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Date de création : 27.11.2008
Dernière mise à jour :
08.02.2013
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Kubilai Khan
20 février 1846
Le 20 février 1846, le gouvernement français de Louis-Philippe 1er impose à la Chine un édit de tolérance en faveur du christianisme.
L'édit concédé par l'empereur mandchou autorise la pratique de la religion dans les principaux ports et interdit toute forme de persécution. Il ordonne même la reconstruction des vieilles églises détruites lors des persécutions précédentes. Il s'agit d'un nouvel épisode dans l'histoire en dents de scie des relations entre le monde chinois et le christianisme.
Le christianisme s'est acclimaté en Chine dès les premiers siècles de notre ère sous sa forme nestorienne (de Nestorius, un patriarche de Constantinople).
Au XIIIe siècle, des missionnaires mettent leurs pas dans ceux de Marco Polo et se rendent à la cour de l'empereur Kubilaï Khan, à Pékin. Certains Occidentaux rêvent d'une alliance avec les Mongols et leurs sujets chinois contre les Turcs. En 1338, la mort de Jean de Montcorvin, premier archevêque de Pékin, met un point final à ce rapprochement.
Au XVIe siècle, les commerçants et les conquérants européens se lancent sur les mers et des Portugais atteignent les rivages chinois. Les missionnaires ne restent pas inactifs. Le jésuite espagnol François Xavier tente d'aller prêcher en Chine mais il meurt près de Canton en 1552 sans avoir pu y pénétrer. Plus tard, le jésuite italien Matteo Ricci et ses compagnons réussissent à pénétrer en Chine à partir du port portugais de Macao. Avec habileté, Matteo Ricci obtient en 1598 de résider deux mois à Pékin. De 1601 à sa mort en 1610, il va y résider en permanence.
Les jésuites se font d'abord passer pour des sortes de moines bouddhistes avant de s'apercevoir que ces derniers ne sont pas en odeur de sainteté chez les lettrés. Très vite, ils comprennent leur intérêt d'adopter les manières de ces mêmes lettrés et en viennent à se faire introduire à la cour des empereurs Ming en témoignant de leur grandes compétences... dans les sciences, l'astronomie et les arts militaires.
Ils servent avec autant d'efficacité les empereurs de la dynastie suivante, les Mandchous ou Qing. Il s'en faut de peu que la cour ne se convertisse. Mais des Européens zélés exclurent tout accommodement entre le catholicisme et le culte des ancêtres, de sorte que les jésuites durent renoncer à leur entreprise.
Au XIXe siècle, la Chine des empereurs mandchous est en pleine décadence et accuse un grave retard sur l'Occident.
Rivales mais néanmoins alliées, l'Angleterre, la France et les États-Unis imposent à l'empereur Tao-kouang l'ouverture de plusieurs ports et même la liberté de commerce de l'opium.
La mauvaise réputation de l'Occident pervers et «barbare» retombe sur les missionnaires et les communautés chrétiennes. Ils font les frais des ressentiments éprouvés par beaucoup de Chinois et sont violemment persécutés. C'est ainsi que le plénipotentiaire français exige de l'empereur un édit pour remédier à ces persécutions. Selon son habitude, le gouvernement impérial se soumet dans l'idée de gagner du temps.
Les persécutions n'en reprendront pas moins au bout de quelques années. Elles fourniront à l'empereur Napoléon III et au gouvernement britannique le prétexte à de nouvelles interventions militaires qui se concluront en 1860 par l'incendie du Palais d'Eté, à Pékin, et par de nouveaux avantages commerciaux pour les «diables roux» !
Septime Sévère
19 février 197
Septime Sévère est un homme énergique de 47 ans issu d'une famille de chevaliers aisés de la ville de Leptis Magna, dans la province proconsulaire d'Afrique (aujourd'hui en Libye). Après des études de philosophie à Athènes et de droit à Rome, il accomplit une carrière administrative brillante puis prend le commandement des légions d'Illyrie.
Ses hommes le désignent empereur à la mort du vieux Pertinax, en 193. Il fait aussitôt égorger le sénateur Didius Julianus qui avait acheté l'empire à la garde prétorienne.
Par sa victoire de Lyon, Septime Sévère se défait de son autre rival, le gouverneur de Bretagne, Clodius Albinus, et pour se venger de Lyon, qui l'a soutenu, il brûle la ville et massacre ses habitants chrétiens, au nombre de 18.000.
Il massacre aussi les sénateurs romains qui ont eu le mauvais goût de s'opposer à lui. L'historien Dion Cassius estime qu'un vingtième de l'ordre sénatorial aurait été ainsi éliminé.
Lyon, métropole des Gaules
La capitale des Gaules a été fondée en 43 avant JC par un lieutenant de Jules César sous le nom de Lugdunum. Elle a bénéficié de privilèges spéciaux du fait de son plus illustre citoyen, l'empereur Claude, et est devenue une cité prospère d'où partent cinq voies vers l'Aquitaine, l'Italie, le Rhin, Arles et l'Océan. Sur la colline de Fourvière, un superbe musée atteste de cette histoire éminente et donne à voir le théâtre et les vestiges antiques.
