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Date de création : 27.11.2008
Dernière mise à jour :
08.02.2013
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Jules César
11 janvier 49 avant JC
Jules César traverseleRubicon le 11 janvier de l'an 49 avant JC.
Petit fleuve côtier d'Italie centrale qui se jette dans l'Adriatique, le Rubicon sépare la Gaule cisalpine, une province romaine ordinaire, du territoire administré en direct par les magistrats romains (la ville de Rome et la péninsule italienne). La loi de Rome interdit à quiconque de franchir ce fleuve avec une armée, sauf autorisation expresse du Sénat.
En traversant sans autorisation le Rubicon avec ses troupes, César viole donc cette loi. Il lance un défi mortel au Sénat qui dirige la République.
Une formule pour la postérité
La traversée du Rubicon nous est racontée par Suétone. L'historien assure qu'au moment de traverser la rivière, Jules César aurait lancé en latin : «Iacta esto alea», ou, selon l'opinion commune, «Alea jacta est» (Les dés sont jetés).
Il est bien possible que le général se soit en fait exprimé en grec, la langue des élites romaines de l'époque et déclaré : «Anerrifthô Kubos» (Que soit jeté le dé !)...
Quand Jules César traverse le Rubicon, la république romaine agonise depuis déjà plusieurs décennies. Il ne reste plus rien du premier triumvirat constitué dix ans plus tôt par César, Pompée et Crassus pour mettre fin aux guerres civiles.
Crassus a trouvé la mort au combat en 53 avant JC, à Carrhae, face aux Parthes, tandis que Pompée, qui a obtenu le titre de consul, bénéficie du soutien des sénateurs (parmi lesquels l'orateur Cicéron). Il se fait couramment appeler «princeps», ce qui signifie le premier des citoyens (d'où nous vient le mot prince). Mais il n'ose pas intervenir avec ses troupes à l'intérieur de Rome pour imposer ses volontés au Sénat et mettre fin aux luttes de factions. C'est pourtant le même homme qui aurait dit : «Je n'ai qu'à frapper la terre du pied et il en sortira des légions».
En 50 avant JC, Pompée convainc le Sénat de lancer un sénatus-consulte contre César, enjoignant à celui-ci de prendre congé de son armée !
C'est le retour des guerres civiles !
César, ayant franchi le Rubicon avec la XIIIe Légion, longe l'Adriatique puis entre dans la Ville éternelle, en chasse Pompée et soumet en neuf semaines l'Italie entière.
Pompée, maladroitement, laisse sept légions dans son proconsulat d'Espagne, sous le commandement de ses légats. Il tente de son côté de constituer une autre armée en Macédoine, au nord de la Grèce, dans l'espoir de prendre César en tenaille.
Parant au plus pressé, César gagne l'Espagne en suivant la côte (il ne dispose pas de flotte). Sur le chemin, il met le siège devant Massilia (Marseille) qui a pris parti pour son rival. La ville résistera plusieurs mois. Sans attendre sa chute, César atteint l'Espagne et disperse les troupes de son rival. Là-dessus, il poursuit Pompée lui-même en Grèce et va le battre à Pharsale...
Wang Mang
10 janvier 9
Le 10 janvier de l'an 9 de notre ère, Wang Mang renverse la dynastie Han et entreprend de gouverner la Chine selon les préceptes confucéens.
Deux siècles plus tôt, la Chine avait été unifiée par un homme d'exception, Qin Shi Huangdi. Son successeur, Lieou Pang (ou Liu Bang), avait engendré la dynastie prestigieuse des Han mais celle-ci, à la longue, s'était avachie...
Un enfant de 9 ans ayant hérité de l'empire Han, une impératrice douairière en profite pour confier la réalité du pouvoir à son neveu, Wang Mang. Au bout de quelques mois, celui-ci fait empoisonner l'enfant empereur et se proclame lui-même Fils du Ciel.
Avec Wang Mang triomphent les lettrés. Ces derniers, disciples de Confucius, un sage qui a vécu cinq siècles plus tôt, exaltent l'Âge d'Or de la dynastie Tcheou, une dynastie quelque peu mythique qui a régné sur la province du Chen-Si de l'an 1000 à l'an 500 avant JC. Ils prônent un gouvernement patriarcal, la tempérance en toute chose, le culte des ancêtres... et, bien entendu, récusent la guerre.
Le nouvel empereur instaure une politique sociale volontariste. Il impose un partage des grandes propriétés agricoles, institue un maximum des prix, interdit les trafics d'esclaves... Il dévalue maintes fois la monnaie et uniformise les mesures.
Ces réformes généreuses et quelque peu utopiques désorganisent l'économie et provoquent des disettes. Elles débouchent sur des jacqueries paysannes, dont la plus connue est celle des «Sourcils rouges», les insurgés se peignant les sourcils pour se reconnaître.
Deux princes de la dynastie Han en profitent pour reprendre l'initiative et, en l'an 22, acculent Wang Mang dans son palais de Tch'ang-ngan (à l'ouest de la Chine).
L'usurpateur est décapité et les Han se réinstallent pour deux siècles à la tête de la Chine.
Un sage soucieux de vertu
Confucius (555-479 avant JC) est un lettré qui vit et enseigne dans la Chine féodale des premiers siècles. De ses réflexions sur les problèmes de son temps, ses élèves tirent un recueil destiné à l’enseignement de la vertu.
Confucius
Un siècle et demi plus tard, son disciple Mencius précise sa pensée en soulignant que l’homme n’est a priori ni bon ni mauvais et qu’il importe avant toute chose de développer son attirance vers le bien et la justice.
Le confucianisme va dès lors profondément imprégner la manière d’être et de penser des Chinois, en particulier l’élite d’administrateurs lettrés recrutés par concours, les mandarins.
9 janvier 1934
Le 9 janvier 1934, les Français apprennent la mort par balle du financier Alexandre Stavisky (48 ans).
