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Date de création : 27.11.2008
Dernière mise à jour :
08.02.2013
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20 janvier 1949
Le 20 janvier 1949, le président des États-Unis Harry Truman prononce le discours d'investiture de son deuxième mandat à la Maison Blanche. À cette occasion, il désigne du doigt la grande pauvreté qui affecte la moitié de l'humanité.
Dans le Point Quatre de son discours, il déclare : «Il nous faut lancer un nouveau programme qui soit audacieux et qui mette les avantages de notre avance scientifique et de notre progrès industriel au service de l'amélioration et de la croissance des régions sous-développées. Plus de la moitié des gens dans le monde vit dans des conditions voisines de la misère. Ils n'ont pas assez à manger. Ils sont victimes de maladies. Leur pauvreté constitue un handicap et une menace, tant pour eux que pour les régions les plus prospères.»
C'est la première fois qu'est employée l'expression «sous-développé» à propos des pays qui n'ont pas encore atteint le stade industriel. L'expression fait florès de même que l'expression «tiers monde» inventée peu après, en 1952, par le démographe Alfred Sauvy.
Le discours de Truman débouche en juin 1950 sur la signature de l'Act for International Development (AID, Programme pour le Développement International).
Pour les Américains et plus largement les Occidentaux, le combat contre le «sous-développement» va prendre le relais de la «mission civilisatrice» du temps des colonies comme objectif messianique. Dans le demi-siècle qui va suivre, il va devenir habituel de ne plus considérer les nations et les peuples dans leur diversité culturelle, sociale et humaine mais seulement de les répartir entre «pays sous-développés» et «pays développés» en fonction du «produit national brut par habitant» (PNB/habitant). C'est le triomphe de l'économétrie (une vision comptable et mathématique de l'économie).
La prise de conscience du «sous-développement» conduit les pays riches et puissants (généralement occidentaux) à développer des réseaux d'aide financière et de coopération technique en direction des pays pauvres. À l'aide publique s'ajoute dans les années 1990 l'aide caritative des «organisations non gouvernementales» (ONG) comme ACF, MSF,... L'absence de contrôle et la corruption altèrent considérablement l'efficacité de cette aide tant publique que privée.
À l'aube du XXIe siècle, l'aide internationale apparaît même comme un facteur d'aggravation du sous-développement et de la misère.
L'évaluation comptable du sous-développement d'après le seul PNB/habitant se révèle être un trompe-l'oeil.
Des régimes archaïques enrichis par les redevances de quelques compagnies pétrolières ou minières (Arabie, Gabon, Algérie,...) font figure de pays riches alors que les conditions de vie de la plus grande partie des habitants (mortalité infantile, alphabétisation des femmes,...) s'avèrent pitoyables. À l'opposé, des pays ou des régions en apparence très pauvres, comme l'État du Kerala, en Inde, assurent à leurs habitants un cadre de vie relativement sain et équilibré en comparaison de leurs voisins.
Dans les années 1990, les institutions internationales lancent un nouvel indicateur pour mieux prendre en compte cette hétérogénéité : le«développement humain» ou IDH (indicateur de développement humain). Il prend en compte le PNB/habitant mais aussi le taux d'alphabétisation et la mortalité infantile (celle-ci est à la fois représentative du niveau d'équipement sanitaire du pays et du degré d'émancipation des femmes).
Jules Dumont d'Urville 19 janvier 1840
Découverte de la terre Adélie
Deux navires battant pavillon français se fraient un chemin parmi les icebergs de l'océan Antarctique. Le 19 janvier 1840, ils arrivent en vue d'une montagne.
Le commandant de l'expédition, César Dumont d'Urville, prend possession de cette terre glacée au nom de la France. Il la baptise du prénom de sa propre femme, Adélie. Il pousse la délicatesse jusqu'à donner aussi son prénom aux manchots du cru, les manchots Adélie.
Cette fraction du «continent blanc», au sud de l'Australie, figure aujourd'hui parmi les possessions françaises de l'Antarctique, aux côtés des îles Kerguelen. Elle abrite une base scientifique.
Un aventurier au service du progrès
Le découvreur de la terre Adélie est un personnage représentatif du début du XIXe siècle. Comme ses concitoyens, las des guerres révolutionnaires, il a foi dans le progrès et aspire à mieux connaître le monde.
