n'étant encore que dauphin, se retira dans cette province pour s'y former à la royauté, ou plutôt pour y conspirer contre son père. Charles VII chassa son fils du Dauphiné, mais il ne toucha point au parlement qu'il avait établi.

Pressentant qu'ils allaient tomber sous le joug d'un maître, les seigneurs dauphinois virent avec regret cette cession. Sous les derniers rois de Bourgogne, ils avaient usurpé le droit de guerre ; ils le conservèrent sous le sceptre tolérant des dauphins, et même longtemps après la réunion du Dauphiné à la France. Alors la province fut déchirée par les guerres qu'ils se firent entre eux. Rien ne peut mieux donner une idée de la multiplicité de ces petites guerres et de l'anarchie qu'elles produisirent, que le grand nombre de châteaux forts qui leur servaient de retraite, comparé au peu d'étendue du territoire où ils étaient situés. Il y en avait neuf cent cinquante en 1339. Certes, il ne fallut rien moins que la puissance de Louis XI pour mettre fin à cette anarchie.

Successivement visité, en 1434, par Henri II, roi de Navarre et comte de Provence ; puis par le prince d'Orange, le duc de Savoie, le Dauphiné se vit un moment menacé par les impériaux ; mais Bayard, avec 2 000 fantassins et quelques chevaux, sut défendre les avenues de sa terre natale. II détruisit, en outre, une bande de 1 500 brigands qui ravageaient le Viennois.

Aux guerres féodales succédèrent, dans cette province, les guerres religieuses. C'est dans ses montagnes que la secte des Vaudois avait pris naissance. « On voulut, dit Chorier, contraindre les chefs de famille de déférer aux inquisiteurs leurs femmes et leurs enfants, et ceux-ci leurs mères et leurs pères. La peine des obstinés dans leur erreur fut le feu. Dans l'espace d'une seule année (1393), deux cents périrent sur les bûchers. »

Au XVIe siècle, les protestants, sous les ordres du baron des Adrets, y firent leurs premières armes. Ils s'emparèrent de Grenoble en 1563. Plus tard, Mont-brun et Lesdisguières ayant pris le commandement de la province, la guerre s'y ralluma avec des alternatives de succès et de revers. Plusieurs places du Valentinois et du Diois tombèrent au pouvoir des protestants ; mais, dans le haut Dauphiné, Grenoble, repris par le parti catholique, leur résista. Henri III revenait de Pologne pour remplacer sur le trône de France Charles IX, son frère.

Arrivé au pont de Beauvoisin, il se vit disputer le passage par Montbrun. Celui-ci tomba sur le roi et sur le gros de sa suite. « Avez-vous donc oublié que vous êtes né sujet ? » lui dit quelqu'un. « Les armes et le jeu, répondit Montbrun, rendent les hommes égaux. » Henri III lui écrivit pour lui reprocher son action. « Quoi ! s'écria Montbrun, il m'écrit comme si je devais le reconnaître pour roi ; cela serait bon en temps de paix, mais en temps de guerre, lorsqu'on a le bras armé et le cul sur la selle, tout le monde est compagnon. »

Henri en garda un vif ressentiment. Après le siège de Châtillon, Montbrun, poursuivi par de Gordes, chef des catholiques, se retourne contre lui près de Molières, et, la lance à la main, le force à rétrograder. De Gordes opère sa retraite sur Die ; mais, secouru au pont de Mirabel par d'Ourches et Lestang, qui lui amènent des renforts, il repousse l'attaque de Montbrun et de Lesdiguières. Cette journée fut fatale aux protestants. Après des prodiges de valeur, Montbrun, couvert de sang et de poussière, en franchissant un mur, tombe avec son cheval. Il est fait prisonnier, pendant que Lesdiguières parvient à se retirer en bon ordre sur Pontaix. Montbrun est transporté à Grenoble ; le parlement lui fait son procès.

