Animaux - Lézards - Dragon d’eau ou Agame aquatique -

Publié à 16:16 par acoeuretacris Tags : lézard animaux dragon d eau
Animaux - Lézards - Dragon d’eau ou Agame aquatique  -
Dragon d’eau ou Agame aquatique

Le dragon d’eau  (Physignathus cocincinus), également appelé agame aquatique est un lézard de la famille des Agamidés. Ce beau lézard, originaire de l’Asie du Sud-est, fait l’objet d’un commerce important car sa maintenance en captivité ne pose pas de difficultés.

Dans le genre Physignathus, il existe une autre espèce originaire d’Australie, Physignathus lesueurii, dont l’aspect général et les mœurs sont très similaires.

Portrait du dragon d’eau

Les agames aquatiques possèdent une  tête triangulaire  ainsi qu’une crête dorsale et nucale. Cette dernière est plus marquée chez les mâles.

La taille moyenne est de 50 cm de long. Le mâle (P. cocincinus et P. lesueurii) peut atteindre 1 m de long.
Les femelles sont plus petites.

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Dragon d'eau. Physignathus cocincinus. image Joachim S.Müller

La couleur de la robe chez P. cocincinus est vert émeraude agrémentée de bandes foncées sur la queue.


Les deux sous-espèces de P. lesueurii se différencient par leur coloration : brun grisâtre pour P. lesueurii lesueurii et bleu-vert pour P. lesueurii howitii.

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Dragon d'eau. Physignathus lesueurii. image Wiccked

Les juvéniles ont de fines lignes claires sur le dos.
Chez les mâles, la gorge et les joues sont généralement rouge-orangé. Cependant, il existe de nombreuses variantes chez les spécimens captifs.

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Physignathus lesueurii. image Aussie Gall

Ces lézards possèdent une queue très longue qui sert de fouet quand l’animal se sent menacé.

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Agame aquatique. Physignathus cocincinus. image Uldo

Dans leur environnement naturel, ces agames sont actifs le jour. On peut les observer, installés sur une branche, au-dessus d’un point d’eau.
L’eau est leur refuge en cas de danger.

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Physignathus cocincinus. image Joachim S.Müller

Ils vivent en petits groupes composés d’un mâle dominant et de plusieurs femelles.

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Dragon d'eau. Physignathus lesueurii. image Yellow Filter

Ce sont d’excellents nageurs et grimpeurs. Ces lézards sont donc à la fois semi-aquatiques et semi-arboricoles.

Habitat et alimentation

Physignathus cocincinus est commun en Inde, en Chine, en Asie Orientale et en Asie du Sud-Est (Thaïlande, Vietnam, Laos, Cambodge, Birmanie).

Physignathus lesueurii vit en Australie.

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Physignathus cocincinus. image Ginger Me

Les dragons d’eau sont à l’aise près des lacs, dans les zones forestières avec un point d’eau (étang, mare, fleuve).

En cas de danger, ils plongent dans l’eau et s’y immergent.
Leur habitat est chaud et humide.

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Physignathus lesueurii. image Petrichor

Ce sont des omnivores qui apprécient les insectes, les souriceaux, les amphibiens, les poissons et quelques végétaux. Ces lézards ont un très bon appétit et sont très opportunistes.
En captivité, ils acceptent des fruits sucrés.

Reproduction

La femelle pond en moyenne 10 œufs qui sont enterrés dans le sol humide. Les jeunes naissent après une incubation de deux mois.

Les jeunes se développent très vite.

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Juvénile Physignathus cocincinus. image Greeneydmantis

En captivité, une période de repos à 25°C avec un point chaud à 28°C et 22°C la nuit est indispensable pendant deux mois pour la reproduction.

L’incubation s’effectue à 28°-30°C et 90 à 100% d’hygrométrie.

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Physignathus cocincinus. image Deep Shot

En principe, les éleveurs enfouissent les œufs dans de la vermiculite humide recouverte d’une fine couche de sphaigne humide.

Terrarium

Un terrarium très spacieux est indispensable : 180 x 60 x 90 cm minimum pour un couple.
Type : tropical humide avec des branches et un grand bassin d’eau. Sol composé d’un substrat d’éclats d’écorces et de sable.
  • Température : Jour : point chaud à 33°C et point froid à 27°C. Nuit : 23 à 25 °C
  • Eclairage : Tube UV
  • Humidité : 80% environ

 

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Physignathus cocincinus. image Joachim S.Müller

Il est indispensable de reconstituer son environnement et de ne pas oublier qu’il adore se percher sur des branches et nager.

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Physignathus cocincinus. image Hybridotus

C’est un lézard actif qui a besoin d’espace. Un terrarium trop étroit aboutira à la déprime, au frottement du museau contre les parois et donc à un risque d’infection.

Dans certains ouvrages, il est d’ailleurs conseillé de coller un adhésif de couleur sur la paroi pour que le dragon d’eau puisse voir qu’il existe une barrière.

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Physignathus cocincinus. image Bolti 22

Les agames aquatiques, prélevés dans la nature, alors qu’ils sont adultes sont beaucoup plus difficiles à maintenir en captivité. Il est préférable d’acheter des juvéniles afin de les habituer aux manipulations.

Eviter de mettre plusieurs mâles dans un même terrarium car ils sont territoriaux.

Leur espérance de vie est en moyenne de 12 ans.

Classification

Règne : Animalia
Embranchement : Chordata
Sous-embranchement. Vertebrata
Classe : Reptilia
Ordre : Squamata
Infra-ordre : Iguania
Famille : Agamidae
Genre : Physignathus

Animaux - Lézards - Le Dragon d’Australie -

Publié à 15:42 par acoeuretacris Tags : animaux dragon d australie lézard
Animaux - Lézards -  Le Dragon d’Australie -
Le dragon d'Australie (Chlamydosaurus kingii) est également appelé lézard à collerette. Ce lézard est endémique à l’Australie et à la Nouvelle-Guinée.

Parmi les reptiles, certains emploient des ruses pour paraître plus agressifs qu’ils ne le sont en réalité. C’est le cas de cet inoffensif lézard d’Australie qui déploie, lorsqu’il est menacé, une sorte de grande collerette pour intimider l’adversaire.

Ce  lézard ressemble tout à fait à un petit dragon miniature.

La collerette du dragon d’Australie

Chlamydosaurus kingii  doit son nom à la collerette, la chlamyde, dont le diamètre peut dépasser 30 cm.

La collerette de peau est recouverte d’écailles, comme le reste du corps.

Elle est tendue sur des « baleines » cartilagineuses, exactement comme la toile d’un parapluie. Elle est soutenue par deux prolongements des os maxillaires.

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Ce dragon d'Australie n'est pas du tout content. image Wouter !

En temps normal, ces baleines sont couchées en arrière, de chaque côté du cou et la collerette forme alors une sorte de cape, ouverte sur la nuque et couvrant les épaules.

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Quand la collerette est baissée, elle ressemble à une cape. image Spamily

Tout en déployant cette collerette, notre dragon ouvre grand la gueule pour montrer les couleurs vives de l’intérieur.
Son apparence est alors si effrayante que beaucoup d’adversaires, pourtant bien plus gros, fuient sans demander leur reste.

La collerette lui sert également de régulateur de température. Elle comporte de nombreux petits vaisseaux sanguins.

Portrait du dragon d’Australie

Ce lézard qui mesure en moyenne 85 cm habite les régions chaudes et sèches du nord de l’Australie.
Le mâle est beaucoup plus gros que la femelle avec une longueur qui peut atteindre 29 cm (23 pour les femelles).

Le poids varie de 400 à 870 grammes.

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Chlamydosaurus kingii . image Aussie Matt

Bien qu’il lui arrive de descendre à terre, pour chasser les insectes après une averse, il vit la plupart du temps sur les troncs et dans les arbres.

Ce lézard est particulièrement actif pendant la saison des pluies.
Insectivore, le dragon d’Australie mange de petits invertébrés et des fourmis. Il a également déjà été observé s’alimentant de petits mammifères.

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Le lézard à collerette est insectivore. image Wouter !

Pour s’enfuir, il se met à courir sur ses deux pattes postérieures, le corps dressé et la collerette rejetée en arrière. Il est agile et peut courir vite. Il utilise sa queue comme « stabilisateur ». S’il est acculé, il fait face à son agresseur et déploie sa collerette en ouvrant grand sa bouche colorée de rose ou de jaune.

Reproduction

Comme les autres membres de la famille des agamidés, la femelle est ovipare. La saison de reproduction coïncide avec la saison des pluies, soit d’octobre à mars environ.
Territorial, le mâle attire les partenaires en ouvrant sa collerette. Cependant, on ne sait pas si les femelles choisissent leur prétendant en fonction de la grandeur de cette collerette.
La femelle enfouit 4 à 13 œufs dans le sol pour les protéger des prédateurs. Les oeufs doivent incuber pendant environ 70 jours.

Les jeunes ne bénéficient d’aucune protection parentale.

Terrarium

Ce lézard ne survit pas très bien en captivité. Il ouvre rarement sa collerette et reste plutôt léthargique. Il lui faut beaucoup d'espace.