En 1819, à la veille de ses 30 ans, Dumont d'Urville participe à une expédition scientifique en mer Egée. Il est informé de la découverte d'une statue de Vénus sur l'île de Milo et en fait l'acquisition pour le compte de la France. La Vénus de Milo trône aujourd'hui en bonne place au musée du Louvre.
Le marin effectue aussi deux voyages scientifiques autour du monde avant de prendre en 1826 le commandement d'une corvette, l'Astrolabe.
Il a mission de récupérer ce qui reste des navires de Lapérouse, un explorateur disparu en Polynésie, à la veille de la Révolution française, 40 ans plus tôt.
Les restes des navires de Lapérouse avaient été repérés en 1827 sur l'île de Vanikoro par le capitaine anglais Peter Dillon, lequel avait reçu en conséquence une récompense des mains du roi de France. Au terme d'un périple de trois ans dans le Pacifique et autour de l'Australie, Dumont d'Urville ramène en France une grande masse d'informations scientifiques et publie le compte-rendu de son voyage.
À cette époque, les Anglo-Saxons commencent à explorer les régions antarctiques. Le roi de France Louis-Philippe 1er, qui est passionné de géographie, veut les prendre de vitesse. Il est séduit par un projet que lui présente Dumont d'Urville et contribue lui-même au financement de sa mission. C'est ainsi que Dumont d'Urville arme l'Astrolabe et une autre corvette, la Zélée. Il appareille de Toulon à l'automne 1837.
Deux ans plus tard, ayant découvert les îles aujourd'hui connues sous le nom de Joinville et Louis-Philippe, il fait relâche sur l'île de Tasmanie, au sud de l'Australie, ses marins souffrant du scorbut. Profitant de l'été austral, il repart le 1er janvier 1840. En touchant quelques jours plus tard la terre Adélie, il arrive plus près du pôle Sud qu'aucun autre homme avant lui.
De retour en France, le capitaine de vaisseau Dumont d'Urville est fait contre-amiral. Mais il n'a pas le temps de publier ses observations ni de jouir de sa gloire...
Le dimanche 8 mai 1842, il périt avec sa femme et son fils dans le premier accident de l'histoire du chemin de fer. Le drame survient à Meudon, sur la ligne Paris-Versailles et fait 55 morts. Les contemporains s'en émeuvent mais considèrent que c'est le prix à payer pour le progrès. César Dumont d'Urville ne les eut pas contredits. Mais qu'en eut pensé Adélie, son épouse ?
18 janvier 1800
La Banque de France est créée par Napoléon Bonaparte le 18 janvier 1800 (28 nivôse an VIII). Cette initiative du Premier Consul, à peine installé au pouvoir, fait suite à une proposition du financier suisse Jean-Frédéric Perregaux.
Celui-ci a fait fortune en spéculant sur les assignats de la Révolution. Ces billets sans valeur ont dégoûté les Français du papier-monnaie. Ils ont rapidement disparu et laissé la place aux pièces en or ou en argent.
Sous le Directoire, tandis que les affaires reprennent, le manque de monnaie se fait sentir. Jean-Frédéric Perregaux fonde alors à Paris une banque de dépôts, la «Caisse des Comptes courants». Avec un groupe d'amis banquiers, il propose au Premier Consul d'octroyer à son établissement l'autorisation d'imprimer à nouveau des billets de banque. Ce droit d'émission vise à collecter l'épargne et à augmenter la quantité de monnaie en circulation.
C'est ainsi qu'est créée par décret la Banque de France. Le nouvel établissement absorbe la Caisse des Comptes courants et s'installe à son siège, l'hôtel de Toulouse, rue de la Vrillière.
La Banque de France obtient un droit d'émission prudent, limité dans un premier temps à Paris. Elle peut imprimer autant de billets qu'elle veut mais à une condition: il faut que toute personne qui présente un billet à la banque puisse l'échanger, si elle le désire, contre une quantité d'or de la même valeur. Cela va donner aux Français confiance dans les billets de banque et, petit à petit, la nouvelle monnaie remplacera les pièces en métaux précieux. Les premiers billets sont imprimés à l'encre noire sur un papier blanc filigrané, sur une seule face.
Pour faire face aux demandes de remboursement, la Banque de France reçoit à sa création 30 millions de francs (une très grosse somme pour l'époque). Ce capital lui est apporté par de riches bourgeois tels que Perregaux. Le Premier Consul lui-même place des fonds à la Banque de France en témoignage de confiance. En échange de leur argent, les actionnaires obtiennent le droit de nommer les directeurs de la Banque.