On connaît sa fin tragique. Henri III, supplié par la famille de Montbrun, par la noblesse protestante du Dauphiné et par le prince de Condé lui-même, ne voulut pas faire grâce ; et celui que ses amis et ses ennemis avaient surnommé le Brave périt de la main du bourreau. Cependant, avec la paix de 1576, les protestants obtinrent la réhabilitation de Montbrun et le libre exercice de leur culte ; mais cette paix ne fut pas de longue durée. Contre le voeu des députés du Dauphiné, les états généraux assemblés à Blois déclarèrent qu'il n'y aurait désormais qu'une religion en France. C'était la guerre : les protestants dauphinois prirent pour la sixième fois les armes et sous Lesdiguières, digne de succéder à Montbrun, ils firent contre la Ligue cette campagne qui ne se termina qu'à l'édit de Nantes, en 1598.

Jusqu'en 1789, la province fut régie comme toutes les autres, à l'exception de plusieurs usages particuliers. Ainsi l'on n'y recevait pas la maxime nulle terre sans seigneur, admise dans le reste du royaume ; l'adultère n'y était puni que d'une amende de cent sols. Il y avait, en Dauphiné, un parlement, une chambre des comptes, un présidial, sept bailliages, trois sénéchaussées, quatre judicatures royales et autant de justices qu'il y avait de terres seigneuriales. Pays d'états et de droit écrit, il jouissait de grands privilèges en vertu de l'acte de cession de 1349. Composés des députés de la noblesse, du clergé et du tiers, les états avaient le droit d'accorder ou de refuser l'impôt. Ils se réunissaient presque annuellement.

Dans les états généraux du royaume, on considérait ceux de Dauphiné comme un corps particulier ; il était répondu à leurs cahiers séparément ; mais, dans ces petits états comme dans les grands, la noblesse et la clergé s'entendaient contre le tiers, qui n'en sortait le plus souvent qu'humilié et taillé à merci et miséricorde. Cependant la Révolution approchait. Depuis Louis XIII, qui les avait sus- pendus, les états de Dauphiné ne s'étaient point assemblés. De toutes parts, on criait contre les abus. Aux remontrances des parlements, la cour répondait par des coups d'État ; la fortune et la liberté des citoyens étaient livrées au caprice du pouvoir. Alors, convoqués par les consuls de Grenoble, les états de Dauphiné s'assemblèrent à Vizille, le 21 juillet 1788. Après avoir proclamé les principes du droit public de la province, ils protestèrent contre la suppression des parlements et demandèrent la convocation des états généraux. On sait ce qui arriva. Barnave et Mounier avaient été l'âme de cette assemblée ; quand, le 5 mai 1789, ils parurent aux états généraux, le tiers, d'un mouvement spontané, se leva pour leur rendre hommage.

Par sa position sur la frontière, le Dauphiné eut à souffrir des invasions : le roi de Navarre, en 1426 ; quelque temps après, le prince d'Orange ; plus tard, les impériaux ; en 1691, le duc de Savoie ; enfin, les armées alliées, en 1814 et en 1815, violèrent successivement son territoire. Mais le pays des Allobroges, de Bayard et de Lesdiguières, trouva dans ses enfants de vaillants soldats pour combattre l'étranger.

C'est le coeur et le bras de la France. Comme leurs frères de la Drôme, en effet, les habitants de l'Isère du XIXe siècle ont conservé les vertus de leurs ancêtres. Probes, désintéressés, laborieux, économes, hospitaliers, patients dans le malheur, courageux dans le péril, passionnés pour la liberté et l'indépendance, ils tiennent, par leur caractère et leurs habitudes, encore plus du montagnard que du citadin. Ajoutons qu'au XIXe siècle, les Dauphinois pratiquent cette grande loi de la nature qui consiste à s'entre aider. A cet amour du prochain, ils joignent au plus haut degré l'amour de la patrie et du sol natal. Si loin qu'ils soient de leur pays, ils ne soupirent qu'après le retour. Et comment ne seraient-ils pas attachés à leurs montagnes ? Beau ciel, heureux climat, sol fertile, sites charmants, la nature n'a-t-elle pas tout fait pour leur en rendre le séjour agréable ?