  • Terrarium de 200 x 90 x 180 cm minimum
  • Type tropical humide
  • Mettre des perchoirs, de grosses branches et un substrat d'éclats de bois
  • Température: Jour: point chaud à 35°C et point froid à 28°C. Nuit: 24°C environ
  • Humidité: 80% environ
  • Eclairage: par tube UV
  • Alimentation: Insectes et souriceaux en quantités importantes

 

 

Classification

Règne : Animalia
Phylum : Chordata
Classe : Reptilia
Ordre : Squamata
Sous-ordre : Iguania
Famille : Agamidae
Genre : Chlamydosaurus
Espèce : Chlamydosaurus kingii

Rubrique à brac - Une Histoire de toutes les couleurs

Publié à 15:14 par acoeuretacris Tags : bric à brac
Rubrique à brac - Une Histoire de toutes les couleurs
 
Pourquoi le feu rouge est-il rouge ? Et le carton jaune, jaune ? 
 
Si vous ne savez pas répondre à ces questions, plongez-vous dans l'ouvrage de Michel Pastoureau, Les Couleurs de notre temps (éditions Bonneton, Paris, 2003, 200 pages). 
 
Auteur de plusieurs travaux de référence sur ce thème, l'auteur nous livre une synthèse passionnante sur l'évolution de notre perception des couleurs. 
 
 
Sous la forme d'un dictionnaire, il nous invite à naviguer selon nos envies entre Aliment et Voiture pour découvrir à quels impératifs de couleur sont soumis les blasons, les maillots des sportifs ou encore le papier hygiénique. Retraçons l'histoire des principales teintes en feuilletant ensemble quelques pages, forcément très... colorées ! 
 
 
 
 
 
Noir : en route pour l'enfer 
 
L'histoire du noir est celle d'une couleur difficile à cerner. Déjà présente dans les peintures préhistoriques, elle est utilisée dans l'Antiquité par les potiers pour jouer sur les contrastes, en compagnie d'un ocre lumineux ou d'un rouge profond. 
 
Alors que les Grecs y voient le symbole de la terre et donc de la fertilité, le christianisme en fait une de ses couleurs préférées pour évoquer l'abstinence et la pénitence. C'est l'époque du noir menaçant de la nuit et de l'enfer. 
 
 
 
 
 
Cette mauvaise réputation est oubliée grâce aux lois somptuaires de la fin du XIVe siècle, qui invitent les puissants à faire preuve de modestie dans le choix de leurs vêtements. L'invention de l'imprimerie et l'austérité voulue par la Réforme lui permet de garder une image positive dans l'imaginaire occidental avant que le romantisme ne l'érige comme la couleur du mal-être, de la tristesse et du deuil. 
 
Le début de l'ère industrielle, avec ses gueules noires et ses Ford monochromes, poursuit dans la voie de la diabolisation. C'est Coco Chanel qui, à l'aide d'une petite robe noire toute simple, lui enlève cette symbolique pesante pour lui rendre son pouvoir de séduction : le noir charbon devient raffiné, moderne, bref, indispensable ! 
 
 
Blanc : l'innocence à l'état pur 
 
«Ralliez-vous à mon panache blanc !» aurait dit Henri IV en pleine bataille. Si l'expression est entrée dans l'Histoire, c'est notamment parce qu'elle donne l'image d'un roi sympathique. Qu'y-a-t-il en effet de plus rassurant que le blanc ? 
 
 
 
 
 
Pour les Anciens déjà, il représentait l'innocence, la pureté et la divinité. Il n'est donc pas étonnant que le christianisme le choisisse comme couleur de Dieu : blancs sont donc les anges, l'Agneau divin ou encore les vêtements du pape (depuis Pie V, par fidélité à son ordre dominicain). Au XVIIIe siècle, l'aristocratie s'en empare à son tour, convaincue de marquer sa supériorité sur le peuple en s'enduisant par exemple le visage de crème ou en se coiffant de perruques immaculées. N'est-ce pas signe d'un âge avancé et donc d'une grande sagesse ? 
 
On retrouve ces notions d'innocence et de sérénité dans le choix du blanc pour parler de paix : c'est ainsi que depuis la guerre de Cent ans tous ceux qui rejettent le rouge des belligérants se rassemblent sous la protection du drapeau blanc. 
 
Dans le même temps, la symbolique de la propreté et de la pureté se renforce, notamment à cause de l'habitude de faire bouillir les étoffes, qui perdent ainsi vite leurs coloris. Finalement, robes de mariées, appareils ménagers et autres créatures fantomatiques nous rappellent encore aujourd'hui la grande stabilité de cette couleur en termes de symbolique. 
 
 
Rouge : la reine des couleurs 
 
Le rouge est la couleur par excellence. N'a-t-elle pas donné son nom au premier homme, Adam ? Éblouis par la pourpre, rare et précieuse, les Romains avaient associé les tons écarlates à l'apparat et la solennité. On retrouve donc cette symbolique dans le choix des étoffes impériales mais aussi, jusqu'au XIXe siècle, dans la coutume de se marier dans sa robe la plus précieuse, donc de couleur rouge. La fascination reste intacte avec l'arrivée du christianisme qui en fait sa couleur liturgique préférée, par référence au sang versé par le Christ Sauveur. 
 
 
 
 
 
Le rouge devient l'objet de toutes les convoitises lorsque les conquistadors découvrent au Mexique l'existence d'une petite cochenille produisant un carmin intense. Cette teinte reste donc rare et réservée à l'élite jusqu'à la diffusion en Europe, dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, de la garance, originaire de Perse. Des graines sont alors plantées en Avignon en 1760 par Jean Alten, donnant naissance à une des activités majeures du Vaucluse. 
 
Ce n'est qu'en 1856 que l'Anglais William Perkin permet la démocratisation du rouge, en pleine explosion de l'industrie textile, en découvrant par hasard un colorant synthétique. Conséquence de cette diffusion, le rouge est classé parmi les couleurs criardes et donc boudé par les classes supérieures de la société. On se souvient qu'il est aussi la marque de l'impureté et de l'interdit, de la violence et de la passion dangereuse... Rendons grâce à la fantaisie des années 60 qui a permis au rouge de reprendre dans notre quotidien une place bien méritée ! 
 
 
Bleu : la couleur préférée 
 
60 % des Français disent préférer le bleu à toute autre couleur. Cette passion est en fait récente, puisque les Romains rejetaient cette teinte trop liée aux Barbares qui aimaient donner à leur peau un aspect bleuté cadavérique. 
 
 
Il faut attendre le XIIe siècle pour que les peintres représentent le deuil de la Vierge Marie par le bleu de son manteau, terne tout d'abord, puis de plus en plus lumineux. À la même époque, les maîtres verriers mettent au point le fameux bleu de Chartres qui fait resplendir leurs vitraux alors que dans les enluminures, le roi de France s'habille d'azur en hommage à la mère du Christ. Avec le développement de la culture de la guède et les progrès en teinturerie, le bleu devient une couleur recherchée. Elle s'impose peu à peu comme une rivale du noir après le XIVe siècle, époque qui est marquée par la recherche d'une nouvelle sobriété vestimentaire adoptée ensuite par la Réforme. 
 
 
 
 
 
Le XVIIIe siècle voit le triomphe de l'indigo venu du Nouveau Monde avant l'invention par un droguiste allemand du bleu de Prusse qui rencontre un succès considérable auprès des artistes et teinturiers. Est alors lancée la mode du bleu marine, désormais préféré au noir, par exemple pour les uniformes ou les vêtements de travail, comme le fameux blue jean. Aujourd'hui, la couleur des rois est devenue celle du bonheur et de la paix ; c'est enfin celle qui symbolise, aux yeux des autres civilisations, l'Occident. 
 
 
Jaune : de Judas à La Poste 
 
Les femmes de l'époque médiévale auraient été surprises d'apprendre que leurs ancêtres romaines aimaient parader dans de belles tenues jaunes. Impensable pour un esprit du Moyen Âge ! Pendant des siècles, on s'est en effet méfié du jaune, couleur de ceux qui «sentent le soufre» : on a ainsi revêtu Judas et tous ceux dont on se méfiait (les félons, les fous, les faux-monnayeurs mais aussi les juifs) du jaune des exclus. Cette teinte qui ressemble à de l'or pâli n'est-elle pas synonyme de déclin ? 
 
 
 
 
 
Le jaune se fait donc rare dans les peintures murales et ne parvient pas à s'imposer au cœur des vitraux, bien qu'il ne pose pas de problème de réalisation et de tenue. Il faut que les impressionnistes se décident à poser leur chevalet en extérieur pour que l'Occident découvre la luminosité des bouquets de tournesols ou des champs de blé. 
 
 
Cette réhabilitation se fait paradoxalement au détriment des coloris dorés qui deviennent vulgaires. On leur préfère ce «demi-rouge», à la fois voyant et discret, qui permet de reconnaître au premier coup d'œil le coureur de tête du Tour de France (dont le maillot a été inspiré par le journal L'Auto) et les voitures de La Poste. En pensant à l'énergie liée à cette couleur, vous enfilerez désormais peut-être plus facilement le gilet jaune de la Sécurité routière ! 
 