La Banque de France n'est pas une banque ordinaire. En raison du droit d'émission qu'elle est la seule à posséder dans le pays, on l'appelle «banque centrale». Ses clients sont les banques commerciales ordinaires dont le métier est de prêter de l'argent aux particuliers et aux entreprises. Les gens qui empruntent de l'argent à ces banques signent un papier qui contient la promesse de les rembourser. C'est ce qu'on appelle un effet de commerce.
En attendant d'être remboursées par leurs clients, les banques commerciales peuvent avoir besoin d'argent pour faire de nouveaux prêts. Elles se tournent alors vers la Banque de France et lui achètent des billets. Elles lui donnent en échange les effets de commerce dont elles disposent. C'est ainsi que s'accroît la quantité d'argent dans le pays.
Après les moments difficiles de la Révolution, la Banque de France va aider les Français à se remettre au travail. Elle va encourager le commerce et l'industrie en facilitant les emprunts et en augmentant la quantité de monnaie en circulation.
Beaucoup de Français s'enrichiront et comme ils deviendront plus riches, ils devront payer davantage d'impôts au gouvernement. Ce sera tout bénéfice pour le Premier Consul qui pourra ainsi financer son armée en vue de nouvelles guerres contre les voisins européens.
Les premières années de la Banque de France seront difficiles. Sous le Premier Empire, il arrivera que de nombreux clients doutent de la valeur de leurs billets et exigent de les échanger contre de l'or.
Pour surmonter la crise, Napoléon 1er renforcera son autorité sur la Banque de France. Il en confiera la direction à un gouverneur et deux sous-gouverneurs nommés par lui-même. Dès lors, l'assemblée des actionnaires n'aura plus de pouvoir sur la banque centrale.
En 1848, sous la Seconde République, les Français ne pourront plus obtenir le remboursement de leurs billets de banque contre de l'or. Mais la confiance dans le papier-monnaie sera assez bien établie pour que personne ne s'inquiète de cette mesure.
Par une loi du 12 mai 1998, la Banque de France a dû céder son droit d'émission à la Banque Centrale européenne, à Francfort. Celle-ci se présente comme la filiale des onze banques centrales de la zone euro, y compris la Banque de France.
Avec la création de la nouvelle monnaie européenne, la Banque de France et ses 14.000 salariés bien lotis n'ont plus désormais de rôle actif. Ils s'interrogent sur leur raison d'être et leur avenir.
Charles IX
17 janvier 1562
Par ce texte, le jeune roi confère aux protestants français le droit de célébrer le culte à l'extérieur des villes fortifiées ainsi que de tenir des assemblées dans les maisons privées à l'intérieur de ces mêmes villes.
Paradoxalement, cette mesure attise la haine entre les catholiques et les protestants, tant il est vrai que l'esprit de tolérance ne dépasse pas le cercle étroit des milieux cultivés.
Catherine de Médicis
Le Parlement de Paris refuse de ratifier l'Édit de Janvier. Protestants et catholiques se tiennent sur le qui-vive, prêts à en découdre.
Quelques semaines plus tard, le 1er mars 1562, le duc François de Guise et sa troupe d'archers surprennent dans le village de Wassy (ou Vassy), en Champagne, 200 protestants en train d'écouter un prêche dans une grange, à l'intérieur de la ville close et dans des conditions donc illégales. Le duc s'irrite de cette violation de l'Édit de Janvier. Sur son ordre, la troupe massacre sauvagement les protestants. On compte une trentaine de morts et une centaine de blessés. C'est le début des guerres de religion. Elle dureront plus de trente ans.
Mais, le 18 février 1563, le duc François II de Guise est assassiné par un protestant, Poltrot de Méré, alors qu'il fait le siège d'Orléans. Sa mort met un terme à la première guerre de religion.
Le chancelier fait promulguer par Catherine de Médicis un nouvel édit de tolérance à Amboise le 19 mars 1563. Lui-même s'emploie à moderniser l'administration. Pour rétablir les finances royales, mises à mal par la guerre civile, il a aussi l'idée d'aliéner une partie des biens du clergé catholique, le 13 mai 1563. Cette mesure très contestée mais profitable va rapporter 94 millions de livres en cinq ans. Elle préfigure la nationalisation des biens du clergé par les députés de la Constituante... deux siècles plus tard.