Lugdunum ne se releva jamais du sort que lui fit subir Septime Sévère, mais ses évêques, en souvenir du rôle éminent que la ville joua dans l'introduction du christianisme en Gaule, ont gardé jusqu'à nos jours le titre de primat des Gaules.
Septime Sévère devient le premier empereur sans racines italiennes. Avec lui, l'empire change de nature. Les historiens parlent à son propos de Bas-Empire, par opposition à l'empire prospère des douze premiers César et des Antonin. Son règne conserve néanmoins une partie de la grandeur antérieure.
Septime Sévère met fin à l'anarchie qui a suivi la mort de l'empereur Commode. Il s'appuie sans vergogne sur l'armée qui l'a porté au pouvoir. «Enrichissez les soldats et moquez-vous du reste», aurait-il eu coutume de dire.
Pour tenter de remédier à la crise économique qui affecte l'empire depuis plusieurs décennies, Septime Sévère mène comme ses prédécesseurs une politique dirigiste. Les paysans sont de plus en plus strictement attachés à la terre qu'ils travaillent. Les fils doivent, dans de nombreuses professions, reprendre le métier de leur père...
L'empereur doit par ailleurs combattre en permanence les ennemis des frontières : il reprend la Mésopotamie aux Parthes puis repousse les Calédoniens dans l'actuelle Écosse. Finalement, il trouve la mort sur le champ de bataille, à Eboracum (aujourd'hui York, en Angleterre), le 4 février 211. Il a 64 ans.
À Septime Sévère succèdent d'abord ses fils Caracalla et Géta puis, , sous l'influence de sa veuve, une Syrienne du nom de Julia Domna (ou Julia Maesa, ses petits-fils ou cousins Élagabal et Alexandre-Sévère, originaires de Syrie. Tous finissent assassinés.
Le deuxième fils de Septime Sévère, Caracalla, se signale par un édit qui octroie en 212 la citoyenneté romaine à tous les habitants libres de l'empire (à l'exception des Barbares établis à ses franges). La ville de Rome doit à Caracalla, grand bâtisseur mégalomaniaque, les plus grands thermes que l'on connaisse.
L'empereur, qui a tué son frère dès la première année de son règne, est lui-même tué à 31 ans, en 217, par le préfet des gardes Macrin, au cours d'une campagne contre les Parthes. Après le court règne de Macrin, Élagabal, un cousin de Caracalla est hissé au pouvoir par les légionnaires. C'est un prêtre syrien de 14 ans, à peine romanisé... Assassiné quatre ans plus tard, il laisse la place à un autre cousin, Alexandre-Sévère, celui-là plein de vertu mais dont l'assassinat, en 235, signera la fin de la dynastie.
Un amphithéâtre sous le soleil de la Tunisie
Amphithéâtre de Thysdrus
Les souverains de la dynastie des Sévère ont traité avec la plus grande bienveillance les provinces du sud de la Méditerranée dont ils étaient originaires.
La province d'Afrique (l'actuelle Tunisie), a vécu son âge d'or sous leur règne. On peut s'en rendre compte aujourd'hui encore en visitant l'amphithéâtre de 40.000 places construit dans la ville de Thysdrus (aujourd'hui El Jem, entre Monastir et Sfax).
Du fait de son isolement géographique et de sa situation dans une zone semi-désertique à l'air sec, cet amphithéâtre, comparable par sa taille au Colisée de Rome, est aujourd'hui le mieux conservé qui soit.
18 février 1859
La présence française au Viêt-nam remonte au XVIIe siècle et à l'époque du roi Louis XIII, avec l'arrivée des premiers missionnaires. Ces derniers, des jésuites, s'implantent dans la péninsule pour la simple raison que c'est la seule partie de l'Asie encore disponible (les missionnaires espagnols et portugais sont déjà très présents dans les autres parties de l'Extrême-Orient).
Les Vietnamiens se montrent réceptifs à la christianisation et dès 1658, on compte dans le pays pas moins de 300.000 catholiques. Le père jésuite Alexandre de Rhodes donne aux Vietnamiens un alphabet inspiré de l'alphabet romain, le quoc ngu, en remplacement des idéogrammes chinois.
Beaucoup plus tard, le 28 novembre 1787, soit à la veille de la Révolution française, Monseigneur Pigneaux de Béhaine, évêque in partibus d'Adran, fait signer au roi Louis XVI un «petit traité de Versailles» par lequel la France s'engage à soutenir un prince local, Nguyên Anh.
En échange, elle obtient le monopole du commerce extérieur et deux ports, Tourane et Poulo-Condor. Ces modestes établissements apparaissent comme l'amorce d'une revanche sur les Britanniques qui tiennent les Indes voisines.
Monseigneur Pigneaux de Béhaine, devenu vicaire apostolique de Cochinchine, se voue corps et âme à son pays d'adoption. Il modernise la flotte de son protecteur, le prince Nguyên Anh, et fait venir trois navires et un corps de troupe pour le soutenir. Cela lui vaut de belles funérailles de la part des Vietnamiens lorsqu'il meurt, en 1799.
En 1801, Nguyên Anh est chassé par une révolte et se réfugie à Bangkok. Mais il reconquiert son trône avec l'appui des jésuites français, de leurs «engagés volontaires» et de leur flotte. L'année suivante, il se proclame empereur de l'ensemble du pays sous le nom de Gia Long. Huê est confirmée comme capitale de ce que l'on nomme désormais Viêt-nam.
