C'est arrivé un jour - Le 28 juin -

Publié à 08:23 par acoeuretacris
C'est arrivé un jour - Le 28 juin -

28 juin 1491: naissance d'Henri VIII d'Angleterre

Pour beaucoup, Henri VIII d'Angleterre apparaît comme une sorte de Barbe-Bleue collectionneur de femmes -il en eut six- et n'hésitant pas à supprimer celles qui le gênaient: deux d'entre elles, Anne Boleyn et Catherine Howard, furent exécutées sous l'accusation d'adultère. Pour se débarrasser de sa première épouse, Catherine d'Aragon, tante de Charles Quint, Henri VIII n'avait eu d'autre recours contre le pape, qui refusait d'annuler son mariage que de se séparer de l'Eglise officielle pour devenir le chef unique de l'Eglise anglicane et l'ennemi juré des catholiques! Anne de Clèves fut tout bonnement répudiée, Jane Seymour eut la bonne idée de mourir en couches et Catherine Parr eut, elle, la chance de survivre à cet époux hors du commun.

 

Ce que l'on oublie souvent, c'est qu'au-delà de sa passion féroce pour les femmes, Henri VIII fut, par son intelligence, sa culture et son autorité, un des princes les plus représentatifs de la Renaissance. Il réussit à maintenir un certain équilibre européen entre François Ier et Charles Quint. En politique intérieure, son règne vit l'annexion du Pays de Galles (1535), le début de l'expansion maritime et inaugura une ère de grande prospérité économique.

 

Cela s'est aussi passé un 28 juin:

 

1991 -- Achèvement, avec quatre mois d'avance, du dernier des trois tunnels sous la Manche.

 

1976-- Les Seychelles accèdent à l'indépendance, après 102 ans d'administration britannique.

 

1967-- Malgré des protestations internationales, Israël réunifie Jérusalem à l'issue de sa victoire dans la Guerre des Six-Jours.

 

1956-- Des manifestations ouvrières sont réprimées dans le sang à Poznan (Pologne).

 

1950-- Les forces nord-coréennes s'emparent de Séoul, tandis que l'armée sud-coréenne se replie au sud du fleuve Han.

 

1948 -- La Yougoslavie du maréchal Tito est exclue du Kominform en raison de son opposition aux positions soviétiques.

 

1942-- La VIIIe armée britannique se retranche à El Alamein sous la pression des forces allemandes. En Russie, les Allemands contre-attaquent dans la région de Kharkov.

 

1919 -- Signature du Traité de Versailles.

 

1914-- L'archiduc François-Ferdinand d'Autriche et son épouse sont assassinés à Sarajevo par un nationaliste serbe; un attentat qui, par le jeu des alliances, est à l'origine de la Première guerre mondiale.

 

1812 -- L'armée napoléonienne franchit la Vistule tandis que les Russes battent en retraite.

 

1797 -- Les Français occupent les îles Ioniennes.

 

1629-- Richelieu signe avec les protestants le Traité d'Alès, ou Edit de Grâce, qui leur accorde la liberté de conscience, mais supprime leurs privilèges politiques.

 

1575-- Bataille de Nagashino, qui emploie pour la première fois de manière systématique les armes à feu au Japon, introduites sur l'archipel par les Portugais.

 

1519-- Charles Ier d'Espagne est élu empereur du Saint Empire sous le nom de Charles Quint.

 

1389 -- La défaite de Kosovo Polje entraîne l'annexion de la Serbie par l'empire ottoman.

 

548-- Décès de Théodora, impératrice de Byzance.

 

Ils sont nés un 28 juin:

 

-- Le roi d'Angleterre Henri VIII (1491-1547)

 

-- L'écrivain et philosophe Jean-Jacques Rousseau, né à Genève (1712-1778)

 

-- L'auteur dramatique italien Luigi Pirandello (1867-1936)

 

-- L'explorateur polaire français Paul-Emile Victor (1907-1995)

 

 

LE CARNET DU JOUR

 

La fête du jour: St Irénée (Né en Asie) mineure, Irénée vint en Gaule pour succéder à Saint Pothin sous le siège épiscopal de Lyon. Il aurait été martyrisé vers 208)

 

Le dicton météorologique du jour:

"Pluie de Saint-Irénée,

Réduit la vigne de moitié"

 

Une idée de menu:

Entrée: Flans aux poireaux

Plat principal: Tranche de thon poêlée

Dessert: Cerises

bonne journée à tous...

Publié à 08:17 par acoeuretacris
bonne journée à tous...

avec, je vous le souhaite

du soleil dans le ciel

et surtout dans le coeur...

bisous...

à demain....

Publié à 20:58 par acoeuretacris

Les dinosaures - L'Ankylosaure (Ankylosaurus)

Publié à 16:59 par acoeuretacris Tags : Dinosaures
Les dinosaures - L'Ankylosaure (Ankylosaurus)
Année et lieu de découverte : 1906, Amérique du Nord
Paléontologue : Barnum Brown
Poids : 4 tonnes    
Hauteur : environ 2 mètres
Longueur : 6 à 9 mètres
Alimentation : Herbivore
Classification : Ornithischiens / Thyréophores

 

L'ankylosaure était un paisible herbivore qui vivait vers la fin du crétacé en Amérique du Nord, il y a environ 71 à 65 millions d'années. Son nom signifie « lézard rigide ».

 

L'ankylosaure vivait près des marécages et des rivières, dans un climat équatorial à la végétation foisonnante. Les adultes mesuraient de 6 à 9 mètres de long pour environ 2 mètres de haut et un poids de 4 tonnes. L'ankylosaure était muni de peu de dents ce qui semble indiquer un faible pouvoir de mastication des végétaux. Mais la caractéristique principale de l'ankylosaure réside dans sa cuirasse défensive, composée de plaques osseuses et d'épines. Ce système de défense était parmi l'un des plus efficaces connus chez les dinosaures. L'ankylosaure était avec le tricératops l'un des derniers dinosaures qui ait existé lors de l'extinction du crétacé.

 

L'ankylosaure a été désigné comme espèce type de la famille des ankylosauridés, rattachée à la superfamille des ankylosauriens, membre du sous ordre des thyréophores et de l'ordre des ornithischiens.

 

Il n'existe à ce jour aucun squelette complet d'ankylosaure, et pour cause, car il détient le record du monde de l'animal qui a le plus d'os, estimé à plus d'un millier.
 
L'ankylosaure était un véritable char de combat sur pattes. Les plaques osseuses qui composaient une partie de sa cuirasse étaient plates, insérées dans un cuir épais, cornées et accompagnées de boutons osseux. Des écailles épaisses et rondes et quatre grandes cornes pyramidales protégeaient le sommet du crâne (même les paupières étaient pourvues de minuscules plaques osseuses protectrices). L'ankylosaure était également muni d'une queue massue, elle aussi composée de plaques osseuses. Cette queue était très lourde et permettait de transmettre une grande force ce qui en faisait une arme de défense extrêmement efficace, capable de briser les os ou le crâne d'un assaillant.
 
L'ankylosaure avait cependant un point faible : ses pattes et son ventre qui n'étaient pas protégés par sa cuirasse. Lorsqu'il était attaqué, l'ankylosaure pouvait s'aplatir sur le sol, en repliant ses pattes sous lui-même. Il devenait alors quasi inattaquable, un peu comme les tortues repliées à l'intérieur de leur carapace. Par contre, malheur à lui s'il venait à se retrouver sur le dos, car dans cette position il était presque impossible à l'ankylosaure de se relever.

Les dinosaures - Introduction

Publié à 16:41 par acoeuretacris Tags : Dinosaures
Les dinosaures - Introduction

Les dinosaures appartiennent à un grand groupe de reptiles, les Archosaures, qui ne comprennent aujourd'hui que les Crocodiliens (on y rajoute maintenant les oiseaux). Les Archosaures comprennent au secondaire les dinosaures, les ptérosaures et les crocodiles. Ils se distinguent des autres reptiles par une fenêtre «anteorbitaire», ouverture dans les os du museau en avant de l'orbite, caractère qui s'est refermé au cours de l'evolution.
Les plus anciens archosaures connus proviennent des couches du permien, il y a 250 millions d'années avec des animaux tels que Postosuchus (un carnivore de 6 mètres de long - il apparu plutôt vers la fin du Trias), Proterosuchus (forme aquatique, carnivore), Desmatoshus un herbivore cuirassé), Euparkeria (un petit carnivore de 50 cm de long) et Erythrosuchus( 500 kg et une tête mesurant 1 mètre). Tous ces animaux appartiennent à un groupe très diversifié d'animaux (à partir du Trias), les Thécodontes. Ils comprennent des formes très variées, avec des adaptations à la vie terrestre ou aqutique, carnivores, piscivores ou herbivores. C'est dans ces formes qu'il faut chercher les ancetres des dinosaures, ptérosaures et crocodiliens.
La classification des Thécodontes pose problème, mais l'étude de l'articulation entre la jambe et le pied à permit de mettre en avant un groupe de Thécodonte, les Lagosuchidés qui sont des Thécodontes à la locomotion alternativement bipède ou quadrupède.

Marasuchus, un bon candidat
Les lagosuchidés, très proches parents des dinosaures, remontent à la fin du Trias moyen. C'est donc au moins à cette époque, il y a 235 Ma, qu'il faut chercher l'origine des dinosaures. Marasuchus (anciennement Lagosuchus), le mieux connu des lagosuchidés, était un carnivore gracile d'environ 1,3 mètre, qui chassait probablement des animaux rapides comme des cynodontes, des procolophonidés, peut-être aussi des vers, des larves et des insectes. On n'a pas de crâne complet, mais le squelette montre de nombreuses caractéristiques dinosauriennes, telles que le cou en S, des bras deux fois moins longs que les jambes et l'amorce d'une cavité articulaire sur le côté du bassin. Tout cela indique clairement une posture bipède. Marusuchus courait sur ses membres postérieurs, en utilisant sa longue queue comme un balancier. Ses mains servaient peut-être à saisir ses proies et à porter la nourriture à sa bouche.