 
Vert : la couleur du diable 
 
Le vert a longtemps été une couleur mal-aimée, peut-être tout simplement à cause de son instabilité chimique : il se conserve mal, que ce soit sur les vêtements ou sur les peintures. Il est donc très vite lié à la notion de hasard et de destin, favorable ou non : les duels féodaux s'organisent sur le pré, avant d'être reproduits en miniature dès le XVIe siècle sur les tapis de jeu des casinos. Pour comble de malheur, les procédés artificiels employés pour l'obtenir sont également dangereux, à l'exemple du vert-de-gris très corrosif. Tout semble donc s'être ligué pour faire du vert la couleur du diable, celle que les comédiens vont éviter à tout prix, qui fait la mauvaise réputation des émeraudes ou qui permet de reconnaître les esprits malfaisants. 
 
Ce n'est qu'au XIXe siècle, avec la révolution romantique, que le vert est enfin revalorisé grâce à une nouvelle vision de la nature. On ne l'observe plus en effet en faisant référence aux quatre éléments traditionnels (terre, eau, feu, air) mais en s'intéressant de plus près à la végétation. Par glissement, voici notre vert associé aux remèdes pharmaceutiques, à la santé et donc à la propreté, puis à l'écologie. Mais continuez à vous méfier : ce n'est pas par hasard que les extraterrestres sont qualifiés de petits hommes verts... 
 
 
 

Art et Photographie - Un nouveau regard -

Publié à 14:50 par acoeuretacris Tags : nouveau regard art et photographie
Art et Photographie - Un nouveau regard -
Photographie, un nouveau regard

L’invention de la photographie ne fut pas le fruit du hasard mais d’une longue gestation.
Il y a d'abord la découverte par Aristote de l'image inversée qui apparaît dans une «chambre noire». Léonard de Vinci creuse le sujet. Au XVIIIe siècle, les recherches se multiplient d'autre part pour tirer parti de la sensibilité à la lumière des sels d’argent avant que le chimiste anglais Thomas Wedgwood n'arrive à fixer des images l'espace de quelques secondes.

Une nouvelle façon de regarder le monde

«Il y a [...] des gens qui savent voir et d’autres qui ne savent même pas regarder» (Nadar).

«L’écriture du soleil»

Il faut attendre la coopération entre Nicéphore Niepce (1765-1833) et Louis Daguerre (1787-1851) pour obtenir des résultats encourageants. Le premier, en 1826, a capturé l’image du célèbre «Point de vue de la fenêtre» après plusieurs jours de pose grâce à son procédé de fixation des images, baptisé «héliographie» (du bitume de Judée sur une plaque d'étain polie) ; le second, en 1829, lui apporte la technique de la chambre noire (qui permet de réduire le temps de pose à quelques minutes)... et son sens du commerce.


Photo de Niepce 1827 (Paysage à st Loup de Varennes)

La mort de Niepce, en 1833, ne met pas fin à l'aventure dont le rythme va même s'accélérer : moins de cinq ans plus tard, Daguerre présente son daguerréotype à François Arago, savant et homme politique. Celui-ci s'empresse de jouer de son influence pour pousser l'État à se rendre acquéreur de l'invention puis à «en doter libéralement le monde entier», lors de la séance historique du 19 août 1839 devant les Académies des sciences et des beaux-arts.

La France du «roi-bourgeois» Louis-Philippe 1er prend ainsi de vitesse l'Angleterre de Fox Talbot (1800-1877). Ce dernier met toutefois au point un procédé permettant de multiplier les épreuves positives à partir d'un négatif.
Le succès est immédiat et phénoménal : alors qu'en ville les files d'attentes se forment devant les opticiens qui ont réussi à se procurer le matériel, les amateurs commencent à traverser les océans pour prendre des vues du Nouveau Monde ou d'Égypte.


Photo de Daguerre 1839  ( vue du Boulevard du Temple)

Sans cesse amélioré, avec désormais un temps de pose de quelques secondes, le daguerréotype prend vite la place des portraits en miniature dans les salons des familles bourgeoises.

Bienvenue pour une séance de supplice !


Il faut beaucoup de bonne volonté pour, les premières années, aller se « faire tirer le portrait » .

Non seulement la séance est hors de prix (5 frs alors qu’un ouvrier en gagne 1 par jour), mais elle est aussi une véritable torture.
Le volontaire doit se tenir immobile de longues secondes en plein soleil, aidé pour cela par un appui-tête plus ou moins confortable, le visage couvert de farine pour mieux prendre la lumière.
On comprend dès lors que les modèles des portraits de l’époque paraissent quelque peu figés et peu souriants !

Du négatif à la carte de visite

Cependant le procédé reste lourd et la reproduction des images impossible. L’Anglais Talbot prend en 1841 sa revanche en mettant au point le calotype, c’est-à-dire la technique du négatif sur papier.


Rapidement, le nombre des ateliers explose sous la vogue des cartes de visite pour lesquelles personnalités et anonymes viennent se mettre en scène, déguisés au milieu de véritables décors de théâtre.

C’est ainsi que Nadar se fait un nom à la tête de sa cinquantaine d’ouvriers. Il faut en effet de la main-d’œuvre pour retoucher et colorier les portraits !

Il était logique que la dimension artistique de la photographie finisse par être reconnue et revendiquée, avec, en 1852, au début du Second Empire, la première exposition.
On rivalise alors d’imagination pour créer marines, tableaux vivants à l’antique et même photomontages.


Mais la photographie ne se contente pas de faire de l’art : la voici qui devient témoin, des champs de bataille de Crimée aux barricades de la Commune.
Les commandes officielles se succèdent pour dresser aussi bien le catalogue des peuples de la planète que des malfrats londoniens. On commence alors à voir apparaître de véritables imprimeries photographiques qui diffusent journaux illustrés et ouvrages touristiques.

Félix Tournachon, dit Nadar


L'illustrateur et photographe Félix Tournachon (1820-1910) a bien fait de prendre un pseudonyme : un «Panthéon de Tournachon» aurait-il connu le succès de son «Panthéon de Nadar», album de gravures où se côtoient hommes politiques, écrivains et artistes de son temps ? Il a rencontré la plupart de ceux-ci au cours de sa période de bohème, avant de connaître la fortune grâce à la caricature et surtout la photographie.
Car Nadar est un homme curieux de tout : il se plonge sous Paris pour un reportage sur les catacombes ou encore s'envole à bord de son ballon pour prendre les premiers clichés aériens. Ruiné par la Commune, cet esprit insatiable, ouvert à toute idée nouvelle (c'est dans son atelier qu'exposent les peintres impressionnistes), nous aura fait parvenir un témoignage irremplaçable sur son siècle.

La couleur des Lumière

Il restait une étape à franchir : l’invention de la couleur. C’est chose faite officiellement le 7 mai 1869 lorsque le poète et savant Charles Cros (1842-1888) et Louis Ducos du Hauron (1837-1920) présentent le même jour (totalement par hasard !) à la Société française de photographie le principe de la trichromie basée sur l’association de trois images correspondant aux trois couleurs primaires.


Il faut encore attendre près de quarante ans pour que les frères Auguste et Louis Lumière (1862-1954 et 1864-1948), ceux-là mêmes qui vont inventer le cinéma (en parallèle avec Thomas Edison) déposent le brevet de l’autochrome qui permet de reproduire les couleurs en une seule prise sur une plaque.
Et ce n’est qu’après la Seconde Guerre mondiale que le kodacolor s’impose.

Avec le développement du numérique depuis 1981, la photographie s’est encore banalisée, faisant oublier ce long processus qui a permis à tout un chacun, par le miracle de la reproduction d’image, de disposer de l'équivalent des portraits et des gravures autrefois réservés aux classes fortunées.

Toute la planète dans un album


Albert Kahn (1860-1940) est un banquier audacieux et idéaliste (si, si, c'est possible !) : son projet, lancé en 1909, n’est-il pas de fixer sur l’image «des aspects, des pratiques et des modes de l'activité humaine dont la disparition fatale n'est plus qu'une question de temps» ?

Pour réaliser ces «Archives de la planète», il envoie donc aux quatre coins du monde une cinquantaine de photographes qui lui rapportent plus de 72.000 clichés, dont la majorité en couleur. À cela s’ajoutent près de 180.000 mètres de film puisque le cinéma, alors à ses débuts, n’est pas oublié dans l’opération. Il faudra la crise de 1929 et la faillite de Kahn pour interrompre ce projet généreux.

Quand le technicien se fait artiste

C'est avec suspiscion, voire moquerie, que les peintres virent arriver ces drôles de chimistes encombrés par leurs machines, qui de plus avaient l'ambition de reproduire la réalité !


Mais la concurrence était déloyale : certains artistes s'essayèrent donc à la photographie, comme Edgar Degas ou Édouard Vuillard, tandis que les photographes devenaient de plus en plus artistes.
Certaines de leurs réalisations sont même devenues des «classiques», connues de tous : en France les noms de Jacques- Henri Lartigue (1894-1986), Henri Cartier-Bresson (1908-2004) ou Robert Doisneau (1912-1994) nous invitent à observer avec un autre œil la bonne société des années 20 ou le petit peuple parisien d'après-guerre. Que ce soit dans un atelier de mode ou sur un champ de bataille, l'œil a ainsi su trouver un nouveau support pour voir le monde à la façon d'un créateur.

La(les)mode(s) - La mode en Occident -

Publié à 14:30 par acoeuretacris Tags : mode en occident 2
La(les)mode(s) - La mode en Occident -
La mode au fil des siècles (partie 2)

XVIe siècle : le Siècle d'or de l'inconfort

À partir du milieu du XVIe siècle, Réforme et Contre-réforme obligent, fini de rire ! La mode espagnole s'impose, avec toute sa sévérité et son inconfort. L'austérité est de mise, le noir prédomine et chasse le rouge. Les corps souffrent.