Une mort suspecte
La police l'a retrouvé la veille, agonisant au pied d'un lit, dans un chalet de Chamonix. Il meurt quelques heures plus tard à l'hôpital.
La mort de Stavisky, d'après le rapport de police, est consécutive à un suicide mais l'opinion publique soupçonne aussitôt des hommes politiques de l'avoir fait assassiner pour l'empêcher de dénoncer ses complices... L'hebdomadaire satirique Le Canard Enchaîné écrit : «Stavisky s'est suicidé d'une balle tirée à trois mètres. Ce que c'est que d'avoir le bras long» !
Le plus probable est que la police, ayant repéré la planque de l'escroc, l'a poussé au suicide en multipliant les allées et venues autour du chalet. Ensuite, elle ne s'est pas hâtée de le conduire à l'hôpital.
Notons que la traque policière a été conduite par l'inspecteur Pierre Bonny (34 ans). Ce policier a été plus tard recruté par la Gestapo allemande et fusillé pour collaboration en 1945 (NB : il s'était aussi occupé six ans plus tôt de l'affaire Seznec, fait divers sujet à polémique).
Un escroc aux relations haut placées
Né le 20 novembre 1886 en Ukraine dans une famille juive, naturalisé français en 1910, Alexandre Stavisky s'associe à... son grand-père pour commettre une première escroquerie au théâtre des Folies Marigny, à Paris. Mais il doit rendre des comptes à la justice et son père, un dentiste d'une parfaite honnêteté, se suicide de désespoir.
En 1926, il est incarcéré pour dix-huit mois à la prison de la Santé, à Paris, pour une affaire de détournement de bijoux. Il se promet de ne plus se faire prendre... et tiendra parole.
En 1931, l'escroc réussit son plus beau coup en persuadant Garat, le député-maire de Bayonne, d'ouvrir une «caisse de crédit municipal»et d'en confier la gestion à un comparse, un certain Tissier.
Stavisky dépose au mont-de-piété des bijoux (volés, faux ou surévalués par un expert complice). En contrepartie, comme tous les déposants, il reçoit des bons qu'il échange contre de l'argent auprès d'institutions financières confiantes en la signature de la caisse de crédit municipal.
Mais il fait en sorte que le montant figurant sur la souche des bons soit inférieur à la somme qui lui a été livrée. Il présente les souches au mont-de-piété, récupère les bijoux... et conserve la différence entre l'argent reçu et l'argent restitué. Il ne lui reste plus qu'à recommencer... Stavisky va ainsi détourner 239 millions de francs de bons avec d'autant plus de facilité qu'il peut se prévaloir d'une lettre de recommandation d'un ministre !
Devenu richissime, «Monsieur Alexandre» se pavane dans les salons du tout-Paris au bras de sa femme Arlette, un ex-mannequin de Chanel. Il est encore poursuivi en justice pour diverses affaires mais son réseau de relations lui permet d'obtenir que sa comparution soit dix-neuf fois reportée.
On révèlera après sa mort que ces reports lui furent accordés par le procureur de la République de Paris, un nommé Pressard qui n'était autre que le beau-frère du président du Conseil (le chef du gouvernement) Camille Chautemps.
Les meilleures choses ont une fin, hélas... Le 2 juillet 1933, quatre bons négociables ne peuvent être honorés par le crédit municipal de Bayonne, à court de liquidités. L'affaire des «bons de Bayonne» éclate au grand jour avec l'arrestation en décembre 1933 du directeur du Crédit municipal et du député-maire de la ville. Un autre député et deux directeurs de journaux subventionnés par Stavisky seront également arrêtés. En fuite, l'escroc sera retrouvé à Chamonix quelques semaines plus tard.
Ce scandale est relativement peu de chose comparé à celui de Panama ou à ceux de la fin du XXe siècle (écoutes téléphoniques, Crédit Lyonnais, Elf,...). Il ne met en cause ni un président de la République, ni même un quelconque ministre mais seulement une demi-douzaine de politiciens de second rang qui se sont compromis avec Stavisky dans le trafic d'influence.
Son retentissement n'en est pas moins immense et va faire vaciller la République...
Désenchantement
Il faut dire que dans les années 1930, après les «Années Folles» qui ont suivi l'hécatombe de 1914-1918, la France est affectée par une crise à la fois économique et politique. Elle compte pas moins de 340.000 chômeurs, conséquence de la crise mondiale déclenchée par le krach boursier de Wall Street en 1929. Les discours bellicistes de Hitler, au pouvoir en Allemagne depuis l'année précédente, aggravent les inquiétudes de chacun.
Lamortde Stavisky met à jour les rancoeurs vis-à-vis des nouveaux riches au luxe flamboyant. Les xénophobes s'en prennent à une politique de naturalisation trop laxiste (comme Stavisky). L'Action française royaliste, les ligues populistes de droite et les communistes dénoncent à l'envi la décadence de la IIIe République. Les premiers donnent volontiers en exemple le régime fasciste de Mussolini, les seconds le régime communiste de Staline.
Tous conspuent la démocratie parlementaire et les «Deux cents familles» capitalistes qui gouvernent la Banque de France.
L'indignation populaire entraîne la chute du gouvernement radical-socialiste.
Édouard Daladier remplace Camille Chautemps à la présidence du Conseil. Il destitue aussitôt le préfet de police Chiappe, suspect de sympathie avec les ligues de droite.
C'est l'indignation à droite comme à gauche où chacun soupçonne le gouvernement de vouloir étouffer les suites du scandale Stavisky.
Une grande manifestation va tourner à la tragédie le 6 février 1934.
8 janvier 1918
– Les cinq premiers points, de portée générale, préconisent la fin de la diplomatie secrète, la liberté des mers, le libre-échange, la réduction des armements et le droit des peuples colonisés à disposer d'eux-mêmes.