Les departements et leur histoire - L'indre et Loire - 37 -

Publié à 18:21 par acoeuretacris Tags : Départements
Les departements et leur histoire - L'indre et Loire - 37 -
(Région Centre)
 

Le département d'Indre-et-Loire comprend les quatre cinquièmes de l'ancienne Touraine, dont la capitale est devenue son chef-lieu. Ce beau pays n'a pas eu, comme quelques autres plus énergiques et plus rudes, une histoire intérieure fort agitée ; si sa tranquillité a été troublée, c'est en général par le contrecoup des secousses qui remuaient les pays voisins ou même toute la France.

Le caractère de ses habitants est plus propre au repos qu'à la guerre ; une certaine indolence se remarque aujourd'hui chez eux, et les témoignages de tous les temps s'accordent sur ce point : Turoni imbelles, dit Tacite ; mais les Tourangeaux réclament et demandent qu'on lise rebelles. Una nuper cohors rebellem Turonium (profligavit), dit Silius Italicus. Rebellem ! s'écrient les Tourangeaux avec fierté. Oui, mais una cohors, une seule cohorte les a vaincus. Bella timentes Turones, dit Sidoine Apollinaire. « Mais ceci, répond Stanislas Bellanger (de Tours), n'est point une preuve irréfutable. » Enfin, le Tasse, énumérant les peuples accourus à la croisade, écrit sur les guerriers de Tours et de Blois ces vers charmants :

Non è gente robusta o faticosa...
La terra molle, e lieta, e dilettosa,
Simili a se gli abitator produce.

« Ce n'est pas un peuple robuste et fait pour supporter les fatigues ;... cette terre, qui respire la mollesse, la joie et les délices, donne le jour à des habitants qui lui ressemblent. »

 

 

Que les Tourangeaux sachent se borner ; qu'ils se contentent de la réputation d'esprits fins, caustiques, prenant la vie par le bon côté, et parlant notre langue avec plus de pureté qu'aucune autre province de France, ce qu'on attribue, à tort ou à raison, au long séjour de la cour dans leur pays.

Dans le temps qu'on se faisait grand honneur d'une antique origine, les Tourangeaux ont eu, comme bien d'autres peuples du reste, la manie de se rattacher aux temps héroïques de la Grèce. Turnus aurait été le père des Turoni, et, au XVIe siècle, on montrait encore près d'une des portes de Tours une grosse pierre carrée qu'on disait être son tombeau. D'autres voulaient qu'une troupe de Gaulois fût allée au secours de Troie et, la trouvant déjà conquise, en eût ramené des Troyens qui se seraient fixés aux bords de la Loire.

Il en est qui font venir Turoni du grec fils du ciel. Une étymologie moins flatteuse est celle qui fait dériver leur nom du celtique tur, turon, qui tourne, qui change, épithète qui désignerait l'instabilité de leur caractère. Les Turoni, à parler sérieusement, étaient des Celtes et tenaient leur place dans la confédération des Andes, des Carnutes, des Sénones, des Lingons, des Vénètes. Ils formaient une des civitates si nombreuses que César trouva en Gaule. Ils étaient gouvernés de même, avaient la même religion, les mêmes lois, les mêmes armes.

Plusieurs dolmens encore debout et quelques débris d'armes trouvés dans le département, une pointe de lance et des haches en bronze, un fragment d'une hache en silex, un casse-tête, un caillou tranchant pour dépouiller les animaux, des pointes de flèche en silex, des fragments d'armure en bronze, en témoignent suffisamment. Sur des médailles ornées de figures du sanglier symbolique des Gaulois ou d'autres animaux bizarres qu'on suppose être l'urus ou auroch, on lit, outre la légende Turonos, les noms de Cantocix et de Triccos, qu'on croit avoir été deux chefs du pays à une époque inconnue.

Les Turoni ne se firent que faiblement remarquer dans les grandes expéditions des Gaulois hors de leur pays et dans la résistance nationale aux armes de César. Soumis avec toute la Gaule, ils fournirent de la cavalerie au conquérant et furent compris dans la Celtique qui, sous Auguste, reçut le nom de Gaule Lyonnaise.