Parcourant le royaume avec Charles IX, pour faire mieux connaître le souverain aux habitants de toutes conditions, le chancelier publie enfin la Grande Ordonnance de Moulins en février 1566. Ce texte majeur unifie la justice, supprime le droit de grâce des gouverneurs et restreint le droit de remontrance des parlements, lesquels avaient tendance à déborder le cadre judiciaire et empiéter sur l'autorité royale.
Mais la reprise de la guerre, dès 1567, à l'initiative des protestants, ruine cette politique de conciliation et entraîne, le 24 mai 1568, la disgrâce définitive de Michel de L'Hospital qui se voit retirer les Sceaux (le ministère de la Justice).
15 janvier 1790
L'Assemblée constituante, qui gouverne la France depuis les débuts de la Révolution, a pris un décret dès le 22 décembre 1789 pour réformer l'organisation du royaume. Le 15 janvier 1790, ce décret aboutit sur la création des départements. Leur nombre est initialement fixé à 83.
Ce nouvel échelon administratif et démocratique, bien enraciné dans l'Histoire, entre la commune et l'État, est appelé à un vif succès même si des voix s'élèvent aujourd'hui pour réclamer sa suppression...
Confusion administrative
Le royaume comptait sous l'Ancien Régime 34 généralités ou provinces, 40 gouvernements militaires, 135 diocèses, 13 parlements judiciaires etc. Qui plus est, ces circonscriptions héritées de l'Histoire s'enchevêtraient et différaient par leur statut. On distinguait notamment les pays d'élection des pays d'État.
Les pays d'État correspondaient aux régions les plus récemment rattachées au royaume et avaient conservé à ce titre leurs institutions propres (parlements, assemblées,...). Ils étaient moins imposés que les pays d'élection !
Toutes les généralités de province avaient à leur tête un intendant désigné par le roi, qui tentait parfois de mettre un peu de cohérence dans les affaires locales.
Redécoupage administratif
Les députés décident de mettre fin à cette confusion administrative héritée d'un millénaire d'Histoire. Ils projettent dans un premier temps de créer des circonscriptions géométriques, à l'image des États américains.
Le sage Mirabeau s'y oppose avec véhémence : «Je demande une division qui ne paraisse pas, en quelque sorte, une trop grande nouveauté ; qui, si j'ose le dire, permette de composer avec les préjugés et même avec les erreurs, qui soit également désirée par toutes les provinces et fondée sur des rapports déjà connus.» Ses voeux sont pleinement exaucés par le «Comité de division» chargé de redessiner la carte de France.
Lesnouvelles divisions sont baptisées «départements», d'un vieux mot français qui appartient au vocabulaire administratif depuis François 1er. Leurs limites respectent dans la plupart des cas les anciennes provinces. C'est ainsi que la Bretagne et la Normandie sont divisées en cinq départements chacune. La taille des départements est telle que chaque citoyen puisse accéder à son chef-lieu en une journée de cheval au maximum.
Sans le savoir, les députés recréent de la sorte les anciens pays... de la Gaule d'avant les Romains. La preuve en est dans la coïncidence entre le nom de nombreux chefs-lieux de département et celui des tribus gauloises locales. Amiens évoque les Ambiens, Beauvais les Bellovaques, Cahors les Cadurques, Nantes les Namnètes, Paris les Parisii, Poitiers les Pictones, Reims les Rèmes, Soissons les Suessiones,Tarbes les Tarbelles, Vannes les Vénètes,...
Ainsi, le département est la circonscription la mieux enracinée dans l'Histoire de France, en concurrence avec la commune, héritière des anciennes paroisses. Au fond d'eux-mêmes, les Français restent aujourd'hui très attachés à cette circonscription héritée de la monarchie et de la Révolution.
Surprenante Vendée
Des 83 départements créés par l'Assemblée constituante, la Vendée est l'un de ceux qui s'est acquis la plus forte identité. On a pu écrire de lui : «Vendée : le seul département qui soit devenu une province» (Louis Chaîgne).
Constitué à partir du Bas-Poitou, le département de la Vendée tire son nom d'un affluent de la Sèvre niortaise qui baigne Fontenay-le-Comte, le chef-lieu initial. Plus tard, Napoléon a déplacé le chef-lieu à La Roche-sur-Yon, un bourg plus central, rebaptisé Napoléon-Vendée puis Bourbon sous la Restauration avant de reprendre son ancien nom sous la IIIe République.