La lune de miel entre Français et Vietnamiens ne dure pas.
Après la mort de Gia Long en 1820, ses successeurs adoptent une politique isolationniste et en viennent à persécuter les catholiques. Louis-Philippe 1er prend prétexte de ces persécutions pour bombarder Da Nang en 1847. Et lorsque surviennent de nouveaux massacres de chrétiens à l'initiative de l'empereur Tu Duc, l'empereur Napoléon III en profite pour lancer une entreprise de conquête.
Le corps expéditionnaire français s'empare d'abord du port de Tourane, aujourd'hui Da Nang. Mais il se heurte à l'hostilité de la population et renonce à marcher sur la capitale de l'Annam, Hué. C'est ainsi que l'amiral Rigault de Genouilly se retourne vers le sud et occupe Saigon. Pour la France, c'est l'amorce d'une colonisation fructueuse de près d'un siècle.
Par le traité de Saigon du 5 juin 1862, les Français imposent à l'empereur du Viêt-nam la cession de Saigon et de la Cochinchine, le grenier à riz du Viêt-nam. Ils obtiennent aussi une indemnité, des facilités commerciales et des garanties pour les chrétiens.
Le Viêt-nam devient un protectorat de fait et certains, en France, y voient l'amorce d'un nouvel empire colonial et une base de départ vers la Chine. Peu après, le 11 août 1863, le gouvernement de Napoléon III instaure un protectorat sur le Cambodge voisin et finalement annexe toute la Cochinchine (le sud du Viêt-nam) en 1867.
À Paris, certains responsables songent à utiliser la Cochinchine comme base de départ pour une implantation commerciale et, qui sait ..., militaire en Chine du sud.
17 février 1661
Kangxi (ou K'ang-hi) devient empereur de Chine le 17 février 1661, à 6 ans. Le nouveau souverain est issu du peuple mandchou. Ces nomades venus du nord ont conquis Pékin en 1644 et le père de Kangxi a fondé une nouvelle dynastie, les Qing.
Lorsque Kangxi monte sur le trône, le gouvernement est exercé en son nom par quatre régents qui tentent de rétablir le confucianisme. Mais dès l'âge de 13 ans, le 25 août 1667, l'adolescent les chasse et s'approprie le pouvoir.
Un conquérant
Aimant le combat et les prouesses militaires, il rétablit avec énergie l'unité de la Chine en soumettant trois puissants vassaux chinois installés dans le sud de la Chine.
L'un d'eux était Wou San-kouei. Ce général avait prêté son concours à l'avènement de la dynastie mandchou. Il en avait été récompensé par une grande principauté mais, s'étant révolté contre l'empereur Kangxi, celui-ci le contraignit à la fuite. Par la même occasion, Kangxi ramène l'île de Taïwan dans le giron de l'empire.
Kangxi
L'empereur place par ailleurs le Tibet sous sa protection. Il soumet aussi la Mongolie intérieure et impose aux nomades de la Mongolie extérieure, ou haute Mongolie, un serment de fidélité à sa dynastie.
Les chefs mongols vont ainsi payer aux empereurs mandchous un tribut jusqu'à la chute de la dynastie, en 1912. Ensuite, s'estimant déliés de leur allégeance aux Qing, ils se proclameront indépendants, formant la république actuelle de Mongolie.
Au nord de la Mandchourie, les Chinois se confrontent aux Russes dont les avant-gardes ont atteint l'océan Pacifique. Le 22 juin 1685, grâce à une artillerie mise au point par ses conseillers jésuites, Kangxi occupe et détruit le fort Albazin, construit par les Russes sur les bords du fleuve Amour. Il repousse les Russes bien au-delà du fleuve Amour et signe avec eux le traité de Nertchinsk, le 6 septembre 1689.
C'est ainsi qu'avec Kangxi, la Chine impériale atteint sa plus grande extension.
L'empereur rétablit la bonne marche des affaires dans l'empire et relance les aménagements hydrauliques et les travaux d'irrigation.
Kangxi en lettré chinois
Bon gestionnaire, Kangxi sinise son administration et remet en vigueur les concours de sélection des lettrés ou mandarins voués à la haute fonction publique.
Par décret, les régents avaient prescrit en 1662 que seraient surtout prises en compte les aptitudes à la composition littéraire dans les concours de la fonction publique. Ces prescriptions, en vigueur jusqu'en 1905, allaient contribuer à former un corps de fonctionnaires dévoués mais réfractaires au changement.
L'empereur lui-même s'affirme comme un excellent connaisseur de la culture chinoise. Il a à coeur de se faire représenter en lettré pour gommer ses origines mandchoues, autrement dit étrangères et barbares. Il est aussi ouvert à la culture occidentale et apprécie le savoir des missionnaires jésuites présents dans la Cité interdite, son palais de Pékin.
Kangxiet la «querelle des Rites»
Kangxi est reconnaissant aux Jésuites de son entourage, notamment au père belge Verbiest et au père français Gerbillon, d'avoir réformé le calendrier chinois, fondu des canons, organisé son artillerie,... Il les récompense par les édits de tolérance du 17 et du 19 mars 1692 qui les autorise à enseigner le christianisme.
