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Date de création : 27.11.2008
Dernière mise à jour :
08.02.2013
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Hulagu Khan
10 février 1258
Le nombre des victimes est d'au moins une centaine de milliers.
500 ans plus tôt, les Arabes avaient fait de Bagdad le siège du califat, autrement dit la capitale de l'islam.
Une civilisation nouvelle était née sur les bords de l'Euphrate, fécondée par les cultures grecque et perse, et les califes de la dynastie des Abbassides, à l'image d'Haroun al-Rachid, contemporain de Charlemagne, avaient fait rêver le monde occidental. Cette civilisation arabe est détruite sous les coups des Mongols.
Survivance du Califat
À la suite de l'irruption des Mongols, quelques survivants de la famille des Abbassides se réfugient au Caire, en Égypte, où les sultans mamelouks leur permettent de perpétuer le califat sous une forme purement honorifique.
Le sultan d'Istamboul, Sélim 1er, relèvera à son profit le titre de calife après sa conquête de l'Égypte en 1517. Le califat ottoman disparaîtra en 1924.
La ruine de Bagdad est achevée par l'irruption de Tamerlan, lointain descendant de Gengis Khan.
Dès lors, la prestigieuse capitale n'est plus que l'ombre d'elle-même et la destruction des réseaux d'irrigation par les Mongols réduit à la misère les populations. Le déclin du pays, que l'on appelle désormais Irak (en anglais Iraq), d'un mot arabe qui désigne le rivage, est inéluctable.
L'ancienne Mésopotamie est longtemps tiraillée entre les Perses, musulmans de confession chiite,et les Turcs ottomans, musulmans de confession sunnite.
Elle tombe sous la tutelle de ces derniers au début du XVIe siècle, suite aux campagnes militaires de Soliman II le Magnifique, sultan d'Istamboul. Celui-ci annexe définitivement l'Irak à son empire en 1533.
L'Irak moderne est créé à la fin de la Première Guerre Mondiale par les Britanniques sur les ruines de l'empire ottoman.
Le pays garde de son histoire agitée une grande hétérogénéité religieuse. Plus de la moitié des habitants sont des musulmans chiites, comme les Iraniens voisins. Les autres sont pour la plupart sunnites comme les neuf dixièmes des musulmans du monde. Le pays compte aussi une minorité chrétienne.
Giuseppe Mazzini
9 février 1849
Giuseppe Mazzini est de ceux-là. Né à Gênes en 1805, ce jeune avocat complote d'abord dans la Charbonnerie, une association secrète née dans le royaume de Naples au temps de l'occupation française. Les «carbonari» fomentent plusieurs soulèvements, en 1821 et en 1831, mais qui tous échouent faute de soutien populaire (à l'un de ces soulèvements, à Mantoue, participe un jeune homme promis à un grand avenir, Louis-Napoléon Bonaparte).
Mazzini se réfugie alors à Marseille où il crée son propre mouvement, Jeune Italie (Giovine Italia). Son programme tient en deux mots : l'unité dans la République, avec une devise : «Dio e popolo» (Dieu et le peuple). Il tente à Gênes, en 1834, un soulèvement qui ne réussit pas mieux que les précédents malgré le soutien d'un hardi combattant, le Niçois Giuseppe Garibaldi.
Condamné à mort par contumace, il s'enfuit en Suisse, où il crée un nouveau mouvement, Jeune Europe, puis à Londres, d'où il n'a de cesse de lancer des appels à la régénération de la patrie.
En 1846, Pie IX monte sur le trône de Saint-Pierre. Le nouveau pape réforme aussitôt les États pontificaux dans un sens libéral et les espoirs des patriotes italiens se reportent vers lui.
L'abbé piémontais Vincenzo Gioberti préconise une fédération autour du pape (dans la tradition des Guelfes qui, au Moyen Âge, s'opposaient aux Gibelins partisans de l'empereur d'Allemagne). Mazzini rattrappe l'idée au bond et, le 8 septembre 1847, de son exil de Londres, invite le pape à prendre la tête du mouvement national italien. Mais le souverain pontife reste indifférent à l'appel.
La révolution de Février 1848, à Paris, semble enfin apporter aux patriotes l'occasion tant attendue. Chacun évoque le «printemps des peuples» et rêve d'une Europe fraternelle et républicaine. À Milan, la population se soulève pendant les Cinq Jours des 18 au 23 mars 1848. Elle chasse de la ville les troupes autrichiennes du feld-maréchal Radetsky. Le roi de Piémont-Sardaigne, Charles-Albert, veut profiter des troubles civils pour chasser l'Autriche d'Italie... et s'emparer du Milanais. Mais les autres souverains et surtout le pape refusent de s'engager dans la guerre à ses côtés. Charles-Albert, battu à Custozza, doit signer un armistice le 3 août 1848 et se retire piteusement dans ses États.
Les patriotes, cependant, ne renoncent pas. À Rome, le 15 novembre 1848, Pellegrino Rossi, ministre de l'Intérieur et des Finances du pape, est assassiné. Pie IX, dans la crainte de l'émeute, s'enfuit dans la citadelle de Gaète, au sud de Rome. Il abandonne la Ville éternelle aux mains des démocrates.
Giuseppe Mazzini, qui a quitté Londres dès l'annonce des révolutions, est accueilli avec enthousiasme à Livourne puis à Rome même où, le pape étant parti, il proclame la République. Il institue un «triumvirat» à la manière antique avec deux autres républicains, Aurelio Saffi et Carlo Armellini, et gouverne Rome en dictateur.
Garibaldi, fidèle de Mazzini, prend fait et cause pour la République romaine. Quittant son exil suisse, l'éternel rebelle réunit une nouvelle troupe de «légionnaires» à la chemise rouge et se met en marche vers Rome. C'est avec une sourde inquiétude que la population romaine accueille ces quelque dix mille francs-tireurs arrogants et rustres.
Le vent tourne. Le roi Charles-Albert qui a repris imprudemment la guerre contre l'Autriche, est battu à plate couture à Novare et doit abdiquer. La situation devient des plus confuses... comme le rappelle l'expression «fare un quarantotto» (faire un 48 ou en d'autres termes, semer la pagaille). Les armées régulières rétablissent partout l'ordre ancien.
À Rome, le souverain pontife fait appel à la République française. Celle-ci envoie une armée sous les ordres du général Nicolas Oudinot, fils d'un maréchal d'Empire. Elle débarque à Civitavecchia le 25 avril et cinq jours plus tard, sur le mont Janicule, se heurte pour la première fois à Garibaldi et à ses Chemises rouges.