– Les points suivants se rapportent au réglement du conflit : restitution de l'Alsace-Lorraine à la France, création d'un État polonais indépendant,...
– Le président suggère de réserver à la future Pologne un accès à la mer. La revendication hitlérienne sur ce fameux couloir de Dantzig sera à l'origine immédiate de la Seconde Guerre mondiale !
– Le dernier point, reflétant l'idéalisme du président, annonce la création d'une Société des Nations.
Wilson réussit à faire passer une partie de son programme dans letraité de Versailles. Mais, craignant un engrenage fatal et des tensions internes entre les différentes communautés du pays, l'opinion publique et les parlementaires américains se placent en retrait par rapport aux velléités interventionnistes du président.
Le Congrès des États-Unis refuse de signer le traité de Versailles ainsi que d'entrer dans la Société des Nations (il y est encouragé par les élus d'origine irlandaise, qui font ainsi payer à Wilson son refus de soutenir la cause indépendantiste du Sinn Fein irlandais). C'est un échec cuisant pour la diplomatie américaine et plus encore pour la paix future...
Les Quatorze Points conservent le souvenir d'un bel idéal...
7 janvier 1957
Le 7 janvier 1957, deux ans après le déclenchement de la guerre d'Algérie, le gouvernement français confie au général Jacques Massu les pleins pouvoirs de police sur le Grand Alger (800.000 habitants dont une moitié de musulmans).
Assisté des colonels Marcel Bigeard, Roger Trinquier et Yves Godard, le général commande les 6.000 hommes de la dixième division parachutiste. Il a mission de mettre fin au terrorisme dans l'agglomération et va s'acquitter de sa tâche avec un zèle redoutable malgré les réticences de beaucoup de ses subordonnés dont le colonel Yves Godard...
Les militaires pris au piège
Deux ans plus tôt, le 20 août 1955, les indépendantistes algériens ont déclenché une insurrection sanglante dans le Constantinois, notamment à Philippeville, en s'en prenant surtout aux modérés musulmans ! Le drame entraîne le gouvernement français dans une répression non moins brutale qui va tendre les rapports entre musulmans et pieds-noirs.
Le5 février 1956, Guy Mollet, secrétaire général de la SFIO (Section française de l'Internationale ouvrière), prend la tête du gouvernement français.
Il confie le portefeuille de la Justice à François Mitterrand (39 ans). Celui-ci fait voter le 12 mars 1956 par la gauche (communistes et socialistes) et une bonne partie de la droite une loi sur les «pouvoirs spéciaux» qui apportera quelques mois plus tard une base légale à la torture.
En Algérie même, Guy Mollet doit faire face à la montée de la violence aveugle. C'est ainsi que le 18 mai 1956, on découvre dans les gorges de Palestro les corps de 18 jeunes militaires horriblement mutilés et tués après être tombés dans une embuscade.
Le terrorisme à l'oeuvre
Le 30 septembre 1956, les spectaculaires attentats du Milk Bar et de la Cafétéria font l'effet d'un coup de tonnerre. La guerre ne se confine plus dans les zones frontalières et les montagnes. Elle frappe désormais le coeur d'Alger !
Revigoré par l'impact médiatique de ces attentats, le FLN, qui dispose sur place d'environ 5.000 militants, n'hésite plus à s'en prendre à la population de la ville. Il fait appel à des femmes de type européen (en vue de tromper la vigilance de l'armée et de la police) pour convoyer les armes, transmettre les messages et même poser les bombes. Des Européens comme le jeune communiste Fernand Yveton, qui sera guillotiné, lui apportent aussi leur concours.
L'opinion française est tétanisée par ces attentats qui tuent et mutilent au hasard, dans les lieux publics, des hommes et des femmes, des jeunes et des vieux, des militaires et des civils, des indigènes et des pieds-noirs. Robert Lacoste, ministre résident en Algérie, fait guillotiner les terroristes condamnés par la justice et décide de tout mettre en oeuvre pour en finir avec la terreur.
Enfin, le 7 janvier 1957, le préfet d'Alger fait appel aux hommes du général Massu avec l'approbation du garde des Sceaux François Mitterrand.
Le document est bref :
«Article 1er
L'ensemble des pouvoirs de police, normalement dévolus à l'autorité civile, sont dévolus à l'autorité militaire.
Article 2
Le général Massu est chargé de l'exécution du présent arrêté.
Serge Barret, préfet d'Alger».
Latorture contre la terreur
Dès le 7 janvier 1957, les parachutistes entrent dans Alger et traquent les terroristes dans toute l'agglomération. Sans trop s'embarrasser de scrupules ni de juridisme, ils pratiquent la torture pour faire parler les personnes suspectes d'avoir caché des bombes. Ces hommes, dont beaucoup ont précédemment combattu les Allemands et dénoncé la barbarie nazie, se justifient de leurs actes au nom de la nécessité.
La presse ne tarit pas de témoignages qui dénoncent la banalisation de procédés indignes : tortures (torture à l'électricité ou «gégène», pendaison par les membres, baignoire,...), exécutions sommaires de suspects, jugements expéditifs par les tribunaux militaires, centres de détention clandestins etc. Les prisonniers qui meurent dans les centres de torture sont jetés à la mer avec un boulet de ciment aux pieds (les parachutistes appellent cela les «crevettes Bigeard», du nom du colonel qui supervise les opérations).
Une commission d'enquête rend un rapport accablant le 21 juillet 1957. Le quotidien Le Monde le publie, ce qui lui vaut d'être saisi. Les responsables politiques et la majorité des citoyens, tant à droite qu'à gauche, sont donc très bien informés de ce qui se passe en Algérie. Mais ils préfèrent se taire devant les excès des militaires.
La répression à l'oeuvre
La torture semble déboucher sur des résultats significatifs : de nombreuses bombes sont découvertes à temps grâce aux informations données sous la torture par des terroristes.