Mais en Europe, les rivaux des Jésuites se déchaînent contre la prétention de ces derniers de concilier l'Évangile avec le culte des ancêtres et les rites du confucianisme chinois. Au terme d'une célèbre «querelle des Rites», ils obtiennent du pape qu'il interdise aux nouveaux convertis chinois d'honorer leurs ancêtres selon les rites de Confucius. C'est chose faite en 1715.
Outré par cette décision, Kangxi interdit la prédication du christianisme dans toute l'étendue de l'empire par l'édit du 17 mai 1717.
Les jésuites vont toutefois demeurer à la cour de Pékin. Parmi eux Giuseppe Castiglione (Lang Shining sous son nom chinois, 1688-1766), qui s'illustre comme peintre. Ci-dessous un rouleau de 1757: vassaux khasaks présentant des chevaux à l'empereur Qianlong.
Kangxi a porté à son apogée sa dynastie et son pays... comme son contemporain, le roi de France Louis XIV (1638-1715), dont il se rapproche de maintes façons : longueur et grandeur du règne, goût des arts, de la guerre et de l'administration, difficultés successorales etc.
Les dernières années de son règne sont toutefois ternies par la mort prématurée du fils qu'il avait désigné pour lui succéder.
Quand l'empereur meurt le 20 décembre 1722, à 68 ans, c'est un autre fils, médiocre, qui lui succède sans avoir été préparé à la tâche qui l'attend. La dynastie Qing retrouvera tout son prestige avec l'avènement de son petit-fils Qianlong, en 1736.
16 février 1899
La victime, Félix Faure, était un bel homme de 58 ans avec une fine moustache tournée à la façon de Guy de Maupassant. Ses contemporains le surnommaient affectueusement le «Président Soleil» en raison de son amour du faste.
On raconte que, recevant à l'Élysée une grand-duchesse russe, il se fit servir à table avant elle. La grand-duchesse proteste et le président répond sans réfléchir : «C'est l'usage à la cour de France !».
Imprudente galanterie
La rumeur publique crut d'abord que sa compagne des derniers instants était Cécile Sorel, une actrice célèbre du moment. On sut seulement dix ans après qu'il s'agissait d'une demi-mondaine dénommée Marguerite (Meg) Steinheil, épouse d'un peintre en vogue (elle assassina plus tard son mari mais fut acquittée de ce crime).
Meg Streinheil
Très vite, on se raconta de bonnes histoires sur la fin heureuse de Félix Faure, comme celle-ci :
Tandis que la dame s'était dégagée et esquivée, les domestiques avaient transporté le président inconscient dans son lit. Le curé de l'église voisine de la Madeleine, appelé d'extrême urgence, demanda en arrivant :
– Le président a-t-il toujours sa connaissance ?
– Non, on l'a faite sortir par derrière.
Les initiés apprirent que le président Félix Faure avait succombé à un excès de zèle.
Avant de recevoir ses amies, Félix Faure avait coutume d'absorber une dragée Yse à base de phosphure de zinc. Ce médicament, le Viagra de l'époque, avait la vertu d'exciter les virilités défaillantes mais il avait aussi pour effet de bloquer la circulation rénale.
Le jour de sa mort, comme il attendait Mme Steinheil, il avait demandé à l'huissier de sonner deux coups à son arrivée. Voilà que sonnent les deux coups : le président avale en hâte une dragée Yse. Mais l'huissier a fait une erreur. C'est l'archevêque de Paris qui entre dans le bureau élyséen. Et après lui arrive le prince de Monaco.
Quand enfin l'huissier sonne pour de bon les deux coups, le président congédie son visiteur. Il a encore le temps d'avaler une deuxième dragée. Celle-ci lui sera fatale... Survolté par la prise médicamenteuse et l'ardeur de sa compagne, Félix Faure succombe non sans avoir arraché à celle-ci une touffe de cheveux !
Georges Clemenceau ne fut pas en reste de bons mots. «Il a voulu vivre César, il est mort Pompée», dit-il du président en guise d'oraison funèbre. Il dit aussi : «Félix Faure est retourné au néant, il a dû se sentir chez lui».
Félix Faure possède une belle avenue parisienne, une station de métro et une rue à son nom bien qu'il n'ait rien accompli de marquant... comme la plupart des autres Présidents de la IIIe République.
On retient seulement qu'il ébaucha une alliance avec la Russie en recevant le tsar Nicolas II, qu'il s'opposa à la révision du procès de Dreyfus et que son gouvernement dut céder aux Anglais le Soudan après le bras de fer de Fachoda.
Deux jours après sa mort, les députés et les sénateurs réunis en Congrès à Versailles élisent Émile Loubet pour lui succéder à la présidence de la République. Cette élection sème la consternation chez les antidreyfusards. Il est conspué dans la rue aux cris de «Élu des Juifs !»
Le 23 février, pendant les funérailles de l'ancien président, le journaliste Paul Déroulède tente d'entraîner un général dans un coup d'État parlementaire en vue de préparer la guerre de revanche contre l'Allemagne. Le polémiste est banni. Mais, de retour en France en 1905, il n'aura de cesse d'exciter les esprits contre l'Allemagne... Il n'y réussira que trop bien.