Les Français connaissent l'humiliation de la fuite. Leur représentant à Rome, le diplomate Ferdinand de Lesseps, serait d'avis de négocier avec le triumvirat en place mais il est désavoué par le ministre des Affaires étrangères, Alexis de Tocqueville (ces personnages s'illustreront dans d'autres domaines que la politique). Finalement, le président Louis-Napoléon Bonaparte envoie des renforts pour faire un siège en règle de Rome. Au terme d'un mois de rude résistance, les partisans de Garibaldi doivent se replier. Le 2 juillet 1849 tombe la République romaine.
Giuseppe Mazzini, une nouvelle fois, prend le chemin de l'exil et reporte ses espoirs sur l'union de l'Europe. En 1872, il a la satisfaction de revenir mourir dans une Italie enfin réunifiée, bien qu'il soit obligé pour cela d'emprunter une fausse identité.
8 février 1867
Le 8 février 1867, l'empire autrichien cède la place à une double-monarchie austro-hongroise.
Le nouvel État, communément appelé Autriche-Hongrie, se présente comme l'union de deux pays indépendants : l'empire autrichien proprement dit et le royaume de Hongrie. Ces deux États ne sont plus unis que par l'allégeance à un même souverain, François-Joseph 1er.
François-Joseph, (faut-il l'avouer ?), est moins connu aujourd'hui que sa femme, la princesse bavaroise Élisabeth, surnommée «Sissi», dont l'opulente chevelure avait séduit l'héritier des Habsbourg !
Il a permis à une famille issue du modeste château des Habsbourg, situé en Suisse, de dominer toute l'Europe centrale par le biais de fructueuses alliances matrimoniales.
Les Habsbourg ont même régné sur les Pays-Bas ainsi que sur l'Espagne et ses colonies d'outre-mer pendant quelques décennies, au temps de Charles Quint, archiduc d'Autriche, roi d'Espagne et empereur d'Allemagne !
Après le règne tourmenté de Charles Quint, ils se recentrent sur leur combat traditionnel contre les Turcs qui menacent Vienne et les peuples chrétiens du bassin du Danube.
François Joseph
En 1804, devançant une décision du nouvel empereur des Français, Napoléon 1er, François II échange le titre symbolique d'empereur du Saint Empire romain Germanique (ou empereur d'Allemagne) contre celui d'empereur d'Autriche et prend le nom de François 1er.
Le nouvel empire recouvre les possessions héréditaires d'Europe centrale sur lesquelles les Habsbourg exercent une autorité réelle...
Heureuse construction !
Un diplomate a pu dire en 1848 que «si l'Autriche n'avait pas existé, il eut fallu l'inventer», indispensable qu'elle était pour servir de protection aux pays danubiens face aux appétits des géants allemand et russe (on a pu vérifier a contrario la justesse de cette affirmation au XXe siècle).
En 1866, suite à la défaite de Sadowa face à la Prusse, l'empereur François-Joseph 1er renonce à ses dernières prétentions sur l'Allemagne et l'Italie. Il choisit de s'intéresser désormais à ses différents peuples. Sous l'influence de sa femme Élisabeth, sensible au charme des nobles hongrois, il transforme ses États en une confédération bicéphale où les Autrichiens de langue allemande et les Hongrois se partagent le pouvoir... sur le dos des Tchèques et des Slaves du sud.
L'unité de l'Empire reste assurée par l'allégeance de tous les sujets à un souverain commun, François-Joseph 1er, et par un ministère d'Empire chargé des affaires communes : Affaires étrangères, finances et guerre.
Sissi
Quelques mois après la signature du compromis, François-Joseph et Élisabeth ceignent à Budapest la couronne de saint Étienne, saint patron et premier roi de la Hongrie.
La Hongrie devient un royaume indépendant dénommé officiellement Transleithanie d'après une rivière, la Leitha, qui marque la limite entre les deux nouvelles entités. Autour de sa capitale, Pest (aujourd'hui Budapest), elle comprend le coeur de la Hongrie historique mais aussi la Croatie, la Transylvanie et la Slovaquie.
Les habitants de langue magyar (les Hongrois) représentent à peine la moitié de la population de cet ensemble très divers composé aussi de Slaves, d'Allemands, de Roumains, de gitans, de juifs etc... Ils sont redevables à la monarchie des Habsbourg de leur donner la préséance sur les autres minorités
Le reste de l'empire autrichien devient la Cisleithanie. Il comprend une majorité d'Allemands autour de Vienne et dans les monts Sudètes du nord de la Bohême, ainsi que de fortes minorités italiennes et slaves (Bohême, Slovénie et région polonaise de Cracovie).
La ligne de partage entre Cisleithanie et Transleithanie correspond à peu de choses près à l'ancienne limite du Saint Empire romain germanique, dissous en 1806.
Les Tchèques, qui se réclament du prestigieux royaume de Bohême, sont les grands perdants du compromis austro-hongrois. Mais, conscients de l'avantage d'appartenir à un grand ensemble danubien, ils placent leurs espoirs dans l'avènement d'une triple monarchie.
Les nobles hongrois, aussi appelés magnats, sont les grands gagnants du compromis austro-hongrois. Ils bénéficient de privilèges et d'exemptions fiscales qui les dissuadent de toute ouverture démocratique en Transleithanie.
Oublieux de la défaite de Sadowa, ils poussent l'empereur et roi François-Joseph 1er à se rapprocher de l'Allemagne. Ils voient en effet dans une alliance pangermaniste la meilleure garantie contre les revendications autonomistes des minorités slaves.
Tandis qu'il satisfait les Hongrois, le compromis austro-hongrois offre aux autres minorités l'espoir d'une évolution favorable de leur statut dans le cadre d'une fédération élargie. Il va durablement apaiser les tensions à l'intérieur de l'empire.
Par sa structure politique très souple, l'Autriche-Hongrie est un précurseur de l'Europe actuelle.
Elle va bénéficier pendant ses cinquante ans d'existence d'un immense rayonnement culturel et d'une expansion économique rapide.
De Trieste à Cracovie, toute l'Europe centrale en conserve la nostalgie dans son architecture comme dans son art de vivre.
Mais la double monarchie va se trouver fragilisée par l'entêtement des nobles hongrois à refuser tout nouveau compromis qui donnerait quelques droits aux Tchèques et aux autres Slaves.