Suprême humiliation : le FLN ordonne une grève générale de huit jours à compter du 28 janvier 1957, ouverture de la onzième session des Nations Unies à New York, mais elle est brisée par les parachutistes qui ouvrent de force les rideaux de fer des commerçants de la Casbah, le grand quartier musulman d'Alger.
Le 25 février 1957, l'un des chefs historiques du FLN, Larbi Ben M'Hidi, est arrêté et déclaré «suicidé» (on sait maintenant qu'il a été pendu par le futur général Paul Aussaresses en personne).
Mais l'attentat de la Corniche, qui tue plusieurs jeunes gens le 9 juin 1957, signifie que le cycle terreur-répression est sans issue.
Le colonel Yves Godard, qui conteste les méthodes de Marcel Bigeard, prend le relais de celui-ci et décide de privilégier l'infiltration des réseaux plutôt que la torture. Il triomphe le 24 septembre 1957, avec l'arrestation de Yacef Saadi (28 ans), principal organisateur des attentats à Alger. Ses aveux permettent de démanteler les réseaux.
Inhumanité de la torture
L'emploi de la torture par les hommes de Massu suscite d'emblée les protestations de maints responsables démocrates et chrétiens qui le considèrent injustifiable quels qu'en soient les résultats.
Un héros de la Libération, le général Jacques Pâris de la Bollardière, demande publiquement dès le 28 mars 1957 à être relevé de son commandement pour ne pas cautionner la torture et le crime d'État.
Le 15 avril 1957, de la Bollardière est puni de quinze jours de forteresse. Et le 12 septembre 1957, Paul Teitgen, secrétaire général de la police algéroise, démissionne avec éclat.
L'un et l'autre sont mus par de solides convictions chrétiennes. C'est aussi le cas d'Edmond Michelet, garde des sceaux dans le gouvernement du général de Gaulle de 1959 à 1961, qui n'a de cesse de dénoncer la torture, ainsi que des premiers grands intellectuels opposés à la guerre d'Algérie, tels Germaine Tillion, François Mauriac ou Henri Mandouze...
Des agnostiques et athées,comme les journalistes et écrivains Jean-Jacques Servan-Schreiber et Albert Camus, dénoncent aussi la torture et condamnent d'une même voix les procédés inqualifiables employés par le FLN. Ceshumanistes se distinguent en cela des militants communistes ou des«porteurs de valises» qui soutiennent le FLN, quoi qu'il fasse, et même lui prêtent la main.
Amère victoire
Neuf mois après avoir obtenu les pleins pouvoirs, le général Massu peut se flatter d'avoir gagné la «bataille d'Alger», mais au prix de 3.024 disparitions de suspects (selon la liste établie par Paul Teitgen), y compris des Français de métropole qui soutenaient la cause indépendantiste comme le mathématicien communiste Maurice Audin.
Le FLN, exsangue, n'est guère plus en état de poursuivre ses opérations terroristes. Il se déchire qui plus est dans des querelles internes, à coup de liquidations et d'assassinats. Il poursuit la guerre contre son rival de toujours, le MNA (Mouvement National Algérien) de Messali Hadj. Le 29 mai 1957, le village de Melouza, entre Constantinois et Kabylie, coupable d'un ralliement au MNA, est attaqué par le colonel Mohamed Saïd, du FLN. 315 villageois sont massacrés à coup de pioche et de hache.
Le 27 décembre 1957, Abbane Ramdane, l'un des fondateurs du MNA, est étranglé au Maroc sur ordre de son rival Abdelhafid Boussouf.
Pour les successeurs de Guy Mollet à la tête du gouvernement, le moment paraît favorable à une négociation avec les éléments les plus modérés du camp ennemi. C'est alors que les Français d'Algérie et certains officiers vont faire appel au général de Gaulle dans l'espoir de prévenir le lâchage de l'Algérie.
La«bleuite»
En Algérie, les Français ont utilisé avec profit l'intoxication. Leur principal succès en ce domaine est la bleuite, d'après le surnom de l'uniforme donné aux agents du renseignement français.
En 1957, pendant la «bataille d'Alger», le capitaine Paul-Alain Léger, avec l'appui du colonel Yves Godard, infiltre la willaya III d'Amirouche (l'armée insurgée des environs d'Alger) avec des prisonniers qu'il a retournés sous la contrainte et libérés.
En usant de faux messages, le capitaine aide ses protégés à accéder à des postes de responsabilité au sein du groupe. Ils sont bientôt en situation de le renseigner sur les actions terroristes à Alger et même de les faire suspendre. Ils vont contribuer à l'arrestation de l'organisateur des attentats, Yacef Saadi.
Lorsque son stratagème est sur le point d'être découvert, le capitaine Léger sème le trouble chez l'ennemi en répandant de fausses accusations. Amirouche, affolé, torture ses propres hommes et ceux-ci, dans l'espoir vain d'être épargnés, livrent des noms au hasard. Cette sauvage purge va faire 2.000 suppliciés dans les rangs de la willaya.
Sir Arthur Conan Doyle
6 janvier 1887
Elle relate une tragédie amoureuse chez les Mormons et met en valeur les capacités déductives du détective, par ailleurs vieux garçon et maniéré.
Son auteur est un médecin de 27 ans originaire d'Édimbourg, Arthur Conan Doyle. Il s'est inspiré de l'un de ses professeurs de l'Université d'Édimbourg, le professeur Bell, pour ébaucher le portrait de son célébrissime détective.
Comme écrivain, Conan Doyle s'inscrit dans la lignée de l'Américain Edgar Allan Poe, de l'Écossais Robert Louis Stevenson et du Français Émile Gaboriau, inventeur de l'inventeur Lecoq (Sherlock viendrait d'une déformation de cher Lecoq !).
Un héros plus vrai que nature
Les aventures de Sherlock Holmes composent un palpitant portrait de l'époque victorienne. Contemporaines des crimes bien réels de Jack L'Éventreur (1888), elles satisfont le goût du public pour le mystère.