Vers 1580 apparaissent les crinolines «à la française» et les «vertugadins» à l'italienne. Il s'agit de jupes bouffantes à armatures. Pour accentuer une silhouette en forme de sablier, la femme comprime qui plus est le haut de son corps dans des corsets à baleines.

L'homme comme la femme se doivent de porter une fraise empesée et malcommode autour du cou. L'homme porte par ailleurs une culotte bouffante, garnie de crin ou de laine. Ses jambes ne sont plus protégées que par des chausses. Le pourpoint, toujours rembourré, est agrémenté d'une panse proéminente factice, le «panseron».

Tout cela concourt à des silhouettes fières et droites, reflet d'une caste aristocratique imbue d'elle-même.


Des effets de la mode sur la société et la nature

L'apparition des corsets au XVIe siècle ne doit rien au hasard. En 1492, comme chacun sait, les Européens ont posé le pied sur le continent américain. Pour combler leur gourmandise, ils se sont empressés de développer des plantations de canne à sucre dans les régions tropicales de ce Nouveau Monde (au prix de la traite atlantique).

Hélas, la gourmandise a un prix, l'obésité ! Et c'est afin de cacher leurs rondeurs et bourrelets que les dames de l'aristocratie ont adopté les corsets, si inconfortables fussent-ils ! On a appris très vite à fabriquer ces corsets à partir des fanons de baleines, d'où leur nom de «corsets à baleines». Il en a résulté le développement à grande échelle de la chasse à la baleine. Petites cause, grands effets...

XVIIe siècle : les rubans du Soleil

La mode se fait bientôt si exubérante que les souverains se croient obligés de sévir. Plusieurs édits somptuaires, sous les règnes d'Henri IV et Louis XIII, contraignent les bourgeois à plus de modestie. La laine regagne du terrain sur la soie. Sous le règne de Louis XIII, les élégants renoncent aux fraises du temps d'Henri IV et leur substituent un jabot, immense col carré plat, bordé de dentelle. Ce col disparaît sous le règne suivant, celui de Louis XIV, au profit des «lavallières», foulards de dentelles inventés par la première favorite royale, Louise de Lavallière, puis des cravates, plus simples mais ô combien difficiles à nouer, inspirées par le foulard des mercenaires croates.

La mode pouvait-elle échapper à l'éclat du Roi-Soleil ? Dans une Cour où chaque détail est soumis à l'étiquette, le choix des étoffes est défini par les saisons : les fourrures ne doivent apparaître qu'à la Toussaint, plus de taffetas une fois l'été envolé. Louis XIV donne le ton en se couvrant de volants de dentelles et de boucles multicolores. Il gagne des centimètres en montant sur des talons et abandonne les chausses pour une culotte large, la «rhingrave», qui croule sous les rubans.
Jusqu'à la fin du siècle, les perruques n'en finissent pas de gagner en volume. La mode en aurait été inaugurée par Louis XIII et développée par Louis XIV, l'un et l'autre soucieux de dissimuler leur calvitie.

Par comparaison, le costume féminin apparaît presque terne, malgré les efforts des maîtresses royales pour rivaliser de créativité. Le corsage est toujours baleiné pour mettre en valeur le décolleté, les manches sont courtes, les jupes («la modeste», «la friponne» et enfin «la secrète») s'amoncellent.

Un peu plus de poudre pour maquiller la crasse ?

Jusqu'au XXe siècle, la blancheur de la peau était restée un critère essentiel de beauté dans nos sociétés. C'est pourquoi on s'ingénia à faire paraître pâles coquets et coquettes, en multipliant les crèmes et poudres et en jouant sur les contrastes. Ainsi apparurent les fards et rouges à lèvre, mais aussi, à la Renaissance, les mouches de taffetas ou de velours, grains de beauté artificiels censés dissimuler les traces de maladie.
Le XVIIIe siècle s'en empare pour en faire un jeu de séduction : voici «la passionnée», appliquée au coin de l'œil, «la galante» qui s'étale au milieu de la joue, «la coquette» qui s'affiche au bord des lèvres ou encore «la provocante», à peine visible sur les seins... Et bien sûr, le maquillage s'accompagne toujours d'une bonne dose de parfum, pour atténuer les odeurs !
Les XVIIe et XVIIIe siècles sont marqués, notons-le, par une morgue aristocratique et des inégalités sans pareille. Aussi les classes sociales se distinguent-elles plus que jamais par la mode, l'apparence et la qualité de l'accoutrement : on repère au premier coup d'oeil un grand seigneur, un hobereau ou un modeste magistrat d'après la qualité de leur perruque ou de leurs vêtements... Et ne parlons pas des gens du peuple, qui donnent l'apparence de vivre sur une autre planète !

XVIIIe siècle : à bas la culotte !

Le siècle des Lumières est celui du raffinement et d'une simplicité retrouvée, sous l'influence anglaise. L'Europe copie les vêtements «à la française» c'est-à-dire, pour les femmes, une robe formée d'un corsage près du corps et d'une jupe qui recouvre plusieurs jupons ainsi qu'un «panier» destiné à élargir les hanches.

Quel échafaudage !

Dès l'Égypte ancienne, on aime à couvrir sa tête de cheveux postiches pour mieux affirmer sa position sociale. Les riches Romaines passent elles aussi de longues heures à colorer, boucler et coiffer leurs cheveux pour pouvoir présenter de véritables sculptures capillaires. Après plusieurs siècles pendant lesquels on préfère mettre l'accent sur le chapeau ou le bonnet, Louis XIII remet la perruque à la mode pour dissimuler sa calvitie. Son successeur Louis XIV en fait un accessoire de distinction que tout courtisan doit adopter.

Mais l'Histoire a surtout retenu les extravagants «poufs» de Marie-Antoinette et de son entourage : c'est ainsi que pour fêter une victoire maritime contre l'Angleterre, en 1778, les élégantes accrochent à leur pièce-montée chevelue une reproduction de la frégate La Belle-Poule ! Heureusement qu'un ingénieur inventa un système pour plier ces compositions et permettre à ces dames d'entrer dans les voitures...

Pour leur confort, les nobles français adoptent vers 1725 la tenue des cavaliers anglais, le «riding-coat», dont nous ferons la redingote. Ils portent également dans les grandes occasions un habit composé d'un justaucorps, d'une veste longue et d'une culotte en soie qui descend au genou. Celle-ci finit par devenir le symbole de l'aristocratie auquel s'opposent la tenue sombre et sobre des bourgeois, tels les députés du tiers-état aux états généraux de 1789 mais aussi les pantalons de toile des «sans-culottes», les travailleurs manuels et artisans qui animeront les clubs politiques sous la Révolution.


La Révolution, justement, s'épuise en cinq ans à peine. Sitôt Robespierre décapité, les survivants de la Terreur s'en donnent à cœur joie. «Muscadins», «incroyables» et «merveilleuses» se pavanent dans des tenues excentriques et, en ce qui concerne les femmes, généralement vaporeuses et très déshabillées, donnant à voir tous les charmes de l'anatomie.

Paris, capitale européenne de la mode au XVIIIe siècle, retrouve son aura. Aux siècles précédents, le goût français se diffusait à l'ensemble des cours européennes par le biais de poupées habillées de costumes en réduction ! En 1797 est créé le premier magazine de mode : Le journal des dames et des modes. Jusqu'en 1830, il publiera tous les cinq jours des articles illustrés des modèles à suivre.

En 1802, il utilise pour la première fois une hégérie de la mode pour promouvoir une nouvelle tenue : la délicieuse Juliette Récamier !

La reprise en main par Bonaparte consacre une nouvelle époque. Le style Empire délaisse perruques et frous-frous. Les femmes adoptent des robes aériennes et sages inspirées de l'Antiquité. En France comme dans le reste de l'Europe, l'on n'a plus d'yeux que pour la carrière des armes. Les officiers se pavanent dans des uniformes rutilants et ce goût de paraître perdurera jusqu'à la Grande Guerre (la boucherie des tranchées va lui porter un goût fatal et il n'y aura plus ensuite que les aviateurs et les marins pour cultiver le goût des beaux uniformes).

XIXe siècle : Vive le coton !

Avec la chute de l'Empire, la Restauration et le triomphe de la Sainte-Alliance, voilà que débarquent sur le Continent de jeunes dandies, tel le célébrissime Georges Brummel, l'élégance faite homme.

La mode masculine s'aligne désormais sur le modèle anglais - comme la mode féminine sur le modèle français -. Adieu culottes de soie et perruques d'Ancien Régime. Le pantalon et la redingote s'imposent : teintes assorties, vêtements bien coupés, fonctionnels et sobres.


Cela ne dure pas. Bientôt la bourgeoisie d'affaires s'empare du pouvoir, en France sous le règne de Louis-Philippe 1er, comme en Angleterre sous celui de Victoria et de son cher et sévère Albert.

Aux siècles précédents, les bourgeois ne rêvaient que d'imiter le faste de la noblesse et de la monarchie ; désormais, c'est la bourgeoisie qui impose ses manières austères et économes. Les hommes de la haute société adoptent un uniforme de couleur sombre et de coupe stricte (costume complet : gilet, veston et pantalon).