L'Autriche-Hongrie s'effondrera à l'issue de la Grande Guerre, suite à l'agitation des tchèques Tomas Masaryk et Édouard Benès ainsi qu'aux revendications territoriales de l'Italie et de la Roumanie.
Invoquant le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, le président américain Woodrow Wilson et le président du Conseil français Georges Clemenceau autoriseront l'éclatement de la«Mitteleuropa» (Europe centrale en allemand).
L'auraient-ils voulu qu'ils n'auraient pu empêcher l'éclatement du vieil empire, épuisé par une guerre trop longue, en une myriade de petits États.
L'Autriche-Hongrie, forte de 50 millions d'habitants, avec une capitale rivale de Paris, Londres ou Berlin, va céder la place à plusieurs États rivaux, arc-boutés sur le mythe de leur identité nationale, linguistique ou ethnique : Autriche, Hongrie, Roumanie, Tchécoslovaquie, Yougoslavie.
A l'exception de l'empire, tous ces États se caractériseront par une aussi grande hétérogénéité de langues, de cultures et de religions que feu la double monarchie.
7 février 1992
Trente mois plus tôt, le Mur de Berlin est tombé et l'Europe centrale est sorti de quatre décennies d'enfermement. Des revendications démocratiques mais aussi nationalistes se sont fait jour aussitôt un peu partout.
En République fédérale allemande, le chancelier Helmut Kohl proclame aussitôt que le «rassemblement des Allemands» était en marche. Son ami et allié François Mitterrand fait la moue. Le président français, pétri de souvenirs de la Seconde Guerre mondiale, craint outre-mesure qu'une Allemagne réunifiée renoue avec des rêves de conquête. Il demande au chancelier de reconnaître avant toute chose la frontière germano-polonaise de l'Oder-Neisse. Mais le chancelier s'offusque de cette marque de défiance et refuse toute précipitation...
Prenant acte plus tard du caractère inéluctable de la réunification, le président français négocie alors, en contrepartie, le sacrifice du deutsche Mark sur l'autel de l'union monétaire européenne. Il met le projet sur la table lors d'un sommet européen, à Strasbourg, le 8 décembre 1989. Dans le même temps, les participants du sommet acceptent que le peuple allemand «recouvre son unité dans la perspective de l'intégration communautaire».
Un an plus tard débutent les conférences intergouvernementales destinées à mettre en oeuvre ces résolutions. Elles aboutissent au traité de Maastricht.
Le traité de Maastricht est le deuxième acte fondamental de la construction européenne après le traité de Rome du 27 mars 1957. Il trace la voie vers une union monétaire qui devient effective le 1er janvier 1999 pour onze pays de l'Union (le Royaume-Uni préfère conserver sa monnaie nationale).
C'est la première fois qu'une unification monétaire précède l'unification politique et sociale. Cette innovation réveille les opposants à l'Europe économique, jugée trop technocratique.
D'aucuns s'indignent que l'Europe parle gros sous pendant que des bandes mènent une guerre abominable autour de Sarajevo. En juin 1992, le petit Danemark, tout à l'euphorie de sa victoire sur l'Allemagne en Coupe d'Europe de football, ose rejeter le traité par référendum.
En France, le président François Mitterrand organise à son tour un référendum. Le traité est approuvé de justesse en septembre par le peuple français après des débats exceptionnellement virulents. Il faudra la froide obstination des responsables politiques et des instances européennes pour que le traité suive son cours.
6 février 1637
Le 6 février 1637, dans les tavernes d'Amsterdam et Harlem, villes opulentes des Provinces-Unies (Pays-Bas actuels), des négociants se retrouvent comme à l'habitude pour acheter et vendre des tulipes. Il ne s'agit que de promesses de ventes car les bulbes ne seront disponibles qu'au printemps...
Mais voilà qu'en rupture avec les semaines précédentes, les acheteurs se font réticents. Les cours, qui avaient atteint des sommets pharamineux dans les mois précédents, entament une tout aussi vertigineuse plongée.
Sur la base de quelques compte-rendus d'actualité, un journaliste britannique du XIXe siècle verra dans ce phénomène la première bulle spéculative de l'Histoire, prélude à la faillite de Law ou à notre «crise des subprimes» (2008). Sans doute son interprétation est-elle très exagérée.
"Vanité" par Jacob Marell
La «tulipmania» est à replacer dans le contexte politique et économique du temps : les Provinces-Unies sont alors en conflit contre l'Espagne pour obtenir leur indépendance, qui ne sera reconnue qu'en 1648, au terme d'une «Guerre de Quatre-Vingts ans».
Ce conflit permet aux commerçants néerlandais de s'enrichir considérablement. En effet, les armées espagnoles sévissent surtout au sud de l'Escaut (Schelde en flamand), dans ce qui deviendra bien plus tard la Belgique. En réaction, les Provinces-Unies bloquent l'estuaire de ce fleuve qui relie Anvers à la mer. Le port est ainsi ruiné et beaucoup de ses commerçants se réfugient au nord où ils contribuent à l'extraordinaire développement d'Amsterdam et des autres ports néerlandais.
Le commerce international, en direction de la Baltique, de la Méditerranée, mais aussi vers l'Asie, permet au pays de connaître son Âge d'or, avec la fondation en 1602 de la très lucrative Compagnie des Indes orientales (VOC). Amsterdam devient également la principale place financière d'Europe, grâce à un développement des techniques bancaires encouragé par l'État. La passion pour les objets exotiques se développe rapidement dans cette région ouverte sur le monde : on songe aux tableaux de Rembrandt ou encore de Vermeer, où abondent costumes, objets et personnages magnifiques.
À partir de la fin du XVIe siècle, le nord de l'Europe voit se développer un engouement extraordinaire pour les fleurs en général. Les horticulteurs rivalisent de talent pour améliorer les espèces déjà connues et en acclimater d'autres. Les premières tulipes arrivent de Constantinople vers le milieu du XVIe siècle, mais il faut plusieurs décennies pour multiplier les variétés, et les prix s'envolent dans les années 1630.
Les bulbes les plus recherchés s'échangent pour plusieurs milliers de florins, alors qu'un ouvrier spécialisé gagne environ 150 florins par an ! Tel bulbe aurait été échangé contre 12 ares de terrain constructible, tel autre contre le prix d'un carrosse et de son équipage. Il est vrai que ces bulbes appartiennent à une variété rare de tulipe, avec des couleurs exceptionnelles dues à un virus mutant et dont la reproduction est quasi-impossible, ce qui les assimile à une oeuvre d'art !