Craignant que Sherlock Holmes n'éclipse ses autres créations par son incroyable popularité, Conan Doyle raconte sa mort en 1891. Il fait mourir le héros dans les montagnes suisses, dans un combat au corps à corps avec son ennemi de toujours, le professeur Moriarty. Peine perdue. Sous la pression des lecteurs, dont un certain nombre croient à la réalité charnelle de Sherlock Holmes, Conan Doyle est contraint de rendre vie au détective.
Sa plus célèbre aventure paraît en 1901 sous le titre : The Hound of the Baskervilles (Le chien des Baskerville). Sherlock Holmes et son ami vont continuer d'évoluer dans l'Angleterre victorienne jusqu'en 1927. Le détective à la froide intelligence survit depuis cette date dans d'innombrables pastiches, y compris au cinéma et au théâtre.
Un auteur prolixe
Conan Doyle ne s'en tient pas à son personnage fétiche. Il se signale par de nombreux romans historiques et des romans d'aventures comme The lost World (Le Monde perdu), où apparaît le professeur Challenger. En 1902, il se rend comme correspondant de guerre en Afrique du Sud, où les Anglais combattent lesBoers.
L'écrivain est anobli sous le nom de Sir Arthur. Il s'éteint le 7 juillet 1930, à 71 ans, à Crowborough, dans le Sussex.
5 janvier 1895
Dégradation du capitaine Dreyfus
Le 5 janvier 1895, le capitaine Alfred Dreyfus est solennellement dégradé dans la cour de l'École Militaire, à Paris. Il a été condamné au bagne à vie pour haute trahison. «Dreyfus n'a exprimé aucun regret, fait aucun aveu, malgré les preuves irrécusables de sa trahison. Il doit en conséquence être traité comme un malfaiteur endurci tout à fait indigne de pitié» peut-on lire dans le compte-rendu du Matin.
L'«Affaire» proprement dite commence un an plus tard avec la découverte de faits nouveaux par le lieutenant-colonel Picquart. Elle va troubler la vie politique française pendant plusieurs décennies.
Une condamnation sans histoire
L'affaire Dreyfusdébute comme une banale affaire d'espionnage militaire par la découverte d'un bordereau adressé par un officier français à l'attaché militaire de l'ambassade allemande, le major Schwartzkoppen.
Madame Bastian, femme de ménage à l'ambassade, avait récupéré le bordereau le 26 septembre 1894 dans une corbeille à papier et l'avait remis au service français de contre-espionnage pour lequel elle travaillait en secret.
Le soir même, le colonel Henry entrevoit dans le document la trahison d'un officier d'état-major.
En l'absence du général de Boisdeffre, chef de l'état-major, le général Mercier, ministre de la Guerre, est immédiatement informé et ordonne une enquête discrète.
Général Mercier
Les soupçons se tournent très vite vers le capitaine d'artillerie Alfred Dreyfus, stagiaire au deuxième bureau de l'état-major, qui a été en contact avec les différents services auxquels il est fait allusion dans le bordereau.
Capitaine courageux
Né à Mulhouse 35 ans plus tôt, Alfred Dreyfus appartient à la bourgeoisie alsacienne.
Sa famille, d'origine israélite, est très riche. Elle s'est en partie établie en France après l'annexion de l'Alsace par l'Allemagne en 1871.
Lui-même a fait ses études à l'École Polytechnique puis à l'École d'Artillerie et du Génie de Fontainebleau. Brillant officier et ardent patriote, il entre à l'École de Guerre et passe à l'état-major peu après son mariage à la synagogue avec Lucie Hadamart.
Ce parcours sans faute, ainsi que sa prestance intellectuelle, sa fortune familiale et ses origines alsaciennes et israélites lui valent de nombreuses jalousies.
Alfred Dreyfus
sur le bordereau au commandant Armand du Paty de Clam. Le 6 octobre 1894, celui-ci convoque Alfred Dreyfus et, sous le prétexte d'une blessure à la main, lui demande de rédiger une lettre sous sa dictée.
Armand du Paty
A peine Dreyfus s'est-il exécuté que Du Paty de Clam l'accuse d'être l'auteur du fameux bordereau. Il lui tend un pistolet et lui suggère de se suicider pour échapper au déshonneur, ce à quoi Dreyfus, qui tombe des nues, se refuse. Il est aussitôt mis au secret à la prison de la rue du Cherche-Midi.
Alors commence la tragédie. Sollicité par les enquêteurs, le célèbre Adolphe Bertillon, chef du service de l'identité judiciaire (et inventeur de l'identification par les empreintes digitales), confirme les soupçons du commandant du Paty de Clam, contre l'avis d'autres graphologues plus prudents mais moins prestigieux.
Dreyfus est arrêté le 15 octobre 1894 sous l'inculpation de haute trahison. Il échappe à la guillotine en vertu d'une loi de la IIe République qui a aboli la peine de mort pour les crimes politiques. Le 22 décembre 1894, il est donc«seulement» condamné au bagne à vie par un tribunal militaire.
Personne en France ne doute alors de sa culpabilité. Jean Jaurès lui-même s'étonne le 24 décembre, à la Chambre des députés, qu'on ne l'ait pas plutôt fusillé que banni. Beaucoup de Français pensent de même, considérant que la justice militaire est trop indulgente pour les bourgeois de sa sorte. Certains, qui plus est, commencent à se dire que l'on ne peut décidément pas faire confiance à un israélite ! Pour eux, «cosmopolitisme juif» et patriotisme sont incompatibles...
Le quotidien antisémite d'Édouard Drumont, La Libre Parole, qui tire à environ 500.000 exemplaires, mais aussi La Croix, quotidien catholique de la congrégation des Assomptionnistes (170.000 exemplaires), mènent une campagne contre la présence d'officiers juifs dans l'armée. «Dans toute vilaine affaire il n'y a que des Juifs. Rien de plus facile que d'opérer un bon nettoyage», écrit le second (14 novembre 1894).