Morale et Belle Époque
L'aventure du président Félix Faure n'a guère scandalisé ses contemporains de la «Belle Époque».
Dans cette période qui précède la Grande Guerre de 14-18, les privilégiés donnaient libre cours à leur appétit de jouissance... peut-être pour mieux dissimuler leurs angoisses existentielles (ce fut l'une des rares époques où le taux de suicide des classes aisées se révéla supérieur à celui des classes inférieures, ainsi que l'a noté l'historien Emmanuel Todd dans son essai : Le fou et le prolétaire).
Ilétait admis à la fin du XIXe siècle que les bourgeois mènent grand train et ne s'embarrassent pas des principes moraux qu'ils imposaient à leur épouse. Ainsi, on se moquait gentiment du leader républicain Georges Clemenceau qui affichait partout ses innombrables conquêtes. Mais l'on trouvait normal qu'il divorce de son épouse américaine, mère de trois enfants, et la renvoie aux États-Unis en 3e et dernière classe après qu'il l'ait surprise dans les bras d'un soupirant.
Le vieux Ferdinand de Lesseps, qui épousa à 64 ans une jeunette de 22 et lui fit 12 enfants, n'en continua pas moins de papillonner dans les maisons closes comme le voulaient les coutumes de l'époque. Un policier affecté à sa surveillance rapporte sa visite à 3 jeunes prostituées, à 85 ans sonnés.
Outre-Manche, David Lloyd George, Premier ministre britannique aux heures sombres de la Grande Guerre, était connu pour être «incapable de fidélité». Ainsi lui arrivait-il d'avoir six maîtresses en même temps. Cette performance devait sans doute paraître modeste au roi Edouard VII, fils de l'austère Victoria, dont les frasques faisaient le bonheur des gazettes et lui valaient une immense popularité.....
15 février 1794
Le 15 février 1794, à Paris, l'assemblée de la Convention impose le drapeau tricolore bleu-blanc-rouge. Elle «décrète qu'à compter du 1er prairial an II (20 mai 1794), le pavillon sera formé des trois couleurs nationales disposées en trois bandes égales posées verticalement....»pour mettre fin à la fantaisie des couleurs dans la Marine française, sujette à confusion dans les combats.
L'initiative revient à un député de Montauban, le pasteur André Jeanbon, dit Jeanbon Saint-André. Le peintre Louis David, consulté, suggère pour des raisons d'esthétisme que le bleu soit fixé à la hampe.
Les troiscouleursdu drapeau français remontent aux origines de l'Histoire.
En 1124, l'empereur germanique Henri V pénètre en Champagne et menace Paris. Le roi capétien Louis VI le Gros alerte ses vassaux qui, tous, pour l'occasion, font taire leurs querelles. Le roi lui-même s'en va quérir sur l'autel de l'abbatiale de Saint-Denis, au nord de Paris, la bannière du saint, rouge du sang du martyr, pour la brandir en signe de ralliement.
Il devient dès lors coutumier aux rois de France de brandir la bannière dans les heures de grand péril. Cette tradition est reprise par les révolutionnaires parisiens insurgés contre le roi, de sorte que le drapeau rouge devient aux XIXe et XXe siècles le symbole mondial des luttes révolutionnaires et ouvrières... jusqu'à être adopté par plusieurs États communistes dont la Chine !
En 1188, au moment de partir en croisade, le roi Philippe Auguste arbore une bannière blanche avec une croix de Saint-Georges rouge. Le blanc est ainsi associé à la monarchie... et à la guerre. Deux siècles plus tard, Jeanne d'Arc se dote d'une bannière blanche semée de lys, avec l'inscription «Jhesus Maria» et deux anges qui se font face.
Les chefs des armées et le roi, lorsqu'ils vont au combat, prennent dès lors l'habitude d'arborer une écharpe blanche. Celle-ci, qui signale leur rang ou leur grade, va devenir pendant les guerres de religion le signe de ralliement des chefs protestants, à commencer par le futur Henri IV («Soldats, ralliez-vous à mon panache blanc!»).
C'est seulement en 1815, sous la Restauration, que le blanc devient le symbole exclusif de la monarchie.
Le bleu est une couleur tardivement apparue dans l'iconographie médiévale. On le rencontre au XIIe siècle dans les vitraux. Très vite, il est associé à la Vierge et à son manteau. Mais on le repère aussi dans les couleurs des bourgeois de Paris, en association avec le rouge. Le prévôt des marchands Étienne Marcel, en conflit avec le pouvoir royal, fait du chaperon (bonnet) bleu et rouge le signe de ralliement de ses partisans.
Les rois de France, jusqu'à la Révolution, changent d'emblème à leur guise et nul ne se soucie de vénérer leurs couleurs. Les couleurs bleu, blanc et rouge commencent à émerger sous le règne du roi Henri IV (1589-1610). Le «Vert-Galant» recommande ces trois couleurs aux ambassadeurs hollandais qui en font illico l'emblème de leur marine. C'est ainsi qu'aujourd'hui, le bleu-blanc-rouge se retrouve sur le drapeau des Pays-Bas comme sur celui du Luxembourg (ancienne possession néerlandaise).