On se met à acheter des parts de bulbe d'autant plus facilement qu'on ne règle pas comptant mais à terme : on s'engage dès l'hiver à acheter en été - au moment où il pourra être transplanté -, tel ou tel bulbe, avec l'espoir de le revendre soi-même avec profit.
Un projet discuté à l'automne 1636 et soumis au Parlement l'année suivante prévoit que les contrats n'incluront plus une obligation d'achat, mais ne seront que des options : une aubaine pour les spéculateurs, qui affluent sur le marché. Jusqu'à ce jour de février 1637 où les cours s'effondrent brusquement. Les acheteurs se trouvent dans l'incapacité d'honorer leurs contrats et le marché entre dans une longue crise.
Faut-il parler pour autant de crise ? Les analyses récentes soulignent que la spéculation sur la tulipe n'a touché qu'un cercle restreint de commerçants et d'artisans néerlandais et qu'aucun de ceux-là n'a été ruiné par l'effondrement des cours. Les contrats à terme s'effectuaient en effet sans échange monétaire : leur résiliation entraînait un manque à gagner pour le vendeur mais pas de perte. Le commerce, d'autre part, a repris après quelques mois. Il paraît donc justifié de voir plus simplement dans la crise la correction brutale d'excès spéculatifs déconnectés de la demande.
Très vite, les artistes et moralisateurs s'empareront de ce thème pour dénoncer la vanité des biens de ce monde et tourner en ridicule ceux qui s'étaient livrés à ce commerce, assimilé à un jeu de hasard. L'austérité calviniste répugnant à de tels excès, les peintres représentent souvent des tulipes sur les natures mortes, genre alors très prisé aux Pays-Bas, pour rappeler que tout périt ici-bas.
Heureusement, les «bloemisten» (floristes) n'ont pas disparu des Pays-Bas et les champs de tulpen égaient encore le printemps batave.
Le village de Moulay Idriss
5 février 789
Depuis cette date, le Maroc n'a jamais totalement perdu son indépendance. Il a préservé jusqu'à nos jours son identité nationale.
Les disciples du prophète Mahomet s'étaient emparés de l'Afrique du Nord en quelques années. Mais les tribus berbères des montagnes n'avaient eu de cesse de se révolter contre les envahisseurs arabes.
Fuyant les combats entre factions musulmanes, un prince arabe (on dit aussi chérif) se réfugie dans le Moyen Atlas. Il s'appelle Idriss et n'est autre qu'un petit-fils d'Ali et de Fatima, la fille de Mahomet.
Idriss est accueilli par la tribu berbère des Aouraba, qui vit autour de Volubilis (Oualila en berbère), une ville créée par les Romains au coeur de la Maurétanie Tingitane. Reconnu comme roi, le nouveau venu rejette l'autorité du calife de Bagdad et prend le nom d'Idriss 1er.
Après trois ans de règne, il est assassiné par un agent du calife Haroun al-Rachid. Mais il laisse une femme enceinte. Celle-ci donne le jour à un fils qui règnera plus tard sous le nom d'Idriss II.
Le nouveau roi unifie le nord du Maroc autour de sa dynastie, les Idrissides. Il quitte Oualila et transfère sa capitale à Fès, dans une magnifique vallée du Moyen Atlas. La ville devient ainsi le premier foyer de la culture marocaine.
Le royaume va vivre dans une farouche indépendance, non sans développer des relations étroites et parfois violentes avec l'émirat arabe de Cordoue, en Espagne, et, plus tard, avec les monarchies catholiques de la péninsule comme avec la Turquie ottomane.
Untombeau aux sources du royaume
Adossé aux premiers versants du massif du Zehroun, au-dessus de la plaine fertile de Meknès, le village de Moulay Idriss entoure de ses maisons blanches la tombe du premier roi du Maroc.
A quelques kilomètres de ce haut lieu de pèlerinage, on peut aussi flâner dans les ruines émouvantes de la cité romaine de Volubilis.
4 février 1794
Le 19 février 1788, avec quelques nobles libéraux comme les marquis de Mirabeau, de Lafayette et de Condorcet, il fonde la «Société des Amis des Noirs». Elle est calquée sur une société fondée quelques mois plus tôt par des Quakers anglais.
Quelques dizaines d'autres Français éclairés partagent leur combat. Parmi eux l'abbé Reynal, l'écrivain Jean-Sébastien Mercier, Loménie de Brienne, Pétion,...
Plus utopistes que les abolitionnistes anglais, notamment William Wilberforce, ils réclament non seulement la fin de la traite (l'achat de Noirs en Afrique et leur revente en Amérique) mais aussi l'abolition immédiate de l'esclavage proprement dit.
Quand, au début de la Révolution, la célèbre Nuit du 4 août met fin aux privilèges féodaux, seul le duc de La Rochefoucauld-Liancourt envisage d'étendre aux esclaves le principe d'égalité devant la Loi. Un peu plus tard, quand les députés promulguent la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen, celle-ci n'a de retentissement que chez les planteurs blancs des colonies. lls imaginent déjà de prendre leur indépendance à la manière des Nord-Américains, au nom de la liberté...
L'Assemblée Constituante fait un modeste pas en avant vers l'émancipation des personnes de couleur en accordant en mars 1790 quelques droits politiques aux mulâtres et aux Noirs affranchis. C'est manifestement insuffisant !...
Le 15 mai 1791, le débat fait à nouveau rage à l'Assemblée nationale. Les représentants des colonies, qui sont des planteurs de souche noble, menacent de se séparer de la métropole si l'on abolit l'esclavage. Ils justifient son maintien en invoquant le droit de propriété inscrit dans la Déclaration («article XVII : La propriété étant un droit inviolable et sacré, nul ne peut en être privé, si ce n'est lorsque la nécessité publique, légalement constatée, l'exige évidemment, et sous la condition d'une juste et préalable indemnité») !
Cela n'empêche pas un député, Pierre Samuel Dupont de Nemours, de plaider courageusement pour l'abolition au nom des grands principes : «On nous menace du ressentiment de ces nobles d'outre-mer... Ils se consoleront comme se sont consolés les nobles français qui avaient un peu de sens. Si toutefois cette sécession devait avoir lieu, il vaudrait mieux sacrifier la colonie plutôt qu'un principe». Finalement, l'Assemblée se contente d'accorder le droit de vote à certains hommes de couleur libres.
Le 28 mars 1792, la nouvelle Assemblée législative fait un nouveau pas en avant et établit une égalité de droit entre tous les hommes libres (à l'exception des esclaves).