Il n'y a guère que sa femme Lucie et son frère Mathieu qui persistent à croire à l'innocence du capitaine. Ils entretiennent une longue correspondance avec celui-ci, qui, sur l'île du Diable, survit dans le seul espoir de faire reconnaître la vérité. Il doit supporter les brimades de l'administration pénitentiaire à son égard (enfermement entre deux palissades pour ne pas voir la mer, enchaînement la nuit à son lit pendant plusieurs semaines, privation d'informations sur l'extérieur,...).
Le doute s'installe
Tout se corse en mars 1896, alors que l'opinion publique a pratiquement tout oublié de cette histoire d'espionnage.
Le lieutenant-colonel Georges Picquart, qui dirige le deuxième bureau (le service de renseignements), reçoit un pneumatique (un«petit bleu»).
Georges Picquart
Il révèle une correspondance entre Schwartzkoppen et un officier français d'origine hongroise, le commandant Charles Walsin-Esterhazy, joueur et passablement débauché.
Charles Walsin-Esterhazy
Picquart découvre que le procès de Dreyfus s'est fondé sur un dossier secret contenant des pièces trafiquées et sans valeur. Ayant fait part de ses doutes au général de Boisdeffre, chef de l'état-major, il est réduit au silence par un limogeage en Tunisie.
En octobre 1896, le colonel Henry, des services secrets, désireux d'écarter les soupçons pesant sur Esterhazy, produit un bordereau (une correspondance entre les attachés militaires allemand et italien) qui accable Dreyfus. On apprendra plus tard qu'il s'agit d'un faux document !
Entre temps, la famille du capitaine Dreyfus fait appel au journaliste Bernard-Lazare pour chercher des motifs de réviser le procès.
Bernard-Lazare (31 ans), de son vrai nom Lazare Bernard, est un critique littéraire de confession israélite connu pour ses articles acerbes et ses convictions anarchistes.
Bernard Lazare
Il publie en novembre 1896 une brochure : L'erreur judiciaire, la vérité sur l'affaire Dreyfus, sans rencontrer guère d'écho, sauf auprès du vieux sénateur de Strasbourg, Auguste Scheurer-Kestner.
Début novembre 1897, un banquier avertit Mathieu Dreyfus qu'il a reconnu l'écriture de l'un de ses clients dans le fameux bordereau. Et ce client n'est autre que... le commandant Esterhazy.
Dans le même temps, Georges Picquar
t communique ses informations sur Esterhazy à un ami, l'avocat Louis Leblois, qui les transmet à Mathieu Dreyfus et Auguste Scheurer-Kestner.
Auguste Scheurer-Kestner
Le 14 novembre 1897, le sénateur Scheurer-Kestner publie dans Le Temps une lettre où il annonce des faits nouveaux et assure de l'innocence de Dreyfus. Le lendemain, Mathieu Dreyfus ne s'embarrasse pas de précautions et dénonce Esterhazy comme le véritable auteur du bordereau.
Le patriotisme contre les principes
Le frère du condamné, Mathieu Dreyfus, le vice-président du Sénat, Scheurer-Kestner, et le député Joseph Reinach obtiennent enfin qu'Esterhazy soit traduit en conseil de guerre.
Le 11 janvier 1898, Esterhazy, qui a lui-même demandé à être jugé, est triomphalement acquitté par un conseil de guerre malgré les graves présomptions qui pèsent sur lui.
Contre toute attente, c'est le lieutenant-colonel Georges Picquart qui fait les frais du procès. Accusé d'avoir fabriqué le «petit bleu», il est emprisonné pendant un an au Mont-Valérien et chassé de l'armée.
Le président du Conseil Jules Méline déclare un peu vite :«Il n'y a pas d'affaire Dreyfus !» En fait, l'Affaire commence.
À Paris, chacun prend parti et l'Affaire prend vite un tour politique :
– il y a d'un côté ceux qui considèrent qu'on ne transige pas avec les principes et que Dreyfus, comme tout citoyen a droit à un procès équitable ; ce sont les «dreyfusards». Parmi eux beaucoup de pacifistes de gauche et des chrétiens fervents comme l'écrivain Charles Péguy.
– de l'autre côté, les «antidreyfusards» considèrent que l'intérêt national prime sur les droits de la personne ; en l'occurence, dans une période de crise internationale où la France n'attend qu'une occasion pour prendre sa revanche sur l'«ennemie héréditaire» (l'Allemagne), il n'est pas question de porter atteinte au moral de l'armée avec un procès en révision de Dreyfus, que celui-ci soit innocent ou pas ! L'origine israélite et bourgeoise de Dreyfus contribue à attiser les passions, l'antisémitisme venant au secours d'un patriotisme dévoyé (mais on convient avec l'historien Vincent Duclerc qu'il y aurait eu une Affaire même si Dreyfus n'avait pas été juif...).
caricature antidreyfusarde
Si la capitale se passionne pour l'Affaire, la France profonde lui reste globalement indifférente malgré les efforts de Jean Jaurès, devenu dreyfusard, pour convaincre le monde ouvrier que la justice n'a pas de classe et que l'on doit défendre Dreyfus, tout bourgeois qu'il soit.
Phénomène inédit : dans les capitales européennes comme à Paris, l'opinion éclairée se passionne pour le sort de Dreyfus. C'est la première fois qu'une affaire judiciaire et politique retentit au-delà des frontières nationales. Et, à la différence des Français, notons-le, les étrangers sont massivement dreyfusards.
De l'Affaire à Israël
Parmi les nombreuses conséquences de l'Affaire Dreyfus en France et dans le monde, notons celle-ci :
Un jeune journaliste hongrois d'origine juive, Theodor Herzl, suit l'Affaire dès le premier procès de Dreyfus. Révolté par l'antisémitisme français, il en conclut à la nécessité de créer un État juif pour accueillir ses coreligionnaires et publie un livre pour les en convaincre. Israël est ainsi né de l'injustice faite à Dreyfus.