Les premiers dinosaures
On a longtemps débattu au sujet des plus anciens restes de dinosaures. La définition même du groupe était problématique, et, jusque vers les années 80, la plupart des paléontologues pensaient que les dinosaures étaient un assemblage hétéroclite de grands reptiles issus d'au moins trois ancêtres distincts. On croyait aussi que les dinosaures étaient apparus au Trias supérieur, sur la foi d'empreintes et de squelettes qui se sont par la suite révélés provenir de prolacertiformes, de rauisuchiens ou d'autres groupes non dinosauriens. On a également reconnu que d'autres empreintes, retrouvées dans le Trias inférieur et moyen dans diverses régions, et qui présentaient la forme caractéristique à trois doigts (les doigts 1 et 5 sont absents ou atrophiés chez les dinosaures), avaient été faussement attribuées à des dinosaures.
Les plus anciens vrais dinosaures connus datent du Carnien, au début du Trias supérieur (de -230 à -225 Ma). Les plus beaux spécimens proviennent de la formation d'Ischigualasto, en Argentine. Eoraptor et Herrerasaurus, les dinosaures d'Ischigualasto, sont assez bien connus grâce à des spécimens presque complets. Ils montrent également qu'à cette époque les dinosaures n'étaient qu'un élément mineur de la faune. On connaît également des dinosaures dans le Carnien d'Amérique du Nord, où des formes comme Coelophysis ont été découvertes vers le sommet de cet étage. Ils sont bien plus abondants au Norien (de - 225 à - 205 Ma).
C'est au Norien que se développent d'autres groupes de dinosaures, dont certains, comme le prosauropode herbivore d'Europe centrale Plateosaurus, croissent en taille et en nombre. Les plus grands prosauropodes de la fin du Trias atteignaient 5 à 10 mètres de long.


Des dinosaures oportunistes ?

Les dinosaures se sont-ils imposés en provoquant l'extinction des autres reptiles ou ont-ils simplement eu de la chance? Il y a deux manières d'expliquer la multiplication des dinosaures au Trias supérieur. Soit ils ont bénéficié d'un vide laissé par l'extinction massive des autres reptiles, soit ils se sont imposés après une longue période de concurrence.
Pendant longtemps, diverses raisons ont amené la plupart des paléontologues à privilégier l'hypothèse de la concurrence victorieuse. On imaginait les ancêtres des dinosaures comme des animaux dotés de caractéristiques évoluées susceptible de leur conférer des avantages décisifs par rapport aux espèces concurrentes : démarche bipède, sang chaud, voire, selon les auteurs, sang froid. Cela laissait supposer qu'après une longue période de compétition avec les autres reptiles ils avaient fini par s'imposer.
Le Docteur M.J. Benton a mis en évidence plusieurs indices en faveur de l'hypothèse selon laquelle les dinosaures ont profité d'une extinction massive de leurs concurrents.


1)
L'étude des fossiles contredit l'hypothèse de la concurrence victorieuse. Les dinosaures apparaissent en effet au milieu du Carnien (-228 Ma), ou avant, et ne représentent pas plus de 5 % des individus jusqu'à la fin du Carnien (-225 Ma), où un phénomène d'extinction massive entraîna la disparition de diverses familles d'archosaures primitifs, de reptiles mammaliens et des rhynchosaures. Les extinctions décisives furent celles des herbivores dominants, les dicynodontes, les cynodontes herbivores et les rhynchosaures. les dinosaures se sont multipliés au Norien (de -225 à -205 Ma), et toutes les lignées importantes apparurent à cette époque. Au Norien, les dinosaures représentent 50 à 90 % des individus de leur éco-système. Les dinosaures se diversifièrent à nouveau au jurassique inférieur, après une nouvelle extinction massive qui, à la fin du Trias, toucha ce qu'il restait d'archosaures primitifs et d'autres groupes.

2) La prétendue supériorité physiologique des dinosaures est loin d'être prouvée. Nombre d'autres archosaures, notamment les aetosaures et certains crocodilomorphes, étaient bipèdes, ce qui ne les a pas empêchés de disparaître. Quant à savoir si les dinosaures avaient le sang chaud ou froid, ce n'est guère possible.

3) D'autres espèces ont sans doute disparu à fin du Carnien. À cette époque, la flore à Dicroidium de l'hémisphère Sud cède la place à une flore de conifères. La faune et la flore des mers, et en particulier des récifs, change. Dans de nombreuses parties du monde, on passe d'un climat caractérisé par des fortes pluies à un climat aride. Ces changements sont peut-être à l'origine de l'extinction des tétrapodes herbivores dominants.

 


4)
L'idée selon laquelle la simple concurrence entre les espèces a des conséquences majeures sur l'évolution est probablement simplificatrice. Si on observe en effet une concurrence entre les espèces, on ne peut en déduire qu'il se produit une concurrence de même ordre entre les ordres ou les familles animales. On l'a souvent supposé, mais sans véritable preuve. Les travaux récents sur les dinosaures ont permis de préciser les caractéristiques des plus anciens d'entre eux. Il est manifeste que tous les dinosauriens sont issus d'un ancêtre commun, sans doute un petit prédateur bipède, peut-être d'Amérique du Sud (voir plus haut). Il est indéniable que les dinosaures exercèrent sur le règne animal une hégémonie exceptionnelle, mais, comme leurs successeurs les mammifères, peut-être durent-ils ce succès avant tout au hasard.

Les dinosaures - Présentation des dinosaures -

Publié à 16:08 par acoeuretacris Tags : Dinosaures
Les dinosaures - Présentation des dinosaures -

Bien que la formidable épopée des dinosaures se soit terminée il y a déjà 65 millions d'années, ils n'ont jamais été aussi proches de nous, grâce au travail formidable de tous ceux qui s'emploient chaque jour à les faire revivre.

 

Les dinosaures ("lézards terribles") sont les représentants du célèbre ordre de reptile qui régna pendant près de 170 millions d'années (!) à la surface de la Terre ; les premiers dinosaures sont apparus il y a 230 millions d'années et ont disparu il y a 65 millions d'années suite à un cataclysme planétaire qui devrait se reproduire...

 

Répartis dans le monde entier, ils furent les animaux les plus nombreux et les plus variés de tous les temps. A l'ère du mésozoïque pendant laquelle ils vécurent, la forme des continents était différente, les plantes inconnues actuellement, et pourtant toutes ces étonnantes créatures ont assuré une descendance que nous cotoyons chaque jour...

 

Généalogie des dinosaures

 

Les paléontologues divisent les dinosaures en plusieurs groupes suivant leurs caractéristiques.
Il existe deux grands groupes qui se différencient par la forme de leur bassin. Les saurischiens (à bassin de lézard) ont un bassin comme les crocodiles et les lézards. Les ornithischiens (à bassin d'oiseau) ont un bassin qui se rapproche de celui des oiseaux, ce qui ne signifie pas qu'ils soient apparentés aux oiseaux.

Les saurischiens se divisent en deux groupes :

 

  • les théropodes,
  • les sauropodomorphes.


Les ornithisciens en cinq groupe :

  • les ornithopodes,
  • les ankylosaures,
  • les stégosaures,
  • les cératopsiens,
  • les pachycéphalosaures.

Plus proches de nous, les oiseaux sont les descendants directs des dinosaures...

 

La fin des dinosaures

 

Il y a 65 millions d'années, un événement exceptionnel bouleverse à jamais l'histoire de la vie sur Terre. Les dinosaures, mais également beaucoup d'autres espèces vivantes vont disparaître.
De nombreuses théories et hypothèses ont été avancées pour comprendre ce cataclysme susceptible de se reproduire. Ainsi, on pensait à de gigantesques éruptions volcaniques, à la collision d'une comète ou d'un astéroïde (d'environ 10 km de diamètre), ou encore à des changements climatiques...

 

Ce n'est qu'en 1990 que les scientifiques ont pu faire le rapprochement entre la découverte d'un gigantesque (180 kilomètres de diamètre) cratère météoritique dans la région du golfe du Yucatan à Chicxulub et la fin des dinosaures.
En effet, les météorites contiennent un métal rare l'iridium, or de grandes quantités furent mise à jour dans des couches d'argile datant de l'extrême fin du Crétacé. Cependant, durant la même période, une série d'importantes éruptions volcaniques a eu lieu sur le territoire actuel de l'Inde centrale.
Ces deux catastrophes ont aussi eu les mêmes effets : rejeter dans l'atmosphère une masse de poussières et de gaz capables de masquer le soleil et d'arrêter sa chaleur, ceci pendant plusieurs années.

De plus, lorsque l'astéroïde a heurté la Terre, les ondes de choc se sont propagées autour de la planète et la courbe terrestre tout en focalisant leur énergie aux antipodes. Un tel choc pourrait soulever l'écorce terrestre de plus de 100 m dans une série de terribles secousses libérant le magma avec son cortège d'émanations gazeuses (dont gaz sulfurique) et de débris.

En définitif, les trois grandes hypothèses de départ s'avèrent toutes justes mais elles ont agit de concert ou résultaient l'une de l'autre. Et c'est donc le choc de la météorite et le lent refroidissement de la Terre qui furent à l'origine de la fin des Dinosaures privés entre autres de nourriture.

Art et architecture - L'architecture de la Rome antique -

Publié à 15:31 par acoeuretacris Tags : art et architecture rome antique
Art et architecture - L'architecture de la Rome antique -

 

Le Colisée de Rome


Jusqu'au Haut-Empire, le matériau de construction le plus répandu est la brique d'argile. Celle-ci se trouve renforcée de traverses de bois, que l'on utilise dans la structure des édifices privés, sacrés et publics.

Les premiers Romains utilisent tous les types de pierre rencontrés dans leur région à la construction des terrassements, des fondations et des fortifications. La pierre calcaire est généralement taillée de façon irrégulière et grossière (opus siliceum), tandis que les roches plus tendres, comme le tuf volcanique, sont taillées en blocs (opus quadratum).

 

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Opus Quadratum

 

 

Au IIe siècle av. J.-C., le travertin, plus résistant, commence à supplanter le tuf et les autres matériaux de construction dans la structure des édifices. Dans les dernières années de la République et pendant tout l'Empire, divers types de marbre seront utilisés, en quantité toujours croissante (31 av. J.-C..-324 apr. J.-C.).