Un peu plus tard, leur pays fut démembré, et sa partie méridionale fut attribuée à l'Aquitaine. Quand il y eut quatre Lyonnaises, ils firent partie de la troisième, qui comprenait la Touraine, la Bretagne, l'Anjou et le Maine. Dans la décadence de l'empire, lorsque déjà les Wisigoths occupaient le sud de la Loire, les Bretons, les Andécaves (Anjou) et les Turones formèrent la ligue armoricaine dans le but de ressaisir leur antique indépendance. Mais Aétius les vainquit et établit chez eux les Alains mercenaires qui, de la rive droite de la Loire, où ils se fixèrent, ne cessèrent d'aller ravager la rive gauche et la Touraine méridionale. Ils ne s'arrêtèrent que devant les armes des Wisigoths, qui ne voulaient pas les laisser empiéter sur leur royaume d'Aquitaine.

Ce fut, depuis lors, le sort de la Touraine d'être cruellement disputée par ces ennemis acharnés. Entre la Seine et la Loire, et par conséquent en partie chez les Turones, subsistait le dernier débris de l'empire romain en Gaule. L'un des plus habiles et des derniers chefs de ce petit État romain perdu au milieu de l'invasion barbare fut AEidius, qui refoula les Wisigoths. Mais il mourut empoisonné après sa victoire (464), et les Wisigoths, après la chute de l'empire (476), se précipitèrent sur la Touraine, qu'ils réunirent à leur royaume au sud de la Loire. Ainsi finit en ce pays la domination romaine après y avoir subsisté 535 ans.

Pendant cette longue période de civilisation, le christianisme y avait été introduit vers la fin du IIIe siècle par saint Gatien, premier évêque et patron de Tours, mort en 304. Saint Martin acheva son oeuvre. Quand les Wisigoths eurent conquis la Touraine, ils voulurent y établir leur religion, l'arianisme, en même temps que leur domination, et ce fut ce qui leur fit perdre cette province. Les habitants, persécutés par Alaric II, accueillirent favorablement les Francs, qui, après avoir fait une première incursion dans le pays en 473, y reparurent, convertis et orthodoxes, avec Clovis à leur tête, en 504.

Par l'entremise du roi des Ostrogoths, le grand Théodoric, les deux rivaux, Clovis et Alaric, eurent une entrevue amicale au milieu de la Loire, dans l'île d'Or, aujourd'hui île Saint-Jean, en face d'Amboise, tous deux se touchèrent la barbe et se jurèrent amitié ; à l'occasion de quoi furent frappées des médailles. On prétend aussi voir des monuments commémoratifs de cette réconciliation dans les deux énormes tumulus de Sublaines, entre Loches et Amboise, qui sont plus vraisemblablement les tombeaux de quelques anciens chefs gaulois.

Cette réconciliation fut bien éphémère ; car, bientôt après, s'engageait près de Poitiers la bataille de Vouillé, qui chassa les Wisigoths de la Gaule et livra à Clovis la Touraine, l'Aquitaine, etc. Après sa mort, la Touraine fit partie du royaume d'Orléans et fut un objet de querelles pour les quatre rois frères.

 

Lors de l'invasion du midi de la France par les Sarrasins (732), la Touraine fut sauvée avec toute la monarchie franque par la grande victoire de Charles Martel, gagnée, dit-on, à trois lieues de Tours, dans une plaine qu'on appelle aujourd'hui les Landes de Charlemagne. On sait que Charles Martel fut appelé Magnus comme son petit-fils, et que d'ailleurs l'imagination populaire a mis sur le compte du premier empereur d'Occident bien des exploits qui ne lui appartiennent pas. Charles Martel laissa la Touraine à Eudes, duc d'Aquitaine ; mais, en 736, il l'enleva à ses héritiers, et bientôt, d'ailleurs, il commença la soumission de l'Aquitaine môme par ces terribles expéditions que Pépin le Bref et Charlemagne continuèrent.

Ce dernier donna le gouvernement de la Touraine au comte . Hugues, aven une autorité plus étendue que celle des précédents gouverneurs. Ce seigneur fut, peu de temps après, envoyé en ambassade auprès de Nicéphore, empereur d'orient. C'est à cette époque, par les soins de Charlemagne, puis de Louis le Débonnaire, que fut commencé l'endiguement de la Loire ; ce n'est pas d'aujourd'hui que ce fleuve est redoutable par ses débordements ; son nom Liger, suivant l'étymologie celtique, veut dire ravageuse aux eaux froides. D'autres ravageurs désolèrent la Touraine au IXe siècle ; comme tous les pays voisins, elle souffrit des incursions des Normands que combattit avec tant de valeur Robert le Fort, comte de Touraine, d'Anjou et de Blois.