Le tsar Pierre 1er le Grand, de passage à Amsterdam au début du XVIIIe siècle, adopte les mêmes couleurs pour ses navires. De sorte que le bleu, le blanc et le rouge se retrouvent sur le drapeau de la Russie impériale... et de la Russie actuelle. Émules des Russes, les Serbes les adoptent à leur tour. Elles figurent aujourd'hui sur le drapeau de la Yougoslavie.
En France même, les gardes françaises avaient adopté les trois couleurs sur leur uniforme et l'emblème de leur régiment. Elles les conservèrent en passant du côté de la Révolution sous le nom de Garde nationale.
Le 17 juillet 1789, peu après la prise de la Bastille, Louis XVI est accueilli à l'Hôtel de Ville par une foule arborant sur la tête une cocarde aux couleurs de Paris, le bleu et le rouge. Le populaire général de La Fayette remet au roi en personne une cocarde semblable où il insère le blanc. Il est permis de penser que le «héros des deux mondes», qui s'illustra aux côtés des insurgés américains, vit dans les trois couleurs une réminiscence du drapeau des États-Unis, pour lesquels il avait la plus grande admiration.
Devenu chef de la Garde nationale le 31 juillet 1789, La Fayette officialise la cocarde tricolore. Il la remet solennellement à la municipalité de Paris. «Je vous apporte une cocarde qui fera le tour du monde...» dit-il. Il ne croyait pas si bien dire...
Les couleurs de la Nation
Le choix opéré par la Convention en 1794 est confirmé en 1812 par l'empereur Napoléon 1er et étendu aux régiments de l'armée de terre.
La Restauration monarchique, de 1815 à 1830, impose le drapeau blanc, réputé à tort être l'emblème traditionnel des rois de France.
Louis-Philippe 1er, qui combattit à Valmy et Jemappes, revient aux trois couleurs en 1830 de sorte qu'en 1848, les républicains hésitent à les conserver et penchent pour le drapeau rouge.
La rue Montorgueil, fete nationale du 30 juin
(Claude Monet,1878, Musée du Louvre)
Il faut toute l'éloquence d'Alphonse de Lamartine pour les conserver. Le 26 février 1848, à l'Hôtel de ville de Paris, le poète (58 ans) s'adresse en ces termes aux républicains : «... le drapeau rouge, que vous-même rapportez, n'a jamais fait que le tour du Champ-de-Mars, traîné dans le sang du peuple en 1791 et 1793, et le drapeau tricolore a fait le tour du monde avec le nom, la gloire et la liberté de la patrie».
Le 14 juillet 1880, enfin, sous la IIIe République, le président Jules Grévy consacre la popularité de cet emblème en le remettant solennellement à tous les corps de l'État.
14 février 842
Le 14 février 842, à Strasbourg, Louis le Germanique et Charles le Chauve se prêtent serment d'assistance mutuelle dans la lutte qu'ils mènent contre leur frère aîné Lothaire.
Ce grand moment de l'Histoire occidentale, qui voit l'émergence des langues européennes, nous a été rapporté par le chroniqueur Nithard, mort en 844, dans son Histoire des fils de Louis le Pieux.
Tout a commencé avec Charlemagne, grand-père de Louis le Germanique, Charles le Chauve et Lothaire. Le grand empereur avait réuni l'Occident sous son autorité, de l'Ebre (en Espagne) à l'Elbe (en Allemagne). Mais il ne croyait pas que la dignité impériale lui survivrait et ne voyait pas d'inconvénient à se soumettre à la coutume germanique du partage de l'héritage entre tous les fils.
Le 6 février 806, à Thionville, Charlemagne prépare la division de son empire entre ses trois fils, nommés «consorts du royaume et de l'Empire». Mais la disparition prématurée de deux d'entre eux permet au survivant, Louis 1er le Pieux (ou le Débonnaire, traduction tardive et fautive du mot latin Pius, Pieux) de récupérer l'intégralité de l'héritage à la mort de Charlemagne, en 814. Né en 778 (l'année de Roncevaux), ce dernier a été nommé par son père roi roi d'Aquitaine dès l'âge de 3 ans et a géré ses terres avant de recevoir la totalité de l'empire en héritage.
Ainsi, par le plus grand des hasards, l'empire rassemblé par Charlemagne en un demi-siècle de guerres échoit intact entre les mains de son unique héritier. Mais la coutume germanique va reprendre le dessus et entraîner la dissolution rapide de l'empire.
Louis le Pieux tente dans un premier temps de préserver l'essentiel de son héritage. Par un texte connu sous le nom d'Ordinatio imperii, il promet en 817 la dignité impériale et la plus grande partie de l'empire à son fils aîné Lothaire. Mais l'empereur se remarie ensuite avec Judith de Bavière et a un nouveau fils, Charles, qu'il veut doter à tout prix. Devant une assemblée de la noblesse, à Worms, en 829, il lui attribue l'Alsace, la Bourgogne et quelques autres terres. Ses autres fils n'apprécient pas la remise en cause de l'engagement de 817. Ils se révoltent contre leur père et le déposent.