Dès l'époque étrusque, c'est surtout la terre cuite qui est employée à la fabrication des tuiles et des différents éléments de protection des parties en bois des édifices. L'emploi de la terre cuite décline au IIIe siècle av. J.-C., quand la construction de temples en pierre se généralise. Au début de l'Empire commence la fabrication à grande échelle de briques cuites, destinées essentiellement au revêtement des murs de ciment (opus testaceum).


 

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Opus testaceum

 

 

Au IIe siècle av. J.-C., un ciment extraordinairement résistant (opus caementicium), contenant une poudre volcanique appelée pouzzolane, remplace les matériaux traditionnels. On peut dès lors construire de façon plus rapide et plus économique, ce qui se traduit bientôt par un grand changement dans l'architecture. Le ciment peut désormais être coulé à l'intérieur des murs, ou à la surface des poutres de charpente ; il peut également être employé à des constructions plus complexes, les voûtes par exemple. Habituellement, le revêtement des murs de ciment est constitué par des pierres lisses de forme irrégulière (opus incertum), ou par des pierres carrées disposées en arête de façon à former un dessin précis (opus reticulatum, au début du Ier siècle av. J.-C.), ou par des briques cuites (vers 30 av. J.-C.). Ces couches de couverture ont souvent servi de base aux revêtements de marbre ou de stuc.

 

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Opus reticulatum

 

 

Au cours des Ier et IIe siècle apr. J.-C., la construction de thermes, de bâtiments commerciaux et de palais met en jeu des éléments complexes, comme les voûtes et les coupoles. Pendant cette même période, la conception de constructions traditionnelles, comme les temples et les basiliques, est renouvelée grâce à l'utilisation de la voûte en ciment. L'exemple le mieux conservé en est, à Rome, le Panthéon, reconstruit par Hadrien vers 118-128. Dédié à tous les dieux, ce temple, complété par Antoine le Pieux et restauré par Septime Sévère, conservera l'énorme coupole à caissons de l'époque d'Hadrien. Construite en ciment, elle mesure 43,30 m de diamètre - celui de l'oculus qui la perce en son centre est de 9 m - et couvre une cella circulaire agrémentée de sept niches.

 

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Le Panthéon

 

 

Les formes conventionnelles de l'architecture grecque et étrusque étaient encore utilisées avec des destinations variées. L'ordre toscan, qui, du début à la fin de la République, s'applique essentiellement aux temples, commence alors à intégrer des éléments de l'ordre dorique grec pour constituer le dorique romain. A partir du IIe siècle, l'ordre ionique grec et, surtout, l'ordre corinthien connaîtront une large diffusion dans la péninsule. On observe dans les temples de l'époque d'Auguste une fusion des chapiteaux ionique et corinthien.

 

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A la fin de la période républicaine, l'encadrement de l'arc en plein cintre par un entablement intégré et superposé constitue une nouveauté appelée à une large diffusion, dont le meilleur exemple est l'extérieur du Colisée. L'emploi toujours grandissant du mortier dans la structure des édifices relègue graduellement les ordres dorique, ionique et corinthien à une fonction essentiellement décorative, alors qu'ils avaient à l'origine une fonction structurale.

 

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Le Colisée

 

 

Dans les provinces, les matériaux, les techniques et les formes des constructions vernaculaires s'imposent plus ou moins à l'architecture. Les régions de la Méditerranée orientale conservent les règles locales fixées par l'architecture grecque et hellénistique, la Rome impériale réussissant toutefois à exporter vers l'Orient certains types de construction, comme les thermes monumentaux, les aqueducs et, dans une certaine mesure, les amphithéâtres.

 

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Aqueduc

 

 

Dans les premiers temps de la République, le temple est encore étrusque: toit pesant avec de larges avant-toits et de massives décorations en terre cuite. Mais, au IIe siècle av. J.-C., traditions locales et formes grecques se rapprochent pour créer une structure plus élégante: le podium et le profond portique frontal du temple étrusque sont conservés, mais dotés des proportions et des formes grecques. Ce style de temple, généralement d'ordre corinthien, gagne rapidement du terrain en Italie et en Occident.

 

C'est au IIe siècle av. J.-C. qu'apparaît à Rome la basilique, édifice rectangulaire destiné à diverses réunions, peut-être d'origine grecque (et dont seront plus tard inspirées les basiliques chrétiennes).

 

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Habituellement située sur le forum de la ville, elle comporte généralement une salle centrale spacieuse et imposante, couverte d'un plafond plat et entourée d'une colonnade simple ou double, souvent surmontée d'une galerie. L'histoire de l'arc de triomphe monumental commence vers 200 av. J.-C., mais l'arc n'acquiert sa forme classique que dans les premiers temps de l'Empire. Soutenu par de larges pilastres, un passage central voûté supporte un étage supérieur, l'attique, sur lequel sont disposées des statues en bronze doré. Un décor exécuté selon l'un des trois ordres, dorique, ionique ou corinthien, intégré ou partiellement indépendant, encadre les pilastres et le passage. Sur le côté de l'arc central, d'autres arcs constituent des passages moins importants.

 

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Le théâtre romain, contrairement à l'usage grec, réunit en une même structure la scène, l'orchestre semi-circulaire et les sièges des spectateurs. Construit au niveau du sol, cet ensemble repose habituellement sur des soubassements voûtés, qui doublent les accès. La scène basse s'appuie sur un élégant arrière-plan composé de colonnes harmonieusement disposées. Des soubassements de même type sont aménagés sous la zone réservée aux spectateurs des amphithéâtres ovales, comme le Colisée et le Circus maximus, destiné aux courses de chars.

 

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Dès 19 av. J.-C., Rome est dotée d'immenses bains impériaux (thermes d'Agrippa) de forme symétrique, agrémentés de grandes vasques enterrées et de piscines pouvant accueillir un grand nombre de personnes. On peut se faire une idée de l'énormité de leurs salles voûtées en visitant à Rome les ruines des thermes de Caracalla (212-216) ou la salle centrale des thermes de Dioclétien (environ 298-305 ou 306), aujourd'hui église Sainte-Marie-des-Anges. Un registre officiel de l'an 354 ne mentionne pas moins de 952 bains publics à Rome.

 

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Art et architecture - L'architecture à travers les siècles -

Publié à 15:20 par acoeuretacris Tags : a travers les siècles art et architecture
Art et architecture - L'architecture à travers les siècles -

Harran, village près d'Urfa en Mésopotamie
Réputé être le plus ancien du monde, avec son architecture de terre cuite très particulière.


La Mésopotamie



La pierre et le bois sont rares dans les plaines alluviales de la Mésopotamie. L'utilisation de briques séchées au soleil a néanmoins permis la construction, dès la seconde moitié du IV e millénaire, de temples monumentaux en basse Mésopotamie (Ourouk, 3000 av. J.-C.; ziggourat d'Our, 2500 av. J.-C.). La pierre, importée, utilisée pour les fondations, témoigne du niveau d'organisation économique. A partir du IX esiècle av. J.-C., c'est l 'Empire assyrien du nord de la Mésopotamie qui entreprend des constructions monumentales, riches en bas-reliefs (Ninive, Khorsabad, Nimroud). Après la chute de Babylone, en 539 av. J.-C., les Perses (Empire achéménide, 550-333 av. J.-C.) capitalisent et fusionnent trois mille ans de tradition iconographique et architecturale du Proche-Orient avec la construction de leur résidence royale, Persépolis: dans ses nombreux palais, elle présente des emprunts à l'Asie Mineure et à l' Egypte, qui viennent s'ajouter à des ornements mésopotamiens, comme les monstres gardiens. Les éléments structurels sont de pierre: terrasses, colonnes supportant les plafonds des salles hypostyles, escaliers monumentaux, encadrements des ouvertures. Les murs, de brique crue, ont aujourd'hui pour la plupart disparu.

 

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Ruines d'Ourouk - Mur construit par Gilgamesh



L'Egypte



Plus de 3'000 ans av. J.-C., l'Etat pharaonique établi en Egypte développe son écriture et son administration. La puissante autorité des pharaons unifie politiquement le territoire tandis que s'élaborent de grandes doctrines religieuses. Cette simultanéité est liée à la naissance d'une architecture funéraire et sacrée. Le lien est si fort que puissance et faiblesse des dynasties pharaoniques rythmeront l'épanouissement ou le déclin de l'architecture. Après les grandes tombes en brique d'argile crue de la I e dynastie (3'000 av. J.-C.), dont le matériau de base est fourni par les crues du Nil, dispensatrices de limon, apparaissent les architectures de pierre (ensemble funéraire de Djoser à Saqqarah, III e dynastie, vers 2660 av. J.-C.). Les Egyptiens élèvent des temples de pierre dès le Moyen Empire (2150 à 1780 av. J.-C.), mais ceux qui subsistent datent du Nouvel Empire (1580-1080, vallée des Rois, temples de Louxor, salle hypostyle de Karnak, Abou-Simbel) ou de l'époque ptolémaïque (332-30 av. J.-C., temples de Philae, Edfou, Kom-Ombo).

 

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Pyramide de Djoser


Seuls les tombes, les temples et la statuaire qui les accompagnait (obélisques, avenues de sphinx et de lions) sont bâtis en pierre. Mais les formes de structures monumentales semblent avoir été influencées par l'architecture domestique égyptienne primitive, représentée notamment par des maisons aux murs de brique crue et aux colonnes faites de roseaux liés: les colonnes des temples présentent des chapiteaux sculptés de feuilles de palme (palmiformes), de lotus (lotiformes), d'ombelles de papyrus fermées (papyriformes) ou largement ouvertes (campaniformes), et des fûts gravés qui évoquent les tiges de ces végétaux.

 

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Colonnes papyriformes


La Grèce



L'architecture grecque a été influencée par les prototypes de la civilisation minoenne de l'île de Crète, en particulier le palais de Cnossos (vers 1700-vers 1400 av. J.-C.).  Les Mycéniens, après avoir conquis les Minoens, construisent des édifices massifs en pierre (porte des Lionnes et Trésor d'Atrée à Mycènes, 1400-1200 av. J.-C.). Cette architecture grecque primitive jette les bases de la grande architecture de l'époque classique. Celle-ci est fondée sur la structure colonne-entablement, ou poteau-poutre, qui lui donne un caractère simple et immédiat. Pour cette raison, certains historiens de l'art la considèrent comme la transposition en pierre du modèle des cabanes primitives en bois.