Précaire autonomie
Les départements créés par l'Assemblée constituante sont dirigés par un conseil de 28 membres assisté d'un directoire de 8 membres et d'un procureur général syndic chargé de faire appliquer les lois.
Conseillers et procureurs sont élus pour deux ans par les citoyens actifs (ceux qui paient au fisc l'équivalent d'au moins dix journées de travail).
Les départements sont divisés en districts, eux-mêmes dirigés par un conseil élu de douze membres, et en communes, au nombre de 44.000. Les villes de plus de 25.000 habitants sont elles-mêmes découpées en sections.
Les membres des assemblées locales et départementales ne sont pas nommés par le gouvernement central comme les intendants des généralités de l'Ancien Régime. Ces assemblées bénéficient de ce fait d'une très grande autonomie.
Mais, très vite, les gouvernements révolutionnaires vont limiter leurs prérogatives en les soumettant à l'autorité d'un représentant muni de pouvoirs discrétionnaires puis, sous le Consulat de Napoléon Bonaparte, à l'autorité d'un préfet nommé par le gouvernement, véritable héritier des anciens intendants.
Le 14 janvier1930, André Maginot fait voter une loi en vue de construire une ligne fortifiée sur les frontières orientales de la France.
Très décriée après l'invasion de 1940, cette initiative n'en est pas moins approuvée dans l'instant par la grande majorité de la classe politique et du corps des officiers, y compris le capitaine Charles de Gaulle.
La ligne Maginot et la frontière franco-allemande
La France engage en 1930 la construction de la ligne Maginot. Trois ans plus tard, Hitler arrive au pouvoir. La Sarre, consultée par plébiscite en 1935, rejoint le Reich hitlérien ; peu après, le Führer rétablit le service militaire obligatoire en violation du traité de Versailles...
Le 14 janvier 1930, André Maginot fait voter une loi en vue de construire une ligne fortifiée sur les frontières orientales de la France...
Haut fonctionnaire, André Maginot (53 ans) s'est engagé comme soldat pendant la Grande Guerre et a fini celle-ci avec le grade de sergent et la médaille militaire. C'est l'un des très rares parlementaires à présenter de tels états de service, de sorte que ses collègues n'osent rien lui refuser quand la patrie est en débat... En 1920, il organise le transfert du Soldat Inconnu sous la voûte de l'Arc de Triomphe.
Ministre de la Guerre dans le gouvernement Poincaré, il reprend la suggestion émise par Paul Painlevé en 1925 de fortifier les frontières orientales du pays. Il plaide pour une ligne de défense flexible, capable de suppléer à la diminution des effectifs militaires prévue à partir de 1935 en raison du déficit des naissances. C'est ainsi qu'il obtient des parlementaires un crédit de 3,3 milliards de francs sur quatre ans.
Le chantier, le plus grand de son temps, va employer jusqu'à 20.000 ouvriers.
Ce réseau de fortifications à demi-enterrées comporte une cinquantaine de gros ouvrages équipés d'artillerie et quelques centaines de casemates et d'observatoires isolés. Il inaugure une conception purement défensive des stratèges français, à l'opposé de la conception offensive de leurs homologues d'Outre-Rhin. Il témoigne aussi d'une perte de confiance de la classe politique dans l'avenir des relations franco-allemandes... malgré la publication au même moment (1930) d'un mémorandum en faveur d'une union fédérale européenne par Aristide Briand.
Les fortifications débutent sur les bords de la Méditerranée, au-dessus de Menton, et s'égrènent jusqu'à la frontière belge et au-delà, y compris le long du Rhin. Mais dans le massif des Ardennes, jugé infranchissable par le haut commandement français, les autorités se contentent de fortifications légères.
Les Belges refusent par ailleurs que les Français prolongent la ligne Maginot le long de leur frontière car ils craignent d'être sacrifiés en cas de nouveau conflit entre la France et l'Allemagne. C'est ainsi que le long de la frontière avec la Belgique, la ligne Maginot se réduit à quelques ouvrages fortifiés de modeste importance.
Les gros ouvrages de la ligne Maginot couvrent en définitive 140 km sur la frontière du nord-est, longue de 760 km de la mer du Nord à la Suisse.
De l'autre côté de la frontière, le gouvernement allemand réplique dès 1937 avec une autre série de fortifications : la ligne Siegfried. Beaucoup plus légère que la ligne Maginot, elle a surtout vocation à tromper les Français sur la capacité offensive de la Wehrmacht.