En 940 commence la série des comtes héréditaires, c'est-à-dire le régime féodal, en Touraine. Thibaut le Tricheur, déjà comte de Blois, de Chartres, de Beauvais, de Meaux et de Provins, s'empara, par la force, de la Touraine et la posséda, ainsi que son fils Eudes Ier (978). La Touraine devint alors le théâtre d'une lutte opiniâtre, qui est à peu près l'événement le plus saillant de la pâle histoire de cette époque.

Les comtes de Blois et Champagne étaient les plus puissants seigneurs de la France du centre et de l'est, qui, par l'acquisition de la Touraine, semblait vouloir envahir la France occidentale. Mais celle-ci résista, personnifiée dans les puissants comtes d'Anjou. L'un d'eux, Foulques Nerra ou Faucon Noir, célèbre par son caractère intraitable et par son âpre énergie, s'empara d'une partie de la Touraine, après une lutte violente. Son fils Geoffroy Martel assiégeait Tours lorsque, menacé par une armée ennemie, il leva le siège. Une bataille, livrée près de Montlouis le 22 août 1044, fut fatale à l'héritier légitime de la Touraine, Thibaut III, qui signa, dans la prison de Loches, l'abandon de son fief à la maison d'Anjou.

La Touraine suivit dès lors les destinées de l'Anjou, fut réunie à l'Angleterre en 1152, enlevée en 1204 à Jean sans Terre par Philippe-Auguste et rattachée alors à la couronne de France. Pour gagner l'affection des seigneurs du pays, Philippe rendit la dignité de sénéchal héréditaire en faveur de Guillaume des Roches et créa cinquante-cinq chevaliers bannerets, qui eurent le droit de faire porter leur bannière à l'armée du roi, sous condition de fournir leur contingent.

La Touraine fut séparée du domaine de la couronne, d'abord par Philippe de Valois, qui l'érigea en duché-pairie en faveur de Jeanne de Bourgogne, sa femme (1328), puis par le roi Jean, qui, après la bataille de Poitiers, la donna en apanage à son fils Philippe le Hardi, mais la lui retira ensuite pour y substituer la Bourgogne. Parmi les ducs apanagistes qui succédèrent, il faut remarquer Louis Ier, duc d'Anjou et roi de Naples, à partir duquel les armoiries de la Touraine, qui étaient de gueules, au château d'argent, furent augmentées de la bordure componée de Jérusalem et de Naples Sicile. Le dernier duc apanagiste fut François d'Alençon, fils de Henri II, qui mourut en 1576. La Touraine cessa dès lors de servir d'apanage aux princes du sang.

Jusque-là tranquille et prospère, la Touraine se vit troublée au XVIe siècle par la conspiration d'Amboise (voir plus loin) et par les guerres de religion ; mais elle eut surtout à souffrir de la révocation de l'édit de Nantes, qui, en forçant un grand nombre de chefs d'industrie protestants à s'expatrier, provoqua la ruine de ses fabriques de rubans et d'étoffes de soie.

Avant 1789, la Touraine formait un des 32 gouvernements et donnait son nom à l'une des 35 généralités du royaume. Cette généralité comprenait, en outre, l'Anjou, le Maine, le bas Poitou et venait immédiatement après celles de l'Ile-de-France, de la Normandie et du Languedoc. Sa population était de 1 338 700 âmes et payait 30 millions d'impôt.

Lors de la chute du premier et du second Empire, c'est sur les bords de la Loire, que l'armée française, à la suite du désastre de Waterloo, opéra sa retraite, et c'est là aussi, dans la ville de Tours, que vint résider, au mois d'octobre 1870, le gouvernement de la Défense nationale ; mais, à l'approche des armées allemandes, il dut quitter Tours pour aller siéger à Bordeaux. Le département fut occupé pendant les premiers mois de 1871, jusqu'à la signature des préliminaires de la paix ; et cette occupation de l'une des plus belles et des plus paisibles contrées de la France lui coûta 4 456 535 francs.