 

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La Porte des Lionnes


Les Grecs ont créé un vocabulaire du détail architectural en pierre qui restera pendant plus de deux mille ans une référence fondamentale pour l'architecture européenne. Le langage de l'architecture des Grecs atteint son apogée au cours du V e siècle av. J.-C. Les éléments décoratifs, couleurs vives et sculptures placées le long des frises ou dans les frontons, viennent orner les édifices bâtis selon trois «ordres», dorique, ionique et corinthien. Ceux-ci sont définis par la forme, les proportions, la disposition des parties saillantes de l'édifice: colonnes, pilastres, chapiteaux et entablements («poutres» qui relient les colonnes). Les composants de chaque ordre, dont les proportions sont très précisément définies, ne peuvent être correctement assemblés que d'une seule manière. Les Grecs ne mélangeaient pas les différents ordres dans un même édifice. Les Romains, quant à eux, modifieront ces règles.

Le marbre est le matériau de base de l'époque classique: la dureté de cette pierre permet de la travailler avec précision et d'en obtenir une grande pureté de lignes et de détails. Le temple, monument grec par excellence, se compose d'une salle rectangulaire posée sur un stylobate (soubassement) à trois marches, couverte d'un toit dont la double pente répond à un fronton triangulaire, et entourée d'une rangée de colonnes. Les plus beaux exemples de ce système architectural très soucieux des proportions et du décor sont les édifices de l'Acropole à Athènes, et en particulier le Parthénon (447-432 av. J.-C.); ils sont restés le modèle de l'architecture occidentale jusqu'au milieu du XIX esiècle.

 

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Le Parthénon

 

L'Empire Romain

 

Les Romains conquièrent au II e siècle av. J.-C. l'Afrique du Nord, la Grèce, l'Anatolie et l'Espagne, et assimilent les traditions architecturales de ces régions, en particulier celles de la Grèce. Ils intègrent également le savoir-faire technique de leurs voisins immédiats en Italie centrale, les Etrusques. L'apport des Romains est surtout de l'ordre de la technique constructive: utilisation de nouveaux matériaux (terre cuite, ciment, brique), perfectionnement de nouvelles structures (arc, voûte, dôme) déjà expérimentées par les Etrusques. Par ailleurs, les Romains créent deux ordres supplémentaires, le toscan et le composite, et utilisent parfois simultanément les cinq ordres. Le temple romain reprend le modèle grec, y ajoutant souvent une base élevée (Maison carrée de Nîmes, début du Ier siècle apr. J.-C.).

 

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La Maison Carrée de Nîmes


Les monuments civils romains, d'une taille et d'une complexité sans précédent, ne peuvent être construits avec le système grec du poteau et de la poutre: aqueducs (le pont du Gard), bains publics (thermes de Caracalla), basiliques (tribunaux), théâtres, arcs de triomphe, amphithéâtres (le Colisée), arènes, palais. A Rome, le Panthéon, reconstruit entre 118 et 128 apr. J.-C., sous Hadrien - il deviendra plus tard une église chrétienne -, illustre brillamment le système romain de construction de dôme en maçonnerie pleine. Son épaisseur et son poids sont réduits par cinq rangées de caissons, sa solidité est renforcée par des arcs amortissant les poussées, et son centre laisse entrer la lumière par un oculus de près de 9 m de diamètre. Ce tour de force technique ne sera surpassé qu'à l'époque moderne. La basilique romaine présente un plan avec nef centrale, bas-côtés, triforium

 

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Le Colisée

 

 

L'Amérique Précolombienne

 

 

L'architecture préhispanique est principalement localisée en Amérique centrale (architecture mésoaméricaine) et dans les Andes centrales (aujourd'hui Equateur et Pérou).  Les premiers grands ensembles cérémoniels, qui associent pyramides à degrés, cours et vastes esplanades, datent de 1300-1200 av. J.-C. Ce modèle va, en s'élaborant techniquement (de l'adobe, ou argile séchée mêlée de paille, à la pierre taillée), persister jusqu'à la conquête espagnole, témoignant d'une maîtrise déjà certaine de l'architecture au début de notre ère.

En Mésoamérique, Teotihuacán, ville fondée au IV e siècle av. J.-C., atteint son apogée vers 450 ap. J.-C., avec simultanément une rénovation urbaine et la construction de grands temples (pyramides du Soleil et de la Lune) abondamment décorés de têtes de serpent et de masques.

 

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Téotihuacan


La civilisation Maya, du IV e au X e siècle, crée de grandes villes à l'habitat dispersé, faites de pyramides, temples, aires de jeu de balle, palais avec voûtes en encorbellement et sculptures monumentales de grande qualité (Uxmal, Palenque, Chichén Itzá). Les Toltèques, venus du nord, fondent Tula (X e siècle) et prennent Chichén Itzá. Leurs sculptures sont les premières à faire référence à des sacrifices humains.

 

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Palenque


Les Aztèques dominent vers 1325 toute la région mésoaméricaine, sauf Mitla, où restent les Mixtèques avec leurs palais finement décorés de reliefs géométriques qui contrastent avec les sculptures aztèques et toltèques, plus grossières. Les Aztèques fondent à cette époque Tenochtitlán (Mexico). Mais des œuvres monumentales ne subsistent que quelques rares vestiges, après la destruction de la capitale.

Dans la cordillère des Andes, des sociétés sédentaires très évoluées sur le plan politique, social, religieux et technique (réserves, irrigation, drainage, citernes) ont produit une architecture civile et religieuse élaborée dont on retient surtout celle de la période de l'Empire inca (XV e et XVI e siècles de notre ère, Cuzco). Les portes monumentales, trapézoïdales, et les appareillages «cyclopéens» (énormes blocs de pierre de taille unis à joint vif) caractérisent l'architecture militaire Inca.

 

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Tenochtitlán



L'Empire Byzantin



L'architecture byzantine se développe dans l'empire d'Orient, fondé par Constantin I lorsque, au IV e siècle, celui-ci fait de Byzance sa capitale. En construisant de grandes basiliques dans les sites chrétiens les plus importants de l'Empire romain, Constantin I consacre la prédominance du plan basilical dans l'architecture des églises chrétiennes. Dans l'Europe du Sud et de l'Est, en particulier dans les régions d'Italie, de Grèce et d'Anatolie restées sous la domination de l'Empire byzantin, les traditions romaines pour le plan et les techniques se perpétuent: Sant'Apollinare in Classe (534-539, Ravenne) a un plan basilical très légèrement modifié. A Constantinople, de vastes églises à dômes, telle Sainte-Sophie (532-537), sont des constructions d'une échelle sans équivalent dans l'Empire romain d'Occident.

 

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Sainte Sophie

 

 

L'Islam

 


Les origines de l'architecture du monde islamique sont obscures, les successeurs de Mahomet étant nomades. Quinze siècles d'islam répandu des côtes de l'Atlantique à l'est de l'Asie l'ont rendue riche et variée, d'autant que l'une des caractéristiques de cette civilisation est sa faculté d'intégration des éléments d'architecture des pays conquis et d'adaptation aux paysages et aux traditions locales.

La Coupole du Rocher, à Jérusalem, construite par des artistes byzantins ou syriens entre 685 et 705 sur le sommet du mont Moriah (où la tradition place le sacrifice d'Abraham et l'ascension de Mahomet), est un des premiers édifices de la civilisation islamique. Son plan octogonal avec double déambulatoire ainsi que ses mosaïques sur fond d'or relèvent encore de l'art chrétien. Dans les cités conquises, des églises chrétiennes furent transformées en mosquées (Grande Mosquée de Damas, 706-715). Sous la dynastie des Omeyyades, la mosquée trouve son plan définitif: minaret pour l'appel à la prière; large cour centrale avec fontaine pour les ablutions et portique pour s'abriter du soleil; grande salle de prière, repérable à l'extérieur par son dôme et pourvue d'un mihrab, niche vide qui indique la direction de La Mecque, et d'un minbar, chaire à prêcher en bois ou en pierre. L'exemple le plus achevé en est la Grande Mosquée de Cordoue (785-987).

 

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Cordoue


Lorsque, en 750, les Abbassides supplantent les Omeyyades et fondent Bagdad, la rupture se fait radicalement avec les conventions hellénistiques et byzantines (Grande Mosquée de Kairouan, Tunisie, 836; mosquée de Samarra, Irak, vers 850). La pierre laisse la place à la brique, au stuc peint, aux mosaïques.Parmi les mosquées tardives, les plus remarquables sont celles de Tabriz (Perse, 1204), du Caire ( Egypte, 1384), d'Ispahan (Perse, 1585). En Espagne du Sud, l'opulence et la virtuosité trouvent leur apogée dans le palais de l'Alhambra de Grenade (1309-1354).

 

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Palais de l'Alhambra



L'architecture romane



Dans l'Europe du Nord, où les vestiges romains étaient moins abondants que dans le Bassin méditerranéen, les architectes des époques mérovingienne, carolingienne et ottonienne, qui sont à l'origine de l'architecture romane, expérimentèrent plus librement formes et structures nouvelles. Du milieu du Xe siècle au milieu du XIIe siècle, l'architecture ne cesse d'évoluer vers le gothique. Pourtant, les caractéristiques essentielles de l'architecture romane sont romaines à l'origine: de vastes espaces intérieurs sont couverts par des voûtes en berceau reposant sur des colonnes et des piliers épais et trapus; portes et fenêtres sont surmontées d'arcs en plein cintre, et la plupart des grandes églises ont un plan basilical modifié par des contreforts, des transepts et des tours. Les édifices sont compacts, massifs, et, du fait d'ouvertures proportionnellement réduites, assez sombres.

De beaux exemples jalonnent les chemins de pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle: Sainte-Foy de Conques, grande église à déambulatoire et chapelles rayonnantes, du XIe siècle; la Madeleine de Vézelay, abbatiale à nef et avant-nef abritant trois portails, du XIIe siècle; cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle, commencée en 1078 et dont le plan reprend, en le modifiant, celui de Saint-Sernin de Toulouse.

Portails, chapiteaux et autels s'ornent de sculptures extrêmement habiles, et les vitraux font leur apparition en Europe, mais encore à petite échelle du fait de l'étroitesse des embrasures des fenêtres. A Cluny est élevée entre 1088 et 1130 une abbatiale où se multiplient tours, absides et absidioles et qui rivalise par ses dimensions (187 m de longueur) avec Saint-Pierre de Rome.

 

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Cluny

 

L'architecture gothique

 

Sans précédent dans le monde antique, et sans avenir (hormis une éphémère résurgence au XIXe siècle), le gothique est l'une des inventions les plus hardies du génie occidental. Du milieu du XIIe siècle au XVIe siècle, l'architecture de l'Europe du Nord, représentée surtout par des édifices religieux, met en œuvre arcs-boutants, arcs en ogive, voûtes à nervures et fenêtres à remplages (armatures de pierre). Les murs minces, les piliers élancés et les grandes surfaces vitrées donnent aux édifices gothiques un aspect de légèreté qui contraste nettement avec l'architecture romane. On tient pour le premier édifice gothique l'abbaye royale de Saint-Denis, dont l'abbé Suger achève la façade et le chevet en 1144. Le gothique s'affirme dans les grandes églises du nord de la France et de l'Île-de-France: cathédrale d'Amiens (1220-1270), remarquable par la hauteur et la finesse de ses piliers, et Sainte-Chapelle (1241-1248), à Paris, où les murs pleins laissent largement la place aux vitraux.

 

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Sainte Chapelle

 


L'architecture ogivale s'est principalement développée en France, où elle passe du style rayonnant au tardif style flamboyant (de la fin du XIVe au milieu du XVIe siècle), que l'on retrouve également dans la péninsule Ibérique (au Portugal, au contact de l'art islamique, il donnera naissance au style manuélin). L'architecture gothique gagne l'Angleterre à la fin du XIIe siècle, et y évolue vers le «decorated style» et le style perpendiculaire (XIV e siècle). Elle ne se répand dans le Saint Empire qu'au milieu du XIII e siècle; seules quelques cathédrales, comme celle de Cologne, commencée en 1248, égalent en taille et en qualité les modèles français. Mis à part la spectaculaire cathédrale de Milan, construite à la fin du XIV e siècle par des maçons français et allemands, l'Italie utilise généralement le gothique plus comme un décor que comme un système de construction global.

 

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Hôtel de ville de bruges

 


Parmi les plus beaux exemples d'édifices civils gothiques figurent l'hôtel de ville de Bruges (1376-1420), en Belgique (dont la richesse à cette époque explique la grande concentration d'édifices tels que halles, comptoirs, hôtels, beffrois), le Palazzo Pubblico (commencé en 1298) à Sienne, en Italie, le pont Valentré (début du XIV e siècle) à Cahors.

 

 

La Renaissance

 

 

Tandis qu'en Europe du Nord et dans la péninsule Ibérique le gothique continue de produire des chefs-d'œuvre jusqu'au XVI e siècle, apparaît à Florence, au début du XV e siècle, un mouvement de renouveau artistique et architectural qui gagne l'Italie, puis toute l'Europe. L'architecture de la Renaissance revient aux ordres antiques - ionique, dorique et corynthien - et emploie l'arc en plein cintre, la voûte en berceau et le dôme.

A l'origine, la Renaissance florentine ne signifie pas une rupture totale avec la pratique traditionnelle. Pour l'église de Santo Spirito, à Florence, commencée vers 1436, Filippo Brunelleschi a recours à un plan basilical, à des arcs en plein cintre et à un plafond plat; mais les éléments traditionnels de l'architecture romane sont, en Italie, associés à un nouveau sens des proportions, à l'emploi de colonnes corinthiennes et à la construction d'un dôme à la croisée du transept. Commencée en 1420 sur les plans de Brunelleschi, la cathédrale de Florence, Santa Maria del Fiore (appelée aussi le Duomo de Florence), est considérée comme le premier monument de la Renaissance. L'architecte conçoit une vaste coupole de plan octogonal et à double coque pour alléger la structure. La couverture d'un espace de plus de 40 m de diamètre fut considérée à l'époque comme une prouesse technique sans précédent. Pour la réaliser, Brunelleschi combine le modèle romain de la coupole du Panthéon au système de construction gothique fondé sur la convergence des nervures. Le plan centré de cette réalisation majestueuse est devenu l'idéal de nombreux architectes de cette époque à Florence (Leon Battista Alberti et Michelozzo), et ultérieurement à Rome: au cours du XVI e siècle, une version plus monumentale de ce style y sera mise en œuvre par Bramante, Raphaël et Michel-Ange dans les plans successifs qu'ils proposeront pour la reconstruction de la basilique Saint-Pierre.

 

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Cathédrale de Florence


Dans l'Europe du Nord, la Renaissance ne trouve à l'origine que peu de résonance et se limite longtemps à des changements décoratifs. Il faut attendre la première moitié du XVII e siècle pour voir s'affirmer un style véritablement classique, en Angleterre avec Inigo Jones et en France avec François Mansart. Le classicisme de ce dernier avait toutefois été amorcé, au XVI e siècle, par les œuvres de Pierre Lescot (fontaine des Innocents, hôtel Carnavalet) et Philibert Delorme (château d'Anet). L'esprit de la Renaissance est représenté par une grande partie des châteaux de la Loire (aile François I er du château de Blois, galerie de Catherine de Médicis du château de Chenonceaux, et, surtout, château de Chambord, avec son grand escalier à double hélice et sa terrasse décorée d'innombrables clochetons, lanternes, pignons, lucarnes et cheminées somptueusement ouvragés).

 

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Chambord



Du maniérisme au Roccoco


 

Au XVe siècle, l'architecture florentine repose, pour produire des effets esthétiques, sur les proportions, des lignes simples et droites et l'utilisation correcte des détails classiques. Cependant, au cours du XVIe siècle, des architectes tels que Jules Romain et Michel-Ange abandonnent ce langage mesuré et retenu au profit d'une vision de ce style plus contournée et raffinée: le maniérisme transgresse délibérément les règles classiques, les déforme, quand il ne les raille pas, pour produire des effets de tension et de préciosité (à Florence, dans l'église San Lorenzo, bâtie par Michel-Ange, chapelle funéraire des Médicis, 1515-1534, et bibliothèque Laurentienne, commencée en 1524). Le Bernin et Borromini introduisent des formes curvilignes et incorporent sculpture et peinture à leurs bâtiments afin d'enrichir et de dynamiser ce style, appelé par la suite «baroque» (église Saint-Charles-aux-Quatre-Fontaines, à Rome, commencée par Borromini en 1638).

 

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Egise Saint Charles aux Quatre Fontaines


La place Saint-Pierre a été dessinée à partir de 1656 par Le Bernin pour accueillir la foule des pèlerins venus recevoir la bénédiction papale. Commandée par le pape Alexandre VII, la place ovale est limitée par les deux bras d'une gigantesque colonnade. De Rome, le style baroque s'est répandu, aux XVIIe et XVIIIe siècles, jusqu'en Europe centrale et en Amérique du Sud.

Dans l'Europe du Nord, particulièrement en Autriche et en Allemagne, l'architecture baroque a atteint une exubérance et une liberté inégalées ailleurs, culminant avec sa forme tardive, le rococo, comme en témoignent les édifices de Johann Balthasar Neumann: résidence des princes-évêques de Würzburg, construite de 1719 à 1744, et église de Vierzehnheiligen (sanctuaire de pèlerinage aux Quatorze-Saints), bâtie de 1743 à 1772. En France, l'esprit du classicisme a beaucoup modéré l'influence du baroque et du rococo. Le palais de Versailles, commencé en 1669 par Louis Le Vau, et modifié et complété par Jules Hardouin-Mansart, exemple par excellence de l'élégance et du raffinement de l'architecture et de la décoration française de l'époque, sera imité dans toute l'Europe.


Du néoclassicisme à l'éclectisme


Au milieu du XVIII e siècle, une réaction s'amorce contre les excès décoratifs du baroque et du rococo. Le néoclassicisme se fonde sur une interprétation austère et dépouillée de l'architecture grecque, dont l'historien de l'art Winckelmann vante la «noble simplicité et la calme grandeur», et de l'architecture romaine, que Piranèse contribue à remettre au goût du jour moins par ses rares réalisations d'architecte que par ses eaux-fortes (les Prisons) et par ses planches d'art décoratif: celles-ci constitueront le vocabulaire du néoclassicisme. Préférence pour l'ordre dorique grec, création d'une architecture aux formes géométriques pures, retour aux origines de l'architecture caractérisent ce style sévère bien en accord avec la philosophie rationnelle des Lumières.

A partir de la fin du XVIII e siècle et tout au long du XIX e siècle, on assiste en Europe et aux Etats-Unis à une série de renaissances stylistiques. La période est dominée par les partisans du style classique (eux-mêmes divisés entre «grecs» et «romains») et un regain d'intérêt pour l'art gothique. Le style néogothique apparaît à la fin du XVIII e siècle, en Angleterre: l'écrivain Horace Walpole fait figure de pionnier avec sa maison de campagne de Strawberry Hill. Puis le «gothic revival» se développe particulièrement pendant la période victorienne, avec notamment la reconstruction par sir Charles Barry du palais du Parlement, en 1840-1865, les quelque trente-neuf églises ou cathédrales et l'Albert Memorial élevés par sir George Gilbert Scott. Le style néogothique se répand aussi aux Etats-Unis (cathédrale Saint Patrick, à New York, par James Renwick, 1858-1879) et en France, où Viollet-le-Duc dirige la restauration de nombreux édifices médiévaux (église abbatiale de Vézelay, Notre-Dame apparaît une architecture monumentale fondée sur une synthèse de la grande tradition classique européenne depuis la Renaissance). La construction de l'Opéra de Paris (1861-1875) par Charles Garnier, pur produit de l'enseignement des Beaux-Arts, marque l'apogée de ce style.

Mais ces courants sont loin d'épuiser la diversité stylistique à laquelle les architectes ont recours. Au XIX e siècle s'est élargi le champ des références architecturales grâce au développement des connaissances archéologiques et aux apports des voyages exotiques. De nombreux bâtiments sont construits comme des imitations explicites et voulues d'architectures byzantine (cathédrale de Westminster, Londres, par John Francis Bentley, 1895), orientale ou égyptienne; d'autres en style gothique vénitien ou renaissant florentin; d'autres enfin mélangent tous ces styles, comme l'extravagant et colossal palais de justice (dû à Joseph Poelaert) qui domine Bruxelles.

 

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Palais de Justice de Bruxelles


Ce n'est certes pas la première fois que des styles du passé sont remis à la mode: les architectes de la cour de Charlemagne, au IX e siècle, tout comme les Italiens du XV e siècle, avaient inclus des motifs classiques dans leurs édifices. Mais, au XIX e siècle, les styles classiques ou gothiques sont détachés de leur contexte historique d'origine pour être réemployés dans des programmes architecturaux très différents. Ainsi, bien qu'empreint d'une connotation religieuse chrétienne, le gothique peut être employé à la construction aussi bien d'une villa particulière, d'un gratte-ciel de bureaux new-yorkais (Woolworth Building, par Cass Gilbert, 1914), que d'une gare, telle celle de Turin, ou d'un hôpital.

 

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Gare de Turin


Parallèlement à cet éclectisme généralisé, de nouvelles méthodes de construction et de nouveaux matériaux donnent naissance au XIX e siècle à une architecture moins dépendante de la tradition et plus tournée vers la recherche de l'originalité formelle. Les développements de la révolution industrielle et la définition de nouveaux types de programmes et d'édifices coïncident avec l'apparition et l'essor de l'architecture métallique. Le métal, employé à la construction de ponts dès la fin du XVIIIe siècle, sera bientôt étendu à la construction d'édifices les plus divers: passages couverts, halles, grands magasins, pavillons d'expositions (Crystal Palace, Londres, 1851), monuments commémoratifs (tour Eiffel, 1889) ou gratte-ciel, notamment aux Etats-Unis.

Les départements et leur histoire - La Gironde - 33 -

Publié à 15:08 par acoeuretacris Tags : Départements
Les départements et leur histoire - La Gironde - 33 -

Bordeaux

 

2ème partie

 

De graves modifications furent apportées alors dans la constitution des municipalités ; cependant, conformément au texte du traité, le parlement fut installé à Bordeaux la seconde année du règne de Louis XI, en 1462, et son ressort s'étendit sur les sénéchaussées de Bordeaux, Bazas, Agen, Condom, les Landes, Armagnac, Cahors, Limoges, Périgueux, Angoulême, Saintes et La Rochelle.

 

Cette vaste circonscription judiciaire détermina les limites d'un nouveau duché d'Aquitaine donné par Louis Xl en apanage à son frère Charles de Berry, en 1469. La noblesse de la contrée crut voir dans cette mesure une occasion de reconstituer l'ancien royaume ; le duc Charles était connu personnellement de la plupart d'entre eux ; ils avaient été ses compagnons d'armes dans la ligue du Bien public ; un nouveau complot fut formé ; mais, avant qu'il éclatât, Charles mourait empoisonné, et les plus influents parmi ses complices étaient arrêtés et traduits devant le parlement de Bordeaux.

 

Soit complicité de la magistrature, soit absence de preuves suffisantes, les juges refusèrent de conclure à la peine capitale. Louis XI, irrité, épura le parlement, et la mort fut prononcée. Cette terrible leçon étouffa le fédéralisme aquitain, qui ne se réveilla plus qu'avec les girondins de la Convention, deux siècles et demi plus tard. Toutefois, dans l'intervalle de ces deux époques, l'esprit de révolte trouva de trop nombreuses occasions de se manifester.

 

L'établissement de l'impôt sur le sel, dit de la gabelle, si impopulaire dans toutes les provinces de l'Ouest, souleva dans la Guyenne un mécontentement qu'accompagnèrent des actes de la plus déplorable barbarie et que suivit une répression plus barbare encore. Après avoir tué les babeleurs, les paysans attaquèrent les seigneurs comme babeleurs eux-mêmes, ou, du moins, comme partisans de la gabelle. Les châteaux furent brûlés, et quelques gentilshommes massacrés.

Le couronnal ou chef suprême de l'insurrection avait adressé au maire et aux jurats de Bordeaux des dépêches par lesquelles il leur enjoignait de se trouver sans délai à Libourne avec des munitions de guerre et de bouche, sous peine de la vie. Pendant que les conseillers municipaux délibéraient, la multitude força les portes de l'hôtel de ville, y enleva les armes qui s'y trouvaient en dépôt, assiégea la garnison dans le Château-Trompette, s'empara du gouverneur Tristan de Moneins au moment où il s'approchait pour parlementer, et le tua. Le corps de ce malheureux officier fut dépecé et enterré tout saupoudré de sel. Le parlement essaya de calmer l'effervescence publique ; mais la populace contraignit les conseillers à monter la garde dans ses rangs, habillés en matelots et la pique à la main.

 

Montmorency fut chargé par Henri II de punir cette émeute. Tous les habitants, sans distinction de conduite et de rang, furent désarmés ; le parlement interdit fut remplacé par une commission extraordinaire de maîtres des requêtes de Paris, et de quelques conseillers d'Aix et de Toulouse ; la place de l'hôtel de ville resta couverte d'échafauds et de gibets permanents pendant sept semaines ; cent cinquante bourgeois furent exécutés ; plusieurs chefs de mécontents expirèrent sur la roue, une couronne de fer rouge sur la tête ; d'autres furent condamnés à la flétrissure et au bannissement.

 

La ville, atteinte et convaincue de félonie, perdit ses franchises et son gouvernement municipal ; on remplaça ses jurats par vingt-quatre prud'hommes à la nomination du roi ; les cloches descendues du haut des églises et fondues pour la marine royale, les tours de l'hôtel de ville découvertes, ses titres et registres, artillerie et munitions de guerre en levés, ne furent point, aux yeux de la cour prévôtale, des mesures assez exemplaires ; elle ordonna de plus que l'hôtel serait rasé, et que de ses dé-, bris on bâtirait une chapelle où serait célébré chaque jour l'office des morts pour le repos de l'âme de Tristan Moneins. En exécution d'un autre article de l'arrêt, les jurats et cent vingt notables allèrent, en habits de deuil, déterrer avec leurs ongles le corps de Moneins, l'emportèrent sur leurs épaules d'abord devant l'hôtel du connétable, où ils se mirent à genoux, et demandèrent pardon à Dieu, au roi et à la justice, et se rendirent ensuite à la cathédrale, où Moneins fut inhumé dans l'endroit le plus apparent du chœur. Les capitaines de la ville, du château du Hâ et du Château-Trompette, quoique innocents des désordres de la populace, furent punis de mort pour n'avoir pas devancé 'les ordres sanguinaires du connétable. La ville fut taxée à 200 000 livres pour payer la frais de l'armement.

 

L'année suivante, en 1549, Henri II rendit à la plupart des villes les privilèges abolis ; mais quelques-unes, et Bordeaux entre autres, furent privées de ce que leur constitution renfermait encore de libéral. La gabelle fut réduite au droit dit du quart et demi.

 

La réforme religieuse répondait trop bien au sentiment d'examen, de critique et d'indépendance si développé chez les habitants de la Guyenne pour ne pas trouver dans cette contrée des adhérents fervents et nombreux ; Marguerite de Navarre aida de tout son pouvoir à la propagation des écrits de Luther, Calvin et Théodore de Bèze ; mais la question, d'abord purement religieuse, prit bientôt une couleur politique.

La bourgeoisie riche et éclairée, ainsi qu'une partie de la noblesse, se montraient particulièrement favorables aux nouvelles doctrines ; le maréchal de Montluc fut chargé d'en arrêter les progrès. La sévérité cruelle dont il usa et dont il se vante si naïvement dans ses curieux Mémoires lui valut les titres de lieutenant général et conservateur de la Guyenne. Les rigueurs de sa répression ne furent cependant pas jugées encore suffisantes, et un massacre général des protestants eut lieu le 5 octobre 1572. Le fanatisme, surexcité par toutes ces atrocités, entretint dans la Guyenne la lutte la plus acharnée jusqu'en 1593. L'influence du parlement avait entraîné une partie du pays dans la Ligue ; le maréchal de Matignon sut maintenir à Bordeaux l'autorité royale, mais les ligueurs, retranchés dans la citadelle de Blaye, désolèrent les rives de la Gironde pendant cinq ans après l'avènement de Henri IV au trône de France, et c'est seulement par composition que la place fut rendue au roi.

Enfin, après de si rudes épreuves, le repos succéda à ces longs orages ; dès que les plaies furent cicatrisées, l'activité des esprits se dirigea vers les spéculations du commerce et les conquêtes de l'industrie ; sauf quelques tentatives isolées des mécontents pendant le règne de Louis XIII, tentatives qui tombèrent d'elles-mêmes ou furent étouffées sans beaucoup de peine, la Guyenne, jusqu'en 1789, fut tout entière aux progrès de son commerce et à l'extension de sa marine. L'abandon des ports de la Méditerranée, l'activité des relations avec l'Espagne, la prospérité de nos colonies firent du port de Bordeaux une des places les plus florissantes du continent.

 

Les travaux philosophiques du XVIIIe siècle et les discussions qu'ils engagèrent avaient opéré dans les esprits une diversion aux préoccupations exclusivement mercantiles ; la Révolution de 1789 vint souffler sur ces ardeurs mal éteintes, et l'enthousiasme présent, réchauffé de toutes les traditions d u passé, salua les premières victoires de l'Assemblée nationale sur la royauté. Par leurs talents, leur zèle, leur éloquence, les députés de la Gironde méritèrent de donner le nom du département qui les avait élus au parti le plus hostile à la monarchie, le plus influent dans l'établissement du gouvernement républicain. L'histoire conservera le nom de ces orateurs éloquents, Vergniaud, Guadet, Gensonné, Grangeneuve, Ducos, Fonfrède, qui jouèrent un rôle si important dans la période la plus décisive de nos annales modernes, et qui expièrent leurs fautes politiques par une fin si tragique.

L'avenir prononcera entre eux et leurs inflexibles adversaires de la Montagne ; mais ce qu'il ne saurait absoudre, c'est d'avoir compromis, par une guerre de diversion, le salut de la France alors attaquée sur tous les points par l'étranger. La Convention fut obligée de distraire une. partie de ses forces pour étouffer le fédéralisme girondin. Tallien, chargé de cette mission, fut, toutefois, moins impitoyable que Montmorency et Montluc.

 

Le royalisme, que le dépit des girondins vaincus avait réveillé, exploita, pendant l'Empire, la gène commerciale occasionnée par le blocus continental ; cette direction des idées, opposée au courant de l'opinion publique en France, conduisit les Bordelais, en 1815, à des manifestations contraires aux sentiments du reste du pays. C'était le triomphe des passions égoïstes et des intérêts matériels sur le dévouement dû à la cause commune ; c'était aussi une satisfaction maladroite donnée à de vieilles rancunes, et la dernière manifestation de préjugés d'un autre temps ; souvenirs affligeants pour l'expiation desquels semblent être morts ces deux frères César et Constantin Faucher, les jumeaux de La Réole, victimes de la terreur royaliste en 1815, qui ont scellé de leur sang l'union définitive de la Gironde avec la mère patrie.

Les départements et leur histoire - La Gironde - 33 -

Publié à 15:03 par acoeuretacris Tags : Départements
Les départements et leur histoire - La Gironde - 33 -
1ère partie
 
(Région Aquitaine)
 

Deux siècles avant l'ère chrétienne, l'histoire des Gaules, qui commence à prendre quelque certitude, nous fournit des documents incomplets, mais authentiques sur la partie du territoire dont le département de la Gironde est formé. II était habité par deux peuplades principales : les Vasates et les Bituriges Vivisci. Ces derniers se subdivisaient en plusieurs tribus : les Boïates, dans le district de Buch ; les Belendi, gens du canton de Belin, et les Medulli, qui occupaient le Médoc Burgdikal, aujourd'hui Bordeaux, était la capitale de la contrée ; les villes les plus importantes après celle-là étaient Boïes et Noviomagus, disparues toutes deux sous les empiètements de la mer qui baigne nos côtes de l'ouest.

 

Les Phéniciens d'abord, puis la colonie grecque de Marseille, initièrent les Bituriges au commerce et aux arts de l'antiquité. L'invasion romaine trouva déjà sensiblement modifiées dans ce pays la langue celtique et les croyances religieuses des druides. Les Vasates opposèrent quelque résistance aux légions commandées par un lieutenant de César ; mais les Bituriges acceptèrent sans protestation la loi du vainqueur.

 

Les remaniements territoriaux, l'établissement de nouvelles divisions administratives soulevèrent des mécontentements qui n'allèrent cependant point jusqu'à une lutte sérieuse. En 211, sous Caracalla, l'œuvre de la conquête était achevée ; les lois, la religion, les usages, le costume même des Romains étaient adoptés par les vaincus ; .Bordeaux était devenue la capitale de la seconde Aquitaine. Mais cette paix dans la servitude ne devait pas avoir une longue durée ; dès le milieu du IIIe siècle apparaissent, avec le christianisme, les premiers germes de dissolution du vieil empire. Saint Martial, saint Front et d'autres apôtres dévoués viennent dans le Bordelais braver les outrages, les haines et les supplices pour prêcher la doctrine de l'Évangile. Ils sont persécutés, mis à mort, mais leurs vengeurs approchent.

 

Sous Honorius, la Gaule est envahie par les barbares. Pendant que la frontière est menacée, la sédition éclate à l'intérieur ; les rigueurs des collecteurs d'impôts poussent au désespoir les serfs et les colons. Les Vandales sont les premiers barbares qui pénètrent dans l'Aquitaine ; ils n'y séjournent que deux années ; mais les Wisigoths leur succèdent, et Bordeaux leur ouvre ses portes. Le patrice Constance les repousse une première fois, mais il est bientôt contraint de céder par un traité ce que ses armes ne peuvent plus défendre ; les Wisigoths reprennent possession de leur conquête : la seconde Aquitaine est érigée en royaume dont Toulouse est la capitale, et sept rois de cette race occupent successivement le trône.

 

Sous cette domination, du IVe au Ve siècle, on voit se développer concurremment le commerce, les arts, les littératures grecque et latine, ce qui devait survivre à la conquête romaine, et le christianisme, qui devait ouvrir le pays à de nouveaux maîtres. Le poète Ausone a laissé de curieux renseignements sur l'éloquence et la poésie à cette époque.

En 507, Clovis, roi des Francs, appelé par les évêques, s'avance vers l'Aquitaine, bat les Wisigoths dans les plaines de Vouglé, et fait une entrée triomphale dans l'ancienne capitale des Bituriges. Partagée une première fois entre les fils de Clovis, plus tard entre les héritiers de Clotaire, épuisée par les guerres longues et acharnées que suscita la rivalité de Frédégonde et de Brunehaut, l'Aquitaine s'était livrée au prétendant Gondovald, fils audultérin de Clotaire, que ses derniers partisans assassinèrent pour rentrer en grâce.

 

Ves la fin du VIe siècle, Dagobert défendit le pays contre une invasion de Vascons ; mais, quoique vainqueur, il abandonna, moyennant un léger tribut, l'Aquitaine à ces nouveaux envahisseurs. Il plaça son frère Caribert à la tête du royaume d'Aquitaine retrempé dans l'élément vascon. Ce prince régna un an à peine et mourut à Blaye en 631. Son fils Boggès ou Boggis reçut le titre du duché héréditaire et sous la condition de foi et hommage. C'est le premier exemple d'un apanage donné aux princes de la famille royale. Les descendants de Boggès conservèrent leur duché pendant cent cinquante ans. Ils soutinrent glorieusement le nom de fils de Clovis, pendant que l'autorité monarchique s'éteignait aux mains des rois fainéants et passait aux maires du palais. Sous Dagobert déjà, les Aquitains mécontents avaient réclamé par une révolte l'indépendance de leur province et .le titre de royaume ; vaincus, ils avaient dû accepter la position qui leur était faite ; la lutte devint plus ardente quand elle eut pour aliment la rivalité des ducs contre les maires devenus tout-puissants.

 

Les ducs avaient à se défendre contre d'autres ennemis ; n'étaient-ils pas les sentinelles avancées de la monarchie contre les Sarrasins qui menaçaient les provinces méridionales ? Eudes, dans un moment de péril suprême, fit alliance avec Charles Martel ; mais les secours qu'il en attendait n'arrivèrent point assez tôt pour préserver ses domaines des calamités qu'une invasion traîne après elle.

 

La Garonne fut franchie, Bordeaux pris d'assaut ; la ville, déjà riche, fut livrée au pillage, et son gouverneur mis à mort. La victoire qui succéda à ces jours d'épreuves, victoire dont Charles Martel sut garder toute la gloire et tout, le profit, eut pour le duché des conséquences presque aussi déplorables ; les fils de Charles Martel, jaloux de l'importance que prenait cette province, voulurent la reconquérir à la couronne. Pépin et Carloman entrèrent en Aquitaine et mirent la frontière à feu et à sang. Hunold, héritier du duc Eudes, consentit à ce qu'on exigeait de lui : il se reconnut comme vassal des ennemis qui venaient si injustement le dépouiller ; puis, sentant son insuffisance pour une lutte qui menaçait de se prolonger, il se fit moine et laissa à son frère Waïfre le soin de le venger et de défendre l'héritage paternel. Ce jeune prince, doué d'une grande force de corps et d'âme, aurait réparé les désastres de sa famille, s'ils avaient pu l'être par l'intelligence et le courage.

Sous de frivoles prétextes, Pépin lui déclara la guerre, guerre d'extermination, poursuivie pendant plusieurs années avec un acharnement qu'égala seule l'opiniâtreté de la défense. Tout ce que pouvaient la valeur et la ruse, Waïfre le tenta. Presque toujours vaincu, souvent trahi, jamais abattu, poussé de revers en revers jusqu'au fond des forêts de la Double (Edobola), son dernier refuge, il serait mort en combattant, si, parmi ce peu d'hommes qui suivaient encore sa bannière, l'or de Pépin n'avait pas suscité des traîtres. Ils l'assassinèrent la nuit, sous sa tente, le 2 juin 768.

 

Pépin ne survécut que peu de jours à Waïfre, et laissa le trône à Charlemagne, qui, devenu maître de l'Aquitaine, en fit un royaume auquel il donna Toulouse pour capitale. Le fils de Waïfre, Loup, que Charles le Chauve appelle Lupus re et nomine, poursuivit l'oeuvre de son père qu'il put voir vengé à Roncevaux ; malgré quelques succès passagers, il fut bientôt fait prisonnier et pendu ; ses fils tombèrent à ses côtés dans les combats ou se retirèrent en Espagne ; en eux finit la dynastie mérovingienne des ducs d'Aquitaine.

 

En 778, à son retour d'Espagne, Charlemagne donna à son fils, Louis le Débonnaire, l'Aquitaine érigée de nouveau en royaume, avec Toulouse pour capitale. La nomination de Séguin au comté de Bordeaux, la construction du château de Fronsac, la fondation douteuse de quelques églises, l'érection plus douteuse encore du tombeau du preux Roland à Bordeaux, d'autres disent à Blaye, et le nom de Charlemagne resté en quelques endroits : voilà les seules traditions locales que le département de la Gironde ait conservées du règne de ce grand monarque.

Devenu empereur, Louis le Débonnaire transféra le royaume d'Aquitaine à son fils Pépin. Celui-ci en mourant laissa un fils, Pépin II, qui fut déshérité par Louis le Débonnaire. Charles le Chauve fut désigné comme roi d'Aquitaine ; mais Pépin II fit la .guerre à son oncle et l'obligea à traiter avec lui. Les Normands, qui ravageaient alors l'Aquitaine, ayant surpris et saccagé Bordeaux, les populations s'en prirent à Pépin, et le livrèrent à son oncle. Celui-ci lui ayant laissé ou rendu la liberté, Pépin finit par se jeter dans les bras des Normands, et fut pris combattant sous leurs enseignes. En 877, l'Aquitaine redevint un simple duché à charge d'hommage au roi, obligation que méconnurent les titulaires autant de fois qu'ils crurent pouvoir le faire sans danger.

 

Après une longue série de luttes sanglantes, tantôt contre les Normands, tantôt contre les comtes d'Anjou, le dernier des ducs d'Aquitaine étant mort en pèlerinage, sa fille Éléonore épousa Louis le Jeune, qui devint roi de France. Le divorce qui rompit quinze ans plus tard ce mariage remit Éléonore en possession de l'héritage paternel ; elle l'apporta en dot à Henri II d'Angleterre, avec lequel elle contracta une seconde union.

 

C'est à cette époque que remonte la transformation du mot Aquitaine, dont l'étymologie latine était tirée des nombreux cours d'eau qui arrosent le pays ; la suppression de l'a et la corruption du langage usuel firent d'Aquitaine Guyenne, nom qui, dans la suite, s'applique plus spécialement aux rives de la Gironde et au comté de Bordeaux.

L'établissement des princes anglais en France, origine de guerres si longues et si cruelles, source de tant de maux, valut aux habitants des villes les premières franchises communales dont l'histoire fasse mention, concessions accordées par la politique étrangère pour s'assurer les sympathies des populations que tant de liens devaient rattacher à la couronne de France ; Bordeaux et d'autres villes de la Gironde obtinrent, sous Henri II, le droit de se gouverner, d'élire leurs magistrats, de se défendre elles-mêmes et de n'être assujetties à aucun subside, s'il n'était librement consenti par le peuple.

 

Ces améliorations n'étant guère profitables qu'aux villes, de sérieuses manifestations contre la domination anglaise signalèrent les règnes de Henri II et de Richard Coeur de Lion ; mais les barons aquitains furent toujours obligés de se soumettre.

 

Sous Jean sans Terre, les dévastations commises par les routiers, les exactions des baillis et sénéchaux anglais excitèrent de nouveaux troubles ; la situation ne fit qu'empirer sous Henri III, dont les mandataires ne respectaient même plus les immunités de l'Église. Tant d'excès et d'outrages lassèrent enfin la patience des opprimés. Toutes les paroisses de l'Entre-deux-Mers, en partie ruinées et dépeuplées, jetèrent ensemble un cri de détresse, et leurs plaintes furent transmises à Henri II, par l'archevêque et le clergé de Bordeaux, en 1235.

L'année suivante, Henri chargea deux commissaires d'informer des griefs articulés et de vérifier soigneusement la légalité des privilèges à invoquer ; l'enquête eut lieu en présence de l'archevêque de Bordeaux, de l'évêque de Bazas, des abbés des deux diocèses, du maire et des jurats de Bordeaux, des barons et des principaux chevaliers de la Guyenne. Il était facile d'établir que les atteintes portées aux privilèges de la province, les excès commis par les routiers, les ravages momentanés d'une autre espèce de brigands qui, sous le nom de pastoureaux, inondèrent une partie de la Guyenne en 1259, et tous les désordres dont on se plaignait avaient pour cause première et principale l'absence de toute autorité centrale capable de se faire respecter et obéir ; mais quel était, à cette époque, le gouvernement qui pouvait donner une pareille sécurité à ses sujets ?

 

Le traité de 1259 reconnaissait Henri III comme souverain des comtés de Périgord, Limousin, Saintonge, Quercy et Agenais, outre le Bordelais et la Gascogne dont il avait la possession sous la suzeraineté des rois de France. De ce partage du territoire, de cet équilibre de forces, de cet antagonisme, pouvait-il sortir autre chose que cette lutte acharnée dont le pays fut le théâtre et la victime jusqu'au triomphe définitif de Charles VII ?

 

En 1292, les Anglais capturent en pleine paix des vaisseaux naviguant sous le pavillon de France. Philippe le Bel somme Édouard de comparaître devant les pairs pour y rendre raison de cette violation du droit dés gens. Sur le refus du roi d'Angleterre, l'Aquitaine est confisquée par un arrêt, et les Français en occupent plusieurs villes à main armée. Édouard fait passer de nombreuses troupes dans la province menacée, sous les ordres des ducs de Richemond et de Lancastre, qui reprennent Blaye, Bourg, La Réole et Rions ; après une guerre de plusieurs années où les succès de part et d'autre se balancent, une double alliance entre la famille des Plantagenets et celle de France remet Édouard en possession de son duché, en 1303.

 

Les hostilités recommencent en 1324, à l'occasion d'un fort que Hugues de Montpezat s'était permis d'élever dans l'Agenais sur les limites françaises ; la prise de La Réole fait craindre au monarque anglais l'envahissement de ses domaines. Il se hâte de proposer un traité qui est accepté. En 1337, les prétentions qu'Édouard III élève à la couronne de France rallument la guerre. Le comte de Derby, son neveu, arrive en Guyenne en 1345 ; Langon, Libourne, Monségur, La Réole lui ouvrent leurs portes. Au comte de Derby succède le prince de Galles ; la bataille de Poitiers a été perdue par les Français ; le roi Jean est prisonnier (1356).

 

Édouard érige la Guyenne en principauté et en investit son fils, à la charge de relever, de la couronne d'Angleterre, avec redevance d'une once d'or. Bordeaux devient alors siège d'une cour brillante et chevaleresque ouverte à tout prince ambitieux, à tout baron mécontent qui croit avoir quelque grief à faire valoir contre le roi de France.

L'éclat de cette puissance éblouit le successeur de Henri II, de ce prince qui consolidait sa puissance par la concession des franchises communales ; le fils d'Édouard, pour réparer ses finances épuisées par la guerre et subvenir aux prodigalités de sa cour, impose une taxe de dix sous sur chaque feu de sa principauté. Les paysans murmurent ; les seigneurs, jaloux de la prédominance anglaise, se font les interprètes de leurs justes plaintes auprès du roi de France. Le connétable Bertrand Du Guesclin, à la tête d'une vaillante armée, arrive pour les appuyer ; de victoire en victoire, il poursuit les Anglais jusqu'aux portes de Bordeaux, et n'est arrêté que par la trêve de Bruges, signée en 1375.

 

De tous les événements particuliers à la Guyenne survenus du temps de Richard II, le plus remarquable fut la ligue défensive que les villes du Bordelais formèrent entre elles en 1379. A l'expiration de la trêve, les hostilités avaient recommencé ; la ville de Saint-Macaire venait d'être prise par le duc d'Alençon ; toutes les autres places étaient menacées. Se voyant abandonnées par le roi d'Angleterre, les villes de Blaye, Bourg-sur-Gironde, Libourne, Saint-Émilion, Castillon, Saint-Macaire, Cadillac et Rions résolurent de pourvoir à leur sûreté commune en se confédérant sous le patronage de Bordeaux, avec promesse d'un mutuel secours.

Mais il n'était pas au pouvoir des communes de conjurer l'orage prêt à fondre sur elles. La Guyenne ayant été envahie par le comte d'Armagnac, plusieurs places furent prises : la ville de Bourg-sur-Gironde fut assiégée ; cependant les troupes confédérées de Bordeaux et le secours d'une flotte anglaise obligèrent le comte d'Armagnac à lever le siège et à quitter la province.

 

Depuis cette époque jusqu'en 1451, pendant trente-six ans, la Guyenne ne vit point d'armée française dans son sein ; ses destinées et celles de la France se jouaient sur d'autres champs de bataille. Les Anglais n'y eurent même que de faibles garnisons ; ils comptaient sur les communes pour la défense du pays. Les seules hostilités dont la province fut passagèrement le théâtre se bornèrent à des rencontres de partisans sans importance, à des attaques de châteaux faites par les troupes communales.

 

Lorsque enfin l'armée française, en 1451, prenant une sérieuse offensive, commença la campagne de Guyenne, les châteaux forts ouvrirent leurs portes sans combattre ; les villes résistèrent davantage en stipulant toujours dans leurs capitulations la conservation de leurs franchises. Les Anglais, retirant à la hâte leurs garnisons, se concentrèrent dans les murs de Bordeaux ou aux environs. Castillon, Saint-Émilion, Libourne, Rions furent emportés, et le sire d'Orval s'avança avec une troupe de cavalerie à pou de distance de Bordeaux.

 

A son approche, les Anglais et les bourgeois, au nombre de dix à douze mille, sortirent des murailles, le maire à leur tête ; mais le sire d'Orval les ayant chargés rudement sur plusieurs points, les mit en déroute, couvrit la campagne de leurs morts et de leurs blessés, et conduisit à Bazas un grand nombre de prisonniers. L'été suivant, les comtes de Dunois, de Penthièvre, de Foix et d'Armagnac pénétrèrent en Guyenne par quatre côtés différents. Blaye se rendit. Les Anglais, à qui il ne restait plus dans toute la province que les places de Fronsac, Bayonne et Bordeaux, obtinrent un peu de répit en s'engageant à remettre ces trois villes aux Français si, à l'époque de la Saint-Jean, il n'était pas arrivé des troupes suffisantes pour tenir la campagne. Les renforts attendus ayant manqué, les garnisons de Fronsac et de Bordeaux mirent bas les armes. La capitulation passée entre les bourgeois de Bordeaux et le comte .de Dunois portait :


1° Que la ville serait à jamais exempte de tailles, subsides et d'emprunts forcés ;

 


2° Que le par

lement y serait établi pour toute la Guyenne ;


3° Que le roi y ferait battre monnaie
.

 

Mais, en 1452, à la première nouvelle d'un débarquement en Médoc de quelques troupes commandées par Talbot, Bordeaux, sans calculer les chances de succès, arbora les couleurs anglaises, et la garnison française, prise au dépourvu, abandonna la ville ; les autres places suivirent l'exemple de la capitale. Charles VII, obligé de conquérir une seconde fois sa province, envoya ses généraux assiéger le fort de Castillon. Talbot et son fils volèrent au secours de la place ; l'action s'engagea sous ses murs ; tous deux y périrent avec un grand nombre de chevaliers de Guyenne et d'Angleterre. Après cette victoire, Charles ne rencontra presque plus de résistance. La garnison de Bordeaux demanda à capituler, et, malgré l'opposition des bourgeois, elle ouvrit ses portes au roi de France.

 

La ville perdit ses privilèges ; elle fut imposée à cent mille écus d'or, et vingt seigneurs de la province furent condamnés à l'exil. Quant aux Anglais, il leur fut permis de se rembarquer et d'emmener avec eux tous les citoyens à qui il plairait d'émigrer. Charles VII plaça de fortes garnisons dans toutes les villes de la Guyenne, et, pour tenir Bordeaux en respect, il fit bâtir deux citadelles appelées l'une le Château-Trompette, et l'autre le fort du Hâ.