Quand la guerre est déclarée à l'Allemagne de Hitler, moins de dix ans après la construction de la ligne Maginot, les fortifications remplissent dans l'ensemble leur office. De septembre 1939 à juin 1940, le fort de Schoenenbourg, au nord de l'Alsace, tire à lui seul près de 20.000 obus en 10 mois. Invaincu, son «équipage» ne se rend que le 1er juillet 1940, six jours après l'armistice, sur ordre express du haut commandement français.
Dans le secteur frontalier de Maubeuge, les hommes du 87e RIF résistent au prix de lourds sacrifices à une percée des blindés de la 5° Panzer du général Schmidt. Dans le secteur frontalier de l'Escaut, à Bouchain, des hommes du 45e RI (régiment d'infanterie), sous le commandement du colonel Desroches, empêchent le franchissement du fleuve du 22 au 26 mai 1940. Ce fait d'armes provoque le 2 juin 1940 la venue de Hitler en personne. Courroucé, le Führer se fait expliquer du haut de la Tour de l'Ostrevant par le général commandant le 8e Korps pourquoi ses unités ont été tenues en échec par un simple régiment d'infanterie.
Le 54e RIF et le 43e RI paient également un lourd tribut en résistant pendant six jours et six nuits aux assauts ennemis, rendant possible l'évacuation des troupes anglo-françaises à Dunkerque.
Au vu de ces exploits, on peut s'interroger sur les résultats de l'offensive allemande si la frontière belge et les Ardennes avaient été plus solidement fortifiées. La ligne Maginot a péché moins par ses insuffisances techniques que par le fait qu'elle ait servi d'alibi aux pacifistes de tout poil qui ont successivement abandonné l' Autriche et la Tchécoslovaquie au prétexte que la France n'avait de toute façon rien à craindre.
12 janvier 1870
Victor Noir, à peine âgé de 22 ans, était journaliste à La Marseillaise, une feuille révolutionnaire et violemment anti-bonapartiste. Elle avait été fondée quelques mois plus tôt par le polémiste et député d'extrême-gauche Henri Rochefort, de son vrai nom Victor Henri de Rochefort-Luçay.
Le prince Pierre Bonaparte, fils de Lucien Bonaparte, neveu de Napoléon 1er et cousin de Napoléon III, s'estimant diffamé par un article de La Marseillaise, provoque en duel son rédacteur en chef, Pascal Grousset. Ce dernier envoie Victor Noir et un ami au domicile du prince, 9, rue d'Auteuil, en vue d'organiser le duel.
L'entrevue se passe mal. Victor Noir, semble-t-il, lève sa canne sur le prince et celui-ci, se saisissant d'un pistolet, fait feu sur le jeune homme et le tue net.
Pierre Bonaparte (55 ans) a combattu dans le monde entier aux côtés des libéraux.
Il a été élu député d'extrême-gauche sous la Seconde République et depuis le début du Second Empire, il se tient en retrait de la cour.
Il est connu pour son tempérament très violent (il a tué un homme en Italie). Il sera néanmoins acquitté par la Haute Cour de justice le 21 mars 1870.
En attendant, les autorités ont pris la précaution d'organiser l'enterrement de sa victime dans le cimetière de Neuilly, au coeur des quartiers bourgeois de la capitale. En dépit de cela, l'émotion de la foule débouche sur de violentes manifestations hostiles à l'Empire et à Napoléon III.
C'est le début d'une agitation politique qui ne cessera pas jusqu'à la chute de Napoléon III, quelques mois plus tard, malgré la démocratisation du régime et l'arrivée au gouvernement du libéral Émile Ollivier.
Henri Rochefort, dans La Marseillaise, ose écrire: «J'ai eu la faiblesse de croire qu'un Bonaparte pouvait être autre chose qu'un assassin».
Une tombe courue
Peu après l'instauration de la IIIe République, la dépouille de Victor Noir a été transférée au cimetière du Père Lachaise, à l'Est de la capitale. Sa tombe jouit depuis cette date d'une popularité qui ne se dément pas...
Gisant de Victor Noir
Aujourd'hui encore, des jeunes filles et des femmes en mal d'amour ou d'enfant viennent, par superstition, effleurer une certaine protubérance du gisant sculpté par Amédée-Jules Dalou (ce qui explique l'usure du bronze à cet endroit).
Celles qui ont vu leurs voeux exaucés ne manquent pas de fleurir la tombe du malheureux et séduisant journaliste.