Les femmes, sous le règne de la bourgeoisie, perdent le peu de liberté que leur avait conservé l'Ancien Régime. Ce recul se traduit dans la mode : adieu les tenues vaporeuses du Directoire ; voici le retour des corsets et baleines qui emprisonnent le corps et les obligent à avoir recours fréquemment aux flacons de sel pour retrouver leurs esprits.


La grande nouveauté vient de l'industrie : grâce à la mécanisation du secteur textile et au déferlement du coton, les tissus à motifs envahissent les grands magasins, nouveaux espaces de vente où se pressent coquettes et adeptes de la machine à coudre inventée en 1851. Il en faut en effet des longueurs de tissu pour couvrir la cage formée par la «crinoline», en vogue sous le Second Empire. Au moins cette jupe libère-t-elle les jambes à la différence des lourds jupons de la génération précédente !

En abaissant considérablement les coûts de production, la mécanisation et la révolution industrielle ont également pour conséquence de démocratiser la mode. Celle-ci élargit son emprise aux classes moyennes et les différences d'habillement entre la haute bourgeoisie et la petite bourgeoisie tendent à se réduire...


Les grands couturiers en marche

En 1858, l'«instituteur de la haute couture», Charles Worth, révolutionne le monde de la mode en offrant à sa clientèle de véritables défilés de modèles tout prêts, au cœur de beaux salons parisiens : la création de luxe est née.

Le XXe siècle voit le triomphe de la haute couture française avec les noms de Paul Poiret et Coco Chanel, qui contribuent à libérer la femme, puis, après-guerre, de Christian Dior et son new look, Yves Saint-Laurent et Pierre Cardin ou plus récemment Jean-Paul Gaultier et Christian Lacroix. La mode devient un véritable art marqué par des talents forts, tout en restant une industrie avec ses réseaux de diffusion, ses gammes de produits dérivés et ses campagnes de publicité.


XXe siècle : de la grisette à la punkette

La «Belle Époque» (1900-1914) porte bien son nom dans le domaine de la mode puisqu'elle voit les femmes de la bourgeoisie multiplier les commandes auprès de leurs couturières, aidées par les petites grisettes. Paris, qui entre dans le XXe siècle avec la prestigieuse exposition internationale de 1900, devient la capitale mondiale de la mode. De Manaus (Brésil) à Saint-Pétersbourg (Russie), on ne jure que par le chic parisien.

Mais un changement se fait jour avec la vogue de la bicyclette et du sport (c'est la renaissance des Jeux Olympiques) : les femmes de la bonne société se prennent de passion pour la «petite reine» et pour cela adoptent des tenues plus pratiques et plus légères, y compris le pantalon, longtemps réservé aux hommes.


Après le choc de la Première Guerre mondiale, viennent les «Années folles» et la soif de liberté. La jupe courte «à la garçonne» a son heure de gloire mais elle est vite abandonnée... Il n'en va pas de même du soutien-gorge, une innovation tellement plus confortable que le corset d'antan !

Les femmes aspirent à une élégance longiligne, souple, qui épouse les formes. Les grands couturiers s'en donnent à coeur joie avant la parenthèse de 1940-1945 qui oblige les Françaises à déployer des miracles de débrouille avec des semelles de bois, des bas tracés au crayon et nombre de colifichets pour agrémenter les chapeaux.

Robes mini des années 60, pantalons pattes d'éléphant à fleurs et blousons cloutés des années 70 traduisent le désir de changement de la jeune génération. La mode, désormais, n'est plus l'apanage des salons parisiens mais se conçoit aussi bien à l'autre bout du monde que dans la rue.

La(les)mode(s) - La mode en Occident -

Publié à 11:21 par acoeuretacris Tags : mode en occident 1
La(les)mode(s) - La mode en Occident -
La mode au fil des siècles (partie 1)


Aussi loin que nous remontions dans notre Histoire, nous voyons combien les hommes et les femmes ont cultivé le souci de leur apparence. La mode en est l'expression. Elle permet à chacun de se mettre en valeur, de se faire estimer et désirer, mais aussi de s'identifier à son groupe social et à son temps.

C'est si vrai qu'aujourd'hui, le plus sûr moyen de dater une peinture ancienne ou une oeuvre d'art est de détailler les vêtements et les parures des personnages qu'elle représente.

Au commencement... la feuille de vigne ?

Faute de poils ou de plumes, l'être humain a dû faire marcher très tôt son intelligence pour se protéger du climat. Et le plus pratique était encore de se servir sur ceux qui en avaient : voici donc les premiers hommes recouverts de fourrures douillettes. Très tôt, nos ancêtres inventent l'aiguille : un outil modeste mais essentiel pour la confection de vêtements cousus. Les peaux de bêtes tannées ont la faveur des habitants des régions froides. Certaines populations, comme les Mongols, fabriquent aussi des feutres par malaxage de poils ou laines. Ce sont les premières étoffes. À la faveur de la sédentarisation, les habitants des régions chaudes ou tempérées se mettent aussi à tisser les fibres végétales (lin) ou animales (laine).


Et pourquoi ne pas se servir de la seconde peau pour marquer son rang ? Des colliers de dents feront l'affaire, agrémentés de coquillages, plumes ou os qui tiennent souvent lieu dans les régions chaudes de seuls costumes.

Mais Adam et Ève ont mangé le fruit défendu qui leur a révélé leur nudité : le vêtement a donc eu également pour fonction de préserver leur pudeur.

Antiquité : simple mais pratique


La chaleur de l'Égypte ne laissant guère de place à la fourrure, les habitants de la vallée du Nil font un triomphe au lin qui leur permet de créer fourreaux et pagnes tout en légèreté.

Légèreté peut rimer avec confort, élégance et même sophistication. Les fresques de l'ancienne Égypte détaillent avec précision le vêtement des hommes et des femmes, des souverains, des nobles, des danseuses, aussi bien que des paysans. Le souci de la mode apparaît très tôt : la «Parisienne» de Crète (1500 ans avant notre ère) en est la preuve presque vivante avec son fin profil au discret maquillage.



Dans la Grèce antique, les dames, comme les messieurs, s'enveloppent dans un «chiton» à taille unique qui s'agrafe sur l'épaule et se serre à la taille. Ces vêtements sont généralement de couleur brune mais les classes supérieures s'autorisent des couleurs vives.

Plus tard, les patriciens romains portent couramment la tunique, ne réservant l'encombrante toge de six mètres qu'aux grandes occasions. La couleur reste rare, mais tous n'hésitent pas à faire étalage de leurs richesses à l'aide de somptueux bijoux.
Plus pudiques que les Grecs, les Romains ne pratiquent pas la nudité au gymnase et certaines fresques nous montrent de jeunes femmes athlètes dans un «bikini» d'allure très moderne.



Byzance, profitant des échanges avec l'Extrême-Orient et de l'acclimatation des vers à soie, rompt avec l'austérité romaine.
Les représentants des classes supérieures s'enveloppent de très riches costumes de coton et de soie colorés. Les empereurs d'Orient cultivent une pompe somptueuse dont la pourpre est le symbole.


Les Gaulois, moins rustres qu'on ne l'entend dire parfois, diffusent l'usage des braies ou pantalons. Il s'agit de vêtements cousus et, comme ils s'adaptent à la forme et aux mouvements du corps, il n'est pas besoin de les ôter dans les tâches ardues, aux champs ou à l'atelier, comme c'est le cas avec les simples tuniques.

Jusqu'à la fin du Moyen Âge, cette tenue évolue peu. Les pauvres, il est vrai, n'ont guère le choix de l'habillement et revêtent ce qu'ils trouvent : hardes, chemises, tuniques, braies,...

Lorsque le corps se fait armure

Des tatouages aux lourdes armures de la Renaissance, l'homme s'est toujours ingénié à protéger son corps contre toute agression. Casques de bronze des Spartiates, cottes de mailles des croisés et gilets pare-balle modernes font partie de la panoplie adoptée par le soldat à travers les siècles pour mettre son corps à l'abri.

Le vêtement militaire peut aussi avoir une fonction pratique, en permettant de distinguer les armées, mais aussi plus psychologique : il s'agit d'impressionner l'ennemi par des couleurs criardes ou des formes agressives. Parfois, l'habit du soldat parvient à se faire une place dans la vie civile, à l'image du trench-coat ou «manteau de tranchée» qui fit les beaux jours du cinéma noir américain.

Moyen Âge : du hennin à la poulaine

Aux temps carolingiens apparaît dans la classe supérieure une tenue plus ou moins spécifique, telle qu'elle ressort de la description que le chroniqueur Eginhard fait de l'empereur Charlemagne : «Il portait la tenue nationale c'est-à-dire franque ;... un haut-de-chausse attaché avec des bandes protégeait ses membres inférieurs et des souliers, ses pieds, et il couvrait ses épaules et sa poitrine d'une jaquette ajustée... Sur le tout, il jetait un manteau bleu»



La «tapisserie de la reine Mathilde» nous offre une représentation réaliste des Occidentaux, essentiellement des guerriers, aux alentours de l'An Mil. Les hommes portent culottes et tuniques ; ils sont imberbes, avec une coupe au bol. Rien à voir avec les temps mérovingiens, un demi-millénaire plus tôt, quand les cheveux courts et le visage glabre étaient le propre des ecclésiastiques.