4 janvier 1948
Longtemps morcelée en petits royaumes rivaux et soumise aux influences étrangères, la Birmanie a accueilli avec chaleur le bouddhisme. Le bouddhisme du Petit Véhicule s'est en particulier épanoui après l'An Mil autour de Pagan (ou Bagan), la «Ville des mille temples» avec ses célèbres stupas (chignons) symboliques de l'ordre cosmique.
La tutelle britannique
Les Britanniques, après avoir soumis au XVIIIe siècle les Indes voisines, ne tardent pas à poser leur regard sur la Birmanie.
Ils vont s'en emparer au terme des trois guerres anglo-birmanes (1826, 1852 et 1886). Ils conquièrent d'abord le Nord-Est birman, frontalier des Indes britanniques, afin de protéger le Bengale d'incursions birmanes. Vient le tour du delta de l'Irrawaddy et du sud du pays, enfin l'arrière-pays où se sont repliés les représentants de la dernière monarchie locale. En 1886, la Birmanie est intégrée aux Indes britanniques.
Les Britanniques utilisent la stratégie consistant à diviser pour mieux régner, en favorisant l'autonomie des minorités ethniques. Ils enrôlent presque exclusivement des membres de ces minorités (Karens, Kachins...) dans l'armée. Par ailleurs, ils investissent massivement dans le développement des transports et transforment d'immenses zones du delta de l'Irrawaddy en rizières, faisant de la Birmanie le premier exportateur de riz au monde. De nombreux Indiens immigrent en Birmanie pour participer à ce boom économique.
Au début du XXe siècle naît un mouvement nationaliste birman. Il s'organise autour d'une élite de jeunes gens, dont certains ont étudié à Londres. La crise économique des années 1930 entraîne en outre une importante révolte paysanne qui est violemment réprimée par les Britanniques.
En 1937, la Birmanie est séparée des Indes et devient une colonie à part entière, avec un niveau relativement élevé d'autonomie interne. Parallèlement, le mouvement nationaliste clandestin s'amplifie, sous la houlette de Thakin Aung San («Thakin» est l'équivalent du «sahib» indien, un terme auparavant réservé aux seuls Européens que les nationalistes se sont appropriés).
La Birmanie constitue un champ de bataille majeur de la Seconde Guerre mondiale (là se situe l'épisode du pont de la rivière Kwai, magnifié par le roman de Pierre Boulle). En 1941, les Japonais, épaulés par l'Armée de Libération birmane conduite par Aung San, repoussent les Britanniques auxquels seules les minorités restaient fidèles. Cependant, la dureté de l'occupation par l'armée japonaise, qui ne tolère qu'un gouvernement birman fantoche, retourne rapidement l'opinion birmane. Aung San prend contact avec les Alliés en 1944 et ses troupes vont contribuer à la défaite et la reddition des Japonais, signée le 28 août 1945 à Rangoon, capitale de la colonie.
Discours de Thakin Aung San
Une indépendance douloureuse
Après une période de négociations serrées, marquées par des grèves qui paralysent tout le pays, les Britanniques admettent le principe de l'indépendance de la Birmanie. Les premières années d'existence de la nouvelle nation s'avèrent particulièrement difficiles : Aung San est assassiné ; les exportations de riz tombent au plus bas ; des minorités, notamment les Karens chrétiens du nord-ouest et les musulmans du sud, tentent de faire sécession. Dans les montagnes frontalières de la Chine, la culture illicite du pavot s'épanouit dans le Triangle d'Or.
En 1962, le général Ne Win procède à un coup d'État militaire et engage le pays dans des réformes socialistes à marche forcée. La jeune nation birmane devient une dictature militaire.
En 1989, le pays prend le nom officiel d'Union de Myanmar (plus consensuel que celui de Birmanie, qui fait référence à une seule ethnie sur une centaine). Il est toujours sous la férule des militaires, lesquels défient l'opinion occidentale en s'appuyant sur la Chine populaire, leur alliée stratégique.
La révolte des Maillotins
3 janvier 1383
Le 3 janvier 1383, les bourgeois de Paris, exaspérés par le poids des impôts et les désordres de la cour, s'arment de maillets de plomb (d'où leur surnom de «Maillotins») et descendent dans la rue.
Ils en veulent tout particulièrement aux oncles du jeune roi Charles VI, qui exercent en son nom le conseil de régence et pillent les caisses de l'État. Mais ceux-ci instaurent la loi martiale et matent la révolte. Ils suppriment en représailles la prévôté des marchands, l'équivalent de la mairie de Paris.
Embellieau royaume de France
Sous le précédent règne, la France avait commencé à se remettre d'un douloureux conflit avec les Anglais grâce à Charles V le Sage et à son connétable, le breton Bertrand Du Guesclin. Elle avait été débarrassée des Anglais, qui ne tenaient plus que cinq ports : Calais, Cherbourg, Brest, Bordeaux et Bayonne, ainsi que des Grandes Compagnies, épuisées par la guerre en Espagne. C'était le début d'une longue embellie dont témoignent les enluminures des Très riches Heures du duc de Berry. Le conflit entre les monarchies anglaise et française aurait pu s'arrêter là.
Charles VI n'a pas tout à fait 12 ans quand il succède à son père, le 16 septembre 1380. Il est sacré à Reims selon l'antique coutume le 4 novembre 1380. Les habitants de la ville saluent le sacre par les cris de «Vive le roi de France ! Montjoie Saint Denis !» C'est qu'ils viennent d'apprendre, à leur grande satisfaction, qu'est confirmée la suppression des fouages décidée à la fin du règne précédent (les fouages étaient un impôt extraordinaire perçu sur chaque ménage (on dit aussi feu ou foyer).