Mais les trois compères ne tardent pas à se diviser. Irrités par l'autoritarisme de Lothaire, Pépin et Louis se liguent contre lui et se rapprochent de leur père qui effectue un nouveau partage dont Charles, cette fois, est exclu ! Le nouvel accord ne dure pas. Le 30 juin 833, les trois aînés, provisoirement réconciliés, convoquent leur père au sud de Colmar, en un lieu plus tard nommé le «Champ du Mensonge». Ils le déposent à nouveau, à nouveau se disputent et à nouveau, Pépin et Louis réinstallent leur père sur le trône.
Sur l'insistance de Judith, son époux l'empereur consent à rendre une part d'héritage à leur fils Charles. Et voilà que meurt Pépin en 838. Tout le partage est à refaire... Louis, mécontent des négociations, s'apprête à reprendre les armes contre son père. Quand celui-ci meurt le 20 juin 840, rien n'est réglé et les trois frères survivants se disputent de plus belle.
Les deux cadets font cause commune contre leur frère aîné Lothaire et le 25 juin 841, le défont à Fontenay-en-Puisaye, près d'Auxerre, en Bourgogne. Cette victoire les conduit huit mois plus tard à confirmer leur alliance par les serments de Strasbourg. À cette occasion, Louis le Germanique prononce son serment non dans sa langue mais en langue romane (l'ancêtre du français), pour être compris des soldats de son rival et associé. Charles le Chauve fait de même en langue tudesque (l'ancêtre de l'allemand).
Le serment est repris par les soldats présents dans leur langue habituelle. C'est que les habitants du «Regnum francorum» (le royaume des Francs) ont pratiquement oublié le latin et commencent à se distinguer par leurs idiomes selon qu'ils se trouvent à l'ouest ou à l'est de la Meuse... Aussi peut-on dire que les serments de Strasbourg traduisent l'émergence des langues modernes. C'est ce qui fait leur importance historique, bien plus que leur aspect proprement politique.
L'empire s'émiette
Le conflit entre les trois frères s'achève provisoirement par un compromis conclu à Verdun en août 843.
Par le traité de Verdun, Louis le Germanique conserve la Francia orientalis et Charles le Chauve, son demi-frère, né de Judith de Bavière, la Francia occidentalis.
Charles le Chauve
Lothaire, l'aîné, obtient le titre impérial, purement honorifique, et se contente de la partie centrale de l'empire. Son domaine consiste en une frange de territoires étirée des bouches de l'Escaut à la plaine du Pô, en Italie, en passant par le couloir rhénan et le sillon rhôdanien.
Fidèle à la tradition germanique de partage des héritages, Lothaire 1er ajoute à la difficulté en partageant son domaine entre ses trois fils, à sa mort en 855. L'aîné devient à son tour empereur sous le nom de Louis II et conserve l'Italie. Le second, Charles, devient roi de Bourgogne. Ses territoires s'étendent en fait de la Méditerranée à la Bourgogne actuelle, en incluant la Provence, Lyon et la Suisse. Beaucoup plus tard, en 1032, ils seront adjoints à l'empire refondé par Otton 1er.
Le troisième, Lothaire II, reçoit la partie située entre la Meuse et le Rhin. Il lui donne son nom. C'est la «Lotharingie» (après moult déformations, ce nom deviendra... Lorraine). Cette province médiane et indéfendable va dès lors susciter la convoitise de ses deux puissants voisins : la Francie occidentale et la Francie orientale.
Le 13 février 1912, quatre mois après une rébellion militaire, le dernier empereur de la dynastie mandchoue ou Qing, Pu Yi (six ans !), abdique enfin sous la pression du général Yuan Shih-kai, réformateur au service des précédents souverains. Le pays devient officiellement une République.
Pu Yi n'en continue pas moins de résider quelques années encore dans la Cité interdite, le palais impérial, au milieu de ses femmes et de ses eunuques.
Dans l'anarchie des débuts de la République, les généraux et politiciens qui se disputent le pouvoir hésitent en effet à liquider les derniers symboles de l'ancienne dynastie. Il veulent conserver une roue de secours pour le cas où la République s'enfoncerait dans l'impasse.
Le souverain déchu est rétabli sur le trône pendant douze jours en juillet 1917 ! Mais il est finalement chassé de son palais en 1924 par un «seigneur de la guerre» et se réfugie dans la concession japonaise de T'ien-tsin.
Quand ils attaquent la Chine en 1931, les Japonais mettent la main sur P'ou Yi et en font un empereur de l'État artificiel du Mandchoukouo. Après une longue «rééducation» par les communistes chinois, le dernier représentant de la dynastie mandchoue finira sa vie comme employé de bureau.
Le cinéaste Bertolucci a représenté l'histoire de Pu Yi dans un film à grand spectacle, Le dernier empereur. La personnalité plus intéressante de Cixi est au centre de nombreux ouvrages comme le roman historique de Pearl Buck, Impératrice de Chine.
Grande place de Santiago du Chili
12 février 1541
Le 12 février 1541, Pedro de Valdivia dresse l'acte de fondation d'une nouvelle ville, au sud de la cordillère des Andes. Il la baptise Santiago del Nuevo Estremo, en l'honneur de Saint Jacques et de la province espagnole d'Estrémadure où il est né.
La future capitale du Chili est située dans une magnifique vallée, verdoyante à souhait. L'Espagnol l'a découverte deux mois plus tôt, le 13 décembre 1540. Il l'a appelée Chili (Chile en espagnol), d'après un mot indien qui désigne la neige.
Le conquérant s'est assuré que la région contenait suffisamment de ressources pour un établissement humain important avant d'y fonder la ville de Santiago, sur instruction du roi d'Espagne Philippe II.
Un rude conquistador
Le fondateur de Santiago est un rude «conquistador»(conquérant) qui fait partie de l'armée de Pizarre.
Après avoir renversé l'Inca qui règne sur le Pérou, Pizarre a envoyé une première mission d'exploration au-delà du terrible désert qui sépare le Pérou du Chili. Son chef, Almagro, se heurte à la farouche résistance des Indiens Araucans de la tribu des Mapuches. Il bat en retraite pour finalement se faire tuer par Pizarre.
L'expédition de Valdivia, avec 175 Espagnols et un grand nombre de supplétifs indiens, a plus de chance et, après avoir tracé la «plaza de armas» (place d'armes) de la future métropole, Valdivia entreprend la soumission de la région. Il succombe douze ans plus tard sous les coups des Araucans mais les Espagnols ne renoncent pas pour autant à leur nouvelle annexion et commencent à s'installer en nombre, recevant autorité sur de vastes territoires avec les Indiens qui y vivent, selon le principe de l'«encomienda».
Pedro de Valdivia
250 ans plus tard, l'indépendance des Treize Colonies anglaises d'Amérique du nord et la Révolution française suggèrent aux colons espagnols, les créoles, l'envie de se libérer à leur tour de la tutelle monarchique. Le Chili devient alors indépendant.
Jimmu Tenno
11 février 660 avant JC
L'Empire du Soleil levant a été fondé le 11 février de l'an 660 avant JC, par Jimmu Tenno, un descendant de la déesse du soleil, Amaterasu Omikami.
C'est du moins ce qui ressort de deux livres sacrés rédigés au VIIIe siècle de notre ère, le Kojiki et son complément, le Nihongi. Ils racontent comment plusieurs générations de divinités se succédèrent dans le ciel et sur la terre jusqu'à l'avènement d'Izanagi et de sa soeur Izanami. De leur union naquirent l'archipel nippon et les esprits divins qui l'habitent.
Izanami étant morte en couches, Amaterasu Omikami naquit peu après de l'oeil droit d'Izanagi. Un temps malmenée par son frère Susano, elle choisit de se cacher dans une grotte, privant le monde de sa lumière et de sa beauté. Les divinités réussirent par ruse à l'en faire sortir en proclamant qu'elles avaient déniché une déesse qui surpassait en beauté toute la création. Curieuse, Amaterasu consentit à sortir pour s'en rendre compte et que vit-elle en fait de beauté suprême ? Elle-même dans le reflet d'un miroir !
Réconciliée avec son frère, elle prolongea avec lui la lignée divine jusqu'à un humain d'essence divine, Jimmu Tenno, premier empereur nippon.
Fête nationale
Le 11 février, anniversaire de la fondation légendaire de l'empire selon la tradition shintô, demeure une fête nationale au Japon.
La déesse Amaterasu rappelle la Déesse-Mère des premières sociétés humaines, du temps où la femme trônait encore au centre de la vie sociale. Elle est honorée dans un célèbre sanctuaire d'Ise, entre Osaka et Tokyo, et figure au centre du culte shintô, la religion traditionnelle du Japon. Shintô est un mot chinois qui dérive de shen (esprit) et tao (voie). Sa traduction japonaise est Kami no michi, ou voie des esprits.
Le shintoïsme reconnaît en effet la présence d'esprits (Kami) dans les éléments de la nature (lac, rochers, grottes, forêts....). Ces esprits se déplacent, tantôt dans la montagne, tantôt dans la vallée.... Il en existerait 800 millions (!), les plus célèbres Kami étant Hachiman, Inari, Tenjin.... à la limite Amaterasu elle-même.
Pour l'historien Odon Vallet, «le Japon demeure le seul grand pays de la planète dont la religion principale puisse être qualifiée d'animiste» (Histoire des religions, Gallimard). Mais l'affirmation est discutable car les esprits du shintoïsme se déplacent et ne se confondent pas avec les éléments naturels ou les objets, alors que les religions proprement animistes attribuent une âme aux objets et aux éléments de la nature eux-mêmes (c'est le sens du mot animisme).
En 1867, quand l'empereur Meiji s'approprie le pouvoir absolu, il a soin de réaffirmer sa filiation avec Amaterasu et le caractère sacré de sa dynastie. Il instaure aussi un shintô d'État au détriment du bouddhisme importé de Chine.
Après la défaite de 1945, sous la pression des Américains, l'empereur Showa, connu de son vivant sous le nom de Hiro Hito, convient publiquement qu'il n'est pas d'ascendance divine.
Les liens entre l'État et le culte shintô sont officiellement coupés. La date du 11 février n'en reste pas moins une fête nationale au Japon et le shintô des sanctuaires demeure très vivant. Ainsi, lorsque débutent de grands travaux comme le percement d'un tunnel, un prêtre shintoïste ne manque pas de bénir le chantier pour apaiser les esprits de la nature.