Dans la deuxième moitié du Moyen Âge, l'apparence devient peu à peu signe d'appartenance sociale. Les groupes et les corps de métiers tendent à se différencier par la forme ou la couleur de leur tenue qui devient plus variée et riche grâce aux apports des croisades.

À partir de 1380, on porte la «houppelande», un confortable manteau sans manches aussi baptisé «robe», mais elle passera de mode au milieu du siècle suivant.

Au XVe siècle, la garde-robe se divise horizontalement et le corps se corsète, le vêtement en soulignant les formes, tant masculines que féminines.



L'homme s'habille d'une veste courte serrée à la taille avec une ceinture : le «pourpoint». Il porte des chausses (ou bas) protégées au niveau des pieds par des «poulaines» (chaussures étroites et effilées, parfois si longues qu'il faut les renforcer avec du métal). La mode, au milieu du XVe siècle, est aux bas bicolores (chaque jambe d'une couleur).

La femme, qui se doit d'être élancée, met sa taille en valeur avec un corsage et une jupe tout en gagnant encore des centimètres à l'aide d'un chapeau comme le fameux hennin, sorte de cône qui fait fureur à partir de 1450 environ. Mais l'esthétique veut aussi qu'elle souligne la rondeur de son ventre (les temps ont bien changé !).

Agnès Sorel, inspiratrice de la mode



La mode vient généralement d'en haut. Agnès Sorel, maîtresse officielle du roi Charles VII de 1444 à 1450, est considérée par ses contemporains comme la plus belle femme de son temps.
Sûre de ses charmes, elle n'hésite pas à choquer la Cour en mettant en avant ses avantages dans des robes «aux ouvertures de par-devant par lesquelles on voit les tétons» (Jean Jouvenel). Elle s'épile aussi le front à la poix pour en accentuer la hauteur et cette pratique est imitée par toutes les coquettes de la Cour.

Renaissance : l'Italie à la pointe

A l'Italie de la Renaissance on doit Vinci, Michel-Ange et la fourchette. Mais on sait moins qu'elle apporta aussi à l'Europe le décolleté plongeant et la braguette, pièce de tissu rembourrée mettant en valeur la puissance de son propriétaire et servant accessoirement de poche.


C'est également à la fin du XVe siècle et au début du suivant que se multiplient les fentes dans les brocards et velours : ces ouvertures ou «crevés» viennent, semble-t-il, des lansquenets suisses ou allemands qui, en déchirant leurs vêtements et en les raccommodant avec de la soie ou des brocarts, veulent apparaître plus intimidants, à la manière de nos contemporains qui déchirent leurs jeans pour signifier leur dédain des conventions sociales. La haute société masculine du XVIe siècle s'approprie cette mode pour donner à voir la splendeur de ses dentelles de Flandres ou de ses étoffes fines importées, via Venise, des régions d'Asie.

Et pourquoi ne pas créer des pièces détachables, que l'on peut intervertir à l'envie ? C'est le cas des manches, attachées au vêtement à l'aide de lacets dits «aiguillettes». Complétez avec une fraise, col plissé et empesé de plus en plus volumineux, et vous obtiendrez une tenue luxueuse, bien éloignée des costumes ordinaires du peuple...

Notons qu'en cette période de la Renaissance, la mode masculine manifeste plus d'exubérance que la mode féminine ! C'est un phénomène assez rare dans l'Histoire pour être relevé.
Notons encore que, de François 1er à Henri IV, la barbe fait un retour en force après plusieurs siècles de dédain. Elle disparaîtra aussi vite qu'elle est venue pour ne plus réapparaître qu'à la fin du XIXe siècle.

L'enfant, une bête de mode ?


Pourquoi chercher à créer une garde-robe pour les enfants, ces adultes en miniature ? Jusqu'au XXe siècle, les bambins sont simplement habillés à l'image de leurs parents et tant pis si jupons et chapeaux entravent courses et jeux !

Les garçons ont aussi droit, jusqu'à 6-7 ans, aux cheveux longs et aux robes, avant d'adopter, au XIXe siècle, le grand classique qu'est le costume marin. Il faut attendre la fin de la Seconde Guerre mondiale pour que les couturiers se penchent enfin sur leur cas et créent à leur intention des vêtements faciles aussi bien à porter qu'à entretenir.

Cadeau commun de Corinne...

Publié à 10:39 par acoeuretacris
Cadeau commun de Corinne...

 

http://corinele.centerblog.net/

 

 

 

 

 Corinne pour ce joli cadeau...

 

Il ne devrait pleuvoir que des coeurs !!

 

Gros Bisous

Bonjour et bonne journée

Publié à 08:34 par acoeuretacris Tags : bonjour
Bonjour et bonne journée

 

Amitié  
 
 
Peut-être existe-t-il une âme sur la terre
Pour la mienne créée, et dont elle est la sœur :
Heureuse et fortunée, ou pauvre et solitaire,
Elle me comprendrait et lirait dans mon cœur.


Elle partagerait mes secrètes pensées,
Elle aurait mon amour, j’aurais toute sa foi;
Sans cesse étroitement l’une à l’autre enlacées,
J’existerais pour elle, elle vivrait pour moi.


Nous ne nous ferions point de bruyante promesse,
Nous nous dirions beaucoup en nous parlant très peu;
Un sourire, un regard, souvent une caresse,
Quelquefois un baiser, tendre et discret aveu.

Nous porterions ensemble et la joie et la peine,
La croix serait moins lourde et le bonheur plus pur,
Et nous achèverions notre carrière humaine.
Sûres de nous revoir au delà de l’azur.


Cette félicité n’est encore qu’un rêve
Déjà cent fois détruit, cent fois recommencé,
Et l’âme que j’espère et que j’attends sans trêve
Ne s’est point révélée à mon esprit lassé.

Peut-être que je l’ai déjà vue en ce monde,
Peut-être que mes yeux ont rencontré ses yeux,
Et dans le court espace, hélas ! d’une seconde,
Nos cœurs qui s’appelaient ont palpité joyeux.


Nous nous sommes trouvés bien près de nous connaître,
Nous avons été près de nous tendre la main...
Puis avec un soupir qui montait dans notre être,
Nous avons pris chacune un différent chemin.


Nous avons poursuivi la route solitaire,
Le cœur plein de tristesse et de vague regret,
Avec le sentiment que jamais, sur la terre,
Un semblable destin ne nous réunirait.


(Alice de Chambrier)
 

 

 

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Bonne soirée à tous....

Publié à 21:37 par acoeuretacris Tags : bonsoir
Bonne soirée à tous....
 
La complainte de l'internaute  
 
 
Sur des fleurs la fenêtre s'ouvre
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L'écran fond

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Renommer :
                « Ève »
Une souris serpentine
A pointé la verte pomme

Virtu-elle est sans vertu
Entièrement nue sous mes doigts
Qui claquent sur le clavier
L'araignée viendra la mordre

Voulez-vous vider la mémoire ?
                Effacer
                Annuler
La prudence est de passage

À portée des yeux le savoir
Redémarré
Un million de liens sacrés
Qui furent numérisés

Les sites merveilles du monde
L'Afrique internetisée
Consommer l'éducation
Pédophilie d'inaction

L'univers à ta merci

Trop tard la Toile t'a pris
Courbée vers l'écran d'étoiles
L'âminternaute supplie

Voulez-vous télécharger ?
                Envoyer
                Refuser
J'exécute sans penser

NOUVEAU MESSAGE
Vous n'êtes pas seul
Mon immortel,
Vous n'êtes pas seul !

I love you
Le croyez-vous ?
La mémoire du disque est pleine :
Effacez vos souvenirs.

Attention aux Maladies
Virtuellement Transmissibles.
L'antivirus a craqué
Effacer indésirables ?

Un pixel est sur ta joue
Infime grain de beauté
Le moniteur furieux déchaine les couleurs
Et t'engloutit.

Le métal d'une voix claire
Grésille sur mon bureau
Le micro crache sa glaire
Je traaa-rraaa-traaaa-ime

Métamorphosé l'amour
                Erreur
Impossible d'accéder au serveur
Ton oeil torturé se déchire.

Mettre en ligne les échecs
                Une salve
Voulez-vous vider la corbeille ?
Effacé l'Historique.

Accusé
                levez vous
Réception annulée
La Toile à perpétuité
Absorbé par le remous

Dans l'ombre du flot soudain
D'information
L'épingle tirée du pirate
Joue sur notre inanition.  

« L'horrible soif qui me déchire
Aurait besoin pour s'assouvir
D'autant de liens qu'en peut tenir
Le réseau ; — ce n'est pas peu dire »

Perfusion électronique
Immobile
Mais sans fil :
Ma Liberté connectique.

Si tu m'aimes tu me cliques
Accepter l'invitation
Mon avatar d'électrons
S'envole vers l'Amérique.

Mon Amour mon Amérique !
Amertume magnétique
Accélère la connexion
Mon coeur est immatériel

Instantanément
                        docile
Trois cent soixante-cinq années
Livraison à domicile
Mariages – deuils – carte acceptée

J’ai passé la fibre au doigt
Squelettique d'une poupée
Numérique
Entièrement nue devant moi.

Voulez-vous quitter le programme ?
Le réseau trop réaliste
A raturé mon poème
Ses fleurs sont promises au roi

Le chargement a échoué
J'échoue au loin de ses bras
L'araignée la dévorera.
Voulez-vous réessayer ?
  