Ces demi-mesures et ces dissensions ne satisfont guère les esclaves. À Trois-Rivières, au sud de la Guadeloupe, une des petites Antilles, une révolte aussi brève que violente éclate dans la nuit du 20 avril 1793. Plusieurs Blancs sont massacrés.
À Saint-Domingue (aujourd'hui Haïti), la principale et la plus riche de toutes les colonies françaises, affranchis et esclaves se soulèvent sous le commandement d'un chef nommé Toussaint Louverture. Devant ce soulèvement et les menaces d'invasion anglaise et espagnole, les commissaires de la République française à Saint-Domingue, Sonthonax et Polverel, se résignent à proclamer la liberté générale des esclaves. C'est chose faite le 29 août 1793 dans la province du Nord et le 4 septembre dans les parties ouest et sud.
La Convention généralise ces décisions en votant enfin l'abolition de l'esclavage dans toutes les colonies sur une proposition des députés Lacroix, Danton et Levasseur. Les députés de Saint-Domingue sont l'objet de toutes les attentions et le décret du 16 pluviôse An II est voté dans l'enthousiasme.
Il énonce : «La Convention déclare l'esclavage des nègres aboli dans toutes les colonies ; en conséquence, elle décrète que tous les hommes, sans distinction de couleur, domiciliés dans les colonies, sont citoyens français et jouiront de tous les droits assurés par la Constitution.»
Abolition de l'esclavage
Le vote des Conventionnels, si remarquable soit-il, passe inaperçu dans l'opinion publique. Il est aussi à noter que, quelques décennies plus tard, le grand historien républicain Jules Michelet ne lui accorde aucune place dans sa monumentale Histoire de la Révolution française, car il réserve toute son attention aux luttes internes en métropole.
Le décret de Pluviôse est appliqué de façon très variable selon les colonies.
– Dans l'Océan Indien, l'île de la Réunion et l'île de France (aujourd'hui île Maurice), qui forment l'archipel des Mascareignes, ignorent proprement le décret du fait de l'opposition résolue des colons. L'île de France, plus tard annexée par Londres, attendra 1833 pour abolir l'esclavage et la Réunion, restée française, 1848.
Dans les petites Antilles, les Anglais s'emparent de la Martinique et de la Guadeloupe avant que le décret ne prenne effet.
– La Martinique sera restituée aux Français par la paix d'Amiens, après l'abolition du décret (1802). Dans cette île, l'esclavage ne sera donc pas aboli avant l848.
– En Guadeloupe, par contre, les Anglais sont chassés dès mai 1794 par un ancien corsaire d'origine marseillaise, Victor Hugues, à la tête d'un millier d'hommes. Beaucoup de planteurs choisissent d'émigrer et leurs propriétés sont mises sous séquestre par les représentants de la République. Victor Hugues, nouveau maître de l'île, fait immédiatement appliquer le décret de Pluviôse mais les esclaves, à peine libérés de leurs chaînes, sont aussitôt astreints à travailler comme salariés sur les plantations. Beaucoup se révoltent en 1797 contre leurs nouveaux maîtres (Blancs ou affranchis de couleur au service de la République).
– Dans la grande et riche île de Saint-Domingue, les planteurs appellent les Anglais sitôt voté le décret de Pluviôse ! Le chef des esclaves insurgés, Toussaint Louverture, voyant cela, se rallie au gouvernement de la Révolution et combat les Anglais qui ont débarqué en masse sur l'île. En octobre 1798, le dernier Anglais quitte l'île. Toussaint Louverture, fort de son succès, annexe la partie espagnole de l'île. Il rétablit la prospérité en imposant, comme en Guadeloupe, le travail forcé. Le 8 juillet 1801, il proclame l'autonomie de Saint-Domingue et se nomme Gouverneur général à vie de la nouvelle République. À Paris, le Premier Consul Napoléon Bonaparte n'apprécie guère...
En 1801, Bonaparte envoie à Saint-Domingue une puissante expédition militaire pour reprendre possession de l'île, sous le commandement de son beau-frère, le général Charles Leclerc. Ce sera un dramatique échec.
L'année suivante, il envoie en Guadeloupe une autre expédition sous le commandement du général Antoine Richepance pour réprimer une insurrection conduite par un ancien officier de la Révolution, Louis Delgrès, fils d'un planteur blanc de la Martinique et d'une mulâtresse. Au prix de nombreuses atrocités, Richepance réussit à reprendre l'île aux insurgés et à y rétablir l'esclavage. Ce faisant, il va plus loin que le décret du 20 mai 1802, qui excluait la Guadeloupe des colonies où devait être restauré l'esclavage !
La France, qui a été en 1794 l'un des premiers États au monde à tenter d'en finir avec l'esclavage ne l'abolira définitivement qu'en 1848, soit quinze ans après le Royaume-Uni.
3 février 1468
Le 3 février 1468 meurt à Mayence, sur les bords du Rhin, un certain Johannes Gensfleisch, plus connu sous le nom de Gutenberg.
Ce modeste graveur, en inventant l'imprimerie, a autant révolutionné l'humanité que son contemporain Christophe Colomb en débarquant en Amérique. L'un et l'autre demeurent plus présents dans la mémoire des hommes que n'importe lequel des souverains et dirigeants de leur époque.
L'imprimerie, première industrie de masse
Gutenberg est né dans une famille bourgeoise de Mayence entre 1397 et 1400 mais a dû s'exiler en 1428, sans doute à la suite d'une rixe.
Il s'établit alors à Strasbourg où il ouvre un atelier de gravure sur bois. Il en profite pour perfectionner un procédé de gravure à base de caractères mobiles en plomb.
On lui doit ainsi l'invention de l'imprimerie (*). Celle-ci a révolutionné la manière de fabriquer des livres et, en abaissant considérablement leur prix, mis la lecture à la portée de tous.
Avec Gutenberg, les hommes ont aussi découvert l'utilité de mécaniser le travail manuel !
Manuscrits, copistes et miniaturistes
Avant Gutenberg, les livres étaient écrits à la plume d'oie par des copistes professionnels sur des feuilles de parchemin ensuite reliées entre elles.
Au début du Moyen Âge, la confection de ces livres appelés manuscrits (d'après l'expression latine manus scriptus qui veut dire : écrit à la main) était le lot des moines. Des ateliers monastiques appelés scriptoriums s'étaient spécialisés dans la recopie de la Bible, de livres religieux et d'ouvrages hérités de l'Antiquité.
Le film de Jean-Jacques Annaud Le nom de la Rose (1986, d'après un livre d'Umberto Eco) montre un scriptorium de cette sorte mais avec une erreur de taille car l'histoire est supposée se dérouler en 1327. Or, les monastères ont abandonné la confection des manuscrits à des ateliers laïcs dès les années 1200 !
Les ateliers de copistes se multiplient dans les villes universitaires comme Paris. Ils travaillent pour les clercs laïcs (érudits, professeurs,...). Ils vendent aussi des Bibles et des livres d'heures (recueil de prières pour chaque moment et chaque jour de l'année) à des bourgeois et des nobles.
Les clients passent commande à un libraire qui définit avec eux le cahier des charges puis répartit le travail entre différents ateliers spécialisés : à l'atelier des copistes s'ajoute ceux des filigraneurs, des enlumineurs, qui agrémentent les pages de délicates miniatures ou enluminures aux couleurs vives, des relieurs etc. Dans ces ateliers, on travaille souvent en couple et en famille. Ainsi des femmes s'attirent-elles à Paris une solide réputation d'«enlumineuresses».
«Un bon copiste exécute en général un ou deux feuillets par jour, y compris les réglures sur lesquelles se cale son texte», explique Marie-Hélène Tessière, conservateur en chef à la BNF. «Au final, au XIVe siècle, une Bible modeste, sans enluminure, revient environ au même prix qu'une vache».
À l'époque de Gutenberg, l'art de l'enluminure est à son apogée avec des ateliers comme celui de Jean Fouquet ou des frères de Limbourg. Mais la copie de manuscrits n'est plus en état de satisfaire les besoins de lecture et d'apprentissage d'un nombre croissant d'étudiants et d'érudits. L'Europe, dans l'impasse, est dans l'attente d'une révolution... Ce sera donc l'imprimerie. Un procédé magique
L'imprimerie est dérivée de la gravure sur cuivre ou sur bois, une technique connue depuis longtemps en Europe et en Chine mais seulement utilisée pour reproduire des images :
– on grave l'image sur une surface en cuivre ou en bois,
– on enduit d'encre la partie en relief,
– on presse là-dessus une feuille de papier de façon à fixer l'image sur celle-ci.
Gutenberg a l'idée aussi simple que géniale d'appliquer le procédé à des caractères mobiles en plomb. Chacun représente une lettre de l'alphabet en relief. Leur assemblage ligne à ligne permet de composer une page d'écriture. On peut ensuite imprimer à l'identique autant d'exemplaires que l'on veut de la page, avec un faible coût marginal (seule coûte la composition initiale).
Quand on a imprimé une première page en un assez grand nombre d'exemplaires, on démonte le support et l'on compose une nouvelle page avec les caractères mobiles. Ainsi obtient-on un livre à de nombreux exemplaires en à peine plus de temps qu'il n'en aurait fallu pour un unique manuscrit !
Notons que le graveur rhénan n'est pas à proprement parler l'inventeur des caractères mobiles en métal car on a trouvé les premiers exemplaires en Corée. Leur fabrication remonte aux environs de 1390. Mais les Coréens n'en ont pas tiré parti. Sans doute ne ressentaient-ils pas le besoin de l'imprimerie aussi fortement que les Européens de la Renaissance.
L'imprimerie façon Gutenberg
L'imprimerie de Gutenberg est au confluent de quatre innovations techniques :
– en premier lieu les caractères mobiles en plomb,
– le papier, substitut au parchemin (cuir tanné très fin),
– l'encre, assez grasse pour ne pas détremper le papier,
- la presse à bras.
La presse d'imprimerie est analogue à un pressoir à raisin, d'où son nom.
Les caractères mobiles en plomb sont appelés types, du grec tupos, empreinte, qui vient lui-même de tuptein, frapper. D'où le nom de typographie (du grec tupos et grapheinécrire) donné au procédé d'imprimerie de Gutenberg.
Les caractères mobiles sont disposés sur la partie inférieure de la presse, appelée «marbre». On les encre et l'on dispose au-dessus une feuille de papier. On imprime la feuille par une pression sur la partie supérieure de la presse, appelée «platine».
Le papier, indispensable à l'imprimerie, est apparu en Chine dès le IIIe siècle avant JC ; il a été révélé aux Européens par les Arabes, qui l'ont eux-mêmes acquis des Chinois à Samarkande en 712. Dès 794, il existe une manufacture de papier à Bagdad. Le mot vient du papyrus, plante fibreuse du delta du Nil, qui servait parfois à sa fabrication, en concurrence avec le lin puis le coton.
Le vélin, papier très fin, rappelle le parchemin de grande qualité que l'on tirait au Moyen Âge d'une peau de veau ou d'agneau.
C'est à l'influence chinoise que l'on doit le découpage habituel des livres en feuillets pliés in-folio (feuillet de 4 pages), in-quarto (feuillet de 8 pages) ou in-octavo (feuillet de 16 pages).
NB : aujourd'hui, la typographie est remplacée par d'autres procédés, tels que l'offset ou l'héliogravure.
Bible
Ayant mis au point son procédé d'impression, Gutenberg revient en 1448 dans sa ville natale, Mayence, et s'associe avec Johann Fust pour fonder un atelier de typographie.
Au prix d'un énorme labeur, il achève en 1455 la Bible «à quarante-deux lignes», dite Bible de Gutenberg. Ce premier livre imprimé à quelques dizaines d'exemplaires recueille un succès immédiat. Il est suivi de beaucoup d'autres ouvrages.
Le procédé de typographie se diffuse à très grande vitesse dans toute l'Europe (on ne peut s'empêcher de comparer ce succès à celui de... l'internet).
On estime que quinze à vingt millions de livres sont imprimés dès avant 1500 (au total 30.000 éditions, 10.000 à 15.000 textes différents).
Ces livres sont imprimés en lettres gothiques. 77% sont en latin, la langue commune à tous les lettrés européens, et près de la moitié ont un caractère religieux. Les livres de cette époque portent le nom d'«incunables» (du latin incunabulum, qui signifie berceau).
Beaucoup d'incunables sont imprimés à Venise, alors en pleine gloire. Au siècle suivant, le XVIe, Paris, Lyon et Anvers deviennent à leur tour de hauts lieux de l'imprimerie avec un total de 200.000 éditions.
Gutenberg n'a pas le loisir de savourer son succès. L'année même de la publication de sa Bible, son associé lui intente un procès pour se faire rembourser une somme prêtée lors de leur installation. Dans l'incapacité de payer, l'imprimeur se voit confisquer son matériel de typographie le 6 novembre 1455.
Il parvient à fonder plus tard une nouvelle imprimerie. En 1465, il est anobli par l'archevêque de Mayence et reçoit une pension. C'est enfin la consécration.
Pendant ce temps, Johann Fust s'associe avec son gendre Peter Schöffer et tous les deux ont l'honneur d'imprimer le premier livre en couleurs.
Unerévolution intellectuelle, spirituelle et politique
Les conséquences de l'imprimerie sont immenses. D'abord sur la manière de lire et d'écrire : les imprimeurs aèrent les textes en recourant à la séparation des mots et à la ponctuation ; ils fixent aussi l'orthographe. Au XVIe siècle, ils commencent de numéroter les pages.
Comme chacun peut disposer de son propre livre, on recourt moins souvent à la lecture publique. Au détriment de celle-ci, la lecture silencieuse (et rapide) se développe très vite.
L'instruction et plus encore l'esprit critique se répandent alors à grande vitesse dans la mesure où de plus en plus de gens peuvent avoir un accès direct aux textes bibliques et antiques, sans être obligés de s'en tenir aux commentaires oraux d'une poignée d'érudits et de clercs.
C'est ainsi qu'un demi-siècle après l'invention de l'imprimerie va se produire la première grande fracture intellectuelle dans la chrétienté occidentale avec la Réforme de Martin Luther et l'émergence du protestantisme.
Les pouvoirs établis tentent de réagir en interdisant ou censurant les livres jugés pernicieux. En août 1544, la faculté de théologie de Paris établit une première liste manuscrite de 230 livres déconseillés, sous le nom d'Index librorum prohibitorum. On y trouve Pantagruel et Gargantua de Rabelais, interdits pour cause d'obscénités !
À l'occasion du concile de Trente, le Saint-Siège reprend l'idée à son compte. Il publie en 1559 l'Index romain. Celui-ci sera régulièrement remis à jour jusqu'en 1948 et ne sera abandonné qu'en 1966 ! On lui doit l'expression "mettre à l'index", synonyme d'interdire ou censurer.
2 février 1625
Le 2 février 1625, les Hollandais construisent un fortin sur Manhattan, l'une des nombreuses îles et presqu'îles qui composent l'embouchure du fleuve Hudson.
L'établissement est baptisé La Nouvelle Amsterdam (Nieuw Amsterdam en hollandais). Son nom actuel est... New York
L'endroit a été exploré un siècle plus tôt par Verrazano, un navigateur italien au service du roi de France François 1er.
En 1609, Henry Hudson, un navigateur anglais au service de la Compagnie hollandaise des Indes occidentales (VOC), tente, après bien d'autres, de découvrir un hypothétique passage du Nord-Ouest qui permettrait d'atteindre la Chine en contournant le continent américain par le nord.
Il remonte le fleuve auquel il va laisser son nom jusqu'à l'actuelle ville d'Albany, à 150 km à l'intérieur des terres. N'ayant cure de la présence d'Indiens (des Algonquins), il revendique les régions environnantes au nom de la Hollande. L'année suivante, au cours d'une ultime expédition qui lui sera fatale, le navigateur découvrira la grande baie du Canada qui porte aussi son nom.
À la suite d'Hudson, les Hollandais créent de modestes comptoirs à l'embouchure du fleuve, en vue du commerce des fourrures. Puis la puissante VOC prend les choses en main. En 1624, elle envoie sur l'île de Manhattan trente familles de protestants flamands, français et surtout wallons, en vue d'y fonder une colonie permanente. Celle-ci se concrétise par la construction de quelques maisons et d'un fortin à la pointe méridionale de l'île de Manhattan. Elle se fait connaître indifféremment sous le nom de Nouvelle-Hollande ou Nova Belgica.
Le premier gouverneur général de la colonie s'appelle Peter Minuit. Il légalise l'occupation de l'île en remettant aux Algonquins des parages quelques perles de pacotille d'une valeur de 60 florins (ou 24 dollars, selon une estimation tardive)... À ces Indiens qui se donnent le nom de Manhattes, les Hollandais empruntent celui-ci pour baptiser l'île elle-même.
Au vu de ce qu'est aujourd'hui la valeur foncière de Manhattan, on pourrait y voir le plus bel investissement... ou la plus grosse escroquerie de tous les temps, si ce n'est que les Algonquins qui reçurent les babioles n'étaient que de passage sur l'île et n'avaient aucun motif d'en revendiquer la propriété !
La Compagnie concède de vastes étendues de terres à de riches Hollandais, les patroons. Mais la mise en valeur se fait attendre. Les débuts sont difficiles. Guerres avec les Algonquins qui dédaignent de payer l'impôt, épidémies de choléra, arrivée des premiers esclaves noirs en 1626...
En 1655, les Hollandais étendent leur territoire en s'emparant de la petite colonie suédoise du Delaware. Mais ce succès est sans lendemain.
Les Anglais, à la fin du XVIIe siècle, commencent à damer le pion aux Hollandais partout sur les mers. En 1664, ils les chassent définitivement de toutes leurs colonies d'Amérique du nord. C'est ainsi que quatre navires anglais bloquent le port de la Nouvelle Amsterdam. Le gouverneur hollandais, Peter Stuyvesant, se résout alors, sans drame, à céder la colonie au roi Charles II Stuart.
Le traité de Breda de 1667, qui met fin à la guerre anglo-hollandaise, confirme la cession à Londres de la ville et de son arrière-pays, la Nouvelle Hollande. La Nouvelle Amsterdam prend alors le nom de La Nouvelle York (New York), en hommage au duc d'York, héritier du trône d'Angleterre, qui deviendra roi sous le nom de Jacques II.
La colonie connaît un rapide développement du fait de sa situation avantageuse qui la met en relations avec les Grands Lacs et les Grandes Plaines centrales par l'intermédiaire de l'Hudson et de son affluent, la Mohawk.
À la veille de la guerre d'Indépendance, New York est déjà la principale ville d'Amérique du Nord avec environ 30.000 habitants.
Cité populeuse et industrieuse, elle se distingue de l'aristocratique Boston et de la commerçante Philadelphie. Elle voit la naissance de l'organisation secrète des Fils de la Liberté (Sons of Liberty) qui va inaugurer les manifestations publiques contre le gouvernement colonial de Londres.
New York est occupée par les troupes anglaises pendant toute la durée de la guerre, de la déclaration d'indépendance au traité de Versailles(1776-1783).
Méfiants à son égard, les dirigeants des nouveaux États-Unis transfèrent en 1797 à Albany le gouvernement de l'État de New York. Ils installent le gouvernement fédéral plus au sud, près de la Virginie, dans une cité qui prendra le nom de Washington, le premier président du pays. Qu'à cela ne tienne. À partir de 1792, des marchands de New York City prennent l'habitude de se réunir sous un arbre près de l'ancien mur d'enceinte des Hollandais, en un lieu appelé Wall Street pour y négocier leurs affaires. C'est l'amorce de la première place financière du monde actuel.
Malgré un gigantesque incendie, les 16 et 17 décembre 1835, qui ravage les derniers vestiges de l'époque coloniale, New York poursuit son développement. La métropole compte 500.000 habitants en 1850 et trois millions à la fin du XIXe siècle. L'invention de l'ascenseur électrique suscite la construction des premiers gratte-ciel, posés sans façon sur le granit de Manhattan.
Les immigrants affluent d'Europe. Au total, 16 millions transitent par l'île d'Ellis (Ellis Island), aujourd'hui transformée en musée.
En 1909, dans un guide intitulé The Wayfarer in New York, édité par Edward S. Martin, la ville est présentée comme le fruit d'un arbre dont les racines plongeraient dans le Mississipi et les branches atteindraient les deux océans. Elle est qualifiée de... «Grosse Pomme» (en anglais «The Big Apple»), surnom qui sera popularisé par les musiciens de jazz.
Aujourd'hui, New York est la plus grande métropole de la planète, grande sinon par le chiffre de sa population (8 millions d'habitants sur 785 km2), du moins par son effervescence intellectuelle et par sa diversité, qui en fait un «melting-pot» (creuset) de l'humanité entière.
La tragédie sans pareille du 11 septembre 2001 a fait entrer l'Histoire dans la ville.
1er février 1662
Les Portugais avaient été au siècle précédent les premiers Européens à poser le pied sur la grande île de la Chine du sud. Séduits par son charme, ils lui avaient donné le nom de «Formosa» (la Belle). Ce nom, Formose en français, lui est resté jusqu'au milieu du XXe siècle, époque à laquelle elle a pris le nom chinois de son ancienne capitale : Taïwan.
On était à l'époque où les Portugais mais aussi les Espagnols, les Anglais, les Hollandais, les Français.... parcouraient les océans en quête d'épices et de métaux précieux.
Les Chinois, sous les empereurs Ming, ne les avaient pas attendus pour organiser eux-mêmes d'audacieuses expéditions maritimes dans l'Océan indien et jusqu'aux rives de l'Arabie. Ils disposaient pour cela de la boussole et de magnifiques jonques à voiles lattées, avec des gréements de haute mer, incapables toutefois de louvoyer contre le vent. Mais au début du XVIIe siècle, lassés par les expéditions lointaines, les empereurs Ming s'étaient repliés sur le continent et avaient même supprimé leur police des côtes.
Dans la mer de Chine, la piraterie en provenance du Japon s'en trouva encouragé. Ce fut l'heure de gloire pour un pirate chinois du nom de Tcheng Tche-long, originaire d'une humble famille de pêcheurs du Foukien. À partir de 1625, il pille allègrement les villes du littoral puis il séjourne à Macao, où il est baptisé par les Portugais, ce qui lui vaudra d'être plus tard connu sous le nom de Nicholas Iquan. Il s'établit ensuite chez les Espagnols de Manille puis au Japon où il se marie.
De retour en Chine, Tcheng Tech-long se met au service de l'empereur Chongzhen qui le nomme... amiral de la flotte impériale. Mais le 3 avril 1644, l'empereur se suicide tandis que Pékin est investie par un chef de bande.
Les farouches Mandchous du nord arrivent à la rescousse des armées impériales. Ils en profitent pour éliminer les Ming et fonder leur propre dynastie. Elle durera jusqu'à la fondation de la République chinoise.
Fidèle à l'ancienne dynastie, Tcheng Tech-long (alias Nicolas Iquan) entre en guerre contre les usurpateurs. Mais il est capturé par trahison, transféré à Pékin et meurt assassiné en 1646.
Le pirate laisse un fils qu'il a eu de son épouse japonaise. Ce fils, né le 28 août 1624 à Hirado, près de Nagasaki, porte le nom chinois Tcheng Tch'eng-kong (ou Chang Cheng-kung) mais il restera dans l'Histoire sous le nom que lui ont attribué les Européens : Koxinga.
Koxinga reprend le combat de son père contre les empereurs mandchous et la bureaucratie de Pékin. Comme beaucoup de riches Chinois du Sud, il fait partie d'une association secrète fidèle à l'ancienne dynastie, la «Triade». De 1646 à 1658, il écume les côtes du Foukien et les îles d'Amoy (Hiamen) et Quemoy (Kinmen).
Koxinga remonte même le fleuve Yang-tseu kiang et tente sans succès d'enlever aux Mandchous la capitale de la Chine du Sud, Nankin.
Comme l'empire mandchou résiste à ses attaques, Koxinga tourne ses regards vers Formose où les Hollandais se sont établis une quarantaine d'années plus tôt en profitant des difficultés des Ming. L'île, très montagneuse et d'une surface de 36.000 km2 (l'équivalent de la Belgique ou des Pays-Bas) est surtout peuplée d'aborigènes. Elle compte aussi quelques poignées de colons chinois arrivés quelques siècles plus tôt.
Koxinga apprend que la flotte hollandaise, sous le commandement de Jan van der Laan, a quitté l'île, ne laissant qu'une petite garnison dans la citadelle de Zeelandia. Le pirate veut profiter de l'aubaine. Il rallie Formose sans attendre avec 900 navires et 30.000 hommes et met le siège devant la citadelle.
Après la prise de celle-ci, il se proclame roi de l'île et entreprend sa soumission. Mais il meurt le 23 juin de la même année, à 38 ans, peut-être par suicide, après avoir essuyé de nombreux revers. Son fils lui succède à la tête du royaume insulaire jusqu'à sa propre mort, en 1681. Deux ans plus tard, le grand empereur Kangxi reprend le contrôle de l'île.
Koxinga est devenu un héros national à Taïwan car il symbolise la volonté d'indépendance de l'île. Dans son sillage, des millions de Chinois en quête de subsistance ont quitté comme lui la Chine continentale. Disséminées dans le monde entier, leurs communautés actives et prospères forment aujourd'hui une véritable Chine de l'extérieur. Une partie, les «Hakkas», se sont installés à Formose qu'ils ont complètement sinisée.