Une régence détestée
Mais voilà, le roi étant encore mineur à son avènement, ses puissants oncles, Louis d'Anjou, Jean de Berry, Louis de Bourbon et Philippe de Bourgogne, assurent la régence. Ils profitent de leur pouvoir pour dilapider les ressources du royaume et instaurer de nouveaux impôts pour leur profit personnel. Plusieurs révoltes comme celle des Maillotins secouent le pays.
Enfin, en 1388, le roi Charles VI reprend en main les affaires du royaume. Il chasse ses oncles prévaricateurs et rappelle les sages conseillers de son père, gens de modeste extraction, que les princes surnomment avec mépris les «Marmousets». Ce terme péjoratif désignait à l'époque les parvenus. Il vient du nom donné aux figures grotesques qui ornent les heurtoirs de portes.
Le jeune roi est alors appelé par ses sujets Charles VI le Bien-Aimé. Mais, contre toute attente, son règne, l'un des plus longs de l'Histoire de France, se terminera en 1422 dans les pires calamités à cause, tout simplement, de ce qu'il sera devenu fouet inapte à exercer son autorité.
Effervescence sociale dans toute l'Europe
La révolte des Maillotins n'est pas un phénomène isolé en Europe. La brutale diminution de la population, après la Grande Peste de 1347, réduit la main-d'oeuvre disponible dans les campagnes et les villages. Les travailleurs de la terre et les artisans des villes en profitent pour multiplier les revendications sociales.
Dans le même temps, les très grosses dépenses dues à la guerre franco-anglaise poussent les nobles et les souverains à créer de nouvelles taxes. Il s'ensuit de nombreuses révoltes sociales qui annoncent la fin du Moyen Âge.
– En Angleterre, les paysans se révoltent en 1381 sous l'égide de Wat Tyler et menacent la monarchie.
– En Flandre, sous la conduite de Philip Van Artevelde, les tisserands de Gand se soulèvent en 1382 contre le comte de Flandre et ses soutiens français.
– En Hongrie, sous le règne du roi Sigismond, les paysans se révoltent contre les grands féodaux. Battus, ils retournent au servage... et se vengent en refusant leur concours aux seigneurs lorsque la Hongrie est envahie par les Turcs.
En Europe occidentale, cependant, en marge de révoltes spectaculaires et de troubles politiques, cette époque tragique se solde par une augmentation des salaires et des revenus, ainsi que par un renforcement des droits des travailleurs. Le servage disparaît sur presque toute l'étendue du continent, les seigneurs s'efforçant de retenir la main-d'oeuvre paysanne sur leurs terres en offrant de meilleures garanties que précédemment. De la même façon, les seigneurs multiplient les franchises communales pour encourager l'activité artisanale et le commerce sur leurs terres.
Isabelle de Castille
2 janvier 1492
Le 2 janvier 1492, la reddition de Boabdil, dernier rejeton de la dynastie nasride, met fin au royaume musulman de Grenade.
- C'en est fini de la présence musulmane en Espagne, active pendant sept siècles.
- C'en est fini aussi de la première croisade engagée par les chrétiens d'Occident contre les envahisseurs musulmans, la Reconquista (Reconquête).
Celle-ci avait débuté sous le règne de Charlemagne et l'un de ses premiers faits d'armes avait été la mort de Roland au col de Roncevaux.
Les grands vainqueurs de la conquête de Grenade sont les souverains de deux royaumes anciennement rivaux, l'Aragon et la Castille.
Par leur mariage puis par la conquête du royaume de Grenade, Ferdinand II d'Aragon et Isabelle 1ère de Castille conduisent la péninsule ibérique vers l'unité. Celle-ci sera complète ( à l'exception du Portugal) avec la soumission de la Navarre en 1515.
La prise de Grenade vaut à Isabelle et Ferdinand de recevoir du pape Alexandre VI Borgia (un Espagnol) le titre émérite de «Rois Catholiques».
À peine ont-ils reçu la reddition du roi Boabdil que les deux souverains ordonnent l'expulsion de tous les juifs de leurs royaumes à moins qu'ils ne se convertissent avec sincérité au catholicisme. Cette mesure d'expulsion prend effet le 31 mars 1492. Elle viole, notons-le, l'engagement de respecter les juifs de Grenade, engagement inscrit dans le traité conclu avec Boabdil.
Pas moins de 160.000 juifs quittent précipitamment la péninsule et vont chercher refuge en Afrique du nord ou auprès du sultan ottoman (dans leur pays d'accueil, ils se feront connaître sous le nom de Sépharades, du nom donné à l'Espagne en hébreu). L'Inquisition, tribunal religieux au service de la monarchie, se charge de traquer les faux convertis.
Le sort des musulmans n'est guère meilleur. Francisco Ximenez, ou Jimenez de Cisneros, un prêtre devenu sur le tard confesseur de la reine et archevêque de Tolède, convainc Isabelle de Castille de les convertir de force. En 1499, les habitants de Grenade sont rassemblés sur la place publique, aspergés d'eau bénite et dès lors considérés comme baptisés. Ceux qui refusent ouvertement leur nouvelle condition sont expulsés du pays comme les juifs une décennie plus tôt.
Arrivée des Morisques
Beaucoup de musulmans préfèrent néanmoins rester sur place et continuent de pratiquer leur foi en secret. Ces faux convertis, appelés Morisques, seront expulsés un siècle plus tard, en 1609, dans des conditions dramatiques, à l'initiative du duc de Lerma, conseiller du roi. Ces expulsions successives vont parachever l'unité religieuse de la péninsule mais aussi priver le pays d'éléments dynamiques et l'entraîner dans un irrépressible déclin.
En attendant, heureuse de sa victoire sur les Maures de Grenade, Isabelle se rend disponible pour de nouvelles conquêtes. C'est ainsi qu'elle reçoit Christophe Colomb et soutient son projet démentiel de rejoindre l'Asie des épices en traversant l'océan Atlantique.