 
M.D. Arakiri  
 
 
 
 

 

Le(s) climat(s) - ÉTÉS CANICULAIRES, GRANDES SÉCHERESSES

Publié à 17:28 par acoeuretacris Tags : climat
Le(s) climat(s) - ÉTÉS CANICULAIRES, GRANDES SÉCHERESSES
 
ÉTÉS CANICULAIRES, GRANDES SÉCHERESSEs
à travers les siècles
 
 
(D'après« Des changements dans le climat
de la France », paru en 1845)
 
 
Quel est le degré de température de nos grands étés ? Ici revient l'insurmontable difficulté de fixer au juste, avant l'usage du thermomètre, l'intensité du froid ou de la chaleur. Un artifice fondé sur les rapports reconnus entre certains phénomènes naturels et les mouvements du thermomètre fournit les mesures approximatives de nos grandes chaleurs et de nos grands froids.
 
 
De Humboldt a posé en principe que la végétation des arbres exige au moins une température moyenne égale à 11°. Le chiffre de cette température répond encore au point où la chaleur de l'air commence à devenir sensible. Ce degré assez fixe peut être pris pour le premier terme d'une échelle de nos grandes chaleurs. Messier a quant à lui constaté que le maximum de la chaleur à Paris, le 8 juillet 1793, a marqué 40°. C'est à peu près la plus haute température, excepté celle de l'été 1705 à Montpellier, observée en France, le thermomètre au nord, isolé, à l'ombre, à l'abri des réverbérations et à l'air libre.
 
Les graduations intermédiaires peuvent se déduire des rapports de la température avec les mouvements de la végétation. Par exemple, les fruits à noyau fleurissent ordinairement au milieu du mois de mars, sous une chaleur extrême de 17°. La floraison des vignes et la maturité des premiers fruits se rencontrent, vers le même temps, du 15 au 30 juin : le maximum moyen de la température indique alors 32°. Les récoltes d'été, depuis celle du seigle jusqu'à celle du vin, ont lieu, année commune, entre le 20 du mois de juin et le 20 du mois de septembre ; or, la température extrême des mois de mai, juin, juillet et août, qui influent le plus sur ces récoltes, égale moyennement 35° ; enfin, au delà de 35°, si cet excès de chaleur dure assidûment plusieurs jours ou se répète trop souvent, les plantes se dessèchent et les récoltes périssent. Ainsi, on peut estimer, d'après ces évaluations approximatives, la chaleur thermométrique de nos anciens étés.
 
DATES DE NOS GRANDS ÉTÉS
ET GRANDES SÉCHERESSES
 
 
VIe siècle : 580, 582, 584, 585, 586, 587, 589, 591

 

VIIe siècle : 675, 700

 

VIIIe siècle : 783

 

IXe siècle : 874, 892

 

Xe siècle : 921, 987, 994

 

XIe siècle : 1078, 1094

 

XIIe siècle : 1137, 1183, 1188

 

XIIIe siècle : 1204, 1212, 1226, 1287

 

XIVe siècle : 1305, 1306, 1325, 1331, 1334, 1361, 1384, 1392

 

XVe siècle : 1473

 

XVIe siècle : 1540, 1553

 

XVIIe siècle : 1632, 1674, 1684, 1694

 

XVIIIe siècle : 1701, 1712, 1718, 1719, 1726, 1727, 1767, 1778, 1793

 

XIXe siècle : 1803, 1811, 1817, 1825, 1842, 1858, 1875, 1893

 

 
 
 

En 580, les arbres fleurirent une seconde fois aux mois de septembre ou d'octobre. Des pluies abondantes et des inondations terribles avaient précédé cette floraison inaccoutumée ; et la chaleur, dont elle était la suite, fut accompagnée de tremblements de terre, d'incendies et de grêles, spécialement à Bordeaux, à Arles et à Bourges. Cette seconde floraison fait supposer au moins une température printanière prolongée, soit 12° à 14° de chaleur moyenne, et 24° à 25° de chaleur extrême.

 

La chaleur de l'année 582 fit fleurir les arbres au mois de janvier. En 584, on eut des roses en janvier : une gelée blanche, un ouragan et la grêle ravagèrent successivement les moissons et les vignes ; l'excès de la sécheresse vint consommer ensuite les désastres de la grêle passée : aussi ne vit-on presque pas de raisins cette année ; les cultivateurs désespérés livrèrent leurs vignes à la merci des troupeaux.

 

Cependant les arbres, qui avaient déjà porté des fruits au mois de juillet, en produisirent une nouvelle récolte au mois de septembre, ce qui implique régulièrement 20° à 24° de chaleur moyenne, et 32° à 34° au moins de chaleur extrême ; quelques-uns refleurirent encore au mois de décembre, et les vignes offrirent à la même époque des grappes bien formées, augurant 12° à 14° de chaleur moyenne, et 24° à 25° de chaleur extrême. Les arbres refleurirent au mois de juillet 585 ; ils refleurirent encore au mois de septembre 586, et un grand nombre de ces derniers, qui avaient déjà porté des fruits, en produisirent une seconde fois jusqu'aux fêtes de Noël. Au mois d'octobre 587, après la vendange, les vignes présentèrent de nouveaux jets avec des raisins bien formés.

 

 

Vendangeurs au XIXe siècle

 

 

Les arbres refleurirent pendant l'automne de 589, et ils donnèrent ensuite d'autres fruits : on eut aussi des roses au mois de novembre. La sécheresse excessive de 591 consuma toutes les prairies. Celle du long été de 874 fit manquer les foins et les blés. Les mois d'avril et de mai 892 furent en proie à une extrême sécheresse. L'année 921 se fit remarquer par de nombreux orages. Des chaleurs intenses et une sécheresse extrême régnèrent depuis, presque sans interruption, pendant les mois de juillet, août et septembre. L'extrême chaleur de l'été de 987 réduisit de beaucoup les récoltes. En 994, la disette des pluies tarit les fleuves, fit périr les poissons dans la plupart des étangs, dessécha beaucoup d'arbres, brûla les prairies et les moissons.

 

L'été de 1078 fut encore très sec : la vendange s'avança d'un mois ; c'est un signe de chaleurs précoces et d'une intensité moyenne de 24° à 25° au moins, et d'une intensité extrême de 35° au moins. Le vin fut abondant et fort bon. En 1094 la sécheresse fut extraordinaire. Celle de 1137 se déclara au mois de mars et persévéra jusqu'au mois de septembre, tarissant aussi les puits, les fontaines et les fleuves. Une sécheresse insolite accompagna la grande chaleur de 1183 ; elle sécha dans plusieurs endroits les rivières, les fontaines et les puits. Les mêmes phénomènes trahissent la sécheresse de 1188 : un grand nombre d'incendies se déclarèrent à Tours, à Chartres, à Beauvais, à Auxerre, à Troyes, etc.

 

Il ne plut pas ou presque pas pendant les mois de février, mars et avril 1204 : de fortes chaleurs succédèrent à ces trois mois de sécheresse. L'année 1212 fut très sèche. L'extrême sécheresse de l'année 1226 entraîna la ruine de presque toutes les récoltes d'été : l'automne de cette année se montra encore chaud et sec ; enfin, un hiver sec, très froid prolongea la sécheresse jusqu'au mois de février suivant. Cette chaleur sèche continue produisit dans toute la France une quantité prodigieuse de vin. Il ne plut pas pendant tout l'été 1287 ; les puits et les fontaines tarirent.

 

En 1305, il y eut une grande sécheresse en été ; la sécheresse fut aussi excessive en 1306 au printemps et en été. La sécheresse fut si grande en 1325, qu'on eut à peine la valeur de deux jours de pluie dans le cours de quatre lunaisons : il y eut cette année-là une chaleur excessive mais sans éclairs, tonnerres ni tempêtes, peu de fruits, seulement les vins furent meilleurs que de coutume. En 1331, aux longues pluies qui avaient duré depuis le commencement du mois de novembre de l'année précédente jusqu'au commencement de cette année, succéda une si grande sécheresse qu'on ne put labourer la terre à cause de sa dureté. L'hiver suivant fut pluvieux et très peu froid ; il n'y eut presque pas de gelées.

 

 

Fontaine de l'avenue de l'Observatoire
au XIXe siècle à Paris, par Carpeaux.
Dessin de Sellier.

 

 

La sécheresse de l'été 1334 fut suivie d'un hiver très humide ; il y eut beaucoup de vins, mais moins chauds que l'année précédente. Les sources tarirent pendant l'été de 1384 par le manque de pluies et la sécheresse insupportable qui régna dans toute la France. La sécheresse opiniâtre de l'été 1392 tarit les sources et empêcha les plus grands fleuves de la France d'être navigables. L'été de 1473 fut très chaud : la chaleur se prolongea depuis le mois de juin jusqu'au 1er décembre ; il n'y eut ni froid, ni gelées avant la Chandeleur. Labruyère-Champier et Fernel ont signalé les grandes chaleurs générales de l'été de 1540. En 1553, la chaleur brûlait tout au mois de juin.

