Les département et... - La Cote d'Or - 21 -

Publié à 09:11 par acoeuretacris
(Région Bourgogne)

PARTIE 1

Par sa position géographique, la richesse et l'étendue de son territoire, l'importance de ses villes, le département de la Côte-d'Or est celui dans lequel se caractérise le plus la physionomie historique de l'ancienne Bourgogne. Avant la conquête romaine et l'invasion des Burgondes, qui ont laissé leur nom à la province où ils s'installèrent, cette contrée, comprise dans la Gaule celtiques était habitée par les Lingons, tribu vaillante, fort ancienne, et qui se partageait avec les Séquanais et les Éduens toute la région orientale de la France actuelle.

La religion, les mœurs des Lingons étaient celles des autres peuples de la Gaule ; ils croyaient à l'unité de Dieu et à l'immortalité de l'âme ; ils avaient une espèce de royauté élective et responsable, dont le pouvoir civil, judiciaire et militaire, était, en beaucoup de cas subordonné à l'autorité religieuse du grand prêtre, chef des druides. L'esprit belliqueux et entreprenant de ces populations les avait souvent entraînées dans de lointaines expéditions. Longtemps ils furent conquérants avant d'être conquis à leur tour. 590 ans avant l'ère chrétienne, Sigovèse avait établi des colonies dans la Bohème et la Bavière, et Bellovèse avait fondé plusieurs villes dans le nord et l'est de l'Italie. Brennus avait pris Rome. Deux autres chefs gaulois, Léonoius et Lutarius, avaient pénétré jusqu'à Delphes, en Asie, et y avaient constitué la tétrarchie des Galates. Les Linons avaient figuré dans toutes ces entreprises, et on leur attribuait spécialement la fondation des villes d'Imola et de Budrio.

Lorsque l'invasion des Helvètes les menaces d `Arioviste, chef des Suèves, et la rivalité entre les Êduens et les Arvernes eurent amené sur les bords de la Saône les Romains déjà maîtres de la Gaule Narbonnaise, les Lingons furent un des premiers peuples auxquels ils offrirent leur amitié. Le respect qu'ils professèrent dans les premiers temps pour les coutumes et l'indépendance de leurs nouveaux alliés établit entre les deux nations l'union la plus cordiale et la plus sympathique. Des volontaires lingons se joignirent aux Éduens, qui voulurent accompagner César dans sa descente en Grande-Bretagne. Dans la guerre même de l'indépendance, guerre dont Vercingétorix fut le héros et la victime, les Lingons restèrent fidèles à la foi promise, malgré l'exemple que leur donnaient les Éduens, ces vieux alliés de Rome, qui se repentaient, mais trop tard, d'avoir été les premiers à accepter le patronage de tels voisins.

Les Lingons s'attachèrent plus étroitement à la fortune du conquérant des Gaules, qui sut avec tant d'habileté recruter ses légions parmi ceux qu'il venait de vaincre. Ils combattirent pour lui à Pharsale ; et si les trésors de la Gaule, si Vercingétorix enchaîné, figurèrent dans le cortège du triomphateur, on vit aussi plus d'un Gaulois quitter ses braies pour revêtir la toge du sénateur. C'est par les séductions de la paix que César voulait achever l'oeuvre de ses victoires. Les provinces gauloises furent administrées sous son règne avec la plus grande douceur. On n'enleva aux populations ni leurs terres ni leurs droits municipaux. Les grands furent dédommagés, par des titres et par des honneurs nouveaux, des dignités qu'ils avaient perdues. L'agriculture fut exercée dans les mêmes conditions qu'en Italie ; la navigation était libre sur le Rhône, la Saône, la Loire, même sur l'Océan.

Aussi les luttes du second triumvirat n'eurent-elles aucun retentissement dans la Gaule épuisée et assoupie. Auguste continua la politique de César. il fit plusieurs voyages et de longs séjours dans la Gaule, défendit ses frontières contre les Germains, y appela de nombreuses colonies, embellit les villes, en fonda de nouvelles, couvrit le pays de larges et magnifiques routes, imposa, enfin, sa domination avec tant d'habileté qu'à sa mort les vaincus avaient adopté les mœurs, les habillements, la religion et les lois des vainqueurs. La tyrannie, les exactions de Tibère et de Néron suscitèrent les révoltes promptement comprimées de Sacrovir et de Vindex. Le vieux sang gaulois était appauvri et vicié ; pour le rajeunir, il fallait d'autres éléments que l'influence d'une civilisation corruptrice et le contact des races abâtardies de la Rome des Césars.

Le seul épisode qui mérite d'arrêter les regards dans cette longue période de servitude et d'abjection est l'audacieuse tentative de Sabinus et le dévouement héroïque d'Éponine, son épouse. L'incendie du Capitole, qui avait marqué la mort de Vitellius, était représenté par quelques vieux druides comme un présage de ruine pour la puissance romaine. Les Lingons prirent les armes et choisirent pour chef Sabinus, leur compatriote, qu'on prétendait issu de Jules César. Ceux de Trèves se joignirent à eux ; mais les Séquanais et les Autunois, dont Sabinus avait autrefois pris d'assaut la capitale, marchèrent contre les révoltés et les défirent. Les Lingons se réconcilièrent avec Domitien en lui envoyant un secours de 70 000 hommes contre les barbares qui menaçaient les frontières romaines.

C'est vers cette époque, au moment même où l'oeuvre de dissolution semble accomplie, que commencent à apparaître les premiers symptômes de régénération. On fait remonter à la fin du ne siècle les premières prédications de l'Évangile en Bourgogne. La tradition la plus probable et la plus répandue donne à cette province pour premiers apôtres les disciples de saint Polycarpe, évêque de Smyrne, qui, après avoir pénétré dans la Gaule par le Vivarais, et ayant trouvé l'Église de Lyon déjà florissante, grâce aux prédications de Pothin et d'Irénée, s'avancèrent jusqu'à Autun, et de là se partagèrent la gloire et les périls de la conversion du pays Autun eut pour martyr un des premiers néophytes, le jeune Symphorien. Andoche et Thyrse, ses maîtres dans la foi, périrent à Saulieu, et Bénigne, leur compagnon, à Dijon, vers 178, sous le règne de Marc Aurèle. Le sang des victimes fut une semence féconde de chrétiens, et lorsque, en 311, Constantin donna la paix à l'Église, chaque ville, après avoir eu son martyr, avait enfin son pasteur.

Pendant que ces germes de salut se développaient, pendant que cette force inconnue grandissait dans l'ombre, rien ne saurait donner une idée de l'horrible confusion au milieu de laquelle agonisait le vieil empire romain séditions des légions nommant chacune leur empereur, guerres civiles, déchirement des provinces, pestes, famines, exactions. Le vieux monde se précipitait dans le christianisme comme dans un, refuge ; mais ce monde était trop usé, trop fini, trop bien mort pour apporter à la foi nouvelle la force d'expansion nécessaire à la reconstitution d'une autre société ; c'est alors qu'arrivent les barbares.

Alains, Vandales, Suèves, Gépides franchissent le Rhin, descendent des Alpes, pénètrent jusqu'en Espagne, jusqu'en Afrique, sans que la Saône ou le Rhône les arrêtent, sans laisser d'autres traces de leur passage que des monceaux de ruines. Derrière eux s'avance lentement une lourde armée de géants ; c'étaient les Burgondes. Pline en fait la principale tribu des Vandales ; Procope et Zosime les disent également Germains d'origine et de nation vandale. Voici le tableau qu'en a tracé le savant et consciencieux historien de la Bourgogne, Courtépée :

« Ces peuples, nés au milieu des forêts, étaient ennemis de la contrainte ; la liberté faisait tout leur bonheur, la chasse leur occupation, les troupeaux et les esclaves leurs richesses. Sans patrie et sans demeure fixe, ils ne redoutaient que la servitude. Ils n'avaient aucun art agréable ; mais ils pratiquaient l'hospitalité et toutes les vertus des peuples sauvages. Ils n'avaient pour arme que la framée, espèce de lance ou de halle- barde, la fronde, l'épieu, la hache, qui servaient également pour attaquer, pour se défendre et pour bâtir leurs maisons. Ils marchaient toujours armés, usage qu'ils conservèrent après leur conquête.

« On dit qu'ils portaient la figure d'un chat sur leurs boucliers, emblème de la liberté qu'ils voulaient conserver partout. Ils avaient des chefs, mais ils n'avaient point de maîtres. Ces chefs, qui prenaient le titre de hendin, furent d'abord électifs. Leur autorité n'avait d'autre terme que celui du bonheur de la nation. Ils n'étaient pas seule ment comptables de leurs fautes personnelles, ils l'étaient aussi des caprices de la fortune ou des fléaux de la nature. On les déposait lorsqu'ils avaient perdu une bataille ou mal réussi dans leurs entreprises, ou dans un temps de stérilité. Leurs prêtres étaient traités bien plus favorablement. Le pontife, nommé sinist, était perpétuel ; son pouvoir surpassait celui du hendin, et s'étendait au droit de punir les coupables : le respect des peuples le mettait lui-même à l'abri de toute révolution. »

Tel était le peuple qui devait conquérir une partie si importante de la Gaule. Des bords de la Vistule et de l'Oder il arriva, vers 275, sur les bords du Rhin, fit plusieurs tentatives infructueuses pour le franchir, et s'établit sur la rive droite, où il demeura jusqu'en 407. C'est pendant les dernières années de ce séjour que la religion du Christ pénétra chez les Burgondes ; ils avaient entendu parler d'un Dieu puissant dont le culte s'était nouvellement établi dans les Gaules. Ils envoyèrent des députés aux évêques voisins pour se faire instruire ; et ceux-ci, ayant été baptisés, rapportèrent la foi à leurs compatriotes.

Quoiqu'on ignore la date précise de leur conversion, elle est généralement attribuée aux prédications de saint Sévère, évêque de Trèves en 401. Quelques années après, Stilicon, général des armées romaines, Vandale d'origine, devenu tuteur d'Honorius, fit alliance avec les Alains, les Suèves, les Vandales, et les appela dans les Gaules pour l'aider à placer sur le trône impérial son propre fils Euchérius. Les Burgondes franchirent alors le Rhin à la suite des autres barbares ; ils se rendirent maîtres, presque sans obstacle, des pays situées entre le haut Rhin, le Rhône et là Saône Impuissant à leur résister, le patrice Constance, général d'Honorius, fit avec eux un traité solennel, qui leur assurait à titre d'hôtes et de confédérés la possession de presque tout le territoire dont ils s'étaient emparés.

Ils élurent alors un roi ; leur choix tomba sur Gondicaire, le même sans doute qui était hendin lors du passage du Rhin en 407, et qu'on peut regarder comme le fondateur de la première monarchie bourguignonne. Trois nations différentes vivaient donc alors sur le même sol - les Gaulois, les Romains et ces nouveaux conquérants, les Burgondes. C'est de la fusion de ces éléments divers que se forma la race régénérée.

Gondicaire justifia par sa conduite habile le choix de ses compatriotes. Sa capitale et sa résidence fut d'abord Genève, qui était alors au centre de ses États ; plus tard, ayant soumis toute la province lyonnaise, il transféra à Vienne, en Dauphiné, le siège de la monarchie, se rendit maître d'Autun et de toute la Séquanaise, porta ses armes jusque dans la Belgique et le pays de Metz, et ne fut arrêté dans ses conquêtes que par le patrice Aétius, qui, justement alarmé des envahissements de ses anciens alliés, leur déclara la guerre et les défit dans une sanglante bataille, en 435.

Vainqueurs et vaincus se réunirent bientôt contre un ennemi qui les menaçait tous ; les Huns se montraient de nouveau sur le Rhin ; Gondicaire avait été tué avec vingt mille des siens en s'opposant à leur passage ; Gondioc, son fils et son successeur, associa ses efforts à ceux d'Aétius pour combattre Attila, et partagea la gloire de la fameuse journée des plaines catalauniques. Fidèle aux traditions paternelles, il utilisa habilement les années de paix qui suivirent celte rude secousse.

C'est de ce règne que date la répartition territoriale et cette législation bourguignonne si profondément enracinée dans les moeurs du pays que, dans plusieurs de ses parties, elle a continué à régir la province jusqu'à la Révolution. de 1789. Gondioc se rit nommer patrice par les Romains, et obtint du souverain pontife le titre de fils. Il réunit à sa couronne le pays des Lingons, celui des Éduens, le Nivernais, le reste de la Lyonnaise et une partie de la Narbonnaise, de sorte que son empire avait au midi la Méditerranée pour limite. Il mourut à Vienne vers 470, laissant quatre fils qui se partagèrent ses vastes États.

La Bourgogne et la Comté échurent à Gondebaud, patrice et maître de la milice dès 473, arbitre des destinées à de l'empire qu'il fit donner à Glycérius, et, en 476, souverain indépendant lors de la ruine de la puissance romaine sous Augustule. Le bien qu'on pouvait attendre de la position ainsi simplifiée fut considérablement atténué par les dissensions qui éclatèrent entre Gondebaud et ses frères. Celui-ci, après avoir triomphé de toutes les agressions, ensanglante ses victoires par des violences que la barbarie du temps peut expliquer, mais que ne saurait justifier l'histoire.

Les représailles, au reste, ne se firent pas attendre. Clotilde, seconde fille de Chilpéric, un des frères de Gondebaud, qui avait eu en partage Genève, la Savoie et une partie de la Provence, après avoir échappé au' massacre de sa famille vaincue et dépossédée, était devenue la femme de Clovis, chef des Francs. Cette princesse poursuivit avec une persévérance infatigable l'œuvre de vengeance qu'elle semblait s'être imposée, usant de toute l'influence qu'elle exerçait sur son époux pour l'armer contre son oncle, suscitant les scrupules du clergé de Bourgogne contre l'arianisme qu'avait embrassé Gondebaud, éveillant toutes les convoitises, envenimant toutes les haines contre celui dont elle s'était promis la perte. Gondebaud déjoua toutes les intrigues, repoussa toutes les attaques et lassa pour un temps cette implacable hostilité.

L'histoire de son règne peut se diviser en deux parties : la période belliqueuse, toute remplie des luttes dont nous venons d'énoncer l'origine et les résultats ; la période pacifique, consacrée à l'organisation administrative et judiciaire du royaume de Bourgogne. C'est dans cette dernière surtout qu'il faut chercher les titres de Gondebaud aux souvenirs de l'histoire ; il compléta, dans un esprit remarquable de justice et d'humanité, l'oeuvre commencée par son père ; il réunit ses ordonnances modifiées et les édits nombreux qu'il rendit lui-même dans une espèce de code devenu célèbre sous le nom de Loi Gombette. Ce règne, pendant lequel l'agriculture fut puissamment encouragée, les ruines des villes relevées, d'innombrables établissements ecclésiastiques fondés, marque l'apogée de la monarchie de Gondicaire.

Gondebaud mourut à Genève en 516 ; il eut encore deux successeurs, Sigismond et Gondemar ; mais l'inaction de l'un et la faiblesse de l'autre rendirent la tâche facile à la vengeance inassouvie de Clotilde et à l'ardeur conquérante des Francs. En 534, Clotaire et Childebert rassemblèrent leurs forces et envahirent la Bourgogne ; une seule bataille leur livra le pays. Gondemar alla s'enfermer dans Autun, où il tenta de résister aux fils de Clotilde ; mais ce dernier effort fut si peu vigoureux, si peu retentissant, qu'en enregistrant sa défaite, l'histoire reste muette sur les destinées du vaincu. En lui, s'éteignit la race de Gondicaire ; avec lui finit le royaume de Bourgogne, qui avait duré 120 ans.

Les princes francs se partagèrent les dépouilles de Gondemari Théodebert, roi de Metz, eut Besançon, Langres, Châlon, Genève et Viviers et Childebert, roi de Paris, et Clotaire, roi de Soissons, eurent le reste jusqu'au moment où ce dernier réunit sous son sceptre les États de ses frères. Un nouveau partage, qui eut lieu à sa mort en 562, constitua un second royaume de Bourgogne au bénéfice de son second fils, Gontran, possesseur en outre d'Orléans et du territoire de Sens.

Rien de plus lugubre à la fois et de plus confus que les annales de cette dynastie mérovingienne des rois de Bourgogne. La seule figure de Gontran repose le regard épouvanté de toutes les horreurs qui signalent la longue et sanglante rivalité de Frédégonde et de Brunehaut. Le peuple l'aimait, disent les chroniques du temps ; quand il approchait d'une ville, les habitants allaient au-devant de lui avec des bannières en criant : Noël ! Après sa mort,' il fut mis au nombre des saints ; et, cependant, on rapporte que la dernière de ses trois femmes, la belle Austrégide, lui ayant demandé comme grâce en mourant de faire périr ses deux médecins, parce qu'ils n'avaient pas eu l'habileté de la guérir, il eut la faiblesse d'accomplir ce vœu barbare ; ajoutons que c'est le premier prince qui se soit fait entourer de gardes.

Childebert, sans changer son titre de roi d'Austrasie, hérita de la plus grande partie de la haute Bourgogne, qu'il conserva seulement trois ans et quelques mois. Thierry, son second fils, est le deuxième prince mérovingien qui soit désigné sous le nom de roi de Bourgogne et d'Orléans ; il se laisse diriger par Brunehaut, son aïeule ; l'histoire de son règne n'est qu'un tissu de trahisons, de massacres et d'atrocités de tout genre. Il meurt subitement à Metz d'un flux de sang, à l'âge de vingt-six ans, après en avoir régné dix-huit, et précédant. de quelques mois seulement dans le tombeau sa terrible aïeule, dont fait justice à son tour Clotaire II, fils de Frédégonde.

La première apparition des maires du palais à la cour de Bourgogne se rattache au règne de Thierry ; et ce sont les intrigues de Varnachaire II, revêtu de cette dignité, qui livrent Brunehaut à Clotaire et facilitent à ce prince, par la défaite des fils de Thierry, la réunion de la Bourgogne à la France. Les deux royaumes sont régis par le même sceptre et suivent les mêmes destinées jusqu'à la fin du IXe siècle, époque de la constitution des grands établissements féodaux sous les successeurs de Charlemagne.

Charles le Chauve avait trouvé dans la fidélité de la noblesse bourguignonne un précieux appui contre les attaques de Louis le Germanique ; mais toutes les leçons de l'expérience étaient perdues pour ce prince incapable. Son fils, Louis le Bègue, ne comprit pas davantage la nécessité. de réunir en faisceau les forces éparses de la monarchie défaillante. Sous son règne, la confusion et l'anarchie augmentèrent encore, le morcellement du territoire ne rencontra plus d'obstacle. Trois nouveaux royaumes furent formés avec les débris de l'ancien royaume de Bourgogne : celui de Provence ou de Bourgogne cisjurane, par Boson, élu roi au concile de Mantaille, en 879 ; celui de Bourgogne transjurane, par Rodolphe, couronné à Saint-Maurice, en Valais, en 888 ; et celui d'Arles, composé des deux premiers, en 930. Quant à la Bourgogne proprement dite, elle resta sous le gouvernement des ducs héréditaires, dont nous avons ici principalement à nous occuper.

L'origine des premiers ducs de Bourgogne était illustre, et ce qui vaut mieux encore, nous retrouvons là, comme à la souche de presque toutes les grandes dynasties féodales, un de ces hommes auxquels il n'a manqué qu'un autre théâtre pour que l'histoire les mette au rang de ses héros. Richard le Justicier, comte d'Autun, était fils de Beuves, comte d'Ardenne, frère de Boson, roi de Provence, et sa soeur Richilde avait épousé Charles le Chauve en 870.

Sans vouloir nier ce que ces hautes alliances durent ajouter à son crédit, on peut dire qu'il fut surtout le fils de ses œuvres. Sincèrement et loyalement dévoué au roi son bienfaiteur, il le défendit contre les entreprises de sa propre famille. Il battit, en 880, les troupes de son frère Boson près de la Saône, mit garnison dans Mâcon au nom des rois Louis et Carloman, et donna le gouvernement de cette ville à Bernard, dit Plantevelue, tige des comtes héréditaires de Mâcon. Après s'être emparé de Lyon, il assiégea Vienne, dont il chassa Boson, et emmena prisonnière à Autun sa femme Hermangarde avec ses enfants, en 882. Il secourut Charles le Simple contre Eudes, comte de Paris, défit une première fois, en 888, dans les plaines de Saint-Florentin, les Normands, qui avaient pénétré dans la Bourgogne et dévasté Bèze ; remporta de nouvelles victoires sur eux, avec l'aide des, Auxerrois conduits par leur évêque Géran, gagna, contre le fameux chef Rollon, une bataille décisive auprès de Chartres, et fit lever le siège de cette ville en 911.

Étant à l'agonie, et les évêques l'exhortant à demander pardon à Dieu d'avoir versé tant de sang humain : Quand j'ai fait mourir un brigand, répondit-il, j'ai sauvé la vie aux honnêtes gens, la mort d'un seul ayant empêché ses complices de faire plus de mal. Il mourut à Auxerre en 921, laissant de sa femme Adélaïde soeur de Rodolphe Ier roi de la Bourgogne transjurane, trois fils : Raoul, son successeur, qui devint ensuite roi de France, Hugues le Noir et Boson.

Les ducs bénéficiaires de Bourgogne furent au nombre de sept, et régnèrent, de 880 à 1032, dans, l'ordre suivant : après Richard, Raoul le Noble, qui fut roi pendant la captivité de Charles le Simple à Péronne ; il eut pour successeur son beau-frère, Gilbert de Vergy, qui maria sa fille aînée à Othon, fils de Hugues le Grand ; Hugues le Noir, second fils de Richard, occupa pendant quelque temps le duché à la mort de Gilbert, plutôt comme usurpateur que comme héritier ; il en fut dépossédé par Louis d'Outre-mer au profit de Hugues le Blanc ou le Grand, cinquième duc.

On connaît la haute fortune de cette maison : pendant que Hugues Capet mettait la couronne de France sur sa tête, ses deux frères, Othon et Henri, possédaient successivement le duché de Bourgogne. La mort du septième et dernier duc Henri fut le signal de violentes contestations, de luttes sanglantes et d'une nouvelle répartition territoriale. Il avait laissé un fils adoptif, Othe-Guillaume, qui, soutenu par une partie des populations et les sympathies de la noblesse, prétendait à la succession de Henri ; le roi Robert, neveu paternel du duc, revendiquait de son côté l'héritage comme étant son plus proche parent ; la guerre éclata ; enfin, après treize ans d'une lutte indécise et ruineuse, l'intervention de l'évêque d'Auxerre amena un arrangement en vertu duquel le duché de Bourgogne était restitué à Robert, tandis que Othe conservait viagèrement le comté de Dijon.

Par une singulière coïncidence, à peu près à la même époque où le duché bénéficiaire prenait fin par sa réunion au domaine de la couronne, le second royaume de Bourgogne s'éteignait, après cent cinquante ans de durée, dans la personne d'Eudes, comte de Troyes, tué dans sa lutte contre Conrad II. Des débris de ce royaume furent formés les comtés de Provence, de Savoie, de Viennois, de Bourgogne ou Franche-Comté ; le reste fut réuni par Conrad à l'Empire. Ce comté de Bourgogne fut donné aux descendants de Othe en échange du comté de Dijon, et Lambert, évêque de Langres, ayant remis au roi Robert tous les droits qu'il possédait sur cette ville, ce prince en fit, au préjudice d'Autun, la capitale du duché qu'il donna à son fils Henri.

Le règne de Robert forme donc une des époques les plus importantes de l'histoire de Bourgogne : démembrement et fin du second royaume de Bourgogne ; formation d'un comté et transformation du duché bénéficiaire fondé par Richard le Justicier en un duché héréditaire qui va devenir l'apanage des princes du sang royal. Tels sont les faits essentiels qui se rapportent à cette date.

Henri Ier, fils aîné de Robert, nommé duc de Bourgogne en 1015, et devenu roi de France en 1031, céda son duché à son frère Robert, tige d'une dynastie de douze ducs, qui possédèrent la province de 1032 à 1361. Les termes de la charte d'octroi portent que le duché est donné pour en jouir en pleine propriété et passer à ses héritiers. Robert Ier, premier duc de la première race royale, usa assez tyranniquement de sa souveraineté ; son règne fut tout rempli de violents démêlés avec les Auxerrois ; il mourut à FIeurey-sur-Ouche, en 1075, après un règne de quarante-trois. ans, d'un accident tragique et honteux que l'histoire n'explique pas.

Son petit-fils, Hugues Ier, s'appliqua, par la sagesse et la douceur de son administration, à faire oublier les violences de son aïeul ; il prêta volontairement serment de maintenir les droits et privilèges de la province, et commit à six barons l'autorité de réprimer, même par les armes, les empiétements de ses successeurs. Après avoir remis son duché à Eudes Ier, son frère, il se retira, en 1078, à Cluny, sous la discipline de saint Hugues, son grand-oncle. Le plus éloquent éloge des vertus de ce prince est dans les phrases suivantes d'une lettre que le pape Grégoire VII écrivait à l'abbé de Cluny, pour lui reprocher d'avoir encouragé la résolution de Hugues : « Vous avez enlevé le duc à la Bourgogne, et par là vous ôtez à cent mille chrétiens leur unique protecteur. Si vous ne vouliez pas exécuter mes ordres qui vous le défendaient, au moins eussiez-vous dû être sensible et céder aux gémissements des pauvres, aux larmes des veuves et aux cris des orphelins. »

Les ravages d'une peste horrible, qu'on appela le feu sacré, et la fondation de l'ordre des chartreux par saint Bruno sont les événements les plus importants qui se rattachent à ce règne. Eudes se croisa et alla mourir à Tarse, en Cilicie, en 1102. Hugues II, son fils, mérita le surnom de Pacifique. Il fut l'ami de saint Bernard et s'occupa beaucoup de pieuses fondations.

L'aîné de ses fils et son successeur, Eudes II, hérita de ses vertus. Quoiqu'il se soit décidé deux fois à faire la guerre, d'abord pour consacrer ses droits de suzeraineté sur Saint-Germain d'Auxerre, Saint-Florentin et le comté de Troyes, que lui contestait Thibaut, son beau-père, et ensuite pour aller délivrer des Sarrasins son cousin Alphonse de Portugal, il prouva qu'il estimait les bienfaits de la paix à. leur juste valeur en refusant de céder au grand entraÎnement qui poussait vers la terre sainte les rois, princes et seigneurs de son temps. Il préféra le bonheur de ses sujets à une gloire incertaine, s'appliqua à faire régner l'union et la prospérité autour de lui, et paya sa dette à la religion en fondant de nouveaux monastères, en dotant ceux qui existaient déjà, en achevant les constructions commencées, et notamment la cathédrale d'Autun.

Hugues III, son fils, dont le règne commença en 1168, sut moins bien résister à la contagion des exemples ; il guerroya contre les grands vassaux ses voisins, prit la croix en 1178. Rejeté en France par une violente tempête, il revint bâtir la Sainte-Chapelle de Dijon, en accomplissement d'un vœu qu'il avait fait au moment du danger. En 1190, il repartit avec Philippe-Auguste et assista à la prise de Saint-Jean-d'Acre, puis mourut à Tyr en 1192. Avant de quitter la Bourgogne, il avait constitué la commune de Dijon.

Hugues Ill semble revivre dans son fils Eudes III. Aventures lointaines, exploits guerriers, affranchissement des communes caractérisent ce règne comme le précédent. La participation à l'expédition qui plaça Baudouin sur le trône de Constantinople, la croisade contre les Albigeois avec Simon de Montfort, la glorieuse journée de Bouvines en sont les dates les plus éclatantes. Le règne de Hugues IV fut heureusement préparé par l'habile régence de sa mère, Alix de Vergy. Dès qu'il fut majeur, le prince confirma la commune de Dijon ; figura comme un des douze pairs au sacre de Louis IX, ajouta à ses domaines le comté d'Auxonne et fit reconnaître sa suzeraineté sur celui de Mâcon.

Hugues fut un des plus fidèles compagnons de saint Louis ; il partagea ses périls et sa captivité dans la première croisade. Le roi, de son côté, visita plusieurs fois la Bourgogne ; il y laissa de profonds souvenirs de sa sainteté et de sa justice. Hugues, après avoir refusé au pape Innocent IV fugitif un asile dans ses États, eut la faiblesse d'y accueillir, en qualité de. grand inquisiteur, un cordelier, Robert, fanatique et apostat, qui traînait avec lui une femme perdue ; ce ne fut qu'après de nombreuses exécutions et beaucoup de sang répandu que les impostures de ce misérable furent dévoilées. Cet épisode est une tache regrettable dans l'histoire de Hugues IV.

Robert II, troisième fils de Hugues, ne dut la tranquille possession du duché qu'à Philippe le Hardi, qui l'en déclara seul et légitime héritier, contre les prétentions de ses beaux-frères. Jamais liens plus étroits ne rattachèrent la maison de Bourgogne à celle de France. Robert avait épousé Agnès, fille de saint Louis, et il eut pour gendre Philippe de Valois, marié à Jeanne, sa fille, en 1315. L'intimité de ces alliances donnèrent à Robert une grande influence dans la direction des affaires de l'État. Après le mas sacre de s Vêpres siciliennes, il fat chargé d'aller secourir Charles de Naples. Philippe le Bel le nomma grand chambrier de France, gouverneur du Lyonnais, gardien du comté de Bourgogne, et, mission plus délicate, son principal intermédiaire dans ses démêlés avec Boniface VIII.

Quoique chargé de si graves intérêts, Robert ne négligea pas ceux de son duché ; un remaniement des monnaies et d'importants accroissements de territoire classent son règne parmi les plus glorieux de sa dynastie. Il eut neuf enfants, dont plusieurs moururent avant lui ; Hugues V, l'aîné des survivants, eut pour régente, pendant sa minorité, sa mère, Agnès. A peine majeur, il mourut, ne laissant de son règne si court que le souvenir de sa brillante réception comme chevalier, et comme date sanglante, la condamnation des templiers.

Eudes IV, son frère, prit aussitôt possession du duché. Agnès obtint qu'il transigeât avec les prétentions de Louis, son dernier frère, en lui abandonnant le château de Douesme avec une rente de 4 000 livres. A la mort de Louis le Hutin, Eudes, à défaut d'héritier mâle, voulut faire valoir les droits de Jeanne, sa nièce, fille du roi défunt. L'application de la loi salique, réclamée par Philippe le Long, régent du royaume, rendait vaines ses réclamations ; pour le dédommager, Philippe lui donna en mariage, avec 100 000 livres de dot, sa fille aînée, héritière par sa mère des comtés de Bourgogne et d'Artois. L'accord se rétablit, et la confiance royale valut dans la suite à Eudes une influence qu'il justifia par sa sagesse et sa capacité. Il mourut dans cette désastreuse année de laquelle un versificateur du temps a dit :
En trois cent quarante-neuf,
De cent ne demeuroient que neuf.

Son fils aîné était mort trois ans auparavant d'une chute de cheval au siège d'Aiguillon, laissant pour héritier unique son fils, Philippe de Rouvres, âgé de cinq ans. La tutelle fut confiée d'abord à Jeanne de Boulogne, mère du jeune duc, et ensuite au roi Jean, qui épousa la noble veuve. Jean vint à Dijon, en 1350, et il jura publiquement, dans l'église de Saint-Bénigne, de conserver et maintenir les franchises, immunités et privilèges de la province.

Cette période est tout entière remplie par les calamités entraînaient pour la France les envahissements des Anglais ; la Bourgogne n'était pas plus épargnée Châtillon avait été brûlé, Tonnerre pillé, Flavigny était devenu la place d'armes de l'ennemi ; tout le pays étant ou envahi ou menacé, les trois ordres -des deux Bourgognes s'assemblèrent à Beaune, et on vota 200 000 moutons d'or, c'est-à-dire plus de 2 000 000 de livres, somme énorme pour le temps, comme rançon de la province. Ce fut au milieu de ces calamités que Philippe, ayant atteint l'âge fixé pour sa majorité (quinze ans), prit, en 1360, le gouvernement du duché. A peine venait-il de contracter avec Marguerite de Flandre l'union arrêtée depuis longtemps et de ramener son épouse dans son château de Rouvres, près de Dijon, qu'un accident, une chute, mit fin à ses jours, en 1361. Beaucoup d'espérances reposaient sur cette jeune tête ; son coeur semblait animé des plus nobles sentiments : « Il vécut peu, a dit un historien du temps, et fut longtemps regretté ».

Il fut le douzième et dernier duc de-la première race royale, qui avait régné trois cent vingt-neuf ans. Dès que le roi Jean apprit sa mort, il prit possession de ses États, non comme roi de France, mais comme plus proche parent du duc : Ratione proximitatis, non coronae nostrae, hommage éclatant rendu à l'indépendance de la Bourgogne comme État. Après le traité de Brétigny, il se rendit à Dijon, et là, solennellement et officiellement, il unit et incorpora, le duché à la couronne.

Cette annexion, but d'une ambition à courte vue, ne devait point encore être définitive, la pensée de constituer l'unité française était alors encore loin des meilleurs esprits ; le roi Jean, qui avait une prédilection marquée pour Philippe, son quatrième fils, lequel d'ailleurs l'avait vaillamment défendu à la bataille de Poitiers en 1356, et avait partagé sa captivité en Angleterre, lui donna le duché de Bourgogne à titre d'apanage, réversible à la couronne faute d'hoirs mâles, l'institua premier pair de France, dignité dont s'étaient prévalus dans plusieurs occasions les ducs d'Aquitaine et de Normandie.

Philippe, surnommé le Hardi, inaugura donc, en 1363, la seconde dynastie royale des ducs de Bourgogne. Après avoir, selon l'usage, prêté serment de respecter les privilèges provinciaux, il prit possession de ses vastes domaines. Les temps étaient critiques, mais l'occasion de se poser en libérateur n'en était que plus favorable pour quiconque parviendrait à calmer l'orage et à éloigner le péril. Philippe, aidé de Du Guesclin, débuta par purger le pays des bandes indisciplinées de routiers, écorcheurs et malandrins, qui le dévastaient ; il dompta ensuite la terrible Jacquerie, et, déjà renommé par ses exploits militaires, il consolida et agrandit sa puissance par son mariage avec Marguerite de Flandre.

Les départements et... - La corse - 20 -

Publié à 09:05 par acoeuretacris
Les départements et... - La corse - 20 -
(Région Corse)

L'histoire de la Corse remonte à la plus haute antiquité. On ne sait pas au juste quels furent ses premiers peuples : les uns ont prétendu que ce furent les Phéniciens ; d'autres, et avec raison selon nous, ont pensé que les premières colonies vinrent des côtes de la Toscane. Quoi qu'il en soit, l'arrivée des Phéniciens en Corse parait être mise hors de doute. On pense même que la ville d'Aléria, Ville très ancienne et dont Hérodote parle, dut être fondée ou agrandie par eux. Plus tard, les Phocéens, accueillis par Harpagus, un des lieutenants de Cyrus, allèrent établir leur domination dans l'île. Mais, au bout de quelques années, ils en furent chassés par les Étrusques qui bâtirent en Corse une ville appelée Nicéa et qui existait encore du temps de Diodore de Sicile.

En 494 de la fondation de Rome, après la conquête de la Sicile, les Romains essayèrent une descente en Corse, ayant à leur tête Cornélius Scipion. Ils s'emparèrent de la ville d'Aléria, mais ils en furent expulsés quelque temps après. Depuis cette époque, les insulaires purent jouir pendant une vingtaine d'années de leur indépendance.

Vers la fin de la seconde décade du VIe siècle de Rome, sous le consulat de C. Licinius Varus et de P. Cornélius Lentulus Claudinus, une guerre nouvelle fut résolue contre la Corse. Marius Claudius, lieutenant de Licinius, partit et ne tarda pas à prendre terre dans l'île. Là, se voyant à la tète d'une armée respectable, il se croit en état de soumettre les insulaires avec lesquels il ne tarda pas à engager le combat. La victoire ne demeura pas longtemps incertaine, et les troupes de Claudinus, assaillies de toutes parts, étaient au moment d'être taillées en pièces, lorsque la présence de Licinius vint mettre la victoire du côté des Romains.

Plus tard, Rome se vit obligée d'entreprendre de nouvelles expéditions contre cette île. Prévoyant que les Corses parviendraient tôt ou tard à secouer le joug de l'étranger et lui feraient toujours subir des pertes considérables, le sénat ordonna, en 590, l'envoi d'une armée consulaire pour les réduire à jamais. Le consul, M. Tarentius Talno, fut placé à la tête de l'expédition. La victoire resta aux Romains, et Talno mérita les honneurs du triomphe. A la suite de cette longue et pénible lutte, la paix g fut enfin conclue, et la Corse cessa d'être indépendante. Marins et Sylla y fondèrent des colonies, et le premier fit bâtir, à l'embouchure du Golo, une ville q ni fut appelée Mariana du nom de son fondateur. Cette époque (de 660 à 673) apparaît comme une des plus brillantes de l'histoire de la Corse.

La Corse, bien que soumise, jouit d'une certaine liberté tant que Rome fut libre ; mais, depuis la dictature de Jules César, elle perdit, comme le reste du monde, le droit de s'administrer elle-même. Elle reçut aussi un préteur ou préside qui représentait le despote de la métropole. Sous l'empire, elle partagea le sort commun. Pendant la domination de Claude, Sénèque le philosophe exilé en Corses fut confiné sur la pointe du Cap-Corse, où il paraît avoir habité une tour qui a conservé son nom. Lors de l'affaiblissement de l'empire et de la résolution de Dioclétien de le partager avec Maximien, l'île de Corse resta sous le gouvernement du premier (202). Elle servit ensuite d'asile, avec la Sicile et la Sardaigne, aux Romains qui fuyaient devant les Goths conduits par Radagaise, et tomba en 457 sous la puissance redoutable de Genséric. Les Vandales exercèrent dans cette île toutes sortes d'atrocités. Ils en furent chassés après une domination de soixante-dix-sept ans. Les Grecs leur succédèrent ; mais ceux-ci furent contraints d'abandonner à leur tour le pays à Totila.

Les exploits de Narsès, qui détruisit la puissance des Goths, firent rentrer la Corse sous la domination impériale. Les habitants furent très malheureux à cette époque. Il y eut un moment où la tyrannie des agents impériaux n'eut plus de bornes. Les insulaires ne pouvaient et ne savaient plus se soustraire aux vexations auxquelles ils étaient en butte qu'en fuyant sur une terre étrangère. Saint Grégoire nous apprend que les Corses, abandonnant en foule leur pays natal, cherchaient un asile sur le continent et demandaient aide et appui aux ducs lombards. Les charges que leur imposaient les Grecs étaient. si énormes qu'ils étaient obligés de vendre leurs enfants pour y satisfaire. Les Sarrasins eurent leur tour en Corse ; mais leur empire ne fut que de courte durée, et c'est ainsi que l'île se trouva comprise dans les stipulations que Pépin fit à l'autorité papale en 754.

Dans la suite, les successeurs de Charlemagne firent donation de l'île à la famille de Boniface, baron de, Toscane. A la mort de l'empereur Hugues, devenu marquis de Toscane par la mort de Lambert, dernier rejeton de la famille illustre de Boniface (928), tous les petits barons ou seigneurs des provinces de l'île devinrent autant de souverains en Corse. Chaque seigneur féodal eut son gouvernement. Le peuple applaudit d'abord à cette mutation dans le pouvoir. Ses illusions et ses espérances le rendirent complice d'une foule d'usurpations qui allaient se commettre en son nom.

En effet, les comtes du pays ne tardèrent pas à s'attaquer réciproquement, chacun nourrissant l'espoir de joindre à son État les possessions de son voisin. Le pays entier fut bientôt en combustion. Tous les liens sociaux se trouvèrent brisés ; la loi n'était plus qu'un vain mot. En cet état de choses, le comte de Cinarca, le plus puissant des seigneurs insulaires, entra en campagne à la tête d'une armée considérable. Il avait conçu le projet d'assujettir tous les barons et de se rendre unique souverain du pays. Au milieu de ces circonstances désastreuses, le peuple fatigué de souffrir prit les armes pour son compte. Il mit à sa tête un homme de génie, Sambacuccio, qui le réunit dans la vallée de Morosaglia, où il fut investi d'une espèce de dictature (en 1005).

Le résultat de cette grande et solennelle assemblée du peuple fut immense. Le chef de la nation corse fit rentrer tout le monde dans l'ordre, proclama l'indépendance des communes et anéantit la féodalité. Sous l'influence de cette révolution, une organisation remarquable se développa dans l'île. Chaque commune ou paroisse nommait un certain nombre de conseillers qui, sous le nom de Pères de commune, étaient chargés de l'administration de la justice sous la direction d'un podestat qui en était comme le président. Les podestats des communes de chacun des États ou districts affranchis élisaient un membre du suprême conseil chargé de faire les lois et règlements. Ce fut le conseil appelé des Douze, du nombre des districts qui concouraient à sa nomination. Enfin, dans chaque État ou district, les pères de commune élisaient un magistrat qui, sous le nom de Caporale, avait mission de défendre les intérêts des pauvres et des faibles et de leur faire rendre justice contre les puissants et les riches.

Cependant cette organisation puissante et libérale ne put préserver les insulaires du joug de l'étranger. Sambacuccio étant mort vers l'année 1012, la discorde divisa de nouveau le pays et répandit partout la perturbation. Le comte de Cinarca profita de ces circonstances pour recommencer ses armements contre les États voisins. Le peuple, en présence d'éventualités aussi terribles se mit sous la protection d'un prince ou seigneur étranger capable de le défendre contre les ennemis. Son choix se porta sur Guillaume, marquis de Massa et de Lunigiana. Guillaume accueillit avec faveur l'offre du peuple corse et, sans perdre de temps, il s'embarqua pour l'île, où il réduisit le comte de Cinarca. Au marquis Guillaume succéda le marquis Hugues, son fils, vers l'année 1020.

Rome qui, depuis Pépin et Charlemagne, avait obtenu la cession de l'île, ne l'avait cependant jamais possédée. A la fin, le saint-siège songea à faire valoir ses droits. On envoya en conséquence un évêque de Pise, nommé Landolphe. C'était sous la pontificat de Grégoire III. Du temps d'Urbain II, l'Église céda à la métropole de Pise, moyennant une redevance annuelle, la souveraineté de la Corse. De cette manière les Pisans devinrent les maîtres. Cette nouvelle domination ne dura pas longtemps, grâce à la haine des Génois pour le gouvernement de Pise.

Après bien des embarras et des tracas suscités par Gênes à la république toscane, l'établissement des Génois en Corse eut lieu d'une manière définitive. Cette défaite éveilla chez les Pisans la plus grande animosité contre les Liguriens. Ils parvinrent à mettre dans leurs intérêts Giudice de Cinarca, qui rétablit leur puissance pour de longues années, mais qui ne put la maintenir contre la trahison. Gênes ayant gagné un des lieutenants de Giudice, devenu aveugle, le malheureux vieillard fut impitoyablement livré à ses ennemis, et Pise perdit en lui le plus grand défenseur de son autorité en Corse.

La souveraineté de l'île revint donc à Gênes en 1347. La possession de la république ligurienne fut inquiétée par deux enfants naturels du comte de Cinarca, André, celui que nous venons de voir mourir aveugle. Guillaume de La Rocca, esprit entreprenant et audacieux, ne manqua pas d'obtenir quelques succès.

Cependant, malgré mille vicissitudes diverses, les Génois ne perdirent pas un instant de vue la Corse. Lorsque le gouvernement de la république fut impuissant à contenir les insulaires, des compagnies songèrent à conquérir l'île pour leur propre compte. C'est ainsi que se succédèrent les deux sociétés de la Maona et de Saint-Georges. Mais les empiétements despotiques des gouverneurs envoyés par ces sociétés, et principalement par celle de Saint-Georges, épuisèrent le pays sous tous les rapports. La cruauté des agents de cette société alla si loin, que les particuliers ne pouvaient plus obtenir réparation d'aucune espèce. La justice se vendait au poids de l'or. De là, l'exercice de cette justice privée qu'on doit souvent excuser, sinon justifier par l'absence de toute justice générale. La terrible vendetta (vengeance) se naturalisa dans l'île et fut considérée par les familles comme l'unique moyen de leur conservation.

Une révolution se fit alors dans les moeurs. Toutes ces iniquités excitèrent dans l'âme noble et élevée de Sampiero, au service de la France sous Henri Il, une haine implacable contre Gênes. Aussi Sampiero profita des faveurs dont il fut l'objet à la cour de ce roi, à la suite de ses glorieux exploits, pour pousser la France à entreprendre la conquête de l'île. Henri II y consentit ; et, en 1547, après les efforts du général de Thermes et de l'héroïque Sampiero, la Corse était reconnue comme possession française. Mais le 7 novembre 1559, François II retira de l'île les forces de la France, malgré les preuves d'attachement qu'avaient données les Corses à leurs nouveaux maîtres.

Sampiero ne perdit pas de vue la cause de sa malheureuse patrie. Ayant foi en sa valeur et en celle de ses compatriotes, il reprit la lutte contre la société de Saint-Georges. Gênes ne tarda pas à ressentir les effets de la présence de Sampiero dans l'île. Étienne Doria fut défait, et les troupes espagnoles venues au secours de la république ne ralentirent en aucune manière les exploits du héros. Et déjà le grand citoyen touchait au terme de sa glorieuse entreprise, lorsque la balle d'un traître vint enlever à la Corse un défenseur illustre et un père bien-aimé.

La peste et la famine suivirent de près ce désastre, et les soldats de Sampiero, privés de leur général, se virent contraints d'aller de- mander l'hospitalité à la cour de France, à la cour de Rome et à la cour d'Espagne. Partout ils trouvèrent bon accueil : Henri IV, principalement, ayant été bien servi par quelques-uns d'entre eux, leur accorda le titre et les droits de citoyen ainsi qu'à tous les Corses qui seraient forcés de chercher un refuge en France. Pendant ce temps, Gênes n'arrêtait pas ses rigueurs. Au contraire, les défaites qu'elle avait éprouvées en combattant contre les Corses, au lieu de ramener le sénat à des sentiments plus doux, à une politique conciliante, avaient si bien exaspéré la république, que les insulaires se voyaient tyrannisés de plus en plus.

Dans cette terrible situation, réduits à l'impuissance par l'épuisement de toutes leurs forces, les habitants de file cherchèrent leur salut... dans un aventurier ! Théodore-Antoine, baron de Newkoff, du comtat de La Marck en Westphalie, ayant promis des secours, les Corses consentirent à l'avoir pour roi, sous le nom de Théodore Ier. Ce personnage, un peu romanesque, ne doit pourtant pas être calomnié. Il avait de l'instruction et appartenait à une famille distinguée dont les membres ont tenu rang dans diverses cours ; il était en outre, courageux, entreprenant, ambitieux, et par là capable de se rendre utile dans la lutte qui se poursuivait entre, les Corses et les Génois.

Théodore établit le siège de son modeste gouvernement à Corte. Il fut aimé de son peuple et se- condé par lui. Mais il eut bientôt à combattre la jalousie des nobles et à lutter contre Gènes, toujours acharnée contre sa proie. Théodore avait fait des promesses : il en put tenir quelques-unes, et les autres exigeaient du temps, entraînaient des lenteurs. Cependant le temps pressait : Gènes tour- mentait de plus en plus les populations avides de sécurité et de repos. Cette situation provoqua, de la part de Théodore, un voyage sur le continent. Afin de mieux garantir les libertés et l'indépendance de son peuple, il alla demander à toutes les puissances et entre autres à la Hollande, les munitions de guerre nécessaires pour délivrer la Corse de la souveraineté de Gênes.

Cette absence un peu trop prolongée éveilla bien des craintes dans l'île ; et les plus chauds partisans de Théodore finirent par porter les vœux douleurs compatriotes un peu partout. Sur ces entrefaites, Gênes venait d'obtenir du cabinet de Versailles une espèce de médiation armée confiée aux soins du comte de Boissieux. La présence de l'envoyé de France fut agréable aux insulaires, persuadés, en général, que le roi leur serait conservé, ou du moins, que les armes françaises n'avaient point pour but de les assujettir de nouveau à la république génoise. Mais les choses changèrent de face, le jour où le comte de Boissieux prit ouvertement parti pour Gènes. La lutte s'engagea presque aussitôt entre les Corses et les Français, et nous devons à la vérité de dire que ceux-ci furent mis par les braves montagnards dans une complète déroute.

La nouvelle de ce désastre inattendu irrita Louis XV. Le comte de Boissieux étant mort, le marquis de Maillebois y fut envoyé pour le remplacer, et on mit sous ses ordres une force armée assez considérable. Maillebois fut plus heureux que son prédécesseur : secondé par un certain nombre de chefs corses et surtout par Hyacinthe Paoli, il soumit enfin l'île. Quoique cette nouvelle domination eût été imposée par la victoire à des patriotes malheureux et épuisés, le gouvernement français aurait été aimé par la très grande majorité des insulaires ; mais la cour de Versailles ne jugea pas à propos de profiter et de jouir de son triomphe. Soit faiblesse, soit complication des affaires extérieures, à la suite de la mort de l'empereur Charles VI, l'ordre fut donné à Maillebois d'évacuer immédiate- ment l'île et de l'abandonner aux Génois (1741). Il en résulta une nouvelle prise de possession de la part de Gènes, représentée par Spinola, et une nouvelle. insurrection de la part des Corses.

Alors un grand homme venait d'arriver en Corse, c'était Pascal Paoli, fils d'Hyacinthe. Simple officier au service du roi de Naples, il résolut d'aller délivrer sa patrie de la tyrannie. Arrivé en Corse, on le proclama général de toutes les forces de la nation. A ce titre, il réunit dans les premiers jours de juillet 1755 une consulte générale, il organisa le gouvernement de l'île et se prépara à la défense. Paoli se montra dès ses premiers actes à la hauteur des circonstances : son génie politique pacifia l'île en quelques années, anéantit la vendetta, unit les chefs des anciens États et éloigna pour toujours du centre de la Corse la maudite domination génoise.

Chose remarquable, le philosophe de Ferney, qui n'a pas toujours été juste pour les Corses, a parlé de Paoli avec admiration : « L'Europe, a-t-il dit, le regardait comme le législateur et le vengeur de sa patrie. Les Corses, ajoute-t-il sur le même sujet, étaient saisis d'un violent enthousiasme pour la liberté, et leur, général avait redoublé cette passion si naturelle, devenue en eux une espèce de fureur. » Nous manquerions à la mémoire de Paoli, si nous ne citions de lui les paroles suivantes : « Il faut que notre administration ressemble à une maison de cristal où chacun puisse voir ce qui s'y passe. Toute obscurité mystérieuse favorise l'arbitraire du pouvoir et entretient la méfiance du peuple. Avec le système que nous suivons, il faudra bien que le mérite se fasse jour, car il est presque impossible que l'intrigue résiste à l'action épurative de nos élections multiples, générales, fréquentes. »

Ces belles paroles montrent bien quel était l'homme qui présidait aux destinées de la Corse vers l'année 1767. Nous devons signaler à cette époque un fait sans importance par rapport à l'histoire générale de la Corse, mais qui mérite d'être remarqué, parce qu'il ne contribua pas peu à la fortune de la famille Bonaparte. En 1767, Charles Bonaparte était secrétaire de Paoli ; il épousa Laetitia Ramolino qui donna le jour deux années après à Napoléon, dont Paoli fut le parrain.

A l'époque de Paoli, l'Europe entière admirait les prodiges de son génie. Le grand Frédéric lui envoya une épée d'honneur dont la lame portait pour inscription : Patria, Libertas ! J.-J. Rousseau écrivait sur l'avenir de cette île célèbre la plus noble prophétie que jamais peuple ait vu réaliser à son profit. Le monde entier avait les yeux sur ce berceau de héros et de grands hommes. Mais que faisait Gênes en ce temps-là ? Expulsée tout à fait de la Corse, menacée presque dans ses murs, grâce aux efforts prodigieux de Paoli, qui non seulement voulut améliorer le pays, mais qui songea à lui créer des forces maritimes, elle supplia la cour de Versailles de venir à son secours ; mais trompée dans son espoir de ce côté, puis humiliée des mille défaites qu'elle avait subies coup sur coup, elle céda enfin à la France ses droits sur une contrée qu'elle ne pouvait plus asservir.

L'offre de Gênes fut acceptée en 1768 (15 mai), et le comte de Marbeuf parut avec une armée sur les côtes d'Ajaccio, pour soumettre tout le pays. La soumission eut lieu, mais non pas sans beaucoup de sang répandu de part et d'autre. Paoli, quoique réduit à des forces très peu considérables et à l'occupation de quelques petits forts sans importance, sut résister au marquis de Chauvelin, qui avait remplacé M. de Marbeuf. M. de Vaux succéda au marquis de Chauvelin ; une action générale fut engagée près de Ponte-Nuovo, et Paoli, poursuivi de près, écrasé par le nombre, ne dut son salut qu'à la vitesse de son cheval. Il se réfugia en Angleterre, royaume auquel il avait voulu soumettre sa patrie.

La Corse reconnut, dès lors, la souveraineté de la France. Paoli parvint, il est vrai, sous la Terreur, à délivrer l'île d'une domination qu'il jugeait nuisible aux intérêts de ses compatriotes, et à la soumettre aux Anglais. Mais ceux-ci furent chassés de l'île, lors de l'invasion de l'Italie par les armées de la République. Telle est, en résumé, l'histoire de la Corse, peuplée encore aujourd'hui par une race d'hommes braves, courageux, intelligents et qui conservent à un très haut degré l'amour de la patrie.

Au nombre des Corses qui furent les premiers à reconnaître les nouveaux dominateurs était un jeune avocat de vingt-trois ans, Charles Bonaparte, descendant d'une famille d'hommes de loi anoblis, d'origine toscane, qui s'étaient établis à Ajaccio, au commencement du XVIIe siècle. Charles Bonaparte était un homme de mœurs douces qui avait épousé une femme célèbre par sa beauté, Laetitia Ramolino. Ils eurent pour fils Napoléon.

Les Départements et ... - La Corrèze - 19 -

Publié à 09:02 par acoeuretacris
Les Départements et ... - La Corrèze - 19 -
(Région Limousin)

Les peuples qui, avant la conquête romaine, habitaient le territoire dont se compose aujourd'hui le département de la Corrèze étaient les Lemovices ; le nord était cependant Occupé par quelques tribus des Arvernes, tandis qu'au midi les dernières familles des Lémovices se confondaient avec les Petrocorii. Ces tribus vivaient indépendantes sous la direction religieuse des druides, et l'on trouve encore dans la Corrèze des traces de leur ancien culte ; ce sont des peulvens, des dolmens, des tombelles, des pierres branlantes. Le dolmen de Clairrfage est un des plus curieux de ces monuments ; les noms des communes de Pierrefite et de Peyrelevade constatent l'existence d'anciens peulvens.

Lorsque, en l'an 50, les Romains, sous la conduite de Jules César, firent la conquête des Gaules après dix années de combats acharnés, les tribus limousines de la race des Arvernes furent les dernières qui. combattirent pour l'indépendance nationale ; elles ne se soumirent qu'après la défaite et la mort de Vercingétorix le héros de ces contrées, auquel elles avaient envoyé un contingent de dix mille hommes à Alésia. Le pays des Lémovices et celui des Arvernes furent, en effet, ceux dans lesquels les Gaulois purent le mieux défendre leur liberté ; âpres montagnes, torrents, gorges inaccessibles, vastes forêts, tout s'y rencontrait pour en faire un pays admirablement approprié au genre de guerre que les Gaulois faisaient alors ; guerre de surprise et d'embuscade, où ils opposèrent le plus souvent la ruse et l'agilité au nombre et à la tactique.

D'ailleurs, les Lémovices possédaient des forteresses retranchées, et ces oppida sont nombreuses dans le département. Situées pour la plupart sur des sommets élevés, entourées d'un ou de plusieurs fossés et formées d'énormes quartiers de roches brutes disposées en murailles perpendiculaires, elles devaient offrir une retraite assurée contre un ennemi qui ne connaissait que très imparfaitement le pays. La plus curieuse de toutes est celle de Roc-de-Vic, placée sur le cône tronqué d'un mamelon isolé, d'où l'on petit découvrir tous les plateaux à dix lieues à la ronde. Sur des puys secondaires existent autour de l'horizon. des forts plus petits, disposés de façon à communiquer, soit par des feux, soit par d'autres signaux, avec la forteresse principale : on en compte ainsi huit, qui sont : Puy-Chastellux, Puy-de-Fourches, Puy-Chameil,Puy-Sarjani, Puy-de-las-Flours, Puy-Pauliac, Puy-du-Sault et Puy-Bernère.

Une fois maîtres du pays, les Romains ne s'y établirent pas d'abord aussi complètement que dans les riches plaines de la Loire, de la Seine et du Rhône ; ils se contentèrent de l'occuper militairement à l'aide de quelques postes fortifiés et de camps retranchés, dont on reconnaît encore les traces, et peut-être ne firent-ils qu'occuper, en perfectionnant les moyens de défense, les anciens ouvrages fortifiés des vaincus.

Quelques-unes de ces positions militaires, plus favorablement placées sur les voies romaines qui couvrirent bientôt le pays de leur réseau, ou dans leur voisinage, devinrent parla suite des centres de population ; telle fut, par exemple, l'origine de Masseret, d'Uzerche, d'Yssandon, d'Ussel et de Tintigtnac. Le savant Baluze a cru reconnaître dans cette dernière la Rastiatum de Ptolémée. Il paraît certain que ce lieu a été une station romaine. Les noms des villages environnants sont latins : Césarin, Bach, Montjove, etc. Baluze reconnaît de son temps, à Tintignac, l'existence de ruines ayant. l'apparence d'un ancien amphithéâtre, et, dans le pays, le lieu où il les vit se nomme encore les Arènes. Si à ces traces du séjour des Romains nous ajoutons deux ou trois tours ruinées, des restes de voies militaires, des aqueducs souterrains, quelques bustes mutilés, des tronçons de statues, un aigle colossal en granit, des vases, des urnes, des médailles, etc., nous aurons complété le catalogue des antiquités romaines du département de la Corrèze.

Les Romains avaient compris le pays dans la première Aquitaine ; ils y dominèrent pendant cinq siècles ; l'événement le plus important pendant cette longue période fut la prédication de l'Évangile, qui vint consoler les populations vaincues et leur donner la patience et l'espérance d'un avenir meilleur. Si nous en croyons les écrivains ecclésiastiques, ce serait saint Martial qui aurait été l'apôtre du Limousin. Une ancienne tradition veut même qu'il ait séjourné à Uzerche, à La Grafouillère, à Tulle, et il aurait fait dans cette dernière ville plusieurs conversions et des miracles.

Le séjour de saint Martial à Tulle est, pour les historiens du pays, un fait au moins douteux : « Tulle, disent ils, n'existait pas encore et ne fut fondée qu'à une époque bien plus éloignée » (Marvaud, Histoire du bas Limousin). Peut-être doit-on concilier l'histoire avec la tradition, en rapportant à Tintignac ou Rastiatum, lieu voisin de Tulle, les faits que la légende religieuse place à Tulle.

Quoi qu'il en soit, après la mission de saint Martial, le nombre des chrétiens alfa toujours en augmentant, malgré les persécutions ordonnées par les empereurs romains et pendant lesquelles eut lieu le martyre de saint Ferréol, évêques de Limoges ; de sainte Fortunée, qui, selon la tradition, a donné son nom au bourg de Sainte-Fortunade, où elle reçut la mort. Vers le ive siècle, saint Martin parcourut aussi le bas Limousin ; il prêcha le christianisme à Brive, qui était déjà une ville importante, et il y reçut la palme du martyre. Les premières églises qui furent élevées dans le pays furent consacrées à saint Martial et à saint Martin, que l'on regardait comme les apôtres de la contrée.

Lors de l'invasion, des barbares, les Vandales et les Alains ravagèrent le pays, brûlant les' églises et les villes. Après eux vinrent les Wisigoths ; ceux-ci s'emparèrent de l'Aquitaine, et leur domination s'étendit sur la région. qui forme aujourd'hui le département de la Corrèze ; elle fat assez douce pour les Gallo-Romains, qui s'inquiétèrent peu d'abord de voir les lourds impôts dont on les accablait passer des mains des empereurs à celles d'un maître barbare. Mais les Wisigoths étaient ariens ; ils persécutèrent donc l'Église d'Aquitaine. Les prêtres du bas Limousin joignirent sans doute leurs prières à celles des évêques auprès de Clovis, et celui-ci, à la suite de la grande victoire de Vouillé, en 507, mit un terme à leurs exactions en s'emparant de la contrée. Les Francs s'avancèrent dans l'Aquitaine en trois colonnes ; l'une d'elles, qui était commandée par Thierry, fils aîné de Clovis, et qui fut dirigée vers Narbonne et la Septimanie, traversa le pays dont nous esquissons ici l'histoire.

A l'époque du partage de la monarchie franque, le pays de la Corrèze fil partie du royaume de Paris, qui eut Caribert pour roi ; puis, à la mort de celui-ci, il passa sous la domination de Childéric, roi de Soissons. Quelque temps après, le Limousin fit cause commune avec le reste du Midi, qui voulut se donner pour roi un fils naturel de Clotaire Ier, nommé Gondowald. Ce fut, dit-on, à Brive même que ses soldats l'élevèrent sur. le pavois, en 584. Mais, quelque temps après, il fut assassiné près de Saint-Bertrand-de-Comminges. Ses soldats n'avaient pas respecté l'église de Saint-Martin, et y avaient mis le feu, Ce malheureux pays du bas Limousin fut encore ravagé une première fois par les Sarrasins et pendant la guerre d'indépendance de l'Aquitaine que Hunald et Waïfre, les descendants de Caribert, fils de Dagobert, soutinrent de 760 à 770 contre Pépin le Bref et Charlemagne ; plusieurs combats furent même livrés dans les environs d'Yssandon, d'Allassac et de Turenne.

Charlemagne, vainqueur de Waïfre, établit dans le Limousin des comtes ou gouverneurs, tige des grandes maisons féodales, des vicomtes de Ségur, de Tulle, de Turenne, de Comborn et de Ventadour. La Corrèze fit à cette époque partie du royaume d'Aquitaine, que constitua pour son fils l'illustre fondateur de la dynastie carlovingienne. Il avait encore traversé le pays en se rendant sur les frontières d'Espagne, en 774, et, témoin des désastres qu'avaient occasionnés les guerres précédentes, il s'efforça de cicatriser les plaies et de relever les ruines. L'église d'Uzerche conserve encore deux reliquaires qu'on attribue à la munificence de ce prince.

La tradition veut aussi que son neveu, le célèbre Roland, ait donné à la chapelle de Notre-Dame-de-Rocamadour une somme d'argent d'un poids égal à celui de son invincible épée. Cette arme terrible y fuit, dit-on, déposée après sa mort, contrairement à la poétique légende qui représente Roland brisant avant d'expirer la fameuse Durandal, au milieu des rochers de Roncevaux. La tradition locale explique par un hasard des guerres suivantes la porte de la précieuse relique et son remplacement par cette misse de fer qu'on montre aux pèlerins sous le nom de sabre de Roland.

On raconte encore que Charlemagne, dans une des tournées d'exploration qu'il fit pour établir dans les pays d'outre-Loire une administration vigilante et réparatrice, s'arrêta dans sa résidence royale de Jucundiacum, Joac, près de Limoges, et vint, dit le cartulaire de Charroux, chercher une distraction à ses grands travaux dans une villa du comte Roger. Il y rencontra un gentil homme breton qui rapportait de Jérusalem un morceau de la vraie croix. Le pèlerin consentit, sur la demande du monarque, à déposer dans ce même lieu cette relique sainte.

Charles y fit construire aussitôt un monastère qu'il affranchit de toute juridiction épiscopale et laïque, suivant des lettres patentes approuvées et confirmées par le pape Léon III. Le comte de Limoges plaça dans le nouvel établissement douze religieux sous la direction de David, qui en fut le premier abbé, et leur donna, par testament, plusieurs terres ainsi que le château et le couvent de Saint-Angel. Ce dernier cloître, situé à huit kilo mètres d'Ussel, dans le bas Limousin, avait été fondé vers 798 par Roger et son épouse Euphrasie, qui lui donnèrent les châtellenies de Saint-Angel et de Nontron, et y établirent douze moines avec un prieur qui devait comparaître en personne au chapitre général de Charroux. Le couvent de Saint-Angel demeura, jusqu'au XIIIe siècle, sous la protection des seigneurs de Mirabel, qui transmirent leurs biens et leurs privilèges aux seigneurs de Champiers. Ceux-ci les léguèrent à Guérin de Valon, à la charge par lui de prendre les titres et armes des maisons de Champiers et du Boucheron, qui avaient une origine commune. Les seigneurs de Champiers et leurs héritiers rendirent jusqu'au XVIe siècle foi et hommage à l'abbé de Charroux, pour le château de Saint-Angel, situé à quelque distance de l'abbaye de ce nom. En 1616, l'évêque de Limoges, François de La Fayette, céda an cardinal de Bouillon le prieuré de Saint-Angel, qui fut réuni quelque temps après à la congrégation des bénédictins de Saint-Maur.

Grand nombre de nobles personnages des environs furent inhumés dans ce monastère ou lui léguèrent de pieuses fondations. De ce nombre furent Ebles de Ventadour, Bernard, abbé de Tulle ; Guillaume de Lastours, Aymeric Gilbert ; Jourdain, abbé de Charroux ; Isabelle de Correlas, dame de Châteauvert, Charlotte de Rochefort, Aymeric et Geoffroy de Rochefort, Albon de La Châtre et plusieurs seigneurs de Champiers.

Parmi les donations que firent les comtes de Limoges à l'abbaye de Charroux, on cite le prieuré de Colonges (Leolenum), auquel les seigneurs de Turenne, de Curemonte, firent de grandes concessions, soit pour participer aux revenus de ce monastère, soit aussi pour affaiblir les droits de suzeraineté des comtes de Limoges, dont ils supportaient difficilement l'autorité.

Cependant l'ordre rétabli par la main puissante de Charlemagne ne tarda pas, après sa mort, à être troublé de nouveau. L'établissement d'une nationalité indépendante était une chimère que poursuivaient les Aquitains avec une persévérance déplorable. Pépin Il, leur roi, recommença la lutte. Charles le Chauve fut obligé de venir le combattre ; il assiégea le château de Turenne et s'en empara. Ces dissensions amenèrent dans le pays titi ennemi plus redoutable encore ; les Normands envahirent et ravagèrent le Limousin, y détruisirent plusieurs établissements religieux et tic se retirèrent qu'après une sanglante bataille gagnée sur eux par Raoul de Bourgogne, dans les environs de Beaulieu. Au milieu de ces déchirements, Eudes, le célèbre comte de Paris, essaya pour le bas Limousin d'une organisation nouvelle ; il créa un vicomte chargé d'administrer le pays et d'y rendre la justice et revêtit de cet emploi Adhémar d'Escals, qui résidait le plus ordinairement à Tulle.

A peine délivré par Raoul de Bourgogne des pillages et des ravages des Normands, le pays de la Corrèze fut en proie à de nouveaux troubles, à l'avènement des Capétiens ; le couronnement de la féodalité dans la personne de Hugues devait être, en effet, un fatal exemple pour les grands vassaux d'Aquitaine. Les comtes de Toulouse et de Poitiers, ayant des droits égaux, se crurent appelés aux mêmes destinées que les comtes de Paris ; ils associèrent à leurs ambitieuses menées les vicomtes de Turenne, de Combora et de Ventadour, les seigneurs de Gimel, de La Roche-Canillac et tous ceux qui avaient quelque force ou quelque influence dans la contrée.

L'autorité royale y demeura complètement méconnue jusqu'au mariage d'Éléonore avec Louis le Jeune. Le Limousin faisait partie de la dot de la riche héritière ; on sait quelles funestes conséquences entraînèrent son divorce avec le roi de France et son second mariage avec un prince anglais. Le Limousin fut une des provinces où la lutte fut le plus acharnée. La grande guerre entre les rois de France et d'Angleterre s'y compliqua souvent de déchirements intérieurs, de séditions pour des causes locales ; c'est ainsi que la sédition du guerrier troubadour Bertrand de Born, seigneur de Hautefort, et la révolte des fils de Henri contre leur père se détachent comme de sanglants épisodes sur le tableau déjà si sombre de cette époque. Le peuple payait les fautes des seigneurs ; Henri II et Richard Coeur de Lion, qui lui était resté fidèle et soumis, ravagèrent impitoyablement les campagnes où les rebelles avaient trouvé ressources et assistance ; d'autres calamités naquirent de celles-là.

Les bandes de mercenaires amenées dans le pays par les princes, les routiers, les Brabançons, finirent par vouloir faire pour leur propre compte le métier que leurs nobles maîtres leur avaient enseigné ; ils se mirent à saccager villes et bourgs, à piller églises et châteaux, à tuer ou rançonner prêtres, bourgeois et vilains. Yssandon, Ussel et Treignac furent les principaux théâtres de leurs exploits. Il fallut que le pays se levât en masse pour se délivrer de ce fléau. L'évêque Gérard se mit à la tête des citoyens d'Uzerche et de Brive ; sous lui marchaient Adhémar, vicomte de Limoges, Archambaud V de Comborn, Olivier de Lastours. Ils attaquèrent les routiers dans les plaines de Malemort et leur tuèrent 2 500 hommes dans un combat qui dura six heures. Après cette rude épreuve, le Limousin eut quelques années de paix. L'ardeur de sa noblesse se tourna vers les croisades. Ce fuit une nouvelle source de gloire et d'illustration pour les maisons de Turenne, de Noailles, de Ségur, de Lastours, de Curemonte, de Gimel, etc.

Sous le règne de Philippe de Valois, la guerre se ranima contre les Anglais et prit, dans le Limousin, un caractère de nationalité qu'elle n'avait point eu jusqu'alors. Le roi de France visita Brive en 1335 ; il veilla par lui-même à ce que les murailles des villes fussent mises en bon état de défense. C'est à cette époque que se rattachent la délivrance de Tulle par le comte d'Armagnac et l'institution de la cérémonie commémorative connue sous le nom de fête de Saint-Léger. La bataille de Poitiers et le traité de Brétigny replacèrent le Limousin sous la domination anglaise ; mais l'acharnement de la dernière lutte pouvait déjà faire pressentir l'expulsion prochaine de l'étranger. Un seul chef anglais nommé Lebret avait été obligé d'assiéger et de prendre quatre fois Ussel, qui parvenait toujours à se délivrer de ses vainqueurs.

Sous Charles V, Du Guesclin vint attaquer les Anglais dans le Limousin ; il les tint assiégés à leur tour dans Ussel, les chassa de la vicomté de Ségur et aida la population de Tulle à se débarrasser, en 1371, de la garnison que le prince de Galles avait mise dans cette ville ; mais, en 1374, Brive rouvrit ses portes aux Anglais. Assiégée et prise par le duc d'Anjou, elle expia sa trahison par le supplice de ses principaux magistrats, près de la porte même qui avait livré passage à l'ennemi. Brive ne tarda pas à se réhabiliter, en chassant les détachements anglais qui occupaient les châteaux de Bar, de Saint-Jal, d'Affieux et de Saint-Bonnet.

Malgré les vicissitudes du triste règne de Charles VI, l'Anglais n'eut plus que des succès précaires en Limousin ; Charles VII leur enleva sans grande peine toutes leurs positions ; la dernière fut le château de Saint-Exupéry, près d'Ussel. Le monarque victorieux vint visiter le Limousin en 1441 ; il passa à Tulle les fêtes de Pâques de celle année. L'importance toute nouvelle que prit alors le pou voir royal rattacha plus étroitement les provinces délivrées à la patrie commune et amoindrit l'influence de cette noblesse limousine, dont les dissensions et les rivalités avaient tant aggravé les maux des siècles précédents.

La ligue du Bien public, effort suprême de la féodalité mourante, ne trouva pas d'adhérents parmi les seigneurs du Limousin. Louis XI s'était montré dans le pays ; il y avait organisé les assises et avait séjourné à Rocamadour, à Brive, à Donzenac et à Uzerche. Plusieurs invasions de la peste signalent seules les règnes de Charles VIII et de François Ier. C'est sous Henri Il que se révèlent les premiers symptômes de la crise religieuse. Les rigueurs de M. de Lestang, lieutenant général au siège de Brive, déterminèrent l'explosion. La guerre civile éclata ; les protestants trouvèrent surtout des adeptes dans la vicomté de Turenne, à Arcrentat et à Beaulieu. Les chefs les plus illustrés se mirent à la tête des révoltés. Henri de La Tour, duc de Bouillon et vicomte de Turenne, dont l'influence était souveraine dans la province, y attira Biron, Coligny et Henri IV.

Après la bataille de Jarnac, l'armée protestante vint prendre ses campements en Limousin ; une partie occupa Lubersac, Juillac et Saint-Bonnet ; une autre partie, Faye-la-Vincuse et les environs d'Ussel. Les hostilités partielles, les rencontres continuelles de partisans dupèrent pendant tout le règne de HenriIII. Le repos ne fut rendu à cette malheureuse contrée qu'après l'avènement de Henri IV au trône de France et après la réunion de la vicomté de Limoges à la couronne. Les luttes religieuses et la guerre civile du XVIe siècle avaient réveillé les prétentions féodales. Les agitations de la Ligue étaient à peine apaisées qu'une nouvelle levée de boucliers se préparait en Limousin au commencement du règne de Louis XIII. Le protestantisme servit encore de prétexte à la noblesse mécontente ; une révolte éclata à Beaulieu. en 1628, et les religieux de l'abbaye furent chassés. Richelieu comprima cette impuissante tentative ; mais à sa mort, pendant la minorité de Louis XIV, c'est encore dans le Limousin que se nouèrent les premières intrigues de la Fronde.

La femme du prince de Condé réunit à Turenne, en 1648, les partisans des princes, et le duc de Bouillon chercha à s'emparer de Brive. Il échoua comme ses complices ailleurs ; Louis XIV grandit, et ce fut pour achever la ruine de la féodalité. Il semblait que, sous ce rapport, rien ne restât à faire à son successeur ; Louis XV porta cependant encore un dernier coup, plus sanglant peut-être quo tous les autres, au prestige de la noblesse limousine. Après avoir acheté et réuni à la couronne cette vieille et glorieuse vicomté de Turenne, il obtint du duc de Choiseul, en 1751, en échange de la baronnie d'Amboise, la terre de Pompadour, et il la donna à Antoinette Poisson, sa maîtresse, qui prit le titre de marquise de Pompadour. Triste et cruelle façon de combler les vides faits dans les rangs des Turenne. des Noailles, des Curemonte et des Lastours.

Le manoir des anciens barons, devenu le palais d'une favorite, est aujourd'hui titi haras, un dépôt d'étalons destinés à l'amélioration de la race chevaline en Limousin. Au moins, dans sa nouvelle destination, est-il encore utile au pays en y attirant le commerce, la spéculation, les affaires. Une autre création du XVIIe siècle fait, comme celle-ci, vivre aujourd'hui bien des familles en même temps qu'elle est l'objet d'un légitime orgueil pour Tulle et pour le département de la Corrèze ; c'est la fabrique d'armes que les frères Pamphile établirent à Souillac, près de Tulle, et qui fut érigée en manufacture royale sous le règne de Louis XVI, en 1778.

Les événements de la Révolution n'eurent pas de grand retentissement au milieu des montagnes et des sauvages vallées de la Corrèze ; le décret qui organisait le département et faisait de Tulle le chef-lieu du département excita bien un instant la jalousie de Brive, qui se croyait des droits à la représentation du bas Limousin. Depuis, ni les révolutions de 1830 et de 1848, ni la fatale guerre de 1870 et de 1871 ne sont venues distraire les laborieux et patients habitants du département de la Corrèze des travaux d'agriculture qui forment leur principale source de richesse et de bien-être.

Le département de la Corrèze a eu l'honneur de donner à l'Église catholique plusieurs papes : Pierre Roger, pape d'Avignon de 1342 à 1352, sous le nom de Clément VI ; Étienne Aubert, élu pape en 1352, sous le nom d'Innocent VI, et le neveu de Clément VI, intronisé en 1370, sous le nom de Grégoire XI ; c'est de ce même département que les familles de Comborn, Lévi, Ventadour, Noailles, Ségur et Turenne, que nous trouvons citées à chacune des pages de nos annales, tirent leur origine. C'est aussi la patrie d'un grand nombre d'hommes distingués à divers titres, parmi lesquels nous citerons : le savant Étienne Baluze ; les littérateurs Marmontel, Cabanis et Féletz ; les jurisconsultes Treilhard et Sirey ; le savant agronome de Lasteyrie ; le naturaliste Latreille ; l'infortuné maréchal Brune ; et cet homme que poursuivra toujours l'inexorable justice de l'histoire, le cardinal Dubois.


C'est arrivé un jour - Le 13 Juin -

Publié à 08:55 par acoeuretacris
C'est arrivé un jour - Le 13 Juin -
323 AV. J.-C. : Mort d'Alexandre le Grand
Fils du roi de Macédoine Philippe II et d'Olympias, Alexandre, né à Pella en 356 avant Jésus-Christ, fut l'élève d'Aristote. Associé très jeune aux responsabilités du pouvoir, il se distingua à la bataille de Chéronée avant de devenir roi lui-même à l'âge de 20 ans. S'étant fait nommer chef de la Confédération hellénique, il réprima la révolte des villes grecques en détruisant Thèbes et en soumettant Athènes. Devenu maître de la Grèce, il se prépara à la conquête de l'Asie en s'entourant de généraux compétents puis, ayant laissé la régence à Antipatros, il traversa l'Hellespont à la tête d'une armée puissante et débarqua en Troade, Vainqueur des troupes de Darius III, il occupa toutes les villes côtières grecques de l'Asie mineure puis, après une halte à Gordion - où il trancha le noeud gordien, acte qui lui promettait l'Empire de l'Asie, il occupa la Syrie, la Phénicie et s'empara de Tyr. Après la prise de Gaza, il pénétra en Egypte, fonda Alexandrie, et se dirigea vers la Mésopotamie, franchit le Tigre et l'Euphrate, occupa Babylone, Suse et Persépolis -qu'il incendia pour complaire à sa maîtresse Thaïs et venger la destruction d'Athènes par les Perses. Il conquit encore la Bactriane, l'Hyrcanie, la Sogdiane et, devenu maître de tout l'Empire perse, se dirigea vers l'Inde, franchit l'Indus, vainquit Poros mais dut renoncer à poursuivre sa conquête en raison de l'épuisement de ses troupes et rentra à Babylone qu'il avait choisie pour capitale. Désireux de mener à bien une politique de fusion raciale, il prit pour deuxième épouse Satira, fille de Darios III mais mourut peu après alors qu'il formait des projets pour de nouvelles conquêtes. Son empire fut partagé entre des généraux qui ne tardèrent pas à se combattre ; sa mère, sa femme et son fils Alexandre périrent assassinés.

823 : Naissance de Charles le Chauve.

1378 : Déposition du Doge de Gênes., la grande rivale de Venise.
A l’époque, c’est presque aussi grave que la destitution de Nixon. Né d’une famille de marchands génois, au début du XIVe siècle, un certain Rolando Fregoso est châtelain de Voltaggio, de Gavi et de Portovenere. En 1.370, son fils Domenico (1325-1390) fait déposer le doge Gabriel Adorno et se fait proclamer à sa place, au terme d’un coup d’État. Pendant un siècle et demi, d’inexplicables luttes familiales entre les Fregoso et les Adorno vont désoler Gênes, allant jusqu’à provoquer des interventions étrangères. La famille fournit treize doges à la république génoise. Domenico est doge pendant huit ans ; les aléas de la guerre dite de Chioggia contre Venise sont à l’origine de sa déposition, le 13 juin 1378. Violents, factieux et volontiers prêts aux coups de main, les Fregoso sont souvent de remarquables hommes de guerre : Piero, frère de Domenico, conquiert Chypre (1373) ; Abramo, fils de Piero, gouverneur de Corse en 1416, empêche les Aragonais de s’emparer de l’île. Quant à Paolo Fregoso (1430-1498), Cardinal, il mène une vie d’aventurier ambitieux. Doge à Gênes, il se montre si rapace et si brutal que les Génois font appel au Prince Sforza pour le chasser en 1464. De même, en 1488, une insurrection met fin à sa seconde expérience de pouvoir seigneurial à Gênes. Comme chez la plupart des membres de sa famille, la culture et le raffinement intellectuel se mêlent chez lui à l’ambition, à la cruauté et à la perfidie. La famille se divise aux XVe et XVIe siècles en de nombreuses branches. Son importance politique décroît et s’éteint à la fin du XVIe siècle. Cam. Remerciements à Cam et vous pouvez le retrouver Sur les chroniques de Cam
1389 : Au Kossovo, en Albanie, défaite des Serbes face aux Turcs Ottomans.
Ceux-ci organisent l’administration des Balkans sur le modèle Turc. Les Balkans adoptent ainsi progressivement la religion musulmane. Les guerres des Balkans au XXème siècle, ne peuvent se comprendre sans cette notion d’opposition multi-séculaire entre Chrétiens Serbes (et Orthodoxes, aidés par la Russie) et Musulmans Turcs (aidés par tout l’Islam). L’armée Turque se compose de soldats, les Janissaires, étrangers, encadrés par des Turcs. Ces soldats étrangers sont des jeunes chrétiens arrachés à leur famille dès 12 ans et élevés dans des établissements de formation militaire.La discipline et l’obéissance à la loi musulmane sont leurs seules règles ; ils ne craignent plus la mort et leur efficacité est légendaire. Autre type de purification ethnique et religieuse. Les Serbes n’ont qu’à se pencher sur leur Histoire pour y trouver les modèles des comportements actuels.

1502 : Christophe Colomb découvre la Martinique.

1546 : Les princes protestants allemands dénoncent le Concile de Trente.

1642 : Arrestation de Cinq-Mars
Richelieu était à l'origine de la faveur de Cinq-Mars et, tout naturellement, celui que l'on n'appelait plus que Monsieur le Grand lui en tenait une haine mortelle. D'autant que le Cardinal commençait à regretter ouvertement d'avoir poussé auprès du roi, pour le distraire, ce jeune homme devenu d'une insolence sans borne, qui avait compris que la seule menace d'une bouderie lui permettait de tout obtenir de Louis XIII. Tout, sauf la disgrâce de Richelieu. C'est en cherchant à l'obtenir par d'autres moyens qu'il se perdit. Cinq-Mars a-t-il cherché à faire assassiner le Cardinal et le roi en était-il informé? Aucune preuve certaine n'a été fournie, mais toujours est-il que Richelieu le crut. Et comme, parallèlement, le favori s'était engagé dans la voie de la trahison avec l'Espagne, son destin était scellé. Au début du mois de juin 1642, le Cardinal recevait la peuve du complot: une copie du traité signé par Cinq-Mars avec l'Espagne, alors en guerre avec la France. Le 12 juin au soir, Chavigny, un homme sûr, en informait le roi. Louis XIII fut atterré. Malade -il devait mourir l'année suivante- il n'avait plus la force de résister à l'évidence. Traiter avec l'ennemi était pour cet homme la seule faute qu'il ne pût pardonner. Il donna l'ordre de fermer toutes les portes de la ville. Cinq-Mars, averti, s'était caché et il fallut toute la journée du 13 juin pour le découvrir. Il fut condamné à mort et exécuté le 12 septembre.

1721 : L'Angleterre signe le traité de Madrid avec la France et l'Espagne.

1792 : Renvoi du ministère girondin.

1792 : L'Assemblée vient de voter deux décrets, l'un pour le bannissement des prêtres réfractaires, l'autre pour la dissolution de la garde royale. Louis XVI réplique en convoquant Roland, Servan et Clavière, ministres girondins, et en les sommant de démissionner.

1839 : Milos, roi de Serbie, abdique: son fils, Milan, lui succède.

1848 : Répression d'émeutes à Paris.

1848 : Validation officielle de l'élection de Louis Napoléon Bonaparte.
Le 4 juin, Louis Napoléon Bonaparte a été triomphalement élu dans quatre départements. A Paris, sur les boulevards, on réclame " Poléon " sur l'air des lampions. Ce jour, l'Assemblée valide l'élection de Louis Napoléon qu'une commission exécutive a refusée. Malgré la décision prise, trois jours plus tard, invoquant les soupçons injurieux dont il a été l'objet, il démissionne. Commentaire quelques années plus tard de Napoléon III : " Mieux valait laisser aux utopies et aux passions le temps de s'user. "

1865 : Naissance du poète irlandais William Yeats (mort en 1939).

1866 : Le Congrès américain assure l'égalite civile aux Noirs.

1900 : La révolte des Boxers contre les Européens éclate en Chine.
Les adeptes de cette société secrète avaient juré de se débarrasser des Occidentaux. Ils envahissent toutes les ambassades de Pékin (Chine). Les autorités chinoises n'interviennent pas. De durs combats se déroulèrent. Les pays européens concernés devront envoyer leurs propres troupes pour écraser la rebellion et dissoudre la société.

1911 : Première à Paris de Petrouchka, par les Ballets Russes sur une musique de Stravinsky.

1914 : Fin du gouvernement d'Alexandre Ribot créé quatre jours plus tôt.

1917 : Le Général Américain Pershing, le plus jeune des " hauts-gradés " américains, prend en main l’organisation d’une structure d’accueil pour les Américains en France.
Quelques mois plus tôt, le Congrès Américain a donné son accord pour l’entrée en guerre des E.U. C’est quelque chose de phénoménal pour l’époque. 2 millions de soldats vont ainsi entrer en France avant d’être redistribués sur différents fronts. Avec obstination, il lutte pied à pied contre Français et Anglais, pour que les Américains gardent leur autonomie de commandement. En quelques mois, il crée ainsi un instrument que ne possédaient pas encore les E.U. d’Amérique, un corps expéditionnaire opérationnel et une armée de métier.

1917 : L'aviation allemande bombarde Londres.
A Londres, en Grande-Bretagne, les quartiers Est de la ville sont bombardés pour la première fois par l'aviation allemande. En plein jour, un raid de bombardiers Gotha GV fait une centaine de victimes. Lors des précédents bombardements effectués par des zeppelins, la D.C.A. britannique pouvait atteindre les aéronefs. Les avions Gotha GV volent à près de 160 km/h, ont un rayon d'action de 800 km et peuvent transporter 50 kilos de bombes. La défense antiaérienne est impuissante face à cette nouvelle menace.

1924 : Doumergue président
Après la victoire aux élections législatives du Cartel des gauches, le président Millerand a démissionné. Gaston Doumergue, président du Sénat qui jouit de la faveur de tous les partis de la Chambre, est élu président de la République.

1931 : Début du mandat de président de la République de Paul Doumer.

1940 : Paris est déclarée ville ouverte.

1944 : Les premiers V1 et V2 tombent sur Londres.
Les premiers V1 et V2, sinistres machines de guerre des Nazis qui tentent de compenser leur déclin militaire irréversible par la Terreur des destructions aveugles. Les victimes seront plus nombreuses que durant toute la " guerre d’Angleterre ". Ce ne serait que sinistre si derrière ces engins, encore expérimentaux, ne se cachaient la course à l’arme absolue, la Bombe Atomique, dans laquelle les savants allemands se montrent les moins rapides, alors même que dans la recherche d’armes non nucléaires nouvelles, ils battent de loin les Alliés.

1956 : Les dernières troupes britanniques quittent la zone du Canal de Suez, qu'elles occupaient depuis 74 ans et qui est remise à l'Egypte.

1969 : Les Etats-Unis commencent à retirer leurs troupes du Sud-Vietnam.

1971 : Fin du congrès du Parti socialiste à Epinay.

1972 : Le président Nixon soumet au Congrès le traité américano-soviétique sur la limitation des armes nucléaires.

1973 : Les Etats-Unis, le Vietnam du Nord, le Vietnam du Sud et le Vietcong signent un nouvel accord à Paris pour consolider le cessez-le-feu.

1974 : L'armée prend le pouvoir dans la République yéménite.

1978 : Israël achève le retrait de ses troupes du Liban et laisse une zone-tampon le long de la frontière à la charge des miliciens chrétiens.

1982 : Mort du roi Khaled d'Arabie Saoudite: son demi-frère, le prince Fouad, lui succède.

1988 : Première visite officielle en Grèce d'un chef de gouvernement turc depuis 1952.

1989 : Ben Johnson reconnait qu'il s'était dopé pour les Jeux olympiques de Séoul.

1990 : En Roumanie; début des affrontements entre les mineurs pro-gouvernementaux amenés de province et les étudiants qui occupent depuis deux mois la place de l'Université : six morts et 500 blessés en trois jours.

1995 : Jacques Chirac annonce la reprise des essais nucléaires entre septembre et mai 1996 ; les pays du Pacifique-sud condamnent vivement cette décision.

1997 : Timothy McVeigh, reconnu coupable de l'attentat d'Oklahoma City qui avait fait 168 morts le 19 avril 1995, est condamné à la peine capitale.

1997 : Michael Jordan et ses Chicago Bulls décrochent leur cinquième titre de champions NBA face au Jazz Utah (90 à 86).

1998 : Le mouvement nationaliste corse "Cuncolta Naziunalista" (Rassemblement Nationaliste) décide de changer de nom pour s'appeler désormais "Cuncolta Indipendentista" (Rassemblement Indépendantiste).

1998 : Décès de Reg Smythe, 81 ans, dessinateur britannique, créateur des "strips" comiques d'Andy Capp

1998 : Décès de Fernand Sastre, 74 ans, l'un des deux co-présidents du Comité français d'organisation (CFO) de la Coupe du monde avec Michel Platini

1998 : Disparition en mer du célèbre navigateur Eric Tabarly.

1999 : Les soldats britanniques de la KFOR découvrent 81 tombes fraîchement creusées à Kacanik, dans le sud du Kosovo.

1999 : Pour la première fois en 20 ans, les démocrates-chrétiens (centre-droit) deviennent la première force politique au Parlement de Strasbourg, supplantant le bloc socialiste à l'issue d'élections européennes marquées par une forte abstention.

1999 : La BMW numéro 15 pilotée par l'Italien Pierluigi Martini remporte la 67e édition des 24 Heures du Mans automobile.

1999 : La gauche plurielle remporte les élections européennes, marquées par une très forte abstention (52,98%) et le sévère échec de la droite RPR-DL, qui fait le jeu des "souverainistes" Pasqua-Villiers et plonge un peu plus l'opposition dans la crise.

Oui, aussi paradoxal que cela puisse paraître, nous fêtons un événement qui n’aura lieu que dans 14 années.
C’est en effet le 13 Juin 2012 que pourront être levés les scellés d’une " discothèque " - au sens propre du mot – qui regroupe toutes les " Voix " de l’humanité. Partant du fait que tout document enregistré peut présenter un intérêt ne fût-ce qu’indirect et par là même appartient au patrimoine de l’Humanité, des Voix célèbres, enregistrées sur disque, ont été enfouies, pour la postérité, dans les caves de l’Opéra de Paris et à n’exhumer qu’au bout de 100 ans

bon week end...

Publié à 08:28 par acoeuretacris
bon week end...
le soleil brille et les petits oiseaux chantent !!!
il faut en profiter...
bonne journée à tous...

Bisous

bonne journée à tous...

Publié à 08:25 par acoeuretacris

bonne nuit à tous....

Publié à 21:21 par acoeuretacris
bonne nuit à tous....
bonne et douce nuit à tous...
à demain...

bisous

Mythologie - Les Monstres - Le Minotaure -

Publié à 14:19 par acoeuretacris
Mythologie - Les Monstres - Le Minotaure -
Le Minotaure qui s'appelait Astérios était un homme à tête de taureau que Pasiphaé, épouse de Minos le roi de Crète, avait engendré du taureau blanc.

Minos avait reçu en présent un magnifique taureau blanc de la part de Poséidon mais il négligea sa promesse de le sacrifier à Poséidon, aussi ce dernier inspira-t-il une passion coupable et contre-nature à Pasiphaé.
Aidée par l’architecte Dédale, qui lui fabriqua une vache de bois, Pasiphaé céda à cet amour incontrôlable et donna naissance à un monstre mi homme mi taureau.

Pour cacher cette honteuse progéniture, Minos demanda à l'ingénieux Dédale de construire un palais dont l'agencement des pièces et des couloirs serait si compliqué qu'il serait impossible d'en sortir. C'est ainsi que le Labyrinthe fut construit.

De plus le Minotaure se nourrissait de chair humaine.

Après l’assassinat de son fils Androgée, Minos, qui avait remporté la victoire sur les Athéniens demanda un tribut de guerre qui consistait à livrer toutes les fins de Grande Année (tous les neuf ans) ou tous les ans selon les auteurs, sept jeunes hommes et sept jeunes filles destinés à servir de pâture au monstre ou à mourir de faim et de soif dans le dédale des couloirs.

Peu après l'arrivée à Athènes de Thésée, le tribut vint à échéance pour la troisième fois et Thésée compatit si profondément à la douleur des parents, dont les enfants étaient susceptibles d'être tirés au sort, qu'il s'offrit volontairement comme l'une des victimes en dépit de la pressante insistance d'Egée, son père, pour le dissuader.
Après quelques péripéties (voir histoire plus complète) lors de la traversée, Thésée débarqua en Crète et sut s'attirer l'amour d'Ariane, la fille de Minos et de Pasiphaé.

Contre la promesse d'un mariage, Ariane trahie son pays et son demi-frère. Après avoir pris des informations auprès de Dédale, elle fournit à Thésée une pelote de fil qu'il devrait dévider en entrant dans le labyrinthe et rembobiner après avoir tué le monstre.

Après avoir tué le Minotaure endormi, il n'eut qu'à suivre le fil jusqu'à la sortie sans se perdre puis il délivra les jeunes gens et les jeunes filles.

Il s'aborda la flotte crétoise et s'embarqua avec Ariane qu'il devait "oublier" sur les rivages de Naxos.

Mythologie - Les Monstres - L'Hydre de Lerne -

Publié à 14:15 par acoeuretacris
Mythologie - Les Monstres - L'Hydre de Lerne -
L'Hydre de Lerne

Le monstre de Lerne causait toute une série de ravages sur les récoltes et parmi les troupeaux du pays.

On raconte même que le simple souffle qui s'échappait des têtes de serpents était si mortel qu'il suffisait de s'en approcher pour être frappé par la mort. Héraclès parvint à la faire sortir de son nid en lui lançant des flèches enflammées.

Lorsque le monstrueux serpent apparut, le héros commença à couper les têtes à l'aide d'une hache. En vain toutefois, puisque à la place de chaque tête tranchée en apparassaient deux! Au moment où il se battait, un crabe énorme, défenseur des lieux, envoyé par Héra, lui mordit le pied.

Héraclès parvint à le tuer puis il demanda immédiatement l'aide de son neveu thébain loalos. loalos mit feu à la forêt voisine et alors qu'Héraclès coupait les têtes de l'Hydre de lerne, lui même brûlait les chairs tranchées à l'aide de torches enflammées, afin d'éviter la repousse de nouvelles têtes.

La tête centrale du monstre étant censée être immortelle, une fois coupée elle fut enterrée et pétrifiée à l'aide d'un rocher gigantesque. Le sang de l'Hydre de Lerne était rempli d'un puissant poison dans lequel le héros trempa ses flèches afin de les rendre mortelles. L'énorme crabe monta vers les cieux et prit lui aussi sa place dans le cycle du zodiaque, à côté du lion.

Mythologie - Les Monstres - Les Harpies -

Publié à 14:10 par acoeuretacris
Mythologie - Les Monstres - Les Harpies -
Les Harpyes (ou Harpies) les filles de Thaumas et de l'Océanide Electre, Aellô, Ocypétès, et Célaeno, étaient considérées par Hésiode comme des femmes ailées à la belle chevelure, puis, peu à peu, la légende leur donna l'apparence de monstres épouvantables.

Homère qui ajoute Podargé les considérait plutôt comme les déesses des tempètes.
Leur corps osseux de vautour, leur visage ridé, leur bec et leurs ongles crochus, l'odeur épouvantable qu'elles répandaient autour d'elles sont autant de représentations sensibles de la sécheresse, de la famine et des épidémies, mais aussi l'image de monstres impossibles à rassasier qui enlèvaient les enfants (d'où leur nom de ravisseuses) et torturer les mortels. Les dieux ne les détruisirent pas parce qu'ils se servaient de leur méchanceté pour tourmenter les mortels, tel l'aveugle Phinée, dont elles souillaient la nourriture.

Chassées par les fils de Borée, Zétès et Calaïs, elles s'établirent dans les îles Strophades. Mais leur rôle infernal continua, et les Latins les assimilaient la plupart du temps aux Furies, gardiennes du sombre Tartare.