 

La sécheresse de 1632 dura depuis le 12 juillet jusqu'au 15 septembre. Nous mesurons plus sûrement, grâce aux observations thermométriques, les degrés de chaleur des grands étés suivants. L'année 1684, classée par J.-D. Cassini au nombre des plus chaudes, dans un tableau des grandes chaleurs de Paris, qui comprend quatre-vingt-deux ans, a présenté, seulement sous ce climat, soixante-huit jours d'une température de 25°, entre midi et trois heures ; seize jours d'une température de 31°, et trois jours d'une température de 35°. Ainsi le thermomètre s'éleva trois fois, de midi à trois heures, le 10 juillet, le 4 et le 8 août, à 35° au moins. Les observations udométriques commencées en France par Lahire, en 1689, ne fournissent pas moins d'exemples de ces grandes sécheresses. Les plus considérables depuis cette époque appartiennent aux années 1694, 1719, 1767, 1778, 1793, 1803, 1817, 1825, 1842, 1858, 1875, 1893. A Paris, le thermomètre marqua 40° à trois heures et demie le 17 août 1701.

 

Les deux années de 1718 et 1719 eurent l'une et l'autre des chaleurs sèches, violentes, longues et soutenues. A Paris, le 7 août 1718, le thermomètre de Lahire, malgré son exposition défavorable, indiqua néanmoins vers trois heures de l'après-midi 35° ou 36° : il s'éleva aux mêmes chiffres le 11, le 21 et le 23. Un hiver très doux succéda à ces chaleurs. La plupart des arbres se couvrirent de fleurs dès le mois de février et de mars 1719.

 

Les fortes chaleurs reparurent avec le mois de juin. Plus intenses que celles de l'année précédente, elles durèrent aussi beaucoup plus longtemps. A Paris, le thermomètre de Lahire indiqua au maximum une température de 37° ; en outre, la table de Cassini attribue à cet été quarante-deux jours d'une température de 31° ; enfin, les chaleurs ont persévéré trois mois et demi, depuis le mois de juin jusqu'à la moitié du mois de septembre. L'extrême abaissement des eaux de la Seine au pont de la Tournelle, durant cette année si sèche, donna le zéro des mesures pour les hauteurs variables de ce fleuve. Le père Feuillée, cité par Maraldi, écrivait en même temps de Marseille que des chaleurs insolites y avaient fait refleurir les arbres au mois d'octobre, et qu'ils s'étaient plus tard chargés de nouveaux fruits. Les froids survenus au mois de décembre empêchèrent ces fruits de grossir comme à l'ordinaire, mais ils ne les empêchèrent pas d'aboutir à une parfaite maturité. Le père Feuillée ajoute qu'il a cueilli, le 18 décembre, des cerises et des pommes complètement mûres.

 

L'été de 1726 débuta vers la fin du mois de mai, continua ensuite durant les mois de juin, de juillet et d'août. Cassini y a compté à Paris soixante-deux jours d'une température de 25°, et dix jours d'une température de 31°, sa plus grande chaleur, observée le 27 et le 28 août, ayant égalé environ 34°. Les fruits mûrirent un mois plus tôt qu'à l'ordinaire. Le maximum de la chaleur fut beaucoup plus précoce en Provence. A Toulon et à Aix, il eut lieu le 13 et 14 juillet. C'est en 1726 que Delande vit à Brest son baromètre parfaitement immobile depuis le 2 février jusqu'au 1er septembre.

 

 

Vignoble de Meursault au XVIIIe siècle, près
de Beaune. Dessin de J.-B. Lallemand.

 

 

Les chaleurs de l'année 1727 ont duré bien davantage. Après un hiver modéré, le thermomètre commença à monter le 7 février. Le 10 mai suivant, il marquait déjà, au lever du soleil, 18°, et à deux heures le soir près de 27°. Les chaleurs se soutinrent en augmentant pendant les mois de juillet et d'août. Le 7 de ce dernier mois, à trois heures de l'après-midi, elles atteignirent le maximum de 35° ; depuis, la température ne cessa d'être élevée le reste du mois d'août et dans le cours du mois de septembre.

 

L'été de 1778 eut aussi des chaleurs fortes, longues et constantes. Sous leur influence, plusieurs arbres fruitiers fleurirent une seconde fois ; deux ceps de vigne en espalier contre le mur de l'ancien corps de garde du quai Malaquais, à Paris, offrirent même le 10 octobre, après avoir refleuri, des grappes assez grosses. Mourgue et Lamanon ont signalé les mêmes chaleurs, l'un à Montpellier et l'autre à Salon. Ces chaleurs insolites régnèrent principalement dans les mois de juillet et d'août ; elles furent sèches et sans nuages : ce grand été se fit d'ailleurs remarquer par la fréquence des inondations, des orages, des ouragans et des tremblements de terre.

 

Les chaleurs de l'été 1793 éclatèrent brusquement. Les mois de mai et de juin avaient été très froids ; il avait gelé à glace durant ces deux mois, il était tombé beaucoup de neige sur les Alpes et d'autres montagnes ; enfin, on avait vu dans la basse Autriche des chariots chargés traverser une rivière à la fin du mois de juin. Les grandes chaleurs commencèrent à paris le 1er juillet ; à Montmorency, après le 4. Elles augmentèrent si rapidement, que la journée du 8 figure déjà parmi les époques de leur maximum. Pendant tout le mois, le thermomètre se balança, au milieu du jour, entre 40° et 25° à 26°, en indiquant douze fois 24° à 34°, et dix fois 34° à 40° ; son élévation ne fut guère moindre les dix-sept premiers jours du mois d'août. Le maximum de la chaleur a donné 38°4 le 8 juillet à l'Observatoire royal de paris, et 40° le 16 du même mois à l'Observatoire de la marine. Durant ces grandes chaleurs, le vent resta fixé au nord, le ciel fut presque toujours beau, clair et sans nuages.

 

Ces grandes chaleurs ont été très sèches, quoique entrecoupées de violents orages, lourdes et accablantes ; elles différèrent peu du jour à la nuit et du matin au soir. Les objets exposés au soleil s'échauffaient à un tel degré qu'ils étaient brûlants au toucher. Des hommes et des animaux moururent asphyxiés, les légumes et les fruits furent grillés ou dévorés par les chenilles. Les meubles et les boiseries craquaient, les portes et les fenêtres se déjetaient ; la viande, fraîchement tuée, ne tardait pas à se gâter. Une transpiration incessante macérait la peau, et le corps nageait continuellement dans un bain de sueur fort incommode. C'est surtout le 7 juillet qu'on a pu constater de semblables effets. Le vent du nord vint apporter ce jour-là une chaleur si extraordinaire, qu'il paraissait s'exhaler d'un brasier enflammé ou de la bouche d'un four à chaux. Cette chaleur était étouffante, régnait par un ciel très clair, arrivait par bouffées intermittentes, et produisait à l'ombre une impression ausi brûlante que celle des rayons du soleil le plus ardent.

 

En 1803, il plut très peu du 4 juin au 1er octobre. La pluie augmenta vers le commencement d'octobre ; après quoi, la sécheresse reprit et se soutint de nouveau jusqu'au 9 novembre. Cette sécheresse continua donc quatre mois de suite et plus de cinq mois en tout, sauf la courte interruption des premiers jours d'octobre. Les puits et les fontaines tarirent. A Paris, le petit bras de la Seine resta presque à sec, et le niveau du fleuve indiqua, le 21 et le 27 novembre, 24 centimètres au-dessous de zéro. Dans quelques départements, l'eau manquait absolument ; on allait en chercher à trois ou quatre lieues, et il en coûtait trente sous pour abreuver un cheval.

 

En 1811, les chaleurs furent partout précoces, intenses et prolongées. Les moyennes mensuelles de la température de Paris dépassent, cette année, de plusieurs degrés, les mois de janvier et d'août exceptés, les moyennes mensuelles déduites de vingt-et-un ans. Cet excès de chaleur éclata tout d'un coup dès le mois de février ; elle se soutint presque sans interruption, ou plutôt en augmentant de mois en mois, pendant les mois de mars, d'avril et de mai, avant de marquer une pause.

 

 

La récolte des pommes au XIXe siècle, en Normandie

 

 

A Nancy, la chaleur commença le 15 mars, et persista avec opiniâtreté jusqu'au 6 août. Cette chaleur sèche tarit de bonne heure un grand nombre de ruisseaux que personne n'avait jamais vus à sec, compromit les prés et les semailles printanières, avança toutes les récoltes et rendit fort abondante celle des grains et des raisins. La vigne fleurit le 24 mai, au lieu de fleurir vers le 24 juin. La moisson eut lieu du 10 au 20 juillet, et la vendange dès le 8 septembre. Dans le Midi, les vents du sud, vents chauds, humides et étouffants, se prolongèrent en Provence jusqu'à la fin de l'année. Au midi comme au nord, la chaleur et la sécheresse de 1811 épuisèrent la plupart des sources, desséchèrent les torrents et les fleuves, précipitèrent la maturité des fruits, consumèrent les plantes fourrageuses, et favorisèrent, en général, les récoltes de vin.

 

L'été de 1842 mérite aussi de compter parmi nos grands étés, sa chaleur étant plus intense dans le nord que dans le Midi. A Paris, elle commença dès le 5 juin, et se prolongea à travers de rares intermittences jusqu'au mois de septembre. Le caractère de cette chaleur, en générale orageuse et sèche, la rendait encore plus sensible. Beaucoup de marronniers de nos jardins publics, qui avaient perdu leurs feuilles au mois de juillet, refleurirent à la fin